Scream était un exercice de style extraordinaire, se rapprochant plus de la parodie que de l'hommage. Assez référentielle pour admettre plusieurs niveau de lecture, il permettait au fan d'horreur de réviser ses clichés et au novice de découvrir un genre alors devenu désuet : le slasher. Jouant sur l'auto-référence et l'humour, Scream a réinventé les codes usés jusqu'à la corde qu'il explicitait, tout en les conservant intacts.
Aussi novateur et classique soit-il, Scream a eut son lot de conséquences négatives. La pire d'entre-elles étant la généralisation d'un cinéma d'horreur aseptisée, conçu pour des adolescents bourrés qui veulent frimer devant leurs copines en riant grassement à chaque coup de poignard. Cela nous a donné Souviens-toi... l'été dernier et le pathétique Urban Legend, deux films qui fonts de tels efforts pour désactiver leur propre violence et pour en faire un divertissement de masse que ça en devient hallucinant. Par le miracle de l'auto-référence, cette état des choses est dénoncé dans Scream 2.
Jouant plus que jamais sur la mise en abîme, Scream 2 s'ouvre sur l'avant-première d'un film, et à travers une sorte de miroir, le spectateur découvre une salle comble où ses alter-égos fictifs s'excitent devant un film d'horreur. C'est Stab, un film dans le film, adapté des meurtres de Woodsboro, bref des événements de Scream. Tout les fans portent un masque de Ghostface et sont si excité que quand une jeune fille se fait tuer devant eux, ils croient assister à une mise en scène. Suit alors une série de meurtres violents commis par un nouveau détraqué qui semble vouloir plonger la légende de Ghostface.
Là où Scream était un slasher qui analysait les slashers, Scream 2 est une suite qui analyse les suites. Les explications sur les mécaniques des suites, données par un Randy Meeks plus sympathique que jamais, constituent une réflexion intéressante. Certes, les règles régissant le suites sont moins strictes que celles régissant les slashers, mais Scream 2 a toujours une certaine universalité, comme s'il synthétisait des centaines d'heures de cinéma en un unique cours magistral.
Bref, Scream 2 constitue une excellente suite, ce qui lui valut d'accumuler presque autant de billets verts que son ainé (172 millions de dollars sur le sol américain, contre 173 millions). Seul minuscule regret : l'abandon du NC-17 se sent. Wes Craven a tourné son film pour obtenir un R et cela donne parfois un résultat un peu trop aseptisé.
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