vendredi 31 août 2007

Man on Fire de Tony Scott

Réalisé par Tony Scott en 2004, Man on Fire est un film américain interprété par Denzel Washington, Dakota Fanning, Marc Anthony, Radha Mitchell, Christopher Walken, Giancarlo Giannini et Rachel Ticotin.



Après un début de carrière artistiquement discutable avec Top Gun, Le Flic de Beverly Hills 2 et Jours de tonnerre, Tony Scott a progressivement insufflé de plus en plus de personnalité à ses oeuvres. En l'espace de deux films, Le Dernier samaritain et True Romance, il s'est taillé une véritable réputation, même si ces derniers doivent beaucoup à leur scripts, écrit respectivement par Shane Black et Quentin Tarantino. A partir des 2001 il commença à expérimenter divers effets stylistiques aussi bien dans les angles et les plans utilisés que dans le montage. Ce virage artistique, initié avec Spy Game, atteint un point culminant dans Man on Fire et Domino.

Man on Fire est le remake d'un film d'Elie Chouraqui sorti en 1987. Au Mexique les enlèvement d'enfants de riche se multiplient. Dans ce contexte d'insécurité certaines familles se paient les service d'un garde du corps. Ancien agent de la CIA dépressif et au bout du rouleau, John Creasy se laisse convaincre par un ami de garder une petite fille : Pita Ramos. Cette dernière, mignonne et gentille au possible arrivera à lui redonner le sourire avant de se faire enlever sous ses yeux. Un peu plus tard le versement de la rançon tourne mal et Pita est tuée. Creasy décide alors d'exécuter tout ceux qui sont impliqués dans ce kidnapping.

Ce n'est pas par son scénario, musclé et sans détour, que Man on Fire brille. C'est avant tout par sa réalisation et son montage. Les plans sont très courts et le style peut paraître brouillon, mais il faut reconnaître à Tony Scott une véritable volonté d'innover et de surprendre. Lumières de toute beauté, intégration artistique des sous-titre à l'image lors des dialogues en espagnol, surabondance de filtres dénaturant les couleurs : c'est fatiguant pour la rétine mais spectaculaire. Alors parfois on dirait un clip ou une publicité, mais de la part d'un blockbuster d'action de telles expérimentations sont inattendus. Pour couronner le tout, le physique impressionnant et le jeu taciturne de Denzel Washington sont très bien exploités.

Man on Fire n'est pas exempt de défauts, et on sort de la salle avec l'impression d'avoir passé sa tête dans l'essoreuse en même temps qu'une guirlande de noël, mais il mérite résolument le détour.

Haze de Shinya Tsukamoto

Réalisé par Shinya Tsukamoto, Haze est un moyen métrage japonais sorti en 2005. Il est interprété par Shinya Tsukamoto lui-même ainsi que Kahori Fujii, Takahiro Kandaka et Takahiro Murase.



Superficiellement Haze ressemble à Cube et Saw : un homme se réveille amnésique, enfermé dans un labyrinthe complexe et étriqué empli de pièges. Il est blessé au ventre et perd beaucoup de sang. Après une errance hasardeuse il rencontre une femme qui le convainc de continuer juste quand il allait abandonner. Mais au long de ses 49 minutes (25 pour la version court-métrage) l'œuvre se révèle plus abstraite que ses modèles; flash-backs et souvenirs confus faisant douter le spectateur de la réalité du labyrinthe.

Il y a dans Haze plusieurs scènes efficaces et glaçantes mise en valeur par la photographie sombre et presque sans couleur chère au réalisateur de Vital et Tokyo Fist. A un moment le héros s'éveille bloqué dans un tunnel si étroit qu'il doit se tenir de profil, dos au mur. Sa bouche est grande ouverte autour d'un tuyau rouillé courrant le long du mur. Ne pouvant pas tourner la tête il est contraint d'avancer en crabe, les dents frottant dans un grincement hideux sur le métal. Après un plan interminable il heurte un mur... Il doit alors repartir dans l'autre sens, espérant que le tunnel n'est pas bloqué en ses deux extrémités. Le crissement atroce reprend...

Si on exclue la fin en forme de twist sibyllin optimiste, Haze s'inscrit dans la parfaite continuité du cinéma de Tsukamoto, avec sa thématique sombre, ses effets de caméra agressifs, du métal nu et la plus totale absence d'explication. La musique, toujours composée par Chu Ishikawa, est indissociable de la bande son, recyclant chaque bruit en note. La solitude et l'obscurité sont palpables, l'image superbe et l'ensemble est réellement éprouvant. Claustrophobes, passez votre chemin !

Notez enfin que Haze est tourné en DV ce qui parle en faveur de cette technologie quand on sait l'importance que Tsukamoto a accordé toute au long de sa carrière aux images et à leur traitement (Tetsuo était bourré de trouvailles photographiques en dépit du budget minuscule ayant impliqué l'usage de 16 mm noir et blanc).

jeudi 30 août 2007

Westworld de Michael Crichton

Michael Crichton est surtout connu pour ses romans et ses scénarios (Jurassic Park, Le 13ème guerrier). Pourtant il a prouvé plusieurs fois qu'il était aussi à l'aise derrière la caméra que penché sur un clavier. D'un coté avec La Grande attaque du train d'or et de l'autre avec le séminal Westworld. Sorti en 1973, ce film de science fiction est donc écrit et réalisé par Michael Crichton. Il est interprété par Yul Brynner, Richard Benjamin, James Brolin, Norman Bartold, Dick Van Patten et Victoria Shaw.



Dans un futur proche un parc d'attraction futuriste bourré de robots permet de vivre différentes époques. L'antiquité romaine, essentiellement pour ses orgies, son faste et ses spectacles, le moyen âge, pour ses romances et ses duels à l'épée et le temps de la conquête de l'ouest. C'est ce monde, le Westworld, que visiterons nos deux héros : un habitué et un nouveau venu. Tout les personnages secondaires sont des robots, depuis les prostituées jusqu'au gros malabar accoudé au bar, et il est donc possible d'interagir avec eux sans se poser de questions morales.

Après une présentation des possibilités du parc d'attraction (on peut faire dégénérer une bagarre en duel et tuer son adversaire ou coucher avec des filles de joie), Michael Crichton embraye sur la catastrophe. L'ordinateur centrale tombe en panne et les machines se mettent à se comporter de manière imprévisible. D'un seul coup le pistolero qu'avait abattu notre héros, un clone du Chris des Sept Mercenaires, décide de prendre son rôle de tueur au pied de la lettre ainsi que sa revanche. Commence alors une course poursuite entre une machine perfectionnée et un pauvre touriste.

Ancêtre de Terminator et de tout un pan du cinéma moderne, John Carpenter reconnaissant lui même que son Michael Meyers indestructible dans Halloween est inspiré du robot incarné par Yul Brynner, Westworld est une révolution. Avec ses machines spoliées exterminant les hommes il est en avance de plusieurs décennies alors que son imagerie de western et de péplum le rattache à un cinéma des années soixante. Utilisant de manière novatrice les possibilités de l'informatique, Westworld est aussi le premier film de l'histoire à exploiter les effets spéciaux numériques, le filtre de pixelisation figurant la vision de la machine à tuer étant calculé sur ordinateur.

Avec son rythme parfait, sa thématique nouvelle, son casting impeccable et l'exploits technologique, Westworld est cent fois moins connu qu'il ne devrait l'être. Trouvez-le et regardez-le !

Ashura de Yojiro Takita

Adapté d'une pièce de la pièce de théâtre kabuki célèbre Blood Gets In Your Eyes, Ashura (Ashura-jô no hitomi, 2005) est un film japonais réalisé par Yojiro Takita sur un scénario de Sei Kawaguchi, Kazuki Nakashima et Masashi Todayama. Il est interprété par Somegoro Ichikawa, Rie Miyazawa, Kanako Higuchi, Atsuro Watabe et Fumiyo Kohinata.



Sou l'ère Edo, dans un japon mythologique, les démons cherche à annihiler l'humanité. Trois héros se dressent face à eux, alternant les carnages et les batailles. Un jour, au milieu d'un massacres sans nom, le plus fort d'entres eux, Izumo, tue une fillette en la prenant pour un monstre. Il ne sait pas que cela provoquera à terme la résurrection d'Ashura, la reine des démons.

C'est donc l'histoire de l'éternelle guerre opposant la lumière et l'obscurité. Du combat sans fin des hommes contre les créatures du mal et d'un amour impossible entre Izumo, mortel, et Ashura. Adapté d'une pièce de théâtre tragique au possible, avec ses dilemmes cornéliens et son ambiance shakespearienne, Ashura surprend par la naïveté de son traitement. Il y a peu d'humour et le récit est lu au premier degré. Tant pis si on nage entre le drame intimiste, le mélo et le blockbuster débordants d'effets spéciaux spectaculaires. L'action est toujours là pour soutenir les personnages et l'intrigue, renforçant les émotions et donnant un rythme à la narration.

La réalisation est impeccable (si vous adhérerez au style Legend of Zu), respectant l'esprit théâtral de la chose. Les images sont belles, à la fois à cause des costumes et des décors et d'un éclairage en parfaite adéquation avec une photographie maîtrisée. Avec des incrustations 3D largement en dessous des standards hollywoodiens et de bizarre effets de lumière sur les visage des démons, les SFX peuvent décevoir. Mais la richesse visuelle de l'œuvre pousse à l'indulgence.

Quelques imperfections pour un grand film qui risque de paraître étrange aux yeux des spectateurs européens mais dont la sincérité fait mouche. A voir avec l'esprit ouvert.

mercredi 29 août 2007

11:11 de Michael Bafaro

Avec son titre numérique, 11:11 est un film fantastique canadien réalisé par Michael Bafaro en 2004. Il est interprété par Laura Mennell, Paul Dzenkiw, Christie Will, Kristina Copeland, Cathy Weseluck et Chris Harrison.



A 7 ans Sarah Tobias a massacré les assassins de ses parents, deux prisonniers en fuite. Devenue grande cela lui a laissé des séquelles la faisant cauchemarder et halluciner. Mais ces divagations sont-elle juste provoqués par le trauma ? On peut se le demander quand dans son entourage tous ceux qui lui nuisent d'une manière ou d'une autre meurent violemment dans des conditions troubles. De plus le chiffre 11:11, qui était écrit avec du sang à coté du cadavre de sa mère, fait son grand retour.

11:11 pourrait être décrit comme un film de fantôme classique couplé avec une histoire de satanisme et renforcé par une réalisation surfant sur la vague Ringu. Pas détalage de violence ou de sang, donc, mais pas non plus de scénario élaboré. Juste quelques scènes de frousse à la japonaise mais dont les codes ont été soit mal compris soit mal maîtrisés. Les distorsion du temps et de l'image, les flash-back et les ellipses sont maladroites et frustrent plus qu'elle ne terrifient pendant que l'héroïne se ballade, l'air perdu au milieu d'un scénario qui lui échappe. Car Michael Bafaro n'a pas hésité à multiplier les ingrédients, appliquant la recette du Gâteau 100 fois bon avec un résultat brouillon au possible. On a donc le doit à des fantômes, des prophéties, la fin du monde, des teenagers de campus à la Souviens-toi l'été dernier, le diable et des couloirs (beaucoup).

Hésitant entre différents style, le métrage survole tout sans rien approfondir. Ne vous attendez pas à avoir peur, encore moins à être bluffé par des retournements subtils. Seul la fin pessimiste arrive à contrebalancer un peu le bilan. Si vous voulez voir ce que peuvent donner les astuces de Ju-on appliquées par un tâcheron sans talent vous pouvez a la rigueur vous procurer ce 11:11. Sinon ne le regardez qu'en dernier recours, quand vous êtes en manque chronique de petite fille ectoplasmique et de fantômes tremblotant sur des vidéos dégradées.

Reeker de Dave Payne

Reeker est un film d'horreur américain écrit et réalisé par Dave Payne en 2005. Il est interprété par Devon Gummersall, Derek Richardson, Tina Illman, Scott Whyte, David Hadinger et Arielle Kebbel.



En route pour la rave party du siècle, avec à bord de leur voiture assez de drogue pour tenir le temps de trois longs métrages, une bande de teenagers à la Vendredi 13 traverse le désert californien. Seulement leur véhicule tombe en rade et ils sont obligés de se réfugier dans un petit motel miteux et totalement désert. Pourquoi n'y a-t-il personne ? Qui est ce mystérieux automobiliste qui cherche partout sa femme disparue ? Comment une jeune fille peut-elle s'appeler Cookie ? Pourquoi tout le monde meure-t-il haché menu par un créature invisible ? Autant de questions dont les réponses ne tarderont pas.

Reeker se veut un honnête petit slasher avec des morceaux de survival dedans. Comprenez par là que certains protagoniste ont un QI positif et tiendront plusieurs minutes face au tueur, même si l'essentiel du gibier est constitué de pur adolescent américain élevé au beurre de cacahouète et à la bière. Les mise à morts, très graphiques (éviscération aux toilettes et autres joyeusetés), arrivent à capter l'attention pendant que le spectateur cherche le pourquoi du comment. Car le tueur doté de pouvoirs surnaturels n'a rien d'un Mike Meyers. Et c'est là que l'œuvre pèche, hésitant entre le bon vieux slasher surnaturel et le machin philosophique new age pour 3-6 mois. Avec sa fin en twist métaphorique éculé et son lot de tripailles, Reeker ressemble à un croisement mal formé entre Jacob's Ladder et Halloween.

Des effets spéciaux réussis et une belle photographie nocturne donnent cependant à ce film suffisamment de qualités pour attirer l'amateur de Freddy vs. Jason en manque. Pour les autres il y a des motels biens plus amusant à visiter, à commencer par celui de Norman Bates.

mardi 28 août 2007

The Calamari Wrestler de Minoru Kawasaki

The Calamari Wrestler (Ika resuraa, 2004) est un film japonais de Minoru Kawasaki. Il est interprété par Kana Ishida, Osamu Nishimura, Miho Shiraishi et Yoshihiro Takayama.



The Calamari Wrestler avait tout pour me plaire. Depuis le titre jusqu'au concept. Jugez plutôt : Taguchi vient d'emporter sa ceinture de champion du catch quand un calamar géant fait une irruption sur le ring et la lui vole avant de le pulvériser avec un facilité déconcertante. D'un coté les autorité d'organisation du catch voient très mal la chose et de l'autre Miyuko, la fiancée de Taguchi reconnais dans ce calamar son ancien amoureux Iwata (officiellement mort). Un match est alors organisé pour permettre à Taguchi de prendre sa revanche.

Malheureusement, à part le Catcheur Calamar du titre et une histoire de sport stéréotypée et linéaire offrant ses obligatoires moments d'émotions à La Belle et la Bête, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Une certaine dose d'humour vient relever la sauce, centrée sur la difficulté de se comporter normalement dans la vie de tout les jours quand on est un céphalopode géant (et très prisé des amateurs de fine cuisine). Mais ce n'est pas suffisant pour meubler tout un film. Alors on se rattrape en riant devant les costumes en latex si peu réalistes qu'on se demande si le héros est censé être un calamar ou un homme déguisé en encornet.

La réalisation est ordinaire. Heureusement les combats de catch sont originaux, divertissants et même impressionnants (l'acteur principal est un vrai catcheur). Si vous êtes fan des Godzilla et autres Gamera uniquement à cause des bêtes géantes qui passent leur temps à se fritter la gueule vous trouverez votre compte ici. De plus le divertissement est grand public, mielleux et déborde de bons sentiments. Il n'y a même pas de vrai méchants ! Donc ça peux faire un bon film familial si vous voulez pervertir le plus tôt possible les goûts cinématographiques de vos bambins.

Electric Dreams de Steve Barron

Electric Dreams (1984) est un film américain de Steve Barron écrit par Rusty Lemorande. Il est intreprété par Lenny von Dohlen, Virginia Madsen, Maxwell Caulfield, Bud Cort, Don Fellows et Alan Polonsky.



Electric Dreams surf sur la nouveauté de l'introduction des micro ordinateurs dans les foyers (l'action est située dans les années quatre-vingt). A l'époque les ordinateurs étaient tous des super-intelligences à deux doigts de prendre conscience et d'asservir l'humanité ou de tuer leur créateurs. Pour déclencher la crise il suffisait de leur flaquer un coup de pied, de renverser du champagne sur leur clavier ou de leur faire télécharger des fichiers trop gros.

Pour résumer l'intrigue sachez qu'un PC nommé Edgar devient progressivement humain (mentalement parlant) avant de tomber amoureux de sa voisine, une femme sur laquelle sont propriétaire lorgne également.

En faite la vision de l'informatique dans ce film est tellement surréaliste et éloignée de tout semblant de vérité qu'on se demande comment, même dans le temps, elle avait pu faire illusion. Electric Dreams est un document historique exceptionnel, dépeignant un monde totalement disparu (de nos jours les gens n'ont plus peur de tout ce qui contient un microprocesseur, ne portent plus des chemises aussi laides et n'écoutent plus des tubes aussi ridicules). Voir un ordinateur qui arrive à séduire une violoncelliste professionnelles spécialisée dans un répertoire classique en lui composant un morceau de disco digne de Bides et musique et en l'interprétant avec un synthétiseur insipide tient de l'expérience initiatique... Et c'est sans compter les clips vidéos qui accompagnent chaque création musicale du tas de puce.

Electric Dreams c'est la version eau de rose de Terminator. Un Matrix croisé avec l'ancêtre de la Star Academy. Après ça Steve Barron a réalisé l'adaptation en live des Tortues Ninja, dur de savoir si c'est un progrès où une dégringolade.

lundi 27 août 2007

Silk de Chao-Bin Su

Silk (Guisi) est un film taiwanais réalisé par Chao-Bin Su en 2006. Il est interprété par Chen Chang, Chun-Ning Chang, Bo-lin Chen, Yosuke Eguchi, Barbie Hsu et Kar Yan Lam.



Dans les grandes lignes on peut décrire Silk comme un film fantastique de science fiction mélangeant Ringu et les Ghost Busters. Un scientifique japonais, Hashimoto, a réussi à construire une éponge de Menger : un solide fractal. Pour les mathématiciens il s'agit en fait d'une extension tridimensionnelle de l'ensemble de Cantor décrite par Karl Menger en 1926. Il a la particularité de recouvrir une surface infinie et de contenir un volume nul. Avec ça Hashimoto espère pouvoir créer l'anti-gravité. Mais en fait il constate que ce solide a la particularité de capter l'énergie des esprits. Il va alors s'en servir pour capturer un enfant fantôme et enquêter dessus afin de comprendre ce qui se cache derrière la création du phénomène. Pour cela il aura recours aux services de l'inspecteur Ye de la police taiwanaise.

Malgré des scènes de frousse répondants aux codes du genre (gros plan sur des yeux révulsés encadrés par les cheveux sales d'une femme morte et petit gamin muet à la peau pâle), Silk n'est pas calqué sur l'œuvre d'Hideo Nakata. Il s'agit en fait d'une réflexion mélodramatique sur l'amour et les liens qu'il tisse entre les êtres, symbolisés par des fils de soie que les éponges de Menger mettent en évidence, ainsi que sur la recherche de l'éternité. Le fantôme captif n'est pas seulement un cobaye et le sujet d'une enquête : il est la clef pour la question essentielle sur la vie après la mort.

La photographie est superbe, la réalisation conventionnelle mais soignée et le casting excellent. Yosuke Eguchi incarnes un Hashimoto crédible dans sa quête du savoir pendant que Chang Chen est impressionnant dans son rôle complexe d'inspecteur déchiré entre son travail, son amour pour une jeune fleuriste et son acharnement pour maintenir sa mère comateuse en vie.

The Wig de Shin-yeon Won

The Wig (Gabal) est un film sud-coréen réalisé par Shin-yeon Won en 2005. Il est interprété par Min-seo Chae, Hyon-Jin Sa, Soo Moon et Seon Yu.



Certains en ont marre des productions de K-horror et de J-horror exploitant inlassablement les mêmes recettes. Personnellement je supporte très bien les redites et je trouve à chaque fois quelques nouveaux ingrédients créant des saveurs inconnues. En fait je suis accro et si je n'ai pas vu mon yurei eiga de la semaine j'ai des symptômes de manque. The Wig était donc fait pour moi.

Ji-hyun et Su-hyun sont deux sœurs très intimement liées. Mais Su-hyun est atteint d'une leucémie et doit subir une chimiothérapie la rendant chauve. Quand son étant s'aggrave Ji-hyu lui offre une perruque et l'invite à venir vivre chez elle. Rapidement la santé de Su-hyun s'améliore et son caractère commence à changer. Car la perruque en question est hantée (une moumoute maudite serais-je tenté de dire).

Encore une fois nous sommes face à un film de fantôme incluant des éléments mélodramatiques et une sombre histoire d'adultère et de femme assassinée. Comme son titre l'indique le film exploite essentiellement deux des mamelles du genre : la peur des cheveux (typiquement asiatique) et la malédiction attachée à un objet anodin. Le problème de la métempsycose est également abordé, mais le centre de l’histoire reste les événements tragiques passés conduisant à une fin présente dramatique. La thématique de la réincarnation, chère au compatriote Ahn Byeong-gi (Bunshinsaba et Phone), est donc secondaire. Car au delà de la peur il y a des larmes... Et rien que pour ce tour de force The Wig mérite le détour.

Avec sa réalisation classique, son histoire dramatique au possible et ses deux actrices formidables, The Wig arrive à se hisser au dessus du panier ; juste assez pour qu’on puisse l’attraper. Fans de K-horror sautez donc sur l’occasion et sachez qu’après l’avoir vu vous vous méfierez du siège de vos toilettes.

dimanche 26 août 2007

Face de Sang-Gon Yoo

Face est un film d'horreur coréen réalisé par Sang-Gon Yoo et sorti en 2004. Il est interprété par Yun-ah Song, Hyeon-jun Shin, Seung-wook Kim, Seok-Hwan An, Won-hui Jo, Jae-ho Song et Ye-rin Han



Il est difficile d'être original quand on est un film de fantôme coréen moderne. Avec l'incroyable nombre de productions de ce type la plus part des idées ont déjà été prises. Face tente de s'éloigner des canons du genre en s'appropriant des ficelles propres au mélodrame et au film d'enquête.

Jeong Seon-yeong est un policier spécialisé dans la reconstitution faciale. Avec son talent et son savoir il peut recréer le visage d'un mort à partir de son crâne. Mais il arrête son travail pour s'occuper de sa petite fille malade après le décès de sa mère. Malheureusement un tueur en série rend la police perplexe, ne laissant derrière lui que des os parfaitement nettoyés. Les talents de Jeong sont sollicités à mainte reprise mais il ne veut pas rempiler. Un jour une jeune femme, Lee Hyeon-min, débarque chez lui et commence à s'incruster et à s'imposer pour qu'il se remette au travail. Par ailleurs Jeong commence à être victime de visions : le spectre d'une femme le harcèle...

Sur un scénario bien pensé (piochant dans Sixième Sens et Créance de sang), Face arrive à capter l'attention. Avec ses cheveux longs perçus au détour d'un plan, ses bruits étranges à la radio et ses images fugitives dans les miroir notre fantôme ne fait pas dans l'original. La réalisation est sans relief et les moments de trouille sont très codifiés. Mais la recette marche... L'idée de reconstitution faciale avait déjà été exploitée dans Ringu 2. Ce film est-il créé avec comme principale source d'inspiration la brillante scène où la face de Sadako, modelée en argile, était prise en photo avec un violent flash, semblant se déformer à chaque éclair ?

La Corée du sud nous avais habitué à bien mieux avec Phone, Deux sœurs et la saga des Whispering Corridors, mais Face n'est pas à jeter et ravira les fans inconditionnels. A voir après les films cités ci-dessus mais à voir tout de même.

Election de Johnnie To

Election (Hak Se Wui) est un film hong-kongais de Johnnie To sorti en 2005. Ecrit par Nai-Hoi Yau et Tin-Shing Yip, il est interprété par Nick Cheung, Louis Koo, Tony Leung Ka Fai, Simon Yam, Cheung Siu-Fai et Lam Suet.



Johnnie To s'est imposé comme un des meilleurs réalisateurs d'action de Hong Kong au cours de ces dix dernières années. Avec le formidable The Mission puis PTU et Breaking News il a atteint une reconnaissance internationale se couronnant par la présence d'Election dans la sélection officielle du Festival de Cannes en 2005. Ici il traite de manière novatrice un sujet récurrent : les triades.

Dans le monde mafieux film hong-kongais il est temps de choisir un nouveau président chargé de superviser l'ensembles des chefs de triades. La lutte est rude entre Lok, favori et bénéficiant de l'appui des Oncles, et son adversaire, Big D qui n'hésite pas à utiliser violence et corruption pour influencer le vote. Alors que Lok va être élu, Wo Shing, le Bâton à Tête de Dragon nécessaire à la cérémonie d'intronisation, est dérobé. Lok et ses hommes vont devoir tout faire pour le récupérer et ainsi prouver leur aptitude à diriger.

Election est un film réaliste sur le fonctionnement de la pègre à Hong Kong. On nous présente une société très codifiée où l'honneur est central. Les combats sont rares et les armes à feu quasiment absentes. Entre des jeux de pouvoirs subtils, une omniprésence de la police sans qu'elle intervienne directement et la description d'une fresque de caractères bien trempés le spectateur peut s'occuper. L'histoire se suit bien, sans qu'on sache où elle conduit, et puis subitement il y a la fin, magistrale et nihiliste. Le pouvoir ne se partage pas et Lok, qui aux yeux du spectateur est le gentil, le prouve brillamment.

Election est un petit chef-d'œuvre aussi créatif que maîtrisé dans la réalisation et le narration. Du grand cinéma, dur, solide et efficace !

A Scanner Darkly de Richard Linklater

A Scanner Darkly est un film américain réalisé par Richard Linklater et sorti en 2006. Il est interprété par Keanu Reeves, Winona Ryder, Woody Harrelson, Robert Downey Jr. et Rory Cochrane.



A Scanner Darkly, Substance mort chez nous, est probablement le roman le plus abouti et la plus personnel de Philip K. Dick. Histoire de droguée écrite par un ex-accro, réflexion sur la schizophrénie, dessin d'une fresque de junkies perdant progressivement tout, Substance mort n'a de science fiction que le nom. Comme Le festin nu de William Burroughs ou Las Vegas Parano de Hunter S. Thompson il s'agit de quelque chose de viscéral et d'inadaptable. Mais après tout David Cronenberg et Terry Gilliam se sont bien débrouillés pour porter ces deux titres à l'écran (et dans les deux cas il s'agit de très bons films, même si leur fidélité est discutable). Pourquoi ne pas rêver dès lors d'une adaptation de Substance mort ?

Richard Linklater s'y est attaqué courageusement. Après un Waking Life philosophique et brouillon, il a perfectionné sa technique de rotoscoping vectoriel pour faire un dessin animé étrange et surréaliste à partir de prise de vues réelles. Les mouvements sont fluides et complexes (il faut voir les doigts bouger pendant les discussions, quand les personnages font de grands gestes) et au final chaque image ressemble à une réalité distordue. L'impression de vivre un trip que donnais le livre est ainsi sublimée.

L'histoire est difficile à résumer car elle n'est pas le vrai propos du film. Dans un futur proche où une drogue, la terrible Substance M, fait des dégâts considérables, rendant accro à la première prise et poussant à la schizophrénie, Fred est un flic de la brigade des stupéfiants chargé d'infiltrer le milieu des toxicomanes. Un jour on lui demande d'enquêter sur un certain Bob Arctor qui n'est en fait autre que lui...

Une ambiance exceptionnelle pour un récit schizophrénique raconté à la première personne. Très innovant dans l'animation, très sobre dans les effets narratifs et réellement fidèle à l'esprit du livre, A Scanner Darkly est un bijou prouvant une nouvelle fois le savoir faire de Richard Linklater.

One Missed Call Final de Manabu Asou

One Missed Call Final (Chakushin ari final) est le troisième volet de la saga initiée par l'excellent La Mort en ligne de Takashi Miike. Si on oublie le remake américain en cours de production et la série TV, ce film japonais, sorti en 2006 et réalisé par Manabu Asou, est vendu comme l'opus final d'une trilogie. Il est interprété par une bande de jeunes acteurs inconnus : Maki Horikita, Itsuji Itao, Yun-seok Jang et Meisa Kuroki.



Après la banal et fade One Missed Call 2 il fallait apporter du sang neuf à la saga. Ici les héros, une bande de lycéens, sont toujours japonais mais le film se déroule lors d'un voyage de fin d'étude en Corée du sud. Juste avant le départ une des lycéennes s'est pendu car martyrisée et brimée sans cesse par ses camarades. Elle a survécu et est actuellement dans le coma à l'hôpital (qui pense à Aenigma de Lucio Fulci ?). Alors que nos adolescents profitent de leurs vacances, de mystérieux appels vont raisonner. Comme dans La Mort en ligne le téléphone sonne avec la petite musique chère à Mimiko, puis le propriétaire du portable décroche et reçoit un appel de lui-même annonçant une mort imminente et violente. Mais pour éviter la redite le fantôme vengeur a ajouté une option originale : si le message est forwardé à un camarade c'est ce dernier qui y passe (et pour éviter les petits tricheurs un seul renvoi est possible).

Il faut donc voir les combats qui éclatent dès qu'un téléphone sonne, d'abord pour savoir à qui il appartient, ensuite pour empêcher son propriétaire de s'en servir pour renvoyer la malédiction. Cette nouvelle dimension fait de One Missed Call Final un film original et plus fin qu'il n'y parait. Progrès technologique oblige, la capacité des portables à faire des vidéos et à envoyer des e-mails est exploitée et internet joue un rôle important dans l'intrigue. A part ça rien à signaler si ce n'est que le titre contient un final alors que ce grand retour de Mimiko n'a aucune raison d'être sa dernière apparition.

Derrière le premier film, mais devant le second, ce One Missed Call Final vaut le détour si vous aimez les yurei eiga et que vous êtes en manque.

One Missed Call 2 de Renpei Tsukamoto

Au milieu de tous les clones japonais de Ringu quelques titres ont réussi à se faire remarquer. On peut citer en particulier Ju-on et ses suites (principalement Ju-on: The Grudge), Dark Water, et One Missed Call, connu chez nous comme La mort en ligne. Grâce à une réalisation impeccable, une histoire dérangeante et l'interprétation novatrice de nombreux thèmes et idées, le film de Takashi Miike avait réussi à séduire un large public et a être diffusé internationalement. En 2005 une suite est produite, réalisée par Renpei Tsukamoto et interprétée par Mimura, Yu Yoshizawa, Asaka Seto, Peter Ho Yun-Tung et Renji Ishibashi.



Chakushin ari 2, ou One Missed Call 2 est donc un énième film de fantôme avec un petite fille aux cheveux gras et un malédiction à propagation virale. Ici l'inquiétante petite sonnerie de téléphone annonce toujours une fantôme mais pas le même, car du film original aucun protagoniste ne rempile (exception faite d'un inspecteur de police). Cette fois-ci l'enquête va conduire nos héros en Taiwan où ils découvrirons le tragique destin d'une jeune fille...

Même s'il comporte son lot de scènes effrayantes, One Missed Call 2 ne réussit pas à mystifier son spectateur comme le faisait son aîné. En fait il s'agit d'un rip-off des effets, largement complété à partir de divers yurei eiga, sans l'histoire ni les personnages complexes de La mort en ligne. Le scénario est donc minimaliste pendant qu'une impression de mollesse se dégage de partout. Ce n'est pas juste l'absence de Mimiko ou la distance prise par rapport à l'original qui dérange mais le manque d'originalité.

Il n'y a rien dans One Missed Call 2 qu'on ait déjà vu et revu. Et si la peur fonctionne encore l'espace de quelques plans c'est uniquement parce que la recette bien rodée peut relever même la plus fade des soupes. Un yurei eiga regardable mais à ranger dans le gros panier avec tout les films n'ayant pas trouvé d'ingrédient en plus. Au passage c'est le moins bon volet de la trilogie.

La Mort en ligne de Takashi Miike

Film japonais de Takashi Miike sorti en 2003, La Mort en ligne est interprété par Kô Shibasaki, Shinichi Tsutsumi, Kazue Fukiishi, Renji Ishibashi et Goro Kishitani.



Takashi Miike s'est essayé à beaucoup de genres. En 2003, alors que le succès de Ringu et de Dark Water a entraîné le cinéma japonais dans une déferlantes d'histoires de fantômes plus ou moins réussis, notre réalisateur tourne un de ses premiers films commerciaux. La Mort en ligne est un descendant direct du chef d'œuvre d'Hideo Nakata. C'est un film de fantôme japonais respectant à la lettre les recettes des romans de Kôji Suzuki : tradition, petite fille morte dans un situation obscure et nouvelle technologie comme vecteur de propagation d'une malédiction à l'ancienne.

Le début du film est une leçon de savoir faire : une scène d'ouverture terrifiante et pourtant académique au possible. Des filles s'échangent leur numéros de portables dans un restaurant, deux d'entres elles s'éclipsent pour aller aux toilettes, là un téléphone portable sonne - une petite musique enfantine aux échos inquiétants, c'est celui de la première victime de la malédiction...

Très vite le mode de diffusion de la malédiction est cernée - chaque victime est choisie dans la liste des contacts de la précédente et reçoit un appel la prévenant de sa mort prochaine - mais les médias s'emparent de l'affaire. La jeune fille maudite se voit donc invitée par des journaliste incrédules sur un plateau télévisée à l'heure précise de sa mort. Alors que ce genre d'horreur fonctionne d'habitude sur l'isolement, le décès est ici diffusée en direct à travers tout le Japon, ajoutant la cruauté et le voyeurisme à l'horreur de la malédiction. Changement d'échelle donc, mais quand on meurt on est toujours seul...

C'est seulement à partir de là que le film deviens imprévisible, accumulant les retournements de situations, les scènes éprouvantes et égrainant avec habileté a la fois les recettes du genre mais aussi les procédés narratifs propres à Miike (fascination pour la mort et la cruauté au sein de la cellule familiale, rêves-flash-back contenant des éléments fictifs, sadisme des protagonistes).

Au final un film abordable, efficace, moins personnel que le reste de la filmographie de Miike mais ayant le mérite d'avoir été diffusé en salles en France et de toucher un genre largement apprécié. Un excellent représentant du yurei eiga contemporain avec ce qu'il faut d'originalité.

samedi 25 août 2007

Le monstre du labyrinthe de Steven H. Stern

Le monstre du labyrinthe est un film américain de Steven H. Stern réalisé pour la télévision en 1982. Il est interprété par Tom Hanks, Wendy Crewson, David Wallace, Chris Makepeace et Lloyd Bochner.



C'est l'histoire d'une partie de Donjons et Dragons (ici le jeu s'appelle Mazes and Monsters en VO et Le montre du labyrinthe en VF, admirez au passage la traduction) qui tourne mal. En fait le film surf sur la vague médiatique "Horreur ! Les JDR ça rend givré".

L'originalité du film réside dans le fait que le héros (Tom Hanks, qui sauve la mise par son jeux excellent) n'a aucune raison de péter les plombs. Sa famille semble l'aimer (bon, on l'engueule un peu car il joue trop et on l'inscrit dans une grande Fac alors qu'il voudrait faire des études bidons, mais tout le monde passe par là), il a une superbe petite amie de bon copains et n'est ni névrosé ni asocial. Et puis sans raison il se met à croire à son jeu... il n'y a pas de cause particulière (je veux dire qu'on s'attend à ce qu'un événement provoque le pétage de plomb, mais là rien)... la seule esquisse d'explication est donnée par le fait que son frangin s'est enfui de la maison quelques années plus tôt. Mais pourquoi cela provoque-il la disjonction à cet instant du film ?

Après le fusible grillé, particulièrement mal introduit, donc, on se dit qu'il va y avoir du sang, ou au moins un mort... même pas, Tom Hanks se balade halluciné à New York et fini par grimper en haut des Deux Tours, pardon, des Twins Towers, pour se jeter dans le vide (on l'en empêche, malheureusement).

Un des protagonistes du film, un fils de riche gâté par ses parents mais extrêmement sympathique, porte en permanence des couvre-chefs ridicules. On ne sait pas pourquoi (il a un casque allemand à pointe au début du film, puis un chapeau à la Louis 2 de Bavière, un casque d'aviateur etc.). Il parle de se suicider. On ne sait pas pourquoi. Il ne le fait pas. On ne sait pas pourquoi. En fait rien n'est expliqué et comme la psychologie des personnages est grossière et inconsistante ça donne l'impression surréaliste que personne ne sait qui il est ni ce qu'il pense.

Les monstres imaginaires sont tellement ratés qu'ils valent le détour, donc si vous trouvez le film en DVD a 2 euros n'hésitez pas (surtout si vous aimez Tom Hanks). Et puis un tel monument minable de mercantilisme surfant sur la phobie déraisonné des JdR c'est amusant à voir avec le recul.

Cold Creek Manor de Mike Figgis

Réalisé par Mike Figgis et écrit par Richard Jefferies, Cold Creek Manor est un film américain sorti en 2003. Il est interprété par Dennis Quaid, Sharon Stone, Stephen Dorff et Juliette Lewis.



Mike Figgis, réalisateur de Leaving Las Vegas et de l'expérimental Timecode n'a plus grand chose à prouver. Même constat pour Dennis Quaid et Stephen Dorffen en tant qu'acteurs. Que fait donc ce beau monde dans ce machin sans âme ni saveur ? Un des grands mystères d'Hollywood. Mais laissez moi vous expliquer...

Un couple typiquement américain, riche et avec deux enfants, décide de quitter New York pour s'installer à la campagne. Avec seulement 200 000 dollars ils achètent une immense manoir, un château en fait, tout meublé avec une piscine et plusieurs centaines d'hectares de terrain (boisés, qui plus est). Le détecteur de cliché nanardesque s'allume et nous dit "voilà-t-y-pas qu'elle est hantée, cette baraque". Surtout quand on découvre la déco, avec de superbes présentoirs remplis de belles masses d'abattages (chacun ses goûts).

Mais non, le manoir n'est pas hantée, et ce n'est pas faute d'avoir fait ce qu'il fallait (20 milles moutons on étés abattus à coup de masse en 3 jours, nous raconte un vieillard sénile sur son lit d'hôpital en croquant des chocolats - sans compter 3 membres d'une autre charmante famille américaine, tués avec le même procédé). En fait si elle l'était il se passerait quelque chose. Et il ne se passe rien dans Cold Creek Manor. Il y a juste un assassin psychopathe qui fait son apparition tardivement et qui attend la fin du film pour se mettre a l'action avant de se faire tuer mollement et accidentellement par le gentil couple. Finalement ils restent dans la maison et se baignent tous ensembles sous un radieux soleil...

Une ode au néant prouvant qu'un film peut être entièrement la mise en place d'une situation résolue en deux minutes et ne faisant rien avancer. Une seule conclusion possible : "Fuyez, pauvres fous !".

vendredi 24 août 2007

May de Lucky McKee

May est un film américain réalisé par Lucky McKee et sorti en 2002. Il est interprété par Angela Bettis, Jeremy Sisto, Anna Faris, James Duval, Nichole Hiltz et Kevin Gage.



Prix Première du Fantastic'Arts 2003 attribué par un jury présidé par William Friedkin, May marque le début de la carrière d’un réalisateur très prometteur (on va oublier le premier film de Lucky McKee, un direct to vidéo nommé All Cheerleaders Die, cependant moins bête que son titre). Métrage novateur et dérangeant, volant des éléments à Frankenstein et à Carrie pour les intégrer dans une réflexion sur la solitude et la marginalité, May est à la fois un film intimiste et dramatique et une vrai œuvre d’horreur.

May est une jeune vétérinaire timide, complexée et asociale. Considérée par ses collègues comme bizarre elle n’a pas d’amie et encore moins d’amant. Elle passe donc beaucoup de temps à bavarder avec une poupée qu’elle possède depuis son enfance. Un jour cependant elle rencontre un jeune homme et ils se donnent rendez-vous. Seulement quand ce dernier va prendre peur devant la personnalité étrange de May il va refuser de la revoir... May sombre alors dans la folie et décide de se constituer un petit-ami parfait.

Avec une ambiance exceptionnelle et une psychologie profonde de son héroïne, May se positionne en O.V.N.I, ne pouvant être réellement rapproché d’aucun autre film. Innovant dans sa construction et sa focalisation May réussit le tour de force de faire passer au second plan tout ce qui n’est pas May (l’histoire, le jeune homme, les poupées). Angela Bettis est exceptionnelle dans son rôle de May Dove Canady et arrive à lui donner une telle profondeur que quand le film glisse dans la folie on est entièrement avec elle, cloué à son siège.

Ce bijou de Lucky McKee est avant tout un drame humain et une plongée déstabilisante dans l'esprit mais c’est également un monument d’épouvante (il suffit de voir la terrible scène d’auto énucléation pour s’en convaincre). May est une réussite de tout les points de vue !

In the Woods de Lynn Drzick

In the Woods est un film américain réalisé, produit et écrit par Lynn Drzick en 1999. Il est interprété par DJ Perry, Tim Jeffrey, Jim Greulich et Aimee Tenaglia.



Certains films sont tellement ratés qu'ils deviennent drôles. Une dénomination commune pour ce genre d'objet est nanar, terme tendant à se populariser en grande partie grâce à l'excellent nanarland.com (j'ai d'ailleurs publié certaines des critiques de ce blog là-bas). A l'opposé il existe des films réellement ratés qui n'offrent au spectateur que morosité et ennui. In the Woods se positionne dans cette catégorie comme un recordman. Avec plus de mille films à mon actif (et dans le tas il n'y a pas que des Kubrick et des Spilberg) je n'hésite pas à le qualifier de pire long métrage de ma vie de cinéphile déviant : lent, mou, laid, mal construit, mal filmé et prétentieux au possible. En comparaison Plan 9 From Outer Space est magistralement réalisé et Son of the Mask est fin.

In the Woods est vendu comme un clone de Blair Witch Project. Comprenez qu'il y a une scène en forêt ou deux pompiers ont peur en voyant des bouts de bois, que le budget est inexistant et que tout aurait pu être filmé au caméscope. Mais le gros du film ne se passe pas dans les bois (titre mensonger, le retour). Ca se déroule dans des décores sobres et moches : une fausse caserne, un bar, un F3 pourri et un hangar vide. Le héros est pompier ; il déprime et picole entre deux disputes avec sa femme. Il part avec un pote se balader dans les bois, trouve une croix et creuse devant. Hop, un gros toutou maléfique va maintenant tuer n'importe qui pendant tout le film. Fallait pas réveiller une malédiction millénaire causée par deux soldats du moyen-âge s'étant entre-tués dans le coin (on est aux USA, zut, il ont pas de moyen-âge).

Le seul point positif est le look du monstre (un loup-garou en mousse) qui arrive a arracher un sourire aux lecteurs assidus de Ze craignos monsters. A part ça fuyez, pauvre fous, si vous apercevez ce film quelque part. In the Woods n'est même pas drôle, juste pitoyable.

Aenigma de Lucio Fulci

Réalisé par Lucio Fulci et sorti en 1987, Aenigma est un film fantastique italo-yougoslave. Il est interprété par Jared Martin, Lara Naszinsky, Ulli Reinthaler, Sophie d'Aulan et Jennifer Naud.



Aenigma est un vague clone Suspiria empruntant des éléments au genre slasher, à Carrie de Brian de Palma et à La Grande menace de Jack Gold. Comme dans le modèle de Dario Argento l’histoire se déroule entièrement dans une collège privé pour jeunes filles (ici situé à Boston). Suite à une très mauvaise blague ayant mal tourné, la marginale Kathy, toujours persécutée par ses camarades, est hospitalisée et maintenu dans le coma. Bientôt des élèves vont mourir dans de curieuses circonstances (c’est bien fait). Kathy a d’étranges pouvoir, et son esprit peut de grandes choses.

Le budget est minuscule, le casting masculin franchement mauvais et seule une réalisation maîtrisée arrive à compenser l’ensemble. Le scénario, bourré d'incohérences, essentiellement au niveau de la psychologie des personnages, ferait presque passer Les Griffes de la nuit pour une étude universitaire de meurs. Heureusement ce n’est pas l’histoire qui fait un bon film fantastique mais la manière dont elle est raconté. Avec une caméra montée sur grue et parfaitement exploitée, des zooms bien pensés (Fulci reste Fulci) et des maquillages presque dignes de l’Au-delà, il y a quand même beaucoup de choses à sauver dans Aenigma.

Des scènes originales, comme ces escargots tueurs, des très beaux plans (une jeune fille terrorisée devant la statue Persée décapitant la Gorgone) et une certaine complexité dans la narration font de Aenigma une œuvre valant le détour pour les fans de cinéma fantastique italien. Surtout que c’est le dernier film de Lucio Fulci dans ce genre. Les autres passeront leur chemin rebutés par les défauts et le mercantilisme du métrage.

Un bilan mitigé pour un film commercial et visant bas (la bande d’étudiantes semble tirée d’un Vendredi 13) ne se révélant que l’espace de quelques scènes.

Rocky Balboa de Sylvester Stallone

Rocky Balboa est un film américain de Sylvester Stallone sorti en 2006. Il est interprété par Sylvester Stallone, bien entendu, mais aussi Burt Young, Antonio Tarver, Geraldine Hughes, Milo Ventimiglia et Tony Burton.



Quand on voit le niveau catastrophique qu'avait atteint la saga Rocky, qui n'a jamais d'ailleurs volé très haut, exception faite du premier film, on pouvait s'attendre au pire. Pour ce sixième volet Sylvester Stallone est non seulement scénariste et acteur principal mais aussi réalisateur. Rappelons qu’il s’était déjà retrouvé derrière la caméra pour Rocky II, III et IV, ce qui peut encore renforcer les craintes (notez cependant que le pire de tous reste le cinquième volet filmé par un John G. Avildsen au plus bas de sa forme).

Le film joue essentiellement sur la nostalgie et sur l'idée, peu exploitée dans ce type de cinéma, du déclin entraîné par l'âge. Rocky est vraiment vieux, et il décide de remonter sur le ring, parce que c'est ce qu'il aime. Il vise de faire des petits matches, à une échelle locale, et cette perspective lui semble suffisante. Il n’a plus rien à prouver et c’est vraiment le plaisir de la boxe qu’il recherche. Mais aussitôt sa licence obtenue on lui proposes de se battre contre le tenant du titre pour des raisons essentiellement médiatiques.

Seules les 20 dernières minutes de Rocky Balboa montrent son entraînement (puis son combat), et ce n'est pas le passage le plus réussi de l’œuvre (même si la mise en situation, le cœur du métrage, arrive à lui donner de la profondeur). On se rend compte avec étonnement, quand le générique final arrive, qu'on s'est éperdument moqué de savoir si Rocky serait le plus fort. Car les enjeux sont autres, et ça, dans un film de boxe, c'est vraiment fort...

Sans esbroufe ni retournement spectaculaire, mais aussi sans se plier au moule, Rocky Balboa est un petit moment d’émotion. Si vous êtes fans foncez, et même si vous détestez la saga, sachez que c’est la seule suite à vraiment valoir le coup. Et puis ça fait plaisir de voir le retour de l’idole bodybuildée des années quatre-vingt.

mercredi 22 août 2007

Bird People in China de Takashi Miike

Bird People in China (Chûgoku no chôjin) est un film japonais réalisé par Takashi Miike en 1998 avec Renji Ishibashi, Mako, Masahiro Motoki, Li Li Wang, Michiko Kase et Yûichi Minato. Il sort donc la même année que Andoromedia et Blues Harp.



Trois hommes partent en chine pour une village isolé et difficile d'accès. Wada, un jeune cadre dynamique, envoyé par son patron à la recherche d'un gisement de jade, Ujiie, un yakusa violent, colérique et un peu paumé qui doit s'assurer qu'une partie du trésor reviendra à son clan, et Shen, un guide qui sert accessoirement d'interprète.

La première partie du film mous décrit leur voyage à travers la chine. Voyage qui commences à bord d'une camionnette qui perdra progressivement sa portière et diverses pièces avant de tomber définitivement en panne. Voyage qui se prolongera à pied sous la pluie et sur un radeau tiré par des tortues et conduit par un indigène laconique persuadé que descendre le fleuve c'est mourir « car la vie vient de la source du fleuve ». Comme toujours Miike est habile pour mettre en place rapidement les situations et les personnages et peut ensuite digresser dans tout les sens pour approfondir une facette ou une autre.

Plans longs, cadrages sobres, décors naturels, situations simples : les marques sont posées. On peut aborder le gros du sujet. Les trois hommes et leur chauffeur arrivent enfin dans le village. En chemin le guide a perdu la mémoire et les tortues qui tirent le radeau se sont enfuies. Mais cela est secondaire car Miike peut reprendre son activité favorite : la description laconique et paisible d'une communauté et de quelques individus la définissant où s'en démarquant. Dans ce village tous sont persuadés que les hommes peuvent voler. Les enfants, guidés par une chinoise aux yeux bleus, passent leurs journées à s'exercer afin d'y parvenir. Il faut les voir gambader avec leur ailes en papier... Le yakusa, jusqu'alors caractériel et hanté de cauchemars, est instantanément séduit par leur vie et par leurs rêves. Il fond rapidement parmi les enfants du village jusqu'au jour où Wada et Shen arrivent à tout remettre en place pour leur départ. Le filon de jade est immense et les deux hommes sont bien décidés à l'exploiter, même si cela doit rompre l'isolement du village. Les villageois eux même le souhaitent.

Je ne décrirais pas la troisième partie du film, qui commence au moment où Ujiie décide de s'opposer aux projets de Wada. Sachez juste qu'elle est emprunte d'une poésie surréaliste et que les dernières images du film sont d'un onirisme quasi mystique. Si vous ne voulez voir qu’un film de Takashi Miike et que vous êtes allergique à la violence alors il faut voir celui-ci. Pour les autre foncez, c’est du tout bon.

Depuis que je suis né, j'ai dormi plus de 10 000 fois. Et pas une seule fois il ne m'est arrivé de rêver que je volais.

Les seigneurs des abîmes de Mary Ann Fisher

Les seigneurs des abîmes (Lords of the Deep, 1989) est un film de science-fiction américain de Mary Ann Fisher avec Bradford Dillman, Priscilla Barnes, Daryl Haney et Eb Lottimer.



J'ai acheté cette K7 à cause d'une joli jaquette avec une image évoquant Abyss et l'accroche "Par l'équipe des effets spéciaux d'Alien". Je me demande quand on trouvera une affiche précisant que le service de maintenance des locaux contient du personnel en commun avec celui nettoyant les décors de Titanic.
On pense tout de suite à un Alien-like dans l'eau, donc un Leviathan-like.

L'histoire commence effectivement comme un énième clone du chef-d'œuvre de Ridley Scott. En 2020 la terre est dévastée à cause des trous dans la couche d'ozone et les hommes doivent vivre enterrés. Des scientifiques sont envoyés dans un base sous-marine faire des études afin de permettre à l'humanité d'étendre ses frontières.

L'équipe est constituée de deux femmes (une doctoresse, celle qui voudra autopsier tous les cadavres, et une biologiste, l'héroïne), d'un ordinateur à la voix métallique et d'une poignée d'hommes. Eux ne font jamais de travail scientifique, tout juste du bricolage, et encore. Au début du film on voit la biologiste qui enlève son gant et met la main dans une substance gluante, du riz au lait. Aussi tôt elle aperçoit des flashs kaléidoscopiques, genre tunnels de demo-makers des années 80. C'est affreusement mal fait mais comme en surimpression il y a des galaxies accompagnés d'une voix off new-age répétant le prénom de la jeune fille ça se laisse regarder. Ah, au fait, cette chose est une forme de vie complètement inconnue sur terre...

Et puis un groupe arrive en sous-marin pour les relever. L'héroïne ronchonne parce qu’elle à fait une découverte merveilleuse et qu'elle va devoir rentrer sur terre et se passer de ses trips au riz au lait. Mais un tremblement de terre déboule. Le sous-marin n'est pas secoué mais le cameraman si. Dans la base aussi ça bouge, le flacon contenant la chose gluante se casse et la biologiste, blessée par les éclats de verre, entre en contact direct avec la chose. Là, elle a un méga-trip avec toujours le même effet, mais répété plus de fois, et la voix new-age est plus bavarde : "Claire, nous t'avons choisi". Toutes le communications sont coupées et des clignotants s'éteignent. Un type sort pour que les clignotants puissent à nouveaux clignoter. Quand il rentre son scaphandre ne contient plus que du riz au lait. Horreur !

La doctoresse autopsie le corps : il n'y a plus d'os, de sang, de tissu ni rien. Ca doit pas pouvoir se soigner ! En plus l'équipage du sous-marin a disparu.
Cool, se dit le spectateur, on va tous les voir se faire tuer les uns après les autres, sauf Claire. Et bien même pas ! Quand claire dort elle rêve de barbe à papa géante, d'autre galaxie et tout et tout. Elle sait que la créature est gentille et elle fait partir le film en sucette.

A la fin on découvre que le méchant c'est le capitaine, que le riz au lait est sympa et va nous aider à préserver notre planète. La fille entre dans une grotte en guimauve et retrouve les disparus qui attendaient bien au chaud. C'est une happy end tout en bonbon (au sens propre et figuré) et notre monstre glauque est un Bisounours casimiresque !

Les seigneurs des abîmes est une adaptation d'Alien par Walt Disney, les morceaux chantés remplacés par des hallucinations new-age ratées.

Notre pain quotidien de Nikolaus Geyrhalter

Réalisé par Nikolaus Geyrhalter en 2005, Notre pain quotidien (Unser täglich Brot) est un documentaire allemand avec Claus Hansen Petz, Arkadiusz Rydellek, Barbara Hinz et Renata Wypchlo.



Ce documentaire sur l'agroalimentaire souffre d'un choix esthétique assez audacieux : aucun commentaire, pas de musique et un montage assez désordonné. On passe de la récolte des olives au tri des poussins et à la découpe des porcs, après une parenthèse sur le calibrage des pommes et la moisson des poulets (je ne vois pas quel autre terme employer). Les images sont somptueusement cadrées et la froideur clinique de l'industrie se ressent profondément. Le positionnement des éléments à l'écran est très précis et la photographie met bien en valeur un travail recherché sur la lumière. Il en découle un très beau documentaire qui évoque Koyaanisqatsi, Powaqqatsi et Naqoyqatsi.

Cependant on peut être frustré de ne pas comprendre ce qu'on voit, et à trop vouloir tout montrer sans rien expliquer le film finit par perdre son sens. C'est beau, atroce par moments ; mais pas si instructif que ça (sauf si vous ignoriez que l'industrie agroalimentaire était une industrie). Quel est l'objet exact du film ? Est-ce de dénoncer le fait que la viande soit des animaux morts ? On n'est pas dans Soleil Vert ! Les quelques animaux abattus le sont dans des conditions de propreté et d'efficacité rendant la chose acceptable: fini depuis des siècles le bris du crâne des bœufs à la masse, place à un pistolet d'abattage rapide et presque indolore. L'enjeu est peut-être simplement de montrer des gens vaquer à leur travail sans les juger ni rien tenter de démonter. Si c'est le cas c'est réussi.

Rien à voir avec We Feed the World - le marché de la faim, le brûlot de Erwin Wagenhofer. Notre pain quotidien est essentiellement une expérience visuelle. Lent et attirant comme une usine bien propre, le film est suffisamment esthétique pour valoir le détour.

lundi 20 août 2007

Le temple du lotus rouge de Ringo Lam

Réalisé par Ringo Lam, Le temple du lotus rouge (Huo shao hong lian si) est un film hongkongais sorti en 1994. Il est interprété par John Ching, Willie Chi, Chun Lam, Carman Lee, Kam-Kong Wong et Sheng Yang.



Le temple du lotus rouge est un nouveau long-métrage consacré à Fong Sai-yuk un grand personnage légendaire de la mythologie chinoise. Il avait d’ailleurs fait dans les années vingt l’objet d’une adaptation chinoise sous forme d’un film muet découpé en 18 segments pour des raisons techniques. En effet The Burning of the Red Lotus Temple durait 1620 minutes, soit 27 heures. Faisant de Zhang Sichua, son réalisateur, un recordman dans la catégorie « film le plus long jamais tourné ».

Là l’histoire est racontée en seulement 104 minutes. Capturé par des brigands aux ordres d’un général mégalomane, Fong Sai-yuk est prisonnier dans un temple rempli de pièges mortels rendant toute évasion impossible. Ne voulant pas devenir un esclave au service de la folie de son ennemi, notre héros va combattre et chercher une sortie.

Le temple du lotus rouge est une bizarrerie comme on en voit peu chez nous (même si à HK ce genre de film est bien représenté). Un mélange de Indiana Jones, pour les pièges et le vieux temple, de Zu, les guerriers de la montagne magique pour la complexité des enjeux philosophiques et personnels des protagoniste, problèmes se résolvant au final par des combats surréalistes, et d'un film de Ronny Yu pour la photographie superbe mais très peu naturelle : filtres rouges très rouges, filtres bleus très bleus et ainsi de suite.

Il y a de tout et de n'importe quoi dans ce temple, allant de l'humour stupide et convenu comme on en voit dans les Drunken Master à des scènes d'une beauté poignante (le méchant qui peint avec du sang une fresque géante). Dommage que et que ça n'ait pas l'unité narrative d'un Histoire de fantômes chinois ou d'un The Bride With White Hair.

Ce film est une nouvelle preuve que Ringo Lam ne se résume pas au minable Replicant avec Jean-Claude Van Damme.

Tetsuo 2 de Shinya Tsukamoto

Réalisé par Shinya Tsukamoto en 1992, Tetsuo 2 : Body Hammer une relecture du généralissime Tetsuo. Tourné en couleur et avec des moyens considérable par rapport au premier volet, Body Hammer est interprété par Tomorowo Taguchi, Shinya Tsukamoto (encore), Nobu Kanaoka, Sujin Kim, Hideaki Tezuka, Tomoo Asada, Iwata et Keinosuke Tomioka.



Tetsuo 2 reste l’histoire d’un homme devenant progressivement un monstre de métal. Mais cette fois tout est racontée de manière beaucoup plus lisible. On suit donc Taniguchi Tomoo, un japonais moyen avec une charmante épouse et un fils, Minori. Un jour ce dernier se fait enlevée par une bande de skinheads fans de body-building et de lunettes de soleil tout se termine bien (par choix des ravisseurs). Taniguchi décide alors de s’entraîner pour que cela ne se reproduise plus. C’est là qu’il va constater que son corps est capable de subir une étrange métamorphose et que des tuyaux et des cannons peuvent jaillir hors de lui.

La photographie reste superbe (avec Vital, Tetsuo 2 est le plus beau des films en couleur du réalisateur) et les effets de caméra sont virtuoses et assommants (un peu comme une montagne russe, mais avec des coups de poings dans la tronche et des contre-plongées vertigineuses). Le contenu graphique est moins glauque et la couleur, bien que très travaillée, rend moins bien que les images brutes et sales de Tetsuo.

La manière de filmer les extérieurs, écrasants et inhumains, s’apparente à celle employée dans Tokyo Fist. La transformation du héros en mécanique de mort rappelle Teminator (mais un Terminator croisé avec Elephant Man et atteint d’une terrible maladie de peau). C’est toujours dérangeant (il faut voir là scène ou le fils du héros est pulvérisé, où les flash-back de son enfance) mais si vous voulez vous préparer progressivement à la vision de Tetsuo, ce second opus est un bon début tant il est compréhensible comparé à son aîné.

Pas aussi parfait que Tetsuo mais regardable par un cinéphile raisonnablement sain d’esprit, Tetsuo 2 est une version allégée et retravaillée de l’œuvre clef de Shinya Tsukamoto. Ca reste déconseillé aux moins de 20 ans.

Tetsuo de Shinya Tsukamoto

Tetsuo est un film japonais sorti en 1989, tourné en noir et blanc sur 16mm et quasiment muet, même si la bande son, mêlant bruitages et musique de manière si intime qu'il est parfois impossible de les dissocier, est extrêmement importante. Indescriptible, complexe et dérangé, ce film réalisé par Shinya Tsukamoto et interprété par Tomorowo Taguchi, Kei Fujiwara, Nobu Kanaoka et Tsukamoto lui-même est désormais un incontournable du cinéma underground.



Suite à une blessure un homme se transforme progressivement en monstre d’acier. Il est en fait contaminé par un fétichiste du métal ayant poussé sa passion jusqu’à se greffer des barres de fer dans les membres avant que la rouille vienne mettre un terme à son expérience. Dans un monde écrasant où la mécanique est omniprésente et où la technologie est partout le héros symbolise une nouvelle forme de symbiose entre l’homme et la machine. Le Tetsuo (nom reprit à Akira, source d’inspiration pour la créature) c’est le futur de l’humanité, un avenir cyberpunk fait de chair et de métal.

Les décors sont froids, la chose est terrifiante et l'ensemble est aussi bizarre que dérangeant. Tetsuo est un film culte, une des oeuvres étalons du mouvement cyberpunk et accessoirement le premier long-métrage du réalisateur (s’étant fait la main sur le court The Phantom of Regular Size). C’est un mélange étrange de La Métamorphose de Kafka et d'un ensemble d'obsessions pour l’électronique, les tuyaux et le fer. Bourré d'effets spéciaux en stop motion, glauque, sale et dérangeant, ce film marqua les esprits et devint progressivement célèbre. Film de manière ultra-créative, avec des effets de caméra coup-de-poing carrément étourdissant, Tetsuo démontre le talent d’un réalisateur surdoué.

Il faut tout de même avoir le cœur bien accroché. Matez vous d’abord Eraserhead de David Lynch ; si vous adhérez à son esthétique et qu’il vous semble compréhensible vous être prêt pour ça (la thématique n’est cependant pas du tout la même).

samedi 18 août 2007

Dead or Alive 3 de Takashi Miike

Sorti le premier janvier 2002, Dead or Alive 3 est un film japonais réalisé par Takashi Miike. Il est interprété par Sho Aikawa et Riki Takeuchi, bien entendu, mais aussi par Maria Chen, Richard Chen, Jason Chu, Josie Ho et Tony Ho. Le scénario est écrit par Hitoshi Ishikawa, Yoshinobu Kamo et Ichiro Ryu.



Cette fois-ci il s’agit de science fiction. Dans un Yokohama futuriste le maire Woo fait régner l’ordre et la terreur à la tête d’une bande de flics et de yakuzas dévoués. Tout le monde est obligé d’absorber une drogue rendant stérile pendant qu’une bande de résistant désireux de procréer se battent contre l’autorité. Un cyborg errant, proche de la figure du rônin dans un chambara, Ryô (Sho Aikawa) se range du coté de la résistance. Honda (Riki Takeuchi), chef de la police, va s’opposer à lui avant de constater que ceux qu’il croit être humains ne le sont pas forcément et que sa vie n’est qu’un immense mensonge.

Rempli de références aux films de yakusa et à des classiques comme Yojimbo, Dead or Alive 3 est aussi une réflexion philosophique cyberpunk dans la ligné de Ghost in The Shell et de Tetsuo. Le titre devient une interrogation sur ce qui différencie la vie de la mécanique. Beaucoup plus sérieux et abordable que les deux premiers films, ce dernier volet n’en est pas pour autant moins intéressant. Au contraire une tentative de relier l’œuvre à ses deux prédécesseurs, à travers une éternelle réincarnation et réitération du même affrontement, le rend profond.

Les thèmes de la famille, de la violence, de l’autorité et de la conscience sont abordé intelligemment, faisant de Dead or Alive 3 une brillante conclusion à une immense trilogie. Pour couronner le tout un final imprévisible et dantesque déboule quand on s’y attend le moins (c’est une habitude chez Miike). Du grand cinéma d’iconoclaste avec tout de même son lot de scènes too much : blocage d’une balle à main nu, exploits physiques réalisé par un cyborge au grand cœur et exécution sommaire de prisonniers. Comme toujours c’est un film à voir avec précaution mais délectation.

Dead or Alive 2 de Takashi Miike

Réalisé en 2000, Dead or Alive 2 est petit bijou du cinéma japonais n’ayant pas grand lien avec son aîné. Il est réalisé par Takashi Miike sur un scénario de Masa Nakamura avec Sho Aikawa, Riki Takeuchi, Edison Chen, Kenichi Endo, Ren Osugi, Tomoro Taguchi et Shinya Tsukamoto.



Okamoto, tuer a gage briefé par un Shinya Tsukamoto grandiose, s’apprête à descendre son contrat, un chef yakusa, quand se dernier se fait descendre par un de ses propres hommes. Bien embête il va quand même toucher sa récompense avant de s’enfuir sur son île natale. En chemin il rencontrera Sawada, ami d’enfance et accessoirement l’homme ayant tué sa cible à sa place. Lui aussi est en cavale après son petit exploit. Ensemble ils vont se remettre au travail, mais cette fois dans le but noble d’acheter des vaccins destinés aux pays défavorisés.

Un point de départ simpliste : deux tueurs extrêmement efficaces mais d'une naïveté et d'une générosité touchante. Okamoto et Sawada n'ont jamais vraiment mûris, transportés sans qu'on comprenne comment d'une enfance idyllique à un âge adulte dur et sans pitié. Et quand l'histoire s'appesantit sur leur passé, avec force flash-backs touchants, le spectateur ne peut se rendre qu'à une évidence : les deux gamins n'ont pas grandit au fond de leur cœurs. Cette candeur, associée à une étrange sens du bien et du mal, rend supportable la déferlent de violence et de sang que vont déclencher, provoquer et subire les deux héros. Ici pas d'affrontement entre un flic intègre et un bandit au grand cœur, mais deux tueurs rapides et désintéressés, conscients de courir à leur perte mais ne fuyant pas devant un destin inexorable. Plusieurs fois des ailes d'anges leur apparaissent mystérieusement dans le dos, métaphore esthétique de leur état éphémère. Après tout, dira l'un d'eux, des gens comme nous sont plus utiles morts que vivants.

Sho et Riki, les acteurs fétiches de Miike sont deux anges complémentaires dans une guerre inexorable. Le dénouement ne fait aucun doute et leur course vers la mort n’en est que plus touchante. Un film beaucoup plus beau que le premier volet. Moins glauque mais s’enflamment par moment pour atteindre des sommets de violence et de tragédie. Surréaliste et onirique, Dead or Alive 2 tient par moment de l’œuvre fantastique tant il vogue en eaux troubles, piégé entre différents styles. Ce second volet est une merveille.

Dead or Alive de Takashi Miike

Dead or Alive est un film japonais de Takashi Miike réalisé en 1999, sur un scénario de Ichiro Ryu, avec Riki Takeuchi, Sho Aikawa, Ren Osugi, Tomorowo Taguchi, Susumu Terajima, Dankan et Renji Ishibashi.



Premier volet d'une trilogie virtuelle, les différents films ne se suivant pas et ne mettant pas en scènes les mêmes personnages, Dead or Alive est une des œuvres clef de Takashi Miike.
Le scénario part d'un thème archi rabattu : l'opposition du gangster immigré et du policier japonais. Dead or Alive c'est un peu le Heat version soleil levant : deux héros dont on sait dès le début qu'ils vont s'affronter sans qu'on sache le quel on désire le plus voir gagner. Deux héros emblématiques incarnés par deux acteurs devenus des étalons mythiques du voyou avec un fort sens de l'honneur et du flic intègre (Riki Takeuchi et Sho Aikawa).

L'introduction est un merveilleux exemple du talent d'agitateur de Miike : un montage elliptique et clipesque de scènes décousues où l'on voit fugitivement un homme sniffer un rail de 15 mètres, de la violence qu'on peut alors juger gratuite, car hors contexte, une danseuse de cabaret dans un numéro assez osé est des tas d'autres choses peu reluisantes. Très rapide, la plus part des images étant à la limite du subliminale, très dérangeante, l'ambiance étant vraiment glauque, cette ouverture met immédiatement le spectateur dans un état d'esprit que le réalisateur va ensuite tout faire pour changer au cours de son métrage.

Car si les premières minutes sont éprouvantes par leur rythme effréné le reste du film est beaucoup plus réfléchie et peut même sembler, comparativement, lent. Tout ce que le spectateur a avalé en un grosse baffe au début du film, va petit à petit s'avérer utile. La suite, bien que posée, n'est pas pour autant vide et mêle habilement des tranches de la vie de tous les jours de yakuza et de flic à des scènes aussi inattendues que violentes (un homme s'étant gavé de ramen se fait révolvériser l'estomac, rependant des nouilles et de morceaux de nouille dans tout les sens, la strip-teaseuse se fait prendre en flagrant délit d'espionnage par un de ses clients et subit des tortures indicibles, etc).

Dead or Alive c'est du cinéma déviant et subversif. Du cinéma violent et dérangé, bordélique et sans concessions mais maîtrisé de bout en bout. Un spectacle qui après une intro coup de poing dégénère progressivement vers un final apocalyptique voyant l'affrontement de deux personnages que le spectateur viens de passer plus d'une heure à comprendre et à soutenir. Le duel final, qui est considéré par certains comme une arnaque, est à l'image de toute l’œuvre. Imprévisible et pourtant inévitable : la fin du film est la fin de tout.

Dead or Alive est un des films les plus complexes et riche de la carrière de Takashi Miike. Un machin de taré comme on l’aime. Méfiez vous tout de même si vous n’avez pas le cœur bien accroché.

Prémonition de Mennan Yapo

Prémonition est un film américain réalisé par Mennan Yapo en 2007 sur un scénario de Bill Kelly. Il est interprété par Sandra Bullock, Julian McMahon, Shyann McClure et Nia Long.



Une femme présentant tout l’aspect extérieur du bonheur américain (belle maison, deux petites filles et un gros revenu) perd son mari dans un accident de voiture. Le lendemain elle se réveille et il est encore vivant, le surlendemain elle assiste à son enterrement. En fait elle vit dans les désordre des scènes se passant avant et après la mort de son mari. Et même plus grave : des scènes se déroulant après la date de sa mort mais sans qu'il le soit. C’est des prémonitions ! Le scénario, au départ déroutant, se révèle en fait assez simple et converge vers une fin convenue mais intelligemment inéluctable.

Cependant la narration désordonnée et parallélisée ne suffit pas à cacher au spectateur que ce qu'il a devant les yeux n'est jamais qu'un mélodrame banal, avec rajouté dessus une couche maladroite de surnaturelle hollywoodien new-age. On sous-estime le mal qu’on fait des œuvres comme The Jacket, Stay et Intuitions au cinéma en introduisant un ensemble de concepts pouvant être catastrophiques entre de mauvaises mains. Le pire c’est qu’une dernière scène, se déroulant après la fin logique du film, viens écrouler toute la mince cohérence de l'ouvrage.

Sandra Bullock n’a jamais vraiment fait ses preuves à mes yeux et ce film viens confirmer la règle. Le reste du casting est bon, mais comme Sandra prend 80% des plans ça ne compense pas grand chose. La réalisation de Mennan Yapo est correct mais convenue et contient sa dose de clichés visuels.

Prémonition ne vaut le détour que si vous êtes fans de cette vague de films new-ages basés sur la confusion à la Vanilla Sky, Donnie Darko et L'Echelle de Jacob même quand ils sont ratés (ce qui n’est pas le cas des trois exemples cités ici).

vendredi 17 août 2007

On Your Mark de Hayao Miyazaki

On Your Mark est un court métrage japonais d’animation réalisé par Hayao Miyazaki en 1995, donc entre Porco rosso et Princesse Mononoké.



On Your Mark dure seulement 7 minutes. Il n’y a pas beaucoup d’histoire à résumer. Deux policiers aident une petite fille aillée à s’évader d’un centre de recherche scientifique dans un univers futuriste. La première partie marque la rencontre entre l’enfant et les hommes ainsi que la préparation de son évasion quand la seconde est un course poursuite irréelle se terminant par un envol d’une beauté onirique.

Chage & Aska est un duo de rock japonais constitué de Shuuji Shibata (Chage) et Shigeaki Miyazaki (Aska). Très connu chez eux, ils se sont exportés dans le reste du monde à travers la musique de Street Fighter (je sais, ce n’est pas brillant). On Your Mark est l’illustration sublime de leur clip homonyme.

Ce film est une réalisation mineure de Hayao Miyazaki mais contient un concentrée de ses thèmes clef : obsession pour le ciel et les véhicules volant, évasion d’un monde moderne et oppressant et enfin innocence de l’enfance. Entièrement muet, car centré sur la musique, On Your Mark arrive cependant à raconter un histoire en plusieurs scènes (avec même ellipses et flash-back). Il suffit de constater les combats sur les forums IMDB au sujet de la fin du métrage pour comprendre combien un fragment de poésie peut être non trivial et sujet à discussion.

En définitive c’est un petit tour de force narratif beau et touchant au possible. Sept minutes trop courtes de bonheur à voir absolument, comme toute l’œuvre du réalisateur. Vous n’avez plus qu’à vous casser la tête pour mettre la main dessus (c’est encore faisable, mais attendez que je vous parle du clip Pandoora réalisé par Takashi Miike).

jeudi 16 août 2007

300 de Zack Snyder

Réalisé par Zack Snyder, 300 est un film américain sorti en 2006 et interprété par Gerard Butler, Rodrigo Santoro, Lena Headey, Dominic West, David Wenham, Vincent Regan et Michael Fassbender.



Le scénario est connue par tous, même si le film, reprenant la bande dessinée de Frank Miller, s'égare un peu historiquement parlant. Trois-cents soldats grecs affrontent une armée de plus d'un millions de perses commandés par le mégalomane Xerxes. Ils se battront tous jusqu'à la mort. Le non réalisme est assumé dans la narration : les spartiates sont des super-héros affrontant des hordes successives lancées par un Xerxes de plus en plus énerve. Leonidas est grandiose, pulvérisant a lui tout seul des dizaines de malheureux perses sans faiblir. La comparaison avec un jeux vidéo vient naturellement à l'esprit, avec ses monstres de plus en plus fort, ses boss hideux et surpuissants, et un certain ludisme...

Les images de synthèses et les filtres numériques sont parfaitement assumés. Pour une fois il n'y a pas de tentative de camoufler le numérique pour coller à la réalité. Au contraire le film est résolument irréel, avec ses couleurs délavées, ses capes rouges qui ressortent au milieu d'une photographie terne, son grain très marqué, ses projectiles démesurément nombreux et ses filtres colorés marqués à l'extrême. Personnellement je n'avais pas vu de film aussi innovant visuellement parlant depuis un moment (disons depuis A Scanner Darkly de Richard Linklater et Sin City de Frank Miller et Robert Rodriguez).

La réalisation, pour sa part, est plus ordinaire, même si la beauté de la photographie fait passer certains plans déjà vu et revus pour des nouveautés. Quelques similitudes de style avec le remake de Dawn of the Dead du même Zack Snyder, excellent au demeurant, notamment dans l'abus de ralentis / vitesse normale / re-ralentis / re-vitesse normale, dans la continuité d'un même plan séquence.

Il ne faut pas voir le film comme une tentative historique (on est loin de films prétentieux et ratés comme Troy de Wolfgang Petersen ou King Arthur d'Antoine Fuqua). C'est un divertissement brutal, sanglant, rythmé et sans prétention. Pas de parenthèses comme quoi c'est la vraie histoire, si si, on vous le jure, juste une exagération graphique totale pour un récit simple et direct.

Un film que j'ai beaucoup aimé, donc, mais que je ne recommande qu'aux amateurs d'action ou a ceux recherchant une l'originalité esthétique. Le principale reproche qu'on puisse faire au film étant son coté bourrin jusqu'à l'extrême, et bien au-delà.

Captivity de Roland Joffé

Réalisé par Roland Joffé, Captivity est un film américain sorti en 2007. On pourrait le classer comme un thriller dans la veine de Le collectionneur cherchant à se vendre comme un clone de Saw. Captivity est interprété par Elisha Cuthbert, Daniel Gillies, Pruitt Taylor Vince, Laz Alonso, Michael Harney, Olivia Negron et Chrysta Olson.



Après une ouverture glauque et gore à la The Cell où une jeune fille est embaumée vivante, nous suivons l’éveil d’une top model blonde (Elisha Cuthbert,) apparemment capturée par un tueur en série. Elle est enfermée dans une réplique d’appartement et à l’aide d’un tiroir mécanique divers objets lui sont fournis. Elle comprend qu’elle est surveillée et découvre au passage que la cellule voisine contient un voisin d’infortune. Ensemble, ils tenteront de s'échapper de diverses façon mais réaliseront vite que tout est sous contrôle.

Amis du cinéma déviant passez votre chemin. Captivity est une petit thriller prévisible, bourré d’incohérences colossales et hypocrite. En fait toute la partie enquête est une abime de nullité : à partir des cendres laissées par le tueur en série on peut non seulement analyser l’ADN pour savoir qui est la victime, mais apprendre qu’elle à été violée. Le simple fait qu’il y ait des empreintes de pas un peut partout dans l’appartement de la porté disparu permet de conclure que le tueur a tout filmé. Donc qu’il achète beaucoup de matériel vidéo et ainsi de débarquer directement chez son employeur (on apprend par la suite qu’il y travaillait sous un faux nom, mais le scénariste semble l’avoir oublié). Et encore, je ne liste pas les dizaines d’autres points loufoques. Le centre de l’intrigue est très prévisible ; trop même, du coup on se dit que l’héroïne est vraiment stupide quand elle découvre le twist final. Mais le vrai point sombre c’est la malhonnêteté du métrage.

Après des projections test les producteurs sont arrivés à la conclusion que leur film était un vrai navet. Ça c’est de la clairvoyance ! Du coup ils ont fait tourner en vitesse des scènes supplémentaires gores pour le faire passer de PG-13 à R et ainsi grappiller un public ayant accueilli favorablement Hostel et Saw. Mais en fait ces soi-disant scènes sont toutes dans l’ouverture et n’ont aucun rapport avec le film (qui est centré sur la captivité et non sur les meurtres). Un peu comme si on rajoutait l’ouverture de La colline à des yeux 2 au début de Bambi.

Fuyez Captivity à moins que vous ne soyez fan de Le collectionneur, que vous aimiez Roland Joffé au point d’avoir l’affiche de Vatel tatouée sur la poitrine et que les huis clos à la House of 9 ou Cube vous fassent frissonner même quand ils sont loupés.

The City of Lost Souls de Takashi Miike

Sorti en 2000, The City of Lost Souls est un film japonais de Takashi Miike sur un scénario de Ichiro Ryu, d'après un roman de Seishu Hase. Il est interprété par Teah, Michelle Reis, Patricia Manterola, Mitsuhiro Oikawa, Ren Osugi et Akaji Maro.



J'aime bien Takashi Miike, d'abord parce qu'il est systématiquement surprenant, ensuite parce qu'il ne semble pas connaître de limites. Il peut bouleverser l'échelle de la violence cinématographique (Ichi the Killer) ou briser des codes tout en leur rendant hommage (Zebraman) et cela avec grand naturel. The City of Lost Souls n'est ni très connu ni le plus diffusé de ses films mais dispose d'une identité visuelle et thématique propre et forte.

Violence, amour, désir d'intégration, yakuzas : on retrouve dès les premières minutes les pièces du puzzle que Miike aime assembler dans ses films de manière toujours différente. Un brésilien, Mario, amoureux d'une japonaise sans papiers d'origine chinoise, Kei, fuit au japon avec sa dulcinée. Leur objectif est simple : trouver des faux passeports japonais pour pouvoir retourner au brésil vivre comme des immigrés légaux. Mais Ko, chef de la mafia chinoise au Japon et ancien amoureux de Kei, ne l'entend pas de cette oreille.

On suit donc les péripéties des deux amoureux, ils deviennent d'ailleurs mari et femme au milieu du film, dans une jungle urbaine où yakuzas et immigrés variés se livrent à des trafics, des guerres et des magouilles de toutes sortes. Pour rassembler l'argents nécessaire à leur fuite, Mario et Kei braquent un bouge où ont lieu des paris sur des combats de coqs, prétexte pour filmer une scène d'anthologie où deux volailles en images de synthèses combattent en grimpant aux murs et en effectuant des sauts périlleux impossibles, le tout renforcé par des bullet times matrixien. Mais des yakuzas japonais et la mafia chinoise avaient choisi ce lieu pour une échange et la situation dégénère. Le couple se retrouve avec une valise pleine de drogue et les deux mafias entament une guerre terrible.

Takashi Miike entraîne le spectateur dans une spirale de violence et de paix, alternant les moments de calme d'une simplicité et radicale, comme tout les passages mettant en scène cette petite fille aveugle élevée par une prostituée, avec des tueries et des duels d'une maîtrise froide et déjantée. Il a réalisé plus d'une dizaine de films de Yakuzas, et quand il s'agit de les montrer, aussi bien dans leurs apothéoses de violence que dans leurs mesquines vies ordinaires, il sait s'y prendre, saisissant chaque geste avec précision, sobriété et parfois débauche théâtrale de sang et de balles.

Et puis il y a le final, tragique et inattendu, pied de nez magistral au spectateur gardant une cohérence implacable. The City of Lost Souls est un excellent film, donc.

Keoma de Enzo G. Castellari

Réalisé par Enzo G. Castellari en 1976, Keoma est le dernier grand western italien. Interprété par Franco Nero, Woody Strode, William Berger et Donald O'Brien et mis en musique par Guido et Maurizio De Angelis il sort après toute une vague de western fayots (Trinita et consort). Il peut surprendre par son ambition, son sérieux et son ambiance.



Western atypique, improvisé au fur et à mesure du tournage, Keoma est avant tout une expérience mystique riche en références et en symboles. Une intrigue shakespearienne viennent compléter une composition à base de Sergio Leone, d’éléments bibliques et de scènes calquées sur le Django de Sergio Corbucci. Franco Nero est Keoma, un métis qui revient sur ses terres après de longues années. Des bandits ont pris le contrôle de sa ville natale et ses trois demi-frères sont désormais au service de Caldwell (Donald O'Brien, le boss des méchants). La peste décime les villageois et Caldwell règne en tyran, isolant les malades dans une mine où ils meurent comme des mouches. Keoma prend alors la défense d’une pestiférée enceinte, se dressant contre Caldwell mais aussi contre ses trois frères, ressuscitant une rivalité remontant à leur enfance.

Les images sont sublimes, la progression du récit lente et onirique et la musique parfaite. Le héros, Keoma, tient a la fois de l’homme sans nom de Pour une poignée de dollars et de Jésus Christ. Très violent et surtout très dur, le film ne ménage pas ses effets. Il faut voir la scène où Keoma se fait crucifier par ses propres frères devant le cadavre de leur père ou encore le dantesque duel final (à quatre) pour saisir l’ampleur de l’œuvre et le lyrisme de sa violence. Dénonciation du racisme et du fascisme, Keoma est également une œuvre politique baignant de bout en bout dans une atmosphère surréelle.

Keoma est une grande tragédie onirique et un incontournable du western spaghetti, à ranger aux cotés de Django et des Sergio Leone. A voir absolument.

mercredi 15 août 2007

Nightmare de Ahn Byeong-gi

Gawi, aussi connu sous le nom de Nightmare, de The Horror Game Movie et de The Scissors est un film sud-coréen de Ahn Byeong-gi avec Yu Ji-Tae, Ha Ji-Won et Kim Gyu-Ri.



Deux ans avant Phone et quatre avant Bunshinsaba, Ahn Byeong-gi s’était déjà intéressé au thème du film de fantôme à travers Nightmare, son premier long métrage. Ici l’angle est différent, l’approche tenant beaucoup plus du slasher surnaturel que du clone des œuvres de Hideo Nakata (Ring et Dark Water). On retrouve donc en plus d’une fillette inquiétante aux cheveux sales des éléments trouvés dans le Scream de Wes Craven.

Surabondance d’ellipses et de flash-backs, d’éléments surnaturels et de mensonges rendent l’intrigue difficile à suivre et ardue à résumer. Hye-Jin suit normalement le cours de ses études jusqu’à ce son amie Seon-Ae resurgisse après deux années d’absence. Cette dernière craint pour sa vie, frôlant la paranoïa et semble partager un secret embarrassant avec Hye-Jin concernant le suicide d’une de leurs connaissances communes au lycée. Des choses étranges se produisent tout au long de la narration et le film n’est pas avare en plans d’insert avec des morts ou des petites filles.

La réalisation est très soignée, voir virtuose, avec une maîtrise du champ à la Dario Argento (mon dieu, le champ qui s’élargi quand le danger est là au lieu de rétrécire c’est toujours aussi inattendu et efficace). La musique de Tae-beom Lee complétée par une bande son très riche en bruits inquiétants vient enfoncer le clou. De même rien à redire sur les acteurs (et soulignons la performance de la filette, Ahn Byeong-gi a un don quand il s’agit de diriger les enfants). Enfin le dénouement réserve un twist sympathique mais un peu trop concret, plus proche du thriller que du kyurei eiga.

Même s’il a des hauts et des bas, Nightmare est un bon film, suffisamment original pour valoir le détour et marquant le début très prometteur d’un grand réalisateur du cinéma d’épouvante.

Audition de Takashi Miike

Audition est un film de Takashi Miike avec Ishibashi Ryo, Miyuki matsuda, Shiina Eihi et Ishibashi Renji. C'est aussi l'œuvre la plus connue du réalisateur, et cela est parfaitement mérité tant l'ensemble est efficace et innovant.



Le début du film est d'un classicisme éculé : mélodrame lent et posé, avec une narration à base de plans fixes et de longs silences. Une femme mourante dans un hôpital, son mari effondré, un gamin se promenant seul dans les couloirs aseptisés avec un cadeau pour sa mère : on est en terrain connu mais l'émotion passe...

Plus tard l'enfant a mûri et le père est toujours seul, consacrant tout son temps et son énergie à son travail. Portrait d'un homme veuf élevant un fils adolescent, puis portrait d'une femme japonaise discrète, effacée et ancrée dans une tradition où la femme joue un rôle essentiellement utilitaire et décoratif, le film de Miike rend rapidement ses personnages attachants et intrigants. Le réalisateur de Bird People in China et de Dead or Alive sait comment on intéresse le spectateur à un histoire ou à un individu.

Takashi Miike enchaîne, avec les même codes narratifs, sur une histoire d'amour naissant entre le vieux veuf et la femme discrète. Ils se sont rencontrés lors d'une audition organisée par un ami du veuf qui veut le voir heureux et remarié. L'ami en question trouve la femme étrange car il n'arrive pas a avoir la moindre information sur elle, même son adresse, mais le veuf est amoureux. Le spectateur a la tête ailleurs et ne s'attache pas aux détails.

Et puis le couple passe une nuit dans un hôtel - lors d'une scène d'une pudeur étonnante quand on sait ce dont quoi est capable Miike, et au petit matin la femme n'est plus là. Commence alors un glissement vers l'horreur et un dérapage d'une telle vitesse que son imprévisibilité fait figure de référence.

La fin est si abrupte, insoutenable et terrorisante que le film créa rapidement un phénomène de culte encore très actif sur le net. Entre temps Takashi Miike est passé du rang d'artiste underground dont les films non diffusés en Europe s'échangent sous le manteau à celui d'incontournable du cinéma japonais, mais Audition reste une claque. Je dirais même une des plus grandes claques du cinéma !

Bunshinsaba de Ahn Byeong-gi

Bunshinsaba est un film sud-coréen de 2004 réalisé par Ahn Byeong-gi déjà responsable du formidable Phone. Interprété par Kim Gyu-ri, Lee Se-eun, Lee Yu-ri, Choi Seong-min et Choi Jeong-yun, Bunshinsaba peut être vu comme un volet non officiel de la saga des Whispering Corridors.



Yu-Jin est une jeune collégienne venue de Séoul dans un petit village rurale. Rejetée par ses camarades elle est persécutée et insulté continuellement. Un soir elle effectue une rituelle pour communiquer avec les esprits, invoquant un puissance maléfique. Les morts étranges vont alors se succéder pendant qu'en flash-back le spectateur apprendra progressivement ce qui est arrivé à une mère est sa fille trente années plus tôt quand elles avaient tenté de s'intégrer à la communauté.

Authentique film de fantôme asiatique de la vague post-Ringu avec son inévitable fillette en blanc aux cheveux sales, Bunshinsaba est avant tout une réflexion sur la xénophobie et sur la difficulté d'intégration. Ce qu'on croit être un esprit vengeur venu défendre une pauvre martyrisée s'avère vite agire de manière raisonnée, car dans le village où se déroule l'action personne n'est innocent. Les vrais scènes d'horreur ne sont pas les interventions du spectre mais le souvenir du comportement ignoble que peuvent avoir les hommes. Comme dans les deux premiers Whispering Corridors, l'histoire de fantôme de Bunshinsaba est le point de départ et la ligne narrative mais pas le centre du propos.

La réalisation de Ahn Byeong-gi est parfaite, tout comme la musique de Sang-ho Lee. Les images sont soignées au possible, et, même si les ficelles du genre commencent à s'user, on a vraiment peur quand il le faut. La fin est virtuose et inévitable et l'ensemble démontre le talent de la Corée en terme de cinéma fantastique. Ne vous attendez cependant pas à une merveille de la qualité de Phone, l'originalité n'étant pas entièrement au rendez-vous.

The Happiness of the Katakuris de Takashi Miike

The Happiness of the Katakuris (2001) est un film de Takashi Miike sur un scénario de Kikumi Yamagishi, avec Kenji Sawada, Keiko Matsuzaka, Shinji Takeda, Naomi Nishida, Kiyoshiro Imawano et Tetsuro Tamba. C’est un remake Japonais de The Quiet Family réalisé trois années après plus tôt.



The Happiness of the Katakuris est un monument d’optimisme et n’importe quoi secoué dans un shaker. Une truc rafraîchissant, inclassable, indescriptible et impossible à reproduire en laboratoire. On peut tenter de le décrire comme un mélange entre la comédie familiale, la comédie musicale, le film d’animation en pâte à modeler, l’humour noir, le film de zombi et l’histoire d’amour à l’eau de rose.

Les Katakuris forment une famille unie mais foncièrement malchanceuse. Suite à son licenciement, Masao, pater familiae typique, vient ouvrir avec sa femme Terue une auberge dans un coin isolé du Japon. Il n’y a pas de touristes dans la région, ni même de voisins, mais le couple ne désespère pas. D’après Masao une autoroute devrait bientôt passer non loin, amenant clients et fortune.

Avec eux leur fille, Shizue, capable de tomber amoureuse en une seule scène et de se faire plaquer et escroquer en aussi peu de temps, et leur petite fille, Yurie, fruit d’une histoire d’amour passé de Shizue avec un homme marié. Shizue est revenu chez ses parents après son échec amoureux et a été accueilli a bras ouvert, tout comme le fils, un ancien voyou condamné pour quelques broutilles et venu se réfugier dans la famille. Car The Happiness of the Katakuris c’est avant tout l’histoire d’une famille. Tout ce petit monde, hétéroclite et encombrant, s’aime d’une manière simple et touchante. C’est l’idée centrale, et sur cela Takashi Miike va broder sa toile émouvante, parfois morbide et toujours amusante.

Un client arrive : le premier depuis l’ouverture de l’auberge. Il a tout de l’homme d’affaire pressé et anxieux. Au petit matin il est retrouvé mort : suicidé. C’est le premier des coups du destin qui va s’abattre sur la famille : une désastreuse coïncidence. Comme cela nuirait à la réputation de l’auberge – le premier client qui ne passe pas sa première nuit en vie c’est quand même peu encourageant – et comme le fils a eu des ennuis avec la justice et pourrait être accusé, les Katakuris décident d’enterrer l’homme sans rien dire à personne.

A partir de là les ennuis s’accumulent : lors d’une scène musicale quasi-hypnotique, Shizue tombe amoureuse d’un nouvel homme : un escroc mythomane se faisant passer pour un agent secret et en voulant à son argent. Le grand-père flaire l’arnaque et vient en aide à sa petite fille, mais la situation dégénère. Un accident à cause d’un talus mouillé et hop, voilà un mort de plus à enterrer discrètement. On vire rapidement à une version inversée de L'auberge rouge.

Dévoiler plus de l’intrigue gâcherait de la surprise. Il faut juste savoir que le final est aussi optimiste que l’histoire, malgré l’humour noir et le manque chronique de chance. Ce film est un pur bijou aussi inclassable que réussi et je ne peux que le recommander vivement. A voir absolument.

mardi 14 août 2007

Vacancy de Nimród Antal

Vacancy est un film de Nimród Antal distribué chez nous sous le titre de Motel, sans doute pour surfer sur le succès de Hostel. Premier film américain du Hongrois Nimród Antal, Vacancy tient à la fois du survival, du Thesis d'Alejandro Amenábar et de Psychose.



David (Luke Wilson) et Amy Fox (Kate Beckinsale) forment un couple au bord de la rupture. Ils rentrent en voiture d'une fête familiale et passent les dix premières minutes du film à se balancer des remarques acerbes. David a fait un détour et s'est perdu ce qui envenime encore la situation. Après une embardée effectuée pour éviter un stupide animal le véhicule se met à faire un drôle de bruit. Quelques péripéties plus tard, nos héros se retrouvent obligés de passer la nuit dans un motel miteux en attendant que le garage adjacent ouvre. Mason (Frank Whaley), le gérant, leur paraît étrange mais ils se laissent conduire dans leur chambre. Là, après avoir constaté que le câble ne marche pas, ils essaierons une cassette au hasard (le fan de Ringu crie « surtout-pas »). C'est un snuff movie dont le décors est justement leur chambre.

Si Vacancy démarre très bien, la scène de prise de conscience où le David réalise que le film sur cassette est un authentique snuff et se déroule là où il se trouve étant d'une efficacité redoutable, il ne tient pas vraiment la longueur. Un couple bloqué dans une chambre avec un ennemi invisible secouant les poignées de porte c'est vite lassant... Ensuite c'est la découverte d'un réseau de souterrains, la reptation dans l'obscurité au milieu des rats, les diverses tentatives pour téléphoner et l'inévitable flic qui s'amène et qui se fait descendre juste quand il a comprit (un jour je ferais une liste de films avec ce pauvre policier grassouillet se faisant descendre 5 minutes après son entrée, elle doit déjà contenir plus de vingt titres). Comme dans tout survival la question est « quand arrêteront-ils de fuir comme des lapins et combattront-ils ? ». Et bien là c'est un peu tard.

En excluant la happy end ridicule et en pardonnant à Amy son manque de réaction il reste quand même quelques bon moment de tension. Nimród Antal fait preuve d'adresse dans son montage, ses cadrages et sa narration, ce qui suffit déjà à hisser Vacancy à un niveau satisfaisant. De plus Frank Whaley est grandiose dans son rôle de psychopathe. Au final, Vacancy est un survival légèrement en dessus de la moyenne, bien interprété et évitant de tomber dans la surenchère de sang et de tripes (même s'il a écopé d'un R de la part de la MPAA). A voir si vous aimez les motels miteux et que le goût de la soupe réchauffée ne choque pas vos papilles.