mercredi 10 octobre 2007

Bleach: Memories of Nobody de Noriyuki Abe

Bleach: Memories of Nobody (Gekijouban Bleach) est un film d'animation japonais réalisé par Noriyuki Abe et écrit par Masashi Sogo. Il s'agit de la première adaptation cinématographique du manga Bleach, déjà traité en anime pour la télévision sous forme d'une série (de plus de 120 épisodes à l'heure actuelle). Sorti en 2006, il est doublé par Masakazu Morita, Fumiko Orikasa, Kentaro Ito, Ryotaro Okiayu, Romi Paku et Shinichiro Miki.



Adapter pour le grand écran une anime comme Bleach, c'est-à-dire essentiellement centrée sur des combats, est toujours délicat. D'abord Bleach repose essentiellement sur la surenchère : la puissance des personnages croit exponentiellement et les méchants sont systématiquement invulnérables, ce qui n'empêche paradoxalement pas le héros de les charcuter avec panache. Comment retranscrire cela au cinéma quand on n'a qu'une heure et demi pour introduire de nouveaux ennemis, nous prouver qu'ils sont vraiment costaux et enfin les faire mourir ? Ensuite la série animée originale nous présente une multitude de personnages secondaires, tous charismatiques et donc que les fans désirent voir. Il y a 13 capitaines shinigami à caser, plusieurs lieutenants très populaires et une bande d'amis tournant autour du héros.

L'histoire ne doit pas modifier la trame principale du récit et se situe donc à un moment d'accalmie entre deux parties d'un récit gagnant progressivement en ampleur épique. Ichigo, un adolescent aux cheveux oranges, est shinigami à temps partiel, il chasse à ses heures perdus les hollows, des âmes esseulées devenues des monstres. Il s'occupe également d'accompagner au paradis les âmes pures. Un jour il croise Senna, une autre shinigami. Mais Senna ne se souvient pas de son identité et est très convoitée par une bandes de bad-guy voulant anéantir la terre et le monde spirituel en les faisant entrer en collision. Il va donc falloir la libérer pour sauver le monde.

L'animation est loin de s'approcher de la qualité de productions luxueuses à la Ghost in the Shell ou Akira mais est cependant acceptable. Les personnages tirés de la série animée gardent leur look, donc le chara-design est irréprochable de ce coté là. Rien à redire non plus sur l'apparence de Senna et des nouveaux méchants. Seulement l'ensemble est un peu vain. On sait qu'à la fin tout sera exactement comme au début, donc qu'aucun des nouveaux protagonistes ne va survivre et que le monde sera sauvé. Rien de bien excitant, donc, pour une production dispensable même aux yeux des adulateurs d'Ichigo. Restent quelques jolies scènes et l'excellent musique de Shiro Sagisu...

Blame! de Shintaro Inokawa

Blame! (Buramu!) est une série de sept OAV (Original Video Animation, dessins animés produits pour le marché vidéo) japonais adapté du manga homonyme cyberpunk en dix volumes de Tsutomu Nihei. Réalisé par Shintaro Inokawa pour le studio Group TAC, ces courts métrages de cinq minutes sont sortis en 2003. Il sont doublé par Asuka Aizawa et Tatsunori Arakawa.



Blame! est un dessin animé extrêmement soigné et d'une beauté froide et sombre. Le premier épisode est un panoramique magistral et impressionnant d'une charpente tentaculaire et vide : la Megastructure. Par la suite on voit quelques humains se promener et rencontrer des "silicates", d'étranges créatures à l'apparence humaine. Le chara-design est signé Akio Watanabe pour les deux premiers épisodes, et Nobuaki Nagano pour les épisodes 3 à 6. Dans tout les cas il est excellent. Au début on ne comprend rien, puis on apprend que les protagonistes recherchent un terminal génétique pour se connecter à la résosphère. L'objectif semble être de stopper le développement anarchique de la citée, sans cesse agrandie par des bâtisseurs hors de contrôle et invisibles. Car dans la métropole gigantesque il n'y a presque personne. C'est toujours abstrait mais la musique de Masayoshi Okawa et les couleurs de Yoko Saito sont tellement travaillés qu'on se laisse emporter par le flux des images.

Le septième épisode n'est qu'une compilation de scènes des épisodes précédents. C'est seulement là qu'on réalise qu'on à absolument rien saisi mais que c'est quand même excellent. Une preuve que la compréhension peut être secondaire quand l'ambiance et les images prennent le dessus.

En résumé Blame! est une simple succession de scènes piquées au hasard dans un manga pourtant déjà réputé complexe. Chaque fragment, un .log (référence informatique), est déconnecté des autres. L'ensemble est cependant hypnotique et foisonne de trouvailles... Amateurs d'originalité, foncez tête baissé !

mardi 9 octobre 2007

Uzumaki de Higuchinsky

Uzumaki est un film japonais réalisé par Higuchinsky en 2000. Il est interprété par Eriko Hatsune, Fhi Fan, Hinako Saeki, Eun-Kyung Shin, Keiko Takahashi et Ren Osugi.



Junji Ito s'est imposé au Japon comme un mangaka majeur. Principal auteur à avoir réussi à écrire des bandes dessinés horrifiques qui fonctionnent réellement on lui doit le personnage de Tomie, connu des amateurs de cinéma. En effet les trois volumes du manga de base ont donné naissance à pas moins de sept films. Mais Junji Ito ne se résume pas à cette irrésistible femme démon. On lui doit aussi des oeuvres comme Gyo, Hallucinations et enfin Uzumaki.

Adapter Uzumaki au cinéma semblait impossible : sans trame principale le manga traite d'un village où une obsession pour les spirales (Uzumaki en japonais) pousse tout le monde dans la folie, le suicide et le meurtre. Au début chaque chapitre est indépendant, même si une certaine progression dans la folie la plus glauque se ressent, et puis, petit à petit, tout devient plus évident et la réalité s'effrite. Higuchinsky relève le défi et décide de jouer la carte de la fidélité absolue. Non seulement son film est une succession de scènes tirées du manga, mais en plus les graphismes et mêmes les angles de caméra sont inspirés du travail de Junji Ito. Il en résulte un long métrage déroutant et déstabilisant, commençant avec un homme fixant à l'infini la coquille d'un escargot et glissant progressivement dans un univers distordu où tout est spirale : l'herbe, les branches des arbres, les chevelures et finalement même les corps des victimes de la malédiction.

Radicalement novateur le film est un exercice de style osé et surprenant. Les couleurs sont plates, avec un vert dégueulasse qui baigne tout, et chaque plan est une véritable peinture horrifique composé de manière travaillée. Enfin la musique de Tetsuro Kashibuchi et Keiichi Suzuki est parfaitement adaptée. Pour un premier essai sur le grand écran Uzumaki est une réussite. Dommage que le second métrage de Higuchinsky, Tokyo 10+01, ne soit pas à la hauteur (enfin, il mérite quand même d'être vu).

1408 de Mikael Hafstrom

1408 est un film américain réalisé par Mikael Hafstrom en 2007 à partir d'une nouvelle de Stephen King. Il est interprété par John Cusack, Samuel L. Jackson, Jasmine Jessica Anthony et Mary McCormack.



Stephen King est une vrai manne pour Hollywood. Si on comptes les films tirés de ses oeuvres, les séries télévisée et les téléfilms on trouve un total de 100 titres depuis l'adaptation de Carrie par Brian De Palma en 1976. Dans cette interminable liste le tout juste passable côtoie l'excellent. Tout le monde connaît The Shining de Stanley Kubrick ou Misery de Rob Reiner mais qui se souvient de Cat's Eye de Lewis Teague ou de Sleepwalkers de Mick Garris ? La question est donc de savoir dans quelle catégorie entre 1408.

La nouvelle 1408 est dans Tout est fatal. En fait c'est sans doute l'histoire la plus simple qu'on puisse concevoir. Après avoir écrit 10 nuits dans 10 maisons hantées, 10 nuits dans 10 cimetières hantés et 10 nuits dans 10 châteaux hantés, Mike Enslin, un auteur cynique et incrédule, est en occupé à finaliser 10 nuits dans 10 chambres d'hôtels hantées. Il pénètre donc dans la fameuse chambre 1408 du Dolphin Hotel à New York où une cinquantaine de personnes sont déjà soit mortes, soit devenues folles. Évidemment Gerald Olin (Samuel L. Jackson, très convaincant) tente de le mettre en garde, mais Mike est un sceptique...

La chambre est hantée. Très hantée, en fait, puisque jamais personne n'y a tenu plus d'une heure. Notre héros est rapidement plongé dans un cauchemar indicible et va devoir lutter pour survivre. L'oeuvre repose sur un horreur essentiellement psychologique, avec un abus évident de dislocation narrative (retour dans le temps, éveils en cascade, flash-backs montés en cut). C'est efficace et direct, même si à la fin du métrage on commence à avoir saisi le fonctionnement de la chose et à s'ennuyer un peu. Quand on regarde le matériel de base (une très courte nouvelle, et pas des meilleurs) on ne peut cependant qu'être admiratif. Enfin, ça fait du quoi à patienter en adaptant que The Mist de Frank Darabont sorte...