Fier de sa collaboration avec le compositeur Philip Glass sur Koyaanisqatsi et Powaqqatsi, et dix ans avant Naqoyqatsi, Godfrey Reggio sort en 1992 un court-métrage intitulé Anima Mundi. Pas de scénario, pas de commentaires, et pas d'acteurs : le documentaire se concentre sur la beauté du monde animal, beauté considérablement mise en valeur par la musique de Philip Glass. Comme dans la Trilogie des Qatsi, le verbe a été écarté délibérément.
Commandité pour servir à promouvoir la WWF, le film dure seulement 28 minutes mais a l'intensité musicale d'une symphonie. Simplement pour sa bande originale, Anima Mundi est déjà un bijoux. Les images sont également superbes : le spectateur est transporté à travers la jungle, la savane et les océans à la découverte d'insectes, de reptiles, de bacilles, de poissons, de félins de lémuriens et d'une foule d'autres créatures, toutes plus élégantes les unes que les autres.
Hélas, alors que le trois films Qatsi admettaient une multitude d'interprétations et semblaient transmettre un message complexe quoi que codé, Anima Mundi n'a pas d'autre propos que de faire l'éloge de la nature. Bien que belles, les images laissent une impression de déjà-vu. Il y a cependant des exceptions, comme tous ces plans sur le regard des animaux (singe, autruche, lion, éléphant), plans qui parsèment le film. Mais au final on est loin de l'inventivité visuelle de Koyaanisqatsi ou des expérimentations technologiques de Naqoyqatsi. La cause est simple : Godfrey Reggio travaille essentiellement avec des images d'archive (quelques scènes ont été tournées pour le film, mais elles sont minoritaires).
Malgré quelques petits défauts, Anima Mundi mérite largement une demi-heure de votre vie. Il est aussi très abordable, par sa simplicité, sa courte durée et son sujet, ce qui fait de lui le prélude idéale à l'œuvre de Godfrey Reggio.