lundi 31 août 2009

APT. de Ahn Byeong-ki

APT. est un film coréen réalisé par Ahn Byeong-ki en 2006. Il est interprété par So-young Ko, Seong-jin Kang, Hie-jin Jang, Ha-seon Park et Yuko Fueki.



La Corée se distingue par une production de films de fantômes de qualité. Entre la saga des Whispering Corridors, Deux soeurs et Into the Mirror il y a de quoi à se régaler. Parmi toutes ces merveilles le travail de Ahn Byeong-ki se démarque. Réalisateur de Bunshinsaba et surtout de Phone il a su en l'espace de deux films prouver son talent et son exceptionnelle capacité à diriger ses acteurs. Il suffit de voir l'interprétation de Seo-woo Eun dans Phone pour s'en convaincre. Il existe à Hollywood des centaines d'acteurs adultes qui jouent infiniment moins biens que cette fillette de cinq ans.

APT. est son dernier film en tant que réalisateur mais aussi qu'auteur. Il s'agit de l'histoire de d'une femme célibataire et consacrant toute sa vie à son travail qui devient témoin d'un suicide dans le métro. A partir de là elle va ouvrir les yeux sur le monde qui l'entoure et faire la connaissance d'une de ses voisines, une jeune fille orpheline et paraplégique suite à l'accident de voiture ayant couté la vie à ses parents. Mais une vague de suicide sévit chez les connaissances de cette pauvre victime de la route.

Comme dans Whispering Corridors et Bunshinsaba, ce n'est pas tant l'histoire du fantôme présent qui intéresse le réalisateur que les événements sordides ayant mené à son apparition. En l'espace de quelques scènes qui rappellent les flash-backs d'Audition, Ahn Byeong-ki transformes les victimes en bourreaux et supprime toute sympathie à leur égard en même temps qu'il tisse une trame d'horreur sociale bien plus forte que n'importe quel yurei eiga.

L'héroïne, cantonnée à l'immeuble d'en face et regardant le microcosme de l'handicapée à travers ses jumelles devient une spectatrice impuissante, remarquable référence à Fenêtre sur cour. Ironie suprême, les rôles du paralysé, de l'assassin de la victime et de l'observateur sont remarquablement redistribués par rapport au film d'Alfred Hitchcock.

La réalisation est impeccable : chaque cadre est tracé au cordeau, chaque éclairage est soigneusement dosé, chaque plan est parfaitement mesuré. C'est presque trop parfait, avec des effets prévisibles mais efficace et une esthétique glaçante... Le casting est sans faute, et les décors peu variés renforcent l'impression de claustrophobie. Quand le générique finale arrive quel soulagement : il est enfin temps de quitter cette immeuble et son tragique passé.

APT. est un des meilleurs films de Ahn Byeong-ki. Il est donc incontournable pour les fans de fantômes asiatiques.

dimanche 30 août 2009

Slashers de Maurice Devereaux

Slashers est un film canadien réalisé par Maurice Devereaux en 2001. Il est interprété par Sarah Joslyn Crowder, Tony Curtis Blondell, Sofia Demedeiros et Kieran Keller.



Slashers c'est le titre d'une émission de TV japonaise où des candidats risquent leur vie en échappent pendant une durée donnée à des tueurs. Six candidats : 6 millions de dollars à répartir entre les survivants. S'il n'y a aucun survivant les 6 millions de dollars vont s'ajouter à la cagnotte de l'émission suivante. Et pour la première fois les six candidats sont américains !

L'ouverture du film nous présente l'émission, les candidats et les règles (ou plutôt l'absence de règle) dans un délire flashy et kitsch caractéristique des émissions de jeux japonaises. Mais, malgré ses références et son esprit, Slashers n'est pas un film japonais mais un direct to video canadien.

En dépit de son nom, Slashers n'est pas un slasher. C'est plutôt un survival (comme La colline a des yeux ou Détour mortel) avec des éléments de Battle Royale et de Running Man. Les candidats sont certes un peu caricaturaux mais ils sont pour la plus part dotés d'un système nerveux central et réagissent avec raison, tenant compte de leur connaissance de l'émission, des attentes du publique et des avis de leurs pairs. Bien entendu, comme dans Cube ou dans House of 9, l'essentiel des échanges sont liés à des conflits internes, mais au final on s'attache à la plus part d'entre eux.

L'intrigue basique au départ, se révèle être suffisante, avec quelques petits rebondissements biens trouvés, et ne pèche que par son final ridicule avec une happy end relative bricolée de partout qui laisse une impression d'arnaque. Si le film était japonais jamais une telle rustine n'aurait été employée... mais, en dehors de l'Asie, il semblerait que la fin d'une histoire soit rarement choisie en fonction de son impact ou de sa logique mais plutôt de sa capacité à ne pas choquer le pauvre petit spectateur décérébré qui va voir un film d'horreur mais qui ne veut surtout surtout pas être horrifié. Sinon il est fâché.

Dans l'ensemble, Maurice Devereaux s'en tire remarquablement bien. Tenant le rythme, son Slashers est plus que honnête pour un DTV et réjouira les cinéphiles déviants qui apprécieront notamment le fait que l'œuvre soit tournée en un unique plan séquence (même si quelques raccords sont nécessaires pour des raisons techniques, il sont toujours dissimulé avec une grande adresse). On avait rarement vu aussi grande ambition dans un film aussi cheap.

samedi 29 août 2009

Villmark de Pål Øie

Villmark est un film norvégien réalisé par Pål Øie en 2003. Il est interprété par Bjørn Floberg, Kristoffer Joner, Eva Röse, Sampda Sharma et Marko Iversen Kanic.



Cette semaine découvrez le cinéma horrifique norvégien avec Villmark, un métrage inclassable qui sur un fond de survival à la Détour mortel pille The Blair Witch Project.

Comme dans Severance, un étalon du genre, une bande de travailleurs partent ensemble quelques jours en montagne pour souder leur équipe et apprendre à agir ensemble. Ici ce ne sont pas des marchands d'armes (dommage) mais des cinéastes. A leur tête Gunnar, un réalisateur énigmatique et bourru magistralement incarné par Bjørn Floberg. Après une journée de marche ils arrivent dans un petit chalet aux abords d'un lac, propriété du réalisateur. Mais Gunnar agit de manière étrange et semble connaitre au sujet de ce lac brumeux des histoires peu recommandables.

Basé sur une horreur entièrement psychologiques, avec des personnages coupés du mondes et enfermés dans un extérieur somptueux, Villmark est un film étrange. L'histoire tourne autant autour du mystère qui entoure ce lac qu'autour des obsessions de Gunnar et de la manière dont il perd progressivement les pédales pendant que ses hommes tentent tant bien que mal de le supporter, tous désireux de garder leu travail.

C'est évident que les forêt norvégiennes sont plus écrasantes, plus esthétiques et plus majestueuses que celles de Blair Witch. Mais le mêmes scènes y fonctionnement différemment. Quand un de nos héros joue à l'effrayé en découvrant un cercle d'arbres dont l'écorce est marquée d'entrailles on se demande simplement ce qui le terrorise au lieu de partager sa peur.

Quand le dénouement arrive on est à la fois déçu et dérouté. La fin est confuse, maladroite et surtout reste bassement matérialiste quand tout le film tendait vers un surnaturel angoissant. Mais le reste de l'expérience valait vraiment le voyage et le goût amère de la déception s'estompe pendant le générique final.

Le masque d'halloween de Robert Mann

Le masque d'halloween (The Pumpkin Karver en VO) est un film américain de Robert Mann sorti en 2006. Il est interprété par Amy Weber, Michael Zara, Minka Kelly, Terrence Evans et Mistie Adams.



Un jeune homme taille une citrouille pour la nuit d'halloween pendant que sa sœur reçoit la visite de son petit ami. Après quelques échanges prouvant que le petit ami en question est l'archétype même de la victime idéale pour un tueur en série, la jeune fille s'éclipse et laisse en tête en tête les deux adolescents. C'est l'occasion rêvée pour le copain d'insulter et de rabaisser le frère de sa petite amie, réaction typique de mâle américain hollywoodien ne pouvant affirmer sa virilité qu'à travers la maltraitance de ceux qui ont l'air plus faible que lui.

Plus tard nous découvrons la sœur occupée à se choisir un costume... Situation idéale pour se faire attaquer par un tueur qui finalement la poignarde alors qu'elle hurle au secours. Seulement le frangin débarque, armé de son canif à tailler les citrouilles, et, voyant le tueur masqué le saucissonne avec une précision et des réflexes à faire pâlir de jalousie un marine américain vétéran de la guerre du Vietnam.

Évidemment le tueur était juste le petit-ami décérébré et vulgaire, qui s'était déguisé pour faire une farce à sa compagne (très élaborée comme farce, puisqu'il s'était quand même pris quelques bon coups de pieds dans la gueule pendant l'opération)... Un an plus tard le petit frère est toujours traumatisé mais part quand même avec sa sœurette à une surprise party géante d'halloween.

D'ordinaire j'aime bien les slashers. L'histoire est toujours simpliste, le déroulement prévisible et les personnages stéréotypés mais ça fonctionne presque à tout les coups. C'est comme des crêpes, suffit d'avoir les ingrédients, la recette et quelques minutes pour être sûr de les réussir. Après c'est bourratif mais tout le monde aime ça.

Bien entendu il y a des hauts et des bas. Tout le monde ne peut pas pondre un Halloween comme celui de John Carpenter (ni comme celui de Rob Zombi, d'ailleurs). Malheureusement, Le masque d'halloween pourrait servir de mètre étalon pour définir précisément ce qu'est le bas. Le jeu des acteurs est pitoyable et la photographie est tout juste regardable, seulement sauvée par des éclairages presque inspirés. La mise en scène est rabâchée, studieuse et maladroite, comme le devoir d'un ado qui aurait mélangé 75% de copier coller pris sur le net avec quelques malheureuses phrases personnelles pour faire un lien entre le tout.

Si vous croisez Le masque d'halloween fuyez. C'est un navet calibré qui ferrait passer Burger Kill pour un chef d'oeuvre et Bloody Murder pour un film novateur.