Une multitude de documentaires et de films se sont récemment intéressés à l'industrie agroalimentaire et à la mondialisation de son marché. En 2004, Morgan Spurlock fait rire l'Amérique avec Super Size Me, sa croisade contre McDonald, pendant que Deborah Koons Garcia s'interroge sur les OGM dans The Future of Food. En 2005, sort mon favori, Notre pain quotidien; froid et silencieux il brille par son absence totale de jugement et même d'explication (comme dans la trilogie des Qatsi). En 2006 c'est au tour de Fast Food Nation d'essayer de nous faire fuir la restauration rapide. Et puis les titres s'enchainent : We Feed the World en 2007, Food, Inc., Nos enfants nous accuseront et Le Monde selon Monsanto en 2008 et dernièrement Main basse sur le riz.
We Feed the World se démarque du lot par son sérieux et sa dimension politique. Loin des effets faciles de Food, Inc. ou du comique de Super Size Me, il dénonce le libéralisme contemporain et ses conséquences désastreuses sur le marché agroalimentaire. Bref, We Feed the World n'est pas là pour nous effrayer en nous promettant que nous allons mourir d'un cancer parce-que les vaches sont maltraitées, il est là pour nous prouver que la faim dans le monde est imputable à une logique économique qui n'existe que pour la maximalisation des profits. On voit ainsi le PDG de Nestlé, par exemple, défendre que l'eau devrait être considérée comme une denrée alimentaire comme les autres et que la privatisation des nappes phréatiques et des sources ouvrirait un marché formidable.
Au-delà de son constat politique, le film est instructif. Si vous vous êtes demandés pourquoi toute l'Europe consomme des légumes espagnols, vous apprendrez que cela découle du très faible coût des transports (moins d'1% du prix à la revente dans le cas des tomates). D'autant plus que les gouvernements subventionnent l'exportation agricole. L'illustration est faite à-travers un exemple percutant : au marché de Sandahar (Sénégal), un des le plus grand marché d'Afrique, les légumes européens, très présents, sont vendus au tiers du prix des produits locaux.
Gros point négatif : Le marché de la faim souffre d'une esthétique limitée et d'une mise en scène qui manque sérieusement de personnalité. A part quelques scènes apocalyptiques et splendides (la destruction en masse de pain et de maïs), le film de Erwin Wagenhofer tient plus du documentaire télé que de l'œuvre destinée aux salles obscures.
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