Cloverfield est un film américain de Matt Reeves sorti en 2008. Il est interprété par Michael Stahl-David, Lizzy Caplan et Jessica Lucas.
En 1833, Edgar Allan Poe décroche le 1er prix du concours du Baltimore Saturday Visiter avec le
Manuscrit trouvé dans une bouteille. Une histoire écrite à la première personne et soi-disant retrouvée par l'auteur. L'idée est simple mais permet une focalisation intéressante tout en conservant un petit cachet authentique particulièrement bien adapté aux récits fantastiques ou horrifiques. Howard Phillips Lovecraft ne s'y trompera pas et abusera du procédés à l'infini.
En 1980 sort un faux documentaire vérité sur le cannibalisme, officiellement tournée par des cinéastes et des anthropologues portés disparus. Les bandes retrouvées forment
Cannibal Holocaust, film déviant au possible se complaisant dans un étalage cru de violence et de tripaille. L'oeuvre fait rapidement parler d'elle et entraîne même son son réalisateur dans un procès. Ruggero Deodato se faisant tout simplement accuser du meurtre de ses acteurs, preuve que la recette du
Manuscrit trouvé dans une bouteille peut faire illusion à plusieurs niveaux et supporte très bien la modernisation.
Par la suite, l'idée de génie de Ruggero Deodato n'a cessée d'être remise au goût du jour. En 1999,
The Blair Witch Project de Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, histoire de sorcière simpliste mais bénéficiant d'un bouche à oreille géant, joue avec les mêmes fausses rumeurs et cartonne au box-office. La pellicule à fait place à la vidéo et cela donne des images plus naturelles, se rapprochant de ce que monsieur tout le monde peut faire avec son camescope.
Les japonais se rapproprient le concept. Quoi de plus logique dans un pays connu pour son industrie de la photographie, du numérique et du camescope que de transposer la recette Blair Witch au film de fantôme ? Cela donne l'interminable et exécrable saga des
Honto ni Atta! Noroi Bideo (plus de vingt opus) et l'excellent
Noroi de Kôji Shiraishi en 2005.
En 2008 les américains s'y remettent avec
Cloverfield. Comme dans les films de Tanaka Tomoyuki ou dans
King Kong, le propos et l'attaque d'un monstre géant, ici visiblement issu des tréfonds de l'océan. Bien avant la sortie de
Cloverfield, quelques images sont lâchées sur le web ainsi qu'une date. Le titre n'est même pas encore fixé que déjà le film est à l'origine d'un buzz sans précédent sur Internet... Les hypothèses se multiplient, certains parlant même d'une oeuvre consacrée au terrible Cthulhu.
Donc, un monstre géant s'en prend à New York, piétinant la citée avec la bonne volonté de Ghidorah à Tokyo. Le récit est focalisé sur une poignée de jeunes hommes et de jeunes femmes dont la fête est interrompue par le drame. La spontanéité du manuscrit de Poe est retrouvée. L'accès à un camescope numérique étant de nos jours aussi facile que celui au papiers. Dans le cadre de
Cannibal Holocaust et de
The Blair Witch Project il fallait introduire scénaristiquement le matériel et l'équipe de tournage. Ici c'est un protagoniste ordinaire qui tient la caméra et l'identification est facilité.
Si ce que vous aimez ce sont les grosses bêtes qui s'en mettent plein la gueule vous allez être déçus. Ce n'est pas
Godzilla: Final Wars ou
Gamera: Revenge of Iris mais plutôt un film de catastrophe à la sauce caméra sur l'épaule. Pas de travelings fluides et de plans compliqués. Tout est filmée de façon subjective, comme si vous regardiez un gamer maladroit jouer à
Half Life 2. Du coup c'est très fatiguant pour les yeux alors qu'on est loin d'un découpage à la Michael Bay.
Reste que l'idée est plutôt originale, que la créature vaut le détour et que les effets spéciaux sont plus que satisfaisants. L'absence de musique rend l'ensemble oppressant, tout comme l'impossibilité d'avoir un plan d'ensemble. Si on fait abstraction du foin fait atour de sa sortie,
Cloverfield est une bonne surprise et le premier kaijû eiga américain depuis une décennie (
Godzilla de Roland Emmerich est sorti en 1998).
A voir impérativement en attendant la sortie du prochain
Gamera.