Le roi Hypérion, incarné par un Mickey Rourke très convaincant, veut libérer les titans afin que ces derniers terrassent les dieux. Au passage, il envahit toute la Grèce, pillant, violant, castrant et massacrant tout ce qui bouge avec une bonne volonté remarquable. Mais il fait la terrible erreur d'égorger la maman de Thésée, un simple paysan qui s'avère être remarquablement doué au combat et qui dès lors s'opposera à ses plans.
Pendant qu'Hypérion tente de mettre la main sur le légendaire arc d'Epiros (qui fabrique ses propres flèches explosives en temps réel), les dieux regardent l'histoire avancer en se demandant s'ils peuvent agir (Zeus s'y oppose, Athéna est moins stupide). Il y a aussi Phèdre, une oracle vierge (qui ne le reste pas, personne ne peut résister aux charmes d'un Thésée qui passe le film à bouder, vaguement énervé). En plus d'être décorative, elle peut servir de GPS et voit le futur...
Le labyrinthe et le minotaure de la mythologie ne sont là qu'un très brefs instant et ne jouent presque aucun rôle. Ne vous focalisez pas sur l'intrigue, anémique, ou sur les anachronismes, très nombreux. Le film de Tarsem Singh ne veut pas être réaliste et s'inspire plus des Chevaliers du zodiaque et du Retour du roi que des dernières découvertes archéologiques.
Par exemple, les titans sont maintenus prisonniers par des barres d'acier striées comme vous pouvez en voir dans n'importe quel magasin de bricolage. C'est beau, mais ces stries sont là pour empêcher le glissement de l'acier dans le béton quand on les utilise comme armature. Bref, dans l'antiquité grecque, ça n'existait pas. Même remarque pour le superbe arc recurve composite que convoite le Roi Hypérion, qui brille par sa modernité.
Chaque choix, aussi irréaliste soit-il, est mûrement réfléchi. Les Immortels est un miracle visuel. Bien que tourné en studio, contrairement aux habitudes de Tarsem Singh qui adore voyager, il régalera les pupilles des spectateurs les plus exigeants. Les décors, grandioses et insolites, donnent une place très importante aux lignes démesurées et aux angles droits, évoquant les cathédrales modernes. C'est toujours aussi anachronique, mais c'est superbe. Pour faire bref, Les Immortels est un des plus beaux péplums jamais tournés. Les costumes abracadabrantesques aux couleurs chatoyantes évoquent la mise en scène contemporaine d'un opéra.
Inspiré du 300 de Zack Snider, mais aussi de jeux vidéos modernes (God of War et Prince of Persia : L'Âme du guerrier en tête), Les Immortels fourmille de trouvaille visuelles et se regarde comme un clip géant. Les scènes spectaculaires s'enchainent sans temps morts dans des environnements perpétuellement renouvelés. Les exécutions sont ponctuées de ralentis et on s'attend presque à voir une jauge de score s'afficher quand Thésée ou Athéna enchainent les combos.
Le nouveau film de Tarsem Singh est ainsi fidèle à ses deux longs-métrages précédents (The Fall et The Cell) : un moment de pure esthétique, vaguement scénarisé. Un peu comme si on tentait rajouter quelques dialogues dans le Baraka de Ron Fricke pour en faire une histoire. Ce sont des films faciles à détester ou à idolâtrer.
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