Ouverture magistrale : à New York, dans Central Park, le soleil brille et une fine brise caresse les arbres. Soudain, tout les promeneurs se figent, désorientés et le regard vide, avant de se suicider en masse. Un poison bloquant l'instinct de survie est présente dans l'air et le phénomène se multiplie a travers tout ne nord est de l'Amérique.
Je suis un fervent défenseur de M. Night Shyamalan. Que ce soit Le Village, chef d'oeuvre sur l'isolationnisme, ou Signes, profonde réflexion sur le sens de la foi vaguement déguisée en film d'invasion extraterrestre, je n'ai jamais hésité a argumenter sur les qualités de ses réalisations les plus sous-estimés.
Reste que le réalisateur d'Incassable et du Sixième sens est parfois maladroit et que ses idées ne compensent pas toujours les faiblesses de sa narration. Phénomènes part d'un bon concept, la thématique du suicide ayant une puissance émotive réelle, et le sous exploite totalement. Alors que, dans des films comme Suicide Club de Sono Sion, Kairo de Kiyoshi Kurosawa et Suicide manual de Fukutani Osamu, se donner la mort est un acte résultant d'un désespoir suprême, cette autodestruction devient avec Phénomènes une simple conséquence de l'effet d'une toxine et perd toute son ampleur et son tragique. Les new-yorkais de la scène d'ouverture pourraient tomber directement mort sans que le propos du film soit changé.
Phénomènes part donc sur de faux suicides, sans composante psychologique ou dimension humaine, et se développe en une bête histoire d'exode urbaine dégoulinante de clichés. Les personnages sont insupportables, en particulier l'héroïne, névrosée et insipide, et tout les rôles secondaires disparaissent avant de s'être développés. Rapidement on s'ennuie pendant que Shyamalan essaye vainement de nous faire peur en faisant de gros plans sur des pâturages (horreur !), des beaux arbres (abomination !) et quelques fleures sauvages (quoi de plus effrayant ?). Autant la forêt du Village, filmée en contre plongée, était écrasante, autant ces images sont simplement relaxantes. Rares sont ceux qui ont peur des végétaux et qui mouillent leurs pantalons en regardant Thalassa ou La Terre vue du Ciel.
Phénomènes est tout simplement raté. Plus encore que La Jeune fille de l'eau qui pourtant souffrait de défauts impardonnables. Il serait peut-être temps que M. Night Shyamalan retourne à Stuart Little...
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