jeudi 30 octobre 2008

Prémonition de Norio Tsuruta

Prémonition (Yogen en VO) est un film japonais réalisé par Norio Tsuruta en 2004. Il est interprété par Hiroshi Mikami, Noriko Sakai, Maki Horikita et Mayumi Ono.



Norio Tsuruta s'est illustré en réalisant Ring 0: Birthday (2000), volet hors du commun s'inscrivant dans une saga prestigieuse (Ring c'est quand même l'origine du renouveau de l'horreur nippone). Les cinéphiles déviants se souviennent aussi de Kakashi (2001), une histoire d'épouvantails esthétique dotée d'un scénario inattendu et novateur inspiré d'un manga de Junji Ito. Le voir à la tête d'une nouvelle adaptation de manga, celle de Newspaper of Terror (Kyoufu Shinbun en VO) de Jiro Tsunoda, publié en 1973, est donc très rassurant.

En voiture, de retour de vacances avec sa femme, Ayaka, et sa fille, Nana, Hideki, un professeur d'université, s'arête pour pouvoir uploader un fichier depuis son PC portable. Pendant qu'il attend dans un cabine téléphonique, il tombe sur un article de journal signalant la mort d'une fillette dans un accident. Le problème c'est qu'il s'agit de sa fille et que la date et l'heure correspondent à l'instant présent. A peine Hideki a-t-il réalisé cela qu'un camion heurte de plein fouet sa voiture, garée non loin. Trois années plus tard il est séparé de sa femme et essaye d'oublier cette histoire pendant que cette dernière veux le croire et mène une enquête sur les journaux de la terreur, ces fameux articles venus du futur que peuvent parfois percevoir certains.

Montage millimétrique, absence de musique, ambiance oppressantes, effets calculés mais éculés : Yogen ressemble au premier abord à n'importe quel yurei eiga de bonne facture. Mais, sous ses apparences superficielles, se cache un petit bijou d'originalité. L'histoire s'écarte petit à petit de la traditionnelle enquête propre au genre pour partir dans des divagations surréalistes sur le sens de la destiné, pendant que divers éléments se mettent en place pour introduire une conclusion virtuose et écrasante de logique.

Enfin, malgré la mode des remakes, Prémonition, n'a rien a voir avec le consternant film américain du même nom, mettant en vedette Sandra Bullock. Même si le titre est identique et qu'il s'agit dans les deux cas de l'histoire d'un couple et de leur fille unique brisés par un accident de voiture.

La Fureur dans le Sang (Saison 4)

La Fureur dans le sang (Wire in the Blood) est toujours une série télévisée britannique. Diffusée en 2006, cette quatrième saison est interprétée par Robson Green, Simone Lahbib, Mark Letheren et Alan Stocks.



La grande nouveauté de la saison, c'est qu'Hermione Norris abandonne son personnage de Carol Jordan au profil de Simone Lahbib (qui interprète une Alex Fielding ressemblant tout de même beaucoup à Carol). La Remplaçante (Time to Murder and Create), épisode relativement faible, est donc essentiellement un prétexte pour introduire cette nouvelle Alex Fielding, réticente à faire appel aux conseils de Tony Hill.

Le Mur du silence (Torment), second épisode de cette quatrième saison, est directement inspiré d'un roman de Val McDermid. Brillant dans son intrigue, quoi qu'improbable, il présente une série de meurtres ressemblant étrangement à ceux commis par un ancien tueur, désormais enfermé en asile psychiatrique. Même si la culpabilité du premier tueur ne peut pas être remise en cause, il est évident pour Tony Hill que c'est le même assassin qui sévit à nouveau. Comment résoudre un tel paradoxe ?

Les Âmes perdues (Hole in the Heart) traîne Tony Hill dans une complexe histoire de meurtres accompagnés de suicides. Avec ses confréries secrètes, sa franc-maçonnerie et ses références religieuses, il ravira les amateurs d'Umberto Eco et de Gabriel Knight : Énigme en Pays Cathare (j'aurais pu citer Da Vinci Code, mais c'est vulgaire).

Enfin, Retrouvailles fatales (The Wounded Surgeon) clôt cette quatrième saison avec une aventure particulièrement éprouvante pour Tony : son premier patient, a qui il avait arraché des aveux des années plus tôt, est remis en liberté et l'attaque en justice, prétextant que ses aveux ont étés extorqués. Soutenu par un psychologue, il arrive à faire douter le docteur Hill du bien-fondé de toute sa carrière... Sa confiance en lui s'effrite en même temps que ses mots de tête le reprennent. Sa tumeur est-elle de retour ?

Effet de mode obligeant, la réalisation se modernise, abusant parfois de montage à base de cut, pendant que la photographie devient plus artificielle, avec des traitements numériques pour ternir les couleurs ou accentuer certaines lumières. On est toujours loin des effets clipesques de Les Experts : Manhattan, mais le côté britannique de l'ensemble s'estompe un peu.

Même si le niveau baisse légèrement comparé aux trois premières saisons, la série souffrant du départ soudain de Carol Jordan et la personnalité de Tony Hill n'évoluant pas et ne surprenant plus, La Fureur dans le Sang reste une série brillante.

La Fureur dans le Sang (Saison 3)

La Fureur dans le sang (Wire in the Blood) est une série télévisée britannique, créée d'après les romans de Val McDermid et diffusée depuis le 14 novembre 2002. Elle est interprétée par Robson Green, Hermione Norris, Mark Letheren et Alan Stocks.



Après une première saison de qualité (et pour cause, deux des trois scénarios étaient directement adaptés des romans de Val McDermid) et une seconde saison frisant le génie (j'avoue avoirs vu des dizaines de films sur le sujet n'égalant pas la qualité de ces quatre épisodes), voilà le retour de Tony Hill, psychologue clinicien et professeur universitaire, et de l'inspecteur Carol Jordan pour une troisième saison de La Fureur dans le Sang.

Constitué de 4 épisodes de 90 minutes, cette troisième saison de La Fureur dans le Sang ravira les petits psychopathes comme les grands cinéphiles déviants.

Excellent épisode d'ouverture pour cette troisième saison, quoi qu'un peu tiré par les cheveux, Rédemption commence par la découverte du corps d'un enfant, adroitement disposé dans une usine désaffectée. Il n'a subit aucune agression et avait été déclaré peu avant comme fugueur, ayant manifestement quitté son domicile de son plein grès. Les motivations du tueurs sont obscures : il n'y a ni traces de sévices, ni traces d'abus. La façon dont il trouve ses victimes le sont plus encore : comment sait-il quels sont les enfants à problèmes qui vont fuguer ?

Dans Mauvaise graine (Bad Seed), un nouveau psychologue criminel fait de la concurrence à Tony Hill : William "Mack the Knife" MacAdam, un ancien tueur en série, désormais étudiant universitaire et plus que jamais déterminé à prouver sa supériorité intellectuelle. Mais voilà qu'une nouvelle série de meurtre commence. Ces homicides sanglants semblent reprendre la signature de ceux de Mack the Knife, vingt ans plus tôt.

Passons rapidement sur Quand la nuit tombe (Nothing But The Night), amusant dans son concept (un couple de tueurs effectue une série de meurtres sans relations apparentes, que ce soit dans le choix des victimes ou dans le modus operandi), il s'avère dans l'ensemble trop conventionnel pour surprendre.

L'apothéose de cette nouvelle saison c'est Le Sniper (Synchronicity), épisode haletant où un tireur d'élite terrorise la population de Bradfield pendant que Tony Hill perd progressivement sa rationalité, sous l'effet conjugué d'une tumeur au cerveau et de son incapacité à prévoir les actes de l'assassin qui semble agir au hasard. Avec une confrontation finale radicale, Le Sniper justifie à lui-seul la vision de cette troisième saison.

Même si l'effet de surprise est passé (la personnalité de Tony Hill est désormais bien cernée et la construction des épisodes ne change pas radicalement d'une fois sur l'autre), La Fureur dans le Sang reste une série de qualité après 11 épisodes de 90 minutes, et cela tient de l'exploit.

dimanche 19 octobre 2008

La Fureur dans le Sang (Saison 2)

La Fureur dans le sang (Wire in the Blood) est une série télévisée britannique, créée d'après les romans de Val McDermid. Elle est interprétée par Robson Green, Hermione Norris, Simone Lahbib et Mark Letheren.



Beaucoup de séries s'essoufflent dès la seconde saison. Etant plus attiré par le grand écran que par la petite lucarne, j'ai même tendance à penser que dans la majorité des cas, dès le premier épisode, les bonnes idées sont suffisamment exploitées pour qu'on puisse ensuite leur ficher la paix (imaginez un monde où il n'y aurait que des pilotes... ah, on me fait signe que c'est le principe du cinéma).

Prenez Les Experts. A part les épisodes réalisés par Quentin Tarantino (notamment Jusqu'au dernier souffle), que nous a offert de neuf cette série depuis sa création ? Ceux qui ont répondu Les Experts : Miami et Les Experts : Manhattan sont éliminés. Quoi qu'Horatio Caine puisse être considéré comme une chose radicalement novatrice (en fait il est l'incarnation même de l'esprit des Experts et peut, simplement en penchant la tête avec conviction, résumer la quintessence même de tout les épisodes réunis). J'en porterais presque des lunettes de soleil 24 heures sur 24 si je ne m'abîmais pas déjà suffisamment la vue en ne quittant mon PC que pour aller dans des multiplexe.

Toutes ces divagations pour dire que, puisque La Fureur dans le sang avait fait très fort avec sa première saison, on pouvait s'attendre à une baisse de régime. Et bien il n'en est rien ! Carol Jordan et Tony Hill sont toujours fascinants et s'attellent à des enquêtes plus complexes encore. Même si les épisodes font "seulement" 90 minutes, ils contiennent autant de rebondissement qu'un épisode de Bip Bip et Coyote et leurs lots de psychopathes gratinés.

La direction artistique ne change pas et les acteurs sont les mêmes. Les choix musicaux sont en revanche encore plus originaux, inattendus et éclairés que dans la première saison.

Du côté des intrigues la variété et la qualité sont au rendez-vous : depuis l'assassin réparateur de téléphone utilisant ses connaissances du réseau pour narguer la police (Le Silence des collines) jusqu'à à la schizophrène idolâtrant Jeanne D'Arc et prolongeant une querelle religieuse vieille de plusieurs siècles en exécutant des mécréant (Illuminations), en passant par la brute sanguinaire qui commet toujours des meurtres barbares à l'extérieur alors qu'elle est enfermé en cellule (Dans l'ombre du Roi). La santé mentale de Tony Hill ne va pas en s'améliorant, puisqu'il se retrouve même, l'espace d'un épisode, accusé du viol d'une de ses élèves pendant qu'il ne peut détacher son attention du tueur en série qu'il pourchasse et de Maggie Thomas (la tueuse d'enfant à qui il rend visite depuis le premier épisode).

Amateurs du Silence des Agneaux, de Seven et des films de Dario Argento, vous trouverez dans cette série britannique tout ce qu'il vous faut pour faire fonctionner vos neurones et pour nouer vos entrailles.

mardi 14 octobre 2008

The Strangers de Bryan Bertino

The Strangers est un film d'horreur américain sorti en 2008. Ecrit et réalisé part Bryan Bertino, il met en scène Liv Tyler, Scott Speedman et Glenn Howerton.



Bon début : un avertissement nous signale que le FBI estime à 1.4 millions le nombre annuel de crimes violent aux Etats-Unis (ce qui fait que, si tout ces crimes sont des doubles homicides, comme veut nous le laisser supposer le film, un américain sur deux meurt assassiné). Un deuxième bandeau vient enfoncer le clou en soulignant que le scénario est basé sur des événements réels (comme les X-files, Le seigneur des anneaux, Star Wars et Bambi 2). Vous voilà prêt à découvrir la terrible histoire d'un honnête couple se faisant attaquer dans une maison isolée par une terrible menace...

Tout le monde se souvient des cinq derrières minutes de Halloween où Laurie Strode est poursuivie par Michael Myers et se cache, terrifiée, dans un placard. Par les interstices de la porte de sa cachette, elle regarde roder silencieusement le monstre qui la cherche minutieusement dans sa propre chambre. Depuis trois décennies tous les réalisateurs d'horreur tentent de recopier cette scène avec plus ou moins de succès. Cela nous a donné des centaines de slashers débiles ne faisant que varier le masque du tueur et le tour de poitrine des actrices teenager (ayant tous plus de 30 ans, ne me rappelez pas la définition du terme teenager). Depuis le simple sac de patates troué (Vendredi 13 : Le Tueur du vendredi) à l'efficace masque de hockey (Vendredi 13 à partir de Meurtres en 3 dimensions), en passant par le masque de clown (Camp Blood, Burger Kill et bien d'autres), le masque de Donald Regan (The Tripper) et le masque artistique inspiré du Cris d'Edvard Munch (Scream), les scénaristes et costumiers ont d'ailleurs tout essayé.

Pour The Strangers, nous avons le droit à une compilation de masques puisque les tueurs sont trois, chacun d'entre eux ayant en plus le don d'ubiquité qu'entraîne l'usage abusif des hors-plans, des ellipses et des séquences mal cadrées. Trois tueurs, cela fait un bonus de 200%, mieux que n'importe quel paquet de céréales géant. Cette générosité est malheureusement contrebalancées par une certaine pingrerie, puisque les victimes potentielles sont au nombre de deux (quand le nombre moyen de morts dans un Vendredi 13 est égal dix). Un héros et une héroïne, ça fait mesquin, me direz vous, mais, s'ils sont intelligents, ça peut compenser. Après tout la moitié des personnages se font généralement tuer avant même d'avoir pris conscience que la « légende locale » qui parle de 12 morts annuels depuis deux décennies et fondée. D'ailleurs, si on s'en fie au premier quart d'heure, The Strangers s'éloigne des clichés du slasher pour venir loger du côté des survival, un autre genre un peu plus noble, puisque les héros sont des adultes, donc des individus théoriquement sensés et raisonnables.

Trois tueurs et un couple mature avec un système nerveux centrale... Pourquoi pas ? Malheureusement nos tourtereaux se comportent comme des adolescents américains nourris à la bière et au beurre de cacahouète (à part qu'ils n'ont pas le temps de coucher ou de prendre un bain de minuit tout nu dans le lac où 110 jeunes filles ont disparues, mais ça serait tout à fait leur genre si l'occasion se présentait). Ils passent leur temps à hurler, sangloter, fuir, et hurler encore plus. Au début la réalisation est efficace, mais la lassitude s'installe rapidement et quand le tueur au masque en sac de toile surgit pour la 12ème fois dans le dos de l'héroïne c'est difficile d'avoir peur.

Le problème de The Strangers c'est de se borner aux dix avant-dernière minutes d'un film du genre (donc le passage où les personnages courent bêtement et tentent de se cacher en espérant que le tueur va oublier qu'il les a vu entrer dans une pièce). L'ensemble ressemble à un slasher allégé (c'est possible ?) faisant l'impasse sur la conclusion (normalement, à un moment, ils arrêtent de fuir et sortent leurs mains de leur poches ou leur doigts d'un autre endroit) et sur l'introduction (présentez-les nous, qu'on ait le temps de sympathiser, ou de souhaiter leur mort). The Strangers c'est donc une heure de cris, de cache-cache, de cris, de sanglots, de cris et de cache-cache (je me répète ? le film aussi).

Alors, diront les optimistes, si c'est pas un vrai slasher ni un vrai survival, c'est forcément un peu original, quelque part, dans le concept, donc ça mérite le détour ? Je ne sais pas, ça serait comme faire une comédie romantique en étirant sur deux heures la scène du baiser (même pas le baiser final, celui qui arrive 10 minutes avant la fin). Et puis, pour les connaisseurs, The Strangers ressemble quand même beaucoup à Ils de David Moreau et Xavier Palud. Et, pour copier Ils, il faut être vraiment désespéré...

Whispering Corridors 3 de Yun Jae-yeon

Whispering Corridors 3 : Wishing Stairs (Yeogo goedam 3: Yeowoo gyedan) est un film sud-coréen réalisé par Yun Jae-yeon en 2003. Il est interprété par Song Ji-hyo, Park Han-byul et Jo An-ah.



Comme les deux premiers films de la saga, Wishing Stairs se déroule entièrement dans une lycée pour jeune filles. Cette fois, l'intrigue est centrée sur deux jeunes amies étudiant la danse classique dans l'espoir d'entrer dans une prestigieuse école de ballet russe. Malheureusement une seule place est disponible et elle sera attribué à la meilleure. Par ailleurs, une légende locale raconte que si on compte à voix haute les vingt-huit marche de l'escalier menant au dortoir, une vingt-neuvième marche apparaît. En la franchissant, il est alors possible de voir un de ses souhaits exaucés.

Wishing Stairs est une histoire d'obsession pour l'art et d'amitié brisée par la compétition. Riche en références musicales et chorégraphiques, il s'éloigne cependant de ses deux illustres aînés en narrant un véritable récit surnaturel, avec des éléments fantastiques ayant une grande influence sur le fil du récit. La narration est complexe et fluide, faisant volontairement un parallèle entre les personnages du film et ceux du ballet Giselle, lui-même au centre de l'intrigue.

Comme souvent avec les productions coréennes fantastiques, la photographie est sublime, la musique judicieusement composée et le casting irréprochable. Dommage que tout ait déjà été vu et revu des dizaines de fois... C'est du classique, léché, travaillé, millimétré, mais du classique tout de même.

Moins émouvant que Memento Mori et moins dénonciateur que Whispering Corridors, Wishing Stairs n'atteint pas le niveau des deux premiers opus. Il est cependant plus abordable et représente une approche frontale du genre qui ne devrait pas décevoir les fans de fantômes asiatiques.

Amateurs de jeunes filles en blanc aux cheveux longs, voilà votre dose quotidienne. Les autres se rabattront sur Whispering Corridors 1 et 2, sur Deux Soeurs, Phone ou Bunshinsaba. A moins qu'ils ne préfèrent se tourner vers le Japon (là, la liste est trop longue)...

lundi 13 octobre 2008

Whispering Corridors 2 de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong

Whispering Corridors 2 (Yeogo goedam II), plus connu sous le nom de Memento Mori est un film de fantômes sud-coréen réalisé et écrit par Kim Tae-yong et Min Kyu-dong. Sorti en 1999, il est interprété par Kim Min-sun, Park Yeh-jin, Lee Young-jin, Baek Jong-hak, Kim Min-hie et Kong Hyo-jin.



Min-Ah, étudiante rêveuse, tombe par hasard sur un journal intime abandonné. En le lisant elle découvre la relation amoureuse qu'entretenaient deux de ses camarades, relation inavouable dans une société très rigoureuse et ayant finalement débouché sur un suicide. À partir de là les apparitions mystérieuses liées à ces tragiques événements vont se multiplier.

L'histoire de Memento Mori n'a aucun rapport avec celle Whispering Corridors. L'intrigue est certes centrée sur un lycée de jeunes filles très sélectif et élitiste mais la comparaison s'arrête là. Sur le fond, en revanche, ce second volet partage les mêmes ambitions que son illustre aîné : dénoncer à travers une histoire de fantômes en apparence banale un les failles de la société sud-coréenne.

Là où Whispering Corridors épinglait le système scolaire, Memento Mori s'attaque à l'homophobie. Le destin tragique de ce couple ayant bien plus d'importance au yeux de Kim Tae-yong et Min Kyu-dong que les rares scènes de frousse dont l'équilibre maladroit décevra les adorateurs de Sadako à la recherche de frissons. Plus léché et beau encore que l'oeuvre de Park Ki-hyeong, Memento Mori jouit d'un casting exceptionnel mis en valeur par une photographie à tomber à la renverse (chapeau bas à Kim Yun-su, directeur de la photographie). C'est beau, triste et poignant !

Memento Mori n'a pas volé ses nominations au Festival du film de Paris, au festival Fantasporto et à Slamdance. Si vos références sont La mort en ligne, Phone, Ring et Ju-on, il risque de vous décevoir. En revanche, si vous aimez qu'un film vous émeuve et vous fasse réfléchir, foncez. Les fantômes aux cheveux long étant juste à considérer comme un cadeau bonus.

Memento Mori bénéficie d'une meilleure réputation que Whispering Corridors. La vision de l'un ne dispensant pas de l'autre il serait cependant stupide de ne pas découvrir la saga dans l'ordre (sachant que les volets numéro 3 et 4 sont moins bons mais restent des films de fantômes solides et classiques).

Whispering Corridors de Park Ki-hyeong

Whispering Corridors (Yeogo goedam) est un film de fantômes coréen réalise par Park Ki-hyeong en 1998. Basé sur un scénario de In Jung-ok, il est interprété par Choi Kang-hee, Kim Gyu-ri, Lee Mi-yun, Park Yong-soo et Kim Yoo-seok.



Dans un lycée pour jeune filles Coréen, le Jookran High School For Girls, mademoiselle Park, une des professeur, découvre quelque chose d'étrange au sujet d'une ancienne étudiante, Jin-ju, s'étant suicidé neuf années plus tôt dans la salle d'Art. Elle tente d'entrer en contact avec Hur Eun-young, une des ses collègues mais aussi une ancienne élève de l'écoule, pour la mettre au courant de la situation mais est tuée avant d'avoir pu expliquer quoi que ce soit.

Comme la plus part des films de fantôme coréens de la vague post-Ring, Whispering Corridors démarre sur une enquête informelle. Mais elle n'est qu'un prétexte pour introduire une galerie de jeune filles dont l'équilibre mentale sera plus affecté par la pression mise sur leur dos et le comportement indignes de certains enseignants que par la présence de spectres (somme toute anecdotique).

En une décennie à peine, Whispering Corridors s'est taillé, pour ses multiples qualités, une réputation de classique inévitable du genre, la principale d'entre-elles étant précisément la non-appartenance au genre. Car, sous ses apparences de film de fantôme à l'esthétique léchée et à la réalisation millimétrique, Whispering Corridors est une dénonciation du système scolaire sud-coréen, mettant en concurrence des étudiantes jusqu'à briser certaines d'entre-elles. Dénonciation qui, quelques années auparavant aurait sans doute attiré les foudres de la censure. Whispering Corridors est en effet la marque d'un affranchissement du cinéma Coréen et une des premières bombes de leur box-office, désormais très peuplé de productions locales prestigieuses (et souvent excellentes).

Très sobre dans ses effets, Whispering Corridors est aussi une merveille photographique accompagnée d'une musique toujours pertinente et soutenu par un casting proche de la perfection.

Trois suites, absolument indépendantes, suivront rapidement. Parmi elles, les amateurs ne pourront éviter Memento Mori, un chef-d'oeuvre absolu, certes moins médiatisé qu'un petit bijou comme Deux soeurs, mais également bien moins tape-à-l'oeil.

Live! de Bill Guttentag

Live! est un film américain réalisé par Bill Guttentag en 2007. Il est interprété par Eva Mendes, Eric Lively, Jeffrey Dean Morgan, Katie Cassidy et David Krumholtz



Un productrice sans scrupule veut lancer une nouvelle émission de télé-réalité où des candidats joueraient en direct à la roulette russe. Elle devra batailler pour monter son émission, s'heurtant à un refus de la part des publicitaires à des réticences dans la direction et à des difficultés juridiques.

L'héroïne est incarnée par Eva Mendes qui surjoue et abuse tellement d'expressions branchées qu'on pense immanquablement au sketch des Inconnus sur la publicité pendant que ses interlocuteurs jouent le dégoût et l'indignation avec plus ou moins de succès. Les candidats du jeux sont pour leur part beaucoup plus convaincants, même si on éprouve pour une partie d'entre eux une certaine antipathie (en quoi risquer sa vie pour devenir célèbre quand on est déjà riche et cultivé a-t-il un sens ?). Même s'ils sont des clichés incarnés, puisqu'ils ont été choisis comme tel par la productrice, ils ont une certaine réalité.

Tourné à la manière d'un documentaire par un des protagonistes même de l'histoire, Live! est surtout un film convenu. Depuis l'idée, déjà surexploitée aussi bien dans la littérature qu'au cinéma avec Les jeux de l'esprit de Pierre Boulle, Marche ou crève de Stephen King et le classique Rollerball, jusqu'à la réalisation mollassonne souffrant du syndrome caméra sur l'épaule, le film ennui. Ce qui devait au départ être une charge contre la fascination morbide des hommes pour la mort de leurs propres semblables devient rapidement une leçon de morale répétée à l'infini. Oui, le milieu du show-business est pourri et est obsédé par sa propre putréfaction. Difficile de l'oublier quand un film choc nous le rappelle tout les trois mois...

Network de Sidney Lumet faisait infiniment mieux en 1976, à une époque où Loft Story était encore inimaginable. Reste que le final de Live! n'est pas dénudé de suspens et que l'ensemble a un sens, certes naïf et déjà vu, mais un sens tout de même. Ce n'est pas parce qu'une question a été posée cent fois qu'elle devient moins intéressante.

mercredi 1 octobre 2008

La Fureur dans le Sang (Saison 1)

La Fureur dans le sang (Wire in the Blood) est une série télévisée britannique, créée d'après les romans de Val McDermid. Elle est interprétée par Robson Green, Hermione Norris, Simone Lahbib et Mark Letheren.



Les séries policières modernes sont souvent répétitives et calibrées et peuvent se cataloguer en deux grand règnes : le psychologique et le scientifique. Quarante-cinq minute c'est peu pour démêler un meurtre ou une affaire criminelle complexe. Dans le cadre de la série scientifique, cela n'est rendu possible que par des ellipses irréalistes et un piste parsemées d'indices extrêmement pratiques (qui n'en a pas marre des assassins qui portent des pantoufles en poil de cul lama permettant de conduire directement à eux ?). Les Experts (dont il existe désormais trois déclinaisons) ou Bones sont de bons représentants de cette grande famille. Pour attraper les vilains il faut juste savoir regarder dans un microscope, connaître tous les minéraux des États-Unis, aimer les larves et le tour est joué.

Le second règne, celui de la série psychologique, repose sur une discipline appelée "profilage". A la TV un profiler peut dire dans combien de temps votre petite amie va vous plaquer en regardant combien vous mettez de sucres dans votre café. Dans ce domaine on dispose donc de toutes sortes de choses allant du n'importe quoi au grand n'importe quoi. Ça peut être Profiler, où l'enquêtrice dispose de pouvoirs à la limite du surnaturel (quand elle pense elle voit des flashs avec la solution de l'énigme), The Inside, où Rachel Nichols démontre que pour attraper les tueurs en série il suffit d'être assez jolie pour qu'ils ne résistent pas à l'envie de vous enlever, ou Esprits criminels, très réaliste dans la psychologie de ses meurtriers (qui sont dont généralement des minables, car Hannibal Lecter n'existe pas pour de vrai), mais négligeant tout le travail policier et résumant l'arrestation des criminels à un jeu d'esprit.

Il existe cependant un perle rare, mélangeant le profilage avec un vrai travail d'enquête (recherche sur les proches de la victime, fausses pistes, indices multiples, interrogatoires menés par des flics et non des psychologues). Cette série est britannique et s'appelle La fureur dans le Sang. Dans Esprits criminels, une fois le profil dressé le travail est presque fini (car il n'existe qu'un "homme de race blanche, mesurant plus d'un mètre soixante-dix, célibataire, avec un petit travail peu gratifiant et ayant subi une formation militaire" aux États-Unis). Dans La fureur dans le Sang, le profil n'est qu'une des nombreuses pierres de l'édifice, comme le sont les indices révélées par l'autopsie, les poils de cul de lamas retrouvés sur les lieux du crime et l'âge du capitaine.

Les épisodes de La fureur dans le Sang durent une heure et demi, ce qui fait de chaque enquête un véritable film, avec moult rebondissements et égarements. La première saison n'est constituée que de trois épisodes, tous consacrés à un tueur en série : Le Chant des Sirènes, assez décevant mais présentant de manière subtil tout les personnages clef de la série, Chapelle Ardente, maîtrisé de bout en bout et bluffant dans son dénouement, et enfin Anges et Démons, proche de la perfection et supérieur à bien des films sur le même thème.

Comme dans un Agatha Christie on peut essayer de deviner qui est le criminel, car on le rencontre souvent avant la fin du récit. Mais la comparaison s'arrête là : l'ambiance est pesante, avec une Angleterre grise, des décors ternes et des coupables dégoûtants et antipathiques que le réalisateur prend bien garde à ne jamais magnifier ou iconifier. La photographie n'est pas superbe mais est bien mise en valeur par la musique, variée et inquiétante. Le rythme est fluide, l'histoire se concentrant sur l'enquête et non sur les déboires sentimentaux des personnages (même si cette facette est présente par moments).

La star de la série, c'est le Dr. Tony Hill (Robson Green), psychologue renommé qui assiste la police dans certaines enquêtes délicates. Personnage lunatique, obsédé par la psychologie des assassins, grand amateur de jeux vidéo et asocial, il forme avec le lieutenant Carol Jordan (Hermione Norris) un couple intriguant, représentant deux approches différents et complémentaires. Les second couteaux sont aussi intéressant, que ce soit l'agent Kevin Geoffries (incarné par Mark Letheren), qui arrive à s'attirer dès le second épisode la sympathie des spectateurs, ou Maggie Thomas, la tueuse d'enfant qui fascine Tony Hill et à qui il rend visite régulièrement dans sa prison.

Pour conclure, la première saison de La fureur dans le Sang promet une excellente série, évitant les écueils du genre et méritant d'être visionné même par les fans de cinéma habitués à des œuvres complexes. Si les autres saisons sont aussi réussies je vous tiendrais au courant.