lundi 10 décembre 2007

Ghost System de Toshikazu Nagae

Ghost System (Gosuto shisutemu en VO) est un film japonais de Toshikazu Nagae sorti en 2002. Il est interprété par Atsuko Rukawa, Chikako Sakuragi, Hiroshi Tamaki et Maria Yanagisawa.



Prenez Kairo de Kiyoshi Kurosawa. Enlevez toute réflexion sur la société japonaise, sur l'individualisme, sur la solitude et sur l'isolement. Remplacez le site web où les vivants peuvent voir les morts par un ventilateur géant dans un entrepôt désaffecté en pleine forêt. Oubliez le destin croisé de différents individus se rencontrant et trépassant au grès de la narration et substituez-y une histoire d'amour mièvre et convenue. Complétez avec des éléments pillés dans Ringu, The Blair Witch Project, et Phone. Étirez chaque plan jusqu'à l'assoupissement, avec des ralentis d'escargot et des effets de flous à causer un suicide chez les opticiens. Répétez les dialogues, inexistants à la base, deux ou trois fois en casant des mots anglais comme "DNA" et "Système". Faites semblant d'expliquer alors qu'il n'y a rien à expliquer. Voilà : vous avez un Ghost System prêt à être démoulé et dégusté.

L'histoire est simple : deux adolescents partent à la recherche d'une jeune fille disparue et ayant juste laissé comme indice une photo sur téléphone portable. Il errent en forêt, effrayés par une présence indicible, avant de rencontre une scientifiques qui fait joujou avec des fantômes.

Dans la production de yurei eiga actuelle il y a du très bon (notamment en Corée, mais aussi les premiers Hideo Nakata et La mort en ligne), du moyen (le petit Ju-rei, le troisième One Missed Call) et du carrément catastrophique. Vous l'aurez comprit, Ghost System se situe dans cette troisième catégorie. Seulement il a plusieurs qualités. D'abord il ne dure que 70 minutes. Quand on le regarde ça semble plus long mais les horloges ne mentent pas. Ensuite il met en évidence tout les défauts du genre, et même pas mal de défauts du cinéma japonais (notamment cette tendance à faire n'importe quoi très lentement, avec tout le monde qui est à moitié fou et autiste, pour qu'on pense que c'est profond). Ensuite il y a un petit coté Stalker dans les décors qui est plaisant et le directeur de la photographie se débrouille pas mal. Enfin la dimension mièvre du propos et joliment pervertie dans le twist de la cinquantième minute.

Mais le plus important c'est le syndrome Vendredi 13, aussi appelé le phénomène slasher. Quand le spectateur en vient à éprouver pour les personnages un mélange de consternation et de désintéressement il sera enthousiasmé à l'idée de les voir se faire trucider. Et puis c'est plus fort que moi, quand le monde est détruit je suis heureux (bon, ok, l'héroïne téléphone à sa maman, ça sonne occupé et elle déduit "il est tout a fait probable que le monde ait été détruit", c'est beau la logique) !

À voir, donc, mais pas au premier degré. À moins de vouer un culte au genre et de connaître par cœur l'ordre des victimes dans toutes la saga Ju-on (en tenant compte des dislocations temporelles induites par la maison hantée, l'ordre des décès à l'écran c'est pas du jeu).

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