jeudi 29 septembre 2011

Inside Job de Charles Ferguson

Inside Job est un documentaire américain réalisé par Charles Ferguson en 2010. Il met en scène Nouriel Roubini, Barney Frank, George Soros, Eliot Spitzer, Charles R. Morris, Dominique Strauss-Kahn et Christine Lagarde.



Malgré son titre de film de casse, Inside Job n'est pas un remake de Ocean's Eleven, de Haute Voltige ou de The Sting. C'est en fait un documentaire sur la plus grosse catastrophe financière de ces 30 dernières années : la crise des subprimes. Mais ne prenez pas la fuite, malgré son sujet austère, Inside Job est passionnant et mérite largement son oscar (bon, moi je l'aurais donné à Exit Through the Gift Shop, nominé la même année, mais c'est personnel).

La crise financière mondiale de 2007, toujours d'actualité, a mis des millions d'hommes au chômage et des milliers de foyers à la rue. Comment cela a-t-il pu se produire ? C'est à cette question qu'Inside Job tente de répondre. En 108 minutes, il nous fait un cours d'économie, de géographie, de politique et de sociologie.

Le film s'appuie sur une série de témoignages de personnages clef de la crise, de journaliste ou d'experts universitaires réputés. S'expriment ainsi Nouriel Roubini, George Soros, Eliot Spitzer, Charles R. Morris et Dominique Strauss-Kahn. L'accent est notamment mis sur les liens troubles qu'entretiennent certains professeurs prestigieux d'économie (à Harvard et Berkeley) avec les conseils d'administration des grandes entreprises financières responsables de la crise. Difficile d'être objectif dans un article académique sur les conséquences de la dérégulation du marché quand on fait des heures supplémentaires pour Merrill Lynch, Morgan Stanley ou Lehman Brothers ! La façon dont les agences de notations trafiquaient leurs évaluations des subprimes est aussi abordée, tout comme l'aveuglement du gouvernement.

Les mécanismes de l'arnaque sont mis en évidence avec clarté, et l'ensemble tient du thriller. Oubliez la dimension ludique de Capitalism: A Love Story, qui traitait du même sujet (mais avec l'humour de Michael Moore). Ici, c'est percutant, pédagogique et haletant du début à la fin.

Plus mathématique encore que Liar Game et plus complexe que Kurosagi, Inside Job vous fera réfléchir sur la fragilité de notre système financier. Les plus belles arnaques se produisent dans le monde réel, pas au cinéma. Et à la fin, il n'y a pas de procureur visionnaire ou d'agent du FBI clairvoyant pour sauver la morale. Les escrocs en col blanc partent impunis, avec des centaines de millions, pendant que l'économie s'écroule.

mardi 27 septembre 2011

Liar Game : The Final Stage de Hiroaki Matsuyama

Liar Game : The Final Stage est un film japonais réalisé par Hiroaki Matsuyama en 2010. Il reprends le casting du drama homonyme, et est donc interprété par Erika Toda et Shota Matsuda, Seiichi Tanabe, Kosuke Suzuki, YosiYosi Arakawa et Mari Hamada.



La théorie des jeux est un sous-domaine des mathématiques particulièrement intéressant. Faisant appel tantôt à la combinatoire, à la théorie des graphes ou à la recherche opérationnelle, elle a des applications à l'économie, à la sociologie et à l'intelligence artificielle. Ce qui est fascinant, c'est de voir à quel point des jeux simples (pierre-feuille-ciseaux, dilemme du prisonnier, jeu des minorité) peuvent donner lieu à des stratégies complexes et des problèmes intéressants.

Impossible à rendre sur le grand écran, la théorie des jeux n'est jamais exploitée au cinéma (même si on y fait plusieurs références dans Un homme d'exception). Par contre, il existe un drama japonais, lui-même adapté d'un manga, qui est entièrement basé dessus : Liar Game. Je vous ai déjà parlé des deux premières saisons de ce drama, que je vous recommande chaudement. Aujourd'hui c'est le film Liar Game : The Final Stage que je vous propose de découvrir.

Comme par le passé nous avons Nao Kanzaki, une jeune fille dont la naïveté se rapproche dangereusement de la bêtise, qui doit participer au Liar Game, un tournoi opposant des stratèges et des escrocs s'affrontant pour des millions. Comme par le passé elle est assistée par Shinobu Kaitani, un escroc repenti qui brille par son intelligence et sa clairvoyance. On ne change pas une recette qui gagne ni un casting qui fonctionne.

Le film dure 133 minutes et se résume à une unique jeu : le Jardin d'Eden. Cela se joue à 11 et les règles sont assez simples : un à un, les joueurs votent anonymement. Ils peuvent choisir une pomme d'or, une pomme d'argent ou une pomme rouge. S'il n'y a pas de pomme rouge, on regarde la majorité (soit les pommes d'or, soit les pommes d'argent) et tous les joueurs ayant voté pour la majorité gagnent un million. Les autres perdent un million. Il y a cependant une exception dans le cas où tous les joueurs ont choisi or ou argent. Dans ce cas là ils perdent tous un million (impossible donc que tout le monde gagne avec or et argent, il faut au moins un perdant).

Enfin il y a les pommes rouges. Jouer une pomme rouge est suicidaire, puisque que la présence d'une pomme rouge bouleverse tout : s'il y a au moins une pomme rouge, tous les joueurs ayant voté or et argent gagent un million (et le joueur à la pomme rouge perd au moins un million). S'il y a 10 pommes rouges et 1 pomme non-rouge (or ou argent) le joueur ayant joué la pomme or ou la pomme argent gagne 2 millions (et les autres perdent 1 million). Enfin, si un seul joueur a joué une pomme rouge, il perds 10 millions (et les autre gagnent tous 1 million, comme déjà expliqué). Reste le cas où les 11 joueurs choisissent une pomme rouge : ils empochent tous un million (c'est le seul cas où tous les joueurs gagnent). Le seule moyen de gagner avec une pomme rouge est donc une parfaite coopération de tous les joueurs (mais si on sait qu'il y a au moins une pomme rouge, on fait statistiquement une bonne affaire en jouant or ou argent, puisque dans tous les cas on empochera 1 million, et dans le meilleur des cas on empochera 2 millions).

Contrairement aux autres jeux de la série, il ne s'agit pas d'un jeu à somme nulle. Les joueurs affrontent le système et peuvent tous ressortir gagnants. Seulement il y a 50 millions en plus pour le joueur en tête à l'issue des 13 rounds, ce qui empêche toute coopération. Et les participants au Liar Game sont des escrocs.

Dit comme ça c'est compliqué, mais dans la pratique c'est très simple. Ce qui est moins simple, en revanche, ce sont les stratégies qu'élaborent les joueurs pour gagner tout en faisant perdre les autres. Très vite, des techniques complexes émergent, allant de l'alliance au marquage des pommes et aux trahisons. Hélas, The Final Stage n'est pas directement tiré du manga de Shinobu Kaitani et pèche par certaines faiblesses. Outre une fin assez aberrante et dégoulinant de bons sentiments, il y a plusieurs failles dans les stratégies de Shinichi. Il a notamment une certaine tendance à révéler trop tôt ses atouts et ses plans. Du coup ce film fonctionne moins bien que la série qu'il prolonge, ce qui tient du paradoxe. La réalisation, télévisuelle, ne sauve pas la mise.

Au final, nous avons un gros épisode, plutôt en dessous de la moyenne, qui clôt cependant l'intrigue. Les fans apprécieront, les autres se conteront de la série.

dimanche 25 septembre 2011

Liar Game (Saison 2)

Liar Game est un drama, c'est-à-dire une série télévisée japonaise réalisée avec des acteurs réels (par opposition à une anime). Diffusé de 2009 à 2010, il est adapté d'un manga de Shinobu Kaitani et est réalisé par Matsuyama Hiroaki, Oki Ayako et Nagase Kunihiro. Le casting est constitué de Toda Erika, Matsuda Shota, Kikuchi Rinko, Suzuki Kosuke et Arakawa Yoshiyoshi.



Un de mes grands regrets est que le cinéma ne peut pas vraiment retranscrire la beauté des mathématiques. Un réalisateur peut jouer sur la beauté de la découverte et de la recherche, mais pas sur la beauté des objets étudiés, parce qu'ils sont trop complexes pour pouvoir être abordés dans une fiction. Pour l'instant, ce qui se rapprochait le plus des mathématiques, c'était le roman policier, avec ses énigmes élaborées auxquels le lecteur pouvait participer. Mais le cinéma fonctionne mal pour adapter de tels romans (le spectateur dispose de trop peu de temps pour réfléchir, si on veut qu'il devine il faut donc lui surligner les indices utiles et lui gommer les indice inutiles).

Heureusement, les séries TV existent. En une dizaine d'épisodes, on peut beaucoup plus développer les énigmes qu'en 90 minutes. De plus, entre deux diffusions, le spectateur a tout le temps qu'il veut pour réfléchir. Ainsi, les japonais nous ont donné Death Note, et ses déductions hyper-complexes et pourtant parfaitement logiques. Mais il y a un autre bijoux mathématique : Liar Game, un drama sans budget mais brillant. Je vous avais déjà parlé en bien de la première saison. Voilà la seconde.

Le scénario n'est qu'un prétexte : Nao Kanzaki, une jeune fille terriblement honnête et crédule, se retrouve mêlée à un tournoi mystérieux, le Liar Game. Dans une succession d'épreuves intellectuelles, des hommes et de femmes venus de tout le Japon vont s'affronter pour des millions de yens. Il s'agit presque toujours de jeux à somme nulle, c'est à dire que la somme des gains de tous les joueurs est égale à 0. Bref, le seul moyen de gagner de l'argent et de le prendre aux autres (comme au Poker, par exemple). Dans la première saison, Nao arrivait à convaincre Shinichi Akiyama, un escroc professionnel au grand cœur, de l'aider. Pour cette seconde saison, Shinichi et Nao sont de retour et le jeu suit son cours.

Évidemment, il y a une foule d'escrocs parmi les concurrents, et tout le monde ne pense qu'à sa petite personne, sauf Nao, qui demeure d'une candeur et d'une naïveté constante. Sa bonne volonté et sa confiance aveugle en autrui sont le fil conducteur de la série, pendant que Shinichi élabore des plans complexes et brillants pour la tirer sans cesse d'affaire.

Bref, Liar Game, c'est de la parlotte, des trahisons, de la parlotte et encore des trahisons. On dirait une partie de poker ou de Loups-garous. Mais à la fin, quand Shinichi gagne, c'est toujours parce-qu'il a une stratégie viable. Et cette stratégie est compréhensible pour le spectateur. Le problème, c'est que si Shinobu Kaitani, l'auteur du manga, est un génie, les scénaristes du drama ne sont pas aussi bon. Donc tant que ça colle au manga, c'est excellent, mais dès que ça s'en éloigne, on vogue à la dérive. Comme le manga est en cours de rédaction, la fin de la première saison laissait à désirer. Ici, presque tous les rebondissements sont tirés de l'œuvre originale et sont excellents. Les jeux (pandemic, la roulette stationnaire, le poker à 17 cartes) sont présentés avec clartés et toujours intelligemment exploités. Cela fait donc de la seconde saison de Liar Game un vrai délice.

vendredi 23 septembre 2011

Lost in La Mancha de Keith Fulton et Louis Pepe

Lost in La Mancha est documentaire britannique de Keith Fulton et Louis Pepe sorti en 2002. Il met en scène Terry Gilliam, Jeff Bridges, Johnny Depp et Jean Rochefort.



Lost in La Mancha est l'histoire réelle d'une catastrophe cinématographique. Ce qui au départ devait être un simple making of devint finalement les chroniques du tournage apocalyptique de L'Homme qui a tué Don Quichotte, un film réalisé par Terry Gilliam et encore attendu par des milliers de cinéphiles à travers le monde.

Don Quichotte, écrit par Miguel de Cervantes entre 1605 et 1615, est un roman cinématographiquement maudit. Orson Welles s'est cassé les dents sur le même sujet, tournant de manière chaotique, entre 1955 et 1964, une première version de son légendaire projet. Insatisfait par son montage initial, il reprend un tournage qui s'est déjà éternisé pendant des années, avec un Francisco Reiguera (Don Quichotte) maintenant âgé de 80 ans. En 1969 Reiguera meurt, et en 1970 Orson Welles réalise un second montage qu'il juge toujours insatisfaisant. Privé de son acteur principal, Welles s'entête cependant jusqu'en 1973, avant de mettre mettre le projet de côté. Quand il meurt en 1985, son Don Quichotte est toujours inachevé et se résume à 10 heures de rush (tournés sur plus de 15 ans). En 1992, Jess Franco tente maladroitement de se dépêtrer avec les morceaux laissés par Welles, faisant sa propre interprétation de l'œuvre et complétant le film avec des effets spéciaux et des dialogues post-synchronisés.

Pourtant, Terry Gilliam semble confiant dans le destin de L'Homme qui a tué Don Quichotte. En octobre 2000, il commence le tournage, prés de Madrid. Doivent participer Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis. Au départ tout va bien, si ce n'est que la proximité d'une base aérienne pose quelques difficultés de cadrage et empêche la prise de son directe (rien de plus bruyant que des F16). Puis la météo s'en mêle et des pluie diluviennes endommagent une partie du matériel et transforment le désert choisi par Gilliam en plaines boueuses et verdoyantes. Le tournage est retardé et la facture est gonflée, mais cela reste gérable.

Ensuite c'est Jean Rochefort qui souffre d'une infection de la prostate l'empêchant de monter à cheval. Au début il sert les dents, décidé à boucler le tournage malgré la douleur, mais il doit finalement se faire rapatrier en France. Là, on lui diagnostique en bonus une double hernie discale, ce qui détruit tout espoir d'un rétablissement rapide et d'un retour sur le plateau. Les producteurs s'affolent, d'autant plus que presque rien n'a été tourné (Vanessa Paradis n'est même pas encore venue participer au tournage). Il faut dire que les malheurs rappellent le fiasco financier des Aventures du baron de Münchhausen, tourné par le même Gilliam en 1988 (qui fut un vrai gouffre financier, même si c'est une pure merveille).

Ce que ne raconte pas Lost in La Mancha, sorti en 2002, c'est qu'il reste une lueur d'espoir, car Terry Gilliam est encore vivant et semble bien décidé à poursuivre le rêve de sa vie. En 2010 il a fait une nouvelle tentative le faire produire. Cette fois Robert Duvall revêtira l'armure de Don Quichotte. Hélas, ce fut un nouvel échec. Espérons qu'il s'entêtera comme Orson Welles et que le dénouement ne sera pas tragique.

PS : Il semblerait que les assurances aient fini par payer la part du sinistre lié à l'absence de Jean Rochefort.

mercredi 21 septembre 2011

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea

L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot est un documentaire de Serge Bromberg et Ruxandra Medrea. Ce qui justifie le titre abracadabrantesque et récursif de cette critique. Réalisé en 2009, il met en scène Romy Schneider, Serge Reggiani, Bérénice Bejo, Catherine Allegret, Gilbert Amy et Jean-Louis Ducarme.



C'est facile d'émouvoir les cinéphiles sur le tragique décès d'un film qui semble terriblement ambitieux ou prometteur. Pas étonnant donc que Lost in La Mancha, consacré au Don Quichotte de Terry gilliam fonctionne si bien. L'Enfer d'Henri-Georges Clouzot joue sur la même corde sensible et nous présente ce qui aurait pu être un chef d'œuvre et qui se résume au final à des kilomètres de rush inutilisables.

Tout commence en 1964, alors qu'Henri-Georges Clouzot est déjà au sommet de sa carrière (Lion d'or à la Mostra de Venise 1949 pour Manon, Grand prix au Festival de Cannes 1953 pour Le Salaire de la peur). Clouzot se lance dans un projet titanesque : avec un budget illimité assuré par des producteurs américains, il veut tourner L'Enfer, l'histoire d'un couple au départ ordinaire, Marcel et Odette, mais dont l'époux est dévoré par une jalousie maladive.

L'idée est de tourner en noir et blanc les scènes de la vie réelle, et en couleur les délires paranoïaques de Marcel, qui s'imagine continuellement qu'Odette le trompe. Ces scènes de délire, déformées, filmées à travers un kaléidoscope ou traitées par divers filtres, sont le théâtre d'une expérimentation visuelle et sonore sans commune mesure. Perdant des mois, Clouzot expérimente, filmant plus d'une centaines d'heures d'essais techniques, tous plus innovants les uns que les autres. Pourtant, quand il se lance dans le tournage, il n'est toujours pas prêt, malgré les contraintes temporelles fortes qu'ils s'impose : en effet, le lac utilisé comme décors principal n'est pas disponible toute l'année (à cause d'un barrage).

Clouzot est un tyran sur le plateau. Il a plusieurs équipes mais veut tout superviser. Rien n'avance. Serge Reggiani, possédé par son rôle mais sans cesse poussé à bout par Clouzot, finit par claquer la porte. Quelques jours plus tard Clouzot fait une crise cardiaque et est contraint d'abandonner son projet, trop ambitieux pour pouvoir être achevé.

Ne reste que des rushes, mais quels rushes ! Il faut entendre des phrases ordinaires, murmurées à l'infini, qui forment un canon, évoquant à la fois la tradition baroque et les expérimentations sonores de la musique contemporaine. Il faut voir ce lac ensanglanté, obtenu par inversion de couleur, et comprendre que si dans un même plan l'eau nous parait rouge et la peau d'Odette nous semble blanche, c'est parce qu'elle est maquillée avec les couleurs complémentaires de son teint naturel.

L'Enfer aurait certainement été un grand film. En attendant, le documentaire consacré à sa genèse et à sa mort et une grande tragédie.

lundi 19 septembre 2011

Exit Through the Gift Shop de Banksy

Exit Through the Gift Shop est un documentaire anglais réalisé par Banksy, sorti en salle en 2010. Il met en scène Shepard Fairey, Thierry Guetta, Rhys Ifans, Space Invader, Jay Leno et, bien sûr, Banksy.



Le point de départ, c'est ce personnage excentrique : Thierry Guetta, un français qui vit aux états-unis en vendant des vêtements vintage à prix d'or. Sa passion, c'est filmer. Il se promène partout avec caméscope et capture ce qu'il voit en permanence. Un jour, il découvre que son cousin est Space Invader, un artiste urbain connu pour ses mosaïques tirées du célèbre jeu vidéo, dont les réalisations sont visibles à Paris, mais aussi à Los Angeles ou à Hong Kong. Alors Thierry commence à filmer son cousin dans ses expéditions nocturnes pour décorer Paris. Escalader de toits et de clôtures, explorer la jungle urbaine la nuit, fuir devant les agents de sécurité et la police... Tout cela est excitant.

De proche en proche, il rencontre d'autres acteurs du street art. Il décide alors de faire un documentaire sur cette nouvelle forme d'expression. Et notamment sur Banksy, la personnalité la plus célèbre et la plus mystérieuse du milieu (sachant que personne ne connait son identité, c'est mal partit).

Seulement Exit Through the Gift Shop n'est pas un film sur Banksy. C'est un film de Banksy. Ses apparitions, masqués, sont nombreuses mais ne servent que de fil narratif. Avec sa voix déformée pour être méconnaissable, il nous raconte une fable mémorable.

Après des années passées au près d'une multitude d'artistes, Thierry rencontre Banksy et le suit pendant plusieurs mois. Le problème, c'est que notre aspirant réalisateur a plus de 10 000 heures de rushes mais n'a jamais rien monté. Il filme et met ses cassettes dans des cartons, sans jamais rien visionner. Quand Banksy le convainc de faire un montage, il est incapable de tirer de ses archives un résultat cohérent. Cela donne juste un clip halluciné et cauchemardesque, intitulé Life Remote Control.

Du coup, Banksy lui demande les rushs et fait son propre montage. N'étant pas mégalomane, il ne fait pas un documentaire sur lui-même, mais un documentaire sur le documentaliste. Sauf que Banksy est un iconoclaste qui s'amuse avec le monde de l'art (à travers des cambriolages inversés, il a rajouté certaines de ses œuvres dans plusieurs musées).

Du coup Banksy aide Thierry à se lancer dans le marché de l'art. Et c'est cette histoire que nous raconte le film. L'histoire d'un homme qui ne sait même pas peindre, et qui doit donc employer des artistes pour scanner et photoshoper des œuvres déjà existantes. Cette inconnu, pas doué avec un pinceau, mais redoutable dès qu'il s'agit de marketing viral, qui réalise sa première exposition et qui vend pour plus d'un million de dollars de créations en l'espace de quelques jours. C'est la démonstration que la subversivité peut devenir un produit de consommation de masse, correctement emballé.

Exit Through the Gift Shop est un documentaire inclassable. Il y a débat pour savoir s'il s'agit d'un canular de Banksy ou d'une histoire vraie. Personnellement, je pense que c'est l'histoire vraie d'un canular, et que la blague c'est que justement que Thierry est réel. Son exposition a bien eut le succès décrit et ses œuvres se sont bien négociées aux tarifs annoncés. Cela n'empêche pas l'homme d'être une sorte de pied-de-nez au monde artistique. Une blague potache créé par un Banksy qui veut montrer qu'avec un peu de bouche à oreille, et en copiant Warhol, il est possible de vendre de simples réalisations faites au pochoir par les équivalents picturaux des nègres littéraires.

A moins que Thierry ne soit qu'un acteur dirigé par Banksy et que le film soit, comme le F for Fake d'Orson Welles, un mensonge sur le mensonge. Comme le dit Steve Lazarides, le porte parole de Banksy :

I think the joke is on... I don't know who the joke is on, really. I don't even know if there is a joke.

vendredi 16 septembre 2011

Destination Finale 5 de Steven Quale

Destination Finale 5 est un film d'horreur américain réalisé par Steven Quale et sorti en 2011. Il est interprété par Nicholas D'Agosto, Emma Bell, Tony Todd, Courtney B. Vance, Miles Fisher et David Koechner.



J'avoue, depuis le troisième opus, je me déplace au cinéma pour voir chaque Destination Finale. En fait, j'ai même vu ce cinquième opus en avant-première, quelques jours avant sa sortie officielle. Projeté en numérique et en 3D, il profite bien d'un passage en salle sur un écran géant. D'un point de vue purement technique, il exploite d'ailleurs mieux le relief que son prédécesseur immédiat qui était déjà réellement tourné en 3D (contrairement au Choc des titans, à Piranha, à Alice au pays des merveilles et à tous ces films tourné en 2D mais transformés en 3D par des producteurs gourmands).

Tout commence avec une bande de collègues qui partent au frais de leur boîte en voyage de cohésion. Nous avons Sam, l'amoureux tourmenté qui vient de se faire plaquer, son ex-copine Molly et son meilleur ami Peter (interprété par Miles Fisher, qui évoque Tom Cruise jeune). Il y a aussi les quotas clichés : le black débrouillard, le cadre quadragénaire qui joue au petit chef, la bimbo et le dragueur compulsif. Après avoir tous embarqués à bord d'un bus, ils traversent un pont suspendu qui s'effondre (quelle surprise), causant le trépas de tout ce beau monde (en terminant par Sam, et en excluant Molly).

Sauf que tout cela était une prémonition. Sam se réveille en sursaut, comprend le destin qui l'attend et entraine juste à temps hors du bus sa copine, ses amis et quelques personnages tiers. Hélas, quelques jours plus tard, les miraculés vont commencer à mourir les uns après les autres, dans des accidents aussi improbables que distrayants.

Bonne nouvelle : c'est toujours aussi stupide, toujours aussi simple et toujours aussi régressif. Ce slasher sans tueur, autant inspiré par Tex Avery et Chuck Jones que par Vendredi 13, fait des efforts démesurés pour ne pas changer une recette qui gagne, même s'il y a une pitoyable tentative pour y insérer un twist final.

Le point positif, c'est le grand retour de Tony Todd, le charismatique colosse noir sans qui Candyman n'aurait été qu'une coquille vide. Incarnant un William Bludworth plus énigmatique que jamais, il énonce une nouvelle règle jusqu'alors inconnue : si un survivant en sursis tue un homme, il récupère sa place dans le monde des vivants et son espérance de vie. Bon, ça rappelle furieusement One Missed Call Final, déjà commenté sur ce blog, où une clause similaire permettait de renvoyer la malédiction de Mimiko à un tiers. Comme dans me film de Manabu Asou, cela introduit un dynamisme à l'intrique et une sévère dimension malsaine. Hélas, cette mécanique est furieusement sous-exploitée.

Comme même les spectateurs les moins attentifs devineront aisément la fin (il est impossible de ne pas remarquer le look rétro des téléphones portables et des ordinateurs dans ce "nouveau" opus), les deux innovations du film, à savoir le twist et la nouvelle règle, tombent à plat. Ne reste donc qu'une succession de morts. Comme d'habitude.

mercredi 14 septembre 2011

Destination finale 4 de David Richard Ellis

Destination finale 4 est un film américain réalisé par David Richard Ellis et sorti en 2009. Il est interprété par Bobby Campo, Shantel VanSanten, Nick Zano, Haley Webb, Richard T. Jones, Krista Allen et Andrew Fiscella. Pour maximiser la confusion, son titre original est The Final Destination, sans numéro, mais avec un the qui fait toute la différence.



Nous sommes en 2009. Tout le monde parle d'Avatar de James Cameron qui va sortir et la projection numérique permet enfin d'avoir de la 3D abordable et fonctionnelle dans tous les cinéma. Destination finale 4 dispose donc d'un énorme argument de vente : il est en relief. A part ça rien de nouveau sous le soleil. C'est encore David Richard Ellis derrière la caméra, le responsable second volet (le meilleur de la saga). Certes, le budget a un peu augmenté, 45 millions de dollars, contre 25 millions de dollars pour les deux précédents, mais ça ne se voit pas trop à l'écran.

Après un générique nous présentant les meilleures morts des opus précédents (avec des images de radiographie), l'histoire commence autour d'un circuit de course. Une fois la présentation des personnages expédiée, des véhicules lancés à 290 km/h se percutent, sortent de piste et broient des spectateurs affolés qui tentent de prendre la fuite. Hélas, le stade choisit ce moment pour s'écrouler, causant une impressionnante succession de morts violentes et terriblement graphiques. Et voilà que Nick, notre héros, se réveille en sursaut et comprend qu'il vient d'avoir une vision prémonitoire (quelle originalité).

Comme d'habitude dans la saga, le prophète improvisé s'excite tellement qu'il se fait vider, en même temps que quelques autres heureux élus. Ces derniers, assistent impuissant à la catastrophe, depuis le parking du circuit... Mais ce qu'ils ne savent pas encore c'est qu'ils ne sont que des morts en sursis et qu'un tragique destin va les rattraper un par un.

Même si la série Destination Finale est extrêmement calibrée, on peut remarquer une certaine escalade. Les décès sont de plus en plus improbables (bon, je reconnais que la lampe à bronzer du 3ème volet était déjà n'importe quoi), et certains fans trouvent que la mort triche désormais trop ouvertement. Avouez qu'une pompe destinée à vider une piscine qui a une puissance suffisante pour broyer un homme c'est un peu exagéré... Personnellement ça me convient. Plus énervant, les personnages sont terriblement stéréotypés : un raciste, une bimbo, un draguer compulsif, un cow-boy.

Le vrai point positif, c'est Nick qui développe des efforts titanesque pour sauver tout le monde. Par sa persévérance et son sang-froid, il rappelle le Ash d'Evil Dead. Le bras agrafé par un pistolet à clou, il trouve le moyen d'empêcher un incendie qui devrait causer une explosion dans un cinéma 3D. Comble de l'ironie, l'explosion en question est synchronisée avec une explosion du film dans le film...

Après un troisième opus un peu décevant, Destination finale 4 ravira les fans de la saga et consternera tous les être humais dotés d'un cerveau (le mien fait systématiquement la grève quand je vais au cinéma voir ce genre de film). Une fois votre système nerveux central éteint, c'est du tout bon. Seule l'absence de Tony Todd risque de gâcher un peu votre plaisir.

mardi 13 septembre 2011

Destination Finale 3 de James Wong

Destination Finale 3 est un film américain réalisé par James Wong et sorti en 2006. Il est interprété par Warren Zide, Craig Perry, Richard Brener, Toby Emmerich, Matt Moore et Glen Morgan.



C'est au troisième volet de la saga que j'ai compris que New Line Cinema ne prendrait jamais de risque avec sa seconde licence phare (la première étant Le Seigneur des Anneaux, qui bénéficia d'ailleurs pendant son tournage de l'afflux d'argent apporté par le sucés de Destination Finale). On ne change pas une recette qui gagne, surtout quand cette recette est elle même obtenue en supprimant un ingrédient (le tueur) d'une tambouille terriblement calibrée et répétée (le slasher). Amis des morts violentes, voilà une nouvelle dose de cadavres et d'hémoglobine !

Cette fois, tout commence dans un parc d'attraction, alors que Wendy et une bande de camarades de classe montent sur un splendide grand huit, dont l'apparence menaçante est soigneusement recherchée. Et voilà qu'au moment le plus effrayant de la dégringolade, l'attraction se disloque, entrainant la mort d'une multitude de malheureux amateurs de sensations fortes. Évidemment, Wendy se réveille en sursaut. Tout cela n'était qu'une prémonition (la mort a un sérieux problème de confidentialité avec ses plans les plus élaborés). Affolée, Wendy sort de l'attraction à temps, entrainant avec elle sept camarades (mais pas son petit ami, Jason).

D'en bas, Wendy assiste alors à l'accident qu'elle avait prévu, ainsi qu'à la mort de Jason. Heureusement pour nous, cinéphiles déviants, la tragédie ne s'arrête pas là, et désormais tous les survivants du drame vont périr un à un de façons très constructive et ludique.

Alors que dans le premier Destination Finale, l'accident initial se résumait à une simple explosion, la saga se caractérise a partir du second opus par une scène d'ouverture de plus en plus élaborée. Il est important que l'ordre de la mort des différents protagonistes soit facile à saisir pour le spectateur, puisque cet ordre servira de fil conducteur au déroulement du film. Dans Destination Finale 3, la scène du grand huit est donc particulièrement lisible et spectaculaire. Sans égaler le carambolage du second opus, elle prouve cependant que James Wong, de retour dans la saga, sait parfois tenir une caméra (pas longtemps, cependant).

Le seul problème de ce troisième opus, c'est le côté redite. Tony Todd ne fait qu'un caméo vocal (c'est lui la voix du diable à l'entrée du manège) et aucun ajout n'est apporté à la mythologie. Pas de William Bludworth, pas d'explications, pas de nouveautés. Le scénario est exactement le même que dans le passé et les personnages réagissent toujours aussi stupidement.

Restent des morts inventives qui satisferont l'amateur de base. Le minimum syndical, donc, pour une saga que j'aime mais qui n'a jamais volé très haut et qui prend ici son rythme de croisière.

vendredi 9 septembre 2011

Destination Finale 2 de David Richard Ellis

Destination finale 2 est un film américain réalisé par David Richard Ellis et sorti en 2003. Il est interprété par Ali Larter, A. J. Cook, Michael Landes et Tony Todd.



Imaginez Vendredi 13 sans Jason Voorhees, Halloween sans Michael Myers ou Jeu d'enfant sans Chucky... Vous avez la recette de la saga Destination Finale. Après un premier opus qui avait le courage de s'inscrire dans une genre en le privant de son principale ingrédient pour en capturer le véritable arôme, voilà la première suite. Fini les innovations, on répète la recette qui marche. Vous allez avoir du Tex Avery en live (ou plutôt un épisode des Happy Tree Friends).

Pour les vacances, Kimberly et ses amis embarquent à bord d'un voiture avec l'intention de rouler jusqu'en Floride. Mais en chemin un carambolage monstrueux se produit. Horrifiée, Kimberly assiste impuissante à la mort de ses camarades, carbonisés, écrasés par des rondins de bois ou broyés par divers véhicules, avant d'y passer elle-même... Et de se réveiller en sursaut. Car tout cela n'était qu'une prémonition. Constatant que tout se passe exactement comme dans son rêve, elle bloque la circulation à l'entrée de l'autoroute, sauvant ainsi la vie de ses amis, mais aussi de plusieurs inconnus.

Mais un à un, les rescapés miraculés du carambolage vont périr dans d'improbables accidents.

Le souvent catastrophique James Wong cède sa place à David R. Ellis (Des Serpents dans l'Avion, Cellular, c'est mieux, mais c'est loin d'être parfait). Malgré son passé chargé, ce dernier s'en sort remarquablement bien.

Il y a un énorme effort créatif fait dans les morts. Et c'est dans cet opus que la véritable convention de la saga sur la façon dont les accidents sont présentés à l'écran est définitivement mise en place. Le spectateur lit les indices puis prédit une ou deux morts possibles. La victime échappe au premier piège de façon épique pour mieux tomber dans le second, que quel il échappe aussi miraculeusement. Finalement, il meurt d'un troisième élément que l'auditeur n'avait pas vu venir. L'exemple type étant Evan, qui trépasse écrasé par une échelle de secours alors qu'on le croit tiré d'affaire (et que quelques seconds plus tôt on le pensait condamné).

Destination Finale 2 est mon opus préféré dans une saga que j'ai honte d'aimer. L'accident de la route qui lui sert de scène d'ouverture est une merveille de timing, de découpage, de cadrage et d'inventivité. La chorégraphie des taules qui se disloquent et des véhicules qui s'écrasent justifie à elle seule le film. Et puis on voit encore William Bludworth, le mystérieux porte-parole de la mort, interprété par un Tony Todd plus inquiétant et plus envoutant que jamais. On regrette juste qu'il n'éclaircisse aucune des zones d'ombres de la saga et que sa présence soit si éphémère. Vous avez la star de Candyman, le Captain Darrow de Rock, utilisez-le !

Si vous ne devez voir qu'un Destination Finale, choisissez celui-là. Il contient tout ce qu'il y a de mieux, et de pire, dans la saga.

mercredi 7 septembre 2011

Destination Finale de James Wong

Destination Finale est un film américain réalisé par James Wong et sorti en 2000. Il est interprété par Devon Sawa, Ali Larter, Kerr Smith, Seann William Scott, Kristen Cloke, Chad Donella, Amanda Detmer, Daniel Roebuck, Roger Guenveur Smith et Tony Todd.



Zut, mon blog devient snob. C'est vrai, entre Teinosuke Kinugasa, Sean Penn et Werner Herzog j'oublie de parler de films bien débiles, avec du gore, des morts violentes et une absence totale de prétentions scénaristiques. Heureusement, si parmi tout ce que produit Hollywood de prévisible et distrayant il y a bien une saga horrifique qui fait figure d'étalon, c'est Destination Finale. Pour faire bonne mesure, je vais traiter des 5 volets de la saga, en commençant par le premier sorti.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Destination Finale c'est du slasher sans tueur. Comment cela peut-il être ? Et bien en conservant la quintessence même du genre, à savoir une bande de dégénérés plus ou moins sympathiques, mais systématiquement décérébrés, qui vont mourir les uns après les autres de façon violente, le tout étalé sur 90 minutes. La qualité d'un slasher repose essentiellement sur deux choses : le tueur et les scènes de mise-à-mort. Ici, puisqu'il n'y a plus de tueur, il faut compenser avec des mise-à-mort particulièrement inventives, spectaculaires et gores.

Ah, me direz-vous, mais s'il n'y a pas de tueur pourquoi le casting au complet crève-t-il ? Et bien parce-que c'est la mort qui l'a décidé, un point c'est tout (d'ailleurs, il n'existe pas de tueur en série plus efficace que la mort, par définition). Je reconnais que c'est éminemment stupide. En fait j'ai un peu honte d'aimer Destination Finale (et pourtant je n'ai aucune honte à apprécier Ichi the Killer ou Braindead).

Comme dans tout slasher, on commence par nous introduire une bande d'adolescents. Ils partent tous en voyage à Paris, et ce avant que Woody Allen n'ai tourné sa publicité gênante, Minuit à Paris, pour la capitale du monde civilisé. Sauf que l'avion explose en plein vol, d'une façon aussi brutale qu'inattendue. Zéro survivants, le film devrait être fini. C'est un court métrage ? Non, le héros, Alex se réveille en sursaut d'un horrible cauchemar. Et là il découvre que tout se déroule exactement comme dans son rêve (les petites bousculades, le bitonio, qui tient la tablette de son siège qui est cassé, les répliques de ses camarades). Il comprend alors qu'il vient de vivre une vision prémonitoire et s'affole. Sa réaction de panique est si extrême, qu'il est expulsé de l'avion avant son décollage, accompagné de son prof et de cinq de ses camarades. Et il est encore entrain d'essayer d'expliquer son agitations quand l'avion explose dans le ciel.

Nous avons donc sept survivants. Il vont maintenant tous mourir un à un, car la mort déteste être bernée. Les accidents improbables vont se multiplier autour des heureux élus, causant des trépas aussi inventifs que spectaculaires. Comme c'est le premier opus de la saga, les morts ne sont pas aussi originales et tirées par les cheveux que par la suite, par contre il y a plus d'explications sur le principe du film que dans les suites. Et surtout il y a William Bludworth un croquemort mystérieux interprété par le charismatique et inquiétant Tony Todd (Candyman reposait à 98% sur lui). Ce colosse noir au rôle énigmatique est le seul personnage récurent de la saga et ses apparitions sont inoubliables.

James Wong est un piètre réalisateur (The One et Dragonball Evolution, tout de même) mais curieusement, il s'en tire bien avec son sujet. Oui, la mise en scène est plate et la direction des acteurs tient du gag. Et alors ? Ce n'est qu'un slasher ! Et un slasher qui innove, ce qui n'était pas vraiment arrivé depuis Scream !

lundi 5 septembre 2011

Burden of Dreams de Les Blank

Burden of Dreams est un documentaire réalisé par Les Blank en 1982. Filmé en Amérique du sud, il met en scène les principaux artistes impliqués dans la réalisation de Fitzcarraldo : Claudia Cardinale, Werner Herzog, Mick Jagger, Klaus Kinski et Jason Robards.



Fitzcarraldo compte parmi mes films fétiches, notamment parce qu'à travers les images transparaissent l'infini complexité de son tournage et l'investissement titanesque de Werner Herzog et de Klaus Kinski. La nature hostile, la folie des hommes, la volonté de quelques géants : il y a tout ce dont on peut rêver dans ce bijou, et surtout tout cela est d'un réalisme presque palpable. Burden of Dreams est un documentaire justement consacré au tournage de ce chef-d'œuvre du septième art.

Tourné par Les Blank, qui avait déjà réalisé en 1980 un autre documentaire sur Herzog : Werner Herzog Eats His Shoe, Burden of Dreams est aussi passionnant qu'instructif et ravira les cinéphiles comme les amateurs d'épopées.

Car Fitzcarraldo c'est un tournage maudit... Les ennuis commencent avec la dysenterie de Jason Robards, l'acteur principale, qui est obligé de quitter le tournage et qui se voit interdit par son médecin de retourner travailler dans la jungle. En dernier recours, et après avoir songé à incarner Fitzcarraldo lui-même, Herzog appelle son ennemi intime, l'acteur Klaus Kinski, qu'il avait déjà eut l'occasion de détester sur le tournage cauchemardesque d'Aguirre, la colère de Dieu. Peu après, ce sont les autorisations de tourner qui posent problème, suite à un désaccord avec les Agurunas, qui voient l'intrusion du réalisateur allemand comme une violation de leur territoire. Échappant de justesse à l'incident diplomatique, Herzog est obligé de déménager au pire moment de son tournage.

Mais l'apothéose de Burden of Dreams correspond au point d'orgue de Fitzcarraldo. Dans l'histoire, le personnage incarné par Kinski s'entête à essayer de monter un bateau à vapeur (aux dimensions démesurées) le long d'une colline, pour le faire passer d'un affluent de l'Amazone à un autre. Pour cela il recrute une tribu locale, les Shuars, qui accomplissent ce travail titanesque avec des outils très rudimentaires. Herzog fait choix de tourner la scène en pleine forêt amazonienne, a des heures de bateau de la civilisation, avec une authentique tribu d'autochtones. Et pour plus de réalisme, il décide de l'accomplir sans trucages.

Les problèmes rencontrés sont dantesques, mais Herzog s'entête. La montée des eaux du fleuve rajoute une contrainte temporelle forte, pendant que les tensions se multiplient entre les indiens et Kinski...

Burden of Dreams est une épopée passionnante sur l'ambition et l'acharnement aveugle de deux hommes, épopée qui ressemble furieusement à l'histoire même racontée dans Fitzcarraldo. Au final, Herzog met autant de volonté dans le tournage de son film que Fitzcarraldo n'en met dans son rêve : construire une opéra à Iquitos.