Le premier constat, c'est que Dharma Guns est vraiment beau avec un noir et blanc qui fait penser au cinéma expressionniste allemand. Les images sont superbes, bien léchées et souvent bénéficient d'une composition très géométriques. Par contre l'histoire est résolument incompréhensible... Du cinéma expérimental avec sans doutes une multitude de métaphores, mais dont on ne saisit qu'une fraction infinitésimale.
Le film nous parle en vrac de clones, de traitements expérimentaux, de secrets pharmaceutiques, des mystérieux Dharma Guns, d'un script et d'une enquête. Mais tout cela n'est qu'un écran de fumé qui se dissipe rapidement. Dharma Guns n'est pas une œuvre narrative, même si elle s'efforce de le faire croire.
Une interprétation est que le film suit l'évolution de l'âme du héros juste après sa mort. Ça commence par une période de flottement, où il est saturé d'informations (sur les doubles génétiques, sur son héritage, sur le traitement qu'il doit suivre), puis notre protagoniste se prend en main et tente de s'évader de ce pays mystérieux où il est bloqué. Impossible de ne pas penser au Festin nu de David Cronenberg et à son interzone dont la frontière est si bien gardée. Finalement, l'acceptation du décès de sa compagne semble être une métaphore pour l'acceptation de son propre trépas. Mais ceci n'est qu'une interprétation personnelle, sans doute influencée par Waking Life et L'échelle de Jacob.
Malgré l'errance complète dans le quel il induit son spectateur, le film d'Ossang est un intéressant moment à passer, ne serait-ce qu'à cause de la poésie de ses images. Ce qui le démarque d'autres œuvres surréalistes, par exemples de celles de Shûji Terayama, c'est l'impression continuelle et trompeuse qu'il donne d'avoir un scénario. Ce n'est qu'en l'acceptant objectivement comme une œuvre surréaliste qu'il prend sa juste valeur.
F. J. Ossang nous dit que l'homme qui rêve est un génie et que l'homme qui pense est un mendiant, je suppose que cela résume bien l'ensemble.
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