La théorie des jeux est un sous-domaine des mathématiques particulièrement intéressant. Faisant appel tantôt à la combinatoire, à la théorie des graphes ou à la recherche opérationnelle, elle a des applications à l'économie, à la sociologie et à l'intelligence artificielle. Ce qui est fascinant, c'est de voir à quel point des jeux simples (pierre-feuille-ciseaux, dilemme du prisonnier, jeu des minorité) peuvent donner lieu à des stratégies complexes et des problèmes intéressants.
Impossible à rendre sur le grand écran, la théorie des jeux n'est jamais exploitée au cinéma (même si on y fait plusieurs références dans Un homme d'exception). Par contre, il existe un drama japonais, lui-même adapté d'un manga, qui est entièrement basé dessus : Liar Game. Je vous ai déjà parlé des deux premières saisons de ce drama, que je vous recommande chaudement. Aujourd'hui c'est le film Liar Game : The Final Stage que je vous propose de découvrir.
Comme par le passé nous avons Nao Kanzaki, une jeune fille dont la naïveté se rapproche dangereusement de la bêtise, qui doit participer au Liar Game, un tournoi opposant des stratèges et des escrocs s'affrontant pour des millions. Comme par le passé elle est assistée par Shinobu Kaitani, un escroc repenti qui brille par son intelligence et sa clairvoyance. On ne change pas une recette qui gagne ni un casting qui fonctionne.
Le film dure 133 minutes et se résume à une unique jeu : le Jardin d'Eden. Cela se joue à 11 et les règles sont assez simples : un à un, les joueurs votent anonymement. Ils peuvent choisir une pomme d'or, une pomme d'argent ou une pomme rouge. S'il n'y a pas de pomme rouge, on regarde la majorité (soit les pommes d'or, soit les pommes d'argent) et tous les joueurs ayant voté pour la majorité gagnent un million. Les autres perdent un million. Il y a cependant une exception dans le cas où tous les joueurs ont choisi or ou argent. Dans ce cas là ils perdent tous un million (impossible donc que tout le monde gagne avec or et argent, il faut au moins un perdant).
Enfin il y a les pommes rouges. Jouer une pomme rouge est suicidaire, puisque que la présence d'une pomme rouge bouleverse tout : s'il y a au moins une pomme rouge, tous les joueurs ayant voté or et argent gagent un million (et le joueur à la pomme rouge perd au moins un million). S'il y a 10 pommes rouges et 1 pomme non-rouge (or ou argent) le joueur ayant joué la pomme or ou la pomme argent gagne 2 millions (et les autres perdent 1 million). Enfin, si un seul joueur a joué une pomme rouge, il perds 10 millions (et les autre gagnent tous 1 million, comme déjà expliqué). Reste le cas où les 11 joueurs choisissent une pomme rouge : ils empochent tous un million (c'est le seul cas où tous les joueurs gagnent). Le seule moyen de gagner avec une pomme rouge est donc une parfaite coopération de tous les joueurs (mais si on sait qu'il y a au moins une pomme rouge, on fait statistiquement une bonne affaire en jouant or ou argent, puisque dans tous les cas on empochera 1 million, et dans le meilleur des cas on empochera 2 millions).
Contrairement aux autres jeux de la série, il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle. Les joueurs affrontent le système et peuvent tous ressortir gagnants. Seulement il y a 50 millions en plus pour le joueur en tête à l'issue des 13 rounds, ce qui empêche toute coopération. Et les participants au Liar Game sont des escrocs.
Dit comme ça c'est compliqué, mais dans la pratique c'est très simple. Ce qui est moins simple, en revanche, ce sont les stratégies qu'élaborent les joueurs pour gagner tout en faisant perdre les autres. Très vite, des techniques complexes émergent, allant de l'alliance au marquage des pommes et aux trahisons. Hélas, The Final Stage n'est pas directement tiré du manga de Shinobu Kaitani et pèche par certaines faiblesses. Outre une fin assez aberrante et dégoulinant de bons sentiments, il y a plusieurs failles dans les stratégies de Shinichi. Il a notamment une certaine tendance à révéler trop tôt ses atouts et ses plans. Du coup ce film fonctionne moins bien que la série qu'il prolonge, ce qui tient du paradoxe. La réalisation, télévisuelle, ne sauve pas la mise.
Au final, nous avons un gros épisode, plutôt en dessous de la moyenne, qui clôt cependant l'intrigue. Les fans apprécieront, les autres se conteront de la série.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire