mercredi 28 décembre 2011

Flash Point de Wilson Yip

Flash Point est un film d'action de hong-kongais réalisé par Wilson Yip. Sorti en 2007, il est interprété par Donnie Yen, Louis Koo, Collin Chou, Lui Leung-Wai et Fan Bingbing.



Dans les années 90, avant que Hong Kong ne redevienne chinois, Wilson tente d'infiltrer une triade dirigée par trois frères vietnamiens. Son coéquipier, Ma Jun, est connu pour ses talents d'artiste martial et pour la violence dont il fait preuve lors de ses arrestations.

Mais, quand la couverture de Wilson volera en éclat et que les vietnamiens s'attaqueront systématiquement à tous ceux susceptibles de les faire inculper, Ma Jun devra se débrouiller seul pour sauver son amis et arrêter les triades.

Wilson (incarné par Louis Koo), est très attachant, notamment par son rapport avec sa compagne et son côté raisonnable et réfléchi. C'est lui qui sert d'enjeu émotionnel et de référentiel au film. Cela fonctionne remarquablement bien même si les ficelles utilisées sont très visibles.

Donnie Yen est la star du spectacle, comme dans les deux films précédents de Wilson Yip (SPL : Sha po lang et Dragon Tiger Gate). La collaboration ne s'est d'ailleurs pas arrêtées là, puisque les deux films suivants du réalisateur (Ip Man et Ip Man 2) gardent la même vedette.

Cette longue collaboration se ressent à l'écran. Wilson Yip a l'habitude de diriger Donnie Yen et son jeu est toujours en parfaite adéquation avec la mises en scène. Beaucoup considèrent Donnie Yen comme le successeur de Jet Li et quand on regarde Flash Point cela se comprends aisément. Il y a quelque-chose de fascinant dans l'aisance avec la quelle il peut courir le long d'un mur ou sauter par-dessus ses adversaires.

Le film se clôt notamment par un duel dantesque promouvant le mixed martial arts (ou combat-complet en français). Les actions spectaculaires s'enchainent à un rythme effréné pendant que des cadrages millimétrés en rehaussent la saveur. C'est très bien huilé, presque trop (chaque élément du décors sert à point nommé). Donnie Yen et Collin Chou démontrent une maitrise extraordinaire dans un affrontement qui se paye le luxe d'être découpé en plusieurs actes.

Wilson Yip est très talentueux mais nous sert un peu toujours le même film. Si vous avez aimé SPL et que vous en voulez plus, alors foncez, vous ne trouverez pas mieux dans le genre que Flash Point. Sinon commencez par Ip Man, qui a au moins un contexte historique différent.

lundi 26 décembre 2011

L'Atalante de Jean Vigo

L'Atalante est un film français réalisé par Jean Vigo. Sorti en 1934, il est interprété par Michel Simon, Jean Dasté, Dita Parlo, Louis Lefebvre, Gilles Margaritis et Maurice Gilles.



Tout commence avec le mariage de Juliette et de Jean. Juliette n'a jamais quitté son village. Jean est capitaine d'une péniche : l'Atalante. Désormais, ils vivent tous deux dessus. A bord, nous trouvons aussi un petit mousse et le père Jules, un vieil ivrogne, accompagné de ses nombreux chats, chattes et chatons. Mais Juliette, séduite par les promesses d'un camelot beau parleur, s'enfuit pour partir à la découverte de Paris, laissant Jean dans un profond état de dépression.

Après l'interdiction de Zéro de conduite, tourné en 1932 mais qui ne sortira finalement qu'en 1945, Jean Vigo réalise son quatrième film, et son seul long-métrage, avant de nourrir à Paris de septicémie. L'Atalante a ainsi été monté par Louis Chavance pendant que Vigo, alité, agonisait. C'est peut-être pour ça qu'il existe tant de versions différentes de ce film, légendaire. Circulent un montage de Henri Beauvais, un autre de Jean-Louis Bompoint et de Pierre Philippe. Même Henri Langlois a trafiqué sa propre version de L'Atalante.

La copie qui fait référence aujourd'hui est celle de Bernard Eisenschitz, sortie en 2001. Il s'agit en théorie du montage approuvé par Jean Vigo dans son lit de mort. Un film intitulé Les Voyages de l'Atalante est d'ailleurs consacré à la comparaison des nombreux montages du chef-d'œuvre de Vigo. Personnellement, je regrette un peu que le film ait perdu une partie de sa dimension surréaliste (fini ce plan de l'iceberg incongru, où Jean Dasté suce un glaçon dans une séquence onirique intégrée de force au milieu du script).

Reste que, quel que soit la version considérée, L'Atalante est une sublime histoire d'amour et de désir, soutenue par des images d'une incroyable beauté. Cette péniche qui dérive mollement le long de la seine a marqué à jamais le cinéma. Jean Vigo, fils d'anarchiste mort avant 30 ans, est considéré comme une légende du cinéma à cause de cet unique long-métrage, qu'il n'a d'ailleurs jamais visionné. L'Atalante est cité comme référence par les réalisateurs de la nouvelle vague. François Truffaut dit lui devoir son regard et Jean-Luc Godard dédia Les Carabiniers à Vigo.

Succession de scènes souvent anodines et en grande partie improvisés, L'Atalante brille par le naturel de ses acteurs et la simplicité de son intrigue. Michel Simon se plaignait de ne pas avoir de texte à apprendre, ce à quoi Vigo lui répliquait : "tout ce que je pourrais écrire sera beaucoup moins drôle que ce que vous allez dire." La linéarité du film est à l'image du fleuve qu'il suit, linéarité brisée quand le couple éclate.

Il faudrait une éternité pour analyser pleinement L'Atalante, et plusieurs ouvrages lui sont consacrés. Si vous voulez en savoir plus, vous pouvez vous tourner vers L'Atalante de Nathalie Bourgeois et Bernard Benoliel, qui a le mérite d'être disponible en ligne. Mais dans tous les cas, commencez par vous jeter sur ce classique.

samedi 24 décembre 2011

Primal de Josh Reed

Primale (Primal en VO) est un film australien réalisé par Josh Reed. Sorti en 2010, il est interprété par Krew Boylan, Lindsay Farris, Rebekah Foord, Damien Freeleagus, Stephen Shanahan, Wil Traval, Zoe Tuckwell-Smith.



Ils sont six, ils sont beaux, ils sont jeunes et les voilà au fin fond de l'Australie pour étudier les peintures rupestres ornant l'entrée d'une grotte (du coup, c'est peut-être de l'art pariétal, c'est un cas limite). Superbes et inconnues de tous, sauf du feu grand père d'une des demoiselles de l'expédition, ces peintures illustrent un monstre mystérieux. Cette trouvaille excite le thésard de la bande : peu de doctorants en archéologie peuvent se vanter d'une telle découverte... Mais en rentrant à leur camps, ils se font attaquer par un lapin.

Ne vous attendez pas à un remake de Monty Python, sacré Graal. Ici, nous avons affaire à une infection faisant pousser les dents et renvoyant ses victimes à l'état de monstres sanguinaires primitifs, tout juste capable de chasser pour manger. La première contaminée, Mel, passe une nuit à délirer puis, au petit matin, s'attaque à ses amis, qui ne savent pas trop comment la gérer.

Le gros de Primale, ce sont nos héros qui discutent de la façon optimale de capteur Mel pour l'amener consulter un médecin, tout en se demandant comment rentrer en ville, car des insectes voraces ont dévoré les pneus de leur voiture (c'est bien pratique). Il y a plusieurs scènes de chasse assez rigolotes et, comme d'habitude, on s'amuse à deviner l'ordre des victimes à l'écran. Les effets gores sont réussis, les contaminés sont nerveux et véloces, évoquant 28 jours plus tard, et l'ensemble fonctionne plutôt bien, un fois passé l'interminable introduction qui caractérise ce genre de films.

L'Australie offre de très beaux décors naturels qui sont intelligemment exploités. Mais tout n'est pas blanc. La grotte du film, qui effraye les contaminés, leur sert aussi de lieu du culte. Chaque victime est coupée en deux : une moitié pour le prédateur, une moitié pour la caverne. Ce point de détail, déjà assez ridicule en sois, est encore développé quand Anja, une des dernières survivantes, se réfugie dans la grotte. Attaquée par des tentacules violeuses qui engrossent les femmes ayant le malheur de passer à proximité, elle découvre ainsi que le réalisateur a visiblement lu trop de mangas pornographiques...

Oscillant entre de vrais moments de violence et des passages du plus total ridicule, Primal est un film bancal, régressif et réjouissant, piochant aussi bien dans The Descent que dans Relic. Les fans d'ozploitation et de morsures à la gorges y trouveront leur compte pendant que les autres seront consternés.

jeudi 22 décembre 2011

L'antre de l'araignée de Terry Winsor

L'antre de l'araignée ou Spider Web (In the Spider's Web en VO) est un téléfilm américain réalisé par Terry Winsor. Sorti en 2007, il est interprété par Lance Henriksen, Emma Catherwood, Lisa Livingstone, Cian Barry, Sohrab Ardeshir, Mike Rogers, Michael Smiley et Jane Perry.



Tout commence avec une bande de touristes américains visitant l'Inde. Accompagné de Brian, leur guide, ils campent en pleine forêt quand Geraldine se fait mordre par une araignée. La réaction est très violente et Brian décide d'accompagner la malheureuse à un village tribal voisin dans le quel il n'a jamais mis les pieds mais où vivrait depuis des années un docteur occidental (les rumeurs sont plus précises qu'un GPS)...

Les arachnophiles n'ont pas beaucoup de films à se mettre sous la dent : Arachnophobie de Frank Marshall en 1990, Spiders de Gary Jones en 2000, Arac Attack de Ellory Elkayem en 2002, et c'est un peu tout... Si on veut sa dose de pattes velues, il faut aller chercher du côté des téléfilms et des DTVs : Tarantula de Stuart Hagmann, La reine des prédateurs de David Wu, Arachnia de Brett Piper et Ice Spiders Tibor Takács.

L'antre de l'araignée est également un téléfilm. Largement distribué dans le monde en DVD à travers divers coffrets animaliers, il offre deux histoires pour le prix d'une : un village d'autochtones coupé de la civilisation qui voue un culte aux araignées et un médecin fou adepte de la vivisection qui organise un trafic international d'organes en utilisant le venin des araignées pour immobiliser ses victimes et ralentir la dégradation de leurs tissus. Les deux trames sont bien entendues liées, mais cela n'enlève rien à la générosité du scénariste (Gary Dauberman).

Les effets spéciaux faisant intervenir plusieurs araignées simultanément sont pitoyables, mais il y a une grande volonté de bien faire. Le casting est correct et beaucoup de clichés sont évités. Ainsi le sergent Chadhri, le policier indien bedonnant que les héros enrôlent dans leur aventure, s'avère être intelligent et compétent, alors que les apparences semblent indiquer le contraire. Et puis la Thailand est plutôt photogénique (oui, ce n'est pas filmé en Inde, allez comprendre pourquoi).

Au final, L'antre de l'araignée est un téléfilm tout à fait correct, avec des toiles géantes, des grottes obscures et des centaines de bestioles à huit pattes qui courent partout. Le contrat est rempli.

mardi 20 décembre 2011

Insomnia de Christopher Nolan

Insomnia est un film canado-américain réalisé par Christopher Nolan. Sorti en 2002 il est interprété par Al Pacino, Robin Williams, Hilary Swank, Maura Tierney, Martin Donovan, Paul Dooley et Nicky Katt.



Nous suivons le détective Will Dormer (Al Pacino) qui est sous le coup d'une enquête interne. Pour l'éloigner de Los Angeles, ses supérieurs l'envoient en Alaska avec son partenaire afin d'enquêter sur la mort d'une jeune fille dont le corps vient d'être découvert à Nightmute. L'investigation se déroule plutôt bien jusqu'à ce que Dormer tue accidentellement son partenaire lors d'une échange de coups de feu très confus dans le brouillard. Justement, ce dernier allait témoigner contre lui pour les affaires internes. A partir de là, épuisé par ses insomnies, rongé par la culpabilité et hanté par la peur de se faire prendre, sa situation ira en empirant.

Nightmute est un minuscule village perdu dans le nord. C'est isolé, il y fait froid et la nuit ne doit pas y tomber avant deux mois. Ce jour permanent n'aide pas Dormer à dormir et le plonge dans un état second qui contamine rapidement l'auditeur. En résulte un film halluciné dont le final, pourtant tragique, arrive comme un soulagement, après deux heures épuisantes.

Tourné par Christopher Nolan entre Memento et Batman Begins, Insomnia est le remake d'un film norvégien d'Erik Skjoldbjærg sorti en 1997. Il jouit ainsi d'un scénario très solide. Les décors naturels superbes et le casting exceptionnel viennent encore renforcer l'ensemble. Robin Williams, par exemple, est très convainquant en tueur... Il découle de chacune de ses scène un certain malaise, comme dans Photo Obsession, et on se prends à regretter qu'il ait fait carrière dans une certaine catégorie de comédie aseptisé alors qu'il peut susciter de tels émotions chez le spectateur.

Les amateurs de thriller seront ravis, mais même ceux n'aiment pas particulièrement les enquêtes de police devraient y trouver leur compte. La quête obsessionnelle de Dormer transcende les limites du genre. Si vous avez l'occasion de voir Insomnia, foncez sans hésiter.

dimanche 18 décembre 2011

Incident au Loch Ness de Zak Penn

Incident au Loch Ness (Incident at Loch Ness en VO) est un film anglais réalisé par Zak Penn. Sorti en 2004, il est interprété par Werner Herzog, Kitana Baker, Zak Penn, Matthew Nicolay, John Bailey, Gabriel Beristain et Russell Williams.



Zak Penn, connu pour avoir écrit un paquet de gros films hollywoodiens, parfois réussis (Last Action Hero, The Grand), souvent banals et bancals (L'incroyable Hulk, Elektra, X-Men - L'affrontement final) décide de produire un documentaire sur le monstre du Loch Ness. Pour tourner son Enigma of Loch Ness, il recrute le génie derrière Fitzcarraldo et Aguirre, la colère de Dieu : Werner Herzog. Ce dernier ayant déjà fait ses preuves en tant que réalisateur de documentaires (Ennemis intimes, La Soufrière), il espère ainsi obtenir enfin un oscar et acquérir la réputation qu'il juge mériter.

Mais, alors qu'Herzog veut tourner un film sur l'état d'esprit ayant engendré un tel légende moderne et se régale à interroger une bande de joyeux excentriques, Zak Penn tente de transformer son film en odyssée aventureuse à la façon d'un Jacques-Yves Cousteau, avec en plus des aromates hollywoodiens. Pour cela, il manipule son réalisateur à plusieurs niveau (par exemple, il lui sert une opératrice sonar qui s'avère être un top model ayant servi de mannequin pour Playboy).

Incident au Loch Ness est un petit monument de manipulation, de contre-manipulation et et méta-manipulation. Presque tous les personnages du films jouent leur propre rôle, ce qui ne les empêche pas de créer une galerie de héros hauts-en-couleur et n'ayant certainement pas grand rapport avec la réalité (Zak Penn n'est pas le connard cynique, égocentrique, narcissique, orgueilleux et manipulateur qu'il joue, par exemple).

Le film est vue à travers la caméra de John Bailey qui tourne un documentaire intitulé Herzog in Wonderland (Herzog fait d'ailleurs remarquer qu'il y a plus de documentaires sur lui qu'il n'a tourné de films, ce qui est presque vrai). Ce documentaire devient une sorte de making-of consacré à Enigma of Loch Ness... Mais c'est lui le seul film a exister à un certain niveau. Car en réalité, ni John Bailey ni Werner Herzog n'ont réalisé quoi que ce soit. Incident au Loch Ness est un film de Zak Penn (où les personnages sus-cités jouent cependant).

Comme F for Fake d'Orson Welles, Incident au Loch Ness intègre sa propre remise en cause, mais sous une forme remarquablement moderne. Ainsi, sur son édition DVD le film dispose de deux pistes de commentaires. Dans la première Zak Penn et Werner Herzog reprennent les rôles qu'ils incarnent dans le film (leurs propres rôles, si vous suivez) et se disputent allègrement. On entend même Herzog quitter la séance d'enregistrement suite à une crise de colère particulièrement violente. Dans la seconde piste, planquée parmi les bonus et difficile d'accès, le film est commenté avec humour par les deux réalisateurs, mais sans mensonges.

Certaines répliques sont hilarantes. Il faut voir Herzog se plaindre qu'il a affaire au pire tournage de sa vie et Zak Penn lui répliquer qu'au-moins ils n'ont pas à hisser leur bateau sur une colline. Sans oublier Michael Karnow, le cryptozoologue de l'équipe, qui exhibe fièrement une photographie floue d'un mystérieux cochon sauvage ou qui défend le lavage 100% naturel du linge (sans eau ni lessive : on se contente de l'étendre et la caresse finit par tomber). Mais en dehors de ses moments d'humour Incident au Loch Ness fait des efforts réels pour sembler réaliste et crédible. On croit aux personnages (le Werner Herzog décrit ressemble à celui de Burden of Dreams). On croit à l'ingérence de la production sur le film (ce n'est pas plus étonnant que dans Fucking Kassovitz). Et surtout on croit à l'aspect documentaire du tout (il faut dire qu'à l'époque, la production avait même réussit à convaincre la presse qu'Herzog tournait réellement un documentaire en Écosse). Évidemment, on ne croit pas au dénouent du film. Mais ça c'est une autre histoire.

Incident au Loch Ness mérite le détour, ne serait-ce que pour la présence envoutante d'Herzog. Mais son humour (parfois proche de celui de Tournage dans un jardin anglais), son mode de narration (qui évoque Lost in La Mancha) et son histoire devraient réussir à convaincre tout le monde.

vendredi 16 décembre 2011

The Reef de Andrew Traucki

The Reef est un film thriller australien réalisé par Andrew Traucki. Il est interprété par Adrienne Pickering, Zoe Naylor, Damian Walshe-Howling, Gyton Grantley et Kieran Darcy-Smith.



Après avoir copié Open Water, en transposant son histoire en Australie et en remplaçant les requins par un crocodile (dans Black Water), Andrew Traucki s'est certainement dit que le clonage était un marché juteux. Voilà donc son second long-métrage, plus ouvertement inspiré que jamais du film de Chris Kentis et également basé sur une histoire vraie.

Suite à un accident malheureux, cinq touristes se retrouvent à l'eau alors qu'ils navigueraient vers l'Indonésie. Après un long débat pour savoir s'ils doivent rester sur l'épave de leur yacht ou tenter de regagner à la nage une île voisine, quatre d'entre-eux se lancent dans une très longue séance de natation.

Pas de faux semblants : l'histoire de The Reef est quasiment celle d'Open Water. Du moins pendant les 50 premières minutes. La seule nouveauté visible au départ étant que nos baigneurs sont cinq au lieu d'êtres deux. Mais quand un grand requin blanc entre en scène le ton change.

The Reef est moins anxiogène que son modèle : les cadrages ne sont pas aussi serrés, hésitants et étriqués. On dispose d'espace, sans que cela ne suscite l'agoraphobie, et la caméra est presque stable. Cette lisibilité améliore l'efficacité des scènes d'attaques du sélachimorphe mais supprime la nausée et l'impression de noyade qui se dégageait continuellement de l'œuvre de Kentis.

Au final, nous obtenons un film qui, sans être mauvais, n'égale ni Open Water ni même Black Water. Ne le regardez qu'après avoir découvert les deux films cités ci-dessus, sous vous en voulez plus. Il parait que l'industrie du tourisme en Australie aurait été affectée par The Reef... J'espère qu'ils compenseront en produisant plus de films.

mercredi 14 décembre 2011

Black Water de David Nerlich et Andrew Traucki

Black Water est un film australien réalisé par David Nerlich et Andrew Traucki. Sorti en 2007, il est interprété par Diana Glenn, Maeve Dermody, Andy Rodoreda, Ben Oxenbould et Fiona Press.



Un couple, Grace et Adam, passe ses vacances en Australie. Grace est également accompagnée de sa sœur cadette Lee. Encadrés par un guide, ils sont occupés à pêcher dans une barque quand un crocodile les attaque soudainement et fait chavirer leur embarcation. Leur guide est tué sur le coup et nos trois héros se réfugient dans un arbre qui émerge de l'eau. Privés de leur bateau, trop loin de la rive pour espérer la regagner à la nage sans s'exposer à une autre attaque et dépourvus d'armes ou d'équipement, nos trois personnages vont vivre un véritable cauchemar.

Sorti la même année que Rogue (titré Solitaire chez nous), un autre film australien mettant également en scène un groupe de touristes assiégés par un crocodile, Black Water se rapproche plus d'Open Water par son parti pris minimaliste, son casting réduit au strict minimum, son naturalisme et même son titre.

L'espace restreint qui sert de cadre au film prive le spectateur des paysages somptueux qui faisaient le charme de Rogue, mais offre une violente sensation de claustrophobie. De plus, on souffre avec les héros car il n'y a pas de tentative pour les rendre antipathiques comme c'est devenu trop souvent le cas dans ce genre de film.

On peut reprocher à Black Water d'hésiter entre un vrai réalisme (l'essentiel du temps) et un monstre cinématographique dotés de capacité prédatrices exagérées. Cela donne un résultat situé entre Cujo et Primeval (bon, plus proche de Cujo, je l'accorde)... La situation, très vraisemblable, et les réactions des personnages, cohérentes, compensent cependant les quelques écarts zoologiques que se permettent David Nerlich et Andrew Traucki.

Au final nous nous trouvons avec une rareté : un bon film de crocodile, angoissant et prenant du début à la fin. Cela fait du bien après les nanars que sont Croc, Crocodile, Crocodile 2 et la trilogie Lake Placid.

lundi 12 décembre 2011

Open Water 2 de Hans Horn

Dérive mortelle (Open Water 2: Adrift en VO) est un film allemand réalisé par Hans Horn. Sorti en 2006, il est interprété par Susan May Pratt, Richard Speight Jr., Niklaus Lange, Ali Hillis, Cameron Richardson, Eric Dane et Wolfgang Raach.



Dan, un parvenu millionnaire amateur de blondes décérébrées, a invité ses anciens amis du lycée pour une journée d'excursion sur son nouveau yacht. Parmi eux, nous avons un couple, Amy et James, qui ont amené leur bébé. Suite à la noyade de son père alors qu'elle était petite, Amy a peur de l'eau. Pourtant, elle surmonte sa phobie et monte à bord où elle s'empresse de s'équiper d'un gilet de sauvetage. Plus tard, quand la côte est loin, nos joyeux fêtards décident de piquer une petite tête. Ne restent au sec que le bébé, Amy, qui a peur de l'eau, et Dan qui lui tient compagnie.

Dan tente de convaincre Amy de venir se baigner et finit par la jeter par-dessus bord malgré ses protestations et sa terreur. Une fois les six lascars dans l'eau, alors qu'Amy fait une crise de panique, ils constatent que Dan a oublié de descendre l'échelle du yacht. Impossible donc de remonter à bord car le bateau est un vrai mastodonte à la coque parfaitement lisse.

Open Water 2 n'a aucun lien direct avec le film de Chris Kentis. Pour cette raison, les distributeur français ont décidé de l'appeler sobrement Dérive mortelle. Le nom Open Water 2 aurait d'ailleurs été choisi après l'écriture du script, au moment du carton du premier film (un peu comme pour le consternant American Psycho 2).

Pourtant les deux films partagent une idée commune : une bande de baigneurs passent le film à barboter en discutant d'éventuelles solution. Ici, ils sont six et sont tous plus stupides les uns que les autres. C'en est fini de l'approche réaliste et naturaliste choisie par Chris Kentis. En moins d'une demi-journée, nous avons une noyade, une fracture du crâne et un homme poignardé... Nos pathétiques héros disposent d'une multitude de solutions mais ne les exploitent que très mal et souffrent du syndrome Bip Bip et Coyote : ils ne réessayent jamais un truc qui a raté.

La présence du yacht réduit l'impression d'agoraphobie engendré par la situation. Les baigneurs ne sont pas seuls au milieu de l'océan infini mais perdus au pied d'un bateau dont la caméra ne s'éloigne jamais. Ajoutez à ça une fin volontairement incompréhensible (à cause d'un plan incohérent et inutile), et vous obtenez un résultat mitigé.

Au moins, malgré tout le sang déversé, il n'y a pas de requins, cela fait déjà un cliché évité. De plus, si vous avez peur de la noyade, vous passez quand même une bonne heure à angoisser.

samedi 10 décembre 2011

Open Water de Chris Kentis

Open Water est un un film américain réalisé par Chris Kentis. Sorti en 2003, il est interprété par Blanchard Ryan, Daniel Travis, Saul Stein, Estelle Lau, Michael E. Williamson, Cristina Zenarro et John Charles.



Lors d'une excursion plongée, un couple d'amateurs, Susan et Daniel, est oublié en pleine mer, au large des Bahamas. Il faut dire que l'organisateur de l'expédition ne sait pas compter, même sur ses doigts, et fait donc des petits bâtons pour savoir qui est sous l'eau et qui est remonté, stratégie enseignée aux enfant de quatre ans. Trop loin de la côte pour envisager de la rejoindre à la nage, nos tourtereaux seront confrontés à la fatigue, à la soif, au froid et à des requins.

Le film de vilaines bestioles est devenu un genre presque aussi codifié que ne l'est le slasher. Et quand il s'agit de requin c'est encore pire, car tout le monde se sent obligé de copier Les dents de la mer. C'est donc une agréable surprise de voir que Chris Kentis fait preuve d'originalité en usant d'une approche minimaliste (justifiée par le budget limité du long métrage : 130 000 dollars avancés par le réalisateur lui-même et sa femme).

Open Water tourne autour de deux acteurs, seuls au milieu de l'océan. On ne voit rien d'autre qu'eux, on n'entend rien d'autre qu'eux et c'est à travers leur perception limitée que l'histoire est racontée. Inspiré de fait réels et tourné en DV, Open water est très plausible et semble capturé sur le vif. Faute de de budget, les requins sont de véritables bêtes (les images de synthèse et les animatroniques sont couteux), ce qui contribue encore au réalisme de l'ensemble. Unité de lieu, d'action et de temps font de l'ensemble une sorte de pièce de théâtre tragique et cruellement vraisemblable.

Même si le rythme du film est inégal, on sent une tension quasi-permanente qui va en s'accentuant. Une certaine nausée se dégage de la caméra qui barbote et le spectateur a l'impression continuelle de se noyer. Au final, Open Water mérite une bonne place dans le monde des films de requins, loin devant La Mort au large et Peur bleue.

jeudi 8 décembre 2011

Les Immortels de Tarsem Singh

Les Immortels (Immortals) est un film américain réalisé par Tarsem Singh. Sorti en 2011, il est interprété par Henry Cavill, Mickey Rourke, Freida Pinto, John Hurt, Stephen Dorff et Luke Evans.



Le roi Hypérion, incarné par un Mickey Rourke très convaincant, veut libérer les titans afin que ces derniers terrassent les dieux. Au passage, il envahit toute la Grèce, pillant, violant, castrant et massacrant tout ce qui bouge avec une bonne volonté remarquable. Mais il fait la terrible erreur d'égorger la maman de Thésée, un simple paysan qui s'avère être remarquablement doué au combat et qui dès lors s'opposera à ses plans.

Pendant qu'Hypérion tente de mettre la main sur le légendaire arc d'Epiros (qui fabrique ses propres flèches explosives en temps réel), les dieux regardent l'histoire avancer en se demandant s'ils peuvent agir (Zeus s'y oppose, Athéna est moins stupide). Il y a aussi Phèdre, une oracle vierge (qui ne le reste pas, personne ne peut résister aux charmes d'un Thésée qui passe le film à bouder, vaguement énervé). En plus d'être décorative, elle peut servir de GPS et voit le futur...

Le labyrinthe et le minotaure de la mythologie ne sont là qu'un très brefs instant et ne jouent presque aucun rôle. Ne vous focalisez pas sur l'intrigue, anémique, ou sur les anachronismes, très nombreux. Le film de Tarsem Singh ne veut pas être réaliste et s'inspire plus des Chevaliers du zodiaque et du Retour du roi que des dernières découvertes archéologiques.

Par exemple, les titans sont maintenus prisonniers par des barres d'acier striées comme vous pouvez en voir dans n'importe quel magasin de bricolage. C'est beau, mais ces stries sont là pour empêcher le glissement de l'acier dans le béton quand on les utilise comme armature. Bref, dans l'antiquité grecque, ça n'existait pas. Même remarque pour le superbe arc recurve composite que convoite le Roi Hypérion, qui brille par sa modernité.

Chaque choix, aussi irréaliste soit-il, est mûrement réfléchi. Les Immortels est un miracle visuel. Bien que tourné en studio, contrairement aux habitudes de Tarsem Singh qui adore voyager, il régalera les pupilles des spectateurs les plus exigeants. Les décors, grandioses et insolites, donnent une place très importante aux lignes démesurées et aux angles droits, évoquant les cathédrales modernes. C'est toujours aussi anachronique, mais c'est superbe. Pour faire bref, Les Immortels est un des plus beaux péplums jamais tournés. Les costumes abracadabrantesques aux couleurs chatoyantes évoquent la mise en scène contemporaine d'un opéra.

Inspiré du 300 de Zack Snider, mais aussi de jeux vidéos modernes (God of War et Prince of Persia : L'Âme du guerrier en tête), Les Immortels fourmille de trouvaille visuelles et se regarde comme un clip géant. Les scènes spectaculaires s'enchainent sans temps morts dans des environnements perpétuellement renouvelés. Les exécutions sont ponctuées de ralentis et on s'attend presque à voir une jauge de score s'afficher quand Thésée ou Athéna enchainent les combos.

Le nouveau film de Tarsem Singh est ainsi fidèle à ses deux longs-métrages précédents (The Fall et The Cell) : un moment de pure esthétique, vaguement scénarisé. Un peu comme si on tentait rajouter quelques dialogues dans le Baraka de Ron Fricke pour en faire une histoire. Ce sont des films faciles à détester ou à idolâtrer.

mardi 6 décembre 2011

Hara-kiri de Takashi Miike

Hara-kiri, mort d'un samouraï (Ichimei en VO) est un film japonais réalisé par Takashi Miike. Sorti en 2011, il est interprété par Ebizo Ichikawa, Eita Nagayama, Koji Yakusho, Hikari Mitsushima et Munetalla Aolli.



Hanshiro, un samurai sans emploi suite à la déchéance de son clan, vient présenter une requête exceptionnelle au seigneur Kageyu : il demande la permission de se faire seppuku sur son seuil, n'ayant plus les moyens de vivre et voulant mettre honorablement fin à ses jours. Kageyu lui raconte alors une histoire : celle d'un jeune ronin famélique étant venu faire une requête similaire quelques années plus tôt.

Ce nouvel Hara-kiri est la second adaptation à l'écran d'un roman de Yasuhiko Takiguchi. Tous les amateurs de cinéma se souviennent de Hara-kiri (Seppuku en VO) réalisé par Masaki Kobayashi en 1962, un des films de samurai mythiques ayant participé à la popularisation du genre (Prix du jury au Festival de Cannes en 1963). S'attaquer à un tel chef-d'œuvre intemporel était un pari très risqué, mais Takashi Miike s'en tire remarquablement bien et nous signe un film émouvant, très travaillé et digne de son titre.

Oubliez Ichi the Killer, Audition et Visitor Q. Oubliez même Izo, qui pourtant traitait également du destin d'un ronin. Ici nous naviguons à des kilomètres du style brouillon qui caractérisait les premiers film du stakhanoviste japonais. Et nous sommes plus loin encore de la dimension parodique et ludique qui définissait Yatterman, Sukiyaki Western Django ou The Great Yokai War. Après avoir tourné plus de 70 films en 20 ans, Miike nous prouve qu'il peut encore nous surprendre.

Tourné en 3D, le film de Miike passe bien en 2D. Ses cadrages larges et précis, évoquant Akira Kurosawa, sont d'une lisibilité exemplaire et participent à la poésie qui se dégage de chaque scène. L'essentiel du métrage est constitué de discussions très posées : d'abord celle entre Kageyu et Hanshiro qui sert de point de départ et de trame au film, mais également celles qui rythment la vie quotidienne de la famille de Hanshiro, avant le drame. L'histoire est ainsi mise en place en trois flash-backs, avant de se terminer sur une scène épique et tragique, qui paradoxalement est infiniment moins violente que celle qui clôturait le film de Kobayashi.

Là où Miike brille particulièrement, c'est dans la description mélodramatique d'une famille aimante sapée par la misère et la maladie. On pense alors au cinéma de Kenji Mizoguchi... L'empathie pour ces personnages est telle que l'objectif du film est finalement atteint : dénoncer une société féodale lâche et persuadé de sa propre supériorité et de son sens aigu de l'honneur. Avec justesse, Hara-kiri nous démontre qu'il y a plus de noblesse dans cette famille pauvre et en loque, armée de sabres de bois, que dans cette armure vide qui sert de symbole au clan Li.

Bien entendu, il est impossible d'égaler le film de Kobayashi, qui est quasi-parfait, mais ce nouveau Miike est exceptionnel. La façon dont il renoue avec un cinéma traditionnel à la Kurosawa et Hiroshi Inagaki tout en critiquant les valeurs féodales en font un monument qui doit être vu. Hara-kiri est le meilleur chanbara tourné depuis Le samouraï du crépuscule de Yôji Yamada.

dimanche 4 décembre 2011

Seventh Moon d'Eduardo Sánchez

Seventh Moon est un film d'horreur américain réalisé par Eduardo Sánchez. Sorti en 2008, il est interprété par Dennis Chan, Tim Chiou et Amy Smart.



Melissa et Yul forment un charmant couple américain venu visiter la Chine pour leur lune de miel. Cela doit aussi être l'occasion pour Melissa de rencontrer la famille de Yul. Après s'être régalés de pittoresques cérémonies à l'occasion de la fête des fantômes, leur guide qui leur sert aussi de chauffeur s'égare en rase campagne. Mais c'est le 15e jour du septième mois lunaire, le jour ou sont relâchés sur terre les esprits retenus dans les enfers et où sortent les démons de la lune.

Eduardo Sánchez, connu pour Le projet Blair Witch, nous propose ainsi une récit truffé de démons chinois, tournée avec une caméra parkinsonienne qui nous rappelle ses débuts cinématographiques. L'histoire se passe en une nuit, dans un espace réduit (un hameau et ses environs) avec seulement quatre personnages (dont deux très secondaires). Une habitude chez Sánchez (outre Blair Witch, Altered aussi jouait avec un casting réduit et une bonne unité de temps et lieu).

Ici, l'essentiel du film est consacrée à une partie de cache-cache nocturne assez confuse. Après une tentative de fuite par la route se terminant dans un fossé, notre couple se cache dans sa voiture, puis prend la fuite à l'approche des démons pour essayer de se planquer dans le village. Après le village, nouvelle fuite, nouvelle planque (une grange), nouvelle arrivée des démons, nouvelle fuite, nouvelle planque (la voiture, seconde tentative), nouvelle arrivée des démons, nouvelle fuite, nouvelle planque (un cimetière)... Dit comme ça, c'est répétitif mais pas vraiment ennuyeux. Ces courses effrénées à travers les champs sont filmées dans le noir, avec des mouvements flous et des cadrages très approximatifs. Ça donne la nausée mais ça contribue au stress.

Le troisième chapitre du film est beaucoup plus réussi, bien que mélodramatique au possible. Des explications très (trop) pédagogiques sont données sur les démons et nous avons le droit à un beau sacrifice motivé par l'amour... Avant d'enchainer sur une dernière poursuite floue dans le noir (les mauvaises habitudes sont dures à perdre).

Bien que ce soit une production américaine, Eduardo Sánchez a le bon gout de travailler en chine avec une équipe locale, ce qui donne une dimension plus réelle et plus sincère à son projet. Loin d'être un chef d'œuvre, Seventh Moon est cependant un petit film d’horreur sympathique qui ne mérite pas sa terrible réputation.

vendredi 2 décembre 2011

Left Bank de Pieter Van Hees

Left Bank (Linkeroever en VO) est un film d'horreur Belge réalisé par Pieter Van Hees. Sorti en 2008, il est interprété par Eline Kuppens, Matthias Schoenaerts, Sien Eggers, Marilou Mermans, Frank Vercruyssen et Robbie Cleiren.



Une jeune athlète, Marie, se voit obligée d'abandonner ses activités sportive à cause d'une maladie mal identifiée (et qui d'ailleurs ne sera pas diagnostiquée de tout le film). Du jour au lendemain, elle se retrouve oisive, alors qu'elle était habituée à une vie très éreintante. Parallèlement, elle rencontre Bobby, un vendeur de voiture adepte du tir à l'arc. Elle décide d'emménager chez lui dans un appartement du Linkeroever (la rive gauche d'Antwerp, d'où le titre du film).

Seule l'essentiel du temps et n'ayant rien à faire de ses journées, Marie va rapidement se sentir oppressée par cet appartement et par tout l'immeuble. Cette oppression va tourner à l'obsession quand elle découvrira la disparition de la précédente locataire, quelques mois auparavant. Justement, cette dernière enquêtait sur d'anciens rituels païens s'étant déroulés sur place.

Voilà une rareté : un film d'horreur flamand. Sobre et s'intéressant plus au social qu'à sa thématique fantastique, le premier long-métrage de Pieter Van Hees est très soigné et évoque par moment le cinéma de Roman Polanski. Left Bank est lent, posé et s'évertue à nous décrire le quotidien rasoir et creux d'une femme brutalement forcée de cesser ses activités et découvrant au passage la vie en couple.

Rapidement la suspicion s'instille dans sa relation... Suspicion qui a hélas la faiblesse scénaristique d'être justifiée de la manière la plus pragmatique qui soit. C'est là le seul défaut du film : la vitesse avec la quelle il passe d'une explication psychologique à une simple histoire d'horreur plutôt mal ficelée. En 10 minutes, on sombre de The Haunting de Robert Wise à un clone d'Amityville. C'est d'autant plus dommage que le contexte social et psychologique est étoffé : l'héroïne n'a pas même passé 24 heures cumulées avec Bobby quand elle emménage chez lui, elle change brutalement d'habitude de vie, elle est épuisée et subitement forcée à l'oisiveté...

On se retrouve avec un faux film fantastique (par sa construction) et avec un faux film psychologique (par son dénouement). Mais comme je n'aime pas ranger les titres dans des boîtes cela ne me dérange pas vraiment. La photographie est superbe, les personnages sont intéressants. et les quelques séquences oniriques qui parsèment l'intrigue sont aussi percutantes que réussies. Au final, l'ensemble parvient à être original.

mercredi 30 novembre 2011

Territoires de Olivier Abbou

Territoires est un film franco-canadien réalisé par Olivier Abbou. Sorti en 2011, il est interprété par Roc LaFortune, Sean Devine, Nicole Leroux, Cristina Rosato, Michael Mando et Alex Weiner.



Au retour d'une noce bien arrosé, cinq jeunes se font arrêter en pleine forêt par deux douaniers alors qu'ils passent du Canada aux États-unis. Alors qu'ils semblent plutôt en règle, exception faite de leur alcoolémie, la situation est tout de même très tendue. Les douaniers sont agressifs et semblent très suspicieux au sujet de l'un d'entre-eux qui a le malheur d'avoir un nom peu américain (il s'appelle Jalii Adel Kahlid). Après quelques minutes, très intenses, la situation dérape complètement. Un des passagers se fait abattre et les autres sont menottés et emmenés par les douaniers. Désormais ils seront enfermés dans des cages, vêtus de survêtements oranges et la tête couverte d'un sac de toile.

Dans la pratique nous avons affaire à un torture flick. Genre récemment remis au goût du jour par Hostel (et un peu par Saw). Sauf que ça se veut plus intelligent que Hostel (ce qui n'est pas difficile). Le film est truffé d'interminables scènes d'interrogatoires très réussies et très déstabilisantes. Les faux douaniers, solidement interprétés, sont d'anciens gardes à Guantanamo qui semblent agir non pas par plaisir mais par habitude et pour obtenir des informations. Informations qui n'existent pas, bien entendu... Il y a un vrai effort de recherche dans les interrogatoires, notamment cette façon de répéter chaque réponse reçue, lentement et comme si elle était aberrante, même quand la question est élémentaire.

Après un démarrage au quart de tour et quelques scènes vraiment oppressantes, le script s'enlise un peu. Incapable de faire avancer l'intrigue, Olivier Abbou fait intervenir un détective privé qui apparait et disparait dans un segment cinématographique qui semble presque déconnecté du reste de l'intrigue. Saluons tout de même le culot de la non-fin du film, conclusion nihiliste et désespérée à une œuvre pleine de bonnes idées mais un peu maladroite. Au final le bilan est plutôt positif, surtout pour un métrage s'inscrivant dans un genre aussi limité.

Territoires fait d'Olivier Abbou un réalisateur débutant à surveiller attentivement. Après quelques courts-métrages et un bref passage à la télévision, espérons qu'il continua sa carrière sur les grands écrans. Hélas, même si j'ai beaucoup aimé, je crains que l'accueil public soit plutôt froid pour une telle production (trop originale pour un torture flick, un peu limitée pour un film politique).

lundi 28 novembre 2011

The Troll Hunter de André Øvredal

The Troll Hunter (Trolljegeren en VO) est un film fantastique norvégien réalisé par André Øvredal. Sorti en 2011, il est interprété par Otto Jespersen, Hans Morten Hansen, Tomas Alf Larsen, Johanna Mørck, Knut Nærum, Robert Stoltenberg et Glenn Erland Tosterud.



Dans la veine des found footages contemporains, ces bobines / K7 / cartes SD retrouvées après une disparition ou une catastrophes et montées au cinéma, je vous présente le dernier né : The Troll Hunter. Comme un Cannibal Holocaust ou un Diary of the Dead, le film suit une bandes de cinéastes (ici des étudiants) qui veulent tourner un documentaire.

Au départ, nos apprentis réalisateurs s'intéressent à un ours qui fait des ravages dans divers troupeaux et à un homme mystérieux qui semble être un braconnier (la Norvège c'est comme la France : on n'y tue pas les ours et quand cela se produit les journalistes sont là pour s'indigner de la tragédie). Sale, bourru, barbu et vivant dans une caravane délabrée, cet individu, Hans, incarne au départ le méchant chasseur, celui qui doit mourir au milieu du film parce-qu'il a tué des animaux (je rappelle que c'est un crime bien plus grave que le meurtre au cinéma, sans doute une conséquence du traumatisme engendré par Bambi).

Mais, après une nuit agitée où l'équipe de tournage le surprend occupé à traquer un colosse dans les bois, Hans révèle sa vrai profession : il est chasseur de troll, payé par le gouvernement pour lutter contre leur prolifération et pour s'assurer qu'ils ne quittent pas leurs réserves. Et il se révélée être plutôt sympathique et terriblement attachant. Chargé seul de faire un métier très dangereux, pas reconnu, mal payé et demandent des tas d'heures supplémentaires de nuit, il accepte de se laisser filmer pour protester contre ses conditions de travail...

Même si certaines passages évoquent Cloverfield, The Troll Hunter s'éloigne du scénario traditionnel des films de grosses bestioles. Ici, les trolls sont le gibier du début à la fin, même si l'équipe de tournage se retrouve plusieurs fois dans des situations très critiques (il y a plusieurs morts). Hans est absolument génial : doté d'un sang-froid à toute épreuve, il fait avec des moyens pitoyables un travail remarquable dans des conditions terrifiantes (et se fait engueuler par son supérieur)... Version rustique du Ash d'Evil Dead, il est la principale réussite du film et c'est pour lui que le spectateur tremblera (il faut dire qu'on sent qu'il peut mourir, ce qui accentue encore l'inquiétude qu'on éprouve à son égard).

Notons aussi les effets spéciaux, remarquables pour une production norvégienne. Les trolls sont photo-réalistes et le combat final, faisant intervenir un spécimen géant de plus de cent mètres de haut, est dantesque. Et pourtant ce n'est pas facile de créer des créatures qui soient à la fois crédibles et qui puissent se rapprocher du folklore sur les trolls... Les paysages sont également très beaux, en en parfaite adéquation avec les créatures exhibées.

D'ailleurs, c'est un autre point fort de The Troll Hunter : créer un contexte moderne et crédible sur les trolls, équivalent à celui qui existe pour les vampires, le loups-garous et les zombis, tout en y intégrant énormément d'éléments issus des contes et légendes norvégiens. Il y a quelque-chose de remarquable dans la façon dont le film introduit toutes ses références, ce que soit cette haine violente qu'éprouvent le trolls pour l'odeur des chrétiens ou cette scène avec trois chèvres sur un pont (et un troll en dessous).

Au final, The Troll Hunter est un film fantastique qui brille par son personnage central, son thème et son originalité. Loin des productions hollywoodiennes calibrées, il surprend continuellement son spectateur en évitant de nombreux clichés (pas tous, tout de même). Bref, il ravira les amateurs de cinéma déviant et consternera les habitués des super-productions qui se plaindront que ce n'est pas le scénario qu'ils connaissent déjà par cœur, donc que ce n'est pas logique. C'est sans doute une des meilleures surprises de l'année 2011...

samedi 26 novembre 2011

Bloody Bird de Michele Soavi

Bloody Bird (Deliria en VO) est un film d'horreur italien réalisé par Michele Soavi. Sorti en 1987, il est interprété par David Brandon, Barbara Cupisti, Domenico Fiore, Robert Gligorov, Mickey Knox, Giovanni Lombardo Radice, Clain Parker et Loredana Parrella.



Une troupe de comédiennes répètent, sous la supervision d'un metteur en scène tyrannique, une comédie musicale sanglante et érotique mettant en scène un tueur affublé d'un énorme masque de hibou. Quand une des danseuses se foule la cheville, elle décide de passer consulter un médecin pour se faire soigner. Mais par crainte de se faire renvoyer, elle choisit de s'éclipser en douce et de se rendre à l'hôpital le plus proche, qui est en fait un asile psychiatrique. Là, elle reçoit une pommade pour sa jambe, mais éveille aussi la convoitise du serial killer Irving Wallace, nouvellement transféré... Ce dernier s'évade et la suit quand elle retourne travailler.

Dans les années 80, le giallo, genre initié par Mario Bava avec Six femmes pour l'assassin, est encore très vivant en Italie. Cela fait même une décennie qu'il a inspiré, de l'autre coté de l'océan, un autre cinéma : le slasher. Mais l'influence fonctionne dans les deux sens. Michele Soavi, plus tard connu pour son excellent Dellamorte Dellamore, nous gratifie ainsi d'un hybride parfait en 1987... Un film reprenant l'esthétique baroque du giallo mais occultant toute dimension policière pour, au final, se résumer à une simple succession d'exécutions spectaculaires.

De la tronçonneuse à la perceuse, en passant par la hache et le poignard, tout l'arsenal du tueur en série cinématographique est mis à contribution dans un huis-clos anxiogène. Les images sont très léchées, avec des costumes tout droits sortis d'un music-hall de broadway et un fantastique tueur à tête de hibou qui évoque Michael Mayer et Jason Voorhees et par son mutisme et sa persévérance. L'impression théâtrale qui se dégage du film est renforcée par la musique de Simon Boswell, compositeur britannique habitué aux productions italiennes (Phenomena, Demons 2).

Hélas, même s'il n'oublie pas de rendre hommage à la scène de la douche de Psychose, ce Bloody Bird n'est pas exempt de défaut. L'absence de véritable scénario et les effets gores peu aboutis en font un slasher tout juste au dessus de la moyenne. Il ne ravira donc que les fans du genre (voilà que je sombre moi aussi dans le cliché).

jeudi 24 novembre 2011

Manufactured Landscapes de Jennifer Baichwal

Manufactured Landscapes est un documentaire canadien réalisé par Jennifer Baichwal en 2006 et dont la direction artistique est assurée par Peter Mettler. Il est mis en musique par Dan Driscoll.



Manufactured Landscapes est consacré à l’œuvre d'Edward Burtynsky, photographe canadien professionnel spécialisé dans les paysages industriels et seule star du film (même s’il n’est pas présent à l’écran). Plusieurs de ses photos sont d’ailleurs montrées, ainsi que les réactions du public dans une de ses expositions.

Ce documentaire est un descendant indirects de la trilogie des Qatsi. Plus précisément, il se rapproche de Powaqqatsi puisqu’il illustre la modernisation du monde et l’emballement de notre civilisation pour les technologies, le bitume et le béton. Comme son titre l'indique, le film de Jennifer Baichwal regorge de paysages urbains artificiels, d'interminables autoroutes et de titanesques barrages.

Carrières, mines, chantiers, usines et lotissements se succèdent à l'écran, sans commentaires, dans ce qui se rapproche de la symphonie urbaine chère au cinéma expérimental. On entend certes quelques dialogues, mais ils sont secondaires et tiennent de la simple coïncidence, exception faite d’un d’interview de quelques minutes. Le reste du temps, les images, majestueuses et froides, ont leur propre force qui se passe remarquablement bien du verbe...

Le point culminant de Manufactured Landscapes, c’est le barrage des Trois-Gorges, qui dépasse par sa disproportion tout les autres chantiers illustrés. Il y a quelque chose de fascinant dans la façon dont une ville entière, moderne et démesurée, peut être rasée pour laisser place à un des plus grands lacs artificiels du monde. C’est d’ailleurs à cette occasion qu'Edward Burtynsky rompt son vœu de silence, après une heure de film, et que quelques rapides explications sont données sous forme de l’interview d’un travailleur.

Moins abstrait et moins savamment composé que les chefs-d’œuvre de Godfrey Reggio, Manufactured Landscapes est cependant superbe. Un peu trop, même, aux yeux de nombreux spectateurs, puisque la glaçante beauté de ses images désactive le message écologiste que certains voudraient y voir. Loin du Home de Yann Arthus-Bertrand qui noyait son auditoire dans un flot de mots inutiles et partisans, Manufactured Landscapes laisse ses spectateurs libres de leur interprétation.

mardi 22 novembre 2011

The Thing de Matthijs van Heijningen Jr.

The Thing est un film de science-fiction horrifique américain réalisé par Matthijs van Heijningen Jr. Sorti en 2011, il est interprété par Mary Elizabeth Winstead, Joel Edgerton, Ulrich Thomsen, Eric Christian Olsen et Adewale Akinnuoye-Agbaje.



Je n'ai rien contre les remakes. D'ailleurs je considère The Thing de John Carpenter comme un des meilleurs films de science-fiction horrifiques jamais tournés alors qu'il s'agit d'une réadaptation de la nouvelle Who Goes There? écrite par John W. Campbell, nouvelle qui avait déjà été portée au cinéma par Christian Nyby sous le titre La Chose d'un autre monde. De plus, c'est le premier film destiné au cinéma de Matthijs van Heijningen Jr., donc il n'a pas d'antécédents. Ainsi, je suis allé voir ce The Thing cuvée 2011 sans réels aprioris.

Nous sommes en 1982 et la paléontologue Kate Lloyd est recrutée pour effectuer un travail d'expertise sur un mystérieux spécimen tout juste découvert en Antarctique. Une fois arrivée sur place, dans un base de recherche norvégienne, elle comprend qu'il s'agit d'un extra-terrestre. Mais ce dernier va rapidement s'éveiller et entreprendre de décimer le casting dans la version cinéma des Loups-garous de Thiercelieux. Car la chose d'un autre monde peut contaminer n'importe qui et prendre son apparence.

Les effets spéciaux modernes sont très convaincants et les incarnations de la créature, inspirées du travail original de Rob Bottin, fonctionnent remarquablement bien. C'est un plaisir de voir cette alien toujours changeant se mouvoir d'une façon aussi convaincante à l'écran.

Hélas l'ensemble manque d'âme. La peur et la paranoïa qui imprégnaient l'œuvre de Carpenter sont absentes ou édulcorés. Par exemple, la chose a une forme initiale, ce qui enlève de sa dimension lovecraftienne (un montre indicible et protéiforme, c'est bien plus effrayant qu'un gros insecte). De même, les décors sont majestueux mais l'impression de froid glacial manque cruellement. Voir tout le casting marcher dehors, peu couvert et le visage nu donne un petit côté urbain à ce qui devrait être une base antarctique presque invivable.

La musique est correcte mais n'égale pas le score extraordinaire d'Ennio Morricone qui accompagnait le film de 1982. Cependant, le vrai défaut de The Thing, version 2011, ce sont ses personnages, ou plutôt son absence de personnages. L'héroïne, une américaine intégrée de force par un scénariste paresseux au milieu d'une base norvégienne, est creuse et inexpressive, la faute à Mary Elizabeth Winstead, déjà peu convaincante dans Destination finale 3 et Black Christmas. Alors que nous avons une ribambelles de scientifiques barbus, trapus et habitué à la rigueur de l'Antarctique, pourquoi le script se concentre-t-il sur une parfaite représentante de ce que l'Amérique produit de plus insipide comme personnage ?

En fait, ce The Thing n'est mauvais qu'en comparaison du film de 1982. En absolu, la version de Matthijs van Heijningen Jr. est un film hollywoodien correct : simple, bien filmée et distrayante, il rempli son contrat. De plus, il ne s'agit pas d'un remake mais d'une préquelle qui peut s'enchainer à la perfection avec le bijou de Carpenter. Pour toutes ces raisons il peut mériter le détour.

dimanche 20 novembre 2011

Phénomènes paranormaux de Olatunde Osunsanmi

Phénomènes paranormaux est un film de science-fiction américain réalisé par Olatunde Osunsanmi. Sorti en 2009, il est interprété par Milla Jovovich, Elias Koteas, Will Patton, Hakeem Kae-Kazim, Corey Johnson et Charlotte Milchard.



Vendu chez nous comme un clone de Paranormal Activity, Phénomènes paranormaux n'entretient que très peux de rapports avec son aîné. En fait, son titre américain, The Fourth Kind, ne jouait pas sur cette confusion et avait le mérite d'expliciter le sujet du film. Pour les novices, je rappelle qu'une rencontre du quatrième type est une abduction par des extra-terrestres selon le système de classification de Hynek (merci à Steven Spielberg et à son Rencontres du troisième type pour avoir donné une telle visibilité à cette méthode de classification).

Dans la petite ville de Nome, en Alaska, le docteur Abigail Tyler, dont le mari s'est fait assassiner peu avant sous ses yeux, constate une épidémie d'insomnie chez ses clients. Abigail étant psychologue, elle fait rapidement le lien entre toutes le visions de ses patients, qui mentionnent systématiquement un hibou. Mais quand elle commence à recourir à l'hypnose, elle constate que le hibou n'est qu'une illusion destinée à cacher quelque-chose de bien plus effrayant.

Le film se présente comme la réunion de found footages réels et de scènes reconstituées. En gros, les trois quarts du temps, Milla Jovovich joue le docteur Abigail Tyler, en suivant scrupuleusement des témoignages et des rapports de police, le reste du temps on voit des enregistrements vidéos de la vraie Abigail Tyler. Évidemment c'est du pipeau, mais c'est assez bien trouvé. Ainsi, l'actrice qui joue Abigail Tyler n'apparait pas dans le casting et il y a des tas de messages qui expliquent que tout est une histoire vraie et qui donnent des détails sur les événements s'étant produits dans la ville de Nome (fausses statistiques à l'appui, affichées sans honte et avec une musique inquiétante).

Universal Pictures avait même poussé le soin du détail jusqu'à créer de faux articles et de fausses rubriques nécrologiques et à les répandre sur le net pour faire croire que les événements du films son réels. Dommage qu'il se soit fait pincer la main dans le sac par le Club de Presse d'Alaska. Mais en dehors de ce faux réalisme de pacotille et de toutes ces fausses preuves, il n'y a pas grand chose à sauver de Phénomènes paranormaux. C'est du déjà-vu, mal mis en scène et mal raconté.

La fausse vraie Abigail Tyler est jouée par Charlotte Milchard, bien plus convaincante que Milla Jovovich mais bien moins sexy. A part ça le casting est peu inspiré et les acteurs ne cachent que très mal qu'ils ne croient pas au script. Ce qui est très compréhensible étant donné sa vacuité... C'est d'ailleurs dans ce vide sidéral qu'il faut chercher le rapport avec Paranormal Activity. Les inconditionnels d'UFO, en manque depuis la fin de la série X-files, apprécieront certainement la tambouille. Les autres risquent de s'ennuyer.

vendredi 18 novembre 2011

Paranormal Activity 3 de Henry Joost et Ariel Schulman

Paranormal Activity 3 est un film d'horreur indépendant américain réalisé par Henry Joost et Ariel Schulman. Sorti en 2011, il est interprété par Lauren Bittner, Christopher Nicholas Smith, Chloe Csengery, Jessica Tyler Brown, Dustin Ingram et Hallie Foote.



Ce troisième volet de la saga est en fait une préquelle à Paranormal Activity 2, qui était lui-même une préquelle au premier film. Chronologiquement, l'histoire se situe en 1988, donc pendant l'enfance de Katie et de Kristi. Cela fait de Paranormal Activity une des séries les plus désordonnées de l'histoire du cinéma, surtout si on prend en compte la suite japonaise, qui s'est vu privée de son numéro sur le marché international (alors que c'était le seul opus correctement numéroté).

Époque différente mais même histoire, Julie et Dennis forment un jeune couple ordinaire. Julie a déjà deux enfants d'une relation précédente (Katie et de Kristi, si vous suivez). Ensemble, la petite famille vit un quotidien banal à mourir, mais plutôt sympathique, jusqu'à ce que Dennis se mette à tout filmer. Là, les phénomènes étranges vont commencer à se multiplier, impliquant essentiellement les deux gamines. Kristi semble en effet communiquer avec un ami imaginaire fort encombrant.

Nous sommes dans les années 80, donc les cartes SDHC n'existaient pas et les K7 étaient chères. Heureusement, Dennis est spécialisé dans les vidéo de mariages, il est donc très bien équipé ce qui permet au nouveau film d'être exactement comme les autres (avec juste un peu plus de bruit, de flou et de neige à l'écran). C'est terriblement pratique que partout où passe ce démon il y ait toujours un obsédé du caméscope...

Comme promis par les affiches, l'origine de l'histoire est enfin révélée. Les spectateurs difficiles feront remarquer que les éléments essentiels de l'intrigue étaient déjà présent dans le second opus et qu'en plus le script de Christopher B. Landon introduit quelques petites incohérences qu'il balaie d'un revers de main avec une histoire abracadabrantesque de lavage de cerveau. Mais dans l'ensemble, j'ai trouvé que ça se tenait fort bien. Il faut dire que c'est facile de rendre cohérente une histoire aussi simple.

Les fans seront heureux de connaitre enfin le nom du démon (je vais vous faire économiser 9 euros : il s'appelle Toby). Les autres sursauteront quand les portes claquent et bailleront le reste du temps. Au final, avec quatre films, on a une histoire presque complète qui suffirait pour faire un long-métrage correct, une fois les redites gommées. Mais ça ne va pas s'arrêter là : Paranormal Activity 4 est prévu pour octobre 2012.

mercredi 16 novembre 2011

Paranormal Activity: Tokyo Night de Toshikazu Nagae

Paranormal Activity: Tokyo Night (Paranômaru akutibiti: Dai-2-shô - Tokyo Night en VO) est un film japonais réalisé par Toshikazu Nagae. Sorti en novembre 2010, soit un mois après Paranormal Activity 2, il est interprété par Aoi Nakamura, Noriko Aoyama, Kazuyoshi Tsumura, Kōsuke Kujirai, Maaya Morinaga et Ayako Yoshitani.



Paranormal Activity, par sa simplicité, son naturalisme et son usage intense de la vidéo avait hérité quelque-chose de Ring. De plus, dans le yurei eiga (les films de fantômes nippons), tout repose aussi sur une force foncièrement maléfique. Il n'y a pas de rédemption pour le fantôme, on sait qu'il est mauvais et qu'il ne causera que mort et souffrance. Pas étonnant donc qu'un japonais ait décidé de produire sa propre version du film de Oren Peli. Après les remakes américains de Dark Water, de Kairo, de One Missed Call et de Ju-on, il est normal que le Japon prenne sa revanche...

Le choix de Toshikazu Nagae, coupable de Ghost System, le yurei eiga le plus mal foutu jamais tourné au pays du soleil levant, est logique. Après tout, il a déjà fait ses preuves question ennui et banalité. Si on m'avait demandé un nom, c'est lui que j'aurais désigné.

Tout commence avec Haruka Yamano, une charmante jeune fille de retour des États-unis. Accidentée, elles se déplace en fauteuil roulant et doit donc compter sur son frère, Koichi, pour s'occuper d'elle. Le père de la famille part justement en voyage d'affaire à Singapour et laisse ses deux enfant seuls à la maison. Comme par hasard, Koichi a acheté une caméra et décide de filmer tout ce qui passe à porté de son objectif, ce qui fait une sacré coïncidence, puisque le démon responsable de la mort de Micah a justement décidé de s'en prendre à sa sœur. Pourquoi, partout où elle va, cette entité paranormale rencontre-t-elle des caméramans amateurs ? Ça doit être une malédiction !

Il y a un "2" présent dans le titre japonais mais disparu dans le titre anglais international de Tokyo Night, car ce film est bien une suite. En effet, nous apprenons que Haruka a eut un accident en croisant Katie, qui était en cavale après la mort de son petit-amis. Haruka s'est cassée les deux jambes dans l'accident et a tué la pauvre Katie au passage. Pas étonnant donc que le démon s'en prenne à elle. Et cette fois il va faire très fort : non seulement il va ouvrir et fermer des portes, mais il va aussi faire des bruits de pas ! Comment ça, il le faisait déjà avant ? Ah oui...

Remake poussif et convenu d'un film poussif et convenu, Tokyo Night ne brille que par un final très japonnais et terriblement effrayant (mais n'excédant pas les 3 minutes). Le reste du temps, c'est un frère et une sœur qui se chamaillent et s'ennuient, seuls, chez eux. C'est un peu mieux qu'un couple qui s'engueule, mais tout juste. Le point positif, c'est que comme c'est une suite (et comme les "2" et "3" américains sont des préquelles) on peut voir les quatre films comme une tétralogie cohérente.

C'est le moins mauvais des quatre Paranormal Activity, mais cela ne veut pas dire que c'est un bon film. En fait, il est au niveau de Ghost System...

lundi 14 novembre 2011

Paranormal Activity 2 de Tod Williams

Paranormal Activity 2 est un film d'horreur indépendant américain réalisé par Tod Williams. Sorti en 2010, il est interprété par Sprague Grayden, Brian Boland, Molly Ephraim, Katie Featherston et Micah Sloat.



De temps en temps, un petit malin talentueux sort un film d'horreur uniquement basé sur une bonne idée. L'intérêt, c'est qu'avec un budget ridicule on peut faire quelque-chose de correct si les contraintes techniques sont intégrées au scénario. Un bon exemple est Cube, réalisé en 1997 avec un budget restreint, il est tourné dans une unique pièce (dont la couleur change, car le cube est sensé être un véritable dédale). Mais cette limitation des décors participe à l'impression de claustrophobie dégagée par l'œuvre de Vincenzo Natali.

Plus tard, Daniel Myrick et Eduardo Sánchez nous servirent Blair Witch, une "pellicule retrouvée après la disparition de l'équipe". Tourné essentiellement au caméscope, il prouvait qu'il est possible d'effrayer avec seulement 25 000 dollars... Et de rapporter au passage plus de 250 millions de dollars dans le monde. D'un point de vue commercial, Paranormal Activity fait encore plus fort... Pas étonnant donc qu'un suite soit rapidement produite.

Au début du film, Kristi, la sœur de Katie (l'héroïne du premier film), emménage avec son mari Daniel et leur fils dans une nouvelle maison. Comme Micah, Daniel se découvre tout de suite une passion pour l'art de mal filmer tout et n'importe quoi, n'importe quand et n'importe comment. Quand sa maison semble avoir été cambriolée, Daniel décide d'installer un système de surveillance vidéo. A partir de ce moment là, il sera le témoin de phénomènes étranges... Par exemple, le robot chargé de nettoyer sa piscine sort toutes les nuits de son bassin ! Mon dieu ! Que c'est effrayant !

Difficile de faire une suite plus semblable à son ancêtre. Paranormal Activity 2 n'innove pas. En fait, il copie presque plan par plan le film de Oren Peli, se permettant juste de donner quelques éléments nouveaux sur le démon invisible responsable des évènements. Techniquement, d'ailleurs, il ne s'agit pas d'une suite mais d'une préquelle, si bien qu'on peut trouver que ça fait une sacrée coïncidence que deux hommes se connaissant peu décident tous les deux indépendamment de filmer leurs compagnes au moment précis où un démon va les harceler.

Déjà fatigantes et répétitives pendant les 86 minutes du premier opus, les scènes de frousses de Paranormal Activity 2 sont de véritables morceaux de non-cinéma. Mise-en-scène ratée (plans fixes ou caméra tenue à bout de bras, et c'est tout), acteurs pathétiques, scénario faussement intelligent, ennui omniprésent... Le film de Tod Williams est consternant.

samedi 12 novembre 2011

Paranormal Activity de Oren Peli

Paranormal Activity est un film indépendant américain écrit, réalisé et produit par Oren Peli. Sorti en 2009, il est interprété par Katie Featherston, Micah Sloat, Mark Fredrichs, Amber Armstrong et Ashley Palmer.



Tout commence avec un couple ordinaire Katie et Micah, incarnés par Katie Featherston et Micah Sloat (quelle coïncidence). Un jour, Micah achète une caméra et se met à filmer tout et n'importe quoi, en commençant par ce qu'il y a de plus trivial ou banal. Mais après quelques événements étranges (du bruit la nuit, par exemple), il décide de filmer sa chambre pour capturer les manifestations paranormales qui se manifestent autour de sa petite amie.

Paranormal Activity est un des films les plus rentables de l'histoire du cinéma. Tourné pour un budget de 13 500 dollars, il a ramené une cagnotte de 193 millions. On l'a comparé à Blair Witch et à Ring... Mais si vous pensez qu'un tel succès doit cacher quelque-chose de génial, alors vous avez tout faux.

Les chiffres ne sont pas importants. Paranormal Activity est juste monotone, prévisible et répétitif. En fait, il est si ennuyeux que certains y voient une étude de mœurs sur la classe moyenne américaine. On suit un couple tellement insipide, banal et creux que ça en devient presque effrayant (le faible niveau des acteurs empirant encore le phénomène).

Le film se décomposes en deux types de séquences, alternées à l'infini. D'abord on voit le couple s'ennuyer, se disputer (souvent au sujet des phénomènes) ou vaquer à des occupations anodines. Ensuite il y a les séquences de nuit (comme celle sur l'affiche). Filmées en accéléré avec un caméscope sur trépied, on y voit les minutes défiler à toute allure jusqu'à ce que le chronomètre se calme. Le temps reprend sa course normal et le spectateur sait alors que "quelque-chose" va se produire (merci de désactiver tout effet de surprise avec un indicateur, personnellement j'aurais ajouté un "warning" qui clignote en rouge). Généralement, c'est un porte qui s'ouvre (ou qui claque), un drap qui glisse ou un bruit de pas à l'étage. Sauf à la toute fin du film, où c'est plus grave. Mais dix seconds d'angoisse sur 86 minutes de film, c'est peu.

Les scènes de la vie de tous les jours sont filmés caméscope à la main, avec une maladresse abominable. Il faut dire que cette amateurisme est volontaire. L'acteur Micah Sloat qui teint la caméra était cadreur pour la TV, donc il produisait un travail de bonne qualité. Si bien que Oren Peli lui a imposé de cadrer à l'aveuglette, sans utiliser le viseur... Mais ce n'est pas seulement la mise en scène qui est loupée dans Paranormal Activity. Tout est raté. L'histoire n'est pas crédible, le suspens est absent, les acteurs sont mauvais et les dialogues sont insipides.

jeudi 10 novembre 2011

Accident de Soi Cheang

Accident est un thriller hong-kongais réalisé par Soi Cheang. Sorti en 2009, il est interprété par Louis Koo, Michelle Ye, Lam Suet, Stanley Fung, Monica Mok et Richie Ren.



Le film est produit par Johnnie To dont le style se perçoit par moment, avant que Cheang ne trouve sa propre voie et ne développe sa propre esthétique.

Tout commence avec le "cerveau", incarné par Louis Koo. On ne connaitra pas son nom de tout le film, mais aidé d'une petite bande de partenaires, c'est un tueur à gage qui organise des meurtres parfaitement camouflés en accidents (avec des enchainements dignes de Destination finale). Un jour, juste après avoir tué un père pour permettre à son fils d'hériter, il est lui-même victime d'un accident (auquel il échappe in extrémis). Persuadé être la cible d'un assassin, il commence à enquêter.

Accident est un film brillant. Comme Soupçons d'Alfred Hitchcock, c'est avant tout une merveilleuse réflexion sur la paranoïa et sur la façon dont l'esprit humain peut interpréter des signes anodins pour en faire un complot cohérent. Mais la filiation avec Hitchcock ne s'arrête pas là puisque l'histoire lorgne aussi du côté de Fenêtre sur cour... La mise en scène est très soignée : géométrique, cardée au cordeau et presque clinique, elle est d'une précision remarquable et fait écho à la planification obsessionnelle des tueurs. Car ces derniers utilisent maquettes et répétitions pour un résultat toujours minuté à la perfection.

Mais Accident c'est aussi un casting exceptionnel. On remarque tout particulièrement Louis Koo, personnage central dont la formidable intelligence se retourne contre lui-même (a moins que...). Ses acolytes, simplement affublés de surnoms (la femme, le gros, l'oncle) sont aussi brillamment interprétés, quoi que discrets. Il en résulte une mécanique qui tient de l'horloge de précision, avec des engrenages ajustés au micron qui se dérèglent sans dérailler. Après Dog Bite Dog, Soi Cheang se révèle ainsi un potentiel successeur de Johnnie To et Tsui Hark.

mardi 8 novembre 2011

Scream 4 de Wes Craven

Scream 4 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 2011, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Emma Roberts et Hayden Panettiere. On ne change pas un casting qui fonctionne.



Dix ans se sont écoulés depuis les événements de Scream 3, et Stab, le fameux film dans le film qui raconte l'histoire du film, est devenue une saga interminable. Scream 4 s'ouvre sur une paire de jeune filles qui parlent de cinéma d'horreur (et qui se désolent de la nullité abyssale de la saga Saw). Après un coup de fil qui rappelle furieusement l'ouverture de Scream, elles se retrouvent en contact avec un psychopathe qui leur promet une mort atroce. Aussitôt dit aussitôt fait. Sauf que le titre Stab 6 apparait à l'écran pendant qu'elles agonisent.

Et oui, ce n'était qu'un film que regardent deux adolescentes blondes. L'une des deux proteste contre la prévisibilité de ce qu'elle vient de voir, ce qui est compréhensible. Elle se fait alors poignarder par sa copine (là ce n'était pas prévisible, je le reconnais). Et le titre Stab 7 apparait à l'écran. Deux nouvelles blondes, avachies dans leur canapé, discutent alors de ce retournement de situation. C'est vrai que cette récursivité n'est pas très logique. Si Stab 6 n'est qu'une fiction dans Stab 7, qu'en est-il de Stab 5 et Stab 4 ? Sont-ce des films dans des films dans des films dans des films ? Heureusement, nos spectatrices sont à leur tour poignardées. Et cette fois c'est le titre Scream 4 qui apparait à l'écran.

Scream jouait sur la référence à un genre très codifié. Parodique mais respectueux, il ne prenait pas ses spectateurs pour des demeurés mais ne perdait pas de vue que pour fonctionner, il faut être accessible aux handicapés mentaux. Scream 2 explorait les règles qui régissent les suites. Scream 4 s'intéresse pour sa part à la vague moderne de remakes qui a submergé Hollywood. Bien qu'il soit une suite, le nouveau film de Wes Craven est en effet centré sur un tueur qui veut faire son propre remake des meurtres de Woodsboro.

C'est vrai qu'entre Halloween, Texas Chainsaw, Dawn of the Dead, The Hills Have Eyes, Amityville Horror, Last House on the Left, Friday the 13th, A Nightmare On Elm Street, My Bloody Valentine, When A Stranger Calls, Prom Night, Black Christmas, House of Wax, The Fog et Piranha, presque tout les grands titres de l'horreur ont été ressuscités ces dernières années. Cette petite liste est d'ailleurs textuellement citée par Kirby, une des héroïnes du films. Hélas, la mécanique de l'auto-référence s'essouffle un peu. Il y a tant de mise en abîme dans Scream 4 que ça devient à un exercice de style artificiel (mais rigolo).

Heureusement, il reste une foule de discussion de cinéphiles qui parsèment un film finalement prévisible. Ça fait du bien d'entendre le tueur rendre hommage à Peeping Tom (Le Voyeur chez nous), un des ancêtres du genre slasher, ou de voir deux policier tenter de maximiser leurs chances de survies à l'aide de leurs maigres connaissances cinématographiques. Au final, Scream 4 ravira les fans de la saga et constitue une bonne initiation pour les autres.

dimanche 6 novembre 2011

Scream 3 de Wes Craven

Scream 3 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 2000, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Parker Posey et Patrick Dempsey.



Un an après la seconde série de meurtres ayant ébranlés Woodsboro, un couple d'adolescents se fait poignarder dans une scène d'ouverture terriblement stéréotypée. Peu après, nous découvrons l'équipe responsable de Stab 3 le troisième volet de la saga de film dans le film inspirée des évènement de Scream. Évidemment, le tournage va être troublé par notre bon Ghostface (ou plutôt par un copycat de copycat de Ghostface).

Scream est un classique de l'horreur. Une parodie qui a réussi à ressusciter un genre moribond tout en offrant deux niveaux de lecture. Cela lui a valu à la fois une reconnaissance de la part des cinéphiles et des spectateurs ordinaires. Sa suite était plus que sympathique, avec un approfondissement de la réflexion enclenchée dans le premier opus et un élargissement référentiel (Scream 2 s'intéresse en effet aux suite horrifiques en général, plus seulement aux slashers).

Malheureusement Scream 3 est très loin de ses deux ainés. Il constitue certainement le moins bon film de la carrière de Wes Craven (et pourtant il a tourné My soul to take, Cursed et La colline a des yeux 2). Le thème de Scream 3 c'est les trilogies et les règles qui les régissent. Hélas, il n'y a pas de règles strictes hollywoodiennes sur les trilogies horrifiques. Beaucoup de troisième opus sont simplement une suite à la suite sans nouveau twist et sans chamboulement. Les explications internes de Randy Meeks, le plus cool des cinéphiles, sont foireuses, et le fait qu'il soit obligé de parler à travers une K7 vidéo (car il est mort dans le film précédent) n'améliore rien.

Du coup Scream 3 énonce des règles fausses qu'il viole par la suite, le tout dans l'indifférence générale du spectateur. En fait, on ne cherche même pas le coupable tellement on s'en fiche, et quand le dénouement final arrive, il faut faire un véritable effort de volonté pour ne pas bailler à s'en luxer la mâchoire. Fini les fausses pistes, les indices et les rebondissements, tout est cousu de fils blancs ! De plus, le fait que les événements se situent dans un studio de cinéma est la porte ouverte à une mise en abîme lourde et maladroite (comme s'il n'y avait pas déjà assez d'auto-référence dans la saga).

Reste que ça fait plaisir de retrouver les survivants des opus précédents et de voir Gale et Dewey se fiancer. De même certains meurtres assez créatifs peuvent justifier le détour pour les fans hardcore de la saga...

vendredi 4 novembre 2011

Scream 2 de Wes Craven

Scream 2 est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 1997, soit un an après le premier volet, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Jamie Kennedy, Elise Neal et Jerry O'Connell.



Scream était un exercice de style extraordinaire, se rapprochant plus de la parodie que de l'hommage. Assez référentielle pour admettre plusieurs niveau de lecture, il permettait au fan d'horreur de réviser ses clichés et au novice de découvrir un genre alors devenu désuet : le slasher. Jouant sur l'auto-référence et l'humour, Scream a réinventé les codes usés jusqu'à la corde qu'il explicitait, tout en les conservant intacts.

Aussi novateur et classique soit-il, Scream a eut son lot de conséquences négatives. La pire d'entre-elles étant la généralisation d'un cinéma d'horreur aseptisée, conçu pour des adolescents bourrés qui veulent frimer devant leurs copines en riant grassement à chaque coup de poignard. Cela nous a donné Souviens-toi... l'été dernier et le pathétique Urban Legend, deux films qui fonts de tels efforts pour désactiver leur propre violence et pour en faire un divertissement de masse que ça en devient hallucinant. Par le miracle de l'auto-référence, cette état des choses est dénoncé dans Scream 2.

Jouant plus que jamais sur la mise en abîme, Scream 2 s'ouvre sur l'avant-première d'un film, et à travers une sorte de miroir, le spectateur découvre une salle comble où ses alter-égos fictifs s'excitent devant un film d'horreur. C'est Stab, un film dans le film, adapté des meurtres de Woodsboro, bref des événements de Scream. Tout les fans portent un masque de Ghostface et sont si excité que quand une jeune fille se fait tuer devant eux, ils croient assister à une mise en scène. Suit alors une série de meurtres violents commis par un nouveau détraqué qui semble vouloir plonger la légende de Ghostface.

Là où Scream était un slasher qui analysait les slashers, Scream 2 est une suite qui analyse les suites. Les explications sur les mécaniques des suites, données par un Randy Meeks plus sympathique que jamais, constituent une réflexion intéressante. Certes, les règles régissant le suites sont moins strictes que celles régissant les slashers, mais Scream 2 a toujours une certaine universalité, comme s'il synthétisait des centaines d'heures de cinéma en un unique cours magistral.

Bref, Scream 2 constitue une excellente suite, ce qui lui valut d'accumuler presque autant de billets verts que son ainé (172 millions de dollars sur le sol américain, contre 173 millions). Seul minuscule regret : l'abandon du NC-17 se sent. Wes Craven a tourné son film pour obtenir un R et cela donne parfois un résultat un peu trop aseptisé.

mercredi 2 novembre 2011

Scream de Wes Craven

Scream est un film américain d'horreur réalisé par Wes Craven. Sorti en 1996, il est interprété par Neve Campbell, Courteney Cox, David Arquette, Matthew Lillard, Rose McGowan, Skeet Ulrich et Jamie Kennedy.



Scream fut une petite révolution dans les années 90, alors que paradoxalement il s'agit d'un film faisant des efforts désespéré pour s'inscrire dans un canevas terriblement restrictif. En effet, Scream est un slasher, un genre rigoureusement codifié au quel appartiennent Black Christmas, Halloween, Vendredi 13, Massacre au camp d'été, My Bloody Valentine et Week-end de terreur (cette liste n'est pas exhaustive, il existe plus d'une centaine de slashers).

Scream s'ouvre sur une séquence relativement classique. Seule dans une immense maison dotée d'une somptueuse baie vitrée, une jeune fille attend son copain en préparant du pop-corn. Le téléphone sonne, elle décroche et la voilà en ligne avec un inconnu, visiblement un faux numéro, qui engage la conversation et se retrouve rapidement à lui parler de cinéma d'horreur. Après un petit quizz improvisé, elle découvre que son interlocuteur est un psychopathe qui l'observe à travers sa baie vitrée. Ce dernier lui propose d'épargner son petit ami si elle répond à d'autres questions. Elle échoue, ce qui lui vaut d'assister à l'exécution de Steve avant d'être elle-même poignardée à la poitrine.

A part les dialogues faisant l'éloge de Freddy Krueger, cette scène pourrait être dans n'importe quel slasher. C'est dans son développement que Scream brille. Car la suite de l'histoire va être de plus en plus auto-référentielle. Scream joue avec les règles et s'amuse à les détailler pour mieux les détourner. Cette dimension du film est particulièrement bien résumée à travers le personnage de Randy Meeks, un cinéphile connaissant ses classiques sur le bout des doigts. C'est lui qui explicite les conventions du slasher à travers trois règles de survie vérifiées des centaines de fois dans une multitude de films.

Règle n°1 : Pas de sexe, la survivante est toujours la jeune fille chaste.

Règle n°2 : Pas d'alcool, ni de drogue.

Règle n°3 : Il ne faut jamais dire : "Je reviens tout de suite". C'est la dernière réplique d'un trop grand nombre de victimes.


Après une période de gloire dans les années 80, le slasher est moribond en 1997, quand Scream débarque sur nos écrans. Très parodique, mais suffisamment sérieux et violent pour faire illusion, il s'adresse ouvertement à un public amateur de cinéma d'horreur, ce qui ne l'empêche pas de cartonner et de lancer une vague de clones et de parodies (parodier une parodie, c'est stupide, mais les studios ne réfléchissent pas si loin). Pour les amateurs, Scream est un jeu compliqué, un écheveau d'auto-références et de détournement de clichés. Pour le reste du public, c'est un film d'horreur qui désactive assez sa violence avec son humour pour pouvoir être regardé par tous (le public ne veut pas vraiment avoir peur, il veut juste être un peu secoué pour se croire courageux).

lundi 31 octobre 2011

Anima Mundi de Godfrey Reggio

Anima Mundi ou The Soul of the World est un documentaire réalisé par Godfrey Reggio. Sorti en 1992, il est produit par Steve Goldin, Rory Johnston, Gianfilippo Pedote, Enrico Tagliaferri et Lawrence Taub.



Fier de sa collaboration avec le compositeur Philip Glass sur Koyaanisqatsi et Powaqqatsi, et dix ans avant Naqoyqatsi, Godfrey Reggio sort en 1992 un court-métrage intitulé Anima Mundi. Pas de scénario, pas de commentaires, et pas d'acteurs : le documentaire se concentre sur la beauté du monde animal, beauté considérablement mise en valeur par la musique de Philip Glass. Comme dans la Trilogie des Qatsi, le verbe a été écarté délibérément.

Commandité pour servir à promouvoir la WWF, le film dure seulement 28 minutes mais a l'intensité musicale d'une symphonie. Simplement pour sa bande originale, Anima Mundi est déjà un bijoux. Les images sont également superbes : le spectateur est transporté à travers la jungle, la savane et les océans à la découverte d'insectes, de reptiles, de bacilles, de poissons, de félins de lémuriens et d'une foule d'autres créatures, toutes plus élégantes les unes que les autres.

Hélas, alors que le trois films Qatsi admettaient une multitude d'interprétations et semblaient transmettre un message complexe quoi que codé, Anima Mundi n'a pas d'autre propos que de faire l'éloge de la nature. Bien que belles, les images laissent une impression de déjà-vu. Il y a cependant des exceptions, comme tous ces plans sur le regard des animaux (singe, autruche, lion, éléphant), plans qui parsèment le film. Mais au final on est loin de l'inventivité visuelle de Koyaanisqatsi ou des expérimentations technologiques de Naqoyqatsi. La cause est simple : Godfrey Reggio travaille essentiellement avec des images d'archive (quelques scènes ont été tournées pour le film, mais elles sont minoritaires).

Malgré quelques petits défauts, Anima Mundi mérite largement une demi-heure de votre vie. Il est aussi très abordable, par sa simplicité, sa courte durée et son sujet, ce qui fait de lui le prélude idéale à l'œuvre de Godfrey Reggio.

samedi 29 octobre 2011

Naqoyqatsi de Godfrey Reggio

Naqoyqatsi est un documentaire américain réalisé par Godfrey Reggio en 2002. Il est produit par Steven Soderbergh.



Naqoyqatsi est le dernier volet de la Trilogie des Qatsi, une série ambitieuse de documentaires muets dont le tournage s'est étalé sur plus de 25 ans. Considérés comme séminaux, ces films ont engendrés une multitude de rejetons, dont le plus connu est Baraka.

Devenu réalisateur, Ron Fricke cède sa place de directeur artistique à Russell Lee Fine, qui brille par son sens aigu du cadrage et de la composition, mais dont certains choix sont discutables. Il y a notamment dans Naqoyqatsi une foule de séquences en images de synthèses. Or, en 2002, les logiciels de rendus laissaient encore à désirer, si bien que Naqoyqatsi semble au final plus obsolète que Koyaanisqatsi et Powaqqatsi (qui sont atemporels). D'un autre côté, ces plans numériques trop lisses et trop parfaits ont un certain charme mathématique.

Le titre Naqoyqatsi est un mot Hopi, une langue uto-aztèques qui n'est plus parlée que par un très faible nombre de locuteurs dans le monde. Cela résulte d'une volonté délibérée de s'affranchir du verbe. En Hopi, nahqoy signifie violence extrême et qatsi signifie vie. Car Naqoyqatsi est censé être un exercice sur la guerre et la violence des civilisations modernes.

Le film s'ouvre sur la Tour de Babel de Pierre Bruegel et enchaine sur des images d'une gare désaffecte (la Michigan Central Station, à l'abandon depuis 1988). Jusque là on peut faire un parallèle. Suit un plan sur un océan déchainé, puis c'est un lac capturé avec un intervallomètre. Fondu... et un travelling arrière dans le désert se termine sur une pyramide numérique qui pousse...

Le ton est donné : Naqoyqatsi est bien plus abstrait et surréaliste que ses ainés. On passe beaucoup de temps à se demander ce qu'on regarde. Peut-être est-ce pour souligner que nous vivons dans un monde de technologie, de synthétique et de virtuel. Un monde de guerre qui n'a ni sens ni but. Terriblement innovant, le dernier film de Godfrey Reggio a autant sa place dans un musé d'art contemporain que dans un cinéma. Vous y verrez en vrac de explosions atomiques, la bourse de New-York, les Beatles et des girafes...

Un effort permanent est fait pour présenter des séquences novatrices, notamment par le recours à l’imagerie scientifique (microscopie optique, rayons X, tomographie, simulations numériques en mécanique des fluides, triangulations, maillages 3D, rendu de voxels, ensemble de Mandelbrot, raytracing, raycasting). Ajoutez à cela des images tirées de Doom II, de Perfect Dark et d'Anima Mundi (un autre documentaire de Godfrey Reggio)... Et vous obtenez une salade étrange et fascinante, qui intrigue du début à la fin.

Même si la guerre semble le thème marquant de Naqoyqatsi, l'œuvre est impossible à résumer ou à synthétiser. Il faut la voir de ses propres yeux (un peu comme la matrice). C'est certainement le volet le plus difficile à aborder de la Trilogie des Qatsi, donc si vous n'avez pas supporté les deux autres vous pouvez passer votre chemin. Dans le cas contraire, foncez l'acheter, le télécharger ou l'emprunter.

jeudi 27 octobre 2011

Powaqqatsi de Godfrey Reggio

Powaqqatsi est un film américain réalisé par Godfrey Reggio en 1988. Comme il tient du documentaire abstrait, il n'a pas de casting, même s'il est peuplé d'une foule de silhouettes anonymes. Il est produit par Francis Ford Coppola et George Lucas.



Sorti en 1982 Koyaanisqatsi, est seulement le premier volet de la Trilogie des Qatsi. Une saga informelle, dont le tournage s'est étalé sur plus de 25 ans. Il est suivi de Powaqqatsi en 1988, objet de notre intérêt aujourd'hui, et de Naqoyqatsi en 2002. Les trois films sont réalisés par Godfrey Reggio et accompagnés d'une musique de Philip Glass.

Comme dans le cas de Koyaanisqatsi, le titre Powaqqatsi est tiré de la langue Hopi, parlée par seulement 6000 amérindiens en Amérique du Nord. Powaqa se traduit par "faux magicien" et qatsi se traduit par vie. La version américaine du film est sous-titrée Life in transformation. Le thème semble être l'occidentalisation du mode de vie à travers le monde au détriment de toutes les autres cultures ainsi que les fausses promesses du paradis moderne. Mais Powaqqatsi ne porte aucun jugement, ne politise rien et laisse le spectateur libre d'interpréter. Car Powaqqatsi est simple vision qui ne repose sur aucune parole. Sans commentaires et sans texte, il ne s'exprime qu'à travers ses images, toujours somptueuses. Même si des voix d'enfants s'intègrent à la bande son, aucun dialogue ne vient détourner l'attention du spectateur.

Pourtant, Powaqqatsi est plus structuré que Koyaanisqatsi. Les images illustrent trois thème : la séduction du mode de vie occidentale, notamment à travers des publicités. L'harmonie de la vie traditionnelle à travers le monde (Inde, Népal, Afrique) et l'esclavage du monde industriel. Le film s'ouvre d'ailleurs sur Serra Pelada, une mine d'Or au Brésil où des dizaine de milliers de travailleurs s'acharnent à remonter des sacs de terre dans ce qui semble être une fourmilière géante.

Mais le point vraiment remarquable, c'est la musique de Philip Glass qui constitue une symphonie moderne et élaborée, toujours en parfaite corrélation avec les images. La preuve est que vous avez forcément entendu le morceau Anthem Part 2 quelque part (soit dans une bande annonce, soit dans The Truman Show, qui le reprenait). Donc, si vous n'avez pas 99 minutes à consacrer à un film conceptuel, prenez au moins le temps d'écouter sa bande son.

mardi 25 octobre 2011

Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio

Koyaanisqatsi est un documentaire américain réalisé par Godfrey Reggio en 1982. Il est produit par Francis Ford Coppola.



C'est difficile de parler de Koyaanisqatsi dans une conversation ordinaire de cinéphile, même déviant. D'abord parce qu'il y a de fortes chances que l'interlocuteur ne soit pas intéressé (jugez plutôt : un documentaire sans véritable sujet, sans paroles et sans explications). Ensuite parce-que le nom Koyaanisqatsi est difficile à mémoriser (et à épeler, heureusement que Google sait corriger l'orthographe).

En langue Hopi, le titre veut dire "vie folle" mais qui parle cette langue ? Il doit rester à tout casser 6000 Hopis en Amérique du Nord. Et sans Wikipédia cette peuplade amérindiennes ne serait connue que des ethnologues. En fait Godfrey Reggio ne voulait même pas donner de nom à ses films, poussant jusqu'au bout ce choix délibéré de ne pas utiliser de mots et de verbes. Quand il a dû se résoudre à le faire, il s'est rabattu sur une langue inconnue pour rester le plus neutre possible.

Le film se concentre sur l'emballement du monde moderne pour la technologie, sur l'urbanisation tentaculaire et certainement sur des tas d'autres choses. Mais c'est difficile à dire, car Koyaanisqatsi (merci le copier-coller) est avant tout une œuvre conceptuelle. Comment la décrire ? Vous voyez le générique de Des Racines et des ailes ? Et bien c'est ça pendant 87 minutes (d'ailleurs, les images dudit générique sont directement tirées de Koyaanisqatsi). Sauf que plus ça se prolonge, plus les possibilités d'interprétations sont riches.

Le film s'ouvre sur trois prophéties Hopi :

Si l'on extrait des choses précieuses de la terre, on invite le désastre.

Près du Jour de Purification, il y aura des toiles d'araignées tissées d'un bout à l'autre du ciel.

Un récipient de cendres pourrait un jour être lancé du ciel et il pourrait faire flamber la terre et bouillir les océans.

A part ces quelques lignes énigmatiques, Koyaanisqatsi ne contient pas de commentaires, pas d'explications, pas de dialogues, pas d'intrigue et pas de chronologie. Tout au plus peut-on le découper en séquences, plus somptueuses les unes que les autres. Car Koyaanisqatsi est terriblement beau, majestueux, froid et complexe. Il brilles par ses mises en parallèles osées et visuellement inventives. Les vues aériennes d'une ville se transforment par la magie du montage en des photographie de circuits imprimés, et les flux humains deviennent des flux d'électrons dans une citadelle de transistors. Les logements sociaux de Pruitt-Igoe s'écroulent avec majesté. Une fusée s'élève vers l'infini... Et des débris retombent et s'enflamment en entrant dans l'atmosphère...

L'œuvre fait un usage intense de l'intervallomètre, un dispositif qui permet de prendre des prises de vues à des intervalles définis très espacés. Cela permet de filmer en accéléré des tas des scènes de la vie quotidienne, ou de la nature, et de leur donner une dimension frénétique et surréaliste.

Accompagné d'une musique de Philip Glass terriblement contemporaine, la bande son évolue entre des cuivres lents et un synthétiseur ultra-rapide, en fonction des images évoquées. Au final, ce premier Qatsi est un incontournable du cinéma. Très remarqué à sa sortie, il a inspiré Baraka, Chronos, Samsara et Manufactured Landscapes.

dimanche 23 octobre 2011

Dharma Guns de F. J. Ossang

Dharma Guns (sous-titré la La succession Starkov) est un film français écrit et réalisé par F.J. Ossang. Sorti en 2010, il est interprété par Guy McKnight, Lionel Tua, Diogo Dória, Stéphane Ferrara, Alexandra Fournier et Patrick Bauchau.



Le premier constat, c'est que Dharma Guns est vraiment beau avec un noir et blanc qui fait penser au cinéma expressionniste allemand. Les images sont superbes, bien léchées et souvent bénéficient d'une composition très géométriques. Par contre l'histoire est résolument incompréhensible... Du cinéma expérimental avec sans doutes une multitude de métaphores, mais dont on ne saisit qu'une fraction infinitésimale.

Le film nous parle en vrac de clones, de traitements expérimentaux, de secrets pharmaceutiques, des mystérieux Dharma Guns, d'un script et d'une enquête. Mais tout cela n'est qu'un écran de fumé qui se dissipe rapidement. Dharma Guns n'est pas une œuvre narrative, même si elle s'efforce de le faire croire.

Une interprétation est que le film suit l'évolution de l'âme du héros juste après sa mort. Ça commence par une période de flottement, où il est saturé d'informations (sur les doubles génétiques, sur son héritage, sur le traitement qu'il doit suivre), puis notre protagoniste se prend en main et tente de s'évader de ce pays mystérieux où il est bloqué. Impossible de ne pas penser au Festin nu de David Cronenberg et à son interzone dont la frontière est si bien gardée. Finalement, l'acceptation du décès de sa compagne semble être une métaphore pour l'acceptation de son propre trépas. Mais ceci n'est qu'une interprétation personnelle, sans doute influencée par Waking Life et L'échelle de Jacob.

Malgré l'errance complète dans le quel il induit son spectateur, le film d'Ossang est un intéressant moment à passer, ne serait-ce qu'à cause de la poésie de ses images. Ce qui le démarque d'autres œuvres surréalistes, par exemples de celles de Shûji Terayama, c'est l'impression continuelle et trompeuse qu'il donne d'avoir un scénario. Ce n'est qu'en l'acceptant objectivement comme une œuvre surréaliste qu'il prend sa juste valeur.

F. J. Ossang nous dit que l'homme qui rêve est un génie et que l'homme qui pense est un mendiant, je suppose que cela résume bien l'ensemble.