Andromedia est loin d'être un film où la marque de Takashi Miike soit claire. Adapté d'un roman de science fiction hyper glycémique, gentillet et débordant de bons sentiments, avec en vedette quatre chanteuses de J-pop certes mignonnes mais absolument pas comédiennes, et destiné à un très large public, ce film est avant tout conçu pour rapporter de l'argent. Pas question donc de faire étalage de violence de sexe et de drogue, d'aborder des thèmes sociaux complexe ou politiquement incorrects et de partir dans une narration trop tordue ou contemplative. Il faut juste raconter une histoire d'amour - tragique puisque l'héroïne meurt dans le premier quart d'heure du film, tout en distillant quelques scènes d'action aux enjeux simples. Ne pas oublier non plus de caser quelques passages chantées pour satisfaire les fans du groupe Speed et de mâtiner le tout d'internet et de virtuel.
Mai est amoureuse de Yu. Elle se fait malheureusement écraser par un camion après avec échangé son premier baiser avec lui (sous un cerisier en fleur trônant au milieu d'une plage, ne cherchez pas à comprendre ce qu'il fait là, c'est joli et c'est tout). Le père de Mai travaillait depuis des années sur un logiciel capable de faire vivre un personnage synthétique sur ordinateur à partir des souvenirs de quelqu'un. Il passe donc le cerveau de sa fille au scanner et hop : A.I. une copie de Mai apparais sur les écrans. Mais voilà qu'un infâme milliardaire américain le fait assassiner et tente de s'emparer d' A.I. qui s'enfuit par le net et se retrouves face à son aimé. A partir de là c'est à la fois une nouvelle histoire d'amour entre A.I. et Yu, parce que quand même c'est pas commode une fille qu'on ne peut voir que sous forme simpliste derrière un écran, et une course-poursuite avec les bad guys de service.
Andromedia est un Miike mineur. Réalisé en 1998, donc la même année que Blues Harp et The Bird People in China, deux des chef-d'œuvres du maître, mais aussi que Young Thugs, il se fait naturellement discret au milieu de tout ce beau monde. Mais il ne faut pas croire pour autant que c'est un film raté. D'abord parce qu'il est d'un gentillesse hors du commun - niaise en fait, mais c'est volontaire. Ensuite car le sens de l'esthétique de Miike a quand même l'occasion de s'exprimer. Bien entendu il y à la scène où Yu se fait écraser, et celle où son père se fait révolvériser, qui sont en quelques secondes et sans effets complexes, la preuve du pouvoir de Miike sur nos viscères, mais il y a également tous les flash-backs sur l'enfance de Yu et de Mai, débordants de candeur, un sens du décalage et de l'incongru hors norme, un splendide hommage à Tetsuo et une fin tragique et touchante. Alors c'est bourré de pétales de fleurs de cerisier, de J-pop, de sourires timides et de plage caressée par le vent, donc ce n'est pas le Miike qu'on connaît, mais ça reste du Miike tout de même, et je ne penses pas qu'il ait pu faire ça sérieusement.
Vous pouvez détester ce film pour des milliers de bonnes raisons. Beaucoup de fans du réalisateur le qualifient d'insupportablement naïf et d'inadmissible, allant jusqu'à dire qu'il l'a réalisé juste pour prouver que le cinéma non subversif n'avais aucun intérêt, mais tout de même, une soupe pareille vous n'en trouverez nulle part ailleurs. Elle est exceptionnelle juste dans sa surabondance de clichés et dans son formatage ultra stéréotypé.
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