lundi 22 juin 2009

Coming Soon de Sopon Sukdapisit

Coming Soon est un film thaïlandais de Sopon Sukdapisit sorti en 2008. Il est interprété par Worrakan, Punch Rotjanawatchr, Sakulrath Thomas et Chantawit Tanasaewee.



Après le Japon et la Corée, la Thaïlande s'est avéré une nouvelle terre bénie pour les amateurs de cinéma horrifique. Les thaïlandais savent faire peur, que ce soit avec des oeuvres s'inscrivant dans leurs traditions religieuses comme Hell de Tanit Jitnukul, Sathit Praditsarn et Teekayu Thamnitayakul et The Unseeable de Wisit Sasanatieng, ou des films gores bourrés de sorcellerie (la saga des Art of the Devil). Sopon Sukdapisit a travaillé sur le script du terrifiant Shutter et pour cela il est béni parmi les bénis. Voilà sa première réalisation, qu'il scénarise également : Coming Soon.

Le film est une énième variation sur le thème du fantôme vengeur. Ici c'est le spectre d'une vieille sorcière qui décime tous ceux ayant vu un certain film d'horreur narrant précisément l'histoire de la pendaison de cette dernière. Les premières victimes se trouvent dans le personnel d'un multiplex et nous suivons deux jeunes projectionnistes tentant de copier la bobine hantée avant sa sortie pour en permettre la diffusion pirate.

Coming Soon tire bien son épingle du jeu, malgré son intrigue de départ qui rappelle furieusement Ring et sa vidéo maudite, et en dépit de son développement d'un classicisme éculé (enquête sur la mort du spectre pendant que des scènes surnaturelles se multiplient et que les cadavres s'accumulent). Les scènes de frousses sont efficaces et le film dans le film est absolument terrifiant. Pour les habitués du cinéma hollywoodien où un enfant ne peut jamais être vraiment en danger les exactions de la sorcière sont épouvantables...

Rien de nouveau sous le soleil, mais un solide film de fantôme, avec une touche thaïlandaise qui le distingue des productions nipponnes et coréennes. Comme quoi Sadako n'a pas fini de faire des enfants partout dans le monde, et c'est tant-mieux.

The Cell 2 de Tim Iacofano

The Cell 2 est un film américain réalisé par Tim Iacofano en 2009. Il est interprété par Tessie Santiago, Chris Bruno, Frank Whaley, Bart Johnson et Larry Filion.



Je suis un grand fan de The Cell. Certes le scénario de Mark Protosevich n'est qu'un prétexte pour aligner des scènes oniriques surréalistes, mais cela reste une oeuvre d'une beauté et d'une originalité exceptionnelle. Chaque décor est majestueux et sublime, chaque costume est alambiqué et royal. Même si l'ensemble ressemble plus à une clip somptueux de 107 minutes qu'à un film il faut reconnaitre que le travail de réalisation de Tarsem Singh est époustouflant avec des références à Francis Bacon et Salvador Dali...

Voilà qu'en cette belle année 2009 sort une suite en direct to vidéo à notre chef-d'oeuvre sous estimé. Tarsem Singh cède sa place à Tim Iacofano, inconnu complet s'étant seulement illustré en mettant en boîte quelques épisodes de 24 heures chrono et des Experts : Manhattan.

Tessie Santiago prends la place de Jennifer Lopez dans le rôle de l'héroïne. Sauf qu'elle n'est pas une psy explorant l'esprit d'un tueur dans le coma à l'aide d'un appareil compliqué mais une sorte de voyante extralucide qui nous fait son trip à la Dead Zone en tripotant des objets des victimes et en ressentant des flashs flous ou surexposés. Elle enquête sur The Cusp, un tueur en série qui exécute puis ramène à la vie ses victimes pour pouvoir recommencer (comme quoi, les pratiques écologiques de recyclage touchent même les prédateurs). Elle en d'ailleurs été elle même victime, d'où la présence de ses dons.

Exit les décors grandioses, la photographie léchée et les couleurs chatoyantes. Nous avons un machin sans saveur ni esthétique qui ressemble plus à un mauvais téléfilm allemand qu'à une œuvre d'art plastique. Les CGI sont pitoyables et rappellent les balbutiements des images de synthèses, la bonne volonté en moins. Parfois, l'espace d'un plan, on sent l'influence de The Cell puis tout s'estompe et il ne reste dans la pupille que le goût amère de la déception.

On pourrait disserter des heures en comparant les deux films tant tout les sépare : là où Tarsem Singh privilégiait les plans larges, les cadrages symétriques et propres et les travelling fluides, Tim Iacofano nous offre un montage haché, avec une caméra qui tremble et un angle de vue étriqué qui fait penser à Wolfenstein 3D (vous savez, le jeux vidéo sorti en 1992). Ses décors sont exigus et ses couleurs sont crades, baveuses et rouillés. Enfin, réfléchisses un peu : The Cell c'est pas Saw (surtout que Saw, sans le gore, n'est plus qu'un machin vide).

Les scènes oniriques sont rares (voir absentes, puisqu'il s'agit, la plus part du temps, de souvenirs), l'essentiel du film se résumant à une enfilade de clichés : le FBI qui s'engueule avec les flics bouseux, l'héroïne qui veut plus rempiler mais qu'on convainc en lui fourrant sous le nez une photo d'un innocente victime, une poursuite en bagnole, bref, ce genre de choses.

Pour conclure, The Cell 2 décevra les fans du premier, les amateurs de cinéma et les spectateurs doté d'une paire d'yeux. Les aveugles y trouveront peut-être leur compte s'ils ont la force de se boucher les oreilles pendant les 94 minutes que ça dure.

mardi 16 juin 2009

The Thing That Couldn't Die de Will Cowan

The Thing That Couldn't Die est un film américain de Will Cowan sorti en 1958. Il est interprété par William Reynolds, Andra Martin, Jeffrey Stone, Carolyn Kearney et Peggy Converse.



The Thing That Couldn't Die est un métrage bien connu des amateurs de nanars et de rétro-fantastique en noir et blanc. Avec son passage au Mystery Science Theater 3000 et sa moyenne de 2.6 sur IMDB il n'a plus rien à prouver.

Une jeune fille avec des dons de sorcellerie dévoile l'emplacement d'un coffre. Dans ce coffre se trouve la tête tranchée d'un criminel exécuté cinq siècle auparavant et encore en vie. Mais cette tête est maléfique...

Oscillant sans cesse entre le navet et le nanar, The Thing That Couldn't Die est relativement ennuyeux, même si le scénario pris dans son ensemble est vraiment rigolo. Jugez vous-même : la tête a le pouvoir d'hypnotiser n'importe qui en un simple regard, hormis l'héroïne protégée par son pendentif, et au lieu de contaminer tout le casting elle choisit la plus faible des femmes du groupe qui ne parvient même pas à débarrasser la jeunette de son bijoux. Je sais pas, moi j'aurais prix un ou deux mec costaud, j'aurais arraché l'artefact et le tour aurait été joué à la vingtième minute du film. Au lieu de ça la tête s'acharne à retrouver son corps... qui visiblement le rend vulnérable et le prive de tous ses pouvoirs ! Encore un bel exemple de créature maléfique surpuissante asseyant pendant tout le film de se retrouver délibérément dans une situation de vulnérabilité (c'est toujours d'actualité, pensez à Mirrors d'Alexandre Aja, par exemple).

Le rythme est poussifs et les 69 minutes du métrage sont essentiellement constitué de remplissage maladroit. L'héroïne, incarnée par Andra Martin, est correctement interprétée mais se voit affubler de répliques hilarantes (genre : "vous êtes tous méchants, je voudrais qu'un arbre vous écrase, nananère"). Cependant l'idée du contrôle d'esprit est bien pensée et on se prends par moment à apprécier le métrage, même s'il faut faire un efforts pour ne pas éclater de rire ou sangloter devant le gâchis.

dimanche 14 juin 2009

13 jeux de mort de Chukiat Sakveerakul

13 jeux de mort (13 game sayawng, parfois 13 Beloved) est un film thaïlandais réalisé par Chukiat Sakveerakul en 2006. Adapté d'une bande dessiné de Eakasit Thairatana, il est interprété par Krissada Terrence, Achita Wuthinounsurasit, Sarunyu Wongkrachang et Nattapong Arunnate.



Tout commence avec Puchit, un jeune cadre peu compétent, plaqué par sa fiancée pour des raisons financières et perdant dès les premières minutes du film son emploi. Il reçoit alors un coup de fil lui proposant de participer à un jeu constitué de 13 épreuves de difficulté croissantes avec 100 millions de bahts à la clef. Mais les actions demandées sont de plus en plus répugnantes et illégales.

Une succession de défis avec une grosse somme d'argent en jeu ce n'est pas vraiment une idée neuve. Dans le genre nous avons par exemple House of 9, centré sur un huis-clos psychologique et Tokyo 10+01, un délire total réalisé par Higuchinsky (responsable de l'incroyable Uzumaki).

Contrairement à des films comme Saw, Battle RoyaleNaraka 19, où c'est l'instinct de survie qui motive les joueurs à réussir leurs épreuves où à vaincre leurs concurrents, la seule motivation qu'à le héros dans 13 jeux de mort c'est l'argent, ce qui le rend immédiatement moins sympathique, même si sa bonne volonté et sa nature docile et généreuse permettent une certaine empathie. Puchit a la possibilité d'arrêter à tout instant la partie s'il renonce à ses gains, et le tour de force de l'oeuvre est de le faire oublier au spectateur.

La réalisation est simple et directe avec certaines scènes qui s'éternisent jusqu'à ce que la répugnance du spectateur soit totale. Le scénario, pour sa part, est un peu léger et cousu d'incohérences et de maladresses mais cela se pardonne facilement quand on constate l'efficacité de l'ensemble. 13 jeux de mort est la confirmation qu'après Art of The Devil de Tanit Jitnukul, 999-9999 de Peter Manus et The Unseeable de Wisit Sasanatieng, la Thaïlande est un nouvel eldorado du cinéma horrifique.

mercredi 10 juin 2009

Vendredi 13 de Marcus Nispel

Vendredi 13 est un film américain réalisé par Marcus Nispel, déjà responsable du nouveau Massacre à la tronçonneuse. Il est interprété par Jared Padalecki, Derek Mears, Amanda Righetti, Ryan Hansen et Jonathan Sadowski.



Remaker un classique de l'horreur, fondateur d'une saga de 10 films (11 si on comptes Freddy contre Jason) est délicat. Comment gérer l'héritage du passé sans sombrer dans la redite ? Ce nouveau Vendredi 13 fait un choix original et nous offre un concentré de la saga.

Ça commence par la fin du premier film, avec la mère de Jason, Pamela Voorhees, qui avoue le massacre de tous les moniteurs de colonie de vacance et qui se fait décapiter par l'héroïne avant que Jason ne fasses son apparition, puis on enchaine immédiatement sur une bande de jeunes bourrés d'hormones et de bières qui, vingt ans plus tard, viennent chercher de la marijuana et un endroit pour forniquer tranquillement.

Là, Jason est masqué avec le sac de patates de ses débuts, le célèbre masque de hockey n'ayant fait son apparition que dans le troisième opus, Meurtres en 3 Dimensions. La scène clef du Tueur du vendredi est intelligemment décalqué, avec la découverte de l'autel dressé par le tueur à la mémoire de sa maman, autel sur lequel trône la tête de la génitrice. Jason travaille vite : le rythme est soutenu... Nous en sommes encore au prégénérique, vingt-trois minutes se sont écoulées et quatre ados sont déjà morts.

Résumer les deux premiers opus de Vendredi 13 avant même d'afficher "Friday the 13" à l'écran permet au réalisateur de ne pas trahir la genèse du plus emblématique des slashers sans perdre de temps en un inutile redite.

Jason a évolué. En plus de sa machette il utilise des pièges, un arc et des projecteurs quand il n'attaque pas carrément de jour. Ses victimes restent cependant dans la ligné de ce que nous connaissons tous. Leur grande quantité (13 corps) compensant leur faible QI.

Bourré d'ajouts originaux, bien réalisé et parfaitement dans l'esprit de la saga. Ce nouveau Vendredi 13 est un authentique slasher comme on en faisait dans les eighties. Il ravira les fans du genre mais aussi les petits ne connaissant pas encore Jason Voorhees, son masque de Hockey et sa machette. Le dernier plan, un superbe hommage au film Sean S. Cunningham, devrait vous faire sursauter comme le fit jadis Vendredi 13 en 1980.

Les Cavaliers de l'Apocalypse de Jonas Akerlund

Les Cavaliers de l'Apocalypse est un film américain de Jonas Akerlund interprété par Dennis Quaid, Zhang Ziyi, Lou Taylor Pucci, Barry Shabaka Henley et Patrick Fugit.



Les films de tueur en série se cataloguent en de nombreux sous-genres. Nous avons d'un côté les slashers, sans traque ni psychologie mais avec des meurtres rigolos et des victimes adeptes de bains de minuit et de l'autre des oeuvres plus sérieuses. Généralement les films appartenant à cette seconde catégorie sont centrés sur l'enquête. Là encore on peut faire une taxonomie : les clones du Silence des agneaux, centrés sur un tueur anormalement intelligent et brillant, les films qui se veulent réalistes, donc qui sont crasseux et glauques (L'Étrangleur de New York), ceux qui sont vraiment réalistes (Zodiac de David Fincher) et les giallo italiens (Ténèbres, Six femmes pour l'assassin, L'oiseau au plumage de cristal). Là encore il est possible de sous-catégoriser tout ça. Au final on a des dizaines de genres, tous plus codifiés les uns que les autres, et il est impossible d'innover véritablement.

Les Cavaliers de l'Apocalypse tente d'apporter un peu d'air frais à un genre saturé.

Un assassin, ou plutôt une bande organisée de tueurs en série, suspendent leurs victimes avec des hameçons, dans un position que les fans d'Ichi the Killer connaissent tous bien, avant de les vider de leur sang. Notre héros, flic veuf, refermé sur lui-même, sombre et dépressif (comme 99,99% des inspecteurs travaillant sur les homicides au cinéma), traine sa savate de scène de crime en scène de crime découvrant progressivement comment les meurtres sont liés aux quatre cavaliers de l'apocalypse. Dennis Quaid est impeccable, même s'il incarne un cliché ambulant.

Les Cavaliers de l'Apocalypse se rapproche d'Anamorph pour la mise en scène très élaborée de ses crimes, de Seven pour la dimension religieuse et de n'importe quel thriller pour son héros, un flic qui sacrifie sa vie de famille sur l'autel de son travail qu'il semble par ailleurs détester. Certains plans surréalistes rappellent même The Cell. La scène d'ouverture nous offre ainsi une collection de dents présentées sur un plateau argenté maintenu par une colonne étincelante, au milieu d'un lac gelé dans un désert enneigé. Hélas cette recherche esthétique occasionnelle ne suffit pas à faire des Les Cavaliers de l'Apocalypse un bon film.

Le scénario est bourré d'incohérences et d'invraisemblances. Par exemple les discussions avec l'informaticien nous apprends qu'a partir d'un processeur on peut trouver l'adresse physique de l'ordinateur dont il a été extrait, car les CPU connaissent leur IP, et que les disque durs sont constitués de RAM qui ne brule pas à l'intérieur, même quand l'extérieur s'enflamme à cause du magnésium, ce qui permet de récupérer les données.

Jeu de piste mal foutu, l'intrigue poussive ne sauve rien. Les révélations fracassantes se succèdent maladroitement sans qu'on y attache la moindre importance et l'ensemble prends tellement l'eau que même le Titanic semblerait faire un bon canot de sauvetage.

Quelques éléments de réflexion sur la jeunesse et le fossé des générations ne comblent pas le pitoyable édifice tant ils sont maladroits et gros comme des camions. Il n' suffit pas de mélanger psychologie, sociologie et horreur pour faire un chef-d'oeuvre comme le Cure de Kiyoshi Kurosawa ou le Suicide Club de Sono Sion.