mercredi 30 novembre 2011

Territoires de Olivier Abbou

Territoires est un film franco-canadien réalisé par Olivier Abbou. Sorti en 2011, il est interprété par Roc LaFortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando et Alex Weiner.



Au retour d'une noce bien arrosé, cinq jeunes se font arrêter en pleine forêt par deux douaniers alors qu'ils passent du Canada aux États-unis. Alors qu'ils semblent plutôt en règle, exception faite de leur alcoolémie, la situation est tout de même très tendue. Les douaniers sont agressifs et semblent très suspicieux au sujet de l'un d'entre-eux qui a le malheur d'avoir un nom peu américain (il s'appelle Jalii Adel Kahlid). Après quelques minutes, très intenses, la situation dérape complètement. Un des passagers se fait abattre et les autres sont menottés et emmenés par les douaniers. Désormais ils seront enfermés dans des cages, vêtus de survêtements oranges et la tête couverte d'un sac de toile.

Dans la pratique nous avons affaire à un torture flick. Genre récemment remis au goût du jour par Hostel (et un peu par Saw). Sauf que ça se veut plus intelligent que Hostel (ce qui n'est pas difficile). Le film est truffé d'interminables scènes d'interrogatoires très réussies et très déstabilisantes. Les faux douaniers, solidement interprétés, sont d'anciens gardes à Guantanamo qui semblent agir non pas par plaisir mais par habitude et pour obtenir des informations. Informations qui n'existent pas, bien entendu... Il y a un vrai effort de recherche dans les interrogatoires, notamment cette façon de répéter chaque réponse reçue, lentement et comme si elle était aberrante, même quand la question est élémentaire.

Après un démarrage au quart de tour et quelques scènes vraiment oppressantes, le script s'enlise un peu. Incapable de faire avancer l'intrigue, Olivier Abbou fait intervenir un détective privé qui apparait et disparait dans un segment cinématographique qui semble presque déconnecté du reste de l'intrigue. Saluons tout de même le culot de la non-fin du film, conclusion nihiliste et désespérée à une œuvre pleine de bonnes idées mais un peu maladroite. Au final le bilan est plutôt positif, surtout pour un métrage s'inscrivant dans un genre aussi limité.

Territoires fait d'Olivier Abbou un réalisateur débutant à surveiller attentivement. Après quelques courts-métrages et un bref passage à la télévision, espérons qu'il continua sa carrière sur les grands écrans. Hélas, même si j'ai beaucoup aimé, je crains que l'accueil public soit plutôt froid pour une telle production (trop originale pour un torture flick, un peu limitée pour un film politique).

lundi 28 novembre 2011

The Troll Hunter de André Øvredal

The Troll Hunter (Trolljegeren en VO) est un film fantastique norvégien réalisé par André Øvredal. Sorti en 2011, il est interprété par Otto Jespersen, Hans Morten Hansen, Tomas Alf Larsen, Johanna Mørck, Knut Nærum, Robert Stoltenberg et Glenn Erland Tosterud.



Dans la veine des found footages contemporains, ces bobines / K7 / cartes SD retrouvées après une disparition ou une catastrophes et montées au cinéma, je vous présente le dernier né : The Troll Hunter. Comme un Cannibal Holocaust ou un Diary of the Dead, le film suit une bandes de cinéastes (ici des étudiants) qui veulent tourner un documentaire.

Au départ, nos apprentis réalisateurs s'intéressent à un ours qui fait des ravages dans divers troupeaux et à un homme mystérieux qui semble être un braconnier (la Norvège c'est comme la France : on n'y tue pas les ours et quand cela se produit les journalistes sont là pour s'indigner de la tragédie). Sale, bourru, barbu et vivant dans une caravane délabrée, cet individu, Hans, incarne au départ le méchant chasseur, celui qui doit mourir au milieu du film parce-qu'il a tué des animaux (je rappelle que c'est un crime bien plus grave que le meurtre au cinéma, sans doute une conséquence du traumatisme engendré par Bambi).

Mais, après une nuit agitée où l'équipe de tournage le surprend occupé à traquer un colosse dans les bois, Hans révèle sa vrai profession : il est chasseur de troll, payé par le gouvernement pour lutter contre leur prolifération et pour s'assurer qu'ils ne quittent pas leurs réserves. Et il se révélée être plutôt sympathique et terriblement attachant. Chargé seul de faire un métier très dangereux, pas reconnu, mal payé et demandent des tas d'heures supplémentaires de nuit, il accepte de se laisser filmer pour protester contre ses conditions de travail...

Même si certaines passages évoquent Cloverfield, The Troll Hunter s'éloigne du scénario traditionnel des films de grosses bestioles. Ici, les trolls sont le gibier du début à la fin, même si l'équipe de tournage se retrouve plusieurs fois dans des situations très critiques (il y a plusieurs morts). Hans est absolument génial : doté d'un sang-froid à toute épreuve, il fait avec des moyens pitoyables un travail remarquable dans des conditions terrifiantes (et se fait engueuler par son supérieur)... Version rustique du Ash d'Evil Dead, il est la principale réussite du film et c'est pour lui que le spectateur tremblera (il faut dire qu'on sent qu'il peut mourir, ce qui accentue encore l'inquiétude qu'on éprouve à son égard).

Notons aussi les effets spéciaux, remarquables pour une production norvégienne. Les trolls sont photo-réalistes et le combat final, faisant intervenir un spécimen géant de plus de cent mètres de haut, est dantesque. Et pourtant ce n'est pas facile de créer des créatures qui soient à la fois crédibles et qui puissent se rapprocher du folklore sur les trolls... Les paysages sont également très beaux, en en parfaite adéquation avec les créatures exhibées.

D'ailleurs, c'est un autre point fort de The Troll Hunter : créer un contexte moderne et crédible sur les trolls, équivalent à celui qui existe pour les vampires, le loups-garous et les zombis, tout en y intégrant énormément d'éléments issus des contes et légendes norvégiens. Il y a quelque-chose de remarquable dans la façon dont le film introduit toutes ses références, ce que soit cette haine violente qu'éprouvent le trolls pour l'odeur des chrétiens ou cette scène avec trois chèvres sur un pont (et un troll en dessous).

Au final, The Troll Hunter est un film fantastique qui brille par son personnage central, son thème et son originalité. Loin des productions hollywoodiennes calibrées, il surprend continuellement son spectateur en évitant de nombreux clichés (pas tous, tout de même). Bref, il ravira les amateurs de cinéma déviant et consternera les habitués des super-productions qui se plaindront que ce n'est pas le scénario qu'ils connaissent déjà par cœur, donc que ce n'est pas logique. C'est sans doute une des meilleures surprises de l'année 2011...

samedi 26 novembre 2011

Bloody Bird de Michele Soavi

Bloody Bird (Deliria en VO) est un film d'horreur italien réalisé par Michele Soavi. Sorti en 1987, il est interprété par David Brandon, Barbara Cupisti, Domenico Fiore, Robert Gligorov, Mickey Knox, Giovanni Lombardo Radice, Clain Parker et Loredana Parrella.



Une troupe de comédiennes répètent, sous la supervision d'un metteur en scène tyrannique, une comédie musicale sanglante et érotique mettant en scène un tueur affublé d'un énorme masque de hibou. Quand une des danseuses se foule la cheville, elle décide de passer consulter un médecin pour se faire soigner. Mais par crainte de se faire renvoyer, elle choisit de s'éclipser en douce et de se rendre à l'hôpital le plus proche, qui est en fait un asile psychiatrique. Là, elle reçoit une pommade pour sa jambe, mais éveille aussi la convoitise du serial killer Irving Wallace, nouvellement transféré... Ce dernier s'évade et la suit quand elle retourne travailler.

Dans les années 80, le giallo, genre initié par Mario Bava avec Six femmes pour l'assassin, est encore très vivant en Italie. Cela fait même une décennie qu'il a inspiré, de l'autre coté de l'océan, un autre cinéma : le slasher. Mais l'influence fonctionne dans les deux sens. Michele Soavi, plus tard connu pour son excellent Dellamorte Dellamore, nous gratifie ainsi d'un hybride parfait en 1987... Un film reprenant l'esthétique baroque du giallo mais occultant toute dimension policière pour, au final, se résumer à une simple succession d'exécutions spectaculaires.

De la tronçonneuse à la perceuse, en passant par la hache et le poignard, tout l'arsenal du tueur en série cinématographique est mis à contribution dans un huis-clos anxiogène. Les images sont très léchées, avec des costumes tout droits sortis d'un music-hall de broadway et un fantastique tueur à tête de hibou qui évoque Michael Mayer et Jason Voorhees et par son mutisme et sa persévérance. L'impression théâtrale qui se dégage du film est renforcée par la musique de Simon Boswell, compositeur britannique habitué aux productions italiennes (Phenomena, Demons 2).

Hélas, même s'il n'oublie pas de rendre hommage à la scène de la douche de Psychose, ce Bloody Bird n'est pas exempt de défaut. L'absence de véritable scénario et les effets gores peu aboutis en font un slasher tout juste au dessus de la moyenne. Il ne ravira donc que les fans du genre (voilà que je sombre moi aussi dans le cliché).

jeudi 24 novembre 2011

Manufactured Landscapes de Jennifer Baichwal

Manufactured Landscapes est un documentaire canadien réalisé par Jennifer Baichwal en 2006 et dont la direction artistique est assurée par Peter Mettler. Il est mis en musique par Dan Driscoll.



Manufactured Landscapes est consacré à l’œuvre d'Edward Burtynsky, photographe canadien professionnel spécialisé dans les paysages industriels et seule star du film (même s’il n’est pas présent à l’écran). Plusieurs de ses photos sont d’ailleurs montrées, ainsi que les réactions du public dans une de ses expositions.

Ce documentaire est un descendant indirects de la trilogie des Qatsi. Plus précisément, il se rapproche de Powaqqatsi puisqu’il illustre la modernisation du monde et l’emballement de notre civilisation pour les technologies, le bitume et le béton. Comme son titre l'indique, le film de Jennifer Baichwal regorge de paysages urbains artificiels, d'interminables autoroutes et de titanesques barrages.

Carrières, mines, chantiers, usines et lotissements se succèdent à l'écran, sans commentaires, dans ce qui se rapproche de la symphonie urbaine chère au cinéma expérimental. On entend certes quelques dialogues, mais ils sont secondaires et tiennent de la simple coïncidence, exception faite d’un d’interview de quelques minutes. Le reste du temps, les images, majestueuses et froides, ont leur propre force qui se passe remarquablement bien du verbe...

Le point culminant de Manufactured Landscapes, c’est le barrage des Trois-Gorges, qui dépasse par sa disproportion tout les autres chantiers illustrés. Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont une ville entière, moderne et démesurée, peut être rasée pour laisser place à un des plus grands lacs artificiels du monde. C’est d’ailleurs à cette occasion qu'Edward Burtynsky rompt son vœu de silence, après une heure de film, et que quelques rapides explications sont données sous forme de l’interview d’un travailleur.

Moins abstrait et moins savamment composé que les chefs-d’œuvre de Godfrey Reggio, Manufactured Landscapes est cependant superbe. Un peu trop, même, aux yeux de nombreux spectateurs, puisque la glaçante beauté de ses images désactive le message écologiste que certains voudraient y voir. Loin du Home de Yann Arthus-Bertrand qui noyait son auditoire dans un flot de mots inutiles et partisans, Manufactured Landscapes laisse ses spectateurs libres de leur interprétation.

mardi 22 novembre 2011

The Thing de Matthijs van Heijningen Jr.

The Thing est un film de science-fiction horrifique américain réalisé par Matthijs van Heijningen Jr. Sorti en 2011, il est interprété par Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen, Eric Christian Olsen et Adewale Akinnuoye-Agbaje.



Je n'ai rien contre les remakes. D'ailleurs je considère The Thing de John Carpenter comme un des meilleurs films de science-fiction horrifiques jamais tournés alors qu'il s'agit d'une réadaptation de la nouvelle Who Goes There? écrite par John W. Campbell, nouvelle qui avait déjà été portée au cinéma par Christian Nyby sous le titre La Chose d'un autre monde. De plus, c'est le premier film destiné au cinéma de Matthijs van Heijningen Jr., donc il n'a pas d'antécédents. Ainsi, je suis allé voir ce The Thing cuvée 2011 sans réels aprioris.

Nous sommes en 1982 et la paléontologue Kate Lloyd est recrutée pour effectuer un travail d'expertise sur un mystérieux spécimen tout juste découvert en Antarctique. Une fois arrivée sur place, dans un base de recherche norvégienne, elle comprend qu'il s'agit d'un extra-terrestre. Mais ce dernier va rapidement s'éveiller et entreprendre de décimer le casting dans la version cinéma des Loups-garous de Thiercelieux. Car la chose d'un autre monde peut contaminer n'importe qui et prendre son apparence.

Les effets spéciaux modernes sont très convaincants et les incarnations de la créature, inspirées du travail original de Rob Bottin, fonctionnent remarquablement bien. C'est un plaisir de voir cette alien toujours changeant se mouvoir d'une façon aussi convaincante à l'écran.

Hélas l'ensemble manque d'âme. La peur et la paranoïa qui imprégnaient l'œuvre de Carpenter sont absentes ou édulcorés. Par exemple, la chose a une forme initiale, ce qui enlève de sa dimension lovecraftienne (un montre indicible et protéiforme, c'est bien plus effrayant qu'un gros insecte). De même, les décors sont majestueux mais l'impression de froid glacial manque cruellement. Voir tout le casting marcher dehors, peu couvert et le visage nu donne un petit côté urbain à ce qui devrait être une base antarctique presque invivable.

La musique est correcte mais n'égale pas le score extraordinaire d'Ennio Morricone qui accompagnait le film de 1982. Cependant, le vrai défaut de The Thing, version 2011, ce sont ses personnages, ou plutôt son absence de personnages. L'héroïne, une américaine intégrée de force par un scénariste paresseux au milieu d'une base norvégienne, est creuse et inexpressive, la faute à Mary Elizabeth Winstead, déjà peu convaincante dans Destination finale 3 et Black Christmas. Alors que nous avons une ribambelles de scientifiques barbus, trapus et habitué à la rigueur de l'Antarctique, pourquoi le script se concentre-t-il sur une parfaite représentante de ce que l'Amérique produit de plus insipide comme personnage ?

En fait, ce The Thing n'est mauvais qu'en comparaison du film de 1982. En absolu, la version de Matthijs van Heijningen Jr. est un film hollywoodien correct : simple, bien filmée et distrayante, il rempli son contrat. De plus, il ne s'agit pas d'un remake mais d'une préquelle qui peut s'enchainer à la perfection avec le bijou de Carpenter. Pour toutes ces raisons il peut mériter le détour.

dimanche 20 novembre 2011

Phénomènes paranormaux de Olatunde Osunsanmi

Phénomènes paranormaux est un film de science-fiction américain réalisé par Olatunde Osunsanmi. Sorti en 2009, il est interprété par Milla Jovovich, Elias Koteas, Will Patton, Hakeem Kae-Kazim, Corey Johnson et Charlotte Milchard.



Vendu chez nous comme un clone de Paranormal Activity, Phénomènes paranormaux n'entretient que très peux de rapports avec son aîné. En fait, son titre américain, The Fourth Kind, ne jouait pas sur cette confusion et avait le mérite d'expliciter le sujet du film. Pour les novices, je rappelle qu'une rencontre du quatrième type est une abduction par des extra-terrestres selon le système de classification de Hynek (merci à Steven Spielberg et à son Rencontres du troisième type pour avoir donné une telle visibilité à cette méthode de classification).

Dans la petite ville de Nome, en Alaska, le docteur Abigail Tyler, dont le mari s'est fait assassiner peu avant sous ses yeux, constate une épidémie d'insomnie chez ses clients. Abigail étant psychologue, elle fait rapidement le lien entre toutes le visions de ses patients, qui mentionnent systématiquement un hibou. Mais quand elle commence à recourir à l'hypnose, elle constate que le hibou n'est qu'une illusion destinée à cacher quelque-chose de bien plus effrayant.

Le film se présente comme la réunion de found footages réels et de scènes reconstituées. En gros, les trois quarts du temps, Milla Jovovich joue le docteur Abigail Tyler, en suivant scrupuleusement des témoignages et des rapports de police, le reste du temps on voit des enregistrements vidéos de la vraie Abigail Tyler. Évidemment c'est du pipeau, mais c'est assez bien trouvé. Ainsi, l'actrice qui joue Abigail Tyler n'apparait pas dans le casting et il y a des tas de messages qui expliquent que tout est une histoire vraie et qui donnent des détails sur les événements s'étant produits dans la ville de Nome (fausses statistiques à l'appui, affichées sans honte et avec une musique inquiétante).

Universal Pictures avait même poussé le soin du détail jusqu'à créer de faux articles et de fausses rubriques nécrologiques et à les répandre sur le net pour faire croire que les événements du films son réels. Dommage qu'il se soit fait pincer la main dans le sac par le Club de Presse d'Alaska. Mais en dehors de ce faux réalisme de pacotille et de toutes ces fausses preuves, il n'y a pas grand chose à sauver de Phénomènes paranormaux. C'est du déjà-vu, mal mis en scène et mal raconté.

La fausse vraie Abigail Tyler est jouée par Charlotte Milchard, bien plus convaincante que Milla Jovovich mais bien moins sexy. A part ça le casting est peu inspiré et les acteurs ne cachent que très mal qu'ils ne croient pas au script. Ce qui est très compréhensible étant donné sa vacuité... C'est d'ailleurs dans ce vide sidéral qu'il faut chercher le rapport avec Paranormal Activity. Les inconditionnels d'UFO, en manque depuis la fin de la série X-files, apprécieront certainement la tambouille. Les autres risquent de s'ennuyer.

vendredi 18 novembre 2011

Paranormal Activity 3 de Henry Joost et Ariel Schulman

Paranormal Activity 3 est un film d'horreur indépendant américain réalisé par Henry Joost et Ariel Schulman. Sorti en 2011, il est interprété par Lauren Bittner, Christopher Nicholas Smith, Chloe Csengery, Jessica Tyler Brown, Dustin Ingram et Hallie Foote.



Ce troisième volet de la saga est en fait une préquelle à Paranormal Activity 2, qui était lui-même une préquelle au premier film. Chronologiquement, l'histoire se situe en 1988, donc pendant l'enfance de Katie et de Kristi. Cela fait de Paranormal Activity une des séries les plus désordonnées de l'histoire du cinéma, surtout si on prend en compte la suite japonaise, qui s'est vu privée de son numéro sur le marché international (alors que c'était le seul opus correctement numéroté).

Époque différente mais même histoire, Julie et Dennis forment un jeune couple ordinaire. Julie a déjà deux enfants d'une relation précédente (Katie et de Kristi, si vous suivez). Ensemble, la petite famille vit un quotidien banal à mourir, mais plutôt sympathique, jusqu'à ce que Dennis se mette à tout filmer. Là, les phénomènes étranges vont commencer à se multiplier, impliquant essentiellement les deux gamines. Kristi semble en effet communiquer avec un ami imaginaire fort encombrant.

Nous sommes dans les années 80, donc les cartes SDHC n'existaient pas et les K7 étaient chères. Heureusement, Dennis est spécialisé dans les vidéo de mariages, il est donc très bien équipé ce qui permet au nouveau film d'être exactement comme les autres (avec juste un peu plus de bruit, de flou et de neige à l'écran). C'est terriblement pratique que partout où passe ce démon il y ait toujours un obsédé du caméscope...

Comme promis par les affiches, l'origine de l'histoire est enfin révélée. Les spectateurs difficiles feront remarquer que les éléments essentiels de l'intrigue étaient déjà présent dans le second opus et qu'en plus le script de Christopher B. Landon introduit quelques petites incohérences qu'il balaie d'un revers de main avec une histoire abracadabrantesque de lavage de cerveau. Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé que ça se tenait fort bien. Il faut dire que c'est facile de rendre cohérente une histoire aussi simple.

Les fans seront heureux de connaitre enfin le nom du démon (je vais vous faire économiser 9 euros : il s'appelle Toby). Les autres sursauteront quand les portes claquent et bailleront le reste du temps. Au final, avec quatre films, on a une histoire presque complète qui suffirait pour faire un long-métrage correct, une fois les redites gommées. Mais ça ne va pas s'arrêter là : Paranormal Activity 4 est prévu pour octobre 2012.

mercredi 16 novembre 2011

Paranormal Activity: Tokyo Night de Toshikazu Nagae

Paranormal Activity: Tokyo Night (Paranômaru akutibiti: Dai-2-shô - Tokyo Night en VO) est un film japonais réalisé par Toshikazu Nagae. Sorti en novembre 2010, soit un mois après Paranormal Activity 2, il est interprété par Aoi Nakamura, Noriko Aoyama, Kazuyoshi Tsumura, Kōsuke Kujirai, Maaya Morinaga et Ayako Yoshitani.



Paranormal Activity, par sa simplicité, son naturalisme et son usage intense de la vidéo avait hérité quelque-chose de Ring. De plus, dans le yurei eiga (les films de fantômes nippons), tout repose aussi sur une force foncièrement maléfique. Il n'y a pas de rédemption pour le fantôme, on sait qu'il est mauvais et qu'il ne causera que mort et souffrance. Pas étonnant donc qu'un japonais ait décidé de produire sa propre version du film de Oren Peli. Après les remakes américains de Dark Water, de Kairo, de One Missed Call et de Ju-on, il est normal que le Japon prenne sa revanche...

Le choix de Toshikazu Nagae, coupable de Ghost System, le yurei eiga le plus mal foutu jamais tourné au pays du soleil levant, est logique. Après tout, il a déjà fait ses preuves question ennui et banalité. Si on m'avait demandé un nom, c'est lui que j'aurais désigné.

Tout commence avec Haruka Yamano, une charmante jeune fille de retour des États-unis. Accidentée, elles se déplace en fauteuil roulant et doit donc compter sur son frère, Koichi, pour s'occuper d'elle. Le père de la famille part justement en voyage d'affaire à Singapour et laisse ses deux enfant seuls à la maison. Comme par hasard, Koichi a acheté une caméra et décide de filmer tout ce qui passe à porté de son objectif, ce qui fait une sacré coïncidence, puisque le démon responsable de la mort de Micah a justement décidé de s'en prendre à sa sœur. Pourquoi, partout où elle va, cette entité paranormale rencontre-t-elle des caméramans amateurs ? Ça doit être une malédiction !

Il y a un "2" présent dans le titre japonais mais disparu dans le titre anglais international de Tokyo Night, car ce film est bien une suite. En effet, nous apprenons que Haruka a eut un accident en croisant Katie, qui était en cavale après la mort de son petit-amis. Haruka s'est cassée les deux jambes dans l'accident et a tué la pauvre Katie au passage. Pas étonnant donc que le démon s'en prenne à elle. Et cette fois il va faire très fort : non seulement il va ouvrir et fermer des portes, mais il va aussi faire des bruits de pas ! Comment ça, il le faisait déjà avant ? Ah oui...

Remake poussif et convenu d'un film poussif et convenu, Tokyo Night ne brille que par un final très japonnais et terriblement effrayant (mais n'excédant pas les 3 minutes). Le reste du temps, c'est un frère et une sœur qui se chamaillent et s'ennuient, seuls, chez eux. C'est un peu mieux qu'un couple qui s'engueule, mais tout juste. Le point positif, c'est que comme c'est une suite (et comme les "2" et "3" américains sont des préquelles) on peut voir les quatre films comme une tétralogie cohérente.

C'est le moins mauvais des quatre Paranormal Activity, mais cela ne veut pas dire que c'est un bon film. En fait, il est au niveau de Ghost System...

lundi 14 novembre 2011

Paranormal Activity 2 de Tod Williams

Paranormal Activity 2 est un film d'horreur indépendant américain réalisé par Tod Williams. Sorti en 2010, il est interprété par Sprague Grayden, Brian Boland, Molly Ephraim, Katie Featherston et Micah Sloat.



De temps en temps, un petit malin talentueux sort un film d'horreur uniquement basé sur une bonne idée. L'intérêt, c'est qu'avec un budget ridicule on peut faire quelque-chose de correct si les contraintes techniques sont intégrées au scénario. Un bon exemple est Cube, réalisé en 1997 avec un budget restreint, il est tourné dans une unique pièce (dont la couleur change, car le cube est sensé être un véritable dédale). Mais cette limitation des décors participe à l'impression de claustrophobie dégagée par l'œuvre de Vincenzo Natali.

Plus tard, Daniel Myrick et Eduardo Sánchez nous servirent Blair Witch, une "pellicule retrouvée après la disparition de l'équipe". Tourné essentiellement au caméscope, il prouvait qu'il est possible d'effrayer avec seulement 25 000 dollars... Et de rapporter au passage plus de 250 millions de dollars dans le monde. D'un point de vue commercial, Paranormal Activity fait encore plus fort... Pas étonnant donc qu'un suite soit rapidement produite.

Au début du film, Kristi, la sœur de Katie (l'héroïne du premier film), emménage avec son mari Daniel et leur fils dans une nouvelle maison. Comme Micah, Daniel se découvre tout de suite une passion pour l'art de mal filmer tout et n'importe quoi, n'importe quand et n'importe comment. Quand sa maison semble avoir été cambriolée, Daniel décide d'installer un système de surveillance vidéo. A partir de ce moment là, il sera le témoin de phénomènes étranges... Par exemple, le robot chargé de nettoyer sa piscine sort toutes les nuits de son bassin ! Mon dieu ! Que c'est effrayant !

Difficile de faire une suite plus semblable à son ancêtre. Paranormal Activity 2 n'innove pas. En fait, il copie presque plan par plan le film de Oren Peli, se permettant juste de donner quelques éléments nouveaux sur le démon invisible responsable des évènements. Techniquement, d'ailleurs, il ne s'agit pas d'une suite mais d'une préquelle, si bien qu'on peut trouver que ça fait une sacrée coïncidence que deux hommes se connaissant peu décident tous les deux indépendamment de filmer leurs compagnes au moment précis où un démon va les harceler.

Déjà fatigantes et répétitives pendant les 86 minutes du premier opus, les scènes de frousses de Paranormal Activity 2 sont de véritables morceaux de non-cinéma. Mise-en-scène ratée (plans fixes ou caméra tenue à bout de bras, et c'est tout), acteurs pathétiques, scénario faussement intelligent, ennui omniprésent... Le film de Tod Williams est consternant.

samedi 12 novembre 2011

Paranormal Activity de Oren Peli

Paranormal Activity est un film indépendant américain écrit, réalisé et produit par Oren Peli. Sorti en 2009, il est interprété par Katie Featherston, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Amber Armstrong et Ashley Palmer.



Tout commence avec un couple ordinaire Katie et Micah, incarnés par Katie Featherston et Micah Sloat (quelle coïncidence). Un jour, Micah achète une caméra et se met à filmer tout et n'importe quoi, en commençant par ce qu'il y a de plus trivial ou banal. Mais après quelques événements étranges (du bruit la nuit, par exemple), il décide de filmer sa chambre pour capturer les manifestations paranormales qui se manifestent autour de sa petite amie.

Paranormal Activity est un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma. Tourné pour un budget de 13 500 dollars, il a ramené une cagnotte de 193 millions. On l'a comparé à Blair Witch et à Ring... Mais si vous pensez qu'un tel succès doit cacher quelque-chose de génial, alors vous avez tout faux.

Les chiffres ne sont pas importants. Paranormal Activity est juste monotone, prévisible et répétitif. En fait, il est si ennuyeux que certains y voient une étude de mœurs sur la classe moyenne américaine. On suit un couple tellement insipide, banal et creux que ça en devient presque effrayant (le faible niveau des acteurs empirant encore le phénomène).

Le film se décomposes en deux types de séquences, alternées à l'infini. D'abord on voit le couple s'ennuyer, se disputer (souvent au sujet des phénomènes) ou vaquer à des occupations anodines. Ensuite il y a les séquences de nuit (comme celle sur l'affiche). Filmées en accéléré avec un caméscope sur trépied, on y voit les minutes défiler à toute allure jusqu'à ce que le chronomètre se calme. Le temps reprend sa course normal et le spectateur sait alors que "quelque-chose" va se produire (merci de désactiver tout effet de surprise avec un indicateur, personnellement j'aurais ajouté un "warning" qui clignote en rouge). Généralement, c'est un porte qui s'ouvre (ou qui claque), un drap qui glisse ou un bruit de pas à l'étage. Sauf à la toute fin du film, où c'est plus grave. Mais dix seconds d'angoisse sur 86 minutes de film, c'est peu.

Les scènes de la vie de tous les jours sont filmés caméscope à la main, avec une maladresse abominable. Il faut dire que cette amateurisme est volontaire. L'acteur Micah Sloat qui teint la caméra était cadreur pour la TV, donc il produisait un travail de bonne qualité. Si bien que Oren Peli lui a imposé de cadrer à l'aveuglette, sans utiliser le viseur... Mais ce n'est pas seulement la mise en scène qui est loupée dans Paranormal Activity. Tout est raté. L'histoire n'est pas crédible, le suspens est absent, les acteurs sont mauvais et les dialogues sont insipides.

jeudi 10 novembre 2011

Accident de Soi Cheang

Accident est un thriller hong-kongais réalisé par Soi Cheang. Sorti en 2009, il est interprété par Louis Koo, Michelle Ye, Lam Suet, Stanley Fung, Monica Mok et Richie Ren.



Le film est produit par Johnnie To dont le style se perçoit par moment, avant que Cheang ne trouve sa propre voie et ne développe sa propre esthétique.

Tout commence avec le "cerveau", incarné par Louis Koo. On ne connaitra pas son nom de tout le film, mais aidé d'une petite bande de partenaires, c'est un tueur à gage qui organise des meurtres parfaitement camouflés en accidents (avec des enchainements dignes de Destination finale). Un jour, juste après avoir tué un père pour permettre à son fils d'hériter, il est lui-même victime d'un accident (auquel il échappe in extrémis). Persuadé être la cible d'un assassin, il commence à enquêter.

Accident est un film brillant. Comme Soupçons d'Alfred Hitchcock, c'est avant tout une merveilleuse réflexion sur la paranoïa et sur la façon dont l'esprit humain peut interpréter des signes anodins pour en faire un complot cohérent. Mais la filiation avec Hitchcock ne s'arrête pas là puisque l'histoire lorgne aussi du côté de Fenêtre sur cour... La mise en scène est très soignée : géométrique, cardée au cordeau et presque clinique, elle est d'une précision remarquable et fait écho à la planification obsessionnelle des tueurs. Car ces derniers utilisent maquettes et répétitions pour un résultat toujours minuté à la perfection.

Mais Accident c'est aussi un casting exceptionnel. On remarque tout particulièrement Louis Koo, personnage central dont la formidable intelligence se retourne contre lui-même (a moins que...). Ses acolytes, simplement affublés de surnoms (la femme, le gros, l'oncle) sont aussi brillamment interprétés, quoi que discrets. Il en résulte une mécanique qui tient de l'horloge de précision, avec des engrenages ajustés au micron qui se dérèglent sans dérailler. Après Dog Bite Dog, Soi Cheang se révèle ainsi un potentiel successeur de Johnnie To et Tsui Hark.

mardi 8 novembre 2011

Scream 4 de Wes Craven

Scream 4 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 2011, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Emma Roberts et Hayden Panettiere. On ne change pas un casting qui fonctionne.



Dix ans se sont écoulés depuis les événements de Scream 3, et Stab, le fameux film dans le film qui raconte l'histoire du film, est devenue une saga interminable. Scream 4 s'ouvre sur une paire de jeune filles qui parlent de cinéma d'horreur (et qui se désolent de la nullité abyssale de la saga Saw). Après un coup de fil qui rappelle furieusement l'ouverture de Scream, elles se retrouvent en contact avec un psychopathe qui leur promet une mort atroce. Aussitôt dit aussitôt fait. Sauf que le titre Stab 6 apparait à l'écran pendant qu'elles agonisent.

Et oui, ce n'était qu'un film que regardent deux adolescentes blondes. L'une des deux proteste contre la prévisibilité de ce qu'elle vient de voir, ce qui est compréhensible. Elle se fait alors poignarder par sa copine (là ce n'était pas prévisible, je le reconnais). Et le titre Stab 7 apparait à l'écran. Deux nouvelles blondes, avachies dans leur canapé, discutent alors de ce retournement de situation. C'est vrai que cette récursivité n'est pas très logique. Si Stab 6 n'est qu'une fiction dans Stab 7, qu'en est-il de Stab 5 et Stab 4 ? Sont-ce des films dans des films dans des films dans des films ? Heureusement, nos spectatrices sont à leur tour poignardées. Et cette fois c'est le titre Scream 4 qui apparait à l'écran.

Scream jouait sur la référence à un genre très codifié. Parodique mais respectueux, il ne prenait pas ses spectateurs pour des demeurés mais ne perdait pas de vue que pour fonctionner, il faut être accessible aux handicapés mentaux. Scream 2 explorait les règles qui régissent les suites. Scream 4 s'intéresse pour sa part à la vague moderne de remakes qui a submergé Hollywood. Bien qu'il soit une suite, le nouveau film de Wes Craven est en effet centré sur un tueur qui veut faire son propre remake des meurtres de Woodsboro.

C'est vrai qu'entre Halloween, Texas Chainsaw, Dawn of the Dead, The Hills Have Eyes, Amityville Horror, Last House on the Left, Friday the 13th, A Nightmare On Elm Street, My Bloody Valentine, When A Stranger Calls, Prom Night, Black Christmas, House of Wax, The Fog et Piranha, presque tout les grands titres de l'horreur ont été ressuscités ces dernières années. Cette petite liste est d'ailleurs textuellement citée par Kirby, une des héroïnes du films. Hélas, la mécanique de l'auto-référence s'essouffle un peu. Il y a tant de mise en abîme dans Scream 4 que ça devient à un exercice de style artificiel (mais rigolo).

Heureusement, il reste une foule de discussion de cinéphiles qui parsèment un film finalement prévisible. Ça fait du bien d'entendre le tueur rendre hommage à Peeping Tom (Le Voyeur chez nous), un des ancêtres du genre slasher, ou de voir deux policier tenter de maximiser leurs chances de survies à l'aide de leurs maigres connaissances cinématographiques. Au final, Scream 4 ravira les fans de la saga et constitue une bonne initiation pour les autres.

dimanche 6 novembre 2011

Scream 3 de Wes Craven

Scream 3 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 2000, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Parker Posey et Patrick Dempsey.



Un an après la seconde série de meurtres ayant ébranlés Woodsboro, un couple d'adolescents se fait poignarder dans une scène d'ouverture terriblement stéréotypée. Peu après, nous découvrons l'équipe responsable de Stab 3 le troisième volet de la saga de film dans le film inspirée des évènement de Scream. Évidemment, le tournage va être troublé par notre bon Ghostface (ou plutôt par un copycat de copycat de Ghostface).

Scream est un classique de l'horreur. Une parodie qui a réussi à ressusciter un genre moribond tout en offrant deux niveaux de lecture. Cela lui a valu à la fois une reconnaissance de la part des cinéphiles et des spectateurs ordinaires. Sa suite était plus que sympathique, avec un approfondissement de la réflexion enclenchée dans le premier opus et un élargissement référentiel (Scream 2 s'intéresse en effet aux suite horrifiques en général, plus seulement aux slashers).

Malheureusement Scream 3 est très loin de ses deux ainés. Il constitue certainement le moins bon film de la carrière de Wes Craven (et pourtant il a tourné My soul to take, Cursed et La colline a des yeux 2). Le thème de Scream 3 c'est les trilogies et les règles qui les régissent. Hélas, il n'y a pas de règles strictes hollywoodiennes sur les trilogies horrifiques. Beaucoup de troisième opus sont simplement une suite à la suite sans nouveau twist et sans chamboulement. Les explications internes de Randy Meeks, le plus cool des cinéphiles, sont foireuses, et le fait qu'il soit obligé de parler à travers une K7 vidéo (car il est mort dans le film précédent) n'améliore rien.

Du coup Scream 3 énonce des règles fausses qu'il viole par la suite, le tout dans l'indifférence générale du spectateur. En fait, on ne cherche même pas le coupable tellement on s'en fiche, et quand le dénouement final arrive, il faut faire un véritable effort de volonté pour ne pas bailler à s'en luxer la mâchoire. Fini les fausses pistes, les indices et les rebondissements, tout est cousu de fils blancs ! De plus, le fait que les événements se situent dans un studio de cinéma est la porte ouverte à une mise en abîme lourde et maladroite (comme s'il n'y avait pas déjà assez d'auto-référence dans la saga).

Reste que ça fait plaisir de retrouver les survivants des opus précédents et de voir Gale et Dewey se fiancer. De même certains meurtres assez créatifs peuvent justifier le détour pour les fans hardcore de la saga...

vendredi 4 novembre 2011

Scream 2 de Wes Craven

Scream 2 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 1997, soit un an après le premier volet, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Jamie Kennedy, Elise Neal et Jerry O'Connell.



Scream était un exercice de style extraordinaire, se rapprochant plus de la parodie que de l'hommage. Assez référentielle pour admettre plusieurs niveau de lecture, il permettait au fan d'horreur de réviser ses clichés et au novice de découvrir un genre alors devenu désuet : le slasher. Jouant sur l'auto-référence et l'humour, Scream a réinventé les codes usés jusqu'à la corde qu'il explicitait, tout en les conservant intacts.

Aussi novateur et classique soit-il, Scream a eut son lot de conséquences négatives. La pire d'entre-elles étant la généralisation d'un cinéma d'horreur aseptisée, conçu pour des adolescents bourrés qui veulent frimer devant leurs copines en riant grassement à chaque coup de poignard. Cela nous a donné Souviens-toi... l'été dernier et le pathétique Urban Legend, deux films qui fonts de tels efforts pour désactiver leur propre violence et pour en faire un divertissement de masse que ça en devient hallucinant. Par le miracle de l'auto-référence, cette état des choses est dénoncé dans Scream 2.

Jouant plus que jamais sur la mise en abîme, Scream 2 s'ouvre sur l'avant-première d'un film, et à travers une sorte de miroir, le spectateur découvre une salle comble où ses alter-égos fictifs s'excitent devant un film d'horreur. C'est Stab, un film dans le film, adapté des meurtres de Woodsboro, bref des événements de Scream. Tout les fans portent un masque de Ghostface et sont si excité que quand une jeune fille se fait tuer devant eux, ils croient assister à une mise en scène. Suit alors une série de meurtres violents commis par un nouveau détraqué qui semble vouloir plonger la légende de Ghostface.

Là où Scream était un slasher qui analysait les slashers, Scream 2 est une suite qui analyse les suites. Les explications sur les mécaniques des suites, données par un Randy Meeks plus sympathique que jamais, constituent une réflexion intéressante. Certes, les règles régissant le suites sont moins strictes que celles régissant les slashers, mais Scream 2 a toujours une certaine universalité, comme s'il synthétisait des centaines d'heures de cinéma en un unique cours magistral.

Bref, Scream 2 constitue une excellente suite, ce qui lui valut d'accumuler presque autant de billets verts que son ainé (172 millions de dollars sur le sol américain, contre 173 millions). Seul minuscule regret : l'abandon du NC-17 se sent. Wes Craven a tourné son film pour obtenir un R et cela donne parfois un résultat un peu trop aseptisé.

mercredi 2 novembre 2011

Scream de Wes Craven

Scream est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 1996, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Matthew Lillard, Rose McGowan, Skeet Ulrich et Jamie Kennedy.



Scream fut une petite révolution dans les années 90, alors que paradoxalement il s'agit d'un film faisant des efforts désespéré pour s'inscrire dans un canevas terriblement restrictif. En effet, Scream est un slasher, un genre rigoureusement codifié au quel appartiennent Black Christmas, Halloween, Vendredi 13, Massacre au camp d'été, My Bloody Valentine et Week-end de terreur (cette liste n'est pas exhaustive, il existe plus d'une centaine de slashers).

Scream s'ouvre sur une séquence relativement classique. Seule dans une immense maison dotée d'une somptueuse baie vitrée, une jeune fille attend son copain en préparant du pop-corn. Le téléphone sonne, elle décroche et la voilà en ligne avec un inconnu, visiblement un faux numéro, qui engage la conversation et se retrouve rapidement à lui parler de cinéma d'horreur. Après un petit quizz improvisé, elle découvre que son interlocuteur est un psychopathe qui l'observe à travers sa baie vitrée. Ce dernier lui propose d'épargner son petit ami si elle répond à d'autres questions. Elle échoue, ce qui lui vaut d'assister à l'exécution de Steve avant d'être elle-même poignardée à la poitrine.

A part les dialogues faisant l'éloge de Freddy Krueger, cette scène pourrait être dans n'importe quel slasher. C'est dans son développement que Scream brille. Car la suite de l'histoire va être de plus en plus auto-référentielle. Scream joue avec les règles et s'amuse à les détailler pour mieux les détourner. Cette dimension du film est particulièrement bien résumée à travers le personnage de Randy Meeks, un cinéphile connaissant ses classiques sur le bout des doigts. C'est lui qui explicite les conventions du slasher à travers trois règles de survie vérifiées des centaines de fois dans une multitude de films.

Règle n°1 : Pas de sexe, la survivante est toujours la jeune fille chaste.

Règle n°2 : Pas d'alcool, ni de drogue.

Règle n°3 : Il ne faut jamais dire : "Je reviens tout de suite". C'est la dernière réplique d'un trop grand nombre de victimes.


Après une période de gloire dans les années 80, le slasher est moribond en 1997, quand Scream débarque sur nos écrans. Très parodique, mais suffisamment sérieux et violent pour faire illusion, il s'adresse ouvertement à un public amateur de cinéma d'horreur, ce qui ne l'empêche pas de cartonner et de lancer une vague de clones et de parodies (parodier une parodie, c'est stupide, mais les studios ne réfléchissent pas si loin). Pour les amateurs, Scream est un jeu compliqué, un écheveau d'auto-références et de détournement de clichés. Pour le reste du public, c'est un film d'horreur qui désactive assez sa violence avec son humour pour pouvoir être regardé par tous (le public ne veut pas vraiment avoir peur, il veut juste être un peu secoué pour se croire courageux).