La Corée se distingue par une production de films de fantômes de qualité. Entre la saga des Whispering Corridors, Deux soeurs et Into the Mirror il y a de quoi à se régaler. Parmi toutes ces merveilles le travail de Ahn Byeong-ki se démarque. Réalisateur de Bunshinsaba et surtout de Phone il a su en l'espace de deux films prouver son talent et son exceptionnelle capacité à diriger ses acteurs. Il suffit de voir l'interprétation de Seo-woo Eun dans Phone pour s'en convaincre. Il existe à Hollywood des centaines d'acteurs adultes qui jouent infiniment moins biens que cette fillette de cinq ans.
APT. est son dernier film en tant que réalisateur mais aussi qu'auteur. Il s'agit de l'histoire de d'une femme célibataire et consacrant toute sa vie à son travail qui devient témoin d'un suicide dans le métro. A partir de là elle va ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure et faire la connaissance d'une de ses voisines, une jeune fille orpheline et paraplégique suite à l'accident de voiture ayant couté la vie à ses parents. Mais une vague de suicide sévit chez les connaissances de cette pauvre victime de la route.
Comme dans Whispering Corridors et Bunshinsaba, ce n'est pas tant l'histoire du fantôme présent qui intéresse le réalisateur que les événements sordides ayant mené à son apparition. En l'espace de quelques scènes qui rappellent les flash-backs d'Audition, Ahn Byeong-ki transformes les victimes en bourreaux et supprime toute sympathie à leur égard en même temps qu'il tisse une trame d'horreur sociale bien plus forte que n'importe quel yurei eiga.
L'héroïne, cantonnée à l'immeuble d'en face et regardant le microcosme de l'handicapée à travers ses jumelles devient une spectatrice impuissante, remarquable référence à Fenêtre sur cour. Ironie suprême, les rôles du paralysé, de l'assassin de la victime et de l'observateur sont remarquablement redistribués par rapport au film d'Alfred Hitchcock.
La réalisation est impeccable : chaque cadre est tracé au cordeau, chaque éclairage est soigneusement dosé, chaque plan est parfaitement mesuré. C'est presque trop parfait, avec des effets prévisibles mais efficace et une esthétique glaçante... Le casting est sans faute, et les décors peu variés renforcent l'impression de claustrophobie. Quand le générique finale arrive quel soulagement : il est enfin temps de quitter cette immeuble et son tragique passé.
APT. est un des meilleurs films de Ahn Byeong-ki. Il est donc incontournable pour les fans de fantômes asiatiques.