jeudi 31 janvier 2008

Noroi de Kôji Shiraishi

Noroi est film japonnais réalisé par Kôji Shiraishi et sorti en 2005. Il est interprété par Masafumi Kobayashi, Marika Matsumoto et Maria Takagi.



Peu connue, cette production dotée d'un budget microscopique pourrait être décrite comme un Blair Witch Project à la mode yurei eiga. Mais là où le film réalisé par Daniel Myrick et Eduardo Sanchez souffrait de son absence de scénario, Noroi repose sur une vraie histoire racontée de manière savante. Kôji Shiraishi s'était déjà fait connaître des amateurs de fantômes asiatiques avec Ju-rei, un clone de Ju-on destiné au marché vidéo. Réalisé en 2004 avec un scénario tenant sur un timbre poste et déjà exploité des dizaines de fois, Ju-rei arrivait quand même à se démarquer de ses concurrents par quelques plans effrayants et un montage à l'envers (un peu comme celui pensé par Gaspar Noé pour Irréversible).

Noroi est présenté comme un documentaire. Masafumi Kobayashi enquête sur divers événement paranormaux qui semblent décorrélés. Le spectateur accumule patiemment les indices, cherchant à reconstituer le puzzle. On a une femme mystérieuse vivant avec un enfant et déménageant sans cesse, des pigeons morts, un illuminé persuadé que des vers dimensionnels en veulent à sa santé mentale (et donc habillé de papier d'aluminium) et une actrice poursuivie par une malédiction. Tous ces faits sont en faits reliés à Kagutaba, un ancien démon...

La force du film est la narration qui provoque une vraie implication de la part du spectateur. C'est un documentaire, donc tout est filmé caméscope sur l'épaule et de manière assez maladroite. Seulement on l'oublie très vite, concentré sur les petits indices parsemés au grès des discussions est des images. Presque pas d'effets spéciaux mais des bruitages stressants et une ambiance de qualité : la peur s'installe progressivement et ne quitte plus le spectateur... L'aspect traditionnel et folklorique du maléfice est bien mieux exploité que dans Ringu et quand le final arrive on est tenté d'y croire.

Pour conclure, l'originalité de l'œuvre reste toute relative. Si vous considérez que tous les yurei eigas se ressemblent vous ne trouverez pas votre bonheur ici. En revanche, si votre pain quotidien est assaisonné de fillettes en blanc aux cheveux gras, voilà une dose de qualité : ce qui se fait de mieux en found footage japonais.

mardi 29 janvier 2008

Dexter (Saison 2)

Dexter est une série télévisée américaine créée par James Manos Jr et initiée en 2006. La seconde saison est sortie en 2007 et est interprétée par Michael C. Hall, Julie Benz, Jennifer Carpenter, Erik King et Lauren Vélez. La réalisation est assurée par Tony Goldwyn, Keith Gordon, Steve Shill, Marcos Siega et Nick Gomez.



Après le succès de Ce cher Dexter, Jeff Lindsay écrit une suite intitulée Le Passager noir (Dearly Devoted Dexter en VO). Rapidement rennomée Dexter revient, ce second roman n'est pas à la base de la seconde saison de Dexter.

Après la mort tragique de son frère, également tueur en série, à la fin de la saison précédente, Dexter déprime sérieusement. Il a même du mal à tuer des gens ! Comme si ça ne suffisait pas, un club de plongeurs amateurs provoque la découverte fortuite de sa collection de cadavres. Devant l'ampleur du charnier le FBI envoie un agent spécial chargé de traquer ce tueur mystérieux qui découpe soigneusement ses victimes avant de les mettre dans des sacs plastiques résistants, de les lester avec quelques pierres et de les lâcher au large. Il va falloir jouer serré !

L'humanisation de Dexter continue, faisant radicalement diverger notre héros psychopathe de la voie que lui a tracé Jeff Lindsay. Clichés scénaristiques télévisuels lourdingues obligeant, on le voit même tromper sa petite amie, quand dans le roman il éprouve une profonde aversion pour le sexe (et tout ce qui implique autrui en général, hormis le meurtre). Il reste que cette seconde saison dispose d'un solide scénario, d'une réalisation toujours aussi soignée et d'un réjouissant lot d'homicides sordides. Ce n'est plus aussi amusant qu'au début mais la magie opère encore et Dexter reste mon psychopathe préféré ! Jason Voorhees, Mike Meyers et Patrick Bateman ont encore de la concurrence pour un moment.

Il reste que l'attente pour la saison 3, prévue pour la fin de l'année va être dure. Sans compter que la traduction du troisième roman (Dexter in the Dark) n'est toujours pas sortie.

Dexter (Saison 1)

Dexter est une série télévisée américaine créée par James Manos Jr. Initiée en 2006, elle compte à ce jour deux saisons de 12 épisodes. Une troisième sera diffusée à partir de septembre 2008. Le casting est composé de Michael C. Hall, Julie Benz, Jennifer Carpenter, Erik King et Lauren Vélez. La réalisation de la première saison est majoritairement confiée à Michael Cuesta (qui fait ici un excellent travail).



J'aime beaucoup le roman de Jeff Lindsay, Ce cher Dexter. D'un humour noir à toute épreuve il est présenté du point de vue de Dexter, un psychopathe complet dont le principal passe temps est de tuer, généralement avec créativité et en expérimentant divers outils et instruments tranchants. Heureusement son père, Harry, lui a donné un code de conduite afin qu'il ne se fasse pas prendre. D'abord il ne tue que des meurtriers, ensuite il le faits sans laisser de traces. Bâches en plastiques, lieux isolés et ruban adhésif sont donc des choses de son quotidien. Le reste du temps il est médecin légiste et aide la police à débusquer des criminels. Ainsi il est parfaitement aux faits des méthodes d'investigation. Comme quoi on peut joindre l'utile à l'agréable.

La vie de Dexter pourrait continuer sans imprévu, ponctuée de petits meurtres sanglants. Mais un tueur en série au moins aussi pervers que lui débarque à Miami et commence à semer des indices incompréhensibles pour la police mais indiquant clairement à notre cher expert en tache de sang qu'il n'ignore rien de ses activités nocturnes. L'enjeu devient donc de débusquer cette homme avant que ces confrères ne le fassent et ainsi de pouvoir le rencontrer, soit pour une petite discussion entre amateurs, soit pour une élimination en bonne et due forme.

La première saison est fidèle à l'esprit du roman. Il y a quelques divergences, mais elles sont là pour étoffer des personnages secondaires. Dexter gagne un peu en humanité et l'ensemble est moins grinçant que l'oeuvre de base mais ça très reste sombre et cynique. Michael C. Hall est absolument formidable dans le rôle de Dexter et la réalisation, très soignée pour une production TV, le met bien en valeur. Si vous aimez American Psycho de Mary Harron et Monsieur Brooks de Bruce A. Evans, Dexter est fait pour vous.

L'idée du tueur en série de tueur en série avait déjà été prise dans Suspect Zero de E. Elias Merhige. La voilà enfin correctement exploitée dans la série américaine la plus novatrice et réussie du moment (du moins pour les cinéphiles déviants).

Jellyfish de Kiyoshi Kurosawa

Jellyfish (Akarui mirai en VO) est un drame japonnais réalisé par Kiyoshi Kurosawa en 2003. Il est interprété par Jô Odagiri, Tadanobu Asano, Tatsuya Fuji, Takashi Sasano et Marumi Shiraishi.



Kiyoshi Kurosawa est le plus grands réalisateurs japonais de cinéma fantastique actuellement en vie (opinion très personnelle, bien entendu). Et cela parce qu'il ne fait pas réellement du fantastique. Pour lui les éléments surnaturels ne sont que des prétextes pour mettre en évidence des problèmes réels et universels. Kairo dénonce la solitude et l'impossibilité de communiquer dans une allégorie à base de fantômes et de fin du monde, Charisma démontre la subjectivité de la valeur des choses, la futilité des passions et les effets destructeurs de la convoitise. Ici, même si l'ambiance reste la même, il n'y a pas du tout d'éléments fantastiques.

Le point de départ de Jellyfish est une démonstration de la structure sociale japonaise et du chaos qui découle de sa rupture. Yuji et Mamoru sont deux amis. Ils travaillent ensemble dans une laverie. Un jour leur patron essaye de se rapprocher d'eux. Il les invite à dîner avec sa famille, emprunte un CD de musique Yuji et s'intéresse même à la méduse qu'élève Mamoru. Ne sachant pas comment réagir devant un comportement si atypique, les deux employés sont affolés. Finalement Mamoru assassine son employeur et sa famille, laissant à Yuji la garde de sa méduse.

Visuellement très réussi (blancs saturés, couleurs presque absentes et images oniriques de méduses), Jellyfish est un film lent et hésitant. Avec ses cadrages posés, ses longs plans fixes et ses éclairages bruts il ravira les amateurs de simplicité. Les personnages tentent toujours vainement de se comprendre, mais la communication reste impossible. Quelques liens se tissent sans qu'on puisse évaluer leur solidité avant de voler en éclats...

Jellyfish est un bon film, mais il reste en deçà de Cure, Charisma, Séance et Kairo. Nominé pour la palme d'or en 2003 il sera battu par Elephant de Gus Van Sant.

Can't live without robbery de Kyung-Soo Im

Can't live without robbery est un film coréen réalisé par Kyung-Soo Im en 2002. Il est interprété par Sang-Myeon Park, Ji-seob So, Seon-mi Song, In-mun Kim et Chang-suk Kim.



Il y a des contres-clichés qui prennent de l'ampleur jusqu'à devenir énervants. Jadis, dans les années soixante, les cambrioleurs, aussi doués et minutieux soient ils, échouaient toujours. Un film de casse présentait donc l'élaboration d'un plan complexe et la faille conduisant à la perte de ses investigateurs. C'était frustant comme un épisode de Bip bip et le Coyote. Ensuite, par réaction, le cliché inverse s'est développé. Désormais il suffit de s'habiller de cuir moulant et de faire une descente en rappel de corde la tête en bas pour pouvoir voler n'importe quoi n'importe où. Haute Voltige, Braquage à l'italienne, L'affaire Thomas Crown et Ocean's Eleven sont de superbes exemples de cette nouvelle génération de films. Les lasers sont toujours assez espacés pour qu'une femme puisse se glisser entre-eux (quitte à sacrifier la décence de son costume de travail) et les serrures s'ouvrent plus vite avec un passe-partout qu'avec une vraie clef.

Can't live without robbery est une comédie familiale coréenne qui nous présente un contre-contre-cliché. En effet le héros du film est un concepteur de jeux vidéos séduisant, richissime, sportif et souple qui, par goût du défi, effectue des cambriolages périlleux et spectaculaires. Un jour il s'introduit chez Ko Sang-tae (Sang-Myeon Park), un honnête père de famille dont la femme, belle et richissime, souffre d'une maladie génétique rare l'empêchant de sentir les goût. Comme elle adore cuisiner son mari doit sans cesse supporter des nouveaux plats immangeables pour un humain normal... Notre golden boy dérobe une télécommande, quelques billets (pour une valeur de 2 euros) et ouvre le frigo. Il contient des sushis à l'oreille de porc qui le séduisent instantanément ! A partir de là il reviendra tout les soirs pour goûter de nouveau à la cuisine "spéciale" de l'ageusique.

Le film est une sorte de duel entre Ko Sang-tae, qui veux défendre son foyer et ainsi regagner la confiance de ses enfants et l'estime de sa femme, et le jeune milliardaire cambrioleur qui n'agit que par défi. Les situations comiques se multiplient, développant la sympathie du spectateur pour le pauvre cambriolé qui se voit dépossédé régulièrement de ses télécommandes. L'humour est abordable même pour un européen et devrait vous tordre de rire. Le casting est brillant et, pour couronner le tout, la fin, heureuse, rétablira un sentiment de justice disparu depuis longtemps au cinéma. Un jour le Coyote attrapera Bip bip.

jeudi 24 janvier 2008

Death Sentence de James Wan

Death Sentence est un film américain réalisé par James Wan. Il est interprété par Kevin Bacon, Garrett Hedlund, Kelly Preston, Jordan Garrett, Stuart Lafferty et Aisha Tyler.



Après un Saw très surévalué dont les suites ont atteint un niveau consternant et un Death Silence sympathique reposant sur une ambiance baroque digne de Lucio Fulci et de Dario Argento, James Wan signe son troisième long métrage (quatrième si on comptes Stygian, un film australien underground réalisé 4 ans avant Saw).

Nick Hume est un américain favorisé. Il a une charmante épouse, une belle carrière, deux enfants et une maison immense. Un soir, alors qu'il fait le plein d'essence dans uns station service isolée, son fils aîné est assassiné par un jeune sauvageon qui doit tuer un homme afin de pouvoir s'intégrer à un gang. Le coupable est arrêté mais Nick Hume comprend rapidement que son seul témoignage ne sera pas suffisant pour que la justisse le punisse réellement. Il décide donc de ne pas témoigner contre lui afin de pouvoir s'occuper personnellement de son cas, mettant ainsi le doigt dans une irréversible engrenage.

De l'extérieur Death Sentence est un vigilant movie, à savoir une oeuvre faisant l'apologie d'une justice personnelle expéditive et musclée (Un justicier dans la ville de Michael Winner est l'exemple le plus connu). Dans la pratique le message est beaucoup plus ambiguë, James Wan décrivant une spirale de violence allant crescendo et où tous les acteurs sont fautifs. Certes les méchants sont très méchants et semblent issu d'un comic, mais Nick non plus n'agit pas dans la finesse.

La réalisation est solide, reposant sur un montage haché pendant les scènes d'action mais toujours lisible. Kevin Bacon est impeccable et croit visiblement en son rôle. Si c'est des personnages complexes que vous voulez, des rebondissements subtils ou des images inoubliables Death Sentence n'est pas fait pour vous. Mais les cinéphiles rêvant de The Punisher apprécieront.

Zéro.0 de Alexandre Kosmakis

Zéro.0 est un ensemble de cinq courts métrages, les films Zéro, faisant office de préquelle à Stairway To Heaven. Écrits, réalisés et montés par Alexandre Kosmakis ils sont à l'origine du film actuel. Ils sont interprétés par Cédric Zaroukian, Kang Kang Sun, Axel Clerc, Yannick Va, Xavier Noël, Patrick Bret, Nathan Richoz et Alexandre Kosmakis.



Comme Stairway To Heaven, ce sont des oeuvres amateurs tournées en DV sur un Canon Xm2. Les procédés de retouche et de filtrage sont les même que dans le long métrage que je vous ai présenté avec tant d'éloge, faisant de ces cinq courts de très belles choses sur le plan plastique.

L'histoire n'est pas centrée sur l'enquête d'Eric Blame, même s'il est présent au début de chacun des courts, mais sur les cinq personnages clef de l'intrigue, chacun ayant le droit à son propre film. Le premier segment nous montre donc la mort de Rage Cole et son arrivée dans la cage d'escalier conduisant à Heaven. Les fragments suivants sont consacrés respectivement à Stein Waterman, Nick Frenzy, Terry Makoto et Keith Shin.

Difficile de décrire Zéro.0 si ce n'est en le rapprochant d'autres oeuvres. Au début on pense à Silent Hill et aux nouveaux yurei eiga, puis des fragments du Kairo de Kiyoshi Kurosawa et de l'Otogiriso de Ten Shimoyama font surface. Ensuite viennent Sucide Club, Ça et The Eye. Tout le long l'influence des jeux vidéo est palpable, avec cette enlisement obsédant que connaissent tout les aventuriers et qu'Avalon retranscrivait si bien. L'ensemble est aussi riche thématiquement que visuellement, frappant par son originalité et son aboutissement.

Mis bout à bout, les segments Zéro font 83 minutes, ce qui en fait un vrai film. Ils viennent compléter agréablement l'excellente saga d'Alexandre Kosmakis mais ne contiennent en fait que peu de nouvelles images, étant en grande partie intégrés à l'oeuvre définitive. Un peu comme c'était le cas de Ju-on 1 relativement à Ju-on 2 (les versions DTV). Ils vallent cependant réellement le détour, les nouvelles scènes restant superbes. Je conseille fortement de les voir après Stairway To Heaven si vous ne voulez pas apprendre l'identité de Rage Cole et le fin mot de l'histoire trop tôt. D'autant plus qu'ils n'égalent pas en qualité le long métrage définitif.

mercredi 23 janvier 2008

La Boussole d'Or de Chris Weitz

À la croisée des mondes : La Boussole d'Or est un film américain réalisé par Chris Weitz en 2007. Il est interprété par Nicole Kidman, Daniel Craig, Dakota Blue Richards, Christopher Lee et Ben Walker.



Le steampunk est à la mode. Les geeks connaissent tous La Machine à différences de William Gibson et Bruce Sterling et Le Prestige de Christopher Nolan, excellents représentants du genre, respectivement littéraires et cinématographiques. Le steampunk c'est tout simplement de la science-fiction se déroulant dans un univers proche de notre XIXe siècle, la définition de base ramenant précisément à l'ère victorienne. Jules Vernes est exclu du courant, même s'il en est le principal inspirateur, puisque ses récits étaient, à l'époque de leur rédaction, de l'anticipation.

Comme, en plus, la fantasy rapporte gros au cinéma il était évident que tôt ou tard À la croisée des mondes de Philip Pullman serait porté sur le grand écran. Voilà chose faite puisque le premier volet de cette trilogie, Les Royaumes du Nord, sort chez nous après une véritable tôlée au États-Unis.

Dans un mode parallèle où chaque humain est accompagné de son démon, un animal représentant son âme, une jeune orpheline, Lyra Belacqua, se voit confier une boussole d'or capable de répondre à n'importe quelle question. Elle entreprend de l'utiliser pour retrouver des enfants récemment enlevés. Au court de son voyage elle rencontrera une bande de gitans, des sorcières et un ours en armure.

Renommé en France À la croisée des mondes : La Boussole d'or, le film de Chris Weitz ne méritait pas son échec américain (68 millions de recettes en salle pour un budget de 180 millions de dollars). Alors certes Philip Pullman déteste l'église catholique, et ça transparaît clairement dans tout ce qu'il fait, comme si cette haine ne pouvait être masquée par une simple transposition dans un univers parallèle, mais de là fuir une oeuvre aussi ambitieuse et aboutie graphiquement il y a un grand pas.

La Boussole d'or est un beau film. Les décors sont majestueux, superbement éclairés et cadrés avec une précision toute hollywoodienne. On trouves pêle-mêle des dirigeables à l'esthétique onirique, une organisation très méchante de religieux voulant annihiler toute bonne pensée chez leurs ouialle, des dizaines d'animaux parlants et quelques sorcières volantes. Les acteurs sont bons, en particulier Dakota Blue Richards qui incarnes une Lyra Belacqua plus que convaincante. Enfin la musique d'Alexandre Desplat accompagne très bien le spectacle.

Le principal reproche que je formulerai concerne les ours en images de synthèse dont le rendu est peu convaincant. La comparaison avec un célèbre spot de publicité Coca-Cola ressort souvent et elle est justifiée... A part ça ce film mérite deux heures de votre vie.

mardi 22 janvier 2008

Kurosagi (drama)

Kurosagi est un drama japonais de 2006 réalisé par Ishii Yasuharu, Hirano Shunichi et Takei Atsushi. Il est interprété par Yamashita Tomohisa, Horikita Maki, Ichikawa Yui et Kato Koji.



Comme Liar Game, Kurosagi est un drama centré sur des duels d'intelligence. Mais ici pas de jeu ni de comité d'organisation, puisque le cadre des affrontements est la réalité.

Il y a trois types d'escrocs : les Shirosagi, qui arnaquent les gens avec leur ruse, les Akasagi qui trompent en manipulant les sentiments et Kurosagi, qui se nourrit des Shirosagi et des Akasagi. Tout comme Dexter est un tueur en série de tueurs en série et Abel Nightroad (Trinity Blood) est un vampire de vampires, Kurosagi est un escroc d'escrocs. Vouant une haine illimitée à ses semblables, son père s'étant suicidé suite à une arnaque l'ayant ruiné, Kurosagi, aidé par un vieil homme mystérieux monayant ses informations, dépouille, épisode après épisodes, divers escrocs avant de rendre l'argent ainsi récolté aux victimes.

Les arnaques présentées sont variées, bien que souvent classiques. Elles touchent aussi bien à la foi (fausse voyances) qu'aux sentiments (séduction et contrats de mariages frauduleux) et à la bonne vieille cupidité (la base de toute escroquerie). La série est suffisamment courte pour ne pas s'essouffler et quand le onzième épisode arrive toute la magie est encore là.

En plus d'une réalisation destinée à la télévision, donc assez peu travaillée, Kurosagi souffre d'un défaut de casting, puisque l'acteur principal, Tomohisa Yamashita, est à la base un musicien. A vous de voir si la qualité du scénario est suffisante pour compenser. Sinon Yasuharu Ishii est en train d'en réaliser une adaptation cinématographique, Eiga: Kurosagi, que j'attends d'un pied ferme.

Liar Game (Saison 1)

Liar Game est un drama sorti en 2007, c'est-à-dire une série télévisée japonaise. Contrairement aux productions américaines, ce genre de série nippone est généralement courte. Ici il n'y a qu'une saison de 11 épisodes. Les 10 premiers font 36 minutes, le dernier fait plus de deux heures. Le casting est constitué de Toda Erika, Matsuda Shota, Kitamura Soichiro et Wada Soko. La réalisation est assurée par Matsuyama Hiroaki et Oki Ayako.



Kanzaki Nao est une jeune fille d'une naïveté et d'une honnêteté frisant la bêtise. Un jour elle se retrouve inscrite contre son gré à un jeu : le Liar Game, mis en place par une organisation secrète apparemment spécialisée dans les escroqueries. L'objectif de la première manche est de dérober cent millions de yens à son concurrent. Tous les joueurs reçoivent cent millions de yens dès le départ. A la fin de la première manche ils doivent les rendre, mais conservent l'excédent. Donc ils peuvent perdre jusqu'à cent millions ou gagner jusqu'à cent millions. Assez sotte, notre héroïne s'empresse d'aller expliquer à son concurrent que c'est un mal entendu et qu'elle ne veut pas jouer. Il lui répond qu'il va s'occuper de clarifier tout ça et lui prend ses cent millions de yens afin de pouvoir les rendre aux organisateurs. Mais c'est juste un prétexte pour empocher son argent...

Rapidement Nao demande de l'aide à Akiyama Shinichi, un ancien escroc, qui récupère sans problème la somme et se retrouve donc enrôlé dans la seconde manche. La série décolle réellement à partir de là.

Basé sur une succession d'escroqueries, de stratégies et de mensonges, Liar Game est réellement prenant. Ce qui plaît dans le tournoi ce ne sont pas ses règles, mais son absence de règles, entraînant dans des jeux très simples des retournements complexes. Ainsi 22 joueurs participent au jeu des minorités (vote dans une urne à une question binaire, ceux qui sont dans la majorité sont éliminé, les autres participent au vote suivant). Comme il y a de l'argent en jeu, et donc la possibilité de partager les gains, des équipes apparaissent, tenues par des contrats dûment signés (rien ne précise que c'est interdit). Mais on assiste aussi à des falsifications diverses, à des trahisons et à bien d'autres coups de théâtre.

Les acteurs sont charismatiques, le générique d'ouverture est de toute beauté et le rythme est soutenu. Avec ses emprunts à Saw et à Kurosagi, Liar Game réjouira les fans de probabilités, de statistiques et de jeux simples aux possibilités infinies.

Apartment 1303 de Ataru Oikawa

Apartment 1303 est un film de fantôme japonais réalisé en 2007 par Ataru Oikawa. Basé sur un scénario de Kei Oishi et Takamasa Sato, il est interprété par Eriko Hatsune, Yuka Itaya, Naoko Otani, Arata Furuta et Noriko Nakagoshi.



Ataru Oikawa s'est taillé une nom dans le monde des amateurs de cinéma fantastique asiatique en réalisant Tomie (qui est désormais une interminable saga dont le huitième volet vient d'être annoncé). Après un retour aux source remarqué à travers Tomie: Revenge et Tomie: Beginning, il s'attaque au film de fantôme avec Apartment 1303, une production très classique.

L'appartement 1303 est spacieux, superbement éclairé avec ses murs d'un blanc immaculé, bien situé et donne sur une vue remarquable. En plus de cela il est très abordable, ce qui devrait mettre la puce aux oreilles des différentes jeunes femmes qui s'y succèdent. Évidemment après avoir aménagé elle se suicident toutes en se jetant par la fenêtre (on est au treizième étage).

Comme d'habitude nous suivons une enquête du point de vue d'une proche d'une des victimes. En l'occurrence la soeur de la dernière suicidée. La narration est interrompue par des flash-backs narrant l'origine de la malédiction et éclairant petit à petit le fond de l'histoire. Rien de neuf sous le soleil, aussi bien d'un point de vue plastique que thématique. L'impression de déjà-vu s'estompe l'espace de quelques plans, mais l'ennui rode. Il aurait fallu un traitement plus radical pour satisfaire l'appétit du spectateur, désormais blasé par ce genre de production où les jeunes filles en blanc et aux cheveux gras apparaissent fugitivement.

Sur la thématique du lieu hanté le dernier Chambre 1408 de Mikael Håfström vous surprendra plus et un bon vieux Ju-on vous flanquera une frousse plus viscérale. Dommage...

lundi 14 janvier 2008

Hitman de Xavier Gens

Hitman est un film franco-américain réalisé par Xavier Gens en 2007. Il est interprété par Timothy Olyphant, Dougray Scott, Olga Kurylenko, Robert Knepper et Ulrich Thomsen.



Après Frontière(s), le jeune français Xavier Gens nous livre son second long métrage : une production américaine inspirée de la célèbre licence Hitman. Pour les fans de jeux vidéos dont je fais partie, Hitman est un titre exceptionnel, avec un héros monolithique, froid, classieux au possible et d'une efficacité inhumaine (du moins quand on sait jouer, car la difficulté est assez élevée). Avec son crâne rasé, son code à barres tatoué, son costume noir toujours impeccable assorti à une chemise blanche immaculée et à une cravate rouge du plus bel effet, l'agent 47 est inoubliable. Discret, silencieux et d'un professionnalisme à faire passer le Léon de Luc Besson pour un amateur, le tueur anonyme le plus célèbre de l'histoire du jeux vidéo méritait de passer sur le grand écran.

Le tueur numéro 47 est un orphelin amnésique formé pour assassiner. Il travaille pour l'organisation, un truc tellement confidentiel et secret que personne n'en connaître l'existence. Il tue toutes les cibles qu'on lui propose sans se poser de questions jusqu'au jour où un piège lui est tendu. Commence alors une terrible lutte pour survivre.

Même si Timothy Olyphant est parfait dans son interprétation, le film souffre de défauts multiples : des scènes d'action confuses, un montage parfois maladroit et une absence frustrante de la corde à piano. 47 n'est plus un as de la discrétion mais un gros bourrin décomplexé. Hitman n'en reste pas moins une réussite. La personnalité (ou l'absence de personnalité) du héros est conservée, tout comme sa surréelle efficacité donnant lieu à des morceaux d'actions épiques et réjouissants. Ainsi la scène où notre tatoué affronte frontalement et seul une bande de trafiquants d'armes suréquipés mérite à elle seule le détour. Il faut aussi voir 47 aligner les headshots, planifier ses assassinats en temps réelle et manier deux katanas avec brio, tout ça sans desserrer sa cravate...

Si on tient compte du budget serré (40 millions de dollars), des contraintes au niveau de la production et de la difficulté que représentent les adaptation de jeux vidéos au cinéma, on ne peut qu'applaudir le remarquable travail de Xavier Gens. Les amateurs de l'oeuvre vidéoludique diront que le vrai 47 n'est pas aussi bruyant, mais chacun a son style de jeu.

mercredi 9 janvier 2008

Time and Tide de Tsui Hark

Réalisé en 2000 par Tsui Hark, Time and Tide (Seunlau ngaklau) est un film d'action hongkongais. Écrit par Tsui Hark et Hui Koan, il est interprété par Nicholas Tse, Wu Bai, Candy Lo, Cathy Tsui et Anthony Wong Chau-Sang.



Avec une filmographie impressionante et un sens de l'esthétique et du mouvement infaillible, Tsui Hark s'est imposé comme un très grand réalisateur à Hong Kong. Avec son film de sabre absolu, The Blade, et sa saga sur Zu (dont le second volet, The Legend of Zu est absolument indescriptible et doit impérativement être vu comme une des expériences visuelles les plus abouties du genre) il est aujourd'hui incontournable.

Time and Tide peut être décrit comme son ultime polar d'action. Le scénario, assez simple au début, va crescendo, se complexifiant à l'infini et multipliant les protagonistes et les objectifs.

Tyler cumule les petits boulots avant de travailler comme agent de sécurité. Suite à une rencontre fortuite il à mis en ceinte une inspecteur de police est veut l'aider à élever son enfant, même si cette dernière le rejette. Un jour il fait la connaissance de Jack et de sa femme, elle aussi en ceinte. Tyler et Jack sympathisent immédiatement. Mais Jack, ancien mercenaire est harcelé par son ex-patron mexicain pour qu'il reprenne son boulot... La situation s'envenime quand Jack l'abat.

Après le film s'enflamme, les combats dantesques s'enchaînent au rythme d'un montage à la fois clair, maîtrisé et très élaboré. Il faut voir la scène de gunfight en varappe pour réaliser la perfection de l'ensemble. Lisibilité, frisson, complexité des enjeux et des mouvements : tout y est ! En comparaison À toute épreuve de John Woo paraitrait presque fade !

Time and Tide est sans faille et ravira aussi bien les fans d'action que les amateurs plus formels voulant une narration visuelle élaborée. Du coup il est cité dans les meilleurs films de l'année par Les Cahiers du cinéma (en quatrième place), un honneur étrange mais mérité, décerné par journal le plus élitiste qui soit.