vendredi 28 décembre 2007

Stairway To Heaven de Alexandre Kosmakis

Stairway To Heaven est un film écrit, réalisé et monté par Alexandre Kosmakis. Il est interprété par Cédric Zaroukian, Kang Kang Sun, Axel Clerc, Yannick Va, Xavier Noël, Patrick Bret, Nathan Richoz et Alexandre Kosmakis.



Stairway To Heaven est un long métrage amateur tourné en DV sur un simple Canon Xm2. Mais ne vous y fiez pas. Il s'agit d'une production extrêmement maîtrisée et originale n'ayant rien à envier à des oeuvres plus friquées et prestigieuses. Si vous êtes comme moi amateur de films étranges ou que votre culture est centrée sur les jeux vidéos nippons vous y trouverez votre bonheur.

Eric Blame, un journaliste indépendant, enquête sur de mystérieuses disparitions à Toronto, en 1984. Il rencontre dans une cage d'escalier un fantôme qui lui conseille de pousser ses investigations du coté de sa mort. Cette piste le mènera à Heven, un monde étrange et dominé par Rage Cole, un esprit fou.

L'ambiance est calquée sur les phases d'investigations des jeux de type survival horror, avec même quelques références ouvertes : un écran Game over après un erreur du héros, des dialogues par vidéo interposé et une obsession constante pour la recherche d'objets... La photographie, toujours traitée par de nombreux filtres amplifiant le bruit ou salissant les couleurs, rapproche l'ensemble d'un Silent Hill. Clairs-obscurs, blancs saturés et contrejours se multiplient pour un vrai plaisir des yeux. Au niveau purement visuel on s'approche de l'originalité d'un Shinya Tsukamoto (ce qui nous ramène à Haze, également tourné en DV). Bien entendu il n'y a pas encore l'esthétique indicible d'un Vital ou d'un Tokyo Fist, mais l'exploit reste là.

Bien qu'on ne puisse pas s'empêcher de penser à des productions comme Resident Evil, Alone in the Dark et Parasite Eve, les vrais, pas les adaptations cinématographiques, il n'y a pas de véritables monstres dans Stairway To Heaven, juste une ambiance de folie et d'irréalité qui s'installe rapidement et qui s'emplifie continuement. Les seuls apparitions horrifiques sont calquées sur la nouvelle générations de films de fantômes asiatiques avec des spectres aux cheveux longs et à la démarche saccadées, s'approchant de manière discontinue de leurs victimes avec des effets de déformation vidéo. Ringu, The Eye, Dark Water et Ju-on ont été visiblement biens assimilés. Il y a même un peu du Marebito de Takashi Shimizu dans certaines scènes pour un ensemble faisant furieusement penser à Otogiriso de Ten Shimoyama, un autre film que j'adore, lui aussi très inspirée par les jeux et utilisant certaines conventions visuelles vidéoludiques.

Résumer Stairway To Heaven à son ambiance et à son esthétique serait cependant un erreur. Il y a une histoire et son dénouement est formidable. Le seul point obscure concerne certains acteurs, pas très convaincants. Mais à part ça c'est du tout bon, et pas en tant qu'une oeuvre amateur mais en tant que film !

Stairway To Heaven existe en deux versions : celle que j'ai vu, qui dure presque 3 heures, et une version allégée de 1h55. Le rythme et la narration, étant parfaite dans la version longue je vous conseille donc de porter votre choix sur celle là, même si j'ignore tout de l'autre.

Darkness Falls de Jonathan Liebesman

Darkness Falls est un film américain réalisé par Jonathan Liebesman en 2003. Il est interprété par Chaney Kley, Emma Caulfield, Lee Cormie et Grant Piro.



N'importe qui ou n'importe quoi, bien introduit, peut devenir un objet de trauma. Beaucoup de gamins ont une phobie des clown induite par la vision de Ça. Des centaines de cinéphiles déviants frissonnent dès qu'ils aperçoivent une spirale (le syndrome Uzumaki) ou associent automatiquement toute jeune fille discrète et séduisante à l'image d'une scie chaînette (c'est la symptomatique Audition, Takashi Miike a sans doute suscité beaucoup de vocations de célibataires avec ce film). Mais jusqu'à maintenant je n'avais jamais entendu parler de film faisant peur avec la petite souris, qui, chez les anglo-saxons s'appelle la fée des dents. Darkness Falls tente de corriger ce manque en créant la première fée des dents psychopathe tueuse de gamins.

Dans un petit village, une vieille grand mère défigurée par un incendie est brûlée vive par les contribuables en colère qui l'accusent d'avoir tué deux gamins. Évidemment, le lendemain, les deux enfants sont retrouvés indemnes : c'était une fugue sans gravité. Du coup la mémé lance une malédiction sur les citoyens adeptes de lynchage : à chaque fois qu'un mioche perdra sa dernière dent de lait elle viendra dans sa chambre le tuer. Comme elle est un peu autruche sur les bords ça ne marche que si le gamin la regarde, du coup il n'y a que très peu de victime et l'anecdote devient une légende bonne pour terroriser les sixième. Mais un beau jour un gamin particulièrement curieux ouvre les yeux au mauvais moment, bien que tout ses petit camarades l'aient mis en garde contre la fée des dents...

Le gamin en question survit à l'attaque de la petite souris vengeresse mais reste traumatisé par l'expérience. Plus tard il est un vrai paranoïaque adepte des lampes de poches, des lanternes, des bougies, des briquets et des cyalumes. Car la créature craint la lumière et ne peut progresser que dans le noir. Et c'est là que le film pèche !

La peur du noir est surexploitée au cinéma et cette nouvelle variation sur un thème déjà vu et revu n'apporte rien de neuf. Alors il y a quelques moments d'adresse avec des hors champs subtils et une bonne utilisation des éclairages (encore heureux, puisque c'est le centre du film), mais a part ça c'est plat. Avec son affrontement convenu, son final, très inspiré par le Fog de John Carpenter, ses acteurs peu convaincus et sa photographie moyenne, Darkness Falls est une production banale. Pas un échec, puisque les amateurs de thriller horrifiques y trouveront quelques scènes réussies, mais pas un succès.

jeudi 20 décembre 2007

Stacy de Naoyuki Tomomatsu

Stacy, aussi nommé Stacy : Attack of the Schoolgirl Zombies, est un film d'horreur japonais réalisé par Naoyuki Tomomatsu en 2001. Il est interprété par Norman England, Tomoka Hayashi, Yukijiro Hotaru et Natsuki Kato.



Un beau jour, partout à travers le monde, les jeunes filles se mettent à mourir mystérieusement. D'abord d'une extrême gaieté, la Near Death Hapiness ou NDH, elles finisent par trépasser dans leur sommeil avant de se revenir d'entre les morts sous forme de zombis assoiffés de sang. Il faut alors les re-tuer. Seuls sont autorisés à effectuer cette tache la famille proche de la victime et l'unité des "Romero Repeat-Killers". Le film nous montre le sort de divers personnages : une jeune recrue chez les Romeros, une jeune fille se sachant condamnée et cherchant un petit ami qui s'occupera de l'éliminer après sa résurrection et une bande d'adolescentes débrouillardes cherchant à gagner assez d'argent pour pouvoir s'assurer les services d'un re-tueur réputé, une fois leur transformation en Stacy achevée.

Un peu comme Kairo de Kiyoshi Kurosawa est une méditation sur la solitude camouflé en yurei eiga, Stacy se veut une réflexion sur le besoin d'amour travestie en film de zombi. Un film de fantôme c'est sobre, calme et esthétique alors qu'un film de morts vivants c'est violent, graphique et dégoûtant. Difficile donc de faire passer un message sur l'importance de l'amour dans de telles conditions. Pourtant Stacy, avec son humour à la Brain Dead et ses références très riches et appuyées au genre et un ovni cinématographique qui fonctionne. Bordélique comme le Versus de Kitamura, profondément optimiste malgré sa thématique nihiliste (sur la terre entière toutes les jeunes filles meurent avant l'âge adulte) et absolument inclassable, Stacy ravira les cinéphiles déviants à la recherche de sang neuf.

Le spot de publicité pour la Bruce Campbell's Right Hand 2, une tronçonneuse portative vous permettant d'éliminer vous-même vos Stacy, atteint un tel degrés de surréalisme référentiel qu'on en reste patois. Un film où tout le monde connaît les Evil Dead et la tétralogie des morts de George A. Romero ne peut être que du grand cinéma (pour les maboules).

Junk de Atsushi Muroga

Junk (Junk: Shiryô-gari en VO) est un film de zombis japonais réalisé par Atsushi Muroga en 2000. Il est interprété par Nobuyuki Asano, Shû Ehara, Tate Gouta et Yuji Kishimoto



Un scientifique et son assistante expérimentent sur une jeune fille morte un traitement sensé la ressusciter : le DNX. Comme dans Re-Animator de Stuart Gordon, le produit en question est d'un joli vert fluo et s'injecte à l'aide d'une seringue impressionnante. L'analogie ne s'arrête pas là, puisqu'une fois la jeune fille sur pied ses centres d'intérêt ont également changés et se résument désormais à la viande humaine bien fraîche. On passe ensuite à une bande de brigands cambriolant une bijouterie. Ils se rendent dans une vieille usine désaffectée, coin idéal pour refiler leur butin à un client. Mais bien entendu les expériences du pré-générique avaient également lieux dans un coin tranquille, et c'est le même. Du coup il n'est plus si calme...

Stacy de Naoyuki Tomomatsu, Wild Zero de Tetsuro Takeuchi : les films de zombis japonais sont des monuments d'originalité décomplexée, alliant un sens de l'humour noir très développé à de solides effets gores. Junk est plus sérieux que les deux titres cités ci-dessus, mais reste bourré de références au genre et de scènes d'action bien péchues. Headshots en pagaille, manteaux de cuirs classieux, brigands sur armés et gunfights stylés : il y a de quoi à s'occuper. A au Japon, même les yakuzas savent ce que c'est qu'un zombi et pensent à viser la tête. On peut être incrédule face à un phénomène et savoir quand même réagir intelligemment.

Avec sa mise en scène nerveuse et dynamique, son sang très rouge à la Dario Argento et son huis clos claustrophobique dans une usine désaffectée, Junk atteint tout ses objectifs, aussi bien narrativement que visuellement. Dans la lignée de Versus, sans la folie de Ryuhei Kitamura, il convaincra tous les fans du genre, et cela malgrès son budget serré, sa courte durée et ses décors limités. Amateurs de viscères crues : bon appétit !

mercredi 19 décembre 2007

The Unseeable de Wisit Sasanatieng

The Unseeable (Pen choo kab pee en VO) est un film thaïlandais réalisé par Wisit Sasanatieng sur un scénario de Kongkiat Khomsiri. Sorti en 2006, il est interprété par Suporntip Chuangrangsri, Tassawan Seneewongse et Siraphan Wattanajinda.



Thailande, dans les années 30 : une femme enceinte quitte la campagne pour la ville, lancée à la rechercher son mari, disparu huit mois plus tôt. Elle trouves une place chez une riche veuve solitaire. La maison est dirigée par une sorte de gouvernante qui s'empresse d'expliquer à l'héroïne qu'il ne faut pas s'approcher des quartiers de la maitresse de maison. Mais il se passe beaucoup de choses étranges dans cette immense propriété vide...

Avec son casting essentiellement féminin, et sa mise en scène vraiment superbe, le film capture rapidement l'attention du spectateur. Des décors chatoyants, un usage radical de l'obscurité et des plans complexes, même pendant de simples scènes de discussion, soulignent la virtuosité de Wisit Sasanatieng. D'un point de vue purement formel The Unseeable se situe devant Art of the Devil et Hell de Tanit Jitnukul, atteignant le savoir faire des productions coréennes et japonaises concurrentes. La bande son, très spatialisée, renforce encore l'ambiance, transformant le moindre grincement de porte en une épreuve pour les nerfs.

Bien entendu, les ficelles pour faire frissonner sont connues. On a l'impression d'assister à un cours du type La disparition hors-champ en dix leçons, et les trucs les plus éculés sont employés : gouvernante de noir vêtue et d'une austérité à faire geler un réacteur nucléaire, spectres en blanc aux cheveux longs, petite fille fantôme qui dit "je veux jouer avec toi" et rire du passé avec écho. Mais ils le sont toujours avec talent et sincérité. Le fait qu'en Thailande les traditions religieuses soient omniprésentes donnent une réelle force au propos. Poser de l'ensens et des fruits sur un autel pour amadouer un esprit est ici un geste qui va de sois, alors que dans un film américain même l'usage d'une croix tient du savoir ésotérique perdu (et donc qu'on obtient en discutant avec un vieux barbu ou un geek à lunettes, voir en consultant des livres dans la bibliothèque, au risque de se faire apercevoir et pour passer pour un enfoiré d'intellectuel). Une femme qui fait des offrandes aux morts dans un yurei eiga est une petite vieille attachée aux traditions, dans un film américain ça serait carrément une folle à lier vouée à connaître une mort atroce au court de l'intrigue. Ici c'est juste naturel.

The Unseeable est un petit chef-d'oeuvre qui vous fera cauchemarder pendant quelques nuits, même après que vous vous soyez mithridatisé au genre en absorbant des centaines de clones de Sadako. Ça reste du film de fantôme asiatique, mais, avec son intrigue ingénieuse et sa thématique, il pourrait réussir à vous surprendre.

Contamination de Luigi Cozzi

Contamination est un film d'horreur italien dans la plus pure veine du cinéma d'exploitation. Bien loin des baroqueries esthétiques à la Dario Argento et des délires visuels morbides et poétiques de Lucio Fulci, le film pompe sur Alien, remplaçant la créature mortelle sortie de l'imagination de H.R. Giger par des sortes de melons verts soufrant de palpitations. Réalisé par Luigi Cozzi en 1980, soit un an après la sortie du chef-d'oeuvre de Ridley Scott, il est interprété par Ian McCulloch, Louise Marleau, Marino Masé et Siegfried Rauch.



Comme dans la scène d'ouverture de L'enfer des zombies, la police maritime s'interroge sur un bateau naviguant à la dérive. Une fois le navire ramené à bon port et mis en quarantaine, quelques hommes montent à bord pour l'explorer. Ils découvrent rapidement les cadavres des membres de l'équipage, horriblement mutilés. En fait ils sont déchirés et disloqués comme s'ils avaient explosé de l'intérieur. Le contenu de la cale est encore plus intéressant, puisque la cargaison, officiellement du café, est en fait constituée d'oeufs verdâtres tenant sérieusement du cucurbitacées malade. A cause de la chaleur des tuyauteries l'un d'eux mûrit et éclate, répandant une sorte de vomi pateux sur tout le monde. Et là l'Ébola peut aller se rhabiller parceque au niveau de la virulence il passe pour un petit rhume comparé à cette chose venu d'ailleurs : en un instant tous les contaminés se gonflent et explosent dans un gerbe de sang et de boyeaux.

Après cette mise en appétit très graphique le scénario s'essouffle un peu, partant dans une enquête molassone sur les terroristes voulant se servir de ces choses. La réalisation est classique et la photographie est loin des sommets aux quels nous ont habitués Fulci, Bava et Argento. Mais la musique des Gobelin donne une réelle profondeurs à l'ensemble, faisant de Contamination un petit incontournable du cinéma bis italien. Les quelques scènes en laboratoire sont aussi intéressantes, notament un expérience conduisant à l'explosion d'un rat, et cela bien avant l'invention du four à micro-ondes et la démocratisation de ce passionnant passe-temps. Contamination : un film visionnaire ?

lundi 17 décembre 2007

Jikou Keisatsu (Saison 1)

Jikou Keisatsu est une série télévisée japonaise : un drama, pour reprendre l'expression nipponne. Réalisée par Ryo Iwamatsu, Kera, Satoshi Miki, Sion Sono et Renpei Tsukamoto, elle est sortie en 2006. Le casting est notament constitué de Jô Odagiri, Kumiko Aso, Ryo Iwamatsu, Eri Fuse et Noriko Eguchi.



Tout au long de neuf épisodes de quarante-cinq minutes, nous découvrons Kiriyama Shizuka, fonctionnaire travaillant pour la police dans le bureau des affaires classées. Son boulot n'est pas passionnant : il faut juste détruire les dossiers des affaires ayant atteint la date de prescription, soit 15 années, et rendre les affaires personnelles saisies lors des enquêtes aux membres des familles concernées. Kiriyama décide donc, avec l'aide de Mikazuki de la police routière, de consacrer son temps libre à la résolution de ces affaires classés. Au début de chaque épisode il choisit donc un dossier particulièrement intéressant, donc généralement un meurtre, et s'y attelle.

L'idée de départ de Jikou Keisatsu est réellement bonne car elle résout un des grands paradoxes des romans policiers (et donc du cinéma d'enquête) : on veut un meurtre très soigné et difficile à démêler, mais on veut aussi que le héros comprenne tout. Et, quand Hercule Poirot, Sherlock Holmes ou le détective Conan ont résolu une affaire, le criminel va en prison et on a une impression de gâchis. Un plan subtil qui tombes à l'eau c'est toujours dommage. Ici pas de problème, puisque la date de prescription est atteinte. Le héros peut briller sans détruire le travail des criminels et tout le monde est content.

La série est sympathique, nous présentant des affaires souvent simples mais reposant généralement sur une idée ingénieuses. On est loin du niveau d'un Agatha Christie mais on ne devine pas toujours qui est le coupable à la quinzième minute. La vrai qualité de Jikou Keisatsu est cependant à chercher ailleurs. Elle réside dans un humours omniprésent. Kiriyama tient sérieusement du geek asocial, avec sa coiffure improbable et ses remarques surréalistes lâchées lors de discussions parfaitement banales. Il faut le voir défendre les sandwichs sans garniture comme étant les seuls à permettre de profiter du goût du pain, ou statuer que le port de lunettes le dimanche est une caractéristique britannique. L'héroïne, amoureuse de notre détective amateur sans qu'il semble s'en douter le moins du monde, multiplie de son coté des tentatives de plus en plus lourdes pour lui faire comprendre. C'est d'autant plus drôle que, par ailleurs, Kiriyama est très doué pour cerner le comportement humain et élucide toutes ses affaires avec facilité.

Si vous cherchez une série policière japonaise courte et accessible, Jikou Keisatsu est un bon choix.

Red Eye de Dong-bin Kim

Red Eye (Redeu-ai en VO) est un film d'horreur coréen réalisé par Dong-bin Kim en 2005. Il est interprété par Shin-yeong Jang, Ji-min Kwak, Dong-kyu Lee, Hye-na Kim et Eol Lee.



Sur la ligne Séoul Yeosu (un long trajet, plus de 6 heures) circule pour la dernière fois la Rose de Sharon. Son chauffeur, monsieur Park, part également en retraite, effectuant ainsi son ultime trajet en même temps que son véhicule. Mais des wagons récupérés sur un ancien train ayant subit un terrible accident sont intégrés au convoi. De plus c'est justement l'anniversaire de la catastrophe en question. Pas étonnant qu'il y se produise de curieuses choses...

Comme dans Ghost Train de Takeshi Furusawa on a le droit à la vision d'un spectre sur la voie déclenchant un coup de frein brutal et à un lot de personnages en uniformes de cheminots. Mais les similitudes s'arrêtent là, si on omet le fait que les deux films soient asiatiques et traitent de fantômes ferroviaires. Dans Red Eye nous avons un lieu hanté alors que dans Ghost Train nous avions un authentique revenant à la Kayako avec une malédiction se répandant à toute allure. Ici, le huis clos est de rigueur, source de cadrages serrés et inhabituels, et l'intrigue se déroule sur un court interval de temps. On reste en terrain connu avec notament ce problème de la peur des cheveux et des perruques et un usage de la vidéo et de la photographie comme outils de détection paranormaux. Mais le film est efficace, distillant avec un vrai savoir faire et des authentiques frissons.

La Corée s'est faite une spécialité des yurei eiga modernes, et il faut reconnaître que leurs productions sont souvent excellentes. Red Eye est dans la moyenne, pas particulièrement original mais satisfaisant. Sans atteindre le niveau de Deux Soeurs de Ji-woon Kim ou d'un des Whispering Corridors, il est tout simplement bon. Si vous êtes fans du genre il vous fournira votre dose quotidienne d'ectoplasmes. Pour couronner le tout l'intrigue est savante, faisant intervenir plusieurs histoires de familles, un suicide et diverses possessions.

Ghost Train de Takeshi Furusawa

Ghost Train (Otoshimono en VO) est un film japonais réalisé par Takeshi Furusawa en 2006. Il est interprété par Erika Sawajiri, Chinatsu Wakatsuki, Shun Oguri, Aya Sugimoto et Itsuji Itao.



Puisque les perruques, les portables, les K7 vidéo et les marionnettes peuvent servir de vecteurs de propagation de malédiction pourquoi pas les cartes d'abonnement ferroviaire ? Ghost Train s'ouvre donc sur un petit garçon ramassant sur le quai d'une gare un billet maudit. Sa propriétaire légitime, cousine lointaine de Sadako spécialisée dans les gares, lui promet alors un mort horrible. Promesse rapidement tenue (même si le garçon est juste porté disparu). Peu après le billet tombes entre les mains d'une petite fille. Quand cette dernière disparait à son tour sa grande soeur se lance dans une enquête.

Comme dans beaucoup de films de fantômes japonais, ou de yurei eiga, si vous préférez, on suit avant tout une investigation. Les scènes de frousse sont disséminées intelligemment pour que le spectateur ne décroche pas de l'intrigue, mais il s'agit avant tout de savoir pourquoi il y a un fantôme. Question souvent sans réponse, ou dont la réponse ne résout rien. Les divers éléments du métrage sont classiques : fantôme féminin aux cheveux longs et emplis d'une rage absolue, usage de la vidéo (ici un enregistrement de caméra de surveillance) et malédiction mortelle et implacable.

Ghost Train est soigné mais ses effets sont désormais trop vu et revus pour fonctionner pleinement. L'usage du train promis dans le titre n'est que anecdotique, le gros de l'intrigue se déroulant sur les quais ou en ville. Ce qui surprendra les quelques habitués du genre c'est la fin, beaucoup moins nihiliste et tragique que ne le veut le genre et comportant même quelques éléments héroïques. Une originalité bienvenue, même si elle ne concerne que les dernières minutes du métrage. Il faut souligner également la beauté et la folie des décors dans cette fin rafraîchissante. Malheureusement elle n'est pas suffisante pour justifier la vison de Ghost Train, surtout si on le compare à son cousin coréen : Red Eye.

En bref, un film qui ne ravira que les fans les plus boulimiques d'un genre très représenté.

mardi 11 décembre 2007

Electric Dragon 80.000 V de Sogo Ishii

Electric Dragon 80.000 V est un film japonais réalisé par Sogo Ishii en 2001. Il est interprété par Tadanobu Asano (oui !), Masakatsu Funaki (juste la voix) et Masatoshi Nagase.



Sogo Ishii s'est taillé une place dans le coeur de tous les cinéphiles avec sa formidable reconstruction historique qu'était Gojoe. Remise au goût du jour et destruction consciente d'un genre, ce film résolument nihiliste révisait une histoire connue par tout les japonais. Sogo Ishii continue son travail d'expérimentation en tournant Electric Dragon 80.000 V, un métrage en noir et blanc elliptique et épileptique.

Un enfant se fait électrocuter en escaladant un ligne haute tension. Cela réveille la partie reptilienne de son cerveau, le poussant à l'utra-violence. Pour canaliser ses instincts bruteaux il se met à la boxe, mais sans succès. Finalement il découvres la guitare électrique et arrive ainsi à se débarrasser, au travers d'une musique hardcore, de ses pulsions destructrices. Il devient Dragon Eye Morrison. Mais un challenger fait son apparition : Thunderbolt Buddha. Ayant été frappé par la foudre dans sa jeunesse, lui aussi contrôle l'électricité.

Des cadrages violents, des accessoires stylés, des travelings hachés et bruteaux, un noir et blanc esthétique au possible et des plans écrasant : tout cela rappelle furieusement le style de Shinya Tsukamoto. Remplacez dans Tetsuo le métal par l'électricité tout en conservant la rage du film d'origine et la thématique cyberpunk et vous obtenez le squelette d'Electric Dragon 80.000 V. Comme dans le métrage de Tsukamoto, l'affrontement entre deux créatures surpuissantes est au centre de l'intrigue, tout comme la vision de Tokyo comme une mégapole tentaculaire et écrasante. Mais Sogo Ishii apporte son énergie à l'ensemble faisant de d'Electric Dragon une expérience nouvelle et inclassable.

La bande son est exceptionelle, mais avec le thème du film ce n'est pas une surprise. Malheureusement ça ne dures que 55 minutes. Alors c'est intense et bordélique, comme la musique de Dragon Eye Morrison, mais c'est trop court.

Ah, une dernière remarque, comme dans Gojoe, c'est Tadanobu Asano qui joue le héros et il est toujours très classieux. D'ailleurs Kakihara dans Ichi The Killer est le meilleur méchant de toute l'histoire du cinéma (indiscutablement).

Sars Wars de Taweewat Wantha

Sars Wars (Khun krabii hiiroh en VO) est un film thaïlandais de Taweewat Wantha sorti en 2004. Il est interprété par Suthep Po-ngam, Supakorn Kitsuwon, Phintusuda Tunphairao et Lene Christensen.



Tout le monde connaît maintenant le cinéma d'action thaïlandais (merci Ong-bak et L'honneur du dragon). Le cinéma d'horreur de là-bas vaut aussi le détour et je vous recommande vivement de regarder la filmographie de Tanit Jitnukul en commençant par Art of The Devil et Hell. En revanche on n'est pas près de voir débarquer chez nous leurs comédies tant elles sont étranges pour nos yeux d'européens. Car Sars Wars, sous ses dehors de film d'horreur avec des zombis, est une comédie !

Le virus du SARS (Severe Acute Respiratory Syndrome) de quatrième génération finit par toucher la Thaïlande. Heureusement un maître et sont disciple sont là pour lutter contre l'épidémie à grand coup de sabre. Car, comme chacun le sait, le virus du SARS transforme ses victimes en zombis agressifs et contagieux. Recrutés pour libérer une jeune chinoise enlevée par des méchants gagster, nos deux héros auront fort à faire dans ce pandémonium généralisé...

Bourré d'éléments disparates, Sars Wars a tout du gros foutoir. On y trouve en vrac une écolière répondant aux clichés visuels japonais les plus éculés, une séquence d'ouverture en dessin animé, un travesti capable de prendre l'apparence de l'héroïne, ce qui donnera d'ailleurs lieu à quelques gags bien débiles, des zombis et des combats dantesques. L'humour est au ras des pâquerettes et semble adressé à une classe de maternelle, mais curieusement, couplée avec un mélange détonant de genres, il fonctionne. Le disciple parle avec des tournures désuettes, semblant tout droit sorti d'un wu xi pian des années 70, et à une mentalité accordée à ce langage. Les références sont nombreuses (y comprit à Star Wars, le titre n'est donc pas hasardeux) et on n'avait pas autant ri devant un film de zombi depuis Wild Zero.

Alors si vous voulez régresser au niveau le plus élémentaire de l'humour, que vous adorez les références cinématographiques, que les zombis et vous c'est le grand amour et que vous avez une deux heures devant vous, ne perdez pas de temps et foncez acheter ce machin sur internet (ça m'étonnerait qu'il passe à l'UGC).

American Gangster de Ridley Scott

American Gangster est un film américain de Ridley Scott sorti en 2007. Il est interprété par Denzel Washington (absolument magistral), Russell Crowe (il semble que Ridley Scott ait un faible pour cet autralien), Chiwetel Ejiofor et Josh Brolin.



C'est l'histoire de Frank Luca : un simple homme de main qui va reprendre l'affaire de son patron à sa mort et la faire fructifier en révolutionnant le système de distribution de la drogue à Harlem. Une idée simple : devenir le seul intermédiaire entre les producteurs et les dealers. Pour cela Frank Luca utilise les cercueils des soldats morts au Vietnam afin de convoyer avec la complicité des militaires des centaines de kilogramme d'héroïne pure. Mais une division spéciale de la police est mise en place pour s'occuper de cette affaire. Elle recrute Richie Roberts, un détective s'étant attiré la haine de ses camarades flics à cause de son intégrité sans faille.

N'ayez pas peur devant l'ambition du projet : le rythme est bon. Si le film dure 157 minutes c'est qu'il a une longue histoire à raconter. Comme toujours avec Ridley Scott c'est très beau et très travaillé, même dans les scènes les plus banales. Il a moins à faire que dans Alien ou Gladiator, mais on sent quand même sa touche dans les éclairages, la neige, la pluie et la composition des images...

Le fait de suivre la vie de deux personnages n'interagissant pas du tout au début, d'un côté le le gangster qui développe son affaire avec ambition et habileté, de l'autre le flic intègre qui galère à cause de son honnêteté, est discutable mais les deux intrigues se recoupent finalement parfaitement. On pourait ressortir l'éternel reproche fait à Scarface, la glorification du crime, mais cet argument est fallacieux. La fin du film le déboulonne complètement.

Il n'y a pas de mise en valeur particulière de la violence, donc les scènes d'actions sont très peu spectaculaires. Elle n'en sont que plus brutales : une balle dans la tête, un peu de sang, voilà, il n'y a rien à dire de plus. Une approche résolument réaliste cadrant avec la revendication "histoire vraie". Si on tient compte du jeu exceptionnel de Denzel Washington et de son intrigue riche et ambitieuse, American Gangster est un des meilleurs Ridley Scott de ce nouveau millénaire.

Bangkok Loco de Pornchai Hongrattanaporn

Bangkok Loco est un film thaïlandais de Pornchai Hongrattanaporn sorti en 2004. Il est interprété par Krissada Terrence, Nountaka Warawanitchanoun, Nimponth Chaisirikul et Nophadal Tavitumnusin.



Si vous trouvez déjà l'humour hongkongais à la Stephen Chow étrange et pas fun, vous n'avez aucune chance de pouvoir aborder un film comme Bangkok Loco. Des gags caca-pipi digne d'un élève de maternelle cohabitent avec des répliques zizi-vagin usuellement réservées aux petits de CP. A cela il faut ajouter des séquences surréalistes à faire passer le cinéma expérimental de Man Ray pour un machin fade est convenu et des références omniprésentes au cinéma d'action, aussi bien hongkongais que thaïlandais ou américain.

Bae se réveille d'un cauchemar et se rend compte qu'il vient de hacher menu le corps de sa propriétaire à coups de tranchoir en croyant jouer de la batterie. Il s'enfuit, traversant tout le quartier à la course couvert de sang, avant de frapper à la porte de Don, amie d'enfance et musicienne (et sa voisine de pallier, cherchez pas à comprendre). Après l'avoir convaincu de son innocence en prouvant qu'il est toujours capable de maîtriser la batterie des dieux, donc qu'il n'a enfreint aucun des commandements sacrés de Bouddha, il devra vivre comme un fugitif tout en cherchant à atteindre le niveau suprême de la batterie des dieux. En effet, tout les dix ans, un duel est organisé entre le meilleur batteur des dieux et le meilleur batteur des démons, et il n'est pas question de perdre.

Bangkok Loco est donc un étalon de l'humour déjanté thaïlandais. Moins déviant et crade que le Sars Wars de Taweewat Wantha, il reste cependant très peu abordable pour nos yeux d'européens. On y trouve pelle mêle des duels de musicaux allant crescendo, des flash-back de formation à la batterie dans un monastère bouddhique où les étudiants sont habillé avec la fameuse combinaison jaune à bande verticales noires rendue célèbre par Bruce Lee dans Le jeu de la mort et reprise par la suite dans Kill Bill et un inspecteur de police sans cesse ridiculisé.

Le pire c'est qu'on passe pas mal de temps plié en deux, soit devant un gag subtil (il y en a), soit piégé par la bêtise de l'humour niveau cour de récré qui émane de ce truc. Comme le contenu est quand même résolument adulte on est en mesure de se demander le public visé. Et puis la scène musicale le long d'une route où tout les arbres (et aussi l'herbe) ont été peint en bleu à la bombe sur des kilomètres est tellement jolie et naïve qu'elle justifie la vision de Bangkok Loco.

Hell de Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn et Teekayu Thamnitayakul

Hell (Narok en VO) est un film thaïlandais réalisé par Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn et Teekayu Thamnitayakul, sorti en 2005. Basé sur un scénario de Marisa Mallikamarl, il est interprété par Nathawan Woravit, Kom Chauncheun, Punyapon Dhajsonk et Wuttinan Maikan.



Une équipe de télévision spécialisée dans les documentaires racoleurs est victime d'un accident de la route. Tous ses membres se retrouvent en enfer, capturés par des démons adeptes des tortures les plus brutales. Heureusement, l'un de nos héros comprend qu'ils ne sont pas mort mais simplement dans le coma, en salle de réanimation. Ils vont alors prendre la fuite pour essayer de regagner leur corps.

Avec sont point de départ simple et son sujet original, Hell avait beaucoup d'atouts dans sa poche. Un survival en enfer est une idée peu exploitée offrant de nombreuses opportunités. Après tout l'enfer n'est-il pas le terrain hostile par excellence, donc le lieu rêvé pour un film d'horreur ? Malheureusement on a un peu l'impression que les réalisateurs passent à cotés de leur film. Les décors ne sont réellement grandioses et infernaux que sur quelques plans, d'opressantes collines arides recouvertes de lave et de poussière rouge n'étant que entr'aperçues. Le reste du temps notre petite troupe vagabonde dans des bois trop thaïlandais pour êtres infernaux ou se fait supplicier dans un carrière digne des productions italiennes post-apocalyptiques calquées sur Mad Max. Ce n'est pas un filtre rouge qui nous bernera !

Un bon survival doit reposer sur l'intelligence de ses protagonistes (contrairement à un slasher, où on ne veut que les voir mourir). Et de ce point de vue on a rarement fait pire. Parceque si la damnation de nos héros est discutables (il y a un vrai salaud couchant avec n'importe quoi, un alcoolique battant sa femme et une jeune fille détestant sa mère, mais les autres sont plutôt sympa), leur bêtise fait l'unanimité. Peut-être les dieux punissent-ils tout simplement la stupidité ? Pour vous donner une petite idée, nos documentaristes sont en fuite ; épuisés, gravement blessés, assoiffés et toujours poursuivis par une horde de démons, ils croisent au millieu des bois trois charmantes femmes peu vêtues. Là on se dit que le séducteur impénitent va y passer. Mais en fait nos trois héros se jettent dans leurs bras (y comprit le type qu'on avait catalogué "sérieux") sans flairer le piège. C'est d'autant plus stupide qu'il ont déjà assisté à la transformation en live d'enfants en créatures mangeuses d'hommes et que jusqu'à maintenant tout ce qu'ils ont croisés s'est montré hostile !

A part ça la description de l'enfer est assez originale, s'inspirant sans doute du folklore thaïlandais et nous dépeignant diverses punitions associées à diverses fautes. Comme dans Art of The Devil c'est agréable de voir une oeuvre de divertissement exploiter cette culture peu présente dans le cinéma. Le message du film est bien entendu hautement moral, puisque tout le monde se repent de ses péchés et que seuls les gentils survivent. Un film sympathique, donc, mais souffrant d'un manque de soins apporté aux décors et de protagonistes trop décérébrés pour qu'on s'y identifie.

lundi 10 décembre 2007

Born to Fight de Panna Rittikrai

Born to Fight (Kerd ma lui) est un film thailandais de Panna Rittikrai sorti en 2004. Le casting est composé de Nappon Gomarachun, Santisuk Promsiri, Dan Chupong, Piyapong Piew-on et Somrak Khamsing.



L'histoire tient sur la tranche d'un timbre poste et n'est qu'un prétexte : le général Yang, un méchant narcotrafiquant est poursuivi par Deaw, notre héros, membre des troupes délites. Celui-ci va perdre dans l'affaire son meilleur ami et quitter la police pour partir se ressourcer dans un petit village calme. Qui ne restera pas tranquille longtemps...

Ce n'est pas de ce coté qu'il faut chercher les qualités de Born to Fight. De même ne vous attendez pas à un jeu d'acteur divin où à des décors superbes.

Born to Fight c'est avant tout des cascades à faire culpabiliser le spectateur, qui, s'il a la moindre idée de ce qui est trucage et de ce qui ne l'est pas, sera forcément conscient qu'on risque sa vie de manière irresponsable pour son divertissement. Heureusement, aucun des cascadeurs n'est mort pendant le tournage, mais plusieurs d'entre eux sont partis sur un brancard (en particulier lors de la scène absolument spectaculaire où un bandit tombes d'un camion en marches pour rebondir sur le toit d'un véhicule lancé dans l'autre sens et passant à proximité). Si vous arrivez à faire la différence entre un homme et un mannequin en mousse d'un simple coup d'oeil et que vous notez de manière automatique tout les tics de la grammaire cinématographique habituelle, notamment le montage très haché des scènes d'action permettant de faire trois ou quatre raccords dans la moindre chute et de ne montrer au final que des actions peux dangereuses dont seul l'enchaînement est spectaculaire, vous serez pétrifié. L'exploit technique est absolu ! Pas de raccord entre le moment où le sbire reçoit un coup de poing, où il bascule du toit et où il s'écrase sur le sol. Pas de coupures quand un motard s'élance à toute allure contre un amas de bûches enflammées, culbute de sa moto et glisse sur plusieurs mètres pendant que son costume s'embrase. Des scènes banales mais qui jouissent d'un renouveau exceptionnel, à cause justement de ces cascades folles qui rendent possible une redéfinition de la manière de les filmer.

Conventionnel sur le fond mais tellement virtuose dans ses cascades, Born to Fight est un vrai paradoxe. Avec une réalisation plus soignée et une histoire moins ridicule il aurait pu être un chef-d'oeuvre. Il reste cependant un film à découvrir.

Ghost System de Toshikazu Nagae

Ghost System (Gosuto shisutemu en VO) est un film japonais de Toshikazu Nagae sorti en 2002. Il est interprété par Atsuko Rukawa, Chikako Sakuragi, Hiroshi Tamaki et Maria Yanagisawa.



Prenez Kairo de Kiyoshi Kurosawa. Enlevez toute réflexion sur la société japonaise, sur l'individualisme, sur la solitude et sur l'isolement. Remplacez le site web où les vivants peuvent voir les morts par un ventilateur géant dans un entrepôt désaffecté en pleine forêt. Oubliez le destin croisé de différents individus se rencontrant et trépassant au grès de la narration et substituez-y une histoire d'amour mièvre et convenue. Complétez avec des éléments pillés dans Ringu, The Blair Witch Project, et Phone. Étirez chaque plan jusqu'à l'assoupissement, avec des ralentis d'escargot et des effets de flous à causer un suicide chez les opticiens. Répétez les dialogues, inexistants à la base, deux ou trois fois en casant des mots anglais comme "DNA" et "Système". Faites semblant d'expliquer alors qu'il n'y a rien à expliquer. Voilà : vous avez un Ghost System prêt à être démoulé et dégusté.

L'histoire est simple : deux adolescents partent à la recherche d'une jeune fille disparue et ayant juste laissé comme indice une photo sur téléphone portable. Il errent en forêt, effrayés par une présence indicible, avant de rencontre une scientifiques qui fait joujou avec des fantômes.

Dans la production de yurei eiga actuelle il y a du très bon (notamment en Corée, mais aussi les premiers Hideo Nakata et La mort en ligne), du moyen (le petit Ju-rei, le troisième One Missed Call) et du carrément catastrophique. Vous l'aurez comprit, Ghost System se situe dans cette troisième catégorie. Seulement il a plusieurs qualités. D'abord il ne dure que 70 minutes. Quand on le regarde ça semble plus long mais les horloges ne mentent pas. Ensuite il met en évidence tout les défauts du genre, et même pas mal de défauts du cinéma japonais (notamment cette tendance à faire n'importe quoi très lentement, avec tout le monde qui est à moitié fou et autiste, pour qu'on pense que c'est profond). Ensuite il y a un petit coté Stalker dans les décors qui est plaisant et le directeur de la photographie se débrouille pas mal. Enfin la dimension mièvre du propos et joliment pervertie dans le twist de la cinquantième minute.

Mais le plus important c'est le syndrome Vendredi 13, aussi appelé le phénomène slasher. Quand le spectateur en vient à éprouver pour les personnages un mélange de consternation et de désintéressement il sera enthousiasmé à l'idée de les voir se faire trucider. Et puis c'est plus fort que moi, quand le monde est détruit je suis heureux (bon, ok, l'héroïne téléphone à sa maman, ça sonne occupé et elle déduit "il est tout a fait probable que le monde ait été détruit", c'est beau la logique) !

À voir, donc, mais pas au premier degré. À moins de vouer un culte au genre et de connaître par cœur l'ordre des victimes dans toutes la saga Ju-on (en tenant compte des dislocations temporelles induites par la maison hantée, l'ordre des décès à l'écran c'est pas du jeu).

Art of the Devil de Tanit Jitnukul

Art of the Devil est un film thaïlandais réalisé par Tanit Jitnukul en 2004. Il est interprété par Arisa Wills, Supakson Chaimongkol, Krongthong Rachatawan, Tin Settachoke, Somchai Satuthum et Isara Ochakul.



La Thaïlande a récemment commencé à exporter son cinéma. Pour le plus grand plaisir des cinéphiles français quelques productions de là-bas ont même été diffusées en salles (Ong-bak, L'honneur du Dragon, Born to Fight). Art of the Devil n'est pas encore licencié, donc si vous voulez le voir il faudra se rabattre sur les fansub et l'achat de DVD en ligne. Il mériterait cependant plus de l'être que les bastonnades spectaculaires suscitées. Ici pas de boxe thaï et de cascades irresponsable : juste une solide histoire de vengeance tournant à l'extermination. Le folklore locale est bien mis à contribution avec un usage permanent de rituels, soit purificateurs, soit de magie noire.

Boom, une ravissante jeune fille, est séduite par une riche architecte, Pratan. Quand elle tombe enceinte elle va lui demander une compensation financière, un million de bahts, qu'il paît sans discuter, mais l'histoire continue de s'envenimer. Finalement Boom se fait violer par des amis de Pratan sur ses ordres. Elle entreprend alors de se venger à l'aide de diverses malédictions.

Tout cela est raconté plutôt rapidement. En plus des complices, la famille du millionaire est exterminée (tous ses enfant et même sa belle fille) et du coup son héritage et sa maison vont à son ex-femme et aux quatre enfants issus de ce premier mariage. L'histoire commence réellement quand ils emménagent dans la villa de Pratan, désormais hantée. Mais le problème n'est pas dans les fantômes : quelqu'un s'obstine toujours à maudire tout le monde à grand renforts de rituels craspects, faisant trépasser un par un les nouveaux protagonistes.

Avec une ambiance très dépaysant, un usage original et résolument fonctionnel de la sorcellerie, quelques spectres évoquant le remarquable Bhoot de Ram Gopal Varma, Art of the Devil ravira les fans d'horreur. Visuellement on est pas au niveau d'une production équivalent Coréenne ou Japonaise mais ça reste esthétique. Bien entendu c'est gore et glauque, facettes contrastant avec le coté familial de l'affaire, les relations entre les protagonistes étant plus complexes et plus humaines que dans un film de teenager standard, où en dehors de couples formés sur le tas il n'y a pas grand chose.

vendredi 7 décembre 2007

Chakushin ari (drama)

Chakushin ari est une série japonaise produite par Kuwata Kiyoshi et écrite par Oishi Tetsuya et Takayama Naoya. Elle est réalisée par Aso Manabu, Nimura Ryoji, Karaki Marehiro, Tsunehiro Jota et Tamura Naoki. Le casting est composé de Kikukawa Rei, Ishiguro Ken, Tsuda Kanji, Masu Takeshi, Yamashita Shinji, Sato Chiaki et Watanabe Ikkei.



Après le succès de La mort en ligne de Takashi Miike en 2003, film brillant dont je ne dirais jamais assez de bien, les producteurs décident d'exploiter le filon et enchaînent en 2005 avec One Missed Call 2 (Chakushin ari 2) ainsi qu'une série TV sobrement nommée Chakushin ari (le titre du film d'origine).

Il s'agit toujours d'une histoire de malédiction par téléphone interposé. Les victimes reçoivent un appel depuis leur propre portable annonçant leur mort imminente puis trépassent de manière spectaculaire. Bien entendu ce qu'est qu'une rumeur quand Nakamura Yumi, une journaliste scientifique récemment rétrogradée, et Sendou, un inspecteur de police carriériste et brillant, s'attellent à l'affaire. Mais en 10 épisodes de 45 minutes l'intrigue va rapidement se développer. Autour de nos héros gravitent une bande de journalistes excentriques et décalés ainsi que le personnel très élitiste d'un lycée ultra compétitif. Le scénario de Tetsuya Oishi est bien pensé, entraînant le spectateur dans diverses fausses pistes avant d'aboutir à une fin en twist certes prévisible mais assez logique. Quelques moments forts du film sont repris à la lettre, comme la scène d'exorcisme en direct à la TV, mais à part ça l'intrigue est complètement distincte de celles des différents volets de la trilogie.

La série est plaisante sans être exceptionelle et l'étroitesse du budget ne se remarque pas. N'oublions pas que les yurei eiga sont d'autant plus efficaces qu'il sont sobres et exempts d'effets spéciaux. Alors bien entendu on aurait aimé une réalisation plus cinématographique et un casting plus prestigieux. Ishiguro Ken n'est pas un débutant mais il est un peu le seul. Cependant une fois le doigt dans l'engrenage il est difficile de décrocher et on se retrouve à enchaîner les épisodes (du coup j'ai tout vu en une grosse journée). Et ça n'est-ce pas le meilleur des gages de qualité ?

On regrette juste l'absence de Mimiko dont je suis un grand fan. A coté d'elle Sadako (de Ringu) est un ange et Kayako (de la saga des Ju-on) une débutante. Et puis il n'y a plus la formidable petite musique à chaque fois qu'un appel funeste résonne. Enfin, on ne peut pas tout avoir. En attendant le jeune français Eric Valette s'est attelé à la difficile tache de remaker pour les américains le bijoux de Miike. Souhaitons lui bon courrage.

Marebito de Takashi Shimizu

Réalisé par Takashi Shimizu en 2004, Marebito est un film japonais. Il est interprété par Shinya Tsukamoto, Tomomi Miyashita et Kazuhiro Nakahara.



Takashi Shimizu est un réalisateur étrange. Quand on parles de lui on penses d'abord à l'homme qui a fait deux courts métrages, Katasumi et 4444444444, puis qui les a répétés à l'infini, donnant ainsi naissance à six déclinaisons du même film (la saga des Ju-on). Mais en fait sa carrière ne se résume pas à ça. D'abord on lui doit Tomie: Rebirth, une volet très aboutit dans une saga réellement importante aux yeux des fans du cinéma horrifique japonais, et ensuite Marebito, un ovni cinématographique non conventionnel au possible et se rapprochant par moment de l'esprit de Takashi Miike.

Caméraman solitaire et marginal, Masuoka a filmé le suicide violent d'un homme dont le regard empli d'effroi l'a intrigué. L'origine de cette terreur devient une obsession pour lui et il part à sa recherche dans le métro de Tokyo. Il y découvre un monde souterrain empli de ramifications tentaculaire et une jeune fille enchaînée et nue. Elle est muette et le suit sans protester quand il la détache. Mais qui est-elle et comment la nourrir quand elle semble ne rien vouloir manger ?

Très sombre, Marebito vous entraîne immédiatement dans un cauchemar empli de questions angoissantes. De silences en silences une folie palpable s'installe, résultat d'une dislocation de tous les repères que peut prendre le spectateur. Comme dans le cinéma de Kiyoshi Kurosawa, en particulier Kairo et Charisma, plus l'intrigue avance et plus les questions s'accumulent alors que volent en éclats les premières déductions. Cette femme qui lui demande sans cesse la permission de voir leur fille est-elle réellement son ex-femme ? Si c'est le cas pourquoi ne se souvient-il pas d'elle ? Et d'ailleurs ne ferait-elle pas une bonne source de sang pour sa nouvelle protégée ? Le mot "marebito" signifie "être venu d'ailleurs" mais ne vous attendez pas à avoir le fin mot de l'histoire.

Dans le scénario d'origine, l'actrice principale devait être une enfant. Mais pour éviter des problèmes avec la loi l'idée fut rapidement écarté. Il est vrai que son personnage passe la plus grande partie du film dévêtue (problème d'ailleurs corrigée sur les affiches internationales du film). Takashi Shimizu s'est finalement rabattue sur une actrice majeure ayant un visage enfantin (Tomomi Miyashita).

Tourné en huit jours et en caméra DV, entre Ju-on : The Grudge 2 et le remake américain, The Grudge, Marebito réussit l'exploit d'être à la fois aboutit visuellement parlant, original et affreusement dérangeant. Ne se rattachant à aucun genre mais jouant avec des peurs omniprésentes dans le cinéma japonais, notamment sur le façonnement de l'individu à travers sa relation à sa famille, Marebito est incontournable. Enfin, la présence de Shinya Tsukamoto en tant qu'acteur devrait convaincre les fines bouches de se décider.