D'une durée de 18 minutes et quasiment muet, The Phantom of Regular Size est un brouillon du génial Tetsuo, tourné deux ans plus tôt mais tout aussi cauchemardesque. Filmé en couleur, sur pellicule 8 millimètres, il incorpore déjà tous les éléments de son descendant (déplacements surréalistes en stop-motion, montage abusant du cut et bande son hyper-agressive à base de bruit industriels).
L'histoire, trop brève pour être compréhensible, est celle d'un homme qui se transforme progressivement en métal (ici, il se recouvre essentiellement de papier d'aluminium). Dit comme ça, cela semble simple, mais en vrai c'est glauque, écrasant et viscéral. Peu de premiers films sont aussi hystériques, novateurs et malsains.
Exemple type de cinéma expérimental quasi-amateur, The Phantom of Regular Size s'inscrit dans une mouvance cyberpunk alors très peu représentée à l'écran, même au Japon. A l'époque Tsukamoto n'avait rien tourné, si ce n'est quelques publicité, mais son style, bien que brouillon en apparence, est déjà terriblement maitrisé. Les couleurs, qui s'opposent au noir et blanc esthétique de Tetsuo, sont volontairement sales et baveuses, avec un abus évident de filtres. Du rouge de la chair, on passe progressivement au bleu du métal pour tendre vers des plans quasi-monochromatiques.
L'obsession de Tsukamoto pour un cinéma charnel à la David Cronenberg se sent, tout comme sa fascination pour le métal, la rouille et les modifications du corps (pour ne pas dire mutilations).
Les amateurs de Tetsuo doivent donc impérativement se jeter sans hésiter sur ce truc inclassable.
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