samedi 11 août 2007

Izo de Takashi Miike

Izo est une abstraction cinématographique sortie du cerveau dérangé de Takashi Miike. C'est un exercice de style sur la violence dépeignant le passage accéléré de l'homme au démon. Un film fou, insupportable, inclassable et facile à détester ou à mépriser. Si vous voulez découvrir ce grand réalisateur ne commencez pas avec ce film écrit par Takechi Shigenori et somptueusement interprété par Kazuya Nakayama, Takeshi Kitano, Kaori Momoi et Ryûji Harada.



L'œuvre s'ouvre sur la crucifixion d'Izo Okada, ronin de la seconde moitié du dix-neuvième siècle. Deux hommes armés de lances le transpercent de toutes parts de nombreuses fois. Le sang gicle et l'homme crie. Cette fois il n'y aura pas de déferlante de violence inattendue : le film pose sa charte visuelle dès les premiers plans. Le spectateur sait en face de quoi il est. Le style de Takashi Miike est comme toujours assez dur à cerner : cadrages simples mais inattendus, combats statiques puis très rapides, stock-shots sans grands rapports avec l'histoire tombants aux moments clefs et mise en scène déséquilibrée - certains plans sont très cours, d'autre s'éternisent, comme ces trois bonne minutes, caméra fixe, passée à contempler un guitaristes narrateur.

Izo n'est plus assez humain pour aller en enfer, il est banni sur terre sous forme d'un revenant et va passer le film à voyager au travers de l'espace et du temps en sabrant tout ce qui passe à portée de son katana. Tout ? Oui, tout ! Que se soit des agents immobiliers vampires, des yakuzas, des prêtres bouddhistes, des samouraï, des zombis soldats, des policiers suréquipés et surarmés, des lycéens sans défense, des gens au hasard dans la rue, l'infini lui-même, un fantôme et des ministres, tout ceux qui croisent la route d'Izo sont exterminés. Izo se transforme petit à petit en démon. Ses réactions sont de plus en plus primaires et simples. Pendant ce temps les protagonistes du films, autorités religieuses, scientifiques, militaires et politiques, discutent sur ce qu'est Izo : "C'est une aberration dégoûtante", "Un déséquilibre". Il n'en savent rien, en fait. Le spectateur n'en sait rien non plus. Takashi Miike lui-même doit l'ignorer.

Les niveaux de lectures possibles du film sont innombrables. Et l'opacité du propos, couplée à la simplicité des images - parce que sur deux heures de film il y a quand même soixante minutes de combats - ont engendré sur le net et dans la presse nipponne une multitude d'articles et de critiques cherchant le pourquoi et le comment. Izo c'est 126 minutes de haine et de sang, de destruction organisée du monde, de déconstruction cinématographique et d'absurdité. C'est une salade remplie d'ingrédients épicés relevés par une maîtrise de la formelle remarquable. Un film dément et absolu.

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