lundi 30 juin 2008

Shibuya Kaidan 2 de Kei Horie

Shibuya Kaidan 2 est un yurei eiga, c'est-à-dire un film de fantômes japonais. Réalisé en 2004 par Kei Horie, il est interprété par Fumina Hara, Ken'ichi Matsuyama, Asami Mizukawa, Chisato Morishita, Chiaki Ôta et Tomohisa Yuge.



Parfois un film ne fait preuve d'aucune originalité mais séduit quand même son spectateur. Shibuya Kaidan était une bonne illustration de ce propos. Pas étonnant de voir débarquer, un an après sa sortie, une suite. On ne change pas une équipe qui gagne : même réalisateur, même scénariste, même actrice principale et même casier maudit (le n°0009 à Shibuya).

Shibuya Kaidan 2 reprend une minute avant la fin du premier volet. Nous retrouvons donc Megumi à l'hôpital, accompagnée d'une de ses amies à qui elle donnait des cours particuliers. Une main jaillit de sous la couverture et donne à la jeune étudiante la clef du casier hanté. Pendant ce temps, Miyano Ryohei se promène en ville, hagard et titubant. On comprend immédiatement que la malédiction continue de se propager...

Il n'y a pas de perte de temps avec l'introduction du phénomène. Dès les premières minutes la petite fille fantomatique fait son entrée en scène et ne cesse plus de harceler le spectateur par ses apparitions fugitives. La rumeur du casier apportant le succès en amour s'est répandue et les lycéennes se succèdent à Shibuya, donnant à l'ensemble un excellent rythme, plus proche de celui de Ju-on ou de Ju-rei que de celui de Ring.

Shibuya Kaidan 2 une réussite indéniable, dépendant entièrement de son prédécesseur mais le surpassant. Le casier de l'amour est mieux exploité, la musique, peu changée, se remarque enfin, et les personnages sont plus nombreux et plus intéressants (même si ils meurent un peu trop vite). Dans le coeur des fans de cinéma nippon, Satchiko se taillera aisément une place entre Tomie, Sadako, Mimiko et Kayako.

Shibuya Kaidan de Kei Horie

Shibuya Kaidan est un film de fantômes japonais réalisé en 2003 par Kei Horie. Il est interprété par Fumina Hara, Maki Horikita, Asami Mizukawa et Chisato Morishita.



Le yurei eiga est un genre qu'il n'est plus nécessaire d'introduire. Depuis le succès phénoménal de Ring les productions japonaises de ce type se sont multipliées à l'infini, submergeant le spectateur. Au milieu de la foule de petites filles de blanc vêtue aux cheveux trop long, quelques oeuvres arrivent à se faire remarquer. D'autre sont justes moyennes mais effrayantes. C'est le cas de ce Shibuya Kaidan, dont le titre international, The Locker, résume l'intrigue.

Même si le point de départ de l'histoire est une bande de jeunes buvant des bières et se faisant peurs autour d'un feu de camp en échangeant des légendes urbaines, tout tourne en fait autour d'une consigne automatique hantée à Shibuya. Il suffit de confesser son amour devant le casier à jetons 0009 pour que l'être aimé cède à vos charmes.

La réalisation est intéressante avec quelques cadrages audacieux et des gros plans inquiétants sur des marques de mains boueuses ou sanglantes laissées par un spectre peu soigneux. Les scènes les plus effrayants sont inspirées d'Audition, avec un large sac de toile dont on ne peut que deviner le contenu vivant, de Ju-on et de Dark Water. Si vous cherchez l'esthétique, les escaliers de Whispering Corridors 3, réalisant également les souhaits, sont bien plus poétiques. En revanche, si vous voulez sursauter, Shibuya Kaidan est un réussite, jouant avec des pleurs de bébés, des disparitions subites et des cheveux qui rampent au sol...

Shibuya Kaidan est exercice parfois trop studieux mais réellement intéressant et remplissant pleinement ses objectifs. Ce n'est pas pour rien qu'il jouit d'une première séquelle en 2004, Shibuya kaidan 2, puis d'une seconde en 2006, Shibuya kaidan: The riaru toshi densetsu (référencée sur IMDB comme une série, tout cela est bien mystérieux). Deux oeuvres écrites par Osamu Fukutani, le réalisateur de Suicide Manual et le scénariste du présent film.

vendredi 27 juin 2008

Speed Racer de Andy et Larry Wachowski

Depuis la célèbre trilogie Matrix, Andy et Larry Wachowski n'ont plus rien réalisés. En 2005 on leur doit la production et l'écriture de V for Vendetta, mais celui derrière la caméra était James McTeigue. Les voilà de retour en 2008 avec l'adaptation du dessin animé japonais Mach GoGoGo réalisé par Hiroshi Sasagawa entre 1967 et 1968. Oeuvre résolument destinée aux enfants, mettant en avant l'esprit de compétition et l'importance de l'intégrité, le manga d'origine était bourré de cliché mais reflétait une vraie sincérité.



Le jeune Speed Racer (c'est son nom) ne rêve que de course. Son grand frère Rex Racer (marrant les noms dans la famille, ça doit rigoler lors des appels en classe) est un des meilleurs pilotes professionnels de tout les temps. Mais Max décide d'abandonner ses sponsors et devient la bête noire des circuits automobiles avant de mourir dans un accident aux circonstances ténébreuses. Speed reprend alors le flambeau et ne tarde pas à découvrir que le monde de la compétition est profondément pourri...

L'adaptation des frères Wachowski surpasse largement son support d'origine. Véritable feu d'artifice visuel le film, au rythme effréné, détaille un univers coloré, gigantesque et impressionnant. Les pistes de courses sont spectaculaires, faisant passer celles de Pod pour de simples promenades de santé. Imaginez des circuits colorés comme ceux de Wipeout parcourus par des voitures au design rétro-futuriste de Megarace 2, lancés à vitesse supérieure à celle des bolides Ballistics. L'oeuvre est rythmée comme un jeu vidéo, colorée comme un clip et radicalement généreuse dans ses cascades et ses effets spéciaux impossibles. Dès le générique les noms apparaissent sur un kaléidoscope bariolé digne des années 70. C'est une analogie pertinente. Speed Racer peut être vu comme un kaléidoscope : des associations de couleurs imprévisibles, des images en perpétuel évolution, des symétries inattendues et une succession de jolies choses sans queue ni tête.

Je n'aime pas particulièrement les histoires de courses mais ce spectacle ressemble l'ultime racing game que nous offiront les consoles dans 20 ans. Parfois on va au cinéma simplement pour s'en mettre pleins les yeux et on tombe sur un film de fou... Speed Racer est le nouvel étalon d'un genre bariolé, sucré jusqu'à l'hyperglycémie et enthousiasmant. Echec colossal aux états unis (42 millions de dollars de recettes pour un budget de 120 millions), Speed Racer est la preuve que tout le monde n'aime pas regarder la démo d'un jeu, aussi impressionante soit-elle. Dommage car je me prends à rêver d'un exercice du même style pour un FPS (Quake 3 ou Unreal Tournament).

Un dernier détail, vu la palette de couleur hypnotique dont jouit Speed Racer essayez de le voir dans une salle numérique. Pour un film si bariolé ça vaut le coup.

Kuitan (drama)

Kuitan est un drama (série japonaise tournée avec des acteurs en chair et en os, par opposition aux animes). Sorti en 2006 et réalisé par Nakajima Satoru et Watanabe Tomoaki, il est interprété par Higashiyama Noriyuki, Morita Go, Sano Shiro, Ito Shiro et Suga Kenta.



Les séries culinaires japonaises sont nombreuses et variées. Que ce soit Bambino!, drama sur la cuisine italienne, ou Yakitate!! Ja-pan, anime délirante et déjantée sur la boulangerie, la réussite est souvent au rendez-vous. Il en est de même avec les séries policières. Comment oublier Jikou Keisatsu, Tantei Gakuen Q et bien sûr le Détective Conan, ouvertement cité en référence ? Mélanger les deux genres était donc naturel.

L'agence de détectives Holmes périclite. Les clients sont rares et les deux uniques employés, Noda Ryousuke et Idemizu Kyoko, ont du mal à joindre les bouts. Mais voilà que débarque un nouveau patron : Takano Seiya, surnommé le "Kuitan", le détective gourmand. Obsédé par la nourriture, cet homme, toujours vêtu d'un costume blanc immaculé et tiré à quatre épingles, ne pense qu'à manger. Mais entre deux bouchées il s'avère être capable de déductions brillantes, surtout quand les affaires sont liées à la gastronomie.

L'appétit du Kuitan fait plaisir à voir et la succession de repas et de dégustation qu'il traverse, enthousiaste et gourmand, met l'eau à la bouche. Kuitan est certainement la seule série qui puisse faire saliver même pendant la traque d'un tueur en série (s'en prenant exclusivement aux pâtissiers). Pensés à la fois comme des enquêtes à la Agatha Christie et comme des cours de gastronomie, les scénarios sont généralement subtils tout en restant assez simples pour que le spectateur puisse anticiper le dénouement. En regardant Kuitan vous ne développerez pas seulement votre sens de la déduction mais également vos connaissances en cuisine japonaises, en pâtisserie et même en boulangerie. La clef de chaque énigme est alimentaire, résidant systématiquement dans les goûts, les recettes ou les ingrédients.

La musique de la série est sympathique. Classique et baroque se taillent la part du lion, le Kuitan jouant lui-même les suites pour violoncelles de Johann Sebastian Bach. Une bonne bande originale ne s'épuisant pas au cours des neuf épisodes qui constituent la série. Amateurs d'humour, de bonne chère et d'enquêtes, voilà votre prochaine dégustation. Dommage que ce soit si court...

Bambino! (drama)

Bambino!, diffusé en 2007, est un drama (donc une série télévisuelle japonaise tournée avec des acteurs en chairs et en os) sur la cuisine italienne. Il est adapté du manga homonyme de Sekiya Tetsuji et est réalisé par Otani Taro, Murase Ken et Asai Chizu. Le casting est constitué de Matsumoto Jun dans le rôle du héros, et de Sato Ryuta, Uchida Yuki, Sasaki Kuranosuke, Kitamura Kazuki et Ichimura Masachika.



Les japonnais aiment la cuisine. Que ce soit dans leur cinéma (Tampopo de Juzo Itami), dans leurs mangas (Addicted to Curry de Kazuki Funatsu, Le Gourmet solitaire de Jirô Taniguchi) ou dans leurs dessins animés (Le Petit Chef), le thème de la gastronomie fonctionne toujours bien. Bambino! est une parfaite illustration de ce que le Japon peut produire de plus stéréotypé et calibré. Loin de l'humour déjanté d'un Yakitate!! Ja-pan ou du mélange subtil entre les énigmes et la gourmandise que réalisait Kuitan, le détective gourmand, Bambino! est une tranche de vie ordinaire.

Ban Shogo est un jeune homme enthousiaste. Brillament reconnu dans son village natal comme un excellent cuisiner, spécialisé dans la préparation des pâtes italiennes, il se rendre à Tokyo, dans un restaurant réputé, pour devenir un chef. Il découvre alors que la vie dans les cuisines d'un grand établissement est difficile et qu'il lui faudra courrage et persévérance pour atteindre ses objectifs.

Surnommé affectueusement Bambino par le chef, un authentique japonais glissant quelques mots italiens dans ses dialogues pour illustrer sa connaissance de la cuisine, notre héros est un peu tête à claque. Souvent maladroit il souffre d'un caractère cyclothymique récurant dans les histoires de sport : il fait une ou deux dépressions par épisode en croyant qu'il n'a pas le niveau avant de finalement relever le défi ; courant à travers la ville les bras levé il s'arrête généralement pour crier à une fontaine ou à l'océan : "Je le ferais ! j'y arriverais !"

Ce sont ces clichés, combinés avec l'enseignement de la cuisine qui font tout le charme de la série. Bambino met un épisode complet à comprendre qu'il doit économiser ses mouvements, comme un étudiant en arts martiaux saisirait enfin l'ultime technique permettant de tuer un adversaire en le regardant droit dans les yeux. Du coup, même si le rythme est lent, on est souvent partagé entre la tendresse (tant de naïveté dans la narration c'est touchant), l'hilarité (alors là il fait la plonge depuis 40 minutes et il vient de comprendre qu'il devait voir ça comme un immense défi pour sa vie), et la gourmandise (c'est qu'on voit beaucoup de bonnes choses).

Une petite réussite qui vous fera découvrir à peu de frais (11 épisodes) tout un état d'esprit sur l'importance des défis personnels et du travail au japon.

lundi 23 juin 2008

The Tripper de David Arquette

The Tripper (2006) est un film d'horreur américain réalisé par David Arquette. Il est interprété par David Arquette lui-même, mais également, Richmond Arquette, Courteney Cox, China Crawford et Paz de la Huerta.



Les slashers sont souvent considérées comme des oeuvres moralisatrices. Le tueur y est systématiquement un réactionnaire trucidant les adolescents sortants du droit chemin. Qu'elles boivent, fumment des joins ou forniquent, les victimes sont toujours coupables. L'unique surviante est généralement la seule fille à ne pas s'être déshabillée devant son petit ami (et donc dont le spectateur n'a pas vu les seins). Mais, si on réfléchit plus sur ces régles on peut arriver à la conclusion opposée : puisque le teur est toujours un réactionnaire administrant la peine capitale aux jeunes s'adonnant à la drogue, au sexe et au rock 'n' roll, le slasher n'est-il pas au contraire une dénonciation de l'extrême droite et de ses dérives ? Dans un slasher de droite Michael Myers et Jason Voorhees ne seraient-ils pas de méchants gauchistes (qui ne s'en prendraient donc qu'aux vierges) ? Par exemple, Burger Kill et son tueur ressemblant curieusement à Ronald McDonald ne se voulait-il pas une charge contre la société de consomation capitaliste américaine ?

Les choses deviennent plus claires quand on regarde The Tripper, slasher moderne et rythmé où un assassin masqué, déguisé en Ronald Regan, s'en prend à d'innocents jeunes perpétuellement drogués, ivres et obsédés par le sexe (des américains cinématographique de base, en quelques sorte). Le message "Bush et Regan c'est le mal" est on ne peut plus clair, puisqu'il est même énoncé dans une conversaition d'un niveau de rhétorique affolant, du moins si on admet qu'un simple clone de Vendredi 13 puisse contenir un message politique.

Venus des quatre coins du pays pour profiter d'un festival de défonce est de musique dans une superbe forêt, nos jeunes découvrent que la nature peut être dangereuse, surtout si elle est truffée de pièges, placés par un planteur de canabis désireux de protéger les fruits de son labeur, et hantée par un fan de Ronald Regan.

Pour un slasher la photographies et particulièrement soignée et les décors sont remarquables. La forêt est une des plus belles qu'il m'ait été donnée de voir dans un film d'horreur et les éclairages la mettent en valeur. Reste qu'il ne faut pas chercher une dimension artistique poétique et morbide à la Lucio Fulci. Ce sont justes des dégénérés qui se font hacher menu par des bouseux conservateurs. Mais pourquoi bouder quand c'est bien fait ?

Cleaner de Renny Harlin

Cleaner est un film américain réalisé par Renny Harlin. Sorti en 2007 il est interprété Samuel L. Jackson, Ed Harris, Eddie Lorenzo, Eva Mendes, Luis Guzmán et Keke Palmer.



J'ai toujours eut un faible pour Renny Harlin. Ne serait-ce que pour sa tentative courageuse de remettre au goût du jours les films de pirates dans les années quatre-vingt-dix à travers L'île aux pirates. Le résultat, bien que divertissant se solda malheureusement par un échec commercial.

Après un meurtre la police vient emporter le corps, gribouiller des dessins à la craie et faire une foule de photographies. Mais finalement, quand tout les indices ont étés emballés dans des sacs, ce n'est pas aux forces de l'ordre de faire le ménage mais bien au propriétaire des lieux. Une fois les scellés enlevés les familles des victimes font donc appel à des entreprises de nettoyage de scènes de crimes. Ancien flic, Tom Cutler dirige justement une petite boite sanitaire spécialisée. Un jour il reçoit un dossier bien en règle, communiqué comme à l'ordinaire par la police. Il va donc faire le ménage dans une riche demeure avant d'apprendre par la femme de la victime qu'il a involontairement participé à l'élimination des preuves dans une affaire sordide d'homicide. Désormais il doit comprendre ce qui s'est passé pour pouvoir se disculper.

Géniteur de Profession profiler, un métrage au concept génial où des profilers sont victimes d'un tueur en série voulant s'attaquer au gibier le plus dangereux qui soit, Renny Harlin devrait être capable de nous tenir en haleine avec Cleaner. Ce n'est hélas pas le cas. Le scénario est tellement convenu que l'identité de l'assassin apparaît très rapidement, la réalisation est molassone et la vie de famille de Tom Cutler est ennuyeuse au possible (il élève seul sa fille et souffre du syndrome du vieux flic qui a vu des tas de choses moches).

Finalement Cleaner n'est qu'un honnête petit thriller à l'intrigue prévisible et aux enjeux limités. Un épisode moyen des Experts, les impossibilités technologiques rigolotes en moins. À ne voir qu'en cas de culte voué au genre ou d'amour inconditionnel pour Samuel L. Jackson et Ed Harris.

They Wait de Ernie Barbarash

They Wait (2007) est un film fantastique canadien réalisé par Ernie Barbarash. Il est interprété par Jaime King et Pei-pei Cheng, Terry Chen, Regan Oey, Henry O et Colin Foo.



Un couple, mari chinois, femme américaine, retourne aux États-Unis pour l'enterrement d'un oncle. C'est l'occasion pour l'héroïne et son fils de découvrir la famille de son époux et l'entreprise qu'elle faisait tourner. Mais c'est le mois des morts affamés, des événements étranges se multiplient et l'enfant y semble particulièrement réceptif...

Même si les fantômes qui peuplent They Wait s'inscrivent dans la tradition de The Eye et de Sixième sens, le film lorgne par moment vers une représentation des esprits plus dynamique et colorée à la Histoire de fantômes chinois. La possibilité pour un esprit de devenir un démon est évoquée et les références aux rites mortuaires asiatiques sont multiples et détaillées (et souvent fausses, dommage). La punition des méchants évoque pour sa part Art of The Devil. Cependant le film n'est pas chinois mais canadien et cela se voit.

Comme le veut le genre, They Wait est une enquête sur l'origine d'un fantôme, sur ses motivations et sur ses revendications. L'héroïne, américaine et donc ignorante du fonctionnement de l'au-delà asiatique, peut recevoir toutes les informations nécessaire à la compréhension du spectateur. Faisant de They Wait un petit cours magistral destiné aux débutants.

Bien léché, avec des images propres et peaufinées malheureusement vues et revues à l'infini, They Wait offre quelques bons frissons, un scénario calibré et une recette connue et reconnue. Dose de qualité pour le boulimique accro aux fantômes, il saura satisfaire le cinéphile en manque de spectres depuis le déclin de la saga The Eye. Le spectateur occasionnel préférera se tourner vers de vrais films chinois ou, pour changer, vers des productions coréennes (il y a cent fois plus de poésie dans un des Whispering Corridors), japonaises (Dark Water ou Ringu font bien plus peur) ou thaïlandaises (The Unseeable de Wisit Sasanatieng ou Bangkok Haunted). Reste que les spectres chinois sont généralement plus équilibrés que leurs homologues nippons et savent pardonner, ce qui fait de They Wait un métrage optimiste que ne renierait pas Hollywood.

jeudi 19 juin 2008

Phénomènes de M. Night Shyamalan

Phénomènes (The Happening, 2008) est un thriller écrit et réalisé par M. Night Shyamalan. Il est interprété par Mark Wahlberg, Zooey Deschanel, John Leguizamo, Ashlyn Sanchez et Betty Buckley.



Ouverture magistrale : à New York, dans Central Park, le soleil brille et une fine brise caresse les arbres. Soudain, tout les promeneurs se figent, désorientés et le regard vide, avant de se suicider en masse. Un poison bloquant l'instinct de survie est présente dans l'air et le phénomène se multiplie a travers tout ne nord est de l'Amérique.

Je suis un fervent défenseur de M. Night Shyamalan. Que ce soit Le Village, chef d'oeuvre sur l'isolationnisme, ou Signes, profonde réflexion sur le sens de la foi vaguement déguisée en film d'invasion extraterrestre, je n'ai jamais hésité a argumenter sur les qualités de ses réalisations les plus sous-estimés.

Reste que le réalisateur d'Incassable et du Sixième sens est parfois maladroit et que ses idées ne compensent pas toujours les faiblesses de sa narration. Phénomènes part d'un bon concept, la thématique du suicide ayant une puissance émotive réelle, et le sous exploite totalement. Alors que, dans des films comme Suicide Club de Sono Sion, Kairo de Kiyoshi Kurosawa et Suicide manual de Fukutani Osamu, se donner la mort est un acte résultant d'un désespoir suprême, cette autodestruction devient avec Phénomènes une simple conséquence de l'effet d'une toxine et perd toute son ampleur et son tragique. Les new-yorkais de la scène d'ouverture pourraient tomber directement mort sans que le propos du film soit changé.

Phénomènes part donc sur de faux suicides, sans composante psychologique ou dimension humaine, et se développe en une bête histoire d'exode urbaine dégoulinante de clichés. Les personnages sont insupportables, en particulier l'héroïne, névrosée et insipide, et tout les rôles secondaires disparaissent avant de s'être développés. Rapidement on s'ennuie pendant que Shyamalan essaye vainement de nous faire peur en faisant de gros plans sur des pâturages (horreur !), des beaux arbres (abomination !) et quelques fleures sauvages (quoi de plus effrayant ?). Autant la forêt du Village, filmée en contre plongée, était écrasante, autant ces images sont simplement relaxantes. Rares sont ceux qui ont peur des végétaux et qui mouillent leurs pantalons en regardant Thalassa ou La Terre vue du Ciel.

Phénomènes est tout simplement raté. Plus encore que La Jeune fille de l'eau qui pourtant souffrait de défauts impardonnables. Il serait peut-être temps que M. Night Shyamalan retourne à Stuart Little...

lundi 16 juin 2008

La Secte sans nom de Jaume Balagueró

La Secte sans nom (Los Sin nombre) est un film d'horreur espagnol réalisé par Jaume Balagueró en 2000. Il est interprété par Tristán Ulloa, Jordi Dauder, Emma Vilarasau et Pep Tosar.



Un jour Claudia, femme esseulée et déprimée, reçoit un coup de fil de sa fille unique lui demandant de la délivrer. Le problème c'est que l'enfant en question à été assassiné cinq années plus tôt, brisant la vie de sa mère. En enquêtant sur cette ténébreuse affaire Claudia va au devant de terrifiantes découvertes sur une secte abominable, séculaire et secrète : les sans noms.

Au delà du mal pour le mal il existe quelques chose de pire encore, la corruption de l'innocence. Et c'est sur ce thème que Jaume Balagueró brode une toile savante convergeant vers une conclusion nihiliste et déstabilisante. Représentant parfait de l'horreur espagnol, bien avant avant Darkness, Fragile et [REC], La Secte sans nom est un film éprouvant et terrible jouant sur avec le spectateur et l'entraînant toujours où il ne veut pas aller. L'opposé d'un certain cinéma américain se complaisant dans la violence mais ne voulant jamais mettre en danger le moindre chiot ou blesser un enfant.

Oeuvre maîtrisée, ciselée, travaillée et débordante de références multiples (essentiellement Suspiria de Dario Argento et Rosemary's baby de Roman Polanski), La Secte sans nom est le premier long métrage d'un nouveaux et désormais inévitables noms du cinéma espagnol. La photographie est assez ternes, voire sale, rendant glauque des décors ordinaires alors que, par moments, les éclairages mettent en valeurs certains plans, créant un contraste étrange. La musique est discrète, avec des bruits plutôt qu'une mélodie... Mais la force du film réside dans son histoire et cette dernière vaut le détour.

Dès sa sortie, La Secte sans nom remporte le Prix spécial du jury, le Prix de la critique internationale et le Grand Prix du jury jeune public au Festival Fantastic'Arts Gérardmer. Des hommages donnant au film la visibilité qu'il mérite.

Diary of The Dead de George A. Romero

Diary of The Dead est un film réalisé par George A. Romero pour un budget de deux millions de dolars. Il est interprété par Shawn Roberts, Joshua Close, Michelle Morgan, Joe Dinicol et Scott Wentworth



George A. Romero est un génie ! Inventeur du zombi tel qu'on le connaît au cinéma, réalisateur de Night of the Living Dead, de Dawn of the Dead, de Day of the Dead et de Land of the Dead, le voilà désormais au commandes du cinquième volet de sa mythique saga sur les morts vivants. Présenté comme Cannibal holocaust et The Blair Witch Project, a savoir comme un vrai documentaire, Diary of The Dead renouvelle totalement le genre.

Diary of The Dead retourne aux sources puisque nous suivons l'invasion de zombi depuis son origine. Les morts se relèvent, agressifs et invulnérables à toutes blessures, hormis à la tête. Ils dévorent les vivants et les mordent, rependant une infection létale. En quelques jours l'humanité entière est en crise, phénomène que nous découvrons non pas à travers les médias, mais sur Youtube et Dailymotion. Il y a deux cents millions de caméras dans le monde et elles représentent une infinité de vues fragmentaires sur le monde qui, ensembles, forment un bruit inextricable. Au milieu de ce fouillis d'information, une bande d'étudiants en cinéma tente de survivre en tournant au passage un documentaire sur la catastrophe. Ce documentaire est le film en question.

La critique de la société de consommation, au centre de Zombi, laisse place à une réflexion sur notre rapport aux images. Plus qu'une simple interrogation sur la fascination que ressentent les hommes faces à la mort (ce n'est pas Marebito ou Intraçable), George A. Romero dénonce la passivité qui résulte de l'usage d'une caméra. A partir du moment où un de ses personnages passe de l'autre côté de l'écran il devient invisible (logique) mais aussi inactif, prenant une distance surréaliste par rapport au déroulement des événements. Filmer devient un moyen d'échapper à la réalité et à toutes les responsabilités. Le spectateur est tellement habitué à ce que ceux qui filment la violence se gardent d'intervenir dessus qu'il met longtemps à réaliser la puissance de la transformation qui découle de cette saisie de caméra. Comment un objet si simple peut-il transformer un sympathique apprenti réalisateur en monstre se régalant devant la mort de ses semblables et mettant un point d'honneur à laisser le monde se désagréger sans lui, comme si son manque total de solidarité et d'humanité était une qualité : l'objectivité et la neutralité du reporter ?

La quête de la vérité devient l'excuse des lâches pendant que le monde entier se réfugie derrière des appareils photos numériques, des caméscopes, des téléphones portables 3 megapixels et des caméras.

Cent fois plus profond que Land of The Dead (qui ne faisait que copier la fin de Je suis une légende en montrant les zombis développer à leur tour une société), Diary of The Dead est une réussite absolue. Profond dans sa thématique, efficace dans sa réalisation et d'une sincérité réelle, le film souffre moins des défauts inhérents du genre que [REC] ou Cloverfield. Dans les deux titres suscités le montages est absent alors que Diary of The Dead se paie le luxe de caméras multiples et de sources vidéos variées (caméras de surveillances, clips téléchargés sur des forums et même quelques séquences pixelleuses capturées depuis de simples téléphones).

Diary of The Dead est le film de morts-vivants de la décennie, comme l'était Zombie dans les années 70 et La Nuit des morts-vivants dans les années 60.

JCVD de Mabrouk el Mechri

JCVD est un film français et belge de Mabrouk el Mechri sorti en 2008. Il est interprété par Jean Claude Van Damme, François Damiens, Zinedine Soualem, Karim Belkhadra et Jean-François Wolff.



Jean-Claude Van Damme est très aimé par les cinéphiles déviants en manque d'action. Sa carrière, longue de 37 films, compte nombre d'échecs sympathiques, de solides films de castagne mais aussi de perles pleines d'autodérision. Ainsi, par exemple, Double Team de Tsui Hark est un monument référentiel à la réalisation absolument débridée et aux effets si exagérés que John Woo passerait en comparaison pour un auteur de la nouvelle vague. Après avoir interprété son propre rôle dans Narco de Tristan Aurouet et Gilles Lellouche, le voilà pour la seconde fois dans la peau de Jean-Claude Van Damme. Cette fois encore il va nous prouver qu'il sait jouer avec sa propre image.

JCVD c'est l'histoire du vrai JCVD qui survit tant bien que mal. Le procès pour la garde de sa fille est en appel, les médias ne peuvent pas parler de lui sans le faire passer pour un bouffon et le monde du cinéma se ferme progressivement à lui (il se fait même voler un rôle par Steven Seagal). En manque d'argent pour payer ses avocats il retourne dans sa ville de naissance, en Belgique, pour retirer de l'argent de son compte postal. Mais les choses tournent très mal...

Confronter Jean-Claude Van Damme à un "vrai" casse de banque est une bonne idée et Mabrouk El Mechri l'exploite intelligemment. Les références au cinéma d'action et à la carrière de Jean-Claude sont nombreuses et l'ensemble est respectueux de la star belge tout en faisant d'elle un simple humain. Au milieu du film Jean-Claude nous régale d'un de ses superbes monologues, bien plus sensé que ne le laisse paraître ses faiblesses de style. Sous les tournures anglo-saxonnes et les phrases maladroites se cache une vraie réflexion prolongeant naturellement celle du film.

La photographie abuse un peu des blancs saturés, des contre-jours et d'un jaune argenté parfois lassant, mais il faut reconnaître que JCVD a sa patte graphique propre. Le temps passe vite et l'ensemble est une des meilleurs surprises offertes par le cinéma belge au cours des dernières années. A voir impérativement, que vous soyez fan de Bloodsport et d'Universal Soldier ou pas.

vendredi 13 juin 2008

Darkness de Jaume Balagueró

Darkness est un film fantastique espagnol de Jaume Balagueró sorti en 2002. Il est interprété par Anna Paquin, Lena Olin, Iain Glen, Stephan Enquist et Giancarlo Giannini.



Avant de s'exporter à travers le monde avec [REC], dont un remake américain ne devrait pas tarder à débouler sur nos écrans, Jaume Balagueró était déjà un nom du cinéma fantastique espagnol. En 1999 il s'était illustré avec La secte sans nom, désormais un petit classique sombre et pessimiste sur la corruption de l'être humain. Darkness, sorti trois ans plus tard et partageant certaines ficelles avec son aîné, est moins profond mais gagne cependant à être connu.

Comme dans La secte sans nom l'intrigue du film est centrée sur un rituel faisant intervenir le sacrifice d'enfants. Après une scène d'ouverture ou l'abomination est interrompue avant son aboutissement le film reprend deux décennies plu tard. Le petit est devenu grand et retourne avec sa famille dans la maison de son enfance où il avait manqué de se faire égorger...

Darkness repose sur une histoire de spectre et de forces maléfiques particulièrement bien pensée. D'abord classifié inconsciemment par le spectateur comme une simple redite du Shining de Stanley Kubrick, l'ensemble de l'intrigue fait progresser le récit vers un point de rupture imprévu, final adroit pour un film jusqu'alors conventionnel.

Moins beau que Frágiles (le film suivant de Jaume Balagueró) ou qu'une production de luxe comme L'Orphelinat ou L'échine du Diable, Darkness est un exercice de style souvent trop canonique mais toujours efficace. Au final, le métrage de Jaume Balagueró est une intéressante variation sur le thème de La secte sans nom avec des éléments surnaturels plus marqués. Une oeuvre qui méritait sa nomination pour le prix du meilleur film à Sitges tout comme il méritait de se le faire finalement rafler par Dracula: Pages from a Virgin's Diary de Guy Maddin.

L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona

L'Orphelinat est un film fantastique espagnol réalisé par Juan Antonio Bayona en 2007. Il est interprété par Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Príncep, Mabel Rivera et Montserrat Carulla.



Le cinéma fantastique méditerranéen n'a pas cessé de vivre et de nous surprendre au cours du dernier demi siècle. Après le déclin du genre en Italie (la chute de Dario Argento, la mort de Lucio Fulci et la régression télévisuelle de Lamberto Bava) l'émergence de l'Espagne a sauvé le genre.

La secte sans nom, Darkness et Fragile de Jaume Balagueró sont ainsi trois excellents représentants du genre : images esthétiques et ciselées dans le moindre détail, présence systématique d'enfants, narration dans le sous-entendu, références constantes à la foi et à l'au-delà, voir à la religion. D'abord confiné dans son pays d'origine ce cinéma s'exporte de mieux en mieux avec Nacho Cerdà (The Abandoned). Bien que d'origine mexicaine, Guillermo del Toro est sans doute le porte étendard de ce genre dont les codes sont encore en constante évolution. Pas étonnant donc de le voir produire cet Orphelinat, réalisé par un nouveau venu, Juan Antonio Bayona. Après tout, son Échine du diable se déroulait également dans un orphelinat en Espagne et utilisait aussi le fantastique comme masque dissimulant l'horreur de la réalité. Et tant mieux si le succès international de son Labyrinthe de Pan peut aider un jeune cinéaste à lancer sa carrière.

L'Orphelinat nous raconte l'histoire d'une femme emménageant avec son mari et son fils adoptif dans l'orphelinat où elle a grandit. Mais une présence mystérieuse semble hanter les murs de cette luxueuse demeure et l'enfant, atteint d'une maladie incurable, semble être le seul à en avoir conscience.

Les décors sont splendides et intelligemment mis en valeur par les images léchées d'Óscar Faura (déjà remarqué pour son travail sur Le Machiniste et Intacto). L'intrigue, reposant pour une fois sur un twist honnête, déclenche son lots de frissons et retient l'attention du spectateur. La réalisation de Juan Antonio Bayona est impeccable, avec notamment une grande maîtrise des plans et des cadres. L'ensemble est peut-être un peu trop parfait. Comme La maison du Diable de Robert Wise, chaque détail est tellement travaillé que la spontanéité manque. Mais c'est justement ce qui fait la qualité de ce genre de cinéma.

Les amateurs du genre trouveront leur compte dans cette luxueuse production, futur représentant académique d'un genre en pleine expansion. Pour les autres, c'est l'occasion rêvée de découvrir ce nouveau cinéma fantastique. Le succès phénoménal de L'Orphelinat en Espagne est justifié.

lundi 9 juin 2008

House of 9 de Steven R. Monroe

House of 9 est un film britannique réalisé en 2005 par Steven R. Monroe à partir d'un scénario de Philippe Vidal. Il est interprété par Dennis Hopper, Kelly Brook, Hippolyte Girardot et Susie Amy.



Le thème des parfaits inconnus qui s'éveillent emprisonnés sans savoir pourquoi est récurrent au cinéma. Que ce soit Cube et ses pièges sadiques disposés dans un enchevêtrement tentaculaire de pièces identiques ou Saw 2 et ses défis inhumains, les huis clos mortels ont la côte.

House of 9 s'écarte un peu des sentiers battus en résumant son intrique à ses protagonistes. Comme le titre l'indique neuf personne s'éveillent prisonnières d'une luxueuse maison à la décoration sobre et moderne que ne renierait pas Dario Argento. Un voix leur explique que le gagnant se verra remettre une très grosse somme d'argent. Seul la mort attend les autres. Mais cette fois pas de pièges : seulement des hommes et des femmes livrées à eux-mêmes et sombrant progressivement dans une folie meurtrière. Chaque dispute s'amplifie à l'infini pendant que le film détaille avec élégance les différentes étapes qui aboutissent à l'homicide, d'abord involontaire puis de plus en plus barbare.

Là où les protagonistes de Saw et de Cube étaient peints à la truelle, House of 9 nous décrit de vrais personnages, certes un peu clichés, mais ayant une réelle existence. Le point de départ, d'une éminente simplicité nous rappelle que dès que nos besoins élémentaires sont remis en cause (manger, dormir) le vernis du comportement social vole en éclat. Au départ nous avons une bande de britanniques élégants et flegmatiques. Rapidement il ne reste que des meurtriers et des victimes.

La réalisation de Steven R. Monroe est élégante et simple mais manque volontairement de tonus. Le spectateur s'ennuie et en vient à attendre avec impatience le carnage final. Du cinéma aussi aliénant c'est assez rare pour qu'on le souligne. Oubliez Captivity, Hypercube et Hostel. House of 9 tire vraiment son épingle du jeu...

Intraçable de Gregory Hoblit

Intraçable (Untraceable) est un film américain réalisé par Gregory Hoblit en 2008. Il est interprété par Diane Lane, Tim de Zarn et Colin Hanks.



Un tueur en série diffuse ses méfaits en ligne en temps réel. Que ce soit en réglant la vitesse à la quelle un acide se déverse dans le bocal contenant la victime ou en allumant des ampoules brûlant sa peau, les meurtres sont modulaires. Plus il y a de connectés et plus la victime meurt vite. Ainsi chaque visiteur est complice.

Avouez que l'idée était plutôt séduisante. Des éléments piqués à Hostel, à Feed et à Terreur.com dénonçant l'engouement des internautes pour la mort et les vidéos macabres, une réflexion sur le voyeurisme et la fascination d'un peuple pour les images de meurtres... Tout cela donnerait un bon film si l'intrigue n'était pas poussive et cousue de fils blancs. En voulant justifier chaque détail le réalisateur se tire lui-même une balle dans le pied et plombe son oeuvre de remarques stupides, collant au passage une psychologie peinte à la truelle à ses personnages mal équarris.

Difficile de faire un film consacré aux nouvelles technologies quand on ne les maîtrise absolument pas. Ce n'est pas en alignant des mots comme "blacklist" "DNS" et "adresse IP" que les scénaristes vont nous rendre crédible ce fatras d'inepties. Car autant il est facile de diffuser des informations sur le net sans laisser de trace quand on veut le faire de façon ponctuelle (poster quelque chose sur un forum puis disparaître). Autant il est impossible de mettre en place un serveur permanent sans qu'on puisse le localiser. Un moment notre héroïne explique que le site hébergeant les vidéos est une machine infectée, un PC zombie, et donc que le tueur peut en changer à loisir.

Connaissez-vous beaucoup de machine personnelles vérolés capable d'héberger un site de streaming assurant 16 millions de connexions simultanées ? Même en tablent sur un flux de 64 Kb/s il faudrait une machine disposant d'une bande passante de 1 térabit par seconde et de la puissance de calcul associée.

Durant tout le film, l'héroïne, spécialiste de la sécurité réseau et du dépistage des cybercriminels, utilise Windows (c'est déjà n'importe quoi) et Internet Explorer (on entre dans la 65536ème dimension). Sa fillette de 8 ans a même un accès administrateur à son PC personnel, lui permettant d'installer à loisir des jeux téléchargés sur internet. Le tueur arrive à pirater le réseau sans fil de notre "experte" en filant à la gamine un programme vérolé... Dommage qu'il ne l'assassine pas, ça ferait un peu de sélection darwinienne.

Avec Intraçable vous apprendrez que le TLD ".com" est délégué aux DNS russes. Qu'au FBI, dans la division cybercriminalité, ils utilisent Vista et laissent la page d'accueil par défaut d'Internet Explorer. Qu'on ne peut pas enregistrer un stream et qu'à la fin le FBI gagne toujours. En bref, un mauvais épisode d'Esprits Criminels, étiré à l'extrême et dépourvu de toute substance. Même Les Experts sont plus crédibles.

lundi 2 juin 2008

Indiana Jones IV de Steven Spielberg

Indiana Jones IV (Indiana Jones and the Kingdom of the Crystal Skull) est un film américain de Steven Spielberg réalisé en 2008. Il est interprété par Harrison Ford, Cate Blanchett, Karen Allen, Shia LaBeouf, Ray Winstone et John Hurt.



Cela faisait 19 ans que l'humanité attendait le retour d'Indiana Jones. Après une Dernière croisade proche de la perfection la saga s'était imposé comme un sans faute remarquable (oui, je fais partie de ceux qui aiment Temple of Doom). Mais en deux décennies le cinéma à beaucoup muté. Le film d'action ultime en 1988 était Die Hard. De nos jours il y a plus de mobilier cassé, de rafales d'armes automatiques et d'explosion dans les dix dernières minutes de Bad Boys II que dans tout le chef d'oeuvre de John McTiernan. Tout comme John McClane, Indiana Jones a vieilli. Harrison Ford est un peu raide et semble peiner simplement pour se pencher, ce qui ne l'empêche pas, bénie soit la magie des effets numériques et des doublures, de survivre pendant 124 minutes à tout et n'importe quoi.

Indiana Jones est capturé par une méchante communiste russe bardée de cuire, aimant les fleurets et parlant avec un roulement des "r" remarquable. Il doit leur indiquer où, dans l'entrepot géant qui concluait le premier film, se trouve une certaine boîte contenant des restes extraterrestres. Après une évasion spectaculaire, quelques démêlés avec le FBI et un petit cours magistral, il croise Shia LaBeouf, authentique blouson noir qui vient lui demander de l'aide. Le professeur Oxley, qui enquêtait sur l'El Dorado et le mystère des cranes de cristal, serait en danger.

Oubliez la suspension de l'incrédulité et autres dogmes limitatifs. Indiana Jones est plus solide que Terminator. Il peut courir au millieu des balles (au moins 4 fois), résister à plusieurs chutes dans des cascades colossales (3 fois) et même supporter l'explosion d'une bombe A (1 seule fois, il faut savoir rester raisonnable). Si on oublie que Indiana Jones IV est le film le plus irréaliste de l'histoire du cinéma (pourquoi des abris antiatomiques quand un réfrigérateur fait mieux ?) alors il reste un divertissement sympathique dotée d'une photographie somptueuse de Janusz Kaminski (Saving Private Ryan, Schindler's List, IA) et accompagné de l'inoubliable musique de John Williams.

Dommage que l'histoire s'égare dans des divagations sur les extraterrestres, le crash Roswell et la guerre froide. Dommage également que les nazis soit absents, tout comme Sean Connery et la dimension mystique et religieuse qui faisait la force des précédents opus.

On est loin du sommet des premiers films mais, comparé à Benjamin Gates et le livre des secrets où à Tomb Raider, le berceau de la vie, Indiana Jones IV est divertissant. Le rythme est rapide, les scènes d'action sont souvent imaginatives et l'humour d'Indy est intact. Steven Spielberg sait toujours tenir une caméra et diriger ses acteurs et c'est l'essentiel. Vivement le prochain opus.