dimanche 15 avril 2012

Survival of the Dead de George A. Romero

Survival of the Dead est un film américain réalisé par George A. Romero en 2009. Il est interprété par Alan van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Devon Bostick, Richard Fitzpatrick, Athena Karkanis, Stefano Di Matteo, Joris Jarsky et Eric Woolfe.



Après un brillant Diary of The Dead, haï par beaucoup de spectateurs mais faisant preuve d'une grande originalité et s'impliquant vraiment dans une réflexion sur l'obsession des hommes pour la capture des images, George A. Romero décida non pas de tourner une suite directe à Diary, pourtant très rentable finanicèrement parlant, mais de continuer sa série de films de morts-vivants comme il l'avait toujours fait, c'est-à-dire en créant une nouvelle œuvre, seulement reliée par sa thématique et ses règles à l'ensemble précédemment construit.

Techniquement, nous avons un lien supplémentaire avec Diary of The Dead, puisque les ex-soldats que nous suivons croisent dans leur fuite les protagonistes du film précédent et les dépouillent. Ils décident ensuite de se rendre sur l'île de Plum, vantée par une vidéo trouvée sur internet. Mais une fois arrivé sur place, ils découvriront une guerre entre deux familles d'origine écossaise, les Muldoons et les O'Flynns.

La raison des conflits dans Survival of the Dead tourne autour de la gestion des zombis. Les Muldoons pensent qu'il faut honorer les morts, et donc conserver les morts-vivants près de soi, enchainés, tout en essayent de les traiter avec amour, un peu comme s'il s'agissait simplement de malades. Cela demande bien entendu un certain savoir-faire, mais est réalisable, vu la faible densité de population sur l'île de Plum. Les O'Flynns sont pour l'extermination pure et simple.

Perdus au milieu de ce conflit qui les dépasse, les déserteurs venus de l'extérieur n'interagissent que peu, faisant office de spectateurs. C'est sans surprise qu'ils concluent le film en prenant la fuite.

Certains analysent Survival of the Dead comme un débat sur l'avortement, avec d'un côté les pro-life et de l'autre les pro-choice. C'est assurément une simplification grossière correspondant à une volonté de tout politiser, mais il faut reconnaitre que la question éthique, pourtant complètement hypothétique et inapplicable au réel, abordée dans le film de George A. Romero est fascinante, tout comme le conflit qui en découle. Encore une fois, caché derrière une simple histoire de zombis, se trouve un film complexe et pourtant ludique. Par ailleurs, nous retrouvons l'action, le sang, la mort, la peur et le rythme faisant toute la saveur des films de Romero.

Avec Survival of the Dead, la Dead serie de George A. Romero, initiée par La nuit des morts-vivants, devient enfin une hexalogie. Même s'il y a des hauts et des bas dans cette exceptionnelle saga, chacun de ces films doit impérativement être vu par tous les amateurs de zombis, et ce sixième volet ne fait pas exception.

vendredi 13 avril 2012

Longinus de Ryuhei Kitamura

Longinus est un film japonais réalisé par Ryûhei Kitamura en 2004. Il est interprété par Taro Kanazawa, Takehiro Katayama, Yumi Kikuchi, Toshiyuki Kitami, Shion Machida et Minoru Matsumoto.



Ryuhei Kitamura est un génie, capable de réaliser un film d'action spectaculaire et chassieux sans moyens (Versus reste une référence visuelle et stylistique). Après Aragami, Azumi et Sky High, tous trois tournés en 2003, il réalise Longinus en 2004, juste avant son critiqué et pourtant démentiel Godzilla: Final Wars.

L'humanité est en guerre, plongée dans le chaos. Dans un hôpital militaire presque vide, des soldats amènent en urgence un homme blessé. Parmi ses affaires se trouve une boîte qui contient la fameuse lance de Longinus. Cette arme sacrée et maudite aurait servi à achever le Christ sur la croix.

Amateurs de manteaux de cuir à la Matrix et d'acteurs prenant des poses au milieu de scènes d'action spectaculaires, vous allez en avoir pour votre temps. Car Longinus ne dure que 40 minutes et ne laisse pas au spectateur le loisir de s'ennuyer. Ce moyen métrage, en dépit de son thème vampirique, est parfaitement représentatif du style Kitamura, version condensée. On papote moins que dans Aragami et on se bat moins que dans Versus, mais chaque minute vaut son pesant d'adrénaline.

Niveau casting, rien de nouveau : Uotani Kanae était là dans Sky High et Aragami, alors que Sasaki Hideo a tourné dans Versus, Azumi et Alive. Du coup Kitamura dirige parfaitement ses acteurs. On sent une excellente maitrise de l'ensemble, et même s'il est possible de ne pas adhérer au style électrique et nerveux du réalisateur, il faut admettre qu'il sait ce qu'il fait.

Les amateurs de Kitamura apprécions Longinus. Pour les autres, il vaut mieux commencer par Versus ou Azumi.

mercredi 11 avril 2012

Steel Trap de Luis Cámara

Steel Trap est un film d'horreur allemand réalisé par Luis Cámara en 2007. Il est interprété par Georgia Mackenzie, Mark Wilson, Pascal Langdale, Julia Ballard, Joanna Bobin, Annabelle Wallis et Adam Rayner.



Alors qu'une fête est organisée dans un immeuble désaffecté qui va être détruit sous peu, plusieurs invités reçoivent une invitation par texto pour une seconde boom dans le même building. Une fois arrivé sur place, ils ne tarderont pas à découvrir que le jeu de piste organisé par leur hôte mystérieux est mortel (au sens littéral du mot).

Vous connaissez certainement ces aventures qui se résument à une succession de pièges injustes et de monstres. Les amateurs de jeux vidéo pensent à Diablo pendant que les vieux joueurs adaptes des dés et du papier millimétré se souviennent de Tomb of Horrors, le légendaire module de Gary Gygax pour Donjons et dragons. Sur le papier, Steel Trap devait être ça, les monstres en moins : un labyrinthe de pièges et de fausses issues, avec un maître de donjon sadique caché derrière son écran dont la seule joie est de voir ses joueurs mourir.

Pour son premier long-métrage, Luis Cámara fait preuve d'une certaine maladresse. Les pièges sont secondaires, tout comme les personnages aux personnalités stéréotypées, et il ne reste rapidement plus que la petite enquête que mènent les victimes pour savoir qui est le tueur ainsi que les meurtres. Cela donne donc un honnête slasher dont la saveur est rehaussée par son esthétique morbide, très inspirée du giallo.

Au final, Steel Trap s'égare dans divers genres : le huis clos à la House of 9, le slasher, le film de couloir et, bien entendu, le clone de Cube avec une pincée de Saw. Il n'excelle dans aucune de ces pistes, mais reste regardable.

lundi 9 avril 2012

Encounters at the End of the World de Werner Herzog

Encounters at the End of the World est un documentaire américain réalisé par Werner Herzog en 2007. Il est met en scène David Ainley, Samuel S. Bowser, Regina Eisert, Kevin Emery, Ryan Andrew Evans, Ashrita Furman et Peter Gorham.



Tourné en Antarctique pour la National Science Foundation, Encounters at the End of the World est un documentaire surprenant. Au milieu d'une étendue de glace, Herzog s'intéresse non pas aux paysages, aux fonds marins ou aux animaux, mais avant tout aux hommes qui sont venus travailler là. Océanographes, ornithologues et biologistes se succèdent devant la caméra, mais Herzog interroge également les chauffeurs de bus, les plombiers et les mécaniciens.

Alors que les zoologistes référencent les espèces inconnues sous la glace, plongeant par un petit trou dans une eau obscure, et que les glaciologues suivent l'évolution de la banquise avec fascination et rigueur, Herzog collectionne les personnages atypiques et profondément mystiques. C'est cela qui l'amène à suivre ces scientifiques dans leurs expéditions, et s'il filme leurs volcans, leurs camions, leurs poissons et leurs oiseaux, c'est seulement pour mieux les comprendre.

Au milieu de tout ça, un manchot intrépide part vers une mort inéluctable en décidant de se lancer vers l'intérieur des terre, peut-être dans un élan suicidaire de curiosité. Herzog peut donc trouver son Fitzcarraldo ou son Aguirre même dans le monde des animaux.

Au final, nous obtenons un documentaire atypique et poétique, sublimé par une musique onirique de Henry Kaiser et David Lindley, doublée d'interminables silences. Encounters at the End of the World vous évoqua un peu Grizzly Man, la fin tragique en moins (sauf pour le manchot), mais également La Soufrière.

samedi 7 avril 2012

Mega Shark vs. Giant Octopus de Jack Perez

Mega Shark vs. Giant Octopus est un film de science-fiction américain réalisé par Jack Perez en 2009. Il est interprété par Lorenzo Lamas, Deborah Gibson, Sean Lawlorn, Vic Chao, Jonathan Nation, Mark Hengst et Michael Teh.



Suite à une opération militaire hasardeuse, deux monstres géants prisonniers de glaces sont involontairement libérés : un mégalodon et une pieuvre titanesque. Dès lors, ils vont semer le chaos dans tous les océans, se déplaçant à une vitesse hallucinante et ratissant à eux deux un territoire démesuré. Le destin de l'humanité repose désormais entre les mains de quelques scientifiques (reconnaissables à leur blouse blanche et à leur mépris des forces armées).

Connu des amateurs de nanars, notamment pour son titre improbable, Mega Shark vs. Giant Octopus représente parfaitement la série B destinée au marché vidéo et aux chaines câblées. Avec une intrigue prévisible, des personnages stéréotypés et son lot d'effets spéciaux, le film de Jack Perez remplit parfaitement son contrat, donnant exactement au spectateur ce qu'il attend d'une telle production.

Certes les CGI ressemblent au projet de fin d'année d'un étudiant infographiste en début de formation. Certes tout semble filmé dans deux ou trois décors alors que l'intrigue se déroule un peu partout dans le monde. Mais Mega Shark vs. Giant Octopus est généreux. Il nous offre des scènes improbables, comme cette avion de ligne dévoré en plein vol par un mégalodon affamé, ces manipulations de biochimie, bariolées et fluorescentes, et ces militaires qui torpillent à l'aveugle tout ce qui bouge.

Le film de Jack Perez nous propose aussi une romance mielleuse, des débats scientifiques pathétiques et des répliques idiotes. Par exemple, l'héroïne écoute du Johann Sebastian Bach quand elle fait de la plongée sous-marine (avec un appareil volé) et explique plus tard que c'est du Mozart, ce qui équivaudrait a peu près à confondre Metallica avec Édith Piaf.

Certes, ce n'est pas au niveau d'un vieux Gamera, mais pour un film américain de monstres géants, on s'amuse beaucoup et on ne s'ennuie pas un instant. Bref, nous avons ici du nanar de taille.

jeudi 5 avril 2012

Abnormal Activity 3 de Jason Gerbay

Abnormal Activity 3 est un film américain réalisé par Jason Gerbay en 2011. Il est interprété par Casey Alise, Taylor Autumn, Paul Bouyear, Dennis Cage, Colin Jobs,Andrew Gerhards et, bien évidemment, Jason Gerbay lui-même.



Je suis mathématicien de formation, ce qui veut dire que je suis à l'aise avec les objets algébriques les plus abstraits mais que j'ai du mal à compter au-delà de 3. Cependant, quand je vois certains films, je me dis que je suis loin d'être le plus handicapé. Jugez plutôt : Abnormal Activity 3 est la suite d'Abnormal Activity, mais il n'y a pas d'Abnormal Activity 2. A l'opposé, il existe un Paranoid Activity 2 qui est tout seul, sans suites ni préquelles. Et la saga Paranormal Activity compte deux Paranormal Activity 2. L'un des deux est une suite, renommée en Europe Paranormal Activity: Tokyo Night, et l'autre est une préquelle.

Cette fois, nous suivons Kristin, la sœur de l'héroïne du premier film. Baby-sitter débutante, elle enquête sur la disparition d'un enfant dont elle avait la charge, pendant que son petit-ami, Eric, doit vivre avec ses délires sur les démons et son irrationalité. L'histoire est ainsi une parodie de Paranormal Activity 2 (enfin, du premier Paranormal Activity 2, pas de Tokyo Night), ce qui rend encore plus inconsistant le choix du numéro 3 dans le titre.

La première partie d'Abnormal Activity 3 est consacrée à l'analyse du film précédent, qui semble être sorti en DVD après le meurtre concluant ce dernier. Kristin et Eric nous forcent donc à visionner une seconde fois cette horreur, tout en se lamentant de la stupidité et de l'ennui de ce qu'ils regardent. Paradoxalement, c'est beaucoup plus drôle comme ça. Ce n'est pas pour rien que Mystery Science Theater 3000, The Nostalgia Critic et The Cinema Snob sont si amusants.

Tout comme le premier opus, Abnormal Activity 3 est une pitoyable comédie produite sans budget, sans scénario, sans idées, sans matériel, sans décors et sans cadrages. Bien que moins drôle que son modèle, elle vous fera cependant rire jaune plusieurs fois, et pas qu'involontairement. L'humour tourne surtout atour des mauvais traitements que subit le bébé dont Kristin s'occupe, résultant de son incompétence et de sa parasse. Le reste du film est meublé avec quelques disputes récupérées dans les poubelles des scénaristes d'Un gars, une fille, ou avec des scènes de somnambulisme surréalistes.

Le montage est désordonné, car Kristin n'est pas capable de se servir correctement du caméscope d'Eric et n'arrête pas d'enregistrer pardessus des bandes déjà utilisées, ce qui donne lieu à des séquences incongrues s'insérant entres d'autres plans. A la décharge du film, Jason Gerbay y est toujours simultanément acteur, scénariste, producteur, monteur, réalisateur, compositeur et caméraman. Tommy Wiseau peut aller se rhabiller...

C'est moins mauvais que le film précédent, du coup ce n'est même plus le plus mauvais found footage jamais tourné. Ce qui le prive de son seul intérêt.

mardi 3 avril 2012

Shadow Puppets de Michael Winnick

Shadow Puppets est un film américain réalisé en 2007 par Michael Winnick. Il est interprété par James Marsters, Tony Todd, Marc Winnick, Natasha Alam, Diahnna Nicole Baxter, Jolene Blalock et Richard Whiten.



Un homme et une femme se réveillent dans des cellules capitonnées, perdus au milieu de ce qui semble être un hôpital psychiatrique désaffecté. Incapables de se souvenir comment ils sont arrivés là, ou même de se rappeler leur identité, ils vont rapidement croiser d'autres victimes des mêmes circonstances, mais également découvrir que dans ces couloirs mystérieusement vides, les ombres semblent dotées d'une vie propre.

Shadow Puppets est une œuvre hybride. Au départ on pense à Cube, à House of 9, à Nine Dead et à Breathing Room, bref, à tous ces films où de parfaits inconnus se réveillent ensembles, dans une prison ou un labyrinthe, sans savoir pourquoi ils sont là. Les décors sont cliniques, blancs et vides, comme dans Hypercube, et on stresse vraiment. Mais rapidement, il révèle sa vrai nature : celle de film fantastique

Hanté par un fantôme très puissant, très démonstratif et plutôt matériel, même s'il n'est constitué que d'obscurité, l'hôpital où errent nos sept amnésiques n'est pas assez effrayant pour fonctionner. Et ce ne sont pas les explications pseudo-scientifiques sur l'origine du mal, terriblement maladroites et stupides, qui rattrapent la sauce.

Plus l'intrigue avance, plus son manque de consistance et d'épaisseur devient évidente, si bien que pendant le dernier acte, quand un malheureux twist est révélé, le spectateur n'est plus intéressé. Bref, ne regardez ce film que pour ses 10 premières minutes, ou si vous voulez vraiment voir Natasha Alam incarner une mannequin qui se déshabille sans raisons rationnelles (avouez que se baigner nue dans une piscine mal éclairée quand on vient de se réveiller, la tête vide, dans un hôpital mort, c'est une décision plutôt insolite).

dimanche 1 avril 2012

Wendigo de Larry Fessenden

Wendigo est un film d'horreur américain réalisé par Larry Fessenden et sorti en 2001. Il est interprété par Patricia Clarkson, Jake Weber, Erik Per Sullivan, John Speredakos, Christopher Wynkoop, Lloyd Oxendine et Brian Delate.



Le Wendigo est une créature surnaturelle, maléfique et cannibale. Moitié-homme, moitié-bête, elle provient du folklore amérindien. Déjà exploité quelques fois au cinéma, c'est ce monstre qui était au centre de l'intrigue du génial Vorace d'Antonia Bird. On le retrouvait également en 1978 dans le risible Wendigo de Rodger Darbonne mais c'est un peu tout.

Une famille formée de un photographe professionnel (Jake Weber), de sa femme (Patricia Clarkson) et de leur fils (Erik Per Sullivan) part en vacances d'hivers. En chemin, ils renversent un cerf, ce qui cause une vive dispute avec un chasseur local (John Speredakos) qui traquait la bête depuis un moment. Une fois arrivé à leurs chalets, ils constante qu'une présence étrange semble y avoir élu domicile.

Les effets spéciaux sont ratés, la mise en scène abuse du flou et des secousses et le scénario est presque inexistant. Mais le résultat n'est pas si catastrophique : cela donne une sorte de rêve halluciné, peuplé d'un monstre intangible à tête de cerfs qui dévore les âmes. La musique de Michelle Biducci est d'ailleurs écrite dans cette esprit onirique et rattrape plusieurs scènes qui serait autrement inadmissibles.

Au final, Wendigo est une sorte de brouillon maladroit de The Last Winter. On y retrouve la même thématique chamanique, avec cet esprit vengeur issus de la mythologie des amérindiens algonquiens, mais également la même confusion qui s'accentue dans le dernier chapitre. Larry Fessenden survole son sujet et se complait dans l'indétermination. A trop vouloir faire réfléchir, il livre ainsi un film un peu creux.