Ennemis de la mondialisation, des hormones et des OGM voilà le film de référence sur le sujet : Le Monde selon Monsanto. Coproduit par Arte, Image et Compagnie, Productions Thalie, Office national du film du Canada et WDR, ce documentaire est aussi sérieux qu'argumenté. L'ensemble est présenté comme une enquête sur Monsanto, la multinationale connue pour ses nombreux brevets sur les OGM mais également pour avoir produit l'agent orange utilisé comme défoliant pendant la guerre du Vietnam.
La première partie du film est consacrée à l'histoire judiciaire de la firme, plus particulièrement aux problèmes de la pollution au PCB (polychlorobiphényle) causés par une usine en Alabama qui contaminait l'eau potable environnante. Ainsi, dans les années 70, Monsanto avait été condamnée à payer 700 millions de dollars pour indemniser les victimes et décontaminer le site. Ensuite ce sont les hormones de croissance bovines Monsanto qui sont abordées (au passages elles sont interdites en Europe) et les effets sur les population vietnamienne de l'agent orange.
La seconde partie du film s'intéresse à l'herbicide Roundup, soi-disant biodégradable. En France, en 2007, Monsanto a finalement été condamnée pour publicité mensongère... Car le Roundup n'est pas du tout biodégradable et s'avère même être toxique pour l'homme. Mais cette histoire n'est qu'un prélude à l'introduction du vrai sujet : les OGM, en commençant par le soja roundup-ready.
Accompagné d'un livre homonyme, Le Monde selon Monsanto est rigoureux (dans la mesure où un documentaire peut l'être) et bien construit, même s'il sombre parfois dans l'excès. Les coupeurs de cheveux en quatre regretterons quelques simplifications et un soupçon de démagogie, mais on est loin de l'approximatif d'un Food Inc. ou d'un Super Size Me. Le film a aussi le mérite de ne pas se déchainer sur les OGM en général, qui sont un sujet à troll sur lequel on raconte énormément de bêtises, mais sur les OGM de Monsanto. On voit ainsi un interview de James Maryanski et Michael Taylor qui sont favorables aux OGM. Bon cet entretien ne suffit pas à faire du documentaire une œuvre neutre et objective (loin de là) mais au moins un effort est fait pour essayer de l'être, ce qui mérite d'être salué. C'est de toutes façons le meilleur film sur le sujet.
Malgré les nuances introduites dans le propos, des tas de spectateurs n'y verront qu'un nième brûlot sur le thème "les OGM c'est mal" (surtout s'ils sont déjà persuadés de ce fait), tout comme j'y voit un cri "la propriété intellectuelle sur le vivant c'est mal"...
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