lundi 3 octobre 2011

Spider de David Cronenberg

Spider est un film canadien réalisé par David Cronenberg, sorti en 2002. Il est interprété par Ralph Fiennes, Miranda Richardson, Gabriel Byrne, John Neville et Lynn Redgrave.



Spider est injustement méconnue en dépit du Prix Génie qu'il rapporta à Cronenberg en tant que meilleur réalisateur et en dépit de sa sélection à Cannes en 2002. C'est dommage, car il gagne à être découvert.

Notre héros, Dennis Cleg, interprété par Ralph Fiennes à l'âge adulte et Bradley Hall enfant, est un schizophrène. Mais c'est lui qui nous raconte, sous forme de fragments éparses, l'histoire de sa jeunesse, dans un Londres des années 50. Désespérément, et avec ses moyens limités, il essaye de donner un sens à ses traumatisants souvenirs d'enfance : la mort de sa mère et le nouveau mariage de son père. Sauf que la mémoire et la réalité sont deux choses distinctes.

David Cronenberg est connu pour son cinéma organique. Que ce soit dans Vidéodrome, Chromosome 3, La Mouche ou eXistenZ, le corps de ses héros évolue en fonction de leur psyché. La folie, toujours présente dans ses œuvres, se voit comme une difformité physique. Mais Spider ne fait pas ça. Adapté d'un roman homonyme de Patrick Mc Grath, connu pour jouer avec la subjectivité de ses personnages, le film de Cronenberg est d'un réalisme saisissant. Après tout, pourquoi déstructurer la chair de Dennis Cleg quand ses souvenirs sont déjà une aberration ? Du coup, nous avons un film naturaliste, dont le rythme lent fait écho à la vie monotone de cet homme brisé, qui passes ses journées dans une insipide pension pour malades mentaux.

Construit à la façon d'un puzzle, mais avec des pièces en trop, Spider brode une toile, comme le fait Dennis avec des morceaux de ficelles, et plus la toile est complète, plus elle obscurcit la vision et cache la réalité. Au milieu de tout ça, il n'y a qu'un personnage. Et sans l'interprétation de Ralph Fiennes, issu du théâtre et connu pour son Hamlet, Spider ne serait certainement pas la merveille qu'il est. C'est d'ailleurs Ralph Fiennes, qui, passionné par le script, encouragea à faire produire le film, promettant d'interpréter le rôle principale.

Alors, en attendant A Dangerous Method, prévu pour cette année, vous pouvez peut-être voir ou revoir Spider, entre A History of Violence et Le Festin nu. Vous y découvrirez le Londre d'un schizophrène, sans voitures et sans piétons, une photographie léchée et une certaine lenteur calculée.

Aucun commentaire: