J'aime les duels d'esprit, tout particulièrement quand les enjeux sont importants. Pour moi, un manga comme Death Note, dont l'intrigue se résume à l'affrontement de deux intelligences supérieurs autour d'un ensemble de règles clairement énoncées est un pur délice. Sur le papier Pathology avait donc tout pour me plaire.
Jugez plutôt : au sein d'une classe d'étudiants en médecine légale, un cercle privé se forme, constitué de la crème de la crème. Cette élite s'affronte à un petit jeu morbide tournant autour du crime médicalement indécelable. Chaque participant fournit tour à tour au groupe un cadavre et défie ses pairs de trouver les causes du décès. Un petit club de tueurs en série, donc, avec un prétexte médical assez glaçant.
Malheureusement il ne fallait pas attendre une grande subtilité d'un scénario de Mark Neveldine et Brian Taylor (Hyper tension c'est eux). Sur son fond alléchant, Pathology est une mascarade grotesque, tenant plus du teen-movie débordant d'alcool, de drogue et de jeune filles peu vêtues que du thriller promis. L'élite de la médecine légale passe plus de temps à fumer des substances illicites et à siffler des whisky en se gargarisant de sa propre supériorité qu'à étudier, disséquer ou même planifier des homicides.
On découvre ainsi une fresque de n'importe quoi à la limite du consternant : depuis l'effet aphrodisiaque des morgues, jusqu'à la facilité avec laquelle on peut faire disparaître 20 cadavres sans que personne ne sourcille, en passant par les éternels clichés du gros sandwich dégusté au milieux des corps en décomposition (alors que dans la vraie vie, après une simple dissection, vous puez le formol et la mort même après une douche). Nos légistes élitistes manipulent en pleine leçon des organes humains sans gants, prennent le pouls avec le pouce et font passer les docteurs de Scrubs pour des dieux de la science (et la série H pour un monument de réalisme).
Le héros, Teddy Grey, est anti-charismatique au possible et sa psychologie est à la limite du compréhensible. Mais le plus consternant c'est sa relation avec le diabolique instigateur du jeu qui est abracadabrantesque :
Tu vois, on a un super club où on tue des gens, voilà un nom et une adresse, sera-tu capable de l'éliminer sans laisser d'indices médicaux ? Oh, cool, je veux m'intégrer et boire des bières avec vous. J'y vais.
Tout le monde sait que dans le films américains se déroulant au collège, au lycée ou même en maternelle, l'unique ambition de tout le monde est de s'intégrer et d'être populaire (parce que c'est ça les études aux États-Unis, pour entrer à l'université les filles doivent prouver qu'elles se sont tapé le quater-back de l'équipe de foot et les garçons doivent amener un certificat de relation avec la capitaine de l'équipe des pom-pom girls). Mais là il s'agit de l'élite de la médecine, on pourrait imaginer un peu plus de profondeur dans leur comportement... Je veux dire que commettre un homicide pour pouvoir rigoler dans un bar avec des copains, c'est un comportement admissible et normal aux États-Unis avant 25 ans, soit la fin du lycée (dixit le cinéma) après on est sensé réfléchir pendant plus de 0,2 nanosecondes avant de prendre une décision de ce type.
Si vous faites fi de la débilité de son intrigue, de la superficialité de tout ses protagonistes, de l'absence totale d'enquête ou de réflexion, de la réalisation plate de Marc Schoelermann et des scènes racoleuses sans aucun intérêt pour l'histoire, Pathology est presque regardable et tient du croisement souffreteux entre American Pie, Hannibal et Profession Profiler. En revanche, si vous avez conservé assez de neurones pour comprendre le scénario de Vendredi 13 (ce qui veut dire 13 ou plus), vous risque de vous ennuyer et de vous énerver.