Le film est produit par Johnnie To dont le style se perçoit par moment, avant que Cheang ne trouve sa propre voie et ne développe sa propre esthétique.
Tout commence avec le "cerveau", incarné par Louis Koo. On ne connaitra pas son nom de tout le film, mais aidé d'une petite bande de partenaires, c'est un tueur à gage qui organise des meurtres parfaitement camouflés en accidents (avec des enchainements dignes de Destination finale). Un jour, juste après avoir tué un père pour permettre à son fils d'hériter, il est lui-même victime d'un accident (auquel il échappe in extrémis). Persuadé être la cible d'un assassin, il commence à enquêter.
Accident est un film brillant. Comme Soupçons d'Alfred Hitchcock, c'est avant tout une merveilleuse réflexion sur la paranoïa et sur la façon dont l'esprit humain peut interpréter des signes anodins pour en faire un complot cohérent. Mais la filiation avec Hitchcock ne s'arrête pas là puisque l'histoire lorgne aussi du côté de Fenêtre sur cour... La mise en scène est très soignée : géométrique, cardée au cordeau et presque clinique, elle est d'une précision remarquable et fait écho à la planification obsessionnelle des tueurs. Car ces derniers utilisent maquettes et répétitions pour un résultat toujours minuté à la perfection.
Mais Accident c'est aussi un casting exceptionnel. On remarque tout particulièrement Louis Koo, personnage central dont la formidable intelligence se retourne contre lui-même (a moins que...). Ses acolytes, simplement affublés de surnoms (la femme, le gros, l'oncle) sont aussi brillamment interprétés, quoi que discrets. Il en résulte une mécanique qui tient de l'horloge de précision, avec des engrenages ajustés au micron qui se dérèglent sans dérailler. Après Dog Bite Dog, Soi Cheang se révèle ainsi un potentiel successeur de Johnnie To et Tsui Hark.
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