Ce documentaire sur l'agroalimentaire souffre d'un choix esthétique assez audacieux : aucun commentaire, pas de musique et un montage assez désordonné. On passe de la récolte des olives au tri des poussins et à la découpe des porcs, après une parenthèse sur le calibrage des pommes et la moisson des poulets (je ne vois pas quel autre terme employer). Les images sont somptueusement cadrées et la froideur clinique de l'industrie se ressent profondément. Le positionnement des éléments à l'écran est très précis et la photographie met bien en valeur un travail recherché sur la lumière. Il en découle un très beau documentaire qui évoque Koyaanisqatsi, Powaqqatsi et Naqoyqatsi.
Cependant on peut être frustré de ne pas comprendre ce qu'on voit, et à trop vouloir tout montrer sans rien expliquer le film finit par perdre son sens. C'est beau, atroce par moments ; mais pas si instructif que ça (sauf si vous ignoriez que l'industrie agroalimentaire était une industrie). Quel est l'objet exact du film ? Est-ce de dénoncer le fait que la viande soit des animaux morts ? On n'est pas dans Soleil Vert ! Les quelques animaux abattus le sont dans des conditions de propreté et d'efficacité rendant la chose acceptable: fini depuis des siècles le bris du crâne des bœufs à la masse, place à un pistolet d'abattage rapide et presque indolore. L'enjeu est peut-être simplement de montrer des gens vaquer à leur travail sans les juger ni rien tenter de démonter. Si c'est le cas c'est réussi.
Rien à voir avec We Feed the World - le marché de la faim, le brûlot de Erwin Wagenhofer. Notre pain quotidien est essentiellement une expérience visuelle. Lent et attirant comme une usine bien propre, le film est suffisamment esthétique pour valoir le détour.
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