mercredi 9 mai 2012

Shelter de Måns Mårlind et Björn Stein

Shelter est un film américain réalisé par Måns Mårlind et Björn Stein en 2010. Il est interprété par Julianne Moore, Jonathan Rhys Meyers, Jeffrey DeMunn, Frances Conroy, Nathan Corddry, Brooklynn Proulx, Brian Anthony Wilson et Joyce Feurring.



Cara Harding, une brillante psychiatre interprétée par Julianne Moore est présentée par l'intermédiaire de son père, également docteur, à David, un patient souffrant de trouble de la personnalité multiple (ou trouble dissociatif de l'identité si on suit la nomenclature du DSM-IV). Persuadée d'avoir affaire à un imposteur, David étant dans le couloir de la mort, elle ne va rapidement remarquer que les "personnalités" de David savent trop de choses.

Thriller psychologique à la Hypnose, Shelter partage des ingrédients avec The Skeleton Key mais également Le Témoin du mal et Ring. Sa réalisation, confiée à deux suédois, est d'une précision remarquable et son interprétation est solide. De plus, l'argument surnaturel permet de ne pas utiliser le trouble dissociatif de l'identité comme prétexte pour faire n'importe quoi (là je pense à Identity et The Ward, mais aussi Color of Night).

Bien construit et parsemée de scènes vraiment fortes, tel que la première confrontation entre Cara et David, Shelter fonctionne un temps, puis s'essouffle progressivement avant de se conclure pas un final poussif qui est loin d'être à sa hauteur. Cela peut décevoir mais ne gâche pas l'ensemble. De même, il parvient à réussir l'exploit d'être à la fois anti-religieux (critique virulente des sectes et des croyants), tout en faisant reposer son intrigue sur l'existence de l'âme. Là encore, cela risque d'en énerver certains.

Personnellement, j'aime beaucoup ce type de film dès qu'ils s'éloignent des quelques twists traditionnels sans cesse répétés. À vous de voir si vous êtes également amateur du genre.

lundi 7 mai 2012

The Ward de John Carpenter

The Ward (ou John Carpenter's The Ward) est un film fantastique américain réalisé par John Carpenter et sorti en 2011. Il est interprété par Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker, Lyndsy Fonseca, Laura-Leigh, Mika Boorem, Jared Harris et Susanna Burney.



Voir John Carpenter de retour est un vrai plaisir pour tous les fans de cinéma horrifique et fantastique. Si on oublie ses quelques contributions à la série Masters of Horror, il faut remonter à Ghosts of Mars, en 2001, pour le retrouver derrière une caméra.

Kristen, une jeune femme incarnée par Amber Heard, est interné après avoir incendié volontairement une ferme. Enfermée dans un hôpital psychiatrique avec d'autres folles, elle découvre rapidement qu'un spectre semble errer la nuit, dans les couloirs.

Le réalisateur de Vampires et de Christine nous offre ici un film de fantôme dont le casting est presque exclusivement féminin, ce qui contraste avec ses productions très masculines (New York 1997, The Thing, Invasion Los Angeles et L'Antre de la folie). Cela nous ramène au début de sa carrière, en 1978, avec Halloween, qui était essentiellement peuplé d'adolescentes.

Si on oublie le twist final, élément devenu tristement incontournable dans un cinéma fantastique contemporain qui s'essouffle et qui s'auto-plagie à l'infini, la réalisation de The Ward est très classique et colle avec la volonté de situer l'action dans les années 60. Les effets de miroirs, les jump scares et le passage à la morgue sont autant de poncifs vus et revus, mais toujours fonctionnels.

Quelques scènes violentes nous rappellent que nous avons affaire au papa d'Halloween, mais The Ward reste à des kilomètres du gore maladroit et exagéré de Saw et d'Hostel. En fait, si on tient compte de l'évolution graphique du cinéma fantastique des 20 dernières années, le film de Carpenter est bien plus psychologique que visuel. C'est d'ailleurs sa principale qualité, et ce cela qui lui permet de fonctionner si efficacement.

Le développement des personnages, les différentes prisonnières de l'asile, et leur interaction sont au centre de l'intrigue. Malheureusement, même si le casting fonctionne très bien, il manque la graine de folie et d'originalité qui caractérisait jadis le cinéma du maitre. On suit l'histoire avec intérêt et curiosité, mais on ne bascule jamais dans la terreur ou la fascination.

Le twist, pompée à Identity (qui lui-même s'inspirait indirectement de Psychose) est le principale défaut de l'ensemble. A vouloir faire original, Carpenter tombe dans le piège du déjà-vu. Mais, si on fait abstraction de ce défaut, The Ward est un bon film, qui ne pêche que par comparaison avec le reste de la carrière de son réalisateur.

samedi 5 mai 2012

The Task d'Alex Orwell

The Task est un film américain réalisé par Alex Orwell en 2011. Il est interprété par Alexandra Staden, Victor McGuire, Adam Rayner, Antonia Campbell-Hughes, Ashley Mulheron et Amara Karan.



Tout commence par l'enlèvement d'un sympathique jeune homme qui venait de proposer son aide à une demoiselle qui l'avait bouclé dans la rue. Enchainé à d'autres victimes et encagoulé, il repend ses esprits face à un présentateur télé affublé d'un masque de clown. Ce dernier leur explique que, suite à un casting passé quelques mois plus tôt, ils ont tous été sélectionné pour participer à une émission de télé-réalité extrême. Afin d'obtenir 20 000 dollars et une célébrité bien méritée, ils devront passer la nuit dans une prison désaffectée, haut-lieu du paranormal.

Après le désistement d'un candidat qui s'éclipse en taxi nous avons le droit à la présentation de nos personnages. On fait dans le classique : une intello à lunette prétentieuse, un homosexuel caricatural, un noir baraqué, une bimbo, etc. Dès-lors, le jeu peut commencer.

Alors que de loin The Task ressembalit à un clone de Cube ou de House of 9, nous voilà avec un jeu de piste simple et linéaire. Faire passer une nuit dans une prison hantée à une bande de stéréotypes pour en tirer une émission de téléréalité, ce n'est pas très original. C'était à peu de choses près le script d'Épisode 50 (qui commençait dans un hôpital, mais se terminait bien dans une prison). Là, la nouveauté, c'est que nos candidats doivent passer des épreuves "terrifiantes", qui tiennent quand même plus de Fort Boyard que de Saw.

Alors, il y a un twist (c'est hanté pour de bon), puis un twist dans le twist (c'est du cinéma), puis un twist dans le twist dans le twist. Tout ça reste assez convenu sans jamais être bon ni mauvais. A voir a la rigueur, pour les amateurs de train fantôme et de fausse frousse à base de faux sang (je sais, au cinéma c'est toujours du faux sang, mais là c'est vraiment censé en être).

jeudi 3 mai 2012

Altitude de Kaare Andrews

Altitude est un film fantastique américano-canadien réalisé par Kaare Andrews en 2010. Il est interprété par Jessica Lowndes, Julianna Guill, Ryan Donowho, Landon Liboiron, Jake Weary et Mike Dopud.



Afin de se rendre sur les lieux d'un concert, une bande de potes embarquent à bord d'un avion loué pour l'occasion par Sara, détentrice depuis peu de son brevet de pilote. Mais après un décollage sans incidents, le petit bimoteur se retrouve bloqué en ascension suite à une pane du volet arrière. Et pour corser le tout, il plonge dans un inquiétant nuage noir.

La présentation des personnages est vite faite : ce sont tous des stéréotypes particulièrement énervants. Nous avons la brute musclée et égoïste (sans doute capitaine de son équipe de foot, si on respecte les clichés jusqu'au bout), sa copine décérébrée, un jeune amateur d'escalade plutôt sympa, un intello, collectionneur de comics et désespérément amoureux de Sara et enfin Sara proprement dite, l'héroïne du film, une jeune femme forte qui dissimule derrière son assurance un traumatisme d'enfance. Elle réussit d'ailleurs l'exploit d'être plus antipathique que la brute, ce qui était loin d'être gagné.

Altitude navigue entre le film de catastrophe, version intimiste, et le huis clos (Huis clos de Jean-Paul Sartre est d'ailleurs cité). Les personnages se disputent mais leurs options sont très limitées. À part larguer du leste et tenter de sortir pour débloquer ce qui coince, ils ne font rien de tout le film si ce n'est s'insulter, se battre et émettre des hypothèses loufoques. Heureusement, dans les nuages, se cache un monstre tentaculaire qui permet de donner un certain rythme, même si ses apparitions sont rares.

Le décors quasi-unique du film tient de l'exercice de style, mais ce choix artistique ne sauve pas Altitude d'une certaine médiocrité. Les personnages sont taillés à la truelle, l'histoire n'avance que lentement et la réalisation n'a rien de mémorable. Restent un dénouement presque orignal et vraiment imprévu et quelques beaux plans d'orage.

mardi 1 mai 2012

Terror Trap de Dan Garcia

Terror Trap est un film américain réalisé par Dan Garcia en 2010. Il est interprété par Michael Madsen, David James Elliott, Jeff Fahey, Heather Marie Marsden, Andrew Sensenig et Lacey Minchew.



Un couple plutôt mal en point voyage sur la route pour en s'engueulant. Leur objectif : des vacances dans un casino du sud. Mais une voiture les heurte intentionnellement à deux reprises. En panne au milieu de nul-part, ils rencontrent un policer local qui les conduit à un motel pour qu'ils y passent la nuit en attendant une dépanneuse. Ce qu'ils ne savent pas, mais que suppute le spectateur, c'est que là-bas, des tueurs sadiques les attendent.

Terror Trap est facile à résumer : c'est exactement Vacancy (avec des éléments de Vacancy 2). On y retrouve le même couple d'âge moyen qui semble se détester mais qui face à l'adversité se resserre, la même lutte pour la survie se résumant à se barricader pendant l'essentiel du métrage et les même poignées de portes qui sont secouées de façon inquiétante. Sachant que Vacancy avait déjà emprunté pas mal de choses à Psychose et aux slashers, il ne reste plus un soupçon d'originalité.

Du coup, on fait dans la surenchère. Il y a plus de tueurs, plus de spectateurs pervers et plus de scènes inutiles où de pauvres filles n'ayant rien à voir avec l'intrigue se font torturer. Cela ne fait bien entendu pas illusion, mais meuble.

Cependant, Vacancy était correctement réalisé par un Nimród Antal plutôt en forme. On ne peut pas en dire autant de Terror Trap qui accumule les erreurs : montages maladroit, timecodes des caméras incohérent, plans de torture gratuite insérés n'importe où n'importe quand. Et ce qui n'est pas monté de travers est tout simplement insipide tellement il est peu original.

Mais le vrai problème c'est le script : c'est simple, tous les ajouts faits par rapport au scénario de Vacancy sont stupides. Il est impossible de massacrer ses sbires aussi régulièrement sans rencontrer un problème de ressources humaines. Pourquoi se plaindre des prix de victimes captives (entre 250 et 1000 dollars pour des femmes splendides, suivant l'origine), au risque de perdre des précieux fournisseurs, quand il est explicité que l'affaire rapporte beaucoup ? Pourquoi fuir à pied quand on a un camion de pompiers, une voiture de police et certainement des dizaines d'autres véhicule à disposition ? Pourquoi cette épilogue avec des personnages qu'on ne connait même pas ?

Terror Trap est raté de A à Z. Il semble bricolé pour inclure des éléments d'Hostel, de la nudité et de la torture alors que son intrigue centrale en est dépourvu. Il est mal filmé, sans suspens et souffre d'une absence total d'originalité.

dimanche 15 avril 2012

Survival of the Dead de George A. Romero

Survival of the Dead est un film américain réalisé par George A. Romero en 2009. Il est interprété par Alan van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Devon Bostick, Richard Fitzpatrick, Athena Karkanis, Stefano Di Matteo, Joris Jarsky et Eric Woolfe.



Après un brillant Diary of The Dead, haï par beaucoup de spectateurs mais faisant preuve d'une grande originalité et s'impliquant vraiment dans une réflexion sur l'obsession des hommes pour la capture des images, George A. Romero décida non pas de tourner une suite directe à Diary, pourtant très rentable finanicèrement parlant, mais de continuer sa série de films de morts-vivants comme il l'avait toujours fait, c'est-à-dire en créant une nouvelle œuvre, seulement reliée par sa thématique et ses règles à l'ensemble précédemment construit.

Techniquement, nous avons un lien supplémentaire avec Diary of The Dead, puisque les ex-soldats que nous suivons croisent dans leur fuite les protagonistes du film précédent et les dépouillent. Ils décident ensuite de se rendre sur l'île de Plum, vantée par une vidéo trouvée sur internet. Mais une fois arrivé sur place, ils découvriront une guerre entre deux familles d'origine écossaise, les Muldoons et les O'Flynns.

La raison des conflits dans Survival of the Dead tourne autour de la gestion des zombis. Les Muldoons pensent qu'il faut honorer les morts, et donc conserver les morts-vivants près de soi, enchainés, tout en essayent de les traiter avec amour, un peu comme s'il s'agissait simplement de malades. Cela demande bien entendu un certain savoir-faire, mais est réalisable, vu la faible densité de population sur l'île de Plum. Les O'Flynns sont pour l'extermination pure et simple.

Perdus au milieu de ce conflit qui les dépasse, les déserteurs venus de l'extérieur n'interagissent que peu, faisant office de spectateurs. C'est sans surprise qu'ils concluent le film en prenant la fuite.

Certains analysent Survival of the Dead comme un débat sur l'avortement, avec d'un côté les pro-life et de l'autre les pro-choice. C'est assurément une simplification grossière correspondant à une volonté de tout politiser, mais il faut reconnaitre que la question éthique, pourtant complètement hypothétique et inapplicable au réel, abordée dans le film de George A. Romero est fascinante, tout comme le conflit qui en découle. Encore une fois, caché derrière une simple histoire de zombis, se trouve un film complexe et pourtant ludique. Par ailleurs, nous retrouvons l'action, le sang, la mort, la peur et le rythme faisant toute la saveur des films de Romero.

Avec Survival of the Dead, la Dead serie de George A. Romero, initiée par La nuit des morts-vivants, devient enfin une hexalogie. Même s'il y a des hauts et des bas dans cette exceptionnelle saga, chacun de ces films doit impérativement être vu par tous les amateurs de zombis, et ce sixième volet ne fait pas exception.

vendredi 13 avril 2012

Longinus de Ryuhei Kitamura

Longinus est un film japonais réalisé par Ryûhei Kitamura en 2004. Il est interprété par Taro Kanazawa, Takehiro Katayama, Yumi Kikuchi, Toshiyuki Kitami, Shion Machida et Minoru Matsumoto.



Ryuhei Kitamura est un génie, capable de réaliser un film d'action spectaculaire et chassieux sans moyens (Versus reste une référence visuelle et stylistique). Après Aragami, Azumi et Sky High, tous trois tournés en 2003, il réalise Longinus en 2004, juste avant son critiqué et pourtant démentiel Godzilla: Final Wars.

L'humanité est en guerre, plongée dans le chaos. Dans un hôpital militaire presque vide, des soldats amènent en urgence un homme blessé. Parmi ses affaires se trouve une boîte qui contient la fameuse lance de Longinus. Cette arme sacrée et maudite aurait servi à achever le Christ sur la croix.

Amateurs de manteaux de cuir à la Matrix et d'acteurs prenant des poses au milieu de scènes d'action spectaculaires, vous allez en avoir pour votre temps. Car Longinus ne dure que 40 minutes et ne laisse pas au spectateur le loisir de s'ennuyer. Ce moyen métrage, en dépit de son thème vampirique, est parfaitement représentatif du style Kitamura, version condensée. On papote moins que dans Aragami et on se bat moins que dans Versus, mais chaque minute vaut son pesant d'adrénaline.

Niveau casting, rien de nouveau : Uotani Kanae était là dans Sky High et Aragami, alors que Sasaki Hideo a tourné dans Versus, Azumi et Alive. Du coup Kitamura dirige parfaitement ses acteurs. On sent une excellente maitrise de l'ensemble, et même s'il est possible de ne pas adhérer au style électrique et nerveux du réalisateur, il faut admettre qu'il sait ce qu'il fait.

Les amateurs de Kitamura apprécions Longinus. Pour les autres, il vaut mieux commencer par Versus ou Azumi.

mercredi 11 avril 2012

Steel Trap de Luis Cámara

Steel Trap est un film d'horreur allemand réalisé par Luis Cámara en 2007. Il est interprété par Georgia Mackenzie, Mark Wilson, Pascal Langdale, Julia Ballard, Joanna Bobin, Annabelle Wallis et Adam Rayner.



Alors qu'une fête est organisée dans un immeuble désaffecté qui va être détruit sous peu, plusieurs invités reçoivent une invitation par texto pour une seconde boom dans le même building. Une fois arrivé sur place, ils ne tarderont pas à découvrir que le jeu de piste organisé par leur hôte mystérieux est mortel (au sens littéral du mot).

Vous connaissez certainement ces aventures qui se résument à une succession de pièges injustes et de monstres. Les amateurs de jeux vidéo pensent à Diablo pendant que les vieux joueurs adaptes des dés et du papier millimétré se souviennent de Tomb of Horrors, le légendaire module de Gary Gygax pour Donjons et dragons. Sur le papier, Steel Trap devait être ça, les monstres en moins : un labyrinthe de pièges et de fausses issues, avec un maître de donjon sadique caché derrière son écran dont la seule joie est de voir ses joueurs mourir.

Pour son premier long-métrage, Luis Cámara fait preuve d'une certaine maladresse. Les pièges sont secondaires, tout comme les personnages aux personnalités stéréotypées, et il ne reste rapidement plus que la petite enquête que mènent les victimes pour savoir qui est le tueur ainsi que les meurtres. Cela donne donc un honnête slasher dont la saveur est rehaussée par son esthétique morbide, très inspirée du giallo.

Au final, Steel Trap s'égare dans divers genres : le huis clos à la House of 9, le slasher, le film de couloir et, bien entendu, le clone de Cube avec une pincée de Saw. Il n'excelle dans aucune de ces pistes, mais reste regardable.

lundi 9 avril 2012

Encounters at the End of the World de Werner Herzog

Encounters at the End of the World est un documentaire américain réalisé par Werner Herzog en 2007. Il est met en scène David Ainley, Samuel S. Bowser, Regina Eisert, Kevin Emery, Ryan Andrew Evans, Ashrita Furman et Peter Gorham.



Tourné en Antarctique pour la National Science Foundation, Encounters at the End of the World est un documentaire surprenant. Au milieu d'une étendue de glace, Herzog s'intéresse non pas aux paysages, aux fonds marins ou aux animaux, mais avant tout aux hommes qui sont venus travailler là. Océanographes, ornithologues et biologistes se succèdent devant la caméra, mais Herzog interroge également les chauffeurs de bus, les plombiers et les mécaniciens.

Alors que les zoologistes référencent les espèces inconnues sous la glace, plongeant par un petit trou dans une eau obscure, et que les glaciologues suivent l'évolution de la banquise avec fascination et rigueur, Herzog collectionne les personnages atypiques et profondément mystiques. C'est cela qui l'amène à suivre ces scientifiques dans leurs expéditions, et s'il filme leurs volcans, leurs camions, leurs poissons et leurs oiseaux, c'est seulement pour mieux les comprendre.

Au milieu de tout ça, un manchot intrépide part vers une mort inéluctable en décidant de se lancer vers l'intérieur des terre, peut-être dans un élan suicidaire de curiosité. Herzog peut donc trouver son Fitzcarraldo ou son Aguirre même dans le monde des animaux.

Au final, nous obtenons un documentaire atypique et poétique, sublimé par une musique onirique de Henry Kaiser et David Lindley, doublée d'interminables silences. Encounters at the End of the World vous évoqua un peu Grizzly Man, la fin tragique en moins (sauf pour le manchot), mais également La Soufrière.

samedi 7 avril 2012

Mega Shark vs. Giant Octopus de Jack Perez

Mega Shark vs. Giant Octopus est un film de science-fiction américain réalisé par Jack Perez en 2009. Il est interprété par Lorenzo Lamas, Deborah Gibson, Sean Lawlorn, Vic Chao, Jonathan Nation, Mark Hengst et Michael Teh.



Suite à une opération militaire hasardeuse, deux monstres géants prisonniers de glaces sont involontairement libérés : un mégalodon et une pieuvre titanesque. Dès lors, ils vont semer le chaos dans tous les océans, se déplaçant à une vitesse hallucinante et ratissant à eux deux un territoire démesuré. Le destin de l'humanité repose désormais entre les mains de quelques scientifiques (reconnaissables à leur blouse blanche et à leur mépris des forces armées).

Connu des amateurs de nanars, notamment pour son titre improbable, Mega Shark vs. Giant Octopus représente parfaitement la série B destinée au marché vidéo et aux chaines câblées. Avec une intrigue prévisible, des personnages stéréotypés et son lot d'effets spéciaux, le film de Jack Perez remplit parfaitement son contrat, donnant exactement au spectateur ce qu'il attend d'une telle production.

Certes les CGI ressemblent au projet de fin d'année d'un étudiant infographiste en début de formation. Certes tout semble filmé dans deux ou trois décors alors que l'intrigue se déroule un peu partout dans le monde. Mais Mega Shark vs. Giant Octopus est généreux. Il nous offre des scènes improbables, comme cette avion de ligne dévoré en plein vol par un mégalodon affamé, ces manipulations de biochimie, bariolées et fluorescentes, et ces militaires qui torpillent à l'aveugle tout ce qui bouge.

Le film de Jack Perez nous propose aussi une romance mielleuse, des débats scientifiques pathétiques et des répliques idiotes. Par exemple, l'héroïne écoute du Johann Sebastian Bach quand elle fait de la plongée sous-marine (avec un appareil volé) et explique plus tard que c'est du Mozart, ce qui équivaudrait a peu près à confondre Metallica avec Édith Piaf.

Certes, ce n'est pas au niveau d'un vieux Gamera, mais pour un film américain de monstres géants, on s'amuse beaucoup et on ne s'ennuie pas un instant. Bref, nous avons ici du nanar de taille.

jeudi 5 avril 2012

Abnormal Activity 3 de Jason Gerbay

Abnormal Activity 3 est un film américain réalisé par Jason Gerbay en 2011. Il est interprété par Casey Alise, Taylor Autumn, Paul Bouyear, Dennis Cage, Colin Jobs,Andrew Gerhards et, bien évidemment, Jason Gerbay lui-même.



Je suis mathématicien de formation, ce qui veut dire que je suis à l'aise avec les objets algébriques les plus abstraits mais que j'ai du mal à compter au-delà de 3. Cependant, quand je vois certains films, je me dis que je suis loin d'être le plus handicapé. Jugez plutôt : Abnormal Activity 3 est la suite d'Abnormal Activity, mais il n'y a pas d'Abnormal Activity 2. A l'opposé, il existe un Paranoid Activity 2 qui est tout seul, sans suites ni préquelles. Et la saga Paranormal Activity compte deux Paranormal Activity 2. L'un des deux est une suite, renommée en Europe Paranormal Activity: Tokyo Night, et l'autre est une préquelle.

Cette fois, nous suivons Kristin, la sœur de l'héroïne du premier film. Baby-sitter débutante, elle enquête sur la disparition d'un enfant dont elle avait la charge, pendant que son petit-ami, Eric, doit vivre avec ses délires sur les démons et son irrationalité. L'histoire est ainsi une parodie de Paranormal Activity 2 (enfin, du premier Paranormal Activity 2, pas de Tokyo Night), ce qui rend encore plus inconsistant le choix du numéro 3 dans le titre.

La première partie d'Abnormal Activity 3 est consacrée à l'analyse du film précédent, qui semble être sorti en DVD après le meurtre concluant ce dernier. Kristin et Eric nous forcent donc à visionner une seconde fois cette horreur, tout en se lamentant de la stupidité et de l'ennui de ce qu'ils regardent. Paradoxalement, c'est beaucoup plus drôle comme ça. Ce n'est pas pour rien que Mystery Science Theater 3000, The Nostalgia Critic et The Cinema Snob sont si amusants.

Tout comme le premier opus, Abnormal Activity 3 est une pitoyable comédie produite sans budget, sans scénario, sans idées, sans matériel, sans décors et sans cadrages. Bien que moins drôle que son modèle, elle vous fera cependant rire jaune plusieurs fois, et pas qu'involontairement. L'humour tourne surtout atour des mauvais traitements que subit le bébé dont Kristin s'occupe, résultant de son incompétence et de sa parasse. Le reste du film est meublé avec quelques disputes récupérées dans les poubelles des scénaristes d'Un gars, une fille, ou avec des scènes de somnambulisme surréalistes.

Le montage est désordonné, car Kristin n'est pas capable de se servir correctement du caméscope d'Eric et n'arrête pas d'enregistrer pardessus des bandes déjà utilisées, ce qui donne lieu à des séquences incongrues s'insérant entres d'autres plans. A la décharge du film, Jason Gerbay y est toujours simultanément acteur, scénariste, producteur, monteur, réalisateur, compositeur et caméraman. Tommy Wiseau peut aller se rhabiller...

C'est moins mauvais que le film précédent, du coup ce n'est même plus le plus mauvais found footage jamais tourné. Ce qui le prive de son seul intérêt.

mardi 3 avril 2012

Shadow Puppets de Michael Winnick

Shadow Puppets est un film américain réalisé en 2007 par Michael Winnick. Il est interprété par James Marsters, Tony Todd, Marc Winnick, Natasha Alam, Diahnna Nicole Baxter, Jolene Blalock et Richard Whiten.



Un homme et une femme se réveillent dans des cellules capitonnées, perdus au milieu de ce qui semble être un hôpital psychiatrique désaffecté. Incapables de se souvenir comment ils sont arrivés là, ou même de se rappeler leur identité, ils vont rapidement croiser d'autres victimes des mêmes circonstances, mais également découvrir que dans ces couloirs mystérieusement vides, les ombres semblent dotées d'une vie propre.

Shadow Puppets est une œuvre hybride. Au départ on pense à Cube, à House of 9, à Nine Dead et à Breathing Room, bref, à tous ces films où de parfaits inconnus se réveillent ensembles, dans une prison ou un labyrinthe, sans savoir pourquoi ils sont là. Les décors sont cliniques, blancs et vides, comme dans Hypercube, et on stresse vraiment. Mais rapidement, il révèle sa vrai nature : celle de film fantastique

Hanté par un fantôme très puissant, très démonstratif et plutôt matériel, même s'il n'est constitué que d'obscurité, l'hôpital où errent nos sept amnésiques n'est pas assez effrayant pour fonctionner. Et ce ne sont pas les explications pseudo-scientifiques sur l'origine du mal, terriblement maladroites et stupides, qui rattrapent la sauce.

Plus l'intrigue avance, plus son manque de consistance et d'épaisseur devient évidente, si bien que pendant le dernier acte, quand un malheureux twist est révélé, le spectateur n'est plus intéressé. Bref, ne regardez ce film que pour ses 10 premières minutes, ou si vous voulez vraiment voir Natasha Alam incarner une mannequin qui se déshabille sans raisons rationnelles (avouez que se baigner nue dans une piscine mal éclairée quand on vient de se réveiller, la tête vide, dans un hôpital mort, c'est une décision plutôt insolite).

dimanche 1 avril 2012

Wendigo de Larry Fessenden

Wendigo est un film d'horreur américain réalisé par Larry Fessenden et sorti en 2001. Il est interprété par Patricia Clarkson, Jake Weber, Erik Per Sullivan, John Speredakos, Christopher Wynkoop, Lloyd Oxendine et Brian Delate.



Le Wendigo est une créature surnaturelle, maléfique et cannibale. Moitié-homme, moitié-bête, elle provient du folklore amérindien. Déjà exploité quelques fois au cinéma, c'est ce monstre qui était au centre de l'intrigue du génial Vorace d'Antonia Bird. On le retrouvait également en 1978 dans le risible Wendigo de Rodger Darbonne mais c'est un peu tout.

Une famille formée de un photographe professionnel (Jake Weber), de sa femme (Patricia Clarkson) et de leur fils (Erik Per Sullivan) part en vacances d'hivers. En chemin, ils renversent un cerf, ce qui cause une vive dispute avec un chasseur local (John Speredakos) qui traquait la bête depuis un moment. Une fois arrivé à leurs chalets, ils constante qu'une présence étrange semble y avoir élu domicile.

Les effets spéciaux sont ratés, la mise en scène abuse du flou et des secousses et le scénario est presque inexistant. Mais le résultat n'est pas si catastrophique : cela donne une sorte de rêve halluciné, peuplé d'un monstre intangible à tête de cerfs qui dévore les âmes. La musique de Michelle Biducci est d'ailleurs écrite dans cette esprit onirique et rattrape plusieurs scènes qui serait autrement inadmissibles.

Au final, Wendigo est une sorte de brouillon maladroit de The Last Winter. On y retrouve la même thématique chamanique, avec cet esprit vengeur issus de la mythologie des amérindiens algonquiens, mais également la même confusion qui s'accentue dans le dernier chapitre. Larry Fessenden survole son sujet et se complait dans l'indétermination. A trop vouloir faire réfléchir, il livre ainsi un film un peu creux.

vendredi 30 mars 2012

The Last Winter de Larry Fessenden

The Last Winter est un film d'horreur américano-islandais réalisé par Larry Fessenden en 2006. Il est interprété par Ron Perlman, James LeGros, Connie Britton, Zach Gilford, Kevin Corrigan et Jamie Harrold.



La compagnie américaine KIK construit une route à travers le refuge faunique national Arctic, une réserve située au nord-est de l'Alaska. Leur objectif est d'exploiter les formidables réserves pétrolières locales. Mais sur place, au milieu du néant, une équipe constitué d'écologistes, d'ingénieurs et d'agents du gouvernements, va découvrir qu'il y a quelque-chose de mystérieux et d'incompréhensible qui s'attaque à leurs esprit.

Tourné en Alaska, The Last Winter jouit de décors naturels convaincants et démesurés. Au milieu de ce néant glacé n'existe qu'une petite base et cette mystérieuse caisse, présente sur l'affiche, qui suscite autant de fascination chez les spectateurs que chez les protagonistes.

Le casting est solide, avec notamment Ron Perlman, qui incarne Ed Pollack, un personnage autoritaire et bourru qui se révèle rapidement inquiétant. Mais c'est sur son ambiance que repose The Last Winter. Avec sa folie venue d'on ne sais-où, ses personnages enfermés au milieu d'une étendue infinie de neige, sa paranoïa et ses tensions, le film de Larry Fessenden évoque par moment The Thing de John Carpenter et impose au spectateur une tension permanente qui n'est relâchée que dans le dernier acte, quand le scénariste ne sait plus quoi faire et part dans tous les sens.

Car, comme Wendigo du même Larry Fessenden, le film souffre d'une certaine lourdeur new-age et d'une grande confusion. Comme si des considérations vaguement chamaniques le dispensait de se conclure proprement et de raconter une vraie histoire. Cela ravira certains spectateurs mais risque d'en énerver d'autres.

A mes yeux, son ambiance exceptionnelle et ses personnages paranoïaques sauvent The Last Winter du naufrage. Reste à savoir si ça vous suffit.

mercredi 28 mars 2012

100 Feet d'Eric Red

100 Feet, aussi diffusé chez nous sous le nom de Périmètre mortel, est un film d'horreur américain réalisé par Eric Red en 2008. Il est interprété par Famke Janssen, Bobby Cannavale, Ed Westwick, Michael Paré, Patricia Charbonneau, John Fallon et Kevin Geer.



J'ai un faible pour les films de fantôme, tout particulièrement pour les histoires de maisons hantées. Dark Water de Hideo Nakata et The Haunting de Robert Wise comptent parmi mes films préférés, et The Shining de Stanley Kubrick me retourne toujours autant à chaque vision. De plus, j'apprécie Eric Red, notamment pour l'excellent The Hitcher, version 1986.

100 Feet avait donc tout pour me plaire : c'est l'histoire d'une femme, Marnie, assigné à résidence car elle purge une peine pour avoir assassiné son mari, Mike. Ce dernier était un policier pourri, alcoolique et violent, qui la battait continuellement. Sans ressources, rejetée par ses anciens voisins et isolée, Marnie est également harassée par Shanks, l'ancien partenaire de Mike, qui est bien décidé à lui pourrir la vie. Elle fait ainsi l'objet d'une surveillance permanente et porte un bracelet électronique qui se déclenche dès qu'elle quitte sa maison, avec la promesse de se prendre 10 ans de prison de plus à la première incartade.

Hélas, sa nouvelle prison est son domicile conjugal, celui-là même où elle a poignardé son mari. Et il va rapidement se révélé hanté par le spectre vengeur de Mike.

Le point de départ du film est vraiment intelligent et permet de résoudre directement la question habituelle des films de fantôme, à savoir le fameux "pourquoi elle reste là ?" De même, les acteurs sont crédibles et la réalisation brille par sa simplicité et son efficacité. Les éclairages sont parfaits et la maison, unique décor du film, remplit son contrat, se révélant tantôt inquiétante et tantôt chaleureuse.

Hélas, les apparitions de Mike sont gérées d'un façon pitoyable. Très visible trop tôt dans le film, il fait rapidement étalage de son omnipotence, projetant Marnie dans tous les sens avec une rage et une efficacité usuellement réservée pour le chapitre finale.

Comme la découverte du spectre est expédiée très rapidement, au lieu de faire l'objet du long développement qui est la tradition dans les films de fantômes, Eric Red est obligé de meubler. Cela donne des ajouts inutiles qui poussent comme des petites tiges rabougries sur un script anémique. Ainsi, Marnie découvre, au milieu du métrage, un sac poubelle remplie d'épaisses liasses de billets... Dont elle se débarrasse en 3 minutes. Une sous-intrigue potentielle est ainsi introduite puis euthanasiée à la vitesse de l'éclair.

Le résultat final un beau gâchis, se permettant même d'intégrer une romance inutile et caricaturalement mélodramatique. Sans oublier un final, lamentable. Seule une scène, ultra-violente, inattendue, techniquement parfaite et absolument répugnante, sauve le film. L'exécution spectaculaire d'un homme par le spectre, aussi soudaine qu'impressionnante. Mais, a moins d'être un fan d'effets spéciaux gores, ces quelques minutes ne valent pas la peine de s'infliger tout ça.

lundi 26 mars 2012

Opus I de Walter Ruttmann

Opus I (ou Lichtspiel opus I) est un film d'animation expérimental allemand réalisé en 1921 par Walter Ruttmann.



De nos jours, avec internet, le cinéma expérimental, jadis réservé à quelques privilégiés, est largement accessible. Bref, plus besoin de se limiter à Un chien andalou de Luis Buñuel et Salvador Dalí ou à Entr'acte de René Clair.

Walter Ruttmann est un artiste allemand né en 1887. Peintre abstrait, il est responsable de plusieurs films expérimentaux. Ainsi, il est souvent cité comme le pionnier du cinéma abstrait (qu'il appelait cinéma absolu).

Réalisé en 1921, son tout premier film, judicieusement nommé Opus I, dure 13 minutes et est considéré comme le premier film abstrait. Conçu pour accompagner la musique de Max Butting, qui était jouée directement par Ruttmann au violoncelle lors de la projection, il est constitué de divers motifs plus ou moins géométriques qui évoluent de façon dynamique, préfigurant ainsi les accompagnements visuels algorithmiques qu'on trouve de nos jours avec la plus part des logiciels de lecture sonore.

Techniquement, Opus I est réalisé avec une méthode novatrice : en employant de la cire et une machine capable de la découper en fines taches, Ruttmann remplace le temps par le parcours selon l'axe Z de ses formes, réalisant ainsi des tomographies animée. Une méthode reprise peu après par Oskar Fischinger, qui expérimenta sur la cire et l'argile dès 1921, mais également par Jean Painlevé, en 1937, qui l'appliqua sur des objets réels (notamment une orange).

Ce n'est donc pas par hasard que Opus I évoque le cinéma d'animation de Fischinger, Fischinger qui fut lui-même une des sources d'inspiration de Walt Disney sur Fantasia. Pour la petite anecdote, Fischinger et Ruttmann se seraient d'ailleurs rencontré lors de la première d'Opus I à Berlin.

Plus tard, en 1927, Ruttmann atteignit la célébrité avec Berlin, symphonie d'une grande ville, la première symphonie urbaine, qui constitue encore aujourd'hui un modèle de montage et de rythme.

samedi 24 mars 2012

John Carter d'Andrew Stanton

John Carter est un film américain réalisé par Andrew Stanton en 2012. Il est interprété par Taylor Kitsch, Lynn Collins, Samantha Morton, Mark Strong, Ciarán Hinds, Dominic West, James Purefoy et Willem Dafoe.



Andrew Stanton est le réalisateur de génie derrière WALL-E et Le Monde de Nemo. Ici, il se retrouve à la tête de la dernière superproduction Disney. Cela donne résultat très critiqué, mais aussi un film pour lequel j'éprouve une grande affection.

La véritable intrigue commence en 1868, dans ce qui semble être un western : John Carter est un officier sudiste pendant la guerre de Sécession. Devenu un chercheur d'or et étant à deux doigt de découvrir une mine légendaire, il s'empêtre dans les pires ennuis et se retrouve rapidement pourchassé simultanément par la cavalerie et par des amérindiens. Cela l'oblige à se réfugier dans une grotte où il tombe nez à nez avec un Thern capable de voyager dans l'espace à l'aide d'un médaillon...

De sa grotte, John Carter est transporté sur la planète Barsoom (Mars). Là-bas, c'est la guerre, et une princesse en danger n'attend que d'être sauvé.

Adapté d'Une princesse de Mars de Edgar Rice Burroughs, romancier américain connu pour Tarzan, John Carter est un film d'aventure tout ce qu'il y a de plus classique. Avec son rythme soutenu, ses décors grandioses et insolites, ses personnages attachants et ses enjeux démesurés, il représente la quintessence même du pulp. C'est de l'aventure comme on n'en fait plus, avec une belle princesse devant épouser un tyran pour le bien de son peuple, une guerre planétaire, de l'archéologie, des singes blancs titanesque, des bateaux qui volent et des méchants très méchants.

En fait, John Carter est une succession décomplexée et interrompue de moments de bravoure soigneusement dédramatisés (on est pas là pour faire peur). Comme dans La Momie de Stephen Sommers, le spectacle est permanent et chaque scène est l'occasion de découvrir un défi supplémentaire, un nouvel adversaire ou une somptueux décors. Il y a 250 millions de dollars à l'écran, et ça se voit. Ajoutez à cela un humour intelligent et un héros attachant dont la personnalité est plus fine qu'il n'y parait au premier abord et vous trouvez un agréable blockbuster qui remplit parfaitement son contrat.

Ne vous attendez cependant pas à l'intensité d'un Indiana Jones où à une pseudo-réflexion écologique à la Avatar. John Carter est avant tout distrayant. Il se rapproche ainsi de Prince of Persia, dont il s'inspire d'ailleurs beaucoup d'un point de vue stylistique.

C'est peut-être ce absence d'ambitions, en dehors de l'Aventure avec un grand A, qui justifie l'échec commercial actuel du film d'Andrew Stanton... Du coup il n'y aura pas de suites. Dommage : le Cycle de Mars de Burroughs est pourtant constitué de 11 romans.

jeudi 22 mars 2012

La dame en noir de James Watkins

La dame en noir (The Woman in Black) est un film d'horreur britannico-canado-suédois réalisé par James Watkins et sorti en 2012. Il est interprété par Daniel Radcliffe, Ciarán Hinds, Janet McTeer et Sophie Stuckey.



Vous trouverez difficilement représentant plus calibré du film de fantôme que La dame en noir : un notaire, ce qui rappelle le Jonathan Harker de Dracula, est mandaté pour mettre en ordre la paperasse d'une vielle femme, tout juste décédée, qui abandonne derrière elle un somptueux manoir. Ce dernier, comme le Mont-Saint-Michel, n'est accessible qu'à marée basse, et ne peut être atteint qu'à travers une route traitresse où jadis un enfant trouva la mort, noyé.

Une fois sur place, note héros (incarné par Daniel Radcliffe) se heurtera aux superstitions de la population, avant de constater lui-même qu'une mystérieuse présence, la fameuse dame en noir du titre, semble hanter le manoir et déchainer sa fureur sur n'innocentes victimes.

Très travaillé, La dame en noir déroule son intrigue d'une façon si parfaitement huilée et fluide qu'il a une saveur étrangement artificielle. Les scènes de frayeur sont nombreuses, jouant sur les ombres, les reflets, le hors-champ et les accessoires (tous ces singes empaillés, ces boites à musiques et ces poupées sont fort effrayants). Elles se succèdent a un bon rythme, ne laissant que peu de répit au spectateur, mais suscitant aussi une impression de déjà-vu chez les habitués du genre.

En dehors de sa séquence d'ouverture, proprement glaçante et abrupte, et de sa fin, inéluctable, La dame en noir manque un peu de substance. Son spectre vengeur et aveugle, qui exécute tous les enfants qui passent à sa portée, rappelle les fantômes asiatiques de ces deux dernières décennies, même si le cadre est résolument européen. Reste la remarquable esthétique de l'ensemble, qui ramène à la période glorieuse de la Hammer, où l'horreur britannique dominait le monde. Saluons aussi la solide interprétation de Daniel Radcliffe, incarnant brillamment un Arthur Kipps veuf et dépressif qui lutte avec l'énergie du désespoir contre une force qui le dépasse.

Au final, nous avons un résultat imparfait, car trop travaillé, mais qui vaut largement le détour ne serait-ce que pour célébrer le retour du plus mythique des studios du cinéma fantastique (la Hammer).

mardi 20 mars 2012

909 Experiment de Wayne A. Smith

909 Experiment est un film d'horreur réalisé par Wayne A. Smith en 2000. Il est écrit, produit, filmé et interprété par le même Wayne A. Smith. Au casting, on trouve aussi Denise Devlin, actrice principale, mais également coproductrice.



Jamie et Alex (leur nom de famille est *BIP*) partent en 1999 à *BIP*, près du lac Arrowhead. L'objectif de leur voyage est de passer quelque jours dans un somptueux chalet pour documenter toute trace d'activité paranormale. Comprenez par là qu'ils vont disposer d'un caméscope avec le quel il s'amuseront en buvant du *BIP* pour passer le temps.

S'il y a plus de bips dans ce résumé que dans un épisode de South Park, c'est normal. Afin de renforcer l'authenticité de ce found footage, nous avons le droit à ce son strident qui couvent chaque nom et chaque adresse. De même, d'infects carrés noirs se déplacent à l'écran, masquant l'identité des protagonistes, mais aussi leur marque de shampoing et le logo de leur soda.

A part ça, 909 Experiment est un film facile à décrire : il ressemble incroyablement à Paranormal Activity (l'expression paranormal activity est d'ailleurs répétée quatre ou cinq fois dans le film). On retrouve la même alternance entre des caméras fixes en noir et blanc et un caméscope couleur mobile. Le même abus de plans longs et creux sur une homme et une femme immobiles, allongés dans un lit. Le même goût pour les lustres qui se balancent et le portes qui s'ouvrent toutes seules. Les même cadrages catastrophiques. Le même couple américain moyen. La même dimension triviale et anodine dans ces interminables discussions introduites seulement pour meubler et, bien entendu, le même argument : tout ça est vrai, juré, promis, craché !

Comme dans Paranormal Activity, c'est l'acteur principal qui sert de cadreur et de caméraman. Mais ici il est aussi producteur, scénariste et réalisateur (du coup, on rejoint le travail de Jason Gerbay sur Abnormal Activity).

Seulement, malgré un scénario très similaire, le même thème et un usage quasi-identique des caméras, 909 Experiment n'est pas une copie de Paranormal Activity. Réalisé en 2000, le film de Wayne A. Smith est au contraire le modèle ayant servi à Paranormal Activity, presque dix ans avant. Du coup, j'ai maintenant la preuve que Oren Peli n'a pas copié Daniel Myrick et Eduardo Sánchez, les créateurs de Blair Witch, en ajoutant quelques idées, mais s'est contenté de plagier de la façons la plus primaire qui soit.

Personnellement, je ne comprends pas pourquoi 909 Experiment est si peu connu. Introuvable sur Amazon ou même sur eBay, il n'existe ni sur IMDB, ni sur Wikipédia. En fait, il n'a jamais été distribué... Actuellement, seule une copie pirate circule sur internet. Pourtant, en tant que honorable ancêtre d'un genre aujourd'hui saturé, cette petite production mérite d'être découverte.

dimanche 18 mars 2012

Lake Mungo de Joel Anderson

Lake Mungo est un film australien réalisé par Joel Anderson en 2008. Il est interprété par Talia Zucker, Rosie Traynor, David Pledger, Martin Sharpe, Steve Jodrell, Tamara Donnellan et Scott Terrill .



Dans la grande famille des documenteurs (faux-documentaires) remplis de found footages, voilà le cousin australien. Sorti en 2008, donc un an avec Paranormal Activity, Lake Mungo ne ressemble que superficiellement à tous ces films identiques dont le marché est maintenant saturé (Paranormal Entity, Paranoid Activity 2, et ainsi de suite).

Lake Mungo est présenté comme une succession d'interviews (tournés en 2008) émaillée de quelques documents produits au moment des faits, en 2005 (vidéos amateurs, photographies, enregistrements de sessions avec un médium). Tout commence avec la noyade d'une adolescente de 16 ans, Alice. La famille est sous le choc et tente de faire son deuil, mais plusieurs indices laissent supposer qu'Alice serait encore vivante et roderait autour de leur maison.

Dans la pratique le scénario est joliment ficelé. S'éloignant rapidement de l'histoire de fantôme, il montre le désarroi d'une famille face à la mort et donne un vrai sens à des réactions irrationnelles. Avec un premier twist, assez prévisible mais intelligent, puis un final plein de sous-entendus, il parvient à ne jamais être vraiment ennuyeux.

Si on veut faire un reproche à Lake Mungo, ça serait qu'il n'est pas fait pour effrayer. Tout au plus transmet-il un certain désespoir, légitime, face à une situation banalement tragique. Sa mise en scène télévisuelle et volontairement peu dynamique participe à cette impression d'enlisement. Mais c'est en fait ce qui fait sa force et son originalité.

vendredi 16 mars 2012

Abnormal Activity de Jason Gerbay

Abnormal Activity est un film américain réalisé par Jason Gerbay en 2010. Il est interprété par Lexy Lexington et Jason Gerbay, ainsi que par quelques autres acteurs qui ne font que passer (Dennis Cage, Emily Durkheim, Kody Swensen et Zach Swensen).



Un couple oisif et doté d'une caméra constate des activités anormales dans leur logis et décident de tout filmer, n'importe comment. Juste pour nous infliger une sorte de séance diapo qui donne la nausée. Ce n'est pas gentil !

Avec son titre, Abnormal Activity pourrait passer pour un clone de Paranormal Activity. En fait c'est censé en être une parodie. Sauf qu'une parodie doit faire rire, et qu'il est impossible d'esquisser un sourire devant ça. Ou alors il faut fermer les yeux, se boucher les oreille et se raconter des blagues dans la tête.

Techniquement, il est impossible de parodier la vacuité sans sombrer dans le néant. Du coup, il ne se passe rien dans Abnormal Activity ! Il n'y a pas de gags, pas de scénario, pas de cadrages, pas d'ambiance, pas de vrais dialogues et pas d'idées. C'est l'ensemble vide, la limite de la fonction polynomiale x42 quand x tend vers 0. C'est le found footage qu'il ne fallait surtout pas trouver.

Si vous tenez jusqu'au bout, le générique final explique tout : Jason Gerbay est à la fois l'acteur principale, le scénariste, le producteur, le monteur, le réalisateur, le compositeur et le caméraman (7 responsabilités différentes, je crois que c'est un record). Il a certainement improvisé ça en une journée, voir en un après-midi. Le miracle, c'est qu'il soit parvenu à le vendre !

Abnormal Activity est presque une expérience astrophysique ! Comme il ne contient pas de matière ou d'énergie, il existe indépendamment de tout temps (un peu comme l'univers avant le Big Bang). En conséquence, il semble durer une éternité (j'ai tellement regardé ma montre pendant la projection qu'elle a cessé de fonctionner). Quand le twist final débarque, prévisible et pas drôle, on ne sait même plus plus pourquoi on est là, ni même pourquoi on existe...

Du coup, maintenant, en comparaison, Paranormal Entity et un chef-d'œuvre. Même The Room de Tommy Wiseau est préférable à cette chose !

mercredi 14 mars 2012

Board James de James Rolfe

Board James est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par James Rolfe. Elle est diffusée sur internet depuis 2009 et compte à ce jour 17 épisodes. Si vous parlez anglais, c'est sur Cinemassacre que ça se passe.



Même s'il est principalement connu pour son Angry Video Game Nerd, James Rolfe est également un amateur de jeux de sociétés. Mais il ne s'intéresse pas aux gros jeux, complexes et savants, qu'apprécient en général les habitués de BoardGameGeek. C'est du côté des jeux funs, simples et puérils de notre enfance qu'il tourne son regard.

Oubliez Agricola de Uwe Rosenberg, Caylus de William Attia et Senji de Bruno Cathala et Serge Laget. Oubliez les cubes de bois, les tours décomposés en plusieurs phases et la nécessité d'établir une stratégie ou même d'utiliser son cerveau. Retrouvez votre âme d'enfant avec la toupie de Tornado Rex, le piège abracadabrantesque de Mouse Trap ou les acrobaties aériennes de Looping Louis.

Les épisodes sont tous consacrés à un jeu unique. Il est analysé d'un point de vue nostalgique, quoique assez agressif, à travers un discours introductif suivi d'une fausse partie, très mise en scène, où James Rolfe affronte Mike Matei (qui triche de manière éhontée). Le tout est parfois illustré avec des publicités des années 80 pour le titre, ou avec des extraits du spectacle concerné en cas de jeu à licence (par exemple pour les Teenage Mutant Ninja Turtles).

Au final, Board James est une émission rigolote, qui change agréablement du torrent d'insultes de l'Angry Video Game Nerd et qui fera ressurgir de votre cœur des souvenirs ludiques très anciens.

lundi 12 mars 2012

The Angry Video Game Nerd de James Rolfe

The Angry Video Game Nerd est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par James Rolfe. Elle est diffusée sur internet depuis 2006 et compte à ce jour 106 épisodes. Si vous parlez anglais, c'est sur Cinemassacre que ça se passe.



Il n'y a pas que les films qui peuvent être de véritables nanars : les jeux vidéos également savent parfois être ratés à un point qui dépasse notre malheureux entendement de mortel. C'est à ces titres pitoyables que s'intéresse James Rolfe dans The Angry Video Game Nerd, à travers une série de critiques caustique et vulgaires.

Initialement intitulée Bad NES Games, puis The Angry Nintendo Nerd, l'émission de James Rolfe était originellement consacrée aux jeux sur Nintendo Entertainment System (NES) et sur Super Nintendo (SNES). Par la suite elle se généralisa aux mauvais jeux console en général, mais toujours anciens (jamais au-delà de la Nintendo 64).

Le Nerd, le personnage centrale de l'émission, se caractérise par un langage particulièrement ordurier, par une violence extraordinaire et par un manque total de zen (presque toutes ses critiques se terminent par une explosion de colère). Même s'il met toujours un point d'honneur à terminer les jeux qu'il analyse, il finit souvent par détruire la cartouche ou le CD incriminé (avec une grande créativité).

Découvrez sans tarder des étrons vidéo-ludiques comme Super 3D Noah's Ark, Spiritual Warfare, Bible Buffet, Zelda: The Wand of Gamelon et Link: The Faces of Evil, sans oublier les polémiques et graveleux Custer's Revenge, Beat 'Em & Eat 'Em et Philly Flasher. C'est gratuit et, au passage, vous enrichirez considérablement votre stock d'insultes dans la langue de Shakespeare.

samedi 10 mars 2012

Obscurus Lupa Presents d'Allison Pregler

Obscurus Lupa Presents est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Allison Pregler. Diffusée depuis 2010 sur That Guy With The Glasses, elle compte à ce jour 78 épisodes.



Obscurus Lupa (incarnée par Allison Pregler) est une jeune femme qui s'intéresse aux vrais nanars, ceux qui, du haut de leurs budgets anémiques, font rire tant ils sont ratés (elle ne traite que des séries Z et des direct to video). Alors que le Nostalgia Critic s'énerve sur les films qu'il regarde et que Phelous déprime, Lupa déborde toujours d'un enthousiasme étonnant. Il faut dire qu'il est impossible de garder son sérieux devant The Texas Chainsaw Massacre 3, Fatal Deviation, Birdemic: Shock and Terror ou Shark Attack 3.

L'humour d'Obscurus Lupa n'est que très rarement basé sur le sarcasme. En fait, les films analysés sont si pathétiques qu'ils sont drôles en absolu, sans qu'il y ait besoin de souligner quoi que ce soit. Lupa se contente donc de rire avec le spectateur, limitant ses interventions au strict minimum. Comme Brad Jones dans The Cinema Snob, elle recourt également à un étalage opulent de culture cinéphile (orienté vers les séries Z, bien entendu).

Suivant la tradition instaurée par Doug Walker, les critiques sont linéaires et contiennent énormément d'extraits vidéos, ce qui peut donc vous gâcher le plaisir si vous n'avez pas encore vu le film, mais qui peut également vous convaincre de partir à sa recherche (et il y a des perles presque introuvables dans sa liste). Attendez-vous donc à faire chauffer votre moteur de recherche pour tenter de localiser Robo Vampire, Razor Sharpe ou Julie and Jack (le premier film de James Nguyen).

Au final, par son thème et son approche Obscurus Lupa Presents devrait plaire aux lecteurs de Nanarland. Le français cédant sa place à l'anglais et le texte à la vidéo.

jeudi 8 mars 2012

Phelous de Phelan Porteous

Phelous est le nom d'une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Phelan Porteous. Diffusée sur internet depuis 2008, elle compte à ce jour 137 épisodes.



J'ai déjà parlé du site web That Guy With The Glasses où Doug Walker, sous l'identité du Nostalgia Critic, se déchaine sur des mauvais films, avec énormément d'humour et de répartie. Après avoir créé une chaine Youtube, Doug se réfugia en 2008 sur son propre site web où il fut rapidement rejoint par d'autres comédiens qui partagent maintenant son domaine.

Même si Doug Walker demeure le clou du spectacle, tant par son sens de l'humour que par son professionnalisme, beaucoup d'autres critiques méritent le détour. Parmi eux, notons en particulier Phelous, spécialisée dans les films d'horreurs, avec un petit penchant pour les slashers américains ratés.

Fan de Mortal Kombat, des Tortues ninja et de Doctor Who, il parsème ses sketches de nombreuses références à ces trois œuvres. Son personnage est continuellement consterné et énervé par les navets qu'il s'inflige, avec un sens du sarcasme particulièrement développé (même s'il n'atteint pas le niveau d'acidité et de cynisme de Brad Jones).

Généralement, Phelous semble détester son travail, haïr les films qu'il regarde et mépriser les personnages mis en scène. Mais surtout, il semble incroyablement pressé d'expédier ses analyse et commence beaucoup d'épisode par un tentative maladroite d'éviter la besogne. Pour commencer, ses critiques de Hostel 3 et de Five Across the Eyes sont très représentatives de son style.

Grand amateur de caméo, Phelous fait souvent apparaitre ses confrères (Cinema Snob, Obscurus Lupa ou encore Film Brain). Pendant les premiers épisodes, un tradition voulait qu'il décède à la fin de chacun de ses sketches, quand il n'était pas bloqué dans une boucle temporelle (pour Triangle et Open Graves, ce qui est très indiqué).

Le seule reproche qu'on puisse faire à Phelous est sa mauvaise foi évidente. Certes, elle fait partie intégrante du spectacle et est réjouissante quand on partage sa haine pour le film visé (vas-y, crache sur Hostel), mais elle est vraiment énervante quand on est en désaccord avec lui. Comment peut-on critiquer aussi sauvagement Funny Games ?

Bref, si vous avez un bon sens du second degrés et que vous êtres consternés par une certaine production horrifique insipide, vous aimerez Phelous. Sinon, restez-en au Nostalgia Critic.

mardi 6 mars 2012

Atop the Fourth Wall de Lewis Lovhaug

Atop the Fourth Wall est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Lewis Lovhaug depuis 2008. Elle compte à ce jour 176 épisodes de durée très variable. Atop the Fourth Wall est diffusé gratuitement sur That Guy With The Glasses, mais également sur le site web de Linkara (atopfourthwall.blogspot.com).



Dans Atop the Fourth Wall, Linkara, un geek à lunettes, fan de Star Trek et amateur de bande dessiné (interprété par Lewis Lovhaug) décortique méthodiquement les plus mauvais comics (même s'il s'autorise de temps en temps quelques vacances avec de classiques).

Linkara n'hésite pas à parler pendant plusieurs minutes d'une unique vignette, ce qui pourrait être lassant si son sens de l'humour et de l'auto-dérision n'était pas aussi développé. Ainsi, même si ses critiques sont pointues, il joue souvent avec le second degrés, parfaitement conscient que son travail est celui d'un coupeur de cheveux en quatre. Moins acide que Brad Jones (Cinema Snob), il est parfois sarcastique (comme l'illustre son "Because poor literacy is KeWl", phrase qui fait usage de running gag)

On lui doit ainsi des analyses poussées de Superman Meets the Quik Bunny (le lapin sur les boites de Nesquik, depuis la disparition tragique de Grosquick, jamais élucidée par la police, soit dit au passage), de Godzilla vs Barkley (Barkley est un joueur de basket, et si vous ne savez pas qui est Godzilla alors je pense que vous vous êtes égarés) ou de la bande dessinée Lady Gaga (qui n'est pas vraiment consacrée à Lady Gaga mais à un fan obsessionnel et détraqué).

Donc si vous vous intéressez un peu aux comics et que vous appréciez l'esprit That Guy With The Glasses, essayez Linkara.

dimanche 4 mars 2012

The Bruno Mattei Show de Brad Jones

The Bruno Mattei Show est une émission en ligne réalisée et interprétée par Brad Jones depuis 2010. Elle compte à ce jour 17 épisodes. Comme les autres émissions de Brad Jones, elles est disponible sur That Guy With The Glasses, mais également sur thecinemasnob.com.



The Bruno Mattei Show est constitué de débats mondains sur l'œuvre de Bruno Mattei, un réalisateur italien adulé par les amateurs de nanars. Du moins par ceux qui sont à la fois assez cultivés pour savoir que le cinéma ne se résume pas à Hollywood et pourtant suffisament dérangés pour supporter son érotisme de pacotille, son manque total de goût et son penchant pour l'exploitation la crue et cynique de divers sujets (exactions nazies, prisons pour femme et tribus de cannibales en Amazonie, par exemple)

Improvisé avec des amis, naturel et tourné en noir et blanc dans un bar-restaurant, The Bruno Mattei Show a un côté arty et snob qui contraste avec les films analysés. Les discussions ne sont pas vraiment préparées et le cadre est volontairement informel, mais bien que ce soit moins humoristique et dense que le Cinema Snob, cela reste instructif.

Hell of the Living Dead, Mondo Erotico, Rats: Night of Terror, Caligula Reincarnated As Nero et Women's Prison Massacre font ainsi l'objet de discussions enflammées entre Brian Lewis Sarah, Lewis et Brad jones.

Assurément la plus élitiste des émissions de Brad Jones, The Bruno Mattei Show est à réserver aux lecteurs les plus assidues de Nanarland. Les autres commenceront avec Nostalgia Critic ou Phelous.

vendredi 2 mars 2012

DVD-R Hell de Brad Jones

DVD-R Hell est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Brad Jones depuis 2011. Elle compte à ce jour 6 épisodes. Comme les autres émissions de Brad Jones, elles est disponible sur That Guy With The Glasses, mais également sur thecinemasnob.com.



Connu pour The Cinema Snob, Brad Jones est aussi l'auteur et l'acteur principal d'un honnête thriller intitulé Paranoia. Mais sa carrière ne se limite pas à ces deux œuvres. Il anime également d'autres émissions en lignes (The Bruno Mattei Show et The Big Box).

Parmi ces émission, il y a en particulier : DVD-R Hell qui s'intéresse à des œuvres tellement peu connues qu'elles n'ont jamais fait l'objet d'une édition officielle. Ces films qu'on peut tout juste trouver sur le marché pirate sous formes de beaux DVD-R contrefaits, généralement dotés de jaquettes hideuses.

Vous découvrirez ainsi le pilote de Heil Honey, I'm Home, un sitcom familial produit en 1990 et mettent en scène la vie quotidienne du couple formé par Hitler et Eva Braun. Comme Homer Simpson, Hitler déteste son voisin (qui est, comble de l'ironie, un juif, c'est dire si l'humour ce cette série vole haut).

Dans un autre épisode, c'est le pilote de Poochinski qui est analysé. Tourné par Will Mackenzie en 1990, cette série TV (avec Peter Boyle en vedette) devait mettre en scène un détective réincarné en bulldog. Et quand on voit le résultat, on sait pourquoi ça n'est jamais rentré en production.

Mais DVD-R Hell, c'est aussi l'occasion de découvrir Rock: It's Your Decision, un film éducatif réalisé en 1982 par John Taylor et dénonçant le terrible danger du rock (la damnation éternelle n'est pas loin). Le point fort de ce moyen métrage étant de prouver l'exact contraire de son propos...

Pour conclure, DVD-R Hell, c'est du streaming, c'est amusant et c'est gratuit. Donc profitez-en sans complexes !

mercredi 29 février 2012

The Cinema Snob de Brad Jones

The Cinema Snob est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Brad Jones depuis 2007. A partir de 2010, Brad Jones rejoint That Guy With The Glasses, mais il dispose toujours de son propre site web (thecinemasnob.com). A l'heure actuelle, l'émission compte 143 épisodes (dont 124 sont disponibles sur TGWTG).



L'idée de The Cinema Snob est inspirée d'un épisode de l'émission Siskel and Ebert diffusé en 1984. Roger Ebert y analysait en profondeur un simple slasher sans saveur (Friday the 13th: The Final Chapter), le tout avec un surprenant sens du détail. Dans The Cinema Snob, Brad Jones incarne donc un critique de cinéma hautain et pédant qui sur-analyse des mauvais films.

Vu de loin, cela peut ressembler au travail de Doug Walker (également inspiré de Siskel and Ebert), mais le répertoire n'est pas du tout le même. Brad Jones s'intéresse à ce qui se fait de plus underground. Comprenez qu'il décortique des films d'Umberto Lenzi plan par plan et qu'il est incollable sur la nazixploitation et sur les clones de Cannibal Holocaust.

A l'écran, le personnage interprété par Brad Jones est d'un snobisme extrême. Il commente chaque plan avec sérieux mais surtout avec une abondance risible de références obscures qui contrastent avec la médiocrité des films qu'il s'inflige. Il est cynique et tellement sarcastique qu'il tient souvent du pervers sadique. Devant la plus célèbre scène du pathétique Anthropophagous, il vous expliquera par exemple que c'est une faute de goût de manger un fétus humain sans ketchup (et illustrera son propos)...

Très puritain, le Cinema Snob utilise énormément de grosses boites noires pour cacher tout ce qui pourrait choquer la décence, mais ne fait jamais rien pour masquer la violence carde et malfoutue des films qu'il analyse. Cela donne parfois un résultat étrange, surtout quand il consacre un épisode à The Gestapo's Last Orgy ou a un clone érotique du film E.T. (oui, ça existe, en fait il y en a même plusieurs).

Au final, on obtient un résultat très grinçant, qui n'amusera que les amateurs les plus détraqués d'humour noir et de séries Z d'exploitation

lundi 27 février 2012

Ask That Guy with the Glasses de Doug Walker

Ask That Guy with the Glasses est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Doug Walker depuis 2008. A l'heure actuelle, elle compte 67 épisodes (mais seulement deux décors, qui sont d'ailleurs factices, puisque le tout est tourné sur fond bleu).



Doug Walker n'est pas seulement le créateur des 5 Second Movies et de The Nostalgia Critic. On lui doit aussi Ask That Guy with the Glasses, un one-man-show étrange et inclassable dans lequel il répond à des questions posées par un voix off. Comme toutes les œuvres de Walker, cette émission est disponible en ligne sur le site That Guy With The Glasses, accompagnée d'autres trésors.

Ask That Guy with the Glasses semble être au départ une sorte de courrier des lecteurs... Du moins en théorie, car le personnage incarné par Doug Walker, ici, un aristocrate pervers, répond d'une façon extrêmement raffinée et sadique à des questions complètement surréalistes. Excentrique fumant la pipe et déblatérant flegmatiquement depuis son salon, ce Guy with the Glasses fait preuve d'une imagination tordue, d'un égocentrisme démesuré et d'un total mépris de la morale et de la bienséance.

Il faut dires que les questions sélectionnées sont déjà très particulières : Who would win in a fight, Ash from Pokémon or Ash from Evil Dead?, What would happen if you got 666 on a slot machine?, Will you marry me? ou encore If Barbie is so popular, then why do you have to buy her friends?.

Ask That Guy with the Glasses confirme sans ambiguïté le véritable talent comique de Doug Walker... Les amateurs d'humour noir grinçant apprécierons ces petits exercices de théâtre.

samedi 25 février 2012

The Nostalgia Critic de Doug Walker

The Nostalgia Critic est une émission en ligne écrite, réalisée et interprétée par Doug Walker depuis 2007. A l'heure actuelle, elle compte 193 épisodes (et 42 épisodes hors-série).



Dans les cinéphiles déviants, on compte une famille assez particulière de clients : les amateurs de nanars. Représentés par Nanarland en France, ils font l'objet de divers cultes. Regardez les débats sur Manos: The Hands of Fate ou Plan 9 from Outer Space et vous verrez qu'internet est un drôle d'endroit où l'on se bat pour savoir si Uwe Boll est plus mauvais qu'Ed Wood .

Pour les anglophones, il existe un site web consacré aux critique de ces films, mais contenant également des centaines d'autres pépites : That Guy With The Glasses. C'est un vrai paradis, sur lequel vous perdrez aisément des dizaines d'heures.

Dessus vous découvrirez les vidéo de The Nostalgia Critic, un personnage charismatique interprété par Doug Walker qui se déchaine sur les mauvais films des années 80 et 90. Très inspiré du duo formé par Siskel et Ebert, une référence pour les cinéphiles, Doug les cites souvent (notamment dans son épisode consacré à North).

En vrac vous trouverez des critiques de Cool as Ice, de The Next Karate Kid, de Batman and Robin et de Jack Frost, mais également des épisodes inclassables comme une série de Top 11 (référence ouverte à Spın̈al Tap). Il ne s'agit pas de n'importe quels tops 11, puisque nous avons le Top 11 Drug PSAs ou le Top 11 Cereal Mascots.

Une autre série d'épisodes, plus sérieuse, est consacrée à des duels entre des films et leurs remakes (Old Vs. New: True Grit ou Old Vs New: Willy Wonka). Enfin, il y a des épisodes complètement hors-série, comme cette fameuse bataille qui l'opposa à l'Angry Video Game Nerd (The Battle of Epic Proportions et AVGN Vs. NC Final Battle).

Instigateur de That Guy With The Glasses (au départ une simple chaine Youtube), Doug Walker a rapidement été rejoint par une multitude de critiques qui partagent tous son site web ainsi que son goût pour la dérision. Eux aussi méritent d'êtres découverts, même si Walker demeure la star incontesté de son site web.

jeudi 23 février 2012

Grave Encounters des Vicious Brothers

Grave Encounters est un film d'horreur canadien réalisé par les Vicious Brothers en 2011. Il est interprété par Sean Rogerson, Juan Riedinger, Ashleigh Gryzko, Mackenzie Gray, Merwin Mondesir et Ben Wilkinson.



Après vous avoir parlé de Paranormal Activity, de Paranormal Activity 2, de Paranormal Activity: Tokyo Night, de Paranormal Activity 3, de Paranormal Entity, de Paranormal Entity 2, de Paranormal Entity 3, de Paranoid Activity 2 et de Phénomènes paranormaux, il était indispensable de vous parler de Grave Encounters (d'ailleurs nommé Fenomeni paranormali en Italie). Bien entendu, cela ne me permettra pas d'atteindre l'exhaustivité tant le genre du found footage est saturé de productions identiques en ce moment, mais Grave Encounters a quelques éléments novateurs, ce qui explique pourquoi il fut pillé par la suite par Episode 50 (même scénario, même narration, mais beaucoup moins bon).

Une équipe de télévision spécialisée dans le paranormal, se rend dans l'hôpital psychiatrique de Collingwood, laissé à l'abandon, pour essayer de comprendre les phénomènes étranges qui sont sensé s'y produire depuis plusieurs années. Mais les choses vont rapidement déraper, et ce sixième épisode de Grave Encounters sera leur dernier...

Dans les grandes lignes, Grave Encounters est un mélange du Noroi de Kôji Shiraishi pour le côté documentaire sur le paranormal qui tourne mal (ou The Blair Witch Project si vous voulez rester classique) et du Kansen de Masayuki Ochiai pour l'hôpital hanté (ça marche aussi avec L'Hôpital et ses fantômes de Lars von Trier ou Stephen King's Kingdom Hospital).

Il faut d'abord souligner que, pour la première fois depuis une éternité, les personnages ont une réaction assez logique : ayant compris qu'il y a vraiment des fantômes et qu'ils ne peuvent pas sortir, ils se mettent tous ensembles dans une pièces éclairée par des projecteurs et attendent le matin. Hélas, ça ne fonctionne pas (dilatation du temps : la nuit se prolonge à l'infini).

Même s'il manque de scénario, Grave Encounters fait peur. Accumulant les scènes simples (portes qui claquent, jump scares et ombres difformes), il finit par avoir le spectateur à l'usure. Les Vicious Brothers maitrisent particulièrement bien leurs éclairages et leur mise en scène, faisant progressivement monter la tension alors que la nuit s'éternise. Pendant les dernières minutes, on partage la panique, la folie, l'épuisement et la paranoïa des personnages...

En plus de son usage très intelligent des timecodes des caméras pour illustrer une certaine dislocation des repères temporels, Grave Encounters joue remarquablement avec la dislocation spatiale : l'hôpital s'étend et se déforme, à la façon du manoir de Rose Red. Cela aboutit même à un couloir infini qui rappellera aux joueurs de Silent Hill: The Room certains de leurs pires cauchemars.

Au final, Grave Encounters est un film élémentaire mais vraiment anxiogène si on arrive à s'immerger dedans.

mardi 21 février 2012

Paranoid Activity 2 de Kevin Clark et Manzie Jones

Paranoid Activity 2 est un film d'horreur américain réalisé par Kevin Clark et Manzie Jones en 2011. Il est interprété par Natasha Blasick, Andrew Bassano Brewer, Braxton Davis, Manzie Jones et Jenny Sommerfeld.



En plus d'être réalisateur et acteur principale (le rôle de Jonzi), Manzie Jones est scénariste, producteur, compositeur et musicien de Paranoid Activity 2. En fait, il ne lui manque que le casting et la direction de la photographie...

Une jeune couple, Jonzi et Vivian, s'installe dans une nouvelle maison. Comme Jonzi possède une grosse caméra, il décide de tourner une sorte de documentaire sur son déménagement, ce qui ne manque pas d'attirer un fantôme, car depuis quelques années ces derniers semblent obsédés par l'idée de se faire filmer par des cinéastes amateurs. Cela tombe bien, puisque c'est justement le genre de couple à payer un médium pour animer leur pendaison de crémaillère.

Amateurs de found footage, voilà le dernier clone en date de Paranormal Activity. D'ailleurs, il s'appelle Paranoid Activity 2 pour induire les gens en erreur et leur faire croire qu'il s'agit d'une suite au plus injustifié des succès du box-office. J'ai la preuve de ce que j'affirme : il n'existe pas de Paranoid Activity 1. Ce qui, réflexion faite, est une bonne nouvelle...

Avez-vous posé des bougies décoratives partout dans votre maison lors de votre dernier déménagement, y compris sur des piles de livres que vous êtres occupé à déballer et à ranger ? D'ailleurs, utilisez-vous ces petites bougies par dizaines, quel que soit l'occasion, la pièce et l'heure ? Enlevez-vous systématiquement toutes les étiquettes de tous vos produits de consommation (coca, jus de fruits) ? Jouez-vous de l'ukulélé dans les ascenseurs ? Non ? Félicitations, vous ne risque pas d'apparaitre dans Paranoid Activity 2. Car ce film réussit l'exploit d'arriver à rendre non-crédibles de banales scènes de la vie quotidienne. Alors que Paranormal Acivity était simplement ennuyeux, ce clone est tellement bancal qu'il en devient presque regardable.

Les protagonistes brillent par leur stupidité. Par exemple, le fantôme de Paranoid Activity 2 a des troubles obsessionnels compulsifs. Toutes les nuits, il se sent obligés d'étaler méthodiquement la vaisselle du couple, en quadrillant le carrelage. Après l'hypothèse de la blague, qui ne rassure que quelques jours nos deux benêts, il faut se faire à l'évidence : ce n'est pas normal. Jonzi tente alors de tendre des ficelles partout dans la cuisine, ce qui ne trouble nullement l'entité dans son rituel... Mais l'idée évidente, celle qui donnerait une preuve à notre sceptique borné, ça serait de laisser sa caméra tourner sur place... Hélas, ça demanderait un système nerveux central.

C'est d'ailleurs dans cette sous-exploitation systématique de la caméra que Paranoid Activity 2 diverge de son ainé. Car, par ailleurs, en dépit de ses TOCs avec la vaisselle, l'entité présentée est tristement banale. Elle produit des bruits étranges, allume la TV, claque les portes et joue avec les ampoules. De plus, quand elle ne fait pas des ombres chinoises, elle dégrade la qualité des enregistrements vidéos, ce qui permet de nous offrir des artefacts qu'on croyait oubliés avec le passage au numérique.

Reste cependant un couple vraiment attachant, qui ne passe pas l'essentiel de son temps à se disputer mais plutôt à fumer des pétards. Et rien que pour ça, Paranoid Activity 2 surpasse presque Paranormal Activity (ainsi que Paranormal Entity). Cela ne veut malheureusement pas dire que c'est un bon film... A moins que vous n'ayez développé un goût déviant pour ce genre de cinéma réalité en carton.

dimanche 19 février 2012

Colour from the Dark de Ivan Zuccon

Colour from the Dark est un film italien réalisé par Ivan Zuccon en 2008. Il est interprété par Debbie Rochon, Michael Segal, Marysia Kay, Gerry Shanahan, Eleanor James, Alessandra Guerzoni et Matteo Tosi.



Colour from the Dark est une adaptation libre de La Couleur tombée du ciel, une nouvelle fantastique de Howard Phillips Lovecraft. C'est la troisième adaptation de cette nouvelle, après Die, Monster, Die! en 1965 et La malédiction céleste en 1987.

Bien que le cadre de la nouvelle d'origine, publiée en 1927, soit la ville d'Arkham, aux États-Unis, l'intrigue est ici transposée en Italie, dans les années 40, pendant la seconde guerre mondiale. Ce qui constitue un choix intéressant.

Nous suivons donc un fermier handicapé, qui vit avec sa femme et sa belle sœur dans une ferme isolée. La guerre ravage le pays, les nazis pourchassent les juifs et tous les hommes valides sont au front. C'est dans ce contexte, oppressant et particulièrement bien exploité, que va s'éveiller quelque-chose de maléfique et d'incompréhensible : une lueur tapie au fond d'un puit.

Nous avons principalement trois protagonistes : Pietro, sa femme Lucia et surtout Alice. Alice, muette et un peu simple d'esprit, qui ouvre le film avec une séquence terrifiante. Attirée par le puit mais trop effrayée pour sortir de sa chambre, la jeune femme brandit sa poupée, comme un totem protecteur... Tout au long d'une interminable scène, elle avance, avec, devant elle, cette horrible créature de chiffon au visage sinistre.

L'utilisation d'une poupée comme éclaireur, les cadrages, la façon abrupte dont la scène est introduite... Tout cela est quasi-parfait, faisant des premières minutes de Colour from the Dark un vrai moment d'angoisse. Par la suite, ça se gâche un peu. Même si le film arrive à avoir une ambiance pesante et de nombreuses scènes qui fonctionnent à un niveau viscéral, il manque de substance. Un peu comme certains films de fantômes japonais, où on est terrorisé l'espace de plusieurs séquences mais où l'absence d'intrigue finit par se retentir.

Le côté lovecraftien de l'histoire, avec une entité cosmique, incompréhensible et complètement "autre", est partiellement désactivé par l'abjection qu'a la chose des croix et de nombreuses similitudes avec un simple cas de possession démoniaque. Heureusement, les acteurs, très convaincants, parviennent à rendre le tout crédible.

Au final, nous avons un résultat imparfait mais satisfaisant. L'histoire s'éloigne beaucoup de Lovecraft et tient mal la durée mais l'ambiance est fantastique pour un simple film italien réalisé avec 100 000 dollars. Ce n'est certes pas du Guillermo del Toro, mais on à des années lumières des slashers sans saveurs que produit le cinéma horrifique low-budget américain.

Bref, surveillez la carrière de Ivan Zuccon, ce jeune homme est prometteur.

vendredi 17 février 2012

Necronomicon de Brian Yuzna, Christophe Gans et Shusuke Kaneko

H.P. Lovecraft's: Necronomicon (ou encore Necronomicon: Book of the Dead) est un film américain réalisé par Brian Yuzna, Christophe Gans et Shusuke Kaneko en 1993. Il est interprété par Bruce Payne, Richard Lynch, Jeffrey Combs, Belinda Bauer, David Warner et Maria Ford.



Outre Dagon et Colour from the Dark, il faut aussi citer Necronomicon dans les bonnes adaptations de Howard Phillips Lovecraft à l'écran. Anthologie horrifique constituée de trois segments (adaptés de trois nouvelles distinctes), le film est inégal mais demeure intéressent de bout en bout. Son principal mérite étant de montrer à quel point l'œuvre de Lovecraft est variée et peut être sujette à de nombreuses interprétations. La perception des trois réalisateurs convoqués pour travailler sur Necronomicon est en effet complètement différente.

Il y a une intrigue globale qui introduit Jeffrey Combs dans le rôle de Howard Phillips Lovecraft. Ce dernier s'introduit par la ruse dans un monastère pour lire le fameux Necronomicon, le livre impie écrit par Abdul Al-Hazred. Par la suite, cette arc narratif est le prétexte pour raconter trois histoires mais sert également d'épilogue.

La première nouvelle adaptée est Les rats dans les murs (The Rats in the Walls en VO), une histoire assez secondaire dans la bibliographie de l'auteur. La réalisation est confiée à Christophe Gans, un geek cinéphile à l'érudition incroyable. Même si la qualité de ses adaptations est sujette à débat, notamment en ce qui concerne leur scénario, c'est un homme capable de préserver avec une grande fidélité l'ambiance du matériau qu'il porte à l'écran (voir son Silent Hill et son Crying Freeman). Ici, il nous sert un segment dont l'esthétique évoque Mario Bava et Lucio Fulci et dont le scénario, simple, directe et linéaire, suscite cependant une tension incroyable.

Shusuke Kaneko, connu pour son adaptation cinématographique de Death Note et sa résurrection de la franchise Gamera, s'occupe du second segment. Son histoire, adaptée de la nouvelle Air froid, est la plus complexe du lot, avec une narration évoluée à base d'allers-retours incessants entre le présent et le passé. Hélas, sa réalisation n'est pas toujours à la hauteur (en revanche, ses effets spéciaux sont impeccables).

Brian Yuzna, connu pour Bride of Re-Animator et Beyond Re-Animator, donc ayant déjà travaillé sur du Lovecraft, signe le dernier segment avec une adaptation de Celui qui chuchotait dans les ténèbres. Sa vision est résolument gore, mais se permet aussi d'introduire d'incroyables décores infernaux. L'histoire parle de tueur en série, l'atmosphère est carde et on termine dans le sang, le grotesque et la démence la plus totale... Une véritable réussite.

Malgré un budget de série B, la présence de trois excellents réalisateurs, alors tous au début de leurs carrières respectives, fait de ce Necronomicon un bon film.

mercredi 15 février 2012

Cthulhu de Daniel Gildark

Cthulhu est un film d'horreur américain réalisé par Daniel Gildark en 2007. Il est interprété par Cara Buono, Jason Cottle, Richard Garfield, Ian Geoghegan, Scott Green, Dennis Kleinsmith et Amy Minderhout.



Publiée en 1936, Le Cauchemar d'Innsmouth (The Shadow Over Innsmouth en VO) est une extraordinaire nouvelle fantastique de Howard Phillips Lovecraft. Elle fut adapté en jeu vidéo dans Call of Cthulhu: Dark Corners of the Earth, mais aussi deux fois au cinéma : d'abord dans Dagon de Stuart Gordon en 2001, puis dans Cthulhu en 2007.

Cette fois, pas de transposition en Espagne, on reste aux États-unis (on passe cependant du Massachusetts au Nord-Ouest Pacifique). Un homme dont la mère vient de mourir rentre à la demande de sa sœur dans son village natal pour régler une histoire de succession. Sur place, il découvre un culte étrange et innommable et un pacte antique qui lie les homme à une race répugnante de créatures anthropomorphiques qui vivent dans les océans.

Plus fidèle à l'esprit lovecraftien que Dagon, qui faisait un peu trop dans le film d'horreur classique, Cthulhu jouit d'une ambiance poisseuse. On sent les complots centenaires et les rituels plus anciens que l'humanité qui se dissimulent dans chaque cave... On renifle l'odeur de la mer, du poisson pourri et des pécheurs disparus à jamais. On entend les prières archaïques des profonds...

Et puis c'est tout. Pas de réel développement à l'intrigue, peu de personnages secondaires et pas d'explications. Juste une conclusion abrupte qui laisse une impression d'inachevé. On sent un immense potentiel inexploité.

Les fans crieront à l'hérésie. D'abord le titre n'est pas pertinent. Ensuite l'intrique s'éloigne énormément de la nouvelle adapté. Enfin on a du sexe alors que Lovecraft n'en parlait jamais (c'est l'auteur le plus prude et le plus complexé ayant existé). Mais comme adapter le Mythe de Cthulhu à l'écran est presque impossible, on ne peut pas en vouloir à Daniel Gildark de se permettre certaines libertés.

Au final, on a une adaptation qui ne retient qu'une facette du génie lovecraftien et qui s'enlise dans un rythme mou et pesant. Cela donne un film a voir pour les fans du Mythe de Cthulhu mais dispensable pour les autres.

lundi 13 février 2012

Dagon de Stuart Gordon

Dagon est un film américain réalisé par Stuart Gordon en 2001. Il est interprété par Ezra Godden, Francisco Rabal, Raquel Merono, Macarena Gómez, Brendan Price, Birgit Bofarull et Uxía Blanco.



Avec Re-Animator, Stuart Gordon est considéré comme un des rares réalisateurs à avoir réussi à faire une bonne adaptation du travail de Howard Phillips Lovecraft. Même si j'aime beaucoup le film Re-Animator, il faut reconnaitre que la nouvelle dont il est adapté, Herbert West, réanimateur, publiée sous forme de feuilleton dans une revue amateur n'est pas très représentative du style de Lovecraft. Simple histoire de morts-vivants avec des scènes particulièrement sanglantes, Herbert West, réanimateur est loin du cosmicisme des autres œuvres de Lovecraft et ne s'inscrit nullement dans le Mythe de Cthulhu.

Tout le monde attendait donc Stuart Gordon au tournant pour son adaptation de Dagon, une autre nouvelle de Lovecraft, publiée en 1917 et extrêmement importante. C'est en effet la première histoire à introduire un des éléments du Mythe de Cthulhu : Dagon lui-même. Mais le film Dagon, en dépit de son nom, est en fait adapté du Cauchemar d'Innsmouth (The Shadow Over Innsmouth en VO). De plus, l'intrigue est transposée de nos jours et délocalisée en Espagne.

Après une tempête aussi brutale qu'inattendue, une bande de jeunes adultes en vacances à bord d'un voilier s'écrase contre des récifs à proximité de Galice, un petit village de pécheurs. Quand ils arrivent sur place pour chercher de l'aide, ils ne trouvent que des maisons vides... Mais d'étranges chants proviennent de l'église.

S'en suit une histoire plutôt palpitante, qui repose sur une ambiance profondément lovecraftienne. Villageois dégénérés aux mains palmées ayant passé des contrats impies avec des créatures oubliée, rituels anciens, dieu abjecte : tous les éléments du mythe sont présents. On s'intéresse au sort des personnages et, à défaut d'avoir vraiment peur, on suit l'intrigue avec attention. C'est bien ficelé, angoissant et remarquablement raconté.

En dépit d'un paquet d'imperfections (du sexe dans une histoire de Lovecraft, mais c'est une hérésie), Dagon fonctionne. Il est d'ailleurs considéré comme une des meilleures adaptations cinématographique du Mythe de Cthulhu. Ce qu'il est certainement.

Cependant, même si le film de Gordon doit être vu, il y a moyen de faire dix fois mieux avec ce matériaux (regardez du côté des jeux vidéo, avec Prisoner of Ice ou Alone in the Dark)... Attendons donc qu'un grand réalisateur s'attelle à cette tache (Les Montagnes hallucinées de Guillermo del Toro, par exemple).

samedi 11 février 2012

Les Cristaux liquides de Jean Painlevé

Les Cristaux liquides (dont le titre complet est en fait Transition de phase dans les cristaux liquides) est un film abstrait français réalisé par Jean Painlevé en 1978.



Très académique et rigoureux, comme à l'accoutumé avec Jean Painlevé, Transition de phase dans les cristaux liquides s'ouvre sur plusieurs slides, expliquant la façon dont certains liquides, observés à travers un microscope polarisant, peuvent cristalliser en une multitude de structures de formes et de couleurs différentes en fonction des conditions physiques appliquées (température, pression).

S'en suivent des images d'une infinie beauté, avec des textures complexes et bariolées évoluant rapidement. La croissance cristalline vue ainsi à une échelle microscopique est un un véritable feux-d'artifice peint aux couleurs de l'arc-en-ciel. Jean Painlevé trouve la quintessence de la beauté dans l'imagerie scientifique, préfigurant ainsi les futurs efforts de Godfrey Reggio sur Naqoyqatsi. On retrouve d'ailleurs l'absence totale de commentaires qui caractérise par la suite la Trilogie des Qatsi.

Ces images sont en fait là pour illustrer la musique de François de Roubaix, connu pour son amour des sonorités nouvelles (c'était un fervent défenseur du synthétiseur). Savante et étrange, le score s'accorde à la perfection avec l'évolution complexe de ces cristaux liquides, évolution chaotiques et pourtant régie par de savantes équations.

Techniquement, le film est toujours d'actualité. De plus, l'utilisation de cristaux liquides s'est même généralisée depuis 1978 avec leur emploi systématique dans des millions d'écrans.

Si vous aimez les kaléidoscopes et la microscopie optique, vous adorerez Les Cristaux liquides. Sinon, du long de ses 7 minutes, ce court-métrage vous permettra de découvrir le talent de François de Roubaix.

jeudi 9 février 2012

La quatrième dimension de Jean Painlevé

Jean Painlevé n'a pas fait que dans le documentaire animalier. En collaboration avec André Sainte-Laguë, un des premiers noms de la théorie des graphes et l'animateur de la section mathématiques du Palais de la découverte, il tourne un court-métrage intitulé La quatrième dimension. Créé en 1937, ce film est justement destiné à être projeté au palais de la découverte... Son générique est donc émaillé de grands noms (notamment Émile Borel et Paul Montel).



D'un point de vue mathématique, La quatrième dimension est brillant. Reprenant quelques analogies de Flatland (écrit en 1884 par Edwin Abbott Abbott), il est très pédagogique dans ses exemples, même s'il perd un temps précieux à expliquer ce que sont des espaces à une, deux et trois dimensions. Dès qu'il s'attaque à la quatrième dimension, il devient remarquable. Oubliez les explications pompeuses et mal maitrisées des émissions TV de vulgarisation où on vous parlera de "dimensions parallèles" (ce qui ne veut rien dire). Ici on va faire dans le mathématique : c'est rigoureux, clair et surtout indéniablement vrai.

Ne vous attendez cependant pas à avoir la classifications des 4-polytopes réguliers convexes ou à vous régaler de la construction de l'icositétrachore. Ce film fait plutôt la synthèse rapide d'une multitude de petits résultats rigolos et faciles à concevoir ou à prouver. Et dans ce domaine, il est d'une pédagogie parfaite. Le tout ne dure d'ailleurs que 10 minutes...

Par exemple, Jean Painlevé veut illustrer la façon dont le temps pourrait-être perçu comme une simple dimension spatiale supplémentaire. Pour cela il transpose un objet 3D dans un espace 2D+T (donc également tridimensionnel). Cela donne donc une animation où l'on voit une orange dont l'axe z est parcouru au cours du temps. Dans la pratique, cela revient à faire défiler les coupes d'une tomographie à une vitesse constante. C'est très beau et techniquement très bien réalisé (il a dû s'amuser avec des lames de rasoir, la microtomographie aux rayons X n'existant pas en 1937).

Cette impression de mouvement donné par un objet statique, car on voit bien un disque qui croît puis qui décroit ainsi que des cloisons internes qui se déplacent, explique mieux que mille mots la façon dont un objet dynamique en 3D n'est qu'un stupide objet immobile dans un espace 4D (si les quatre dimensions de l'espaces considérés correspondent à 3D+T).

De même, vous apprendrez qu'une simple rotation en 4D permet de transformer un objet 3D en son symétrique (bonjour le situs inversus), ou encore, que le concept de boîte fermée dépend de la dimension considérée.

Les effets spéciaux, conçus par Pierre Achille Dufour, sont géniaux et valent à eux seuls le détour. Le seul défaut, c'est qu'un mathématicien trouvera ça un peu trivial et regrettera que ça s'arrête à la dimension 4 (les dimensions finies, ou même infinies dénombrables, c'est pour les bébé).

mardi 7 février 2012

Le Vampire de Jean Painlevé

Le Vampire est un documentaire français réalisé en 1945 par Jean Painlevé. Tourné en noir et blanc, il dure huit minutes et cinquante secondes.



Jean Painlevé est un des plus grands noms du documentaire scientifique. Dès les années 20, il comprends les formidables possibilités du cinéma, non seulement en tant qu'outil pédagogique, mais aussi en tant qu'outil d'observation scientifique. Dès lors, il ne cesse de tourner, enchainant près de trente documentaires en autant d'années.

Le Vampire est un film très expérimental même s'il s'agit officiellement d'un documentaire animalier consacré à une chauve-souris d'Amérique du Sud. Il a quelque-chose de vraiment fascinant, à la fois dans sa rigueur académique et sa poésie. Les commentaires sont à la fois précis et chatoyants, avec un vocabulaire riche et imagé qui a complètement disparu de nos jour du documentaire animalier.

A l'image de ces impressionnantes vues au microscope de trypanosome, le parasite transmis par cette fameuse chauve-souris, Le Vampire plonge au fond d'un sujet scientifique pour au final explorer l'origine d'un mythe. Cela justifie la présence de plusieurs séquences du Nosferatu de Friedrich Murnau, séquences plus tard reproduites par une véritable bête qui se délectera du sang d'une innocente victime (ici un cochon d'Inde).

Cinéaste de génie, source d'inspiration importante pour les surréalistes, Jean Painlevé est aussi est un des fondateurs de l'institut de cinématographie scientifique. Son Vampire représente bien son style et permettra aux cinéphiles intéressés par l'histoire du cinéma de se faire rapidement une idée de son talent. Les autres apprécieront un court métrage qui, par son ambiance et son sujet, tient finalement du film d'horreur.

dimanche 5 février 2012

Paranormal Entity 3 de Jude Gerard Prest

Paranormal Entity 3 est un film d'horreur américain réalisé par Jude Gerard Prest et sorti directement en vidéo en 2011. Il est interprété par Gerold Wunstel, Kai Cofer, Christopher Karl Johnson, Nikki Muller, Yaz Canli, Robert Shampain et Korey Simeone.



Cette fois, fini les caméscopes numériques et les confortables maisons américaines hantées par une entité maléfique qui ressemble à un fantôme et qui aime claquer les portes. Nous avons une histoire de possession démoniaque à l'ancienne, avec crucifix, mortifications et prières. Une bande de médecins et d'étudiants en psychologie se rendent chez Anneliese Michel, une jeune fille possédée, pour documenter et critiquer son exorcisme.

Ça se passe en 1976 mais rien ne change au niveau du style. Nous avons un film tourné par un cinéaste amateur, avec un appareil 16mm instable dont l'image est volontairement dégradée et décolorée. Comble du raffinement, nous avons même le droit à des caméras vidéo de surveillance, avec leur panoplie de bruit, de balayage mal synchronisé, de flou et de saturation qui font toute la saveur des found footages.

Nous retrouvons même la caméra-confessionnal de Paranormal Entity 2 où, à travers de petits interviews, les protagonistes du film commentent mollement leurs propres réactions ainsi que leur état d'esprit. C'est aussi l'occasion de caser des flashbacks à la Dragon Ball, c'est-à-dire des flashbacks d'événements montrés au spectateur dans les minutes qui précédent. Ceci n'est pas une exagération, par exemple, à la neuvième minute du film, nous avons un flashback de la quatrième minute. C'est toujours quelques plans de gagnés.

Des trois films, Paranormal Entity 3 est le plus raté et le plus décousu. Il est tellement plein de remplissage qu'il n'y a plus de place pour le contenu. Alors que le genre pseudo-documentaire peut faire de bons films d'exorcisme (Le Dernier exorcisme de Daniel Stamm est un bon exemple), on s'ennuie royalement. Si vous voulez absolument voire une jeune fille crier des insanités en se tordant et en se débattant, regardez plutôt L'exorcisme d'Emily Rose ou Exorcismus.