Après un début de carrière artistiquement discutable avec Top Gun, Le Flic de Beverly Hills 2 et Jours de tonnerre, Tony Scott a progressivement insufflé de plus en plus de personnalité à ses oeuvres. En l'espace de deux films, Le Dernier samaritain et True Romance, il s'est taillé une véritable réputation, même si ces derniers doivent beaucoup à leur scripts, écrit respectivement par Shane Black et Quentin Tarantino. A partir des 2001 il commença à expérimenter divers effets stylistiques aussi bien dans les angles et les plans utilisés que dans le montage. Ce virage artistique, initié avec Spy Game, atteint un point culminant dans Man on Fire et Domino.
Man on Fire est le remake d'un film d'Elie Chouraqui sorti en 1987. Au Mexique les enlèvement d'enfants de riche se multiplient. Dans ce contexte d'insécurité certaines familles se paient les service d'un garde du corps. Ancien agent de la CIA dépressif et au bout du rouleau, John Creasy se laisse convaincre par un ami de garder une petite fille : Pita Ramos. Cette dernière, mignonne et gentille au possible arrivera à lui redonner le sourire avant de se faire enlever sous ses yeux. Un peu plus tard le versement de la rançon tourne mal et Pita est tuée. Creasy décide alors d'exécuter tout ceux qui sont impliqués dans ce kidnapping.
Ce n'est pas par son scénario, musclé et sans détour, que Man on Fire brille. C'est avant tout par sa réalisation et son montage. Les plans sont très courts et le style peut paraître brouillon, mais il faut reconnaître à Tony Scott une véritable volonté d'innover et de surprendre. Lumières de toute beauté, intégration artistique des sous-titre à l'image lors des dialogues en espagnol, surabondance de filtres dénaturant les couleurs : c'est fatiguant pour la rétine mais spectaculaire. Alors parfois on dirait un clip ou une publicité, mais de la part d'un blockbuster d'action de telles expérimentations sont inattendus. Pour couronner le tout, le physique impressionnant et le jeu taciturne de Denzel Washington sont très bien exploités.
Man on Fire n'est pas exempt de défauts, et on sort de la salle avec l'impression d'avoir passé sa tête dans l'essoreuse en même temps qu'une guirlande de noël, mais il mérite résolument le détour.