vendredi 28 décembre 2007

Stairway To Heaven de Alexandre Kosmakis

Stairway To Heaven est un film écrit, réalisé et monté par Alexandre Kosmakis. Il est interprété par Cédric Zaroukian, Kang Kang Sun, Axel Clerc, Yannick Va, Xavier Noël, Patrick Bret, Nathan Richoz et Alexandre Kosmakis.



Stairway To Heaven est un long métrage amateur tourné en DV sur un simple Canon Xm2. Mais ne vous y fiez pas. Il s'agit d'une production extrêmement maîtrisée et originale n'ayant rien à envier à des oeuvres plus friquées et prestigieuses. Si vous êtes comme moi amateur de films étranges ou que votre culture est centrée sur les jeux vidéos nippons vous y trouverez votre bonheur.

Eric Blame, un journaliste indépendant, enquête sur de mystérieuses disparitions à Toronto, en 1984. Il rencontre dans une cage d'escalier un fantôme qui lui conseille de pousser ses investigations du coté de sa mort. Cette piste le mènera à Heven, un monde étrange et dominé par Rage Cole, un esprit fou.

L'ambiance est calquée sur les phases d'investigations des jeux de type survival horror, avec même quelques références ouvertes : un écran Game over après un erreur du héros, des dialogues par vidéo interposé et une obsession constante pour la recherche d'objets... La photographie, toujours traitée par de nombreux filtres amplifiant le bruit ou salissant les couleurs, rapproche l'ensemble d'un Silent Hill. Clairs-obscurs, blancs saturés et contrejours se multiplient pour un vrai plaisir des yeux. Au niveau purement visuel on s'approche de l'originalité d'un Shinya Tsukamoto (ce qui nous ramène à Haze, également tourné en DV). Bien entendu il n'y a pas encore l'esthétique indicible d'un Vital ou d'un Tokyo Fist, mais l'exploit reste là.

Bien qu'on ne puisse pas s'empêcher de penser à des productions comme Resident Evil, Alone in the Dark et Parasite Eve, les vrais, pas les adaptations cinématographiques, il n'y a pas de véritables monstres dans Stairway To Heaven, juste une ambiance de folie et d'irréalité qui s'installe rapidement et qui s'emplifie continuement. Les seuls apparitions horrifiques sont calquées sur la nouvelle générations de films de fantômes asiatiques avec des spectres aux cheveux longs et à la démarche saccadées, s'approchant de manière discontinue de leurs victimes avec des effets de déformation vidéo. Ringu, The Eye, Dark Water et Ju-on ont été visiblement biens assimilés. Il y a même un peu du Marebito de Takashi Shimizu dans certaines scènes pour un ensemble faisant furieusement penser à Otogiriso de Ten Shimoyama, un autre film que j'adore, lui aussi très inspirée par les jeux et utilisant certaines conventions visuelles vidéoludiques.

Résumer Stairway To Heaven à son ambiance et à son esthétique serait cependant un erreur. Il y a une histoire et son dénouement est formidable. Le seul point obscure concerne certains acteurs, pas très convaincants. Mais à part ça c'est du tout bon, et pas en tant qu'une oeuvre amateur mais en tant que film !

Stairway To Heaven existe en deux versions : celle que j'ai vu, qui dure presque 3 heures, et une version allégée de 1h55. Le rythme et la narration, étant parfaite dans la version longue je vous conseille donc de porter votre choix sur celle là, même si j'ignore tout de l'autre.

Darkness Falls de Jonathan Liebesman

Darkness Falls est un film américain réalisé par Jonathan Liebesman en 2003. Il est interprété par Chaney Kley, Emma Caulfield, Lee Cormie et Grant Piro.



N'importe qui ou n'importe quoi, bien introduit, peut devenir un objet de trauma. Beaucoup de gamins ont une phobie des clown induite par la vision de Ça. Des centaines de cinéphiles déviants frissonnent dès qu'ils aperçoivent une spirale (le syndrome Uzumaki) ou associent automatiquement toute jeune fille discrète et séduisante à l'image d'une scie chaînette (c'est la symptomatique Audition, Takashi Miike a sans doute suscité beaucoup de vocations de célibataires avec ce film). Mais jusqu'à maintenant je n'avais jamais entendu parler de film faisant peur avec la petite souris, qui, chez les anglo-saxons s'appelle la fée des dents. Darkness Falls tente de corriger ce manque en créant la première fée des dents psychopathe tueuse de gamins.

Dans un petit village, une vieille grand mère défigurée par un incendie est brûlée vive par les contribuables en colère qui l'accusent d'avoir tué deux gamins. Évidemment, le lendemain, les deux enfants sont retrouvés indemnes : c'était une fugue sans gravité. Du coup la mémé lance une malédiction sur les citoyens adeptes de lynchage : à chaque fois qu'un mioche perdra sa dernière dent de lait elle viendra dans sa chambre le tuer. Comme elle est un peu autruche sur les bords ça ne marche que si le gamin la regarde, du coup il n'y a que très peu de victime et l'anecdote devient une légende bonne pour terroriser les sixième. Mais un beau jour un gamin particulièrement curieux ouvre les yeux au mauvais moment, bien que tout ses petit camarades l'aient mis en garde contre la fée des dents...

Le gamin en question survit à l'attaque de la petite souris vengeresse mais reste traumatisé par l'expérience. Plus tard il est un vrai paranoïaque adepte des lampes de poches, des lanternes, des bougies, des briquets et des cyalumes. Car la créature craint la lumière et ne peut progresser que dans le noir. Et c'est là que le film pèche !

La peur du noir est surexploitée au cinéma et cette nouvelle variation sur un thème déjà vu et revu n'apporte rien de neuf. Alors il y a quelques moments d'adresse avec des hors champs subtils et une bonne utilisation des éclairages (encore heureux, puisque c'est le centre du film), mais a part ça c'est plat. Avec son affrontement convenu, son final, très inspiré par le Fog de John Carpenter, ses acteurs peu convaincus et sa photographie moyenne, Darkness Falls est une production banale. Pas un échec, puisque les amateurs de thriller horrifiques y trouveront quelques scènes réussies, mais pas un succès.

jeudi 20 décembre 2007

Stacy de Naoyuki Tomomatsu

Stacy, aussi nommé Stacy : Attack of the Schoolgirl Zombies, est un film d'horreur japonais réalisé par Naoyuki Tomomatsu en 2001. Il est interprété par Norman England, Tomoka Hayashi, Yukijiro Hotaru et Natsuki Kato.



Un beau jour, partout à travers le monde, les jeunes filles se mettent à mourir mystérieusement. D'abord d'une extrême gaieté, la Near Death Hapiness ou NDH, elles finisent par trépasser dans leur sommeil avant de se revenir d'entre les morts sous forme de zombis assoiffés de sang. Il faut alors les re-tuer. Seuls sont autorisés à effectuer cette tache la famille proche de la victime et l'unité des "Romero Repeat-Killers". Le film nous montre le sort de divers personnages : une jeune recrue chez les Romeros, une jeune fille se sachant condamnée et cherchant un petit ami qui s'occupera de l'éliminer après sa résurrection et une bande d'adolescentes débrouillardes cherchant à gagner assez d'argent pour pouvoir s'assurer les services d'un re-tueur réputé, une fois leur transformation en Stacy achevée.

Un peu comme Kairo de Kiyoshi Kurosawa est une méditation sur la solitude camouflé en yurei eiga, Stacy se veut une réflexion sur le besoin d'amour travestie en film de zombi. Un film de fantôme c'est sobre, calme et esthétique alors qu'un film de morts vivants c'est violent, graphique et dégoûtant. Difficile donc de faire passer un message sur l'importance de l'amour dans de telles conditions. Pourtant Stacy, avec son humour à la Brain Dead et ses références très riches et appuyées au genre et un ovni cinématographique qui fonctionne. Bordélique comme le Versus de Kitamura, profondément optimiste malgré sa thématique nihiliste (sur la terre entière toutes les jeunes filles meurent avant l'âge adulte) et absolument inclassable, Stacy ravira les cinéphiles déviants à la recherche de sang neuf.

Le spot de publicité pour la Bruce Campbell's Right Hand 2, une tronçonneuse portative vous permettant d'éliminer vous-même vos Stacy, atteint un tel degrés de surréalisme référentiel qu'on en reste patois. Un film où tout le monde connaît les Evil Dead et la tétralogie des morts de George A. Romero ne peut être que du grand cinéma (pour les maboules).

Junk de Atsushi Muroga

Junk (Junk: Shiryô-gari en VO) est un film de zombis japonais réalisé par Atsushi Muroga en 2000. Il est interprété par Nobuyuki Asano, Shû Ehara, Tate Gouta et Yuji Kishimoto



Un scientifique et son assistante expérimentent sur une jeune fille morte un traitement sensé la ressusciter : le DNX. Comme dans Re-Animator de Stuart Gordon, le produit en question est d'un joli vert fluo et s'injecte à l'aide d'une seringue impressionnante. L'analogie ne s'arrête pas là, puisqu'une fois la jeune fille sur pied ses centres d'intérêt ont également changés et se résument désormais à la viande humaine bien fraîche. On passe ensuite à une bande de brigands cambriolant une bijouterie. Ils se rendent dans une vieille usine désaffectée, coin idéal pour refiler leur butin à un client. Mais bien entendu les expériences du pré-générique avaient également lieux dans un coin tranquille, et c'est le même. Du coup il n'est plus si calme...

Stacy de Naoyuki Tomomatsu, Wild Zero de Tetsuro Takeuchi : les films de zombis japonais sont des monuments d'originalité décomplexée, alliant un sens de l'humour noir très développé à de solides effets gores. Junk est plus sérieux que les deux titres cités ci-dessus, mais reste bourré de références au genre et de scènes d'action bien péchues. Headshots en pagaille, manteaux de cuirs classieux, brigands sur armés et gunfights stylés : il y a de quoi à s'occuper. A au Japon, même les yakuzas savent ce que c'est qu'un zombi et pensent à viser la tête. On peut être incrédule face à un phénomène et savoir quand même réagir intelligemment.

Avec sa mise en scène nerveuse et dynamique, son sang très rouge à la Dario Argento et son huis clos claustrophobique dans une usine désaffectée, Junk atteint tout ses objectifs, aussi bien narrativement que visuellement. Dans la lignée de Versus, sans la folie de Ryuhei Kitamura, il convaincra tous les fans du genre, et cela malgrès son budget serré, sa courte durée et ses décors limités. Amateurs de viscères crues : bon appétit !

mercredi 19 décembre 2007

The Unseeable de Wisit Sasanatieng

The Unseeable (Pen choo kab pee en VO) est un film thaïlandais réalisé par Wisit Sasanatieng sur un scénario de Kongkiat Khomsiri. Sorti en 2006, il est interprété par Suporntip Chuangrangsri, Tassawan Seneewongse et Siraphan Wattanajinda.



Thailande, dans les années 30 : une femme enceinte quitte la campagne pour la ville, lancée à la rechercher son mari, disparu huit mois plus tôt. Elle trouves une place chez une riche veuve solitaire. La maison est dirigée par une sorte de gouvernante qui s'empresse d'expliquer à l'héroïne qu'il ne faut pas s'approcher des quartiers de la maitresse de maison. Mais il se passe beaucoup de choses étranges dans cette immense propriété vide...

Avec son casting essentiellement féminin, et sa mise en scène vraiment superbe, le film capture rapidement l'attention du spectateur. Des décors chatoyants, un usage radical de l'obscurité et des plans complexes, même pendant de simples scènes de discussion, soulignent la virtuosité de Wisit Sasanatieng. D'un point de vue purement formel The Unseeable se situe devant Art of the Devil et Hell de Tanit Jitnukul, atteignant le savoir faire des productions coréennes et japonaises concurrentes. La bande son, très spatialisée, renforce encore l'ambiance, transformant le moindre grincement de porte en une épreuve pour les nerfs.

Bien entendu, les ficelles pour faire frissonner sont connues. On a l'impression d'assister à un cours du type La disparition hors-champ en dix leçons, et les trucs les plus éculés sont employés : gouvernante de noir vêtue et d'une austérité à faire geler un réacteur nucléaire, spectres en blanc aux cheveux longs, petite fille fantôme qui dit "je veux jouer avec toi" et rire du passé avec écho. Mais ils le sont toujours avec talent et sincérité. Le fait qu'en Thailande les traditions religieuses soient omniprésentes donnent une réelle force au propos. Poser de l'ensens et des fruits sur un autel pour amadouer un esprit est ici un geste qui va de sois, alors que dans un film américain même l'usage d'une croix tient du savoir ésotérique perdu (et donc qu'on obtient en discutant avec un vieux barbu ou un geek à lunettes, voir en consultant des livres dans la bibliothèque, au risque de se faire apercevoir et pour passer pour un enfoiré d'intellectuel). Une femme qui fait des offrandes aux morts dans un yurei eiga est une petite vieille attachée aux traditions, dans un film américain ça serait carrément une folle à lier vouée à connaître une mort atroce au court de l'intrigue. Ici c'est juste naturel.

The Unseeable est un petit chef-d'oeuvre qui vous fera cauchemarder pendant quelques nuits, même après que vous vous soyez mithridatisé au genre en absorbant des centaines de clones de Sadako. Ça reste du film de fantôme asiatique, mais, avec son intrigue ingénieuse et sa thématique, il pourrait réussir à vous surprendre.

Contamination de Luigi Cozzi

Contamination est un film d'horreur italien dans la plus pure veine du cinéma d'exploitation. Bien loin des baroqueries esthétiques à la Dario Argento et des délires visuels morbides et poétiques de Lucio Fulci, le film pompe sur Alien, remplaçant la créature mortelle sortie de l'imagination de H.R. Giger par des sortes de melons verts soufrant de palpitations. Réalisé par Luigi Cozzi en 1980, soit un an après la sortie du chef-d'oeuvre de Ridley Scott, il est interprété par Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé et Siegfried Rauch.



Comme dans la scène d'ouverture de L'enfer des zombies, la police maritime s'interroge sur un bateau naviguant à la dérive. Une fois le navire ramené à bon port et mis en quarantaine, quelques hommes montent à bord pour l'explorer. Ils découvrent rapidement les cadavres des membres de l'équipage, horriblement mutilés. En fait ils sont déchirés et disloqués comme s'ils avaient explosé de l'intérieur. Le contenu de la cale est encore plus intéressant, puisque la cargaison, officiellement du café, est en fait constituée d'oeufs verdâtres tenant sérieusement du cucurbitacées malade. A cause de la chaleur des tuyauteries l'un d'eux mûrit et éclate, répandant une sorte de vomi pateux sur tout le monde. Et là l'Ébola peut aller se rhabiller parceque au niveau de la virulence il passe pour un petit rhume comparé à cette chose venu d'ailleurs : en un instant tous les contaminés se gonflent et explosent dans un gerbe de sang et de boyeaux.

Après cette mise en appétit très graphique le scénario s'essouffle un peu, partant dans une enquête molassone sur les terroristes voulant se servir de ces choses. La réalisation est classique et la photographie est loin des sommets aux quels nous ont habitués Fulci, Bava et Argento. Mais la musique des Gobelin donne une réelle profondeurs à l'ensemble, faisant de Contamination un petit incontournable du cinéma bis italien. Les quelques scènes en laboratoire sont aussi intéressantes, notament un expérience conduisant à l'explosion d'un rat, et cela bien avant l'invention du four à micro-ondes et la démocratisation de ce passionnant passe-temps. Contamination : un film visionnaire ?

lundi 17 décembre 2007

Jikou Keisatsu (Saison 1)

Jikou Keisatsu est une série télévisée japonaise : un drama, pour reprendre l'expression nipponne. Réalisée par Ryo Iwamatsu, Kera, Satoshi Miki, Sion Sono et Renpei Tsukamoto, elle est sortie en 2006. Le casting est notament constitué de Jô Odagiri, Kumiko Aso, Ryo Iwamatsu, Eri Fuse et Noriko Eguchi.



Tout au long de neuf épisodes de quarante-cinq minutes, nous découvrons Kiriyama Shizuka, fonctionnaire travaillant pour la police dans le bureau des affaires classées. Son boulot n'est pas passionnant : il faut juste détruire les dossiers des affaires ayant atteint la date de prescription, soit 15 années, et rendre les affaires personnelles saisies lors des enquêtes aux membres des familles concernées. Kiriyama décide donc, avec l'aide de Mikazuki de la police routière, de consacrer son temps libre à la résolution de ces affaires classés. Au début de chaque épisode il choisit donc un dossier particulièrement intéressant, donc généralement un meurtre, et s'y attelle.

L'idée de départ de Jikou Keisatsu est réellement bonne car elle résout un des grands paradoxes des romans policiers (et donc du cinéma d'enquête) : on veut un meurtre très soigné et difficile à démêler, mais on veut aussi que le héros comprenne tout. Et, quand Hercule Poirot, Sherlock Holmes ou le détective Conan ont résolu une affaire, le criminel va en prison et on a une impression de gâchis. Un plan subtil qui tombes à l'eau c'est toujours dommage. Ici pas de problème, puisque la date de prescription est atteinte. Le héros peut briller sans détruire le travail des criminels et tout le monde est content.

La série est sympathique, nous présentant des affaires souvent simples mais reposant généralement sur une idée ingénieuses. On est loin du niveau d'un Agatha Christie mais on ne devine pas toujours qui est le coupable à la quinzième minute. La vrai qualité de Jikou Keisatsu est cependant à chercher ailleurs. Elle réside dans un humours omniprésent. Kiriyama tient sérieusement du geek asocial, avec sa coiffure improbable et ses remarques surréalistes lâchées lors de discussions parfaitement banales. Il faut le voir défendre les sandwichs sans garniture comme étant les seuls à permettre de profiter du goût du pain, ou statuer que le port de lunettes le dimanche est une caractéristique britannique. L'héroïne, amoureuse de notre détective amateur sans qu'il semble s'en douter le moins du monde, multiplie de son coté des tentatives de plus en plus lourdes pour lui faire comprendre. C'est d'autant plus drôle que, par ailleurs, Kiriyama est très doué pour cerner le comportement humain et élucide toutes ses affaires avec facilité.

Si vous cherchez une série policière japonaise courte et accessible, Jikou Keisatsu est un bon choix.

Red Eye de Dong-bin Kim

Red Eye (Redeu-ai en VO) est un film d'horreur coréen réalisé par Dong-bin Kim en 2005. Il est interprété par Shin-yeong Jang, Ji-min Kwak, Dong-kyu Lee, Hye-na Kim et Eol Lee.



Sur la ligne Séoul Yeosu (un long trajet, plus de 6 heures) circule pour la dernière fois la Rose de Sharon. Son chauffeur, monsieur Park, part également en retraite, effectuant ainsi son ultime trajet en même temps que son véhicule. Mais des wagons récupérés sur un ancien train ayant subit un terrible accident sont intégrés au convoi. De plus c'est justement l'anniversaire de la catastrophe en question. Pas étonnant qu'il y se produise de curieuses choses...

Comme dans Ghost Train de Takeshi Furusawa on a le droit à la vision d'un spectre sur la voie déclenchant un coup de frein brutal et à un lot de personnages en uniformes de cheminots. Mais les similitudes s'arrêtent là, si on omet le fait que les deux films soient asiatiques et traitent de fantômes ferroviaires. Dans Red Eye nous avons un lieu hanté alors que dans Ghost Train nous avions un authentique revenant à la Kayako avec une malédiction se répandant à toute allure. Ici, le huis clos est de rigueur, source de cadrages serrés et inhabituels, et l'intrigue se déroule sur un court interval de temps. On reste en terrain connu avec notament ce problème de la peur des cheveux et des perruques et un usage de la vidéo et de la photographie comme outils de détection paranormaux. Mais le film est efficace, distillant avec un vrai savoir faire et des authentiques frissons.

La Corée s'est faite une spécialité des yurei eiga modernes, et il faut reconnaître que leurs productions sont souvent excellentes. Red Eye est dans la moyenne, pas particulièrement original mais satisfaisant. Sans atteindre le niveau de Deux Soeurs de Ji-woon Kim ou d'un des Whispering Corridors, il est tout simplement bon. Si vous êtes fans du genre il vous fournira votre dose quotidienne d'ectoplasmes. Pour couronner le tout l'intrigue est savante, faisant intervenir plusieurs histoires de familles, un suicide et diverses possessions.

Ghost Train de Takeshi Furusawa

Ghost Train (Otoshimono en VO) est un film japonais réalisé par Takeshi Furusawa en 2006. Il est interprété par Erika Sawajiri, Chinatsu Wakatsuki, Shun Oguri, Aya Sugimoto et Itsuji Itao.



Puisque les perruques, les portables, les K7 vidéo et les marionnettes peuvent servir de vecteurs de propagation de malédiction pourquoi pas les cartes d'abonnement ferroviaire ? Ghost Train s'ouvre donc sur un petit garçon ramassant sur le quai d'une gare un billet maudit. Sa propriétaire légitime, cousine lointaine de Sadako spécialisée dans les gares, lui promet alors un mort horrible. Promesse rapidement tenue (même si le garçon est juste porté disparu). Peu après le billet tombes entre les mains d'une petite fille. Quand cette dernière disparait à son tour sa grande soeur se lance dans une enquête.

Comme dans beaucoup de films de fantômes japonais, ou de yurei eiga, si vous préférez, on suit avant tout une investigation. Les scènes de frousse sont disséminées intelligemment pour que le spectateur ne décroche pas de l'intrigue, mais il s'agit avant tout de savoir pourquoi il y a un fantôme. Question souvent sans réponse, ou dont la réponse ne résout rien. Les divers éléments du métrage sont classiques : fantôme féminin aux cheveux longs et emplis d'une rage absolue, usage de la vidéo (ici un enregistrement de caméra de surveillance) et malédiction mortelle et implacable.

Ghost Train est soigné mais ses effets sont désormais trop vu et revus pour fonctionner pleinement. L'usage du train promis dans le titre n'est que anecdotique, le gros de l'intrigue se déroulant sur les quais ou en ville. Ce qui surprendra les quelques habitués du genre c'est la fin, beaucoup moins nihiliste et tragique que ne le veut le genre et comportant même quelques éléments héroïques. Une originalité bienvenue, même si elle ne concerne que les dernières minutes du métrage. Il faut souligner également la beauté et la folie des décors dans cette fin rafraîchissante. Malheureusement elle n'est pas suffisante pour justifier la vison de Ghost Train, surtout si on le compare à son cousin coréen : Red Eye.

En bref, un film qui ne ravira que les fans les plus boulimiques d'un genre très représenté.

mardi 11 décembre 2007

Electric Dragon 80.000 V de Sogo Ishii

Electric Dragon 80.000 V est un film japonais réalisé par Sogo Ishii en 2001. Il est interprété par Tadanobu Asano (oui !), Masakatsu Funaki (juste la voix) et Masatoshi Nagase.



Sogo Ishii s'est taillé une place dans le coeur de tous les cinéphiles avec sa formidable reconstruction historique qu'était Gojoe. Remise au goût du jour et destruction consciente d'un genre, ce film résolument nihiliste révisait une histoire connue par tout les japonais. Sogo Ishii continue son travail d'expérimentation en tournant Electric Dragon 80.000 V, un métrage en noir et blanc elliptique et épileptique.

Un enfant se fait électrocuter en escaladant un ligne haute tension. Cela réveille la partie reptilienne de son cerveau, le poussant à l'utra-violence. Pour canaliser ses instincts bruteaux il se met à la boxe, mais sans succès. Finalement il découvres la guitare électrique et arrive ainsi à se débarrasser, au travers d'une musique hardcore, de ses pulsions destructrices. Il devient Dragon Eye Morrison. Mais un challenger fait son apparition : Thunderbolt Buddha. Ayant été frappé par la foudre dans sa jeunesse, lui aussi contrôle l'électricité.

Des cadrages violents, des accessoires stylés, des travelings hachés et bruteaux, un noir et blanc esthétique au possible et des plans écrasant : tout cela rappelle furieusement le style de Shinya Tsukamoto. Remplacez dans Tetsuo le métal par l'électricité tout en conservant la rage du film d'origine et la thématique cyberpunk et vous obtenez le squelette d'Electric Dragon 80.000 V. Comme dans le métrage de Tsukamoto, l'affrontement entre deux créatures surpuissantes est au centre de l'intrigue, tout comme la vision de Tokyo comme une mégapole tentaculaire et écrasante. Mais Sogo Ishii apporte son énergie à l'ensemble faisant de d'Electric Dragon une expérience nouvelle et inclassable.

La bande son est exceptionelle, mais avec le thème du film ce n'est pas une surprise. Malheureusement ça ne dures que 55 minutes. Alors c'est intense et bordélique, comme la musique de Dragon Eye Morrison, mais c'est trop court.

Ah, une dernière remarque, comme dans Gojoe, c'est Tadanobu Asano qui joue le héros et il est toujours très classieux. D'ailleurs Kakihara dans Ichi The Killer est le meilleur méchant de toute l'histoire du cinéma (indiscutablement).

Sars Wars de Taweewat Wantha

Sars Wars (Khun krabii hiiroh en VO) est un film thaïlandais de Taweewat Wantha sorti en 2004. Il est interprété par Suthep Po-ngam, Supakorn Kitsuwon, Phintusuda Tunphairao et Lene Christensen.



Tout le monde connaît maintenant le cinéma d'action thaïlandais (merci Ong-bak et L'honneur du dragon). Le cinéma d'horreur de là-bas vaut aussi le détour et je vous recommande vivement de regarder la filmographie de Tanit Jitnukul en commençant par Art of The Devil et Hell. En revanche on n'est pas près de voir débarquer chez nous leurs comédies tant elles sont étranges pour nos yeux d'européens. Car Sars Wars, sous ses dehors de film d'horreur avec des zombis, est une comédie !

Le virus du SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome) de quatrième génération finit par toucher la Thaïlande. Heureusement un maître et sont disciple sont là pour lutter contre l'épidémie à grand coup de sabre. Car, comme chacun le sait, le virus du SARS transforme ses victimes en zombis agressifs et contagieux. Recrutés pour libérer une jeune chinoise enlevée par des méchants gagster, nos deux héros auront fort à faire dans ce pandémonium généralisé...

Bourré d'éléments disparates, Sars Wars a tout du gros foutoir. On y trouve en vrac une écolière répondant aux clichés visuels japonais les plus éculés, une séquence d'ouverture en dessin animé, un travesti capable de prendre l'apparence de l'héroïne, ce qui donnera d'ailleurs lieu à quelques gags bien débiles, des zombis et des combats dantesques. L'humour est au ras des pâquerettes et semble adressé à une classe de maternelle, mais curieusement, couplée avec un mélange détonant de genres, il fonctionne. Le disciple parle avec des tournures désuettes, semblant tout droit sorti d'un wu xi pian des années 70, et à une mentalité accordée à ce langage. Les références sont nombreuses (y comprit à Star Wars, le titre n'est donc pas hasardeux) et on n'avait pas autant ri devant un film de zombi depuis Wild Zero.

Alors si vous voulez régresser au niveau le plus élémentaire de l'humour, que vous adorez les références cinématographiques, que les zombis et vous c'est le grand amour et que vous avez une deux heures devant vous, ne perdez pas de temps et foncez acheter ce machin sur internet (ça m'étonnerait qu'il passe à l'UGC).

American Gangster de Ridley Scott

American Gangster est un film américain de Ridley Scott sorti en 2007. Il est interprété par Denzel Washington (absolument magistral), Russell Crowe (il semble que Ridley Scott ait un faible pour cet autralien), Chiwetel Ejiofor et Josh Brolin.



C'est l'histoire de Frank Luca : un simple homme de main qui va reprendre l'affaire de son patron à sa mort et la faire fructifier en révolutionnant le système de distribution de la drogue à Harlem. Une idée simple : devenir le seul intermédiaire entre les producteurs et les dealers. Pour cela Frank Luca utilise les cercueils des soldats morts au Vietnam afin de convoyer avec la complicité des militaires des centaines de kilogramme d'héroïne pure. Mais une division spéciale de la police est mise en place pour s'occuper de cette affaire. Elle recrute Richie Roberts, un détective s'étant attiré la haine de ses camarades flics à cause de son intégrité sans faille.

N'ayez pas peur devant l'ambition du projet : le rythme est bon. Si le film dure 157 minutes c'est qu'il a une longue histoire à raconter. Comme toujours avec Ridley Scott c'est très beau et très travaillé, même dans les scènes les plus banales. Il a moins à faire que dans Alien ou Gladiator, mais on sent quand même sa touche dans les éclairages, la neige, la pluie et la composition des images...

Le fait de suivre la vie de deux personnages n'interagissant pas du tout au début, d'un côté le le gangster qui développe son affaire avec ambition et habileté, de l'autre le flic intègre qui galère à cause de son honnêteté, est discutable mais les deux intrigues se recoupent finalement parfaitement. On pourait ressortir l'éternel reproche fait à Scarface, la glorification du crime, mais cet argument est fallacieux. La fin du film le déboulonne complètement.

Il n'y a pas de mise en valeur particulière de la violence, donc les scènes d'actions sont très peu spectaculaires. Elle n'en sont que plus brutales : une balle dans la tête, un peu de sang, voilà, il n'y a rien à dire de plus. Une approche résolument réaliste cadrant avec la revendication "histoire vraie". Si on tient compte du jeu exceptionnel de Denzel Washington et de son intrigue riche et ambitieuse, American Gangster est un des meilleurs Ridley Scott de ce nouveau millénaire.

Bangkok Loco de Pornchai Hongrattanaporn

Bangkok Loco est un film thaïlandais de Pornchai Hongrattanaporn sorti en 2004. Il est interprété par Krissada Terrence, Nountaka Warawanitchanoun, Nimponth Chaisirikul et Nophadal Tavitumnusin.



Si vous trouvez déjà l'humour hongkongais à la Stephen Chow étrange et pas fun, vous n'avez aucune chance de pouvoir aborder un film comme Bangkok Loco. Des gags caca-pipi digne d'un élève de maternelle cohabitent avec des répliques zizi-vagin usuellement réservées aux petits de CP. A cela il faut ajouter des séquences surréalistes à faire passer le cinéma expérimental de Man Ray pour un machin fade est convenu et des références omniprésentes au cinéma d'action, aussi bien hongkongais que thaïlandais ou américain.

Bae se réveille d'un cauchemar et se rend compte qu'il vient de hacher menu le corps de sa propriétaire à coups de tranchoir en croyant jouer de la batterie. Il s'enfuit, traversant tout le quartier à la course couvert de sang, avant de frapper à la porte de Don, amie d'enfance et musicienne (et sa voisine de pallier, cherchez pas à comprendre). Après l'avoir convaincu de son innocence en prouvant qu'il est toujours capable de maîtriser la batterie des dieux, donc qu'il n'a enfreint aucun des commandements sacrés de Bouddha, il devra vivre comme un fugitif tout en cherchant à atteindre le niveau suprême de la batterie des dieux. En effet, tout les dix ans, un duel est organisé entre le meilleur batteur des dieux et le meilleur batteur des démons, et il n'est pas question de perdre.

Bangkok Loco est donc un étalon de l'humour déjanté thaïlandais. Moins déviant et crade que le Sars Wars de Taweewat Wantha, il reste cependant très peu abordable pour nos yeux d'européens. On y trouve pelle mêle des duels de musicaux allant crescendo, des flash-back de formation à la batterie dans un monastère bouddhique où les étudiants sont habillé avec la fameuse combinaison jaune à bande verticales noires rendue célèbre par Bruce Lee dans Le jeu de la mort et reprise par la suite dans Kill Bill et un inspecteur de police sans cesse ridiculisé.

Le pire c'est qu'on passe pas mal de temps plié en deux, soit devant un gag subtil (il y en a), soit piégé par la bêtise de l'humour niveau cour de récré qui émane de ce truc. Comme le contenu est quand même résolument adulte on est en mesure de se demander le public visé. Et puis la scène musicale le long d'une route où tout les arbres (et aussi l'herbe) ont été peint en bleu à la bombe sur des kilomètres est tellement jolie et naïve qu'elle justifie la vision de Bangkok Loco.

Hell de Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn et Teekayu Thamnitayakul

Hell (Narok en VO) est un film thaïlandais réalisé par Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn et Teekayu Thamnitayakul, sorti en 2005. Basé sur un scénario de Marisa Mallikamarl, il est interprété par Nathawan Woravit, Kom Chauncheun, Punyapon Dhajsonk et Wuttinan Maikan.



Une équipe de télévision spécialisée dans les documentaires racoleurs est victime d'un accident de la route. Tous ses membres se retrouvent en enfer, capturés par des démons adeptes des tortures les plus brutales. Heureusement, l'un de nos héros comprend qu'ils ne sont pas mort mais simplement dans le coma, en salle de réanimation. Ils vont alors prendre la fuite pour essayer de regagner leur corps.

Avec sont point de départ simple et son sujet original, Hell avait beaucoup d'atouts dans sa poche. Un survival en enfer est une idée peu exploitée offrant de nombreuses opportunités. Après tout l'enfer n'est-il pas le terrain hostile par excellence, donc le lieu rêvé pour un film d'horreur ? Malheureusement on a un peu l'impression que les réalisateurs passent à cotés de leur film. Les décors ne sont réellement grandioses et infernaux que sur quelques plans, d'opressantes collines arides recouvertes de lave et de poussière rouge n'étant que entr'aperçues. Le reste du temps notre petite troupe vagabonde dans des bois trop thaïlandais pour êtres infernaux ou se fait supplicier dans un carrière digne des productions italiennes post-apocalyptiques calquées sur Mad Max. Ce n'est pas un filtre rouge qui nous bernera !

Un bon survival doit reposer sur l'intelligence de ses protagonistes (contrairement à un slasher, où on ne veut que les voir mourir). Et de ce point de vue on a rarement fait pire. Parceque si la damnation de nos héros est discutables (il y a un vrai salaud couchant avec n'importe quoi, un alcoolique battant sa femme et une jeune fille détestant sa mère, mais les autres sont plutôt sympa), leur bêtise fait l'unanimité. Peut-être les dieux punissent-ils tout simplement la stupidité ? Pour vous donner une petite idée, nos documentaristes sont en fuite ; épuisés, gravement blessés, assoiffés et toujours poursuivis par une horde de démons, ils croisent au millieu des bois trois charmantes femmes peu vêtues. Là on se dit que le séducteur impénitent va y passer. Mais en fait nos trois héros se jettent dans leurs bras (y comprit le type qu'on avait catalogué "sérieux") sans flairer le piège. C'est d'autant plus stupide qu'il ont déjà assisté à la transformation en live d'enfants en créatures mangeuses d'hommes et que jusqu'à maintenant tout ce qu'ils ont croisés s'est montré hostile !

A part ça la description de l'enfer est assez originale, s'inspirant sans doute du folklore thaïlandais et nous dépeignant diverses punitions associées à diverses fautes. Comme dans Art of The Devil c'est agréable de voir une oeuvre de divertissement exploiter cette culture peu présente dans le cinéma. Le message du film est bien entendu hautement moral, puisque tout le monde se repent de ses péchés et que seuls les gentils survivent. Un film sympathique, donc, mais souffrant d'un manque de soins apporté aux décors et de protagonistes trop décérébrés pour qu'on s'y identifie.

lundi 10 décembre 2007

Born to Fight de Panna Rittikrai

Born to Fight (Kerd ma lui) est un film thailandais de Panna Rittikrai sorti en 2004. Le casting est composé de Nappon Gomarachun, Santisuk Promsiri, Dan Chupong, Piyapong Piew-on et Somrak Khamsing.



L'histoire tient sur la tranche d'un timbre poste et n'est qu'un prétexte : le général Yang, un méchant narcotrafiquant est poursuivi par Deaw, notre héros, membre des troupes délites. Celui-ci va perdre dans l'affaire son meilleur ami et quitter la police pour partir se ressourcer dans un petit village calme. Qui ne restera pas tranquille longtemps...

Ce n'est pas de ce coté qu'il faut chercher les qualités de Born to Fight. De même ne vous attendez pas à un jeu d'acteur divin où à des décors superbes.

Born to Fight c'est avant tout des cascades à faire culpabiliser le spectateur, qui, s'il a la moindre idée de ce qui est trucage et de ce qui ne l'est pas, sera forcément conscient qu'on risque sa vie de manière irresponsable pour son divertissement. Heureusement, aucun des cascadeurs n'est mort pendant le tournage, mais plusieurs d'entre eux sont partis sur un brancard (en particulier lors de la scène absolument spectaculaire où un bandit tombes d'un camion en marches pour rebondir sur le toit d'un véhicule lancé dans l'autre sens et passant à proximité). Si vous arrivez à faire la différence entre un homme et un mannequin en mousse d'un simple coup d'oeil et que vous notez de manière automatique tout les tics de la grammaire cinématographique habituelle, notamment le montage très haché des scènes d'action permettant de faire trois ou quatre raccords dans la moindre chute et de ne montrer au final que des actions peux dangereuses dont seul l'enchaînement est spectaculaire, vous serez pétrifié. L'exploit technique est absolu ! Pas de raccord entre le moment où le sbire reçoit un coup de poing, où il bascule du toit et où il s'écrase sur le sol. Pas de coupures quand un motard s'élance à toute allure contre un amas de bûches enflammées, culbute de sa moto et glisse sur plusieurs mètres pendant que son costume s'embrase. Des scènes banales mais qui jouissent d'un renouveau exceptionnel, à cause justement de ces cascades folles qui rendent possible une redéfinition de la manière de les filmer.

Conventionnel sur le fond mais tellement virtuose dans ses cascades, Born to Fight est un vrai paradoxe. Avec une réalisation plus soignée et une histoire moins ridicule il aurait pu être un chef-d'oeuvre. Il reste cependant un film à découvrir.

Ghost System de Toshikazu Nagae

Ghost System (Gosuto shisutemu en VO) est un film japonais de Toshikazu Nagae sorti en 2002. Il est interprété par Atsuko Rukawa, Chikako Sakuragi, Hiroshi Tamaki et Maria Yanagisawa.



Prenez Kairo de Kiyoshi Kurosawa. Enlevez toute réflexion sur la société japonaise, sur l'individualisme, sur la solitude et sur l'isolement. Remplacez le site web où les vivants peuvent voir les morts par un ventilateur géant dans un entrepôt désaffecté en pleine forêt. Oubliez le destin croisé de différents individus se rencontrant et trépassant au grès de la narration et substituez-y une histoire d'amour mièvre et convenue. Complétez avec des éléments pillés dans Ringu, The Blair Witch Project, et Phone. Étirez chaque plan jusqu'à l'assoupissement, avec des ralentis d'escargot et des effets de flous à causer un suicide chez les opticiens. Répétez les dialogues, inexistants à la base, deux ou trois fois en casant des mots anglais comme "DNA" et "Système". Faites semblant d'expliquer alors qu'il n'y a rien à expliquer. Voilà : vous avez un Ghost System prêt à être démoulé et dégusté.

L'histoire est simple : deux adolescents partent à la recherche d'une jeune fille disparue et ayant juste laissé comme indice une photo sur téléphone portable. Il errent en forêt, effrayés par une présence indicible, avant de rencontre une scientifiques qui fait joujou avec des fantômes.

Dans la production de yurei eiga actuelle il y a du très bon (notamment en Corée, mais aussi les premiers Hideo Nakata et La mort en ligne), du moyen (le petit Ju-rei, le troisième One Missed Call) et du carrément catastrophique. Vous l'aurez comprit, Ghost System se situe dans cette troisième catégorie. Seulement il a plusieurs qualités. D'abord il ne dure que 70 minutes. Quand on le regarde ça semble plus long mais les horloges ne mentent pas. Ensuite il met en évidence tout les défauts du genre, et même pas mal de défauts du cinéma japonais (notamment cette tendance à faire n'importe quoi très lentement, avec tout le monde qui est à moitié fou et autiste, pour qu'on pense que c'est profond). Ensuite il y a un petit coté Stalker dans les décors qui est plaisant et le directeur de la photographie se débrouille pas mal. Enfin la dimension mièvre du propos et joliment pervertie dans le twist de la cinquantième minute.

Mais le plus important c'est le syndrome Vendredi 13, aussi appelé le phénomène slasher. Quand le spectateur en vient à éprouver pour les personnages un mélange de consternation et de désintéressement il sera enthousiasmé à l'idée de les voir se faire trucider. Et puis c'est plus fort que moi, quand le monde est détruit je suis heureux (bon, ok, l'héroïne téléphone à sa maman, ça sonne occupé et elle déduit "il est tout a fait probable que le monde ait été détruit", c'est beau la logique) !

À voir, donc, mais pas au premier degré. À moins de vouer un culte au genre et de connaître par cœur l'ordre des victimes dans toutes la saga Ju-on (en tenant compte des dislocations temporelles induites par la maison hantée, l'ordre des décès à l'écran c'est pas du jeu).

Art of the Devil de Tanit Jitnukul

Art of the Devil est un film thaïlandais réalisé par Tanit Jitnukul en 2004. Il est interprété par Arisa Wills, Supakson Chaimongkol, Krongthong Rachatawan, Tin Settachoke, Somchai Satuthum et Isara Ochakul.



La Thaïlande a récemment commencé à exporter son cinéma. Pour le plus grand plaisir des cinéphiles français quelques productions de là-bas ont même été diffusées en salles (Ong-bak, L'honneur du Dragon, Born to Fight). Art of the Devil n'est pas encore licencié, donc si vous voulez le voir il faudra se rabattre sur les fansub et l'achat de DVD en ligne. Il mériterait cependant plus de l'être que les bastonnades spectaculaires suscitées. Ici pas de boxe thaï et de cascades irresponsable : juste une solide histoire de vengeance tournant à l'extermination. Le folklore locale est bien mis à contribution avec un usage permanent de rituels, soit purificateurs, soit de magie noire.

Boom, une ravissante jeune fille, est séduite par une riche architecte, Pratan. Quand elle tombe enceinte elle va lui demander une compensation financière, un million de bahts, qu'il paît sans discuter, mais l'histoire continue de s'envenimer. Finalement Boom se fait violer par des amis de Pratan sur ses ordres. Elle entreprend alors de se venger à l'aide de diverses malédictions.

Tout cela est raconté plutôt rapidement. En plus des complices, la famille du millionaire est exterminée (tous ses enfant et même sa belle fille) et du coup son héritage et sa maison vont à son ex-femme et aux quatre enfants issus de ce premier mariage. L'histoire commence réellement quand ils emménagent dans la villa de Pratan, désormais hantée. Mais le problème n'est pas dans les fantômes : quelqu'un s'obstine toujours à maudire tout le monde à grand renforts de rituels craspects, faisant trépasser un par un les nouveaux protagonistes.

Avec une ambiance très dépaysant, un usage original et résolument fonctionnel de la sorcellerie, quelques spectres évoquant le remarquable Bhoot de Ram Gopal Varma, Art of the Devil ravira les fans d'horreur. Visuellement on est pas au niveau d'une production équivalent Coréenne ou Japonaise mais ça reste esthétique. Bien entendu c'est gore et glauque, facettes contrastant avec le coté familial de l'affaire, les relations entre les protagonistes étant plus complexes et plus humaines que dans un film de teenager standard, où en dehors de couples formés sur le tas il n'y a pas grand chose.

vendredi 7 décembre 2007

Chakushin ari (drama)

Chakushin ari est une série japonaise produite par Kuwata Kiyoshi et écrite par Oishi Tetsuya et Takayama Naoya. Elle est réalisée par Aso Manabu, Nimura Ryoji, Karaki Marehiro, Tsunehiro Jota et Tamura Naoki. Le casting est composé de Kikukawa Rei, Ishiguro Ken, Tsuda Kanji, Masu Takeshi, Yamashita Shinji, Sato Chiaki et Watanabe Ikkei.



Après le succès de La mort en ligne de Takashi Miike en 2003, film brillant dont je ne dirais jamais assez de bien, les producteurs décident d'exploiter le filon et enchaînent en 2005 avec One Missed Call 2 (Chakushin ari 2) ainsi qu'une série TV sobrement nommée Chakushin ari (le titre du film d'origine).

Il s'agit toujours d'une histoire de malédiction par téléphone interposé. Les victimes reçoivent un appel depuis leur propre portable annonçant leur mort imminente puis trépassent de manière spectaculaire. Bien entendu ce qu'est qu'une rumeur quand Nakamura Yumi, une journaliste scientifique récemment rétrogradée, et Sendou, un inspecteur de police carriériste et brillant, s'attellent à l'affaire. Mais en 10 épisodes de 45 minutes l'intrigue va rapidement se développer. Autour de nos héros gravitent une bande de journalistes excentriques et décalés ainsi que le personnel très élitiste d'un lycée ultra compétitif. Le scénario de Tetsuya Oishi est bien pensé, entraînant le spectateur dans diverses fausses pistes avant d'aboutir à une fin en twist certes prévisible mais assez logique. Quelques moments forts du film sont repris à la lettre, comme la scène d'exorcisme en direct à la TV, mais à part ça l'intrigue est complètement distincte de celles des différents volets de la trilogie.

La série est plaisante sans être exceptionelle et l'étroitesse du budget ne se remarque pas. N'oublions pas que les yurei eiga sont d'autant plus efficaces qu'il sont sobres et exempts d'effets spéciaux. Alors bien entendu on aurait aimé une réalisation plus cinématographique et un casting plus prestigieux. Ishiguro Ken n'est pas un débutant mais il est un peu le seul. Cependant une fois le doigt dans l'engrenage il est difficile de décrocher et on se retrouve à enchaîner les épisodes (du coup j'ai tout vu en une grosse journée). Et ça n'est-ce pas le meilleur des gages de qualité ?

On regrette juste l'absence de Mimiko dont je suis un grand fan. A coté d'elle Sadako (de Ringu) est un ange et Kayako (de la saga des Ju-on) une débutante. Et puis il n'y a plus la formidable petite musique à chaque fois qu'un appel funeste résonne. Enfin, on ne peut pas tout avoir. En attendant le jeune français Eric Valette s'est attelé à la difficile tache de remaker pour les américains le bijoux de Miike. Souhaitons lui bon courrage.

Marebito de Takashi Shimizu

Réalisé par Takashi Shimizu en 2004, Marebito est un film japonais. Il est interprété par Shinya Tsukamoto, Tomomi Miyashita et Kazuhiro Nakahara.



Takashi Shimizu est un réalisateur étrange. Quand on parles de lui on penses d'abord à l'homme qui a fait deux courts métrages, Katasumi et 4444444444, puis qui les a répétés à l'infini, donnant ainsi naissance à six déclinaisons du même film (la saga des Ju-on). Mais en fait sa carrière ne se résume pas à ça. D'abord on lui doit Tomie: Rebirth, une volet très aboutit dans une saga réellement importante aux yeux des fans du cinéma horrifique japonais, et ensuite Marebito, un ovni cinématographique non conventionnel au possible et se rapprochant par moment de l'esprit de Takashi Miike.

Caméraman solitaire et marginal, Masuoka a filmé le suicide violent d'un homme dont le regard empli d'effroi l'a intrigué. L'origine de cette terreur devient une obsession pour lui et il part à sa recherche dans le métro de Tokyo. Il y découvre un monde souterrain empli de ramifications tentaculaire et une jeune fille enchaînée et nue. Elle est muette et le suit sans protester quand il la détache. Mais qui est-elle et comment la nourrir quand elle semble ne rien vouloir manger ?

Très sombre, Marebito vous entraîne immédiatement dans un cauchemar empli de questions angoissantes. De silences en silences une folie palpable s'installe, résultat d'une dislocation de tous les repères que peut prendre le spectateur. Comme dans le cinéma de Kiyoshi Kurosawa, en particulier Kairo et Charisma, plus l'intrigue avance et plus les questions s'accumulent alors que volent en éclats les premières déductions. Cette femme qui lui demande sans cesse la permission de voir leur fille est-elle réellement son ex-femme ? Si c'est le cas pourquoi ne se souvient-il pas d'elle ? Et d'ailleurs ne ferait-elle pas une bonne source de sang pour sa nouvelle protégée ? Le mot "marebito" signifie "être venu d'ailleurs" mais ne vous attendez pas à avoir le fin mot de l'histoire.

Dans le scénario d'origine, l'actrice principale devait être une enfant. Mais pour éviter des problèmes avec la loi l'idée fut rapidement écarté. Il est vrai que son personnage passe la plus grande partie du film dévêtue (problème d'ailleurs corrigée sur les affiches internationales du film). Takashi Shimizu s'est finalement rabattue sur une actrice majeure ayant un visage enfantin (Tomomi Miyashita).

Tourné en huit jours et en caméra DV, entre Ju-on : The Grudge 2 et le remake américain, The Grudge, Marebito réussit l'exploit d'être à la fois aboutit visuellement parlant, original et affreusement dérangeant. Ne se rattachant à aucun genre mais jouant avec des peurs omniprésentes dans le cinéma japonais, notamment sur le façonnement de l'individu à travers sa relation à sa famille, Marebito est incontournable. Enfin, la présence de Shinya Tsukamoto en tant qu'acteur devrait convaincre les fines bouches de se décider.

vendredi 16 novembre 2007

Ténèbres de Dario Argento

Ténèbres est un film italien sorti en 1982. Il est écrit et réalisé par Dario Argento et met en scène Anthony Franciosa, John Saxon, Veronica Lario et Daria Nicolodi.



Avant de devenir un des grands noms du cinéma fantastique avec Suspiria , Argento s'était déjà taillé une réputation internationale avec le giallo. Film noir italien très codifiés, le giallo est un genre à part entière souvent attribué à Mario Bava, mais quand on parles de ce type de cinéma c'est à Dario Argento qu'on penses en premier avec sa fameuse trilogie animalière, a savoir le Chat à neuf queues, L'oiseau au plumage de cristal et Quatre mouches de velours gris.

Après Suspiria en 1977 et Inferno en 1980, Argento revient donc à son premier amour avec Ténèbres. Bien que tardif et débarquant pendant le déclin du genre, Ténèbres marque une apothéose.

Peter Neal, un écrivain américain réputé pour ses romans policier, se rend en Italie à l'occasion de la sortie de son dernier livre, Tenebrae. Dans ce qui doit être une simple tournée de promotion, il est non seulement accompagné par sa maitresse et assistante, mais aussi secrètement suivi par son ancienne épouse. Une fois arrivé à Rome une femme est tuée à coups de rasoir par un assassin ganté s'inspirant des écrits de Peter Neal. Ce n'est que la première victime d'une série de meurtre reliés par un point commun : le tueur laisse sur ses victimes des pages déchirées de Tenebrae.

Les cadrages et sont très travaillés avec des décors toujours complexes et artistiques, la plus part des scènes se déroulant dans appartements superbement décorés et meublés. La réalisation est fluide et efficace, avec un usage extraordinaire des champs larges, caméra immobile, pendant les scènes d'action là où sont souvent utilisés des plans serrés et un découpage haché. Pour l'histoire c'est classique mais fonctionnel. On a ce qu'il faut en guise de retournement de situations, de psychologie du tueur et de séquences traumatisantes. La narration est finement conduite et semble sans artifice, malgré sa complexité.

Ténèbres est le meilleur giallo de Dario Argento ce qui en fait un film inévitable pour tous les fans de cinéma italien ou d'histoires de tueur. Pour les amateurs de musique l'œuvre vaut également le détour : le groupe de rock italien Goblin, connu notamment pour sa musique dans Les Frissons de l'angoisse en 1975 et Zombie, s'était séparé depuis 1980, mais trois de ses membres - Claudio Simonetti, Fabio Pignatelli et Massimo Morante se sont réunis à la demande d'Argento pour travailler sur la bande originale de Ténèbres.

Une grande année de Ridley Scott

Sorti en 2006, Une grande année (A Good Year) est une comédie romantique américaine se déroulant en France et nous présentant Russell Crowe, un australien, dans le rôle d'un trader anglais. Réalisé par Ridley Scott sur un scénario de Marc Klein tiré d'un roman de Peter Mayle, Une grande année est interprété par Russell Crowe, bien entendu, mais également par Freddie Highmore, Albert Finney, Marion Cotillard et Abbie Cornish.



Max Skinner hérites d'une propriété dans le midi de la France et entourée de vignes. Il trouves quelques jours dans son emploie du temps surchargé pour partir la visiter et, une fois sur place, tombes immédiatement amoureux de l'endroit et des souvenirs heureux de son enfance s'y rattachant.

Curieusement cet oeuvre offre une vision de notre pays aussi réaliste, ou caricaturale, à vous de voir, que celle diffusée par certains de nos propres productions nationales, préchant la beauté de la France profonde et l'amour qui émane des riches vignes et des verts pâturages.

Comme toujours avec Ridley Scott la réalisation est impeccable et les cadrages savants savent se faire oublier tant ils semblent naturels. Au lieu de jouer avec les ombres comme c'était le cas dans Les Duellistes ou d'abuser de l'obscurité à la mode Alien, Ridley Scott illumine son film d'un soleil radieux, usant et abusant avec art des éclairages naturels. N'attendez cependant pas un film extraordinaire ou empli de dilemmes cornéliens et de décisions passionnées : les personnages sont gentils, les vins sont fins, tout le monde est beau et l'intrigue avance comme sur des roulettes, prévisible mais attendrisante.

Une grande année n'est absolument pas déviant mais reste vraiment sympathique si l'impression de déjà-vu ne vous dérange pas. Un peu de chaleur ça fait du bien de temps en temps. De toutes façon, rien que pour ses images il vaut largement le détour.

vendredi 2 novembre 2007

The Invisible de David S. Goyer

The Invisible est un thriller américain réalisé par David S. Goyer en 2007. Il est interprété par Justin Chatwin, Margarita Levieva, Marcia Gay Harden, Chris Marquette et Alex O'Loughlin. Il s'agit d'un remake du film suisse Den Osynlige de Joel Bergvall et Simon Sandquist.



David S. Goyer s'est illustré en massacrant la saga Blade. Il est vrai qu'après le dantesque Blade II de Guillermo del Toro, Blade: Trinity était voué à paraître fade, donc il est envisageable de lui pardonner son erreur. C'est l'esprit ouvert que j'ai regardé The Invisible, un néo-thriller psychologique avec du paranormal dedans, recette très à la mode depuis Sixième Sens.

Nick Powell est le cliché standard du gosse de riche au cinéma. Elevé par une mère très autoritaire et obsédée par les apparences il aspire au fond de lui à devenir écrivain. Trop parfait en apparence il finit par se disputer avec Annie Newton, la rebelle de service, issue d'une famille disloquée avec un père alcoolique. Elle pique des bijoux et des bagnoles pour arrondire ses fins de mois et se fait dénoncer à la police. Croyant Nick responsable de sa délation elle le tabasse à mort et se débarrasse de son corps dans un égout en pleine forêt. Mais Nick va revenir sous forme fantomatique...

The Invisible ne manque pas de qualités. Avec son absence d'effets spéciaux, un bon sens du suspens et un scénario simple et logique il était bien parti pour être un excellent film. Mais les personnages sont tellement caricaturaux qu'ils perdent toute crédibilité en dépit des efforts évidents des acteurs. Seul Nick acquiers une certaine profondeur, si on supporte le jeu de Justin Chatwin. La réalisation est correcte mais n'innove jamais, rendant presque ennuyeuses les scènes clef. C'est une production friquée, donc les images sont biens léchées et les éclairages sont soignées, mais ne vous attendez pas à une grande expérience visuelle.

La fin surprend le spectateur blasé par les happy-end et en rehaussant le niveau et le propos. Pas de twist stupide mais un dénouement tragique et surtout logique. Une telle initiative fait plaisir. Si vous avez pleuré devant Ghost et que vous ne jurez que par le cinéma de M. Night Shyamalan alors vous aimerez peut-être The Invisible.

The Torturer de Lamberto Bava

The Torturer est un film d'horreur italien réalisé par Lamberto Bava en 2005. Il est interprété par Maria Blanco-Fafian, Elena Bouryka, Carla Cassola et Simone Corrente.



Je suis un grand fan de Lamberto Bava à qui on doit quand même Démons. D'ailleurs l'humanité entière devrait lui être reconnaissante. A la fin des années quatre-vingt il a arrêté le cinéma et s'est reconvertie en réalisateur pour la TV, avec notamment la saga des Cave of the Golden Rose, quasiment introuvables chez nous mais plus que sympathique. En 2005 il marque son retour au cinéma avec The Torturer, un croisement entre un torture flick à la Hostel, genre très à la mode, allez savoir pourquoi, et un bon vieux giallo comme en faisait son papa (n'oublions pas que Mario Bava est un des inventeurs du genre).

Un metteur en scène de théâtre organise un casting pour recruter le premier rôle féminin dans sa nouvelle pièce. Son père adoptif, qui est aussi son producteur, n'aime pas sa manière d'auditionner les jeunes filles (le genre de procédé faisant fuir les actrices et provoquant obligatoirement un procès en harcèlement). Mais voilà que les donzelles disparaissent mystérieusement pendant que sont égrenées, avec un rythme quasi métronomique, des scènes de torture atroce. L'héroïne, immédiatement séduite par la beauté ténébreuse de l'artiste et par son coté psychopathe, va devoir enquêter sur lui car il semble être la piste qui mène à une de ses collègues disparues (suite à une audition, justement).

Malheureusement le scénario est très sommaire. L'enquête est quasiment inexistante, l'intrigue prévisible et les flash-back d'enfance sont plus ridicule et convenus encore que dans Le Sang des Innocents. Du coté de la réalisation il y a quelques effets clipesques à la mode pendant les scènes de supplice qui contrastent avec la réalisation académique de Lamberto Bava, apparemment bien assagi depuis l'époque Démons. La photographie oscille entre le réussi, avec du sang très rouge, ramenant à Argento et ses semblables, et l'insupportablement laid, avec des filtres bleus dignes d'une série Z. Les maquillages ne sont pas à la hauteur des films de Lucio Fulci ou mêmes des navets de Bruno Mattei.

Violence gratuite, nudité omniprésente et inutile, personnages inconsistants et réalisation peu maîtrisée : au final The Torturer est une petite production sans âme ni sincérité tenant vainement d'exploiter la vague Saw. Seuls les adeptes de la cruauté au chalumeaux et à la soudure à l'étain y trouveront leur compte.

mercredi 10 octobre 2007

Bleach: Memories of Nobody de Noriyuki Abe

Bleach: Memories of Nobody (Gekijouban Bleach) est un film d'animation japonais réalisé par Noriyuki Abe et écrit par Masashi Sogo. Il s'agit de la première adaptation cinématographique du manga Bleach, déjà traité en anime pour la télévision sous forme d'une série (de plus de 120 épisodes à l'heure actuelle). Sorti en 2006, il est doublé par Masakazu Morita, Fumiko Orikasa, Kentaro Ito, Ryotaro Okiayu, Romi Paku et Shinichiro Miki.



Adapter pour le grand écran une anime comme Bleach, c'est-à-dire essentiellement centrée sur des combats, est toujours délicat. D'abord Bleach repose essentiellement sur la surenchère : la puissance des personnages croit exponentiellement et les méchants sont systématiquement invulnérables, ce qui n'empêche paradoxalement pas le héros de les charcuter avec panache. Comment retranscrire cela au cinéma quand on n'a qu'une heure et demi pour introduire de nouveaux ennemis, nous prouver qu'ils sont vraiment costaux et enfin les faire mourir ? Ensuite la série animée originale nous présente une multitude de personnages secondaires, tous charismatiques et donc que les fans désirent voir. Il y a 13 capitaines shinigami à caser, plusieurs lieutenants très populaires et une bande d'amis tournant autour du héros.

L'histoire ne doit pas modifier la trame principale du récit et se situe donc à un moment d'accalmie entre deux parties d'un récit gagnant progressivement en ampleur épique. Ichigo, un adolescent aux cheveux oranges, est shinigami à temps partiel, il chasse à ses heures perdus les hollows, des âmes esseulées devenues des monstres. Il s'occupe également d'accompagner au paradis les âmes pures. Un jour il croise Senna, une autre shinigami. Mais Senna ne se souvient pas de son identité et est très convoitée par une bandes de bad-guy voulant anéantir la terre et le monde spirituel en les faisant entrer en collision. Il va donc falloir la libérer pour sauver le monde.

L'animation est loin de s'approcher de la qualité de productions luxueuses à la Ghost in the Shell ou Akira mais est cependant acceptable. Les personnages tirés de la série animée gardent leur look, donc le chara-design est irréprochable de ce coté là. Rien à redire non plus sur l'apparence de Senna et des nouveaux méchants. Seulement l'ensemble est un peu vain. On sait qu'à la fin tout sera exactement comme au début, donc qu'aucun des nouveaux protagonistes ne va survivre et que le monde sera sauvé. Rien de bien excitant, donc, pour une production dispensable même aux yeux des adulateurs d'Ichigo. Restent quelques jolies scènes et l'excellent musique de Shiro Sagisu...

Blame! de Shintaro Inokawa

Blame! (Buramu!) est une série de sept OAV (Original Video Animation, dessins animés produits pour le marché vidéo) japonais adapté du manga homonyme cyberpunk en dix volumes de Tsutomu Nihei. Réalisé par Shintaro Inokawa pour le studio Group TAC, ces courts métrages de cinq minutes sont sortis en 2003. Il sont doublé par Asuka Aizawa et Tatsunori Arakawa.



Blame! est un dessin animé extrêmement soigné et d'une beauté froide et sombre. Le premier épisode est un panoramique magistral et impressionnant d'une charpente tentaculaire et vide : la Megastructure. Par la suite on voit quelques humains se promener et rencontrer des "silicates", d'étranges créatures à l'apparence humaine. Le chara-design est signé Akio Watanabe pour les deux premiers épisodes, et Nobuaki Nagano pour les épisodes 3 à 6. Dans tout les cas il est excellent. Au début on ne comprend rien, puis on apprend que les protagonistes recherchent un terminal génétique pour se connecter à la résosphère. L'objectif semble être de stopper le développement anarchique de la citée, sans cesse agrandie par des bâtisseurs hors de contrôle et invisibles. Car dans la métropole gigantesque il n'y a presque personne. C'est toujours abstrait mais la musique de Masayoshi Okawa et les couleurs de Yoko Saito sont tellement travaillés qu'on se laisse emporter par le flux des images.

Le septième épisode n'est qu'une compilation de scènes des épisodes précédents. C'est seulement là qu'on réalise qu'on à absolument rien saisi mais que c'est quand même excellent. Une preuve que la compréhension peut être secondaire quand l'ambiance et les images prennent le dessus.

En résumé Blame! est une simple succession de scènes piquées au hasard dans un manga pourtant déjà réputé complexe. Chaque fragment, un .log (référence informatique), est déconnecté des autres. L'ensemble est cependant hypnotique et foisonne de trouvailles... Amateurs d'originalité, foncez tête baissé !

mardi 9 octobre 2007

Uzumaki de Higuchinsky

Uzumaki est un film japonais réalisé par Higuchinsky en 2000. Il est interprété par Eriko Hatsune, Fhi Fan, Hinako Saeki, Eun-Kyung Shin, Keiko Takahashi et Ren Osugi.



Junji Ito s'est imposé au Japon comme un mangaka majeur. Principal auteur à avoir réussi à écrire des bandes dessinés horrifiques qui fonctionnent réellement on lui doit le personnage de Tomie, connu des amateurs de cinéma. En effet les trois volumes du manga de base ont donné naissance à pas moins de sept films. Mais Junji Ito ne se résume pas à cette irrésistible femme démon. On lui doit aussi des oeuvres comme Gyo, Hallucinations et enfin Uzumaki.

Adapter Uzumaki au cinéma semblait impossible : sans trame principale le manga traite d'un village où une obsession pour les spirales (Uzumaki en japonais) pousse tout le monde dans la folie, le suicide et le meurtre. Au début chaque chapitre est indépendant, même si une certaine progression dans la folie la plus glauque se ressent, et puis, petit à petit, tout devient plus évident et la réalité s'effrite. Higuchinsky relève le défi et décide de jouer la carte de la fidélité absolue. Non seulement son film est une succession de scènes tirées du manga, mais en plus les graphismes et mêmes les angles de caméra sont inspirés du travail de Junji Ito. Il en résulte un long métrage déroutant et déstabilisant, commençant avec un homme fixant à l'infini la coquille d'un escargot et glissant progressivement dans un univers distordu où tout est spirale : l'herbe, les branches des arbres, les chevelures et finalement même les corps des victimes de la malédiction.

Radicalement novateur le film est un exercice de style osé et surprenant. Les couleurs sont plates, avec un vert dégueulasse qui baigne tout, et chaque plan est une véritable peinture horrifique composé de manière travaillée. Enfin la musique de Tetsuro Kashibuchi et Keiichi Suzuki est parfaitement adaptée. Pour un premier essai sur le grand écran Uzumaki est une réussite. Dommage que le second métrage de Higuchinsky, Tokyo 10+01, ne soit pas à la hauteur (enfin, il mérite quand même d'être vu).

1408 de Mikael Hafstrom

1408 est un film américain réalisé par Mikael Hafstrom en 2007 à partir d'une nouvelle de Stephen King. Il est interprété par John Cusack, Samuel L. Jackson, Jasmine Jessica Anthony et Mary McCormack.



Stephen King est une vrai manne pour Hollywood. Si on comptes les films tirés de ses oeuvres, les séries télévisée et les téléfilms on trouve un total de 100 titres depuis l'adaptation de Carrie par Brian De Palma en 1976. Dans cette interminable liste le tout juste passable côtoie l'excellent. Tout le monde connaît The Shining de Stanley Kubrick ou Misery de Rob Reiner mais qui se souvient de Cat's Eye de Lewis Teague ou de Sleepwalkers de Mick Garris ? La question est donc de savoir dans quelle catégorie entre 1408.

La nouvelle 1408 est dans Tout est fatal. En fait c'est sans doute l'histoire la plus simple qu'on puisse concevoir. Après avoir écrit 10 nuits dans 10 maisons hantées, 10 nuits dans 10 cimetières hantés et 10 nuits dans 10 châteaux hantés, Mike Enslin, un auteur cynique et incrédule, est en occupé à finaliser 10 nuits dans 10 chambres d'hôtels hantées. Il pénètre donc dans la fameuse chambre 1408 du Dolphin Hotel à New York où une cinquantaine de personnes sont déjà soit mortes, soit devenues folles. Évidemment Gerald Olin (Samuel L. Jackson, très convaincant) tente de le mettre en garde, mais Mike est un sceptique...

La chambre est hantée. Très hantée, en fait, puisque jamais personne n'y a tenu plus d'une heure. Notre héros est rapidement plongé dans un cauchemar indicible et va devoir lutter pour survivre. L'oeuvre repose sur un horreur essentiellement psychologique, avec un abus évident de dislocation narrative (retour dans le temps, éveils en cascade, flash-backs montés en cut). C'est efficace et direct, même si à la fin du métrage on commence à avoir saisi le fonctionnement de la chose et à s'ennuyer un peu. Quand on regarde le matériel de base (une très courte nouvelle, et pas des meilleurs) on ne peut cependant qu'être admiratif. Enfin, ça fait du quoi à patienter en adaptant que The Mist de Frank Darabont sorte...

mardi 18 septembre 2007

Tomie: Another Face de Toshirô Inomata

Tomie: Another Face (Tomie: anaza feisu) est un film japonais de Toshirô Inomata sorti en 1999. Il est interprété par Runa Nagai, Akira Hirai, Chie Tanaka, Mitsuaki Kaneko, Eriko Odaira et Mayumi Yoshida.



Biens que moins givré que Uzumaki, Tomie est le manga le plus célèbres de de Junji Ito. Il a donné naissance à de nombreux films dont Tomie: Another Face. Ce second volet de la saga est réalisé directement pour le marché vidéo. Il s'agit en fait de trois histoires courtes mettant toutes en scènes Tomie. Leur seul lien est la présence discrète de l'homme avec un bandeau sur l'œil, ancien amoureux de créature consacrant désormais sa vie à contrecarrer ses plans.

Tomie est le nom d'une jeune fille à la beauté irréelle. Tout les hommes qui la côtoient tombent amoureux d'elle jusqu'à s'entretuer ou a l'exécuter, soit par jalousie et désir de possession, soit par compréhension de l'effet catastrophique qu'a son existence. Même si elle est la femme fatale ultime, au sens littéral du terme, Tomie est toujours présentée comme timide, discrète et prude. En fait la saga se distingue par sa pudeur puisqu'on ne voit jamais Tomie nue, ou même légèrement dévêtue. Cette pudeur contraste avec l'extrême violence des meurtres que subit la femme démon. Car Tomie est un être intrinsèquement maléfique, vivant éternellement pour nuire aux hommes et se faire massacrer par eux. Là où elle apparaît, la folie se fraye un chemin jusqu'à un déchaînement de haine se terminant immanquablement par son assassinat et son démembrement. Chaque morceau engendre alors une nouvelle Tomie.

Ici la réalisation est sommaire et le scénario simple. Tomie est toujours aussi belle et les ellipses du film la rendent dur à cerner. L'homme avec un bandeau sur l'œil erre à l'arrière plan, perdu face à la puissance de son gibier. Il est le seul personnage récurant dans la saga après Tomie mais fait l'effet d'un amateur. Éternellement en échec il n'abandonne jamais, mettant l'assiduité d'un amoureux dans sa tache de destruction.

Moins stéréotypé que les autres volets, Tomie: Another Face est une bonne surprise relativement à sa faible ambition (c'est du v-cinéma, ne l'oublions pas). Les adulateurs de la saga apprécieront donc.

Hiruko the Goblin de Shinya Tsukamoto

Hiruko the Goblin (Yôkai hantâ: Hiruko) est un film japonais réalisé par Shinya Tsukamoto et sorti en 1991. Il est interprété par Kenji Sawada, Bang-ho Cho, Masaki Kudou, Megumi Ueno, Hideo Murotaet Naoto Takenaka.



Shinya Tsukamoto aimes expérimenter. Dès le départ Tetsuo était bourré d'effets en stop-motion, de trouvailles visuelles et d'idées étranges. Par goût du défi il décide, après le succès underground de Tetsuo, de s'attaquer à l'adaptation du manga Yôkai Hantâ - Kairyûmatsuri no Yoru de Daijiro Moroboshi, une oeuvre de commande pour le studio Shochiku. Même s'il a carte blanche il s'agit de faire un film commercial. Ne vous attendez donc pas à une approche déviante à la Vital ou Tokyo Fist.

Dans un lycée sont libérés accidentellement de esprits maléfiques arachnéen. Devant le danger Takashi Yabe, professeur dans l'établissement, appelles à la rescousse son ami Reijirô Hieda, un archéologue marginal rejeté pour ses croyances en l'existence des démons. Hieda accoures donc avec un équipement étrange, mais à son arrivé Yabe à disparu sans laisser de traces.

Avec des effets spéciaux déments (il faut voir les araignées inspirées de The Thing dont le corps est une tête tranchée), des éclairages très travaillées et une photographie aux couleurs soigneusement étudiées le film est vraiment beau, dans le genre poésie du macabre. Notre héros se promènes avec ses gadgets bizarres dans un environnement très hostiles et tentes maladroitement de limiter les dégâts.

On est cependant en-deçà de l'originalité et de la maîtrise des autres œuvres du réalisateur. Les contraintes se sentent et l'impossibilité d'explorer des voies tordues empêchent Tsukamoto de donner libre cours à son talent. Pour un film de commande c'est réussi mais la folie ne transparaît que par moments. Hiruko the Goblin reste un excellent film d'horreur, mais ce n'est pas tout à fait un Tsukamoto.

Tomie de Ataru Oikawa

Tomie est un film japonais réalisé par Ataru Oikawa en 1999 à partir d'un manga de Junji Ito. Il est interprété par Miho Kanno, Mami Nakamura, Yoriko Douguchi, Tomorowo Taguchi et Kouta Kusano.



Il y a un certain cinéma japonais basé sur la dislocation mentale. Des oeuvres où tout les protagonistes deviennent fou ou schizophrénie progressivement mais sans qu'on suive précisément le cheminement de leur esprit. Cela peut déboucher sur des suicides (Suicide Club, Suicide Manual), sur des meurtres (Cure) ou sur l'implosion de la société (Charisma, Kairo, Uzumaki). Dans tout les cas la narration est lente, le silence sert de dialogues et la réalisation est truffée d'ellipses psychologiques, c'est-à-dire que les héros peuvent passer d'un état mental à un autre de manière discontinue.

Tomie s'inscrit indirectement dans cette veine. Mais contrairement aux oeuvres de Kiyoshi Kurosawa et de Sono Sion, qui cachent sous leur apparence de film de suicide ou de fantômes un contenu avant tout sociologique et analytique, le métrage d'Ataru Oikawa est véritablement horrifique. La folie est exploitée pour la peur qu'elle suscite et non pour les problèmes qu'elle révèle métaphoriquement.

Au début Tomie n'est qu'une tête trachée dans un sac plastique. Mais bichonnée par un asocial avec un bandeau sur l'œil, vivant reclus dans son appartement et la nourrissant à la petite cuillère, elle reprend petit à petit forme humaine. Et quelle forme, puisque Tomie est d'une beauté à rendre fou tout les hommes. Beauté qu'elle exploite pour qu'ils lui passent tout ses caprices. Sa voisine Tsukiko Izumisawa, amnésique, rencontre rapidement Tomie. Des souvenirs resurgissent alors...

Dès le première opus de cette longue saga (sept films) nous découvrons les trois pouvoirs de Tomie : sa capacité à renaître de chacun de ses morceaux, son pouvoir destructeur sur l'esprit des hommes et la manière dont elle peut utiliser l'amitié des femmes pour proliférer. Car si les demoiselles ne perdent pas la tête face à son corps elle ne sont pas à l'abri pour autant de sa nature maléfique.

Petit monument d'horreur et de folie avec sa séductrice prude et se meurtres violents, Tomie mérite sa réputation et le nombre incalculable de ses suites. Avec Audition et Ring 0, Tomie vous convaincra que les femmes discrètes, effacées et timides c'est ce qu'il existe de plus dangereux sur terre après les petites filles aux cheveux sales.

dimanche 16 septembre 2007

Tomie: Rebirth de Takashi Shimizu

Tomie: Rebirth est un film japonais sorti en 2001. C'est le quatrième volet de la saga Tomie. Il est réalisé par Takashi Shimizu et interprété par Miki Sakai, Satoshi Tsumabuki, Kumiko Endou, Masaya Kikawada, Shûgo Oshinari et Yuri Hachisu.



Takashi Shimizu est connu pour avoir réalisé six fois le même film. Entre les deux Ju-On: The Curse pour la télévision qui se ressemblaient déjà énormément, leurs remakes respectifs pour le cinéma (Ju-On: The Grudge 1 et 2) et enfin leur réinterprétation américaine (The Grudge 1 et 2) il pourrait candidater au Guiness book. Sans oublier que tout ces films sont des versions allongées des deux courts métrages qu'il avait réalisé pour l'anthologie Gakkou no kaidan G, à savoir Katasumi et 4444444444. Evidemment cela détient et quand on lui confie le personnage de Tomie, inventé par Junji Ito dans un brillant manga horrifique et porté a l'écran par Ataru Oikawa puis Toshirô Inomata et enfin Tomijiro Mitsuishi, il ne peut pas s'empêcher de faire de la femme démon au pouvoir de séduction illimité une sorte de Kayako Saeki. Tomie tue désormais par la peur qu'elle impose et plus simplement par la folie qu'elle engendre chez les hommes.

Tout commence pourtant normalement (pour un Tomie) : un artiste est occupé à peindre sa petite amie, Tomie (Miki Sakai). Cette dernière critique son travail et se fait donc sauvagement assassiner par son amoureux. Deux amis vont aider le peintre à enterrer le corps mais cela ne les mettra pas à l'abri de la malédiction. Tomie va reparaître et susciter suicide et mort. C'est d'abord l'artiste qui mettra fin à ses jours en voyant resurgire sa dulcinée, avant que la démone au visage d'ange ne se fasse exécuter une seconde fois...

Tomie est éternelle et nul ne peut la fréquenter sans conserver sa santé d'esprit ou sa vie. L'idée est toujours la même mais la saga ne s'essouffle pas. Le personnage est traité ici sous un angle beaucoup plus proche du film de fantôme à la Ring et curieusement ça lui va très bien. Les images sont belles, les éclairages soignées et tout les plans sont cadrés avec précision. C'est bien réalisé, un peu trop clinique et précis dans les effets mais diablement efficace. Un volet plus qu'honnête dans une longue et jeune saga (7 films en 6 ans).

Cube de Vincenzo Natali

Cube est un film fantastique canadien réalisé par Vincenzo Natali en 1997. Il est interprété par Nicole de Boer, Nicky Guadagni, David Hewlett, Andrew Miller, Julian Richings, Wayne Robson et Maurice Dean Wint



Sept étrangers se réveillent dans divers pièces cubiques d'un labyrinthe tridimensionnel géant truffé de pièges mortels. Ils ne se connaissent pas, ne savent pas pourquoi ils sont là et surtout ignorent comment sortir.

Tourné dans un décors minuscule (une unique pièce repeinte de différente couleurs), basé sur la paranoïa, la claustrophobie et la suspicion, le film de Vincenzo Natali est une pure réussite. Pas une grande oeuvre éclairant le cinéma d'un apport nouveau, mais un métrage efficace, innovant et simple. L'origine du cube n'est expliqué que par une pirouette kafkaïenne. Il n'y a pas de méchant sadique jouant avec des cobayes humains et se faisant tuer à la fin ou de leçon de morale sur l'inhumanité des militaires ou des scientifiques. Rien n'est expliqué. Tout est laissé dans le flou à l'exception de l'errance de nos héros.

La manière de progresser, petit pas à petit pas, en projetant des chaussures, est inspirée de Stalker mais, là où le film d'Andrei Tarkovsky reposait sur le non-dit, nous avons le droit à des effets sanglants. Il faut le reconnaître, les pièges sont impressionnants. Ainsi un homme est coupé en carrés par un grillage projeté à grande vitesse, scène à la Tex Avery reproduite plus tard et à l'identique dans Resident Evil, Azumi: Death or Love et Destination Finale 2.

Si je devais faire un reproche à l'ensemble je dirais que c'est la facette mathématique du film qui est ridicule. Il est hilarant d'entendre une étudiante universitaire en mathématiques dire qu'il est impossible sans ordinateur de décomposer en facteurs premiers un nombre à 3 chiffres. Surtout qu'il ne s'agit pas d'avoir sa décomposition complète mais juste de voir si le nombre en question est premier ou une puissance d'un nombre premier. Heureusement qu'il y a un autiste qui est capable de faire le travail (les autiste surdoués en calcul ça existe, mais là un autiste ordinaire devrait faire l'affaire).

Si on oublie l'absence de cohérence scientifique dans les propos tenus par les protagonistes c'est du tout bon. Le culte qui s'est formé autour de Cube est là pour une raison.

samedi 15 septembre 2007

Soupçons de mort de Lucio Fulci

Soupçons de mort (Quando Alice ruppe lo specchio, ou encore Touch of Death) est un film d'horreur italien réalisé par Lucio Fulci. Il est interprété par Brett Halsey, Ria De Simone, Al Cliver, Sacha Darwin et Zora Kerova.



En 1988 Lucio Fulci a le meilleur de sa carrière derrière lui. Fini le temps de Frayeurs et de La maison près du cimetière, le réalisateur italien ayant réussi l'exploit de faire reposer entièrement ses films d'horreur sur la beauté morbide de leurs images est désormais dans une impasse. Le giallo est un genre en déclin et c'est une sorte d'hommage macabre qu'il lui rend à travers Soupçons de mort dont la traduction littérale du titre serait en fait Quand Alice brise le miroir.

Lester Parson est un célibataire endurci, mentalement instable et accro aux courses de chevaux. Il maintient son train de vie en séduisant de riches femmes seuls et en les tuant. Notre Landru moderne ne travaille pas que pour l'argent mais aussi par sadisme et prétention artistique. Ses victimes sont riches mais également difformes et lui servent d'encas ou de pâtée pour ses bêtes. Seulement, à force de laisser sa part obscure agir, la schizophrénie l'emportera et un double démoniaque fera son apparition...

Avec son rythme étrange et ses scènes de meurtres atroces et souvent traitées d'un point de vue comique ou grotesque le film fait figure d'OVNI. La manière qu'à Lester de traiter ses victimes est bien plus crue, dégoûtante et glauque que les habitudes de L'éventreur de New York, mais la distance prise par rapport à son comportement et le décalage narratif font passer tout cela pour une tranche d'humour très grinçant. Bien que tourné en 16 millimètre la photographie du métrage est maîtrisée. Les amputations, les meurtres et les diverses exécutions sont au niveau de la réputation de Fulci. Ne vous attendez cependant pas à la ténébreuse beauté de L'au-delà : ici le sang est sale et la violence, bien qu'exagérée, est cruellement réaliste et crasseuse. Il n'y a pas de brume éthérée, d'éclairages sophistiqués et de panoramiques vertigineux, simplement un tueur fou et son quotidien sordide avec usage de tronçonneuse, de club de golf et de hachoir à viande.

Soupçons de mort est une réalisation mineure de Lucio Fulci mais elle est suffisamment dérangée et inclassable pour convaincre.

vendredi 14 septembre 2007

Cube Zéro de Ernie Barbarash

Cube Zéro est un film canadien réalisé par Ernie Barbarash en 2004. Il est interprété par Zachary Bennett, David Huband, Stephanie Moore, Martin Roach, Terri Hawkes et Richard McMillan.



Après Cube et Hypercube (Cube 2) voilà une préquelle : Cube Zéro. L'histoire est la même que dans le premier opus puisqu'on suit une bande d'individus ne se connaissant mutuellement pas et s'éveillant dans une prison labyrinthique truffée de pièges. Mais cette fois le point de vue change...

Le film contient quelques bonnes trouvailles, comme l'idée que le cube soit monitoré et que les gardiens soient eux-mêmes des sujets d'expérience ne sachant pas ce qui se passe car victimes de désinformation. Pour eux le cube est juste une expérience scientifique utilisant des prisonniers ayant chois consciemment cette option à la place de la peine de mort. De même le coté kafkaïen de la fabrication du cube n'est pas détruit comme c'était le cas dans l'horrible second volet où il devenait un machin commandé par de vilains militaires. Car la principale qualité de Cube, et donc de Cube Zéro, c'est que le cube soit là sans que personne ne soit responsable de l'ensemble ni même ait connaissance de son existence. Il y a une foule de responsables partiels : le fabriquant de la coque, les divers inventeurs de pièges, le mathématicien ayant proposé les énigmes, mais pas vraiment de grand méchant sadique jouant avec son labyrinthe pour cobayes humains. Plutôt des tas de fonctionnaires faisant leur travail sans savoir à quoi il correspond. C'est un cube sorti d'une succession d'erreurs administratives (oui, j'aime Kafka). Un type a signé le projet sans rien y comprendre, d'autres ont fait des morceaux, les gardiens sont eux-mêmes des sujets d'expérience et personne ne sait à quoi ça sert.

Les défauts sont par contre nombreux. Outre une réalisation plate dont les plus beaux plans sont pompés sur le premier opus, on peut noter des tas de technologies ahurissants, alors que le premier cube était presque réalisable. On ne sais pas lire les rêves ni contrôler un homme avec un processeur dans son cerveau. Changement radical d'angle, puisqu'on passe d'une machine pouvant exister à un bidule de science-fiction avec toutes les approximations éhontées que ça entraîne.

Le pire défaut réside dans la fin. Que ceux ne voulant pas de spoilers sautent ce paragraphe. Pour les autres sachez qu'il y a une happy-end consternante. Que l'héroïne réussisse son évasion est déjà dur à avaler, une frêle femme épuisée par des heures dans le cube échappant si facilement à un bataillon de militaires surarmés étant absolument abracadabrantesque. Mais qu'en plus elle puisse récupérer sa fille (où la trouve-t-elle ?) tient carrément du miracle.

Un volet correct, comprenant son lot de pièges gores et de d'angoisse mais n'apportant pas grand chose à un édifice dont seul la première pierre mérite le déplacement. On est quand même rassuré après la douche froide d'Hypercube.

Hypercube de Andrzej Sekula

Cube 2: Hypercube est un film canadien de science-fiction réalisé par Andrzej Sekula en 2002. Il est interprété par Kari Matchett, Geraint Wyn Davies, Grace Lynn Kung, Matthew Ferguson, Neil Crone et Barbara Gordon.



En 1997, au Canada, Vincenzo Natali réalise avec des bouts de ficelle, une unique pièce et quelques acteurs un petit bijou d'horreur kafkaïenne : Cube. Des hommes bloqués sans qu'on sache pourquoi dans un labyrinthe géant tridimensionnel cherchent désespérément une sortie en évitant des pièges pervers. Le scénario d'André Bijelic, Graeme Manson et Vincenzo Natali est simple et le huis-clos fonctionne. Une suite est donc mise en chantier : Hypercube (ou Cube 2).

Comme dans le premier film nous suivons des prisonniers amnésiques piégés dans un enchevêtrement de pièges. L'obscurité fait cependant place à une lumière crue et les piéges deviennent des abstractions lisses en images de synthèse. Mais la principale nouveauté réside dans la transformation du cube en un hypercube.

Mathématiquement l'hypercube est une généralisation du cube en dimension n. Un cube est un hypercube tridimensionnel et un carré est un hypercube bidimensionnel. Là nous sommes sensés être face à un tesseract, nom donné par Charles Howard Hinton à l'hypercube quadridimensionnel. Simplement le réalisateur n'a pas révisé ses mathématiques élémentaires et ignore que si on pave l'espace 4D de tesseracts aucune pièce n'est jamais adjacente à elle-même. Il est donc impossible qu'une porte puisse donner d'une cellule dans elle-même. En faite toutes les explications scientifiques du film sont aberrantes et bâclées. Là où un flou artistique complet aurait été adroit le scénariste cache son aversion pour les mathématiques derrière des mots compliqués et vides de sens. L'élève en maternel laissera passer, mais pour les autres ça marque mal.

Si le massacre s'arrêtait là le film serait encore acceptable, mais le cube devient une bête expérience militaire, brisant tout le mystère élaboré autour de ses origines. Seule une photographie élégante, abusant avec adresse d'un blanc clinique saturé, sauve l'œuvre de la catastrophe. A moins que vous ne soyez mordu de la franchise, évitez ce volet.

Détesté par les fans du premier opus et décrié par la critique, le film a cependant suffisamment marché pour entraîner la réalisation d'une préquelle : Cube Zero.

lundi 10 septembre 2007

Looking For Mr. Perfect de Ringo Lam

Ringo Lam s'est illustré dans les années quatre-vingt dix avec des films d'actions survoltés comme Full Contact (rien a voir avec le machin où joue Jean-Claude Van Damme) et Le temple du Lotus Rouge. Il est encore très actif puisqu'en 2003, à Hong Kong, un des gros succès de l'année fut sa comédie romantique d'espionnage : Looking For Mr. Perfect. Ecrit par Mike Cassey, ce film est interprété par Qi Shu, Simon Yam, Andy On, Yat Ning Chan, David Wu, Suet Lam et Shiu Hung Hui.



Grace, une femme policier hongkongaise, recherche l'homme de sa vie, qui doit bien entendu être parfait. En fait elle a deux prétendent en concurrence très ouverte qui passent leur vie à s'affronter. Même si elle ne fait rien pour renvoyer ces deux hommes, au fond d'elle, Grace rêve d'un prince charmant en costume blanc. Elle croisera justement Alex, un homme ressemblant exactement à celui de ses songes lors d'un voyage en Malaisie, mais sans se douter qu'il s'agit d'un espion mercenaire en mission sous une fausse identité. Alex de son coté la prendra pour une cliente intéressée par l'achat d'un missile nucléaire dérobé, affaire qu'il doit justement démêler. Il tentera alors de l'espionner.

D'une légèreté inhabituelle pour une comédie d'action, Looking For Mr. Perfect surprend par son originalité et par sa qualité. Les quiproquos alambiqués succèdent à des scènes d'action comiques très biens pensées. Il faut aussi voir le méchant de service, qui claque toujours des doigts pour donner des ordres à ses sbires ce qui entraîne un codes très complexe et une incompréhension complète. De même sa manière d'alterner figures de kung-fu et pas de claquette est d'un surréalisme rafraîchissant.

Ringo Lam n'excelle pas que dans les scènes d'action est l'ensemble est hilarant. L'absence de gags bas du plafond rendent même l'œuvre accessible a ceux n'ayant pas l'habitude des comédies hongkongaises. Le film constitue donc une bonne initiation à l'humour asiatique, avant de se tourner vers du Stephen Chow ou du Jeffrey Lau.

Dreamscape de Joseph Ruben

Dreamscape est un film américain réalisé par Joseph Ruben en 1984 sur un scénario de David Loughery et Chuck Russell. Il est interprété par Dennis Quaid, Max Von Sydow, Christopher Plummer, Eddie Albert et Kate Capshaw.



Joseph Ruben, réalisateur du calamiteux Mémoire effacée, n'a pas toujours tenté de camoufler sous des révélations vaguement inspirée des X-files l'indigence de ses scénarios. Dans les années 80 il réalise Le Beau-père (dont un remake est en production) et Dreamscape, un film de science-fiction avec une histoire de télépathie, de pouvoirs mentaux et d'assassinats.

Un projet gouvernemental se charge de former des parapsychologues capables d'entrer dans les rêves des autres a fin de pouvoir diagnostiquer certains troubles du sommeil et les guérir. Un jour le président des États-Unis est admis comme patient. Bien entendu certains vont profiter du sommeil de l'homme le plus puissant du monde pour tenter de l'assassiner et notre héros Alex Gardner (Dennis Quaid), aidé par Jane DeVries (Kate Capshaw) va devoir le sauver.

Même s'il s'agit d'un film exploitant le succès de Scanners de David Cronenberg ne vous attendez pas pour autant au même degré d'intensité (et a voir une tête exploser). Ici, comme dans Les Griffes de la nuit, mourir dans un rêve fait mourir en vrai, mais cela très proprement. L'exploration du subconscient est cependant bourrée de dangers car dans les cauchemars tout peut arriver...

Avec son intrigue bien ficelée, ses acteurs brillants (Christopher Plummer et Dennis Quaid sont trop rarement en tête d'affiche) et ses scènes oniriques emplies d'effets spéciaux, Dreamscape satisfera le cinéphage en manque de science-fiction. A sa sortie l'accueil fut excellent et l'œuvre fit même l'objet d'une Nomination au Grand Prix, lors du Festival international du film fantastique d'Avoriaz en 1985 avant de se faire griller par Terminator de James Cameron (ce qui se comprend aisément). Musique, effets spéciaux, originalité de l'histoire et manière de s'habiller ont certes vieilli mais pas suffisamment pour vous dispenser de le voir.

dimanche 9 septembre 2007

The Legend of Zu de Tsui Hark

The Legend of Zu (Shu shan zheng zhuan) est un film hongkongais de Tsui Hark sorti en août 2001. Il est interprété par Ekin Cheng, Cecilia Cheung, Louis Koo, Patrick Tam, Kelly Lin et Ziyi Zhang.



En 1983 Tsui Hark réalise un film devenu culte : Zu, les guerriers de la montagne magique. Avec ses effets spéciaux généreux et imaginatifs il compiles une quantité astronomique d'ingrédients fantastiques et traditionnel asiatique : épées enchantées, magiciens, démons, monstres et kung-fu. L'humour est omniprésent mais le film fait mouche grâce à la sincérité de l'histoire et la virtuosité de la mise en scène.

The Legend of Zu est une suite indirecte à Zu, les guerriers de la montagne magique. Le traitement est plus sérieux et plus mystiques, l'intrigue atteignant des sommets d'opacité. Xuan et Dan, deux guerriers légendaires se battent ensemble contre une force maléfique. Mais au moment où ils allaient réussir à l'éliminer une goûte de sang du démon s'échappe et fusionne avec Zu, la montagne sacrée. Dès lors des héros vont se succéder dans la montagne pour vaincre la chose...

Avec son absence total d'explication, ses héros divins ayant vécu plusieurs siècles et maîtrisant des forces incompréhensible et son démon corrupteur aux objectifs inconnus, The Legend of Zu est très dur à saisir. Le film est beau, très beau. Trop beau en fait puisque rien ne vient cacher la perfection absolue des effets spéciaux numériques. Ici pas de tentative ridicule pour rendre réaliste les lumières surnaturelles et les effets de particules magique ! Les sorts et les armes sont irréelles et éblouissent le spectateur dans un feu d'artifice abstrait. La musique de Ricky Ho renforce l'impression d'altérité qui se dégage du film pendant qu'on prend conscience que l'épopée est destiné à un public extra-terrestre, elfique ou d'une autre dimension.

The Legend of Zu est un de ces films absolus qui vous plongent directement dans un bain totalement autre, aussi bien au niveau des images, de la thématique, des personnages et de l'ambiance.

The Woods de Lucky McKee

The Woods est un film américain de Lucky McKee basé sur un scénario de David Ross. Il est interprété par Agnes Bruckner, Patricia Clarkson, Rachel Nichols, Lauren Birkell, Emma Campbell et Marcia Bennett



Lucky McKee a acquis une place unique dans le cœur des amateurs de cinéma d'épouvante ou fantastique avec un unique film : May. Il était donc attendu au tournant pour The Woods, son second long-métrage. Ici il est question d'un lycée privé pour jeune fille extrêmement sélectif et dirigé d'une main de fer par une ancienne élève issue de l'établissement même. L'internat est entouré d'une forêt épaisse au passé lourd et donnant son titre à l'œuvre. Pour la petite anecdote M. Night Shyamalan à renommé en 2004 son The Woods en The Village pour éviter une confusion entre les deux films... Précaution inutile puisque finalement The Woods sort en 2006, après deux années de galère.

Heather une adolescente en perpétuelle dispute avec sa mère se retrouve inscrite de force dans l'établissement. Son intégration sera difficile entre les brimades de ses camarades et son refus de l'autorité des professeurs. Mais Heather va vite remarquer qu'elle est dotée de pouvoirs étranges et que son inscription n'est certainement pas due au hasard. D'autant plus que les disparitions vont se multiplier.

L'œuvre ne renie pas sa parenté avec Suspiria : un internat tenu par des sorcières pour un casting exclusivement féminin. Esthétiquement on s'éloigne du bijou de Dario Argento mais la photographie de John R. Leonetti est élégante associée à des décors somptueux. La peur s'insuffle progressivement sans qu'on en connaisse exactement la source, mais l'intrigue est prévisible et les personnages ont une psychologie moins travaillée que dans May. Ajoutez à cela une fin brouillonne et plusieurs hésitations dans la direction de l'intrigue et vous aurez un résultat décevant.

Même s'il faut lui reconnaître une excellent interprétation, quelques vrais moments de peur et de très belles images, The Woods manque de substance. On est loin de ce qu'on pouvait espérer du réalisateur de May et seul les amateurs du genre y trouveront leur compte. Les autres se tourneront vers la saga des Whispering Corridors ou préféreront revoir Suspiria une fois de plus.