jeudi 24 novembre 2011

Manufactured Landscapes de Jennifer Baichwal

Manufactured Landscapes est un documentaire canadien réalisé par Jennifer Baichwal en 2006 et dont la direction artistique est assurée par Peter Mettler. Il est mis en musique par Dan Driscoll.



Manufactured Landscapes est consacré à l’œuvre d'Edward Burtynsky, photographe canadien professionnel spécialisé dans les paysages industriels et seule star du film (même s’il n’est pas présent à l’écran). Plusieurs de ses photos sont d’ailleurs montrées, ainsi que les réactions du public dans une de ses expositions.

Ce documentaire est un descendant indirects de la trilogie des Qatsi. Plus précisément, il se rapproche de Powaqqatsi puisqu’il illustre la modernisation du monde et l’emballement de notre civilisation pour les technologies, le bitume et le béton. Comme son titre l'indique, le film de Jennifer Baichwal regorge de paysages urbains artificiels, d'interminables autoroutes et de titanesques barrages.

Carrières, mines, chantiers, usines et lotissements se succèdent à l'écran, sans commentaires, dans ce qui se rapproche de la symphonie urbaine chère au cinéma expérimental. On entend certes quelques dialogues, mais ils sont secondaires et tiennent de la simple coïncidence, exception faite d’un d’interview de quelques minutes. Le reste du temps, les images, majestueuses et froides, ont leur propre force qui se passe remarquablement bien du verbe...

Le point culminant de Manufactured Landscapes, c’est le barrage des Trois-Gorges, qui dépasse par sa disproportion tout les autres chantiers illustrés. Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont une ville entière, moderne et démesurée, peut être rasée pour laisser place à un des plus grands lacs artificiels du monde. C’est d’ailleurs à cette occasion qu'Edward Burtynsky rompt son vœu de silence, après une heure de film, et que quelques rapides explications sont données sous forme de l’interview d’un travailleur.

Moins abstrait et moins savamment composé que les chefs-d’œuvre de Godfrey Reggio, Manufactured Landscapes est cependant superbe. Un peu trop, même, aux yeux de nombreux spectateurs, puisque la glaçante beauté de ses images désactive le message écologiste que certains voudraient y voir. Loin du Home de Yann Arthus-Bertrand qui noyait son auditoire dans un flot de mots inutiles et partisans, Manufactured Landscapes laisse ses spectateurs libres de leur interprétation.

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