mardi 14 octobre 2008

The Strangers de Bryan Bertino

The Strangers est un film d'horreur américain sorti en 2008. Ecrit et réalisé part Bryan Bertino, il met en scène Liv Tyler, Scott Speedman et Glenn Howerton.



Bon début : un avertissement nous signale que le FBI estime à 1.4 millions le nombre annuel de crimes violent aux Etats-Unis (ce qui fait que, si tout ces crimes sont des doubles homicides, comme veut nous le laisser supposer le film, un américain sur deux meurt assassiné). Un deuxième bandeau vient enfoncer le clou en soulignant que le scénario est basé sur des événements réels (comme les X-files, Le seigneur des anneaux, Star Wars et Bambi 2). Vous voilà prêt à découvrir la terrible histoire d'un honnête couple se faisant attaquer dans une maison isolée par une terrible menace...

Tout le monde se souvient des cinq derrières minutes de Halloween où Laurie Strode est poursuivie par Michael Myers et se cache, terrifiée, dans un placard. Par les interstices de la porte de sa cachette, elle regarde roder silencieusement le monstre qui la cherche minutieusement dans sa propre chambre. Depuis trois décennies tous les réalisateurs d'horreur tentent de recopier cette scène avec plus ou moins de succès. Cela nous a donné des centaines de slashers débiles ne faisant que varier le masque du tueur et le tour de poitrine des actrices teenager (ayant tous plus de 30 ans, ne me rappelez pas la définition du terme teenager). Depuis le simple sac de patates troué (Vendredi 13 : Le Tueur du vendredi) à l'efficace masque de hockey (Vendredi 13 à partir de Meurtres en 3 dimensions), en passant par le masque de clown (Camp Blood, Burger Kill et bien d'autres), le masque de Donald Regan (The Tripper) et le masque artistique inspiré du Cris d'Edvard Munch (Scream), les scénaristes et costumiers ont d'ailleurs tout essayé.

Pour The Strangers, nous avons le droit à une compilation de masques puisque les tueurs sont trois, chacun d'entre eux ayant en plus le don d'ubiquité qu'entraîne l'usage abusif des hors-plans, des ellipses et des séquences mal cadrées. Trois tueurs, cela fait un bonus de 200%, mieux que n'importe quel paquet de céréales géant. Cette générosité est malheureusement contrebalancées par une certaine pingrerie, puisque les victimes potentielles sont au nombre de deux (quand le nombre moyen de morts dans un Vendredi 13 est égal dix). Un héros et une héroïne, ça fait mesquin, me direz vous, mais, s'ils sont intelligents, ça peut compenser. Après tout la moitié des personnages se font généralement tuer avant même d'avoir pris conscience que la « légende locale » qui parle de 12 morts annuels depuis deux décennies et fondée. D'ailleurs, si on s'en fie au premier quart d'heure, The Strangers s'éloigne des clichés du slasher pour venir loger du côté des survival, un autre genre un peu plus noble, puisque les héros sont des adultes, donc des individus théoriquement sensés et raisonnables.

Trois tueurs et un couple mature avec un système nerveux centrale... Pourquoi pas ? Malheureusement nos tourtereaux se comportent comme des adolescents américains nourris à la bière et au beurre de cacahouète (à part qu'ils n'ont pas le temps de coucher ou de prendre un bain de minuit tout nu dans le lac où 110 jeunes filles ont disparues, mais ça serait tout à fait leur genre si l'occasion se présentait). Ils passent leur temps à hurler, sangloter, fuir, et hurler encore plus. Au début la réalisation est efficace, mais la lassitude s'installe rapidement et quand le tueur au masque en sac de toile surgit pour la 12ème fois dans le dos de l'héroïne c'est difficile d'avoir peur.

Le problème de The Strangers c'est de se borner aux dix avant-dernière minutes d'un film du genre (donc le passage où les personnages courent bêtement et tentent de se cacher en espérant que le tueur va oublier qu'il les a vu entrer dans une pièce). L'ensemble ressemble à un slasher allégé (c'est possible ?) faisant l'impasse sur la conclusion (normalement, à un moment, ils arrêtent de fuir et sortent leurs mains de leur poches ou leur doigts d'un autre endroit) et sur l'introduction (présentez-les nous, qu'on ait le temps de sympathiser, ou de souhaiter leur mort). The Strangers c'est donc une heure de cris, de cache-cache, de cris, de sanglots, de cris et de cache-cache (je me répète ? le film aussi).

Alors, diront les optimistes, si c'est pas un vrai slasher ni un vrai survival, c'est forcément un peu original, quelque part, dans le concept, donc ça mérite le détour ? Je ne sais pas, ça serait comme faire une comédie romantique en étirant sur deux heures la scène du baiser (même pas le baiser final, celui qui arrive 10 minutes avant la fin). Et puis, pour les connaisseurs, The Strangers ressemble quand même beaucoup à Ils de David Moreau et Xavier Palud. Et, pour copier Ils, il faut être vraiment désespéré...

1 commentaire:

Julie a dit…

J'ai vu "Ils" en premier, et je l'avais plutôt apprécié. Il m'a suffit de me mettre à la place des protagonistes pour angoisser (enfin, ça reste le principe des films d'horreur !). Une maison aux couleurs froides perdue dans les bois, un couple dans une maison prévue pour 10 personnes... Difficile pour un film de ce genre d'échapper aux clichés. Enfin, je ne m'attendais pas à du grand art, donc j'ai aimé me plonger dans l'ambiance, appréhender le moment où les tueurs allaient entrer dans la maison, les voir se cacher tout en sachant qu'ils finiraient par mourir. Puis la durée du film (1 heure je crois, donc pas d’ellipse) est efficace, évite qu'on s'ennuie et rend crédible l'histoire.