Un tueur en série diffuse ses méfaits en ligne en temps réel. Que ce soit en réglant la vitesse à la quelle un acide se déverse dans le bocal contenant la victime ou en allumant des ampoules brûlant sa peau, les meurtres sont modulaires. Plus il y a de connectés et plus la victime meurt vite. Ainsi chaque visiteur est complice.
Avouez que l'idée était plutôt séduisante. Des éléments piqués à Hostel, à Feed et à Terreur.com dénonçant l'engouement des internautes pour la mort et les vidéos macabres, une réflexion sur le voyeurisme et la fascination d'un peuple pour les images de meurtres... Tout cela donnerait un bon film si l'intrigue n'était pas poussive et cousue de fils blancs. En voulant justifier chaque détail le réalisateur se tire lui-même une balle dans le pied et plombe son oeuvre de remarques stupides, collant au passage une psychologie peinte à la truelle à ses personnages mal équarris.
Difficile de faire un film consacré aux nouvelles technologies quand on ne les maîtrise absolument pas. Ce n'est pas en alignant des mots comme "blacklist" "DNS" et "adresse IP" que les scénaristes vont nous rendre crédible ce fatras d'inepties. Car autant il est facile de diffuser des informations sur le net sans laisser de trace quand on veut le faire de façon ponctuelle (poster quelque chose sur un forum puis disparaître). Autant il est impossible de mettre en place un serveur permanent sans qu'on puisse le localiser. Un moment notre héroïne explique que le site hébergeant les vidéos est une machine infectée, un PC zombie, et donc que le tueur peut en changer à loisir.
Connaissez-vous beaucoup de machine personnelles vérolés capable d'héberger un site de streaming assurant 16 millions de connexions simultanées ? Même en tablent sur un flux de 64 Kb/s il faudrait une machine disposant d'une bande passante de 1 térabit par seconde et de la puissance de calcul associée.
Durant tout le film, l'héroïne, spécialiste de la sécurité réseau et du dépistage des cybercriminels, utilise Windows (c'est déjà n'importe quoi) et Internet Explorer (on entre dans la 65536ème dimension). Sa fillette de 8 ans a même un accès administrateur à son PC personnel, lui permettant d'installer à loisir des jeux téléchargés sur internet. Le tueur arrive à pirater le réseau sans fil de notre "experte" en filant à la gamine un programme vérolé... Dommage qu'il ne l'assassine pas, ça ferait un peu de sélection darwinienne.
Avec Intraçable vous apprendrez que le TLD ".com" est délégué aux DNS russes. Qu'au FBI, dans la division cybercriminalité, ils utilisent Vista et laissent la page d'accueil par défaut d'Internet Explorer. Qu'on ne peut pas enregistrer un stream et qu'à la fin le FBI gagne toujours. En bref, un mauvais épisode d'Esprits Criminels, étiré à l'extrême et dépourvu de toute substance. Même Les Experts sont plus crédibles.
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