mardi 18 septembre 2007

Tomie: Another Face de Toshirô Inomata

Tomie: Another Face (Tomie: anaza feisu) est un film japonais de Toshirô Inomata sorti en 1999. Il est interprété par Runa Nagai, Akira Hirai, Chie Tanaka, Mitsuaki Kaneko, Eriko Odaira et Mayumi Yoshida.



Biens que moins givré que Uzumaki, Tomie est le manga le plus célèbres de de Junji Ito. Il a donné naissance à de nombreux films dont Tomie: Another Face. Ce second volet de la saga est réalisé directement pour le marché vidéo. Il s'agit en fait de trois histoires courtes mettant toutes en scènes Tomie. Leur seul lien est la présence discrète de l'homme avec un bandeau sur l'œil, ancien amoureux de créature consacrant désormais sa vie à contrecarrer ses plans.

Tomie est le nom d'une jeune fille à la beauté irréelle. Tout les hommes qui la côtoient tombent amoureux d'elle jusqu'à s'entretuer ou a l'exécuter, soit par jalousie et désir de possession, soit par compréhension de l'effet catastrophique qu'a son existence. Même si elle est la femme fatale ultime, au sens littéral du terme, Tomie est toujours présentée comme timide, discrète et prude. En fait la saga se distingue par sa pudeur puisqu'on ne voit jamais Tomie nue, ou même légèrement dévêtue. Cette pudeur contraste avec l'extrême violence des meurtres que subit la femme démon. Car Tomie est un être intrinsèquement maléfique, vivant éternellement pour nuire aux hommes et se faire massacrer par eux. Là où elle apparaît, la folie se fraye un chemin jusqu'à un déchaînement de haine se terminant immanquablement par son assassinat et son démembrement. Chaque morceau engendre alors une nouvelle Tomie.

Ici la réalisation est sommaire et le scénario simple. Tomie est toujours aussi belle et les ellipses du film la rendent dur à cerner. L'homme avec un bandeau sur l'œil erre à l'arrière plan, perdu face à la puissance de son gibier. Il est le seul personnage récurant dans la saga après Tomie mais fait l'effet d'un amateur. Éternellement en échec il n'abandonne jamais, mettant l'assiduité d'un amoureux dans sa tache de destruction.

Moins stéréotypé que les autres volets, Tomie: Another Face est une bonne surprise relativement à sa faible ambition (c'est du v-cinéma, ne l'oublions pas). Les adulateurs de la saga apprécieront donc.

Hiruko the Goblin de Shinya Tsukamoto

Hiruko the Goblin (Yôkai hantâ: Hiruko) est un film japonais réalisé par Shinya Tsukamoto et sorti en 1991. Il est interprété par Kenji Sawada, Bang-ho Cho, Masaki Kudou, Megumi Ueno, Hideo Murotaet Naoto Takenaka.



Shinya Tsukamoto aimes expérimenter. Dès le départ Tetsuo était bourré d'effets en stop-motion, de trouvailles visuelles et d'idées étranges. Par goût du défi il décide, après le succès underground de Tetsuo, de s'attaquer à l'adaptation du manga Yôkai Hantâ - Kairyûmatsuri no Yoru de Daijiro Moroboshi, une oeuvre de commande pour le studio Shochiku. Même s'il a carte blanche il s'agit de faire un film commercial. Ne vous attendez donc pas à une approche déviante à la Vital ou Tokyo Fist.

Dans un lycée sont libérés accidentellement de esprits maléfiques arachnéen. Devant le danger Takashi Yabe, professeur dans l'établissement, appelles à la rescousse son ami Reijirô Hieda, un archéologue marginal rejeté pour ses croyances en l'existence des démons. Hieda accoures donc avec un équipement étrange, mais à son arrivé Yabe à disparu sans laisser de traces.

Avec des effets spéciaux déments (il faut voir les araignées inspirées de The Thing dont le corps est une tête tranchée), des éclairages très travaillées et une photographie aux couleurs soigneusement étudiées le film est vraiment beau, dans le genre poésie du macabre. Notre héros se promènes avec ses gadgets bizarres dans un environnement très hostiles et tentes maladroitement de limiter les dégâts.

On est cependant en-deçà de l'originalité et de la maîtrise des autres œuvres du réalisateur. Les contraintes se sentent et l'impossibilité d'explorer des voies tordues empêchent Tsukamoto de donner libre cours à son talent. Pour un film de commande c'est réussi mais la folie ne transparaît que par moments. Hiruko the Goblin reste un excellent film d'horreur, mais ce n'est pas tout à fait un Tsukamoto.

Tomie de Ataru Oikawa

Tomie est un film japonais réalisé par Ataru Oikawa en 1999 à partir d'un manga de Junji Ito. Il est interprété par Miho Kanno, Mami Nakamura, Yoriko Douguchi, Tomorowo Taguchi et Kouta Kusano.



Il y a un certain cinéma japonais basé sur la dislocation mentale. Des oeuvres où tout les protagonistes deviennent fou ou schizophrénie progressivement mais sans qu'on suive précisément le cheminement de leur esprit. Cela peut déboucher sur des suicides (Suicide Club, Suicide Manual), sur des meurtres (Cure) ou sur l'implosion de la société (Charisma, Kairo, Uzumaki). Dans tout les cas la narration est lente, le silence sert de dialogues et la réalisation est truffée d'ellipses psychologiques, c'est-à-dire que les héros peuvent passer d'un état mental à un autre de manière discontinue.

Tomie s'inscrit indirectement dans cette veine. Mais contrairement aux oeuvres de Kiyoshi Kurosawa et de Sono Sion, qui cachent sous leur apparence de film de suicide ou de fantômes un contenu avant tout sociologique et analytique, le métrage d'Ataru Oikawa est véritablement horrifique. La folie est exploitée pour la peur qu'elle suscite et non pour les problèmes qu'elle révèle métaphoriquement.

Au début Tomie n'est qu'une tête trachée dans un sac plastique. Mais bichonnée par un asocial avec un bandeau sur l'œil, vivant reclus dans son appartement et la nourrissant à la petite cuillère, elle reprend petit à petit forme humaine. Et quelle forme, puisque Tomie est d'une beauté à rendre fou tout les hommes. Beauté qu'elle exploite pour qu'ils lui passent tout ses caprices. Sa voisine Tsukiko Izumisawa, amnésique, rencontre rapidement Tomie. Des souvenirs resurgissent alors...

Dès le première opus de cette longue saga (sept films) nous découvrons les trois pouvoirs de Tomie : sa capacité à renaître de chacun de ses morceaux, son pouvoir destructeur sur l'esprit des hommes et la manière dont elle peut utiliser l'amitié des femmes pour proliférer. Car si les demoiselles ne perdent pas la tête face à son corps elle ne sont pas à l'abri pour autant de sa nature maléfique.

Petit monument d'horreur et de folie avec sa séductrice prude et se meurtres violents, Tomie mérite sa réputation et le nombre incalculable de ses suites. Avec Audition et Ring 0, Tomie vous convaincra que les femmes discrètes, effacées et timides c'est ce qu'il existe de plus dangereux sur terre après les petites filles aux cheveux sales.

dimanche 16 septembre 2007

Tomie: Rebirth de Takashi Shimizu

Tomie: Rebirth est un film japonais sorti en 2001. C'est le quatrième volet de la saga Tomie. Il est réalisé par Takashi Shimizu et interprété par Miki Sakai, Satoshi Tsumabuki, Kumiko Endou, Masaya Kikawada, Shûgo Oshinari et Yuri Hachisu.



Takashi Shimizu est connu pour avoir réalisé six fois le même film. Entre les deux Ju-On: The Curse pour la télévision qui se ressemblaient déjà énormément, leurs remakes respectifs pour le cinéma (Ju-On: The Grudge 1 et 2) et enfin leur réinterprétation américaine (The Grudge 1 et 2) il pourrait candidater au Guiness book. Sans oublier que tout ces films sont des versions allongées des deux courts métrages qu'il avait réalisé pour l'anthologie Gakkou no kaidan G, à savoir Katasumi et 4444444444. Evidemment cela détient et quand on lui confie le personnage de Tomie, inventé par Junji Ito dans un brillant manga horrifique et porté a l'écran par Ataru Oikawa puis Toshirô Inomata et enfin Tomijiro Mitsuishi, il ne peut pas s'empêcher de faire de la femme démon au pouvoir de séduction illimité une sorte de Kayako Saeki. Tomie tue désormais par la peur qu'elle impose et plus simplement par la folie qu'elle engendre chez les hommes.

Tout commence pourtant normalement (pour un Tomie) : un artiste est occupé à peindre sa petite amie, Tomie (Miki Sakai). Cette dernière critique son travail et se fait donc sauvagement assassiner par son amoureux. Deux amis vont aider le peintre à enterrer le corps mais cela ne les mettra pas à l'abri de la malédiction. Tomie va reparaître et susciter suicide et mort. C'est d'abord l'artiste qui mettra fin à ses jours en voyant resurgire sa dulcinée, avant que la démone au visage d'ange ne se fasse exécuter une seconde fois...

Tomie est éternelle et nul ne peut la fréquenter sans conserver sa santé d'esprit ou sa vie. L'idée est toujours la même mais la saga ne s'essouffle pas. Le personnage est traité ici sous un angle beaucoup plus proche du film de fantôme à la Ring et curieusement ça lui va très bien. Les images sont belles, les éclairages soignées et tout les plans sont cadrés avec précision. C'est bien réalisé, un peu trop clinique et précis dans les effets mais diablement efficace. Un volet plus qu'honnête dans une longue et jeune saga (7 films en 6 ans).

Cube de Vincenzo Natali

Cube est un film fantastique canadien réalisé par Vincenzo Natali en 1997. Il est interprété par Nicole de Boer, Nicky Guadagni, David Hewlett, Andrew Miller, Julian Richings, Wayne Robson et Maurice Dean Wint



Sept étrangers se réveillent dans divers pièces cubiques d'un labyrinthe tridimensionnel géant truffé de pièges mortels. Ils ne se connaissent pas, ne savent pas pourquoi ils sont là et surtout ignorent comment sortir.

Tourné dans un décors minuscule (une unique pièce repeinte de différente couleurs), basé sur la paranoïa, la claustrophobie et la suspicion, le film de Vincenzo Natali est une pure réussite. Pas une grande oeuvre éclairant le cinéma d'un apport nouveau, mais un métrage efficace, innovant et simple. L'origine du cube n'est expliqué que par une pirouette kafkaïenne. Il n'y a pas de méchant sadique jouant avec des cobayes humains et se faisant tuer à la fin ou de leçon de morale sur l'inhumanité des militaires ou des scientifiques. Rien n'est expliqué. Tout est laissé dans le flou à l'exception de l'errance de nos héros.

La manière de progresser, petit pas à petit pas, en projetant des chaussures, est inspirée de Stalker mais, là où le film d'Andrei Tarkovsky reposait sur le non-dit, nous avons le droit à des effets sanglants. Il faut le reconnaître, les pièges sont impressionnants. Ainsi un homme est coupé en carrés par un grillage projeté à grande vitesse, scène à la Tex Avery reproduite plus tard et à l'identique dans Resident Evil, Azumi: Death or Love et Destination Finale 2.

Si je devais faire un reproche à l'ensemble je dirais que c'est la facette mathématique du film qui est ridicule. Il est hilarant d'entendre une étudiante universitaire en mathématiques dire qu'il est impossible sans ordinateur de décomposer en facteurs premiers un nombre à 3 chiffres. Surtout qu'il ne s'agit pas d'avoir sa décomposition complète mais juste de voir si le nombre en question est premier ou une puissance d'un nombre premier. Heureusement qu'il y a un autiste qui est capable de faire le travail (les autiste surdoués en calcul ça existe, mais là un autiste ordinaire devrait faire l'affaire).

Si on oublie l'absence de cohérence scientifique dans les propos tenus par les protagonistes c'est du tout bon. Le culte qui s'est formé autour de Cube est là pour une raison.

samedi 15 septembre 2007

Soupçons de mort de Lucio Fulci

Soupçons de mort (Quando Alice ruppe lo specchio, ou encore Touch of Death) est un film d'horreur italien réalisé par Lucio Fulci. Il est interprété par Brett Halsey, Ria De Simone, Al Cliver, Sacha Darwin et Zora Kerova.



En 1988 Lucio Fulci a le meilleur de sa carrière derrière lui. Fini le temps de Frayeurs et de La maison près du cimetière, le réalisateur italien ayant réussi l'exploit de faire reposer entièrement ses films d'horreur sur la beauté morbide de leurs images est désormais dans une impasse. Le giallo est un genre en déclin et c'est une sorte d'hommage macabre qu'il lui rend à travers Soupçons de mort dont la traduction littérale du titre serait en fait Quand Alice brise le miroir.

Lester Parson est un célibataire endurci, mentalement instable et accro aux courses de chevaux. Il maintient son train de vie en séduisant de riches femmes seuls et en les tuant. Notre Landru moderne ne travaille pas que pour l'argent mais aussi par sadisme et prétention artistique. Ses victimes sont riches mais également difformes et lui servent d'encas ou de pâtée pour ses bêtes. Seulement, à force de laisser sa part obscure agir, la schizophrénie l'emportera et un double démoniaque fera son apparition...

Avec son rythme étrange et ses scènes de meurtres atroces et souvent traitées d'un point de vue comique ou grotesque le film fait figure d'OVNI. La manière qu'à Lester de traiter ses victimes est bien plus crue, dégoûtante et glauque que les habitudes de L'éventreur de New York, mais la distance prise par rapport à son comportement et le décalage narratif font passer tout cela pour une tranche d'humour très grinçant. Bien que tourné en 16 millimètre la photographie du métrage est maîtrisée. Les amputations, les meurtres et les diverses exécutions sont au niveau de la réputation de Fulci. Ne vous attendez cependant pas à la ténébreuse beauté de L'au-delà : ici le sang est sale et la violence, bien qu'exagérée, est cruellement réaliste et crasseuse. Il n'y a pas de brume éthérée, d'éclairages sophistiqués et de panoramiques vertigineux, simplement un tueur fou et son quotidien sordide avec usage de tronçonneuse, de club de golf et de hachoir à viande.

Soupçons de mort est une réalisation mineure de Lucio Fulci mais elle est suffisamment dérangée et inclassable pour convaincre.

vendredi 14 septembre 2007

Cube Zéro de Ernie Barbarash

Cube Zéro est un film canadien réalisé par Ernie Barbarash en 2004. Il est interprété par Zachary Bennett, David Huband, Stephanie Moore, Martin Roach, Terri Hawkes et Richard McMillan.



Après Cube et Hypercube (Cube 2) voilà une préquelle : Cube Zéro. L'histoire est la même que dans le premier opus puisqu'on suit une bande d'individus ne se connaissant mutuellement pas et s'éveillant dans une prison labyrinthique truffée de pièges. Mais cette fois le point de vue change...

Le film contient quelques bonnes trouvailles, comme l'idée que le cube soit monitoré et que les gardiens soient eux-mêmes des sujets d'expérience ne sachant pas ce qui se passe car victimes de désinformation. Pour eux le cube est juste une expérience scientifique utilisant des prisonniers ayant chois consciemment cette option à la place de la peine de mort. De même le coté kafkaïen de la fabrication du cube n'est pas détruit comme c'était le cas dans l'horrible second volet où il devenait un machin commandé par de vilains militaires. Car la principale qualité de Cube, et donc de Cube Zéro, c'est que le cube soit là sans que personne ne soit responsable de l'ensemble ni même ait connaissance de son existence. Il y a une foule de responsables partiels : le fabriquant de la coque, les divers inventeurs de pièges, le mathématicien ayant proposé les énigmes, mais pas vraiment de grand méchant sadique jouant avec son labyrinthe pour cobayes humains. Plutôt des tas de fonctionnaires faisant leur travail sans savoir à quoi il correspond. C'est un cube sorti d'une succession d'erreurs administratives (oui, j'aime Kafka). Un type a signé le projet sans rien y comprendre, d'autres ont fait des morceaux, les gardiens sont eux-mêmes des sujets d'expérience et personne ne sait à quoi ça sert.

Les défauts sont par contre nombreux. Outre une réalisation plate dont les plus beaux plans sont pompés sur le premier opus, on peut noter des tas de technologies ahurissants, alors que le premier cube était presque réalisable. On ne sais pas lire les rêves ni contrôler un homme avec un processeur dans son cerveau. Changement radical d'angle, puisqu'on passe d'une machine pouvant exister à un bidule de science-fiction avec toutes les approximations éhontées que ça entraîne.

Le pire défaut réside dans la fin. Que ceux ne voulant pas de spoilers sautent ce paragraphe. Pour les autres sachez qu'il y a une happy-end consternante. Que l'héroïne réussisse son évasion est déjà dur à avaler, une frêle femme épuisée par des heures dans le cube échappant si facilement à un bataillon de militaires surarmés étant absolument abracadabrantesque. Mais qu'en plus elle puisse récupérer sa fille (où la trouve-t-elle ?) tient carrément du miracle.

Un volet correct, comprenant son lot de pièges gores et de d'angoisse mais n'apportant pas grand chose à un édifice dont seul la première pierre mérite le déplacement. On est quand même rassuré après la douche froide d'Hypercube.

Hypercube de Andrzej Sekula

Cube 2: Hypercube est un film canadien de science-fiction réalisé par Andrzej Sekula en 2002. Il est interprété par Kari Matchett, Geraint Wyn Davies, Grace Lynn Kung, Matthew Ferguson, Neil Crone et Barbara Gordon.



En 1997, au Canada, Vincenzo Natali réalise avec des bouts de ficelle, une unique pièce et quelques acteurs un petit bijou d'horreur kafkaïenne : Cube. Des hommes bloqués sans qu'on sache pourquoi dans un labyrinthe géant tridimensionnel cherchent désespérément une sortie en évitant des pièges pervers. Le scénario d'André Bijelic, Graeme Manson et Vincenzo Natali est simple et le huis-clos fonctionne. Une suite est donc mise en chantier : Hypercube (ou Cube 2).

Comme dans le premier film nous suivons des prisonniers amnésiques piégés dans un enchevêtrement de pièges. L'obscurité fait cependant place à une lumière crue et les piéges deviennent des abstractions lisses en images de synthèse. Mais la principale nouveauté réside dans la transformation du cube en un hypercube.

Mathématiquement l'hypercube est une généralisation du cube en dimension n. Un cube est un hypercube tridimensionnel et un carré est un hypercube bidimensionnel. Là nous sommes sensés être face à un tesseract, nom donné par Charles Howard Hinton à l'hypercube quadridimensionnel. Simplement le réalisateur n'a pas révisé ses mathématiques élémentaires et ignore que si on pave l'espace 4D de tesseracts aucune pièce n'est jamais adjacente à elle-même. Il est donc impossible qu'une porte puisse donner d'une cellule dans elle-même. En faite toutes les explications scientifiques du film sont aberrantes et bâclées. Là où un flou artistique complet aurait été adroit le scénariste cache son aversion pour les mathématiques derrière des mots compliqués et vides de sens. L'élève en maternel laissera passer, mais pour les autres ça marque mal.

Si le massacre s'arrêtait là le film serait encore acceptable, mais le cube devient une bête expérience militaire, brisant tout le mystère élaboré autour de ses origines. Seule une photographie élégante, abusant avec adresse d'un blanc clinique saturé, sauve l'œuvre de la catastrophe. A moins que vous ne soyez mordu de la franchise, évitez ce volet.

Détesté par les fans du premier opus et décrié par la critique, le film a cependant suffisamment marché pour entraîner la réalisation d'une préquelle : Cube Zero.

lundi 10 septembre 2007

Looking For Mr. Perfect de Ringo Lam

Ringo Lam s'est illustré dans les années quatre-vingt dix avec des films d'actions survoltés comme Full Contact (rien a voir avec le machin où joue Jean-Claude Van Damme) et Le temple du Lotus Rouge. Il est encore très actif puisqu'en 2003, à Hong Kong, un des gros succès de l'année fut sa comédie romantique d'espionnage : Looking For Mr. Perfect. Ecrit par Mike Cassey, ce film est interprété par Qi Shu, Simon Yam, Andy On, Yat Ning Chan, David Wu, Suet Lam et Shiu Hung Hui.



Grace, une femme policier hongkongaise, recherche l'homme de sa vie, qui doit bien entendu être parfait. En fait elle a deux prétendent en concurrence très ouverte qui passent leur vie à s'affronter. Même si elle ne fait rien pour renvoyer ces deux hommes, au fond d'elle, Grace rêve d'un prince charmant en costume blanc. Elle croisera justement Alex, un homme ressemblant exactement à celui de ses songes lors d'un voyage en Malaisie, mais sans se douter qu'il s'agit d'un espion mercenaire en mission sous une fausse identité. Alex de son coté la prendra pour une cliente intéressée par l'achat d'un missile nucléaire dérobé, affaire qu'il doit justement démêler. Il tentera alors de l'espionner.

D'une légèreté inhabituelle pour une comédie d'action, Looking For Mr. Perfect surprend par son originalité et par sa qualité. Les quiproquos alambiqués succèdent à des scènes d'action comiques très biens pensées. Il faut aussi voir le méchant de service, qui claque toujours des doigts pour donner des ordres à ses sbires ce qui entraîne un codes très complexe et une incompréhension complète. De même sa manière d'alterner figures de kung-fu et pas de claquette est d'un surréalisme rafraîchissant.

Ringo Lam n'excelle pas que dans les scènes d'action est l'ensemble est hilarant. L'absence de gags bas du plafond rendent même l'œuvre accessible a ceux n'ayant pas l'habitude des comédies hongkongaises. Le film constitue donc une bonne initiation à l'humour asiatique, avant de se tourner vers du Stephen Chow ou du Jeffrey Lau.

Dreamscape de Joseph Ruben

Dreamscape est un film américain réalisé par Joseph Ruben en 1984 sur un scénario de David Loughery et Chuck Russell. Il est interprété par Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert et Kate Capshaw.



Joseph Ruben, réalisateur du calamiteux Mémoire effacée, n'a pas toujours tenté de camoufler sous des révélations vaguement inspirée des X-files l'indigence de ses scénarios. Dans les années 80 il réalise Le Beau-père (dont un remake est en production) et Dreamscape, un film de science-fiction avec une histoire de télépathie, de pouvoirs mentaux et d'assassinats.

Un projet gouvernemental se charge de former des parapsychologues capables d'entrer dans les rêves des autres a fin de pouvoir diagnostiquer certains troubles du sommeil et les guérir. Un jour le président des États-Unis est admis comme patient. Bien entendu certains vont profiter du sommeil de l'homme le plus puissant du monde pour tenter de l'assassiner et notre héros Alex Gardner (Dennis Quaid), aidé par Jane DeVries (Kate Capshaw) va devoir le sauver.

Même s'il s'agit d'un film exploitant le succès de Scanners de David Cronenberg ne vous attendez pas pour autant au même degré d'intensité (et a voir une tête exploser). Ici, comme dans Les Griffes de la nuit, mourir dans un rêve fait mourir en vrai, mais cela très proprement. L'exploration du subconscient est cependant bourrée de dangers car dans les cauchemars tout peut arriver...

Avec son intrigue bien ficelée, ses acteurs brillants (Christopher Plummer et Dennis Quaid sont trop rarement en tête d'affiche) et ses scènes oniriques emplies d'effets spéciaux, Dreamscape satisfera le cinéphage en manque de science-fiction. A sa sortie l'accueil fut excellent et l'œuvre fit même l'objet d'une Nomination au Grand Prix, lors du Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1985 avant de se faire griller par Terminator de James Cameron (ce qui se comprend aisément). Musique, effets spéciaux, originalité de l'histoire et manière de s'habiller ont certes vieilli mais pas suffisamment pour vous dispenser de le voir.

dimanche 9 septembre 2007

The Legend of Zu de Tsui Hark

The Legend of Zu (Shu shan zheng zhuan) est un film hongkongais de Tsui Hark sorti en août 2001. Il est interprété par Ekin Cheng, Cecilia Cheung, Louis Koo, Patrick Tam, Kelly Lin et Ziyi Zhang.



En 1983 Tsui Hark réalise un film devenu culte : Zu, les guerriers de la montagne magique. Avec ses effets spéciaux généreux et imaginatifs il compiles une quantité astronomique d'ingrédients fantastiques et traditionnel asiatique : épées enchantées, magiciens, démons, monstres et kung-fu. L'humour est omniprésent mais le film fait mouche grâce à la sincérité de l'histoire et la virtuosité de la mise en scène.

The Legend of Zu est une suite indirecte à Zu, les guerriers de la montagne magique. Le traitement est plus sérieux et plus mystiques, l'intrigue atteignant des sommets d'opacité. Xuan et Dan, deux guerriers légendaires se battent ensemble contre une force maléfique. Mais au moment où ils allaient réussir à l'éliminer une goûte de sang du démon s'échappe et fusionne avec Zu, la montagne sacrée. Dès lors des héros vont se succéder dans la montagne pour vaincre la chose...

Avec son absence total d'explication, ses héros divins ayant vécu plusieurs siècles et maîtrisant des forces incompréhensible et son démon corrupteur aux objectifs inconnus, The Legend of Zu est très dur à saisir. Le film est beau, très beau. Trop beau en fait puisque rien ne vient cacher la perfection absolue des effets spéciaux numériques. Ici pas de tentative ridicule pour rendre réaliste les lumières surnaturelles et les effets de particules magique ! Les sorts et les armes sont irréelles et éblouissent le spectateur dans un feu d'artifice abstrait. La musique de Ricky Ho renforce l'impression d'altérité qui se dégage du film pendant qu'on prend conscience que l'épopée est destiné à un public extra-terrestre, elfique ou d'une autre dimension.

The Legend of Zu est un de ces films absolus qui vous plongent directement dans un bain totalement autre, aussi bien au niveau des images, de la thématique, des personnages et de l'ambiance.

The Woods de Lucky McKee

The Woods est un film américain de Lucky McKee basé sur un scénario de David Ross. Il est interprété par Agnes Bruckner, Patricia Clarkson, Rachel Nichols, Lauren Birkell, Emma Campbell et Marcia Bennett



Lucky McKee a acquis une place unique dans le cœur des amateurs de cinéma d'épouvante ou fantastique avec un unique film : May. Il était donc attendu au tournant pour The Woods, son second long-métrage. Ici il est question d'un lycée privé pour jeune fille extrêmement sélectif et dirigé d'une main de fer par une ancienne élève issue de l'établissement même. L'internat est entouré d'une forêt épaisse au passé lourd et donnant son titre à l'œuvre. Pour la petite anecdote M. Night Shyamalan à renommé en 2004 son The Woods en The Village pour éviter une confusion entre les deux films... Précaution inutile puisque finalement The Woods sort en 2006, après deux années de galère.

Heather une adolescente en perpétuelle dispute avec sa mère se retrouve inscrite de force dans l'établissement. Son intégration sera difficile entre les brimades de ses camarades et son refus de l'autorité des professeurs. Mais Heather va vite remarquer qu'elle est dotée de pouvoirs étranges et que son inscription n'est certainement pas due au hasard. D'autant plus que les disparitions vont se multiplier.

L'œuvre ne renie pas sa parenté avec Suspiria : un internat tenu par des sorcières pour un casting exclusivement féminin. Esthétiquement on s'éloigne du bijou de Dario Argento mais la photographie de John R. Leonetti est élégante associée à des décors somptueux. La peur s'insuffle progressivement sans qu'on en connaisse exactement la source, mais l'intrigue est prévisible et les personnages ont une psychologie moins travaillée que dans May. Ajoutez à cela une fin brouillonne et plusieurs hésitations dans la direction de l'intrigue et vous aurez un résultat décevant.

Même s'il faut lui reconnaître une excellent interprétation, quelques vrais moments de peur et de très belles images, The Woods manque de substance. On est loin de ce qu'on pouvait espérer du réalisateur de May et seul les amateurs du genre y trouveront leur compte. Les autres se tourneront vers la saga des Whispering Corridors ou préféreront revoir Suspiria une fois de plus.

samedi 8 septembre 2007

The Ring 2 de Hideo Nakata

The Ring 2 est un film américain de Hideo Nakata sorti en 2005. Il est interprété par Naomi Watts, Simon Baker, David Dorfman, Elizabeth Perkins et Gary Cole.



En 1998, au Japon, sort Ring, un film d'Hideo Nakata révolutionnaire. Son succès dans son pays d'origine entraîne trois suites en l'espace de deux ans. Devant l'ampleur de phénomène et les recettes alléchantes les américains entrent en jeu en demandant à Gore Verbinski de réaliser un remake du premier opus intitulé The Ring (notez le The qui fait toute la différence). Ce film sort en 2002 et cartonne immédiatement : 129 millions de dollars de recette aux Etats-Unis et 120 millions dans le reste du monde pour une mise initiale de 45 millions. Il pousse alors les américains à produire d'autres remakes de films d'épouvante asiatiques, car entre temps Ring à engendré au japon, à Hon-Kong et en Corée un paquet de rejetons. Une suite du remake, mais pas un remake d'une des suites, est mise en chantier immédiatement. Cette fois-ci les américains font venir Hideo Nakata en personne pour réaliser la chose. Cela donne The Ring 2 en 2005.

Six mois après les événements du premier opus, Rachel Keller (Naomi Watts) et son fils Aidan (David Dorfman) ont déménagés dans l'Oregon pour tenter de faire un trait sur le passé. Rachel a un nouveau travail de journaliste pour une feuille de chou local. Elle tombes sur une affaire impliquant Samara, la Sadako américaine, et détruit la fameuse vidéocassette. A partir de la les attaques paranormales vont se multiplier contre Aidan.

The Ring 2 est un mauvais film puisant sans vergogne ses idées dans Dark Water que le même Nakata a réalisé au Japon peu avant (et qui est certainement son meilleur film). Comme Ring, Dark Water est adapté d'un roman de Kôji Suzuki, mais le fantôme qu'il décrit ne colle pas. Samara n'a pas le profil d'une adorable petite fille morte trop tôt et voulant juste une maman. L'enquête sur son passé est lourdingue et la peur brille par son absence. Comme dans Ring 2 et Dark Water l'eau devrait être un élément phobique central, mais la multiplication des effets spéciaux casse l'alchimie.

Si vous voulez voir un film américain avec la même histoire, mais avec des personnages cohérents et une solide réalisation tournez vous vers le remake de Dark Water réalisé par Walter Salles en 2005. Dans tout les cas commencez par l'original japonais et fuyez ce The Ring 2.

The Ring de Gore Verbinski

The Ring est un film américain de Gore Verbinski sorti en 2002. Il est interprété par Naomi Watts, Martin Henderson, David Dorfman, Brian Cox, Jane Alexander et Lindsay Frost.



Tout les amateurs de cinéma asiatique fantastique ou horrifique ont forcément entendu parler de Ring, le film d'Hideo Nakata ayant ressuscité et modernisé le yurei eiga. C'est le retour en force d'une figure de fantôme vengeur traditionnel : une femme livide aux longs cheveux noirs aux mouvement désordonnés et vêtue d'une robe blanche. Le blanc est la couleur du deuil, les paumes sont tournées vers l'intérieur car le dessus des mains représentant le Yin, l'énergie négative. Le fantôme n'existe que pour prendre une revanche aveugle, pas pour chercher une rédemption. Déjà exploitée en 1953 dans Les Contes de la lune vague après la pluie de Kenji Mizoguchi et en 1963 dans Kwaidan de Masaki Kobayashi, cette image est omniprésente dans les récits Japonais mais également coréens et chinois.

Quand Gore Verbinski c'est retrouvé aux commandes d'un remake de Ring il était donc face à un problème : comment transposer ce fantôme rattaché à la culture asiatique à notre vision occidentale ? Devant l'impossibilité de la tache il s'est contenté de reprendre mot pour mot le film d'origine en remplaçant les acteurs japonais par des têtes américaines, en changent les noms et en multipliant les événements surnaturels. Car le spectateur occidental n'est apparemment pas jugé capable de saisir une histoire de fantôme si il n'y a pas toutes les 20 minutes un phénomène surnaturel non sous-entendu. Les scènes rajoutées se remarquent par leur maladresse mais n'empêchent pas le film de fonctionner efficacement. Il faut croire qu'en visant un public un peu plus lent d'esprit et moins apte à saisir une peur viscérale n'émanant de rien de concret Gore Verbinski à réussi son coup. Le succès fut immédiatement au rendez-vous et beaucoup de spectateur étasuniens ayant vu les deux versions disent préférer celle formatée pour leurs rétines à celle nippone. Pour les autres il s'agit d'une relecture sans autre apport que des maladresse d'un film qui reposait principalement sur le sous-entendu.

Naomi Watts est moins convaincante que Nanako Matsushima et on se demande ce que fait un fantôme issu du folklore japonais aux Amériques. The Ring est à voir si vous êtes fan inconditionnel de la saga initiée par Nakata ou si vous jugez que hors d'Hollywood on ne sait pas raconter une histoire.

vendredi 7 septembre 2007

Ring 0 de Norio Tsuruta

En 2000 sort Ring 0: Bâsudei, une préquelle à Ring qui explore de nouveaux horizons. Cette fois Norio Tsuruta remplaces Hideo Nakata à la réalisation et le scénario est à nouveau adapté directement d'un livre de Kôji Suzuki. Le casting est constitué de Yukie Nakama, Seiichi Tanabe, Kumiko Aso, Yoshiko Tanaka, Ryûji Mizukami et Takeshi Wakamatsu.



Norio Tsuruta s'est fait les dents sur des productions en direct-to-vidéo : la saga des Scary True Stories (Honto ni atta kowai hanashi), de faux documentaires paranormaux exploitant approximativement l'idée de Blair Witch. Ring 0 est son premier film destiné au cinéma.

Des années avant les événement de Ring, Sadako Yamamura est une jeune actrice de théâtre espérant échapper à son passé trouble. Mais elle est en proie à d'étranges visions pendant que des événement surnaturels se multiplient. Elle devient alors l'objet de la haine et des autres membres de sa troupe.

Ce quatrième opus est mon préféré de toute la saga. Il ne s'agit plus vraiment d'épouvante mais d'un film d'ambiance dans l'univers du théâtre. La narration est lente et contemplative à souhait, les personnages vivants et les éclairages travaillés. Le rejet de Sadako en raison de ses différences est palpable ainsi que la haine et l'amour qui se développe dans son entourage. La beauté du futur fantôme sur vidéocassette est irréelle, avec son visage sombre et mystérieux et sa fragilité apparente. Les dix dernières minutes sont d'un intensité émotionnelle et artistique remarquable, le point de rupture du film étant soulignée par une technique photographique novatrice : développement, puis photographie de la pellicule et nouveau développement. Norio Tsuruta obtient ainsi une images extraordinaire, aux blancs saturés, aux verts argentés et aux couleurs délavées.

Ring 0 c'est du yurei eiga intelligent avec une dose de drame et de romance. De l'excellent travail marquant les débuts prometteurs du futur réalisateur de Kakashi.

Godzilla Final Wars de Ryuhei Kitamura

Godzilla Final Wars (Gojira: Fainaru uôzu) est un film japonais réalisé par Ryuhei Kitamura en 2004, soit 50 ans exactement après le premier Godzilla (celui de Ishirô Honda). Il est interprété par Masahiro Matsuoka, Shin'ichi Ôzaki, Rei Kikukawa, Kazuki Kitamura, Don Frye, Akira Takarada, Kane Kosugi et Maki Mizuno.



Sur terre les monstres géants se multiplient. Dans toutes les capitales du monde les anciens ennemis de Godzilla resurgissent pour piétiner tout ce qui bouge. A Paris, sur l'arche de la défense, nous avons même une mante religieuse issue de Son of Godzilla. L'EDF (pas les électriciens, l'Earth Défense Force) décide alors de réveiller Godzilla prisonnier depuis l'ouverture du film dans les glaces. Une fois le monstre libéré il va pourvoir vaincre pour la seconde fois tout ses adversaires. Et cela dans un unique métrage !

De nombreux fans réactionnaires hurlent quand on chamboule un peu leur habitudes mais il faut reconnaître que le film de Ryuhei Kitamura redonne de la saveur à un soufflet dégonflé depuis longtemps. Après 27 films (28 avec le remake américain de Roland Emmerich), Godzilla avait épuisé la plus part de ses idées. La saga contient même des nanars affolants comme Son of Godzilla et Godzilla Vs. Gigan, tous deux réalisés par Jun Fukuda. Faire un grand bazar avec toute cette soupe de bestioles extraterrestres, mythologiques ou radioactives est divertissant, amusant, et agréable. C'est à cause des réalisateurs fans et hyper-scrupuleux que la saga s'est dégradée. Kitamura a son style : pose des acteurs, caméra folle, action spectaculaire irréaliste et manteaux de cuir. On savait donc ce qu'on allait avoir : des guerriers issus de l'imagerie de Versus combattant aux cotés de Godzilla tous les monstres de la saga à la fois.

Dans on bonne saga il faut tout chambouler de temps en temps, histoire de remettre les pendules à zéro. Godzilla Final Wars arrive à temps pour le cinquantième anniversaire du lézard et est à mes yeux un des meilleurs opus. Oui Kitamura c'est de la caricature de Matrix, mais c'est décomplexé et sans prétention (tout le contraire de Matrix, quoi). Versus, Azumi et Aragami sont des films que j'aime car ils ne cherchent pas à me snober avec des effets lourds. Ils assument le coté ridicule du bullet-time et exploitent intelligemment divers angles de caméra inhabituels...

mardi 4 septembre 2007

Anémic Cinéma de Marcel Duchamp

Anémic Cinéma est un court-métrage français réalisé par Marcel Duchamp en 1926 à partir d'une ébauche de ses futurs Rotoreliefs.



Tourné sur 35mm et long de seulement 7 minutes, ce court-métrage en noir et blanc réalisé par Marcel Duchamp en collaboration avec Man Ray et Marc Allégret est un classique du cinéma expérimental. Il se rattache au mouvement Dada et se démarque par son absence de scénario et de mise en scène. Il est seulement constitué d'une succession de plans fixes sur des spirales en rotation. On peut résumer le film en précisant que sur les 19 disques hypnotiques, 9 contiennent des fragments textuels nonsensiques de Rrose Sélavy pendant que les 10 autres sont simplement des spirales semblables à celle de l'affiche ci-dessus. Si vous avez l'œil exercé vous arriverez donc à déchiffrer "On demande des moustiques domestiques (demi-stock) pour cure d'azote sur la Côte d'Azur", "Esquivons les ecchymoses des esquimaux aux mots exquis" ou "Avez-vous mis la moelle de l'épée dans le poêle de l'aimée".

Oeuvre abstraite se rapprochant plus de l'art plastique en mouvement que de l'invention des frères Lumière, Anémic Cinéma est l'équivalent cinématographique de la célèbre Fontaine du même créateur : un machin basé sur le culot et la performativité de l'art dont le concept résume tout. Vous n'attendiez pas un Citizen Kane de la part de l'artiste ayant rajouté des moustaches à la Joconde (L.H.O.O.Q, 1919) et ayant inventé les readymades, objets neutres exposés tels-quels (Roue de bicyclette, Pharmacie et Porte-bouteilles).

Pour du cinéma expérimental on est loin du surréalisme d'Un Chien Andalou ou de la légèreté poétique propre à l'Entr'acte de René Clair. C'est des spirales et c'est vous qui voyez si ça mérite le détour. Mais ne serait-ce pas une sorte d'ancêtre à l'Uzumaki de Higuchinsky ?

999-9999 de Peter Manus

999-9999 est un film thaïlandais réalisé par Peter Manus en 2002. Il est interprété par Chulachak Chakrabongse, Sririta Jensen, Paula Taylor, Thepparit Raiwin, Norajan Sangigern et Titinun Keatanakon.



Après une analyse poussée des neuf volets de la saga Vendredi 13 et une lecture analytique des Griffes de la Nuit, James Wong a compris que ce que voulaient les spectateurs dans ce type de film se sont des morts violentes spectaculaires. Les adolescent décérébrés que le scénario se tue à nous présenter ne sont là que pour se faire annihiler de la manière la plus graphique possible. En 2000 James Wong sort donc Destination Finale qu'on pourrait qualifier de slasher sans tueur. La quintessence même du genre est parfaitement assimilée et les exécutions mémorables se succèdent. Il était naturel que l'idée soit reprise...

999-9999 est donc un descendant direct de Destination Final. Il s'agit en fait du numéro de téléphone magique qu'on peut composer pour obtenir la réalisation d'un souhait. Il va sans dire qu'une fois le vœu exaucé un trépas imminent est à prévoir. Rainbow, une étudiante nouvellement transférée au lycée de Phuket va tenter d'alerter ses nouveaux compagnons de l'existence et du danger de ce numéro, mais en vain...

Même si l'intrigue est basique le film fait preuve d'une certaine originalité, notamment dans l'interprétation retorse des vœux (on penses à la série des Whismaster). Les décès sont variés et plutôt éprouvants malgré de effets spéciaux pas toujours à la hauteur (le démembrement en gravité zéro est un bon exemple : a la fois original et peu réaliste avec son sang infographique). Enfin le casting insupportera plus d'un spectateur, mais heureusement toutes ces tête à claque finiront mal, ce qui compense la douleur impliqué par le spectacle de leur jeu insipide.

Pour conclure je dirais que le titre est rigolo et que l'ensemble ravira les amateurs de slashers voulant découvrir le cinéma thaïlandais. Les autres préférerons les téléphones portables de Phone et de One Missed Call.

lundi 3 septembre 2007

Ring 2 de Hideo Nakata

Ring 2 est un film d'horreur japonais réalisé par Hideo Nakata. Sorti en 1999, il est interprété par Miki Nakatani, Hitomi Sato, Kyôko Fukada, Fumiyo Kohinata, Kenjiro Ishimaru et Yûrei Yanagi.



Suite au succès de Ring en 1998 sort rapidement, la même année en fait, un nouvel opus : Rasen. Il est inspiré d'un nouveau roman, toujours écrit par Kôji Suzuki et intitulé Double Hélice en français. Cette œuvre pompeuse qui transforme une histoire simple et efficace de fantôme en une réflexion biologique et scientifico-philosophique inconsistante fait un four. Hideo Nakata réalise donc en 1999 une seconde suite intitulée Ring 2 et ne tenant pas compte des évènements de Rasen. Cette fois-ci rien en commun avec le livre de Suzuki si ce n'est la présence de Sadako.

Après la fin du premier film, l'autopsie de Sadako prouve qu'elle est restée vivante des années enfermée au fond de son puits. Et son envie de se venger est plus forte que la mort. Il faut donc l'arrêter. De son coté Yoichi, l'enfant ayant survécu à la vidéocassette maudite au prix de la vie de ses grands parents, est devenu muet. Il faut donc le soigner.

Ring 2 est une suite tournée à la va-vite et sans budget. Le résultat est bancal, mêlant une ambiance clinique très froide et quelques scènes de science fiction à une histoire de malédiction et de spectre, mais fonctionne correctement. La musique de Kenji Kawai est toujours aussi bien appropriée et la réalisation de Nakata est dans la continuité de son travail sur Ring, même si son ambition semble disparue. Car Ring 2 tient plus du téléfilm que de la vrai œuvre cinématographique. Est-ce par manque de temps, d'argent ou d'idées ? Difficile à dire, car il y a une ou deux scène remarquable qui justifient l'ensemble à elles seules. Ainsi, le passage où le buste de Sadako, reconstitué à partir de son crâne est photographié au flash a servi d'inspiration à un long métrage entier (Face de Sang-Gon Yoo, déjà commenté par votre serviteur).

Un résultat mitigé pour un second volet dispensable.

Ring de Hideo Nakata

Ring est un film de fantômes japonais réalisé par Hideo Nakata en 1998. Il s'agit d'une remake du téléfilm Ringu: Kanzen-ban touré par Chisui Takigawa en 1995. Il est interprété par Nanako Matsushima, Miki Nakatani, Hiroyuki Sanada, Yuko Takeuchi, Hitomi Sato, Yoichi Numata et Yutaka Matsushige.



Il est difficile quand on apprécie les yurei eiga modernes d'éviter le Ring d'Hideo Nakata, souvent appelé Ringu pour éviter la confusion avec ses divers remakes. Cette histoire de vidéocassette maudite inspiré d'un roman de Kôji Suzuki a d'abord révolutionné le cinéma d'horreur nippon avant d'engendrer des rejetons dans toute l'asie. Outre la Corée qui en plus d'une adaptation directe, Ring Virus, accoucha de trop de petites filles aux cheveux gras pour qu'on puisse les compter, la chine nous offrit The Eye et ses suites, la Thaïlande contribua à l'effort collectif avec Bangkok Haunted pendant qu'en Inde, Ram Gopal Varma réalisait Bhoot. Finalement le germe se répandit aux Amériques, enfantant une flopée de films et de remakes et renouvelant le stock de recettes utilisées pour flaquer la trouille.

Une jeune journaliste enquête sur la mort mystérieuse de sa nièce. Elle finit par entendre une légende urbaine parlant d'une K7 maudite provoquant la mort de ceux qui la regardent. En suivant cette piste elle tombe sur l'objet, mais après avoir vu son contenu elle n'a plus que 7 jours pour percer son mystère.

La musique de Kenji Kawai est un modèle de sobriété, renforçant les effets simples et pourtant savants employés par Nakata. Les plans effrayants se terminent toujours en queue de poisson si bien qu'on ne voit rien. La vidéocassette, centre de l'histoire, utilise non pas l'obscurité pour cacher son fantôme mais des dégradations techniques : bruit, flou, image tressautant, bandes blanches... Tout ces artefacts que les amateurs de vidéo visionnant pour la dixième fois leur film fétiche ne connaissent que trop bien. L'horreur surgit de technologies omniprésents : sonnerie de téléphone, magnétoscope et télévision. Le fantôme se rattache à une tradition séculaire mais l'ambiance n'est plus celle du Kwaidan de Masaki Kobayashi. Les temps ont changés !

Impossible d'écrire quoi que ce soit de neuf sur ce monument d'épouvante qui avec 1,2 millions de dollars de budget et aucune violence graphique ou effet spécial s'imposa comme un des films les plus séminaux des années quatre-vingt-dix. Si vous ne devez voir qu'un film d'épouvante japonais c'est celui-là. Et si vous êtes allergique au cinéma asiatique vous pouvez toujours vous rabattre sur The Ring, le fidèle remake qu'en fit Gore Verbinski.

dimanche 2 septembre 2007

La Forteresse noire de Michael Mann

Adapté du best-seller de Paul F. Wilson, Le Donjon, et réalisé par Michael Mann, La Forteresse noire (The Keep) est un thriller horrifique américain sorti en 1983. Il est interprété par Scott Glenn, Alberta Watson, Jürgen Prochnow, Ian Mc Kellen et Mike Carter.



Michael Mann est un réalisateur de talent. Il suffit de voir les prises de nuits ultra-réalistes de Collateral ou la fusillade urbaine dans Heat pour s'en convaincre. La Forteresse noire date de 1983 à une époque où son curriculum vitae n'était pas encore impressionnant. C'est pourtant un excellent film, réalisé juste avant le sous estimé Manhunter, premier opus des aventures du tristement célèbre Hannibal Lecter.

C'est l'histoire d'une garnison de nazis chargés de garder un petit village en Roumanie. Ils emménagent dans une ancienne forteresse. Elle est écrasante et noire, au look futuriste et aux lignes très sobres. Et puis certains soldats commencent à disparaître la nuit. On ressent l'angoisse, la tension et la colère. Des représailles brutales sont entreprises sur les villageois pendant que l'équilibre mental précaire des occupants se désagrége.

La mise en place, donc la première heure du film, est une réussite pesante et claustrophobe. Les éclairages sont travaillés, les acteurs interprètent brillamment leurs personnages de nazis a bouts de nerf et la réalisation arrive a donner l'impression au spectateur qu'il est emprisonné dans la forteresse : aucun plan large et des murs opaques et massifs partout. Le glissement progressif du film vers le surnaturel est particulièrement bien négocié pendant que l'ombre du Golem se profile... Les effets spéciaux sont hélas inégaux : peux convainquant et inutiles ils parviennent tout juste à renforcer l'impression d'étrangeté qui se dégage du métrage. Heureusement ils sont rares, ne survenant qu'à la fin.

La Forteresse noire arrive à être a la fois un vrai film de genre, un film historique et un monument d'épouvante. Avec son ambiance presque Lovecraftienne, son donjon oppressant et ses images parfaites il s'impose comme une oeuvre stylée et incontournable. On se prend cependant à regretter que le montage original de 3 heures ait été refusé par les producteurs, tant certaines coupes se remarquent.

Wild Zero de Tetsuro Takeuchi

Si vous aimez les films maboules détournant les clichés du cinéma de genre et accumulant les scènes incroyables vous adorerez Wild Zero, l'unique film de Tetsuro Takeuchi. Il s'agit d'une comédie japonaise musicale romantique d'action et de science-fiction avec des zombis et des extra-terrestres. Tourné en thaïlandais et sorti en 2000, Wild Zero est interprété par Guitar Wolf, Drum Wolf et Bass Wolf (le groupe Guitar Wolf en fait), mais également par Masashi Endô, Kwancharu Shitichai, Haruka Nakajo et Shirô Namiki.



Une bande de rocker japonais incarnés par un véritable groupe se retrouve confronté à une infection zombifiante d'origine extra-terrestre. Pour sauver Ace, un jeune fan les idolâtrant, ils se battent à coup de guitare-katana et d'à-peu-près tout ce qu'on peux imaginer. L'histoire nous gratifié également d'une romance entre Ace et un personnage androgyne incarné par un véritable hermaphrodite (Kwancharu Shitichai dont c'est le seul film également), des méchants trafiquant d'armes et un vaisseau spatial de trois kilomètres de long se faisant trancher en deux par un homme seul.

Alors bien entendu les effets spéciaux numériques sont maladroits et les rockers ne jouent pas très bien la comédie, mais cela s'oublie volontiers face à la générosité brouillonne de l'œuvre. Un telle expérience cinématographique ne peut se faire sans accrocs...

Inénarrable et indescriptible, Wild Zero se rapproche au niveau du style et des idées du célèbre Versus de Ryuhei Kitamura, mais sans les effets de caméras post-matrixiens décomplexés. Un must du cinéma alternatif trash, version rock d'un croisement du Mars Attacks! de Tim Burton du Braindead de Peter Jackson. C'est aussi le cousin nippon du Sars Wars de Taweewat Wantha. Dans un interview à propos de Shaun of the dead, Simon Pegg et Edgar Wright le classent parmi les 5 meilleurs films de zombis de tout les temps. Même si c'est discutable il mérite un peu d'attention. Enfin le rock japonais est quelque chose d'assez intriguant pour justifier le détour.

samedi 1 septembre 2007

Le Samouraï du crépuscule de Yôji Yamada

Le Samouraï du crépuscule (The Twilight Samurai, 2002) est un film japonais réalisé par Yôji Yamada et adapté d'un roman de Shuuhei Fujisawa. Il est interprété par Hiroyuki Sanada, Rie Miyazawa, Nenji Kobayashi, Ren Osugi et Mitsuru Fukikoshi.



Né le 13 Septembre 1931 au Japon, Yôji Yamada réalise des films depuis 1964. Extrêmement populaire dans son pays natal, il est l'auteur principal de la plus longue saga cinématographique de l'histoire avec Tora-san (il existe 48 long métrages sur ce vagabond au grand cœur). Au long de la centaine de films qu'il a écrits ou réalisés il a vu défiler une grande partie de l'histoire du septième art. Il était donc logique qu'il veuille rendre hommage au premier genre ayant permis à son pays de rayonner au delà de ses frontières : le film de samouraï. Car devant Yasujiro Ozu ce furent d'abord Masaki Kobayashi et Akira Kurosawa qui imposèrent leurs noms au monde avec des oeuvres comme Les Sept Samouraïs, Hara-kiri et Rébellion.

A l'aube de l'ère Meiji, Seibei Iguchi est un samurai déchu ayant vendu son sabre pour quelques pièces. Devenu fonctionnaire l'anti-héros taciturne que ses collègues surnomment par dérision Seibei du crépuscule n'aspire qu'à vivre dans la paix en élevant sa fille. Il compte les sacs de riz, sale et en guenille, ce qui lui vaudra d'ailleurs blâme lors d'une visite officielle. Un jour Tomoe, amour de jeunesse, viens chercher refuge chez lui, divorcée d'un mari violent et alcoolique. Ivre et enragé, l'ancien époux provoque Seibei en duel avant de se faire écraser en deux passes alors que son adversaire ne dispose que d'un sabre en bois. La rumeur de la victoire de Seibei se répand comme un virus jusqu'à ce qu'on le charge d'une mission périlleuse : éliminer un samouraï rebelle refusant de se faire hara-kiri.

Avec ses cadrages simples et larges, sa photographie sobre et son absence d'effets, le film de Yôji Yamada mise plus sur son histoire et se personnages que sur ses images. La lumière absente souligne ce crépuscule gris et fade. Les amateurs d'action peuvent aussi passer leur chemin, l'unique duel, très intense, se situant à la tout fin du métrage. La vraie qualité du film, outre le fait de prendre à contre-pied l'image du samouraï guerrier, est la manière posée et contemplative dont il décrit la vie ordinaire de son héros. Et sur ce point Yôji Yamada prouve son talent. Amateurs de Kobayashi et de Kurosawa foncez sur Le Samouraï du crépuscule, vous ne serez pas déçus.

La Colline a des yeux 2 de Martin Weisz

La Colline a des yeux 2 est un film américain de Martin Weisz sorti en 2007. Il est interprété par Michael McMillian, Jessica Stroup, Jacob Vargas, Flex Alexander et Lee Thompson Young.



Je n'aime pas particulièrement le film original de Wes Craven (sorti en 1977). Je le trouve vieilli, sans compter que dès le départ ce n'était pas ce qui se faisait de mieux dans le domaine du survival. La Colline a des yeux 2 de Wes Craven était pour sa part loupé de tout les points de vue (mention spéciale au flash-back qu'a le chien, un moment d'anthologie).

Le remake d'Alexandre Aja était une vraie réussite. Un des films américains marquant le retour à un vrai cinéma d'horreur, cherchant à choquer et à blesser, contrairement à une décennie de sous Scream, tenant de noyer le moindre gramme de sang dans un humour lamentable, seulement présent pour rassurer l'adolescent de base. Là le petit réalisateur français laisse la place à un allemand parfaitement inconnu, pour une suite du remake n'étant pas un remake de la suite.

L'histoire est la suivante : neuf jeunes soldats de sont envoyés en mission dans un avant-poste isolé au nouveau-mexique. A leur arrivée ils constatent que personne n'est la pour les accueillir et ne tardent pas à découvrir des cadavres. Un combat pour survivre s'engage alors, car dans le désert il y a quelque chose qui les épie depuis les collines arides : des mutants cannibales dégénérés.

Cette fois les victimes sont donc 9 militaires américains armés et entraînés, ce qui met un peu de piquant au jeu. Avouez que c'est du gibier de qualité comparé à une bande d'adolescents débordants d'hormones à la Vendredi 13. Le décor reste de son coté quasiment inchangé et seul la manière dont il est utilisé et photographié évolue.

La Colline a des yeux 2 est violent et glauque à souhait, mais la surenchère ne fonctionne pas toujours, et la relative bêtise des protagonistes finit par lasser (relative parce qu'on est dans un survival, et donc que les réactions sont quand même sensées). La scène d'ouverture, très éprouvante, et la première heure, fonctionnant admirablement, justifient le film. A part ça pas de surprise. C'est La Colline a des yeux quoi...