Je n'ai rien contre les remakes. D'ailleurs je considère The Thing de John Carpenter comme un des meilleurs films de science-fiction horrifiques jamais tournés alors qu'il s'agit d'une réadaptation de la nouvelle Who Goes There? écrite par John W. Campbell, nouvelle qui avait déjà été portée au cinéma par Christian Nyby sous le titre La Chose d'un autre monde. De plus, c'est le premier film destiné au cinéma de Matthijs van Heijningen Jr., donc il n'a pas d'antécédents. Ainsi, je suis allé voir ce The Thing cuvée 2011 sans réels aprioris.
Nous sommes en 1982 et la paléontologue Kate Lloyd est recrutée pour effectuer un travail d'expertise sur un mystérieux spécimen tout juste découvert en Antarctique. Une fois arrivée sur place, dans un base de recherche norvégienne, elle comprend qu'il s'agit d'un extra-terrestre. Mais ce dernier va rapidement s'éveiller et entreprendre de décimer le casting dans la version cinéma des Loups-garous de Thiercelieux. Car la chose d'un autre monde peut contaminer n'importe qui et prendre son apparence.
Les effets spéciaux modernes sont très convaincants et les incarnations de la créature, inspirées du travail original de Rob Bottin, fonctionnent remarquablement bien. C'est un plaisir de voir cette alien toujours changeant se mouvoir d'une façon aussi convaincante à l'écran.
Hélas l'ensemble manque d'âme. La peur et la paranoïa qui imprégnaient l'œuvre de Carpenter sont absentes ou édulcorés. Par exemple, la chose a une forme initiale, ce qui enlève de sa dimension lovecraftienne (un montre indicible et protéiforme, c'est bien plus effrayant qu'un gros insecte). De même, les décors sont majestueux mais l'impression de froid glacial manque cruellement. Voir tout le casting marcher dehors, peu couvert et le visage nu donne un petit côté urbain à ce qui devrait être une base antarctique presque invivable.
La musique est correcte mais n'égale pas le score extraordinaire d'Ennio Morricone qui accompagnait le film de 1982. Cependant, le vrai défaut de The Thing, version 2011, ce sont ses personnages, ou plutôt son absence de personnages. L'héroïne, une américaine intégrée de force par un scénariste paresseux au milieu d'une base norvégienne, est creuse et inexpressive, la faute à Mary Elizabeth Winstead, déjà peu convaincante dans Destination finale 3 et Black Christmas. Alors que nous avons une ribambelles de scientifiques barbus, trapus et habitué à la rigueur de l'Antarctique, pourquoi le script se concentre-t-il sur une parfaite représentante de ce que l'Amérique produit de plus insipide comme personnage ?
En fait, ce The Thing n'est mauvais qu'en comparaison du film de 1982. En absolu, la version de Matthijs van Heijningen Jr. est un film hollywoodien correct : simple, bien filmée et distrayante, il rempli son contrat. De plus, il ne s'agit pas d'un remake mais d'une préquelle qui peut s'enchainer à la perfection avec le bijou de Carpenter. Pour toutes ces raisons il peut mériter le détour.
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