mercredi 28 décembre 2011

Flash Point de Wilson Yip

Flash Point est un film d'action de hong-kongais réalisé par Wilson Yip. Sorti en 2007, il est interprété par Donnie Yen, Louis Koo, Collin Chou, Lui Leung-Wai et Fan Bingbing.



Dans les années 90, avant que Hong Kong ne redevienne chinois, Wilson tente d'infiltrer une triade dirigée par trois frères vietnamiens. Son coéquipier, Ma Jun, est connu pour ses talents d'artiste martial et pour la violence dont il fait preuve lors de ses arrestations.

Mais, quand la couverture de Wilson volera en éclat et que les vietnamiens s'attaqueront systématiquement à tous ceux susceptibles de les faire inculper, Ma Jun devra se débrouiller seul pour sauver son amis et arrêter les triades.

Wilson (incarné par Louis Koo), est très attachant, notamment par son rapport avec sa compagne et son côté raisonnable et réfléchi. C'est lui qui sert d'enjeu émotionnel et de référentiel au film. Cela fonctionne remarquablement bien même si les ficelles utilisées sont très visibles.

Donnie Yen est la star du spectacle, comme dans les deux films précédents de Wilson Yip (SPL : Sha po lang et Dragon Tiger Gate). La collaboration ne s'est d'ailleurs pas arrêtées là, puisque les deux films suivants du réalisateur (Ip Man et Ip Man 2) gardent la même vedette.

Cette longue collaboration se ressent à l'écran. Wilson Yip a l'habitude de diriger Donnie Yen et son jeu est toujours en parfaite adéquation avec la mises en scène. Beaucoup considèrent Donnie Yen comme le successeur de Jet Li et quand on regarde Flash Point cela se comprends aisément. Il y a quelque-chose de fascinant dans l'aisance avec la quelle il peut courir le long d'un mur ou sauter par-dessus ses adversaires.

Le film se clôt notamment par un duel dantesque promouvant le mixed martial arts (ou combat-complet en français). Les actions spectaculaires s'enchainent à un rythme effréné pendant que des cadrages millimétrés en rehaussent la saveur. C'est très bien huilé, presque trop (chaque élément du décors sert à point nommé). Donnie Yen et Collin Chou démontrent une maitrise extraordinaire dans un affrontement qui se paye le luxe d'être découpé en plusieurs actes.

Wilson Yip est très talentueux mais nous sert un peu toujours le même film. Si vous avez aimé SPL et que vous en voulez plus, alors foncez, vous ne trouverez pas mieux dans le genre que Flash Point. Sinon commencez par Ip Man, qui a au moins un contexte historique différent.

lundi 26 décembre 2011

L'Atalante de Jean Vigo

L'Atalante est un film français réalisé par Jean Vigo. Sorti en 1934, il est interprété par Michel Simon, Jean Dasté, Dita Parlo, Louis Lefebvre, Gilles Margaritis et Maurice Gilles.



Tout commence avec le mariage de Juliette et de Jean. Juliette n'a jamais quitté son village. Jean est capitaine d'une péniche : l'Atalante. Désormais, ils vivent tous deux dessus. A bord, nous trouvons aussi un petit mousse et le père Jules, un vieil ivrogne, accompagné de ses nombreux chats, chattes et chatons. Mais Juliette, séduite par les promesses d'un camelot beau parleur, s'enfuit pour partir à la découverte de Paris, laissant Jean dans un profond état de dépression.

Après l'interdiction de Zéro de conduite, tourné en 1932 mais qui ne sortira finalement qu'en 1945, Jean Vigo réalise son quatrième film, et son seul long-métrage, avant de nourrir à Paris de septicémie. L'Atalante a ainsi été monté par Louis Chavance pendant que Vigo, alité, agonisait. C'est peut-être pour ça qu'il existe tant de versions différentes de ce film, légendaire. Circulent un montage de Henri Beauvais, un autre de Jean-Louis Bompoint et de Pierre Philippe. Même Henri Langlois a trafiqué sa propre version de L'Atalante.

La copie qui fait référence aujourd'hui est celle de Bernard Eisenschitz, sortie en 2001. Il s'agit en théorie du montage approuvé par Jean Vigo dans son lit de mort. Un film intitulé Les Voyages de l'Atalante est d'ailleurs consacré à la comparaison des nombreux montages du chef-d'œuvre de Vigo. Personnellement, je regrette un peu que le film ait perdu une partie de sa dimension surréaliste (fini ce plan de l'iceberg incongru, où Jean Dasté suce un glaçon dans une séquence onirique intégrée de force au milieu du script).

Reste que, quel que soit la version considérée, L'Atalante est une sublime histoire d'amour et de désir, soutenue par des images d'une incroyable beauté. Cette péniche qui dérive mollement le long de la seine a marqué à jamais le cinéma. Jean Vigo, fils d'anarchiste mort avant 30 ans, est considéré comme une légende du cinéma à cause de cet unique long-métrage, qu'il n'a d'ailleurs jamais visionné. L'Atalante est cité comme référence par les réalisateurs de la nouvelle vague. François Truffaut dit lui devoir son regard et Jean-Luc Godard dédia Les Carabiniers à Vigo.

Succession de scènes souvent anodines et en grande partie improvisés, L'Atalante brille par le naturel de ses acteurs et la simplicité de son intrigue. Michel Simon se plaignait de ne pas avoir de texte à apprendre, ce à quoi Vigo lui répliquait : "tout ce que je pourrais écrire sera beaucoup moins drôle que ce que vous allez dire." La linéarité du film est à l'image du fleuve qu'il suit, linéarité brisée quand le couple éclate.

Il faudrait une éternité pour analyser pleinement L'Atalante, et plusieurs ouvrages lui sont consacrés. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous tourner vers L'Atalante de Nathalie Bourgeois et Bernard Benoliel, qui a le mérite d'être disponible en ligne. Mais dans tous les cas, commencez par vous jeter sur ce classique.

samedi 24 décembre 2011

Primal de Josh Reed

Primale (Primal en VO) est un film australien réalisé par Josh Reed. Sorti en 2010, il est interprété par Krew Boylan, Lindsay Farris, Rebekah Foord, Damien Freeleagus, Stephen Shanahan, Wil Traval, Zoe Tuckwell-Smith.



Ils sont six, ils sont beaux, ils sont jeunes et les voilà au fin fond de l'Australie pour étudier les peintures rupestres ornant l'entrée d'une grotte (du coup, c'est peut-être de l'art pariétal, c'est un cas limite). Superbes et inconnues de tous, sauf du feu grand père d'une des demoiselles de l'expédition, ces peintures illustrent un monstre mystérieux. Cette trouvaille excite le thésard de la bande : peu de doctorants en archéologie peuvent se vanter d'une telle découverte... Mais en rentrant à leur camps, ils se font attaquer par un lapin.

Ne vous attendez pas à un remake de Monty Python, sacré Graal. Ici, nous avons affaire à une infection faisant pousser les dents et renvoyant ses victimes à l'état de monstres sanguinaires primitifs, tout juste capable de chasser pour manger. La première contaminée, Mel, passe une nuit à délirer puis, au petit matin, s'attaque à ses amis, qui ne savent pas trop comment la gérer.

Le gros de Primale, ce sont nos héros qui discutent de la façon optimale de capteur Mel pour l'amener consulter un médecin, tout en se demandant comment rentrer en ville, car des insectes voraces ont dévoré les pneus de leur voiture (c'est bien pratique). Il y a plusieurs scènes de chasse assez rigolotes et, comme d'habitude, on s'amuse à deviner l'ordre des victimes à l'écran. Les effets gores sont réussis, les contaminés sont nerveux et véloces, évoquant 28 jours plus tard, et l'ensemble fonctionne plutôt bien, un fois passé l'interminable introduction qui caractérise ce genre de films.

L'Australie offre de très beaux décors naturels qui sont intelligemment exploités. Mais tout n'est pas blanc. La grotte du film, qui effraye les contaminés, leur sert aussi de lieu du culte. Chaque victime est coupée en deux : une moitié pour le prédateur, une moitié pour la caverne. Ce point de détail, déjà assez ridicule en sois, est encore développé quand Anja, une des dernières survivantes, se réfugie dans la grotte. Attaquée par des tentacules violeuses qui engrossent les femmes ayant le malheur de passer à proximité, elle découvre ainsi que le réalisateur a visiblement lu trop de mangas pornographiques...

Oscillant entre de vrais moments de violence et des passages du plus total ridicule, Primal est un film bancal, régressif et réjouissant, piochant aussi bien dans The Descent que dans Relic. Les fans d'ozploitation et de morsures à la gorges y trouveront leur compte pendant que les autres seront consternés.

jeudi 22 décembre 2011

L'antre de l'araignée de Terry Winsor

L'antre de l'araignée ou Spider Web (In the Spider's Web en VO) est un téléfilm américain réalisé par Terry Winsor. Sorti en 2007, il est interprété par Lance Henriksen, Emma Catherwood, Lisa Livingstone, Cian Barry, Sohrab Ardeshir, Mike Rogers, Michael Smiley et Jane Perry.



Tout commence avec une bande de touristes américains visitant l'Inde. Accompagné de Brian, leur guide, ils campent en pleine forêt quand Geraldine se fait mordre par une araignée. La réaction est très violente et Brian décide d'accompagner la malheureuse à un village tribal voisin dans le quel il n'a jamais mis les pieds mais où vivrait depuis des années un docteur occidental (les rumeurs sont plus précises qu'un GPS)...

Les arachnophiles n'ont pas beaucoup de films à se mettre sous la dent : Arachnophobie de Frank Marshall en 1990, Spiders de Gary Jones en 2000, Arac Attack de Ellory Elkayem en 2002, et c'est un peu tout... Si on veut sa dose de pattes velues, il faut aller chercher du côté des téléfilms et des DTVs : Tarantula de Stuart Hagmann, La reine des prédateurs de David Wu, Arachnia de Brett Piper et Ice Spiders Tibor Takács.

L'antre de l'araignée est également un téléfilm. Largement distribué dans le monde en DVD à travers divers coffrets animaliers, il offre deux histoires pour le prix d'une : un village d'autochtones coupé de la civilisation qui voue un culte aux araignées et un médecin fou adepte de la vivisection qui organise un trafic international d'organes en utilisant le venin des araignées pour immobiliser ses victimes et ralentir la dégradation de leurs tissus. Les deux trames sont bien entendues liées, mais cela n'enlève rien à la générosité du scénariste (Gary Dauberman).

Les effets spéciaux faisant intervenir plusieurs araignées simultanément sont pitoyables, mais il y a une grande volonté de bien faire. Le casting est correct et beaucoup de clichés sont évités. Ainsi le sergent Chadhri, le policier indien bedonnant que les héros enrôlent dans leur aventure, s'avère être intelligent et compétent, alors que les apparences semblent indiquer le contraire. Et puis la Thailand est plutôt photogénique (oui, ce n'est pas filmé en Inde, allez comprendre pourquoi).

Au final, L'antre de l'araignée est un téléfilm tout à fait correct, avec des toiles géantes, des grottes obscures et des centaines de bestioles à huit pattes qui courent partout. Le contrat est rempli.

mardi 20 décembre 2011

Insomnia de Christopher Nolan

Insomnia est un film canado-américain réalisé par Christopher Nolan. Sorti en 2002 il est interprété par Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin Donovan, Paul Dooley et Nicky Katt.



Nous suivons le détective Will Dormer (Al Pacino) qui est sous le coup d'une enquête interne. Pour l'éloigner de Los Angeles, ses supérieurs l'envoient en Alaska avec son partenaire afin d'enquêter sur la mort d'une jeune fille dont le corps vient d'être découvert à Nightmute. L'investigation se déroule plutôt bien jusqu'à ce que Dormer tue accidentellement son partenaire lors d'une échange de coups de feu très confus dans le brouillard. Justement, ce dernier allait témoigner contre lui pour les affaires internes. A partir de là, épuisé par ses insomnies, rongé par la culpabilité et hanté par la peur de se faire prendre, sa situation ira en empirant.

Nightmute est un minuscule village perdu dans le nord. C'est isolé, il y fait froid et la nuit ne doit pas y tomber avant deux mois. Ce jour permanent n'aide pas Dormer à dormir et le plonge dans un état second qui contamine rapidement l'auditeur. En résulte un film halluciné dont le final, pourtant tragique, arrive comme un soulagement, après deux heures épuisantes.

Tourné par Christopher Nolan entre Memento et Batman Begins, Insomnia est le remake d'un film norvégien d'Erik Skjoldbjærg sorti en 1997. Il jouit ainsi d'un scénario très solide. Les décors naturels superbes et le casting exceptionnel viennent encore renforcer l'ensemble. Robin Williams, par exemple, est très convainquant en tueur... Il découle de chacune de ses scène un certain malaise, comme dans Photo Obsession, et on se prends à regretter qu'il ait fait carrière dans une certaine catégorie de comédie aseptisé alors qu'il peut susciter de tels émotions chez le spectateur.

Les amateurs de thriller seront ravis, mais même ceux n'aiment pas particulièrement les enquêtes de police devraient y trouver leur compte. La quête obsessionnelle de Dormer transcende les limites du genre. Si vous avez l'occasion de voir Insomnia, foncez sans hésiter.

dimanche 18 décembre 2011

Incident au Loch Ness de Zak Penn

Incident au Loch Ness (Incident at Loch Ness en VO) est un film anglais réalisé par Zak Penn. Sorti en 2004, il est interprété par Werner Herzog, Kitana Baker, Zak Penn, Matthew Nicolay, John Bailey, Gabriel Beristain et Russell Williams.



Zak Penn, connu pour avoir écrit un paquet de gros films hollywoodiens, parfois réussis (Last Action Hero, The Grand), souvent banals et bancals (L'incroyable Hulk, Elektra, X-Men - L'affrontement final) décide de produire un documentaire sur le monstre du Loch Ness. Pour tourner son Enigma of Loch Ness, il recrute le génie derrière Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu : Werner Herzog. Ce dernier ayant déjà fait ses preuves en tant que réalisateur de documentaires (Ennemis intimes, La Soufrière), il espère ainsi obtenir enfin un oscar et acquérir la réputation qu'il juge mériter.

Mais, alors qu'Herzog veut tourner un film sur l'état d'esprit ayant engendré un tel légende moderne et se régale à interroger une bande de joyeux excentriques, Zak Penn tente de transformer son film en odyssée aventureuse à la façon d'un Jacques-Yves Cousteau, avec en plus des aromates hollywoodiens. Pour cela, il manipule son réalisateur à plusieurs niveau (par exemple, il lui sert une opératrice sonar qui s'avère être un top model ayant servi de mannequin pour Playboy).

Incident au Loch Ness est un petit monument de manipulation, de contre-manipulation et et méta-manipulation. Presque tous les personnages du films jouent leur propre rôle, ce qui ne les empêche pas de créer une galerie de héros hauts-en-couleur et n'ayant certainement pas grand rapport avec la réalité (Zak Penn n'est pas le connard cynique, égocentrique, narcissique, orgueilleux et manipulateur qu'il joue, par exemple).

Le film est vue à travers la caméra de John Bailey qui tourne un documentaire intitulé Herzog in Wonderland (Herzog fait d'ailleurs remarquer qu'il y a plus de documentaires sur lui qu'il n'a tourné de films, ce qui est presque vrai). Ce documentaire devient une sorte de making-of consacré à Enigma of Loch Ness... Mais c'est lui le seul film a exister à un certain niveau. Car en réalité, ni John Bailey ni Werner Herzog n'ont réalisé quoi que ce soit. Incident au Loch Ness est un film de Zak Penn (où les personnages sus-cités jouent cependant).

Comme F for Fake d'Orson Welles, Incident au Loch Ness intègre sa propre remise en cause, mais sous une forme remarquablement moderne. Ainsi, sur son édition DVD le film dispose de deux pistes de commentaires. Dans la première Zak Penn et Werner Herzog reprennent les rôles qu'ils incarnent dans le film (leurs propres rôles, si vous suivez) et se disputent allègrement. On entend même Herzog quitter la séance d'enregistrement suite à une crise de colère particulièrement violente. Dans la seconde piste, planquée parmi les bonus et difficile d'accès, le film est commenté avec humour par les deux réalisateurs, mais sans mensonges.

Certaines répliques sont hilarantes. Il faut voir Herzog se plaindre qu'il a affaire au pire tournage de sa vie et Zak Penn lui répliquer qu'au-moins ils n'ont pas à hisser leur bateau sur une colline. Sans oublier Michael Karnow, le cryptozoologue de l'équipe, qui exhibe fièrement une photographie floue d'un mystérieux cochon sauvage ou qui défend le lavage 100% naturel du linge (sans eau ni lessive : on se contente de l'étendre et la caresse finit par tomber). Mais en dehors de ses moments d'humour Incident au Loch Ness fait des efforts réels pour sembler réaliste et crédible. On croit aux personnages (le Werner Herzog décrit ressemble à celui de Burden of Dreams). On croit à l'ingérence de la production sur le film (ce n'est pas plus étonnant que dans Fucking Kassovitz). Et surtout on croit à l'aspect documentaire du tout (il faut dire qu'à l'époque, la production avait même réussit à convaincre la presse qu'Herzog tournait réellement un documentaire en Écosse). Évidemment, on ne croit pas au dénouent du film. Mais ça c'est une autre histoire.

Incident au Loch Ness mérite le détour, ne serait-ce que pour la présence envoutante d'Herzog. Mais son humour (parfois proche de celui de Tournage dans un jardin anglais), son mode de narration (qui évoque Lost in La Mancha) et son histoire devraient réussir à convaincre tout le monde.

vendredi 16 décembre 2011

The Reef de Andrew Traucki

The Reef est un film thriller australien réalisé par Andrew Traucki. Il est interprété par Adrienne Pickering, Zoe Naylor, Damian Walshe-Howling, Gyton Grantley et Kieran Darcy-Smith.



Après avoir copié Open Water, en transposant son histoire en Australie et en remplaçant les requins par un crocodile (dans Black Water), Andrew Traucki s'est certainement dit que le clonage était un marché juteux. Voilà donc son second long-métrage, plus ouvertement inspiré que jamais du film de Chris Kentis et également basé sur une histoire vraie.

Suite à un accident malheureux, cinq touristes se retrouvent à l'eau alors qu'ils navigueraient vers l'Indonésie. Après un long débat pour savoir s'ils doivent rester sur l'épave de leur yacht ou tenter de regagner à la nage une île voisine, quatre d'entre-eux se lancent dans une très longue séance de natation.

Pas de faux semblants : l'histoire de The Reef est quasiment celle d'Open Water. Du moins pendant les 50 premières minutes. La seule nouveauté visible au départ étant que nos baigneurs sont cinq au lieu d'êtres deux. Mais quand un grand requin blanc entre en scène le ton change.

The Reef est moins anxiogène que son modèle : les cadrages ne sont pas aussi serrés, hésitants et étriqués. On dispose d'espace, sans que cela ne suscite l'agoraphobie, et la caméra est presque stable. Cette lisibilité améliore l'efficacité des scènes d'attaques du sélachimorphe mais supprime la nausée et l'impression de noyade qui se dégageait continuellement de l'œuvre de Kentis.

Au final, nous obtenons un film qui, sans être mauvais, n'égale ni Open Water ni même Black Water. Ne le regardez qu'après avoir découvert les deux films cités ci-dessus, sous vous en voulez plus. Il parait que l'industrie du tourisme en Australie aurait été affectée par The Reef... J'espère qu'ils compenseront en produisant plus de films.

mercredi 14 décembre 2011

Black Water de David Nerlich et Andrew Traucki

Black Water est un film australien réalisé par David Nerlich et Andrew Traucki. Sorti en 2007, il est interprété par Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodoreda, Ben Oxenbould et Fiona Press.



Un couple, Grace et Adam, passe ses vacances en Australie. Grace est également accompagnée de sa sœur cadette Lee. Encadrés par un guide, ils sont occupés à pêcher dans une barque quand un crocodile les attaque soudainement et fait chavirer leur embarcation. Leur guide est tué sur le coup et nos trois héros se réfugient dans un arbre qui émerge de l'eau. Privés de leur bateau, trop loin de la rive pour espérer la regagner à la nage sans s'exposer à une autre attaque et dépourvus d'armes ou d'équipement, nos trois personnages vont vivre un véritable cauchemar.

Sorti la même année que Rogue (titré Solitaire chez nous), un autre film australien mettant également en scène un groupe de touristes assiégés par un crocodile, Black Water se rapproche plus d'Open Water par son parti pris minimaliste, son casting réduit au strict minimum, son naturalisme et même son titre.

L'espace restreint qui sert de cadre au film prive le spectateur des paysages somptueux qui faisaient le charme de Rogue, mais offre une violente sensation de claustrophobie. De plus, on souffre avec les héros car il n'y a pas de tentative pour les rendre antipathiques comme c'est devenu trop souvent le cas dans ce genre de film.

On peut reprocher à Black Water d'hésiter entre un vrai réalisme (l'essentiel du temps) et un monstre cinématographique dotés de capacité prédatrices exagérées. Cela donne un résultat situé entre Cujo et Primeval (bon, plus proche de Cujo, je l'accorde)... La situation, très vraisemblable, et les réactions des personnages, cohérentes, compensent cependant les quelques écarts zoologiques que se permettent David Nerlich et Andrew Traucki.

Au final nous nous trouvons avec une rareté : un bon film de crocodile, angoissant et prenant du début à la fin. Cela fait du bien après les nanars que sont Croc, Crocodile, Crocodile 2 et la trilogie Lake Placid.

lundi 12 décembre 2011

Open Water 2 de Hans Horn

Dérive mortelle (Open Water 2: Adrift en VO) est un film allemand réalisé par Hans Horn. Sorti en 2006, il est interprété par Susan May Pratt, Richard Speight Jr., Niklaus Lange, Ali Hillis, Cameron Richardson, Eric Dane et Wolfgang Raach.



Dan, un parvenu millionnaire amateur de blondes décérébrées, a invité ses anciens amis du lycée pour une journée d'excursion sur son nouveau yacht. Parmi eux, nous avons un couple, Amy et James, qui ont amené leur bébé. Suite à la noyade de son père alors qu'elle était petite, Amy a peur de l'eau. Pourtant, elle surmonte sa phobie et monte à bord où elle s'empresse de s'équiper d'un gilet de sauvetage. Plus tard, quand la côte est loin, nos joyeux fêtards décident de piquer une petite tête. Ne restent au sec que le bébé, Amy, qui a peur de l'eau, et Dan qui lui tient compagnie.

Dan tente de convaincre Amy de venir se baigner et finit par la jeter par-dessus bord malgré ses protestations et sa terreur. Une fois les six lascars dans l'eau, alors qu'Amy fait une crise de panique, ils constatent que Dan a oublié de descendre l'échelle du yacht. Impossible donc de remonter à bord car le bateau est un vrai mastodonte à la coque parfaitement lisse.

Open Water 2 n'a aucun lien direct avec le film de Chris Kentis. Pour cette raison, les distributeur français ont décidé de l'appeler sobrement Dérive mortelle. Le nom Open Water 2 aurait d'ailleurs été choisi après l'écriture du script, au moment du carton du premier film (un peu comme pour le consternant American Psycho 2).

Pourtant les deux films partagent une idée commune : une bande de baigneurs passent le film à barboter en discutant d'éventuelles solution. Ici, ils sont six et sont tous plus stupides les uns que les autres. C'en est fini de l'approche réaliste et naturaliste choisie par Chris Kentis. En moins d'une demi-journée, nous avons une noyade, une fracture du crâne et un homme poignardé... Nos pathétiques héros disposent d'une multitude de solutions mais ne les exploitent que très mal et souffrent du syndrome Bip Bip et Coyote : ils ne réessayent jamais un truc qui a raté.

La présence du yacht réduit l'impression d'agoraphobie engendré par la situation. Les baigneurs ne sont pas seuls au milieu de l'océan infini mais perdus au pied d'un bateau dont la caméra ne s'éloigne jamais. Ajoutez à ça une fin volontairement incompréhensible (à cause d'un plan incohérent et inutile), et vous obtenez un résultat mitigé.

Au moins, malgré tout le sang déversé, il n'y a pas de requins, cela fait déjà un cliché évité. De plus, si vous avez peur de la noyade, vous passez quand même une bonne heure à angoisser.

samedi 10 décembre 2011

Open Water de Chris Kentis

Open Water est un un film américain réalisé par Chris Kentis. Sorti en 2003, il est interprété par Blanchard Ryan, Daniel Travis, Saul Stein, Estelle Lau, Michael E. Williamson, Cristina Zenarro et John Charles.



Lors d'une excursion plongée, un couple d'amateurs, Susan et Daniel, est oublié en pleine mer, au large des Bahamas. Il faut dire que l'organisateur de l'expédition ne sait pas compter, même sur ses doigts, et fait donc des petits bâtons pour savoir qui est sous l'eau et qui est remonté, stratégie enseignée aux enfant de quatre ans. Trop loin de la côte pour envisager de la rejoindre à la nage, nos tourtereaux seront confrontés à la fatigue, à la soif, au froid et à des requins.

Le film de vilaines bestioles est devenu un genre presque aussi codifié que ne l'est le slasher. Et quand il s'agit de requin c'est encore pire, car tout le monde se sent obligé de copier Les dents de la mer. C'est donc une agréable surprise de voir que Chris Kentis fait preuve d'originalité en usant d'une approche minimaliste (justifiée par le budget limité du long métrage : 130 000 dollars avancés par le réalisateur lui-même et sa femme).

Open Water tourne autour de deux acteurs, seuls au milieu de l'océan. On ne voit rien d'autre qu'eux, on n'entend rien d'autre qu'eux et c'est à travers leur perception limitée que l'histoire est racontée. Inspiré de fait réels et tourné en DV, Open water est très plausible et semble capturé sur le vif. Faute de de budget, les requins sont de véritables bêtes (les images de synthèse et les animatroniques sont couteux), ce qui contribue encore au réalisme de l'ensemble. Unité de lieu, d'action et de temps font de l'ensemble une sorte de pièce de théâtre tragique et cruellement vraisemblable.

Même si le rythme du film est inégal, on sent une tension quasi-permanente qui va en s'accentuant. Une certaine nausée se dégage de la caméra qui barbote et le spectateur a l'impression continuelle de se noyer. Au final, Open Water mérite une bonne place dans le monde des films de requins, loin devant La Mort au large et Peur bleue.

jeudi 8 décembre 2011

Les Immortels de Tarsem Singh

Les Immortels (Immortals) est un film américain réalisé par Tarsem Singh. Sorti en 2011, il est interprété par Henry Cavill, Mickey Rourke, Freida Pinto, John Hurt, Stephen Dorff et Luke Evans.



Le roi Hypérion, incarné par un Mickey Rourke très convaincant, veut libérer les titans afin que ces derniers terrassent les dieux. Au passage, il envahit toute la Grèce, pillant, violant, castrant et massacrant tout ce qui bouge avec une bonne volonté remarquable. Mais il fait la terrible erreur d'égorger la maman de Thésée, un simple paysan qui s'avère être remarquablement doué au combat et qui dès lors s'opposera à ses plans.

Pendant qu'Hypérion tente de mettre la main sur le légendaire arc d'Epiros (qui fabrique ses propres flèches explosives en temps réel), les dieux regardent l'histoire avancer en se demandant s'ils peuvent agir (Zeus s'y oppose, Athéna est moins stupide). Il y a aussi Phèdre, une oracle vierge (qui ne le reste pas, personne ne peut résister aux charmes d'un Thésée qui passe le film à bouder, vaguement énervé). En plus d'être décorative, elle peut servir de GPS et voit le futur...

Le labyrinthe et le minotaure de la mythologie ne sont là qu'un très brefs instant et ne jouent presque aucun rôle. Ne vous focalisez pas sur l'intrigue, anémique, ou sur les anachronismes, très nombreux. Le film de Tarsem Singh ne veut pas être réaliste et s'inspire plus des Chevaliers du zodiaque et du Retour du roi que des dernières découvertes archéologiques.

Par exemple, les titans sont maintenus prisonniers par des barres d'acier striées comme vous pouvez en voir dans n'importe quel magasin de bricolage. C'est beau, mais ces stries sont là pour empêcher le glissement de l'acier dans le béton quand on les utilise comme armature. Bref, dans l'antiquité grecque, ça n'existait pas. Même remarque pour le superbe arc recurve composite que convoite le Roi Hypérion, qui brille par sa modernité.

Chaque choix, aussi irréaliste soit-il, est mûrement réfléchi. Les Immortels est un miracle visuel. Bien que tourné en studio, contrairement aux habitudes de Tarsem Singh qui adore voyager, il régalera les pupilles des spectateurs les plus exigeants. Les décors, grandioses et insolites, donnent une place très importante aux lignes démesurées et aux angles droits, évoquant les cathédrales modernes. C'est toujours aussi anachronique, mais c'est superbe. Pour faire bref, Les Immortels est un des plus beaux péplums jamais tournés. Les costumes abracadabrantesques aux couleurs chatoyantes évoquent la mise en scène contemporaine d'un opéra.

Inspiré du 300 de Zack Snider, mais aussi de jeux vidéos modernes (God of War et Prince of Persia : L'Âme du guerrier en tête), Les Immortels fourmille de trouvaille visuelles et se regarde comme un clip géant. Les scènes spectaculaires s'enchainent sans temps morts dans des environnements perpétuellement renouvelés. Les exécutions sont ponctuées de ralentis et on s'attend presque à voir une jauge de score s'afficher quand Thésée ou Athéna enchainent les combos.

Le nouveau film de Tarsem Singh est ainsi fidèle à ses deux longs-métrages précédents (The Fall et The Cell) : un moment de pure esthétique, vaguement scénarisé. Un peu comme si on tentait rajouter quelques dialogues dans le Baraka de Ron Fricke pour en faire une histoire. Ce sont des films faciles à détester ou à idolâtrer.

mardi 6 décembre 2011

Hara-kiri de Takashi Miike

Hara-kiri, mort d'un samouraï (Ichimei en VO) est un film japonais réalisé par Takashi Miike. Sorti en 2011, il est interprété par Ebizo Ichikawa, Eita Nagayama, Koji Yakusho, Hikari Mitsushima et Munetalla Aolli.



Hanshiro, un samurai sans emploi suite à la déchéance de son clan, vient présenter une requête exceptionnelle au seigneur Kageyu : il demande la permission de se faire seppuku sur son seuil, n'ayant plus les moyens de vivre et voulant mettre honorablement fin à ses jours. Kageyu lui raconte alors une histoire : celle d'un jeune ronin famélique étant venu faire une requête similaire quelques années plus tôt.

Ce nouvel Hara-kiri est la second adaptation à l'écran d'un roman de Yasuhiko Takiguchi. Tous les amateurs de cinéma se souviennent de Hara-kiri (Seppuku en VO) réalisé par Masaki Kobayashi en 1962, un des films de samurai mythiques ayant participé à la popularisation du genre (Prix du jury au Festival de Cannes en 1963). S'attaquer à un tel chef-d'œuvre intemporel était un pari très risqué, mais Takashi Miike s'en tire remarquablement bien et nous signe un film émouvant, très travaillé et digne de son titre.

Oubliez Ichi the Killer, Audition et Visitor Q. Oubliez même Izo, qui pourtant traitait également du destin d'un ronin. Ici nous naviguons à des kilomètres du style brouillon qui caractérisait les premiers film du stakhanoviste japonais. Et nous sommes plus loin encore de la dimension parodique et ludique qui définissait Yatterman, Sukiyaki Western Django ou The Great Yokai War. Après avoir tourné plus de 70 films en 20 ans, Miike nous prouve qu'il peut encore nous surprendre.

Tourné en 3D, le film de Miike passe bien en 2D. Ses cadrages larges et précis, évoquant Akira Kurosawa, sont d'une lisibilité exemplaire et participent à la poésie qui se dégage de chaque scène. L'essentiel du métrage est constitué de discussions très posées : d'abord celle entre Kageyu et Hanshiro qui sert de point de départ et de trame au film, mais également celles qui rythment la vie quotidienne de la famille de Hanshiro, avant le drame. L'histoire est ainsi mise en place en trois flash-backs, avant de se terminer sur une scène épique et tragique, qui paradoxalement est infiniment moins violente que celle qui clôturait le film de Kobayashi.

Là où Miike brille particulièrement, c'est dans la description mélodramatique d'une famille aimante sapée par la misère et la maladie. On pense alors au cinéma de Kenji Mizoguchi... L'empathie pour ces personnages est telle que l'objectif du film est finalement atteint : dénoncer une société féodale lâche et persuadé de sa propre supériorité et de son sens aigu de l'honneur. Avec justesse, Hara-kiri nous démontre qu'il y a plus de noblesse dans cette famille pauvre et en loque, armée de sabres de bois, que dans cette armure vide qui sert de symbole au clan Li.

Bien entendu, il est impossible d'égaler le film de Kobayashi, qui est quasi-parfait, mais ce nouveau Miike est exceptionnel. La façon dont il renoue avec un cinéma traditionnel à la Kurosawa et Hiroshi Inagaki tout en critiquant les valeurs féodales en font un monument qui doit être vu. Hara-kiri est le meilleur chanbara tourné depuis Le samouraï du crépuscule de Yôji Yamada.

dimanche 4 décembre 2011

Seventh Moon d'Eduardo Sánchez

Seventh Moon est un film d'horreur américain réalisé par Eduardo Sánchez. Sorti en 2008, il est interprété par Dennis Chan, Tim Chiou et Amy Smart.



Melissa et Yul forment un charmant couple américain venu visiter la Chine pour leur lune de miel. Cela doit aussi être l'occasion pour Melissa de rencontrer la famille de Yul. Après s'être régalés de pittoresques cérémonies à l'occasion de la fête des fantômes, leur guide qui leur sert aussi de chauffeur s'égare en rase campagne. Mais c'est le 15e jour du septième mois lunaire, le jour ou sont relâchés sur terre les esprits retenus dans les enfers et où sortent les démons de la lune.

Eduardo Sánchez, connu pour Le projet Blair Witch, nous propose ainsi une récit truffé de démons chinois, tournée avec une caméra parkinsonienne qui nous rappelle ses débuts cinématographiques. L'histoire se passe en une nuit, dans un espace réduit (un hameau et ses environs) avec seulement quatre personnages (dont deux très secondaires). Une habitude chez Sánchez (outre Blair Witch, Altered aussi jouait avec un casting réduit et une bonne unité de temps et lieu).

Ici, l'essentiel du film est consacrée à une partie de cache-cache nocturne assez confuse. Après une tentative de fuite par la route se terminant dans un fossé, notre couple se cache dans sa voiture, puis prend la fuite à l'approche des démons pour essayer de se planquer dans le village. Après le village, nouvelle fuite, nouvelle planque (une grange), nouvelle arrivée des démons, nouvelle fuite, nouvelle planque (la voiture, seconde tentative), nouvelle arrivée des démons, nouvelle fuite, nouvelle planque (un cimetière)... Dit comme ça, c'est répétitif mais pas vraiment ennuyeux. Ces courses effrénées à travers les champs sont filmées dans le noir, avec des mouvements flous et des cadrages très approximatifs. Ça donne la nausée mais ça contribue au stress.

Le troisième chapitre du film est beaucoup plus réussi, bien que mélodramatique au possible. Des explications très (trop) pédagogiques sont données sur les démons et nous avons le droit à un beau sacrifice motivé par l'amour... Avant d'enchainer sur une dernière poursuite floue dans le noir (les mauvaises habitudes sont dures à perdre).

Bien que ce soit une production américaine, Eduardo Sánchez a le bon gout de travailler en chine avec une équipe locale, ce qui donne une dimension plus réelle et plus sincère à son projet. Loin d'être un chef d'œuvre, Seventh Moon est cependant un petit film d’horreur sympathique qui ne mérite pas sa terrible réputation.

vendredi 2 décembre 2011

Left Bank de Pieter Van Hees

Left Bank (Linkeroever en VO) est un film d'horreur Belge réalisé par Pieter Van Hees. Sorti en 2008, il est interprété par Eline Kuppens, Matthias Schoenaerts, Sien Eggers, Marilou Mermans, Frank Vercruyssen et Robbie Cleiren.



Une jeune athlète, Marie, se voit obligée d'abandonner ses activités sportive à cause d'une maladie mal identifiée (et qui d'ailleurs ne sera pas diagnostiquée de tout le film). Du jour au lendemain, elle se retrouve oisive, alors qu'elle était habituée à une vie très éreintante. Parallèlement, elle rencontre Bobby, un vendeur de voiture adepte du tir à l'arc. Elle décide d'emménager chez lui dans un appartement du Linkeroever (la rive gauche d'Antwerp, d'où le titre du film).

Seule l'essentiel du temps et n'ayant rien à faire de ses journées, Marie va rapidement se sentir oppressée par cet appartement et par tout l'immeuble. Cette oppression va tourner à l'obsession quand elle découvrira la disparition de la précédente locataire, quelques mois auparavant. Justement, cette dernière enquêtait sur d'anciens rituels païens s'étant déroulés sur place.

Voilà une rareté : un film d'horreur flamand. Sobre et s'intéressant plus au social qu'à sa thématique fantastique, le premier long-métrage de Pieter Van Hees est très soigné et évoque par moment le cinéma de Roman Polanski. Left Bank est lent, posé et s'évertue à nous décrire le quotidien rasoir et creux d'une femme brutalement forcée de cesser ses activités et découvrant au passage la vie en couple.

Rapidement la suspicion s'instille dans sa relation... Suspicion qui a hélas la faiblesse scénaristique d'être justifiée de la manière la plus pragmatique qui soit. C'est là le seul défaut du film : la vitesse avec la quelle il passe d'une explication psychologique à une simple histoire d'horreur plutôt mal ficelée. En 10 minutes, on sombre de The Haunting de Robert Wise à un clone d'Amityville. C'est d'autant plus dommage que le contexte social et psychologique est étoffé : l'héroïne n'a pas même passé 24 heures cumulées avec Bobby quand elle emménage chez lui, elle change brutalement d'habitude de vie, elle est épuisée et subitement forcée à l'oisiveté...

On se retrouve avec un faux film fantastique (par sa construction) et avec un faux film psychologique (par son dénouement). Mais comme je n'aime pas ranger les titres dans des boîtes cela ne me dérange pas vraiment. La photographie est superbe, les personnages sont intéressants. et les quelques séquences oniriques qui parsèment l'intrigue sont aussi percutantes que réussies. Au final, l'ensemble parvient à être original.