Les deux premiers films de la saga Piranha sont très plaisants. Celui de Joe Dante est un classique de la parodie de film de bestiole, avec ce qu'il faut d'humour et de sang pour être intemporel. L'autre, réalisé par James Cameron, longtemps avant Titanic, Avatar et Aliens, est une suite honnêtes, dont les séquences sous-marines préfigurent Abyss, mais avec des poissons volants et des demoiselles en bikini.
Le nouveau film d'Aja est dans la même veine. Il y a deux facettes : d'un côté nous avons une histoire classique, dans la tradition Jaw, avec une nombre limité de personnages qui vont tenter de survivre à une menace animale (bien entendu, les méchants vont mourir et les gentils vont survivre). C'est calibré, ça sert de fil conducteur et ça marche correctement.
Mais la seconde facette du film est bien plus fun. En plus de nos héros, Aja nous offre plusieurs centaines d'adolescents caricaturaux au possibles (tous ont un physique parfait, tous ne pensent qu'à l'alcool et au sexe, tous semblent sortis d'une publicité pour une quelconque lotion de bronzage). Et ils vont se faire massacrer par poignées entières, dans des séquences démentes où les seins nus sont aussi nombreux que les hectolitres de sangs. Il y a dans Piranha un des plus beaux carnages jamais vu dans un film de ce genre. Vous savez, la fameuse hécatombe qu'on attend toujours mais qui au final est empêché par les héros (ou qui se résume à 3-4 morts dans les séries Z). Là les corps se comptent par centaines et c'est un peu comme si la fameuse scène dont on nous privait depuis Jaw était enfin arrivée. Il n'y a pas de héros droit et visionnaire pour empêcher au dernier moment les piranhas d'atteindre leur buffet !
D'ailleurs il y a un point particulièrement pertinent (et original) : la responsabilité du carnage n'est pas portée par les autorités mais par les victimes, hédonistes et décérébrées, elles-même. D'habitude il y a toujours un préfet / maire / entrepreneur / gérant de plage qui ne veut pas révéler le danger (requin, séisme, volcan, pieuvre, poulpe, pollution, cimetière indien) pour des questions de profit ou d'électorat. Ici ce n'est pas le cas (une grande première). La police fait son job et demande aux jeunes de se casser... Mais prévenir ne change rien, et nos stéréotypes ambulants préfèrent continuer à danser et à boire qu'écouter l'autorité.
Ce glissement de responsabilité est vraiment rafraichissant. J'en ai vraiment marre, au cinéma, que les catastrophes (à commencer par la pollution) soient toujours ramenée à la responsabilité d'un salaud en col blanc quand dans la réalité elle sont souvent le fruit de l'inconscience des masses. Je sais que c'est plus simple d'avoir un méchant capitaliste qui ricane en buvant du champagne et de lui faire porter toutes les malheurs du monde, mais de temps en temps il faut aussi rappeler que les gens sont cons et que les accidents ne sont pas forcément le fait d'une autorité supérieure.
Après c'est juste un film de bestioles. Donc on peut détester. De plus la 3D est ratée (vraiment). Mais le gore et le fun de ce Piranha 3D en font une référence du genre (aussi limité et codifié soit-il).
1 commentaire:
Bonne critique.
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