Diary of The Dead est un film réalisé par George A. Romero pour un budget de deux millions de dolars. Il est interprété par Shawn Roberts, Joshua Close, Michelle Morgan, Joe Dinicol et Scott Wentworth
George A. Romero est un génie ! Inventeur du zombi tel qu'on le connaît au cinéma, réalisateur de
Night of the Living Dead, de
Dawn of the Dead, de
Day of the Dead et de
Land of the Dead, le voilà désormais au commandes du cinquième volet de sa mythique saga sur les morts vivants. Présenté comme
Cannibal holocaust et
The Blair Witch Project, a savoir comme un vrai documentaire,
Diary of The Dead renouvelle totalement le genre.
Diary of The Dead retourne aux sources puisque nous suivons l'invasion de zombi depuis son origine. Les morts se relèvent, agressifs et invulnérables à toutes blessures, hormis à la tête. Ils dévorent les vivants et les mordent, rependant une infection létale. En quelques jours l'humanité entière est en crise, phénomène que nous découvrons non pas à travers les médias, mais sur Youtube et Dailymotion. Il y a deux cents millions de caméras dans le monde et elles représentent une infinité de vues fragmentaires sur le monde qui, ensembles, forment un bruit inextricable. Au milieu de ce fouillis d'information, une bande d'étudiants en cinéma tente de survivre en tournant au passage un documentaire sur la catastrophe. Ce documentaire est le film en question.
La critique de la société de consommation, au centre de
Zombi, laisse place à une réflexion sur notre rapport aux images. Plus qu'une simple interrogation sur la fascination que ressentent les hommes faces à la mort (ce n'est pas
Marebito ou
Intraçable), George A. Romero dénonce la passivité qui résulte de l'usage d'une caméra. A partir du moment où un de ses personnages passe de l'autre côté de l'écran il devient invisible (logique) mais aussi inactif, prenant une distance surréaliste par rapport au déroulement des événements. Filmer devient un moyen d'échapper à la réalité et à toutes les responsabilités. Le spectateur est tellement habitué à ce que ceux qui filment la violence se gardent d'intervenir dessus qu'il met longtemps à réaliser la puissance de la transformation qui découle de cette saisie de caméra. Comment un objet si simple peut-il transformer un sympathique apprenti réalisateur en monstre se régalant devant la mort de ses semblables et mettant un point d'honneur à laisser le monde se désagréger sans lui, comme si son manque total de solidarité et d'humanité était une qualité : l'objectivité et la neutralité du reporter ?
La quête de la vérité devient l'excuse des lâches pendant que le monde entier se réfugie derrière des appareils photos numériques, des caméscopes, des téléphones portables 3 megapixels et des caméras.
Cent fois plus profond que
Land of The Dead (qui ne faisait que copier la fin de
Je suis une légende en montrant les zombis développer à leur tour une société),
Diary of The Dead est une réussite absolue. Profond dans sa thématique, efficace dans sa réalisation et d'une sincérité réelle, le film souffre moins des défauts inhérents du genre que
[REC] ou
Cloverfield. Dans les deux titres suscités le montages est absent alors que
Diary of The Dead se paie le luxe de caméras multiples et de sources vidéos variées (caméras de surveillances, clips téléchargés sur des forums et même quelques séquences pixelleuses capturées depuis de simples téléphones).
Diary of The Dead est le film de morts-vivants de la décennie, comme l'était
Zombie dans les années 70 et
La Nuit des morts-vivants dans les années 60.