De nos jours, avec internet, le cinéma expérimental, jadis réservé à quelques privilégiés, est largement accessible. Bref, plus besoin de se limiter à Un chien andalou de Luis Buñuel et Salvador Dalí ou à Entr'acte de René Clair.
Walter Ruttmann est un artiste allemand né en 1887. Peintre abstrait, il est responsable de plusieurs films expérimentaux. Ainsi, il est souvent cité comme le pionnier du cinéma abstrait (qu'il appelait cinéma absolu).
Réalisé en 1921, son tout premier film, judicieusement nommé Opus I, dure 13 minutes et est considéré comme le premier film abstrait. Conçu pour accompagner la musique de Max Butting, qui était jouée directement par Ruttmann au violoncelle lors de la projection, il est constitué de divers motifs plus ou moins géométriques qui évoluent de façon dynamique, préfigurant ainsi les accompagnements visuels algorithmiques qu'on trouve de nos jours avec la plus part des logiciels de lecture sonore.
Techniquement, Opus I est réalisé avec une méthode novatrice : en employant de la cire et une machine capable de la découper en fines taches, Ruttmann remplace le temps par le parcours selon l'axe Z de ses formes, réalisant ainsi des tomographies animée. Une méthode reprise peu après par Oskar Fischinger, qui expérimenta sur la cire et l'argile dès 1921, mais également par Jean Painlevé, en 1937, qui l'appliqua sur des objets réels (notamment une orange).
Ce n'est donc pas par hasard que Opus I évoque le cinéma d'animation de Fischinger, Fischinger qui fut lui-même une des sources d'inspiration de Walt Disney sur Fantasia. Pour la petite anecdote, Fischinger et Ruttmann se seraient d'ailleurs rencontré lors de la première d'Opus I à Berlin.
Plus tard, en 1927, Ruttmann atteignit la célébrité avec Berlin, symphonie d'une grande ville, la première symphonie urbaine, qui constitue encore aujourd'hui un modèle de montage et de rythme.
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