mercredi 9 mai 2012

Shelter de Måns Mårlind et Björn Stein

Shelter est un film américain réalisé par Måns Mårlind et Björn Stein en 2010. Il est interprété par Julianne Moore, Jonathan Rhys Meyers, Jeffrey DeMunn, Frances Conroy, Nathan Corddry, Brooklynn Proulx, Brian Anthony Wilson et Joyce Feurring.



Cara Harding, une brillante psychiatre interprétée par Julianne Moore est présentée par l'intermédiaire de son père, également docteur, à David, un patient souffrant de trouble de la personnalité multiple (ou trouble dissociatif de l'identité si on suit la nomenclature du DSM-IV). Persuadée d'avoir affaire à un imposteur, David étant dans le couloir de la mort, elle ne va rapidement remarquer que les "personnalités" de David savent trop de choses.

Thriller psychologique à la Hypnose, Shelter partage des ingrédients avec The Skeleton Key mais également Le Témoin du mal et Ring. Sa réalisation, confiée à deux suédois, est d'une précision remarquable et son interprétation est solide. De plus, l'argument surnaturel permet de ne pas utiliser le trouble dissociatif de l'identité comme prétexte pour faire n'importe quoi (là je pense à Identity et The Ward, mais aussi Color of Night).

Bien construit et parsemée de scènes vraiment fortes, tel que la première confrontation entre Cara et David, Shelter fonctionne un temps, puis s'essouffle progressivement avant de se conclure pas un final poussif qui est loin d'être à sa hauteur. Cela peut décevoir mais ne gâche pas l'ensemble. De même, il parvient à réussir l'exploit d'être à la fois anti-religieux (critique virulente des sectes et des croyants), tout en faisant reposer son intrigue sur l'existence de l'âme. Là encore, cela risque d'en énerver certains.

Personnellement, j'aime beaucoup ce type de film dès qu'ils s'éloignent des quelques twists traditionnels sans cesse répétés. À vous de voir si vous êtes également amateur du genre.

lundi 7 mai 2012

The Ward de John Carpenter

The Ward (ou John Carpenter's The Ward) est un film fantastique américain réalisé par John Carpenter et sorti en 2011. Il est interprété par Amber Heard, Mamie Gummer, Danielle Panabaker, Lyndsy Fonseca, Laura-Leigh, Mika Boorem, Jared Harris et Susanna Burney.



Voir John Carpenter de retour est un vrai plaisir pour tous les fans de cinéma horrifique et fantastique. Si on oublie ses quelques contributions à la série Masters of Horror, il faut remonter à Ghosts of Mars, en 2001, pour le retrouver derrière une caméra.

Kristen, une jeune femme incarnée par Amber Heard, est interné après avoir incendié volontairement une ferme. Enfermée dans un hôpital psychiatrique avec d'autres folles, elle découvre rapidement qu'un spectre semble errer la nuit, dans les couloirs.

Le réalisateur de Vampires et de Christine nous offre ici un film de fantôme dont le casting est presque exclusivement féminin, ce qui contraste avec ses productions très masculines (New York 1997, The Thing, Invasion Los Angeles et L'Antre de la folie). Cela nous ramène au début de sa carrière, en 1978, avec Halloween, qui était essentiellement peuplé d'adolescentes.

Si on oublie le twist final, élément devenu tristement incontournable dans un cinéma fantastique contemporain qui s'essouffle et qui s'auto-plagie à l'infini, la réalisation de The Ward est très classique et colle avec la volonté de situer l'action dans les années 60. Les effets de miroirs, les jump scares et le passage à la morgue sont autant de poncifs vus et revus, mais toujours fonctionnels.

Quelques scènes violentes nous rappellent que nous avons affaire au papa d'Halloween, mais The Ward reste à des kilomètres du gore maladroit et exagéré de Saw et d'Hostel. En fait, si on tient compte de l'évolution graphique du cinéma fantastique des 20 dernières années, le film de Carpenter est bien plus psychologique que visuel. C'est d'ailleurs sa principale qualité, et ce cela qui lui permet de fonctionner si efficacement.

Le développement des personnages, les différentes prisonnières de l'asile, et leur interaction sont au centre de l'intrigue. Malheureusement, même si le casting fonctionne très bien, il manque la graine de folie et d'originalité qui caractérisait jadis le cinéma du maitre. On suit l'histoire avec intérêt et curiosité, mais on ne bascule jamais dans la terreur ou la fascination.

Le twist, pompée à Identity (qui lui-même s'inspirait indirectement de Psychose) est le principale défaut de l'ensemble. A vouloir faire original, Carpenter tombe dans le piège du déjà-vu. Mais, si on fait abstraction de ce défaut, The Ward est un bon film, qui ne pêche que par comparaison avec le reste de la carrière de son réalisateur.

samedi 5 mai 2012

The Task d'Alex Orwell

The Task est un film américain réalisé par Alex Orwell en 2011. Il est interprété par Alexandra Staden, Victor McGuire, Adam Rayner, Antonia Campbell-Hughes, Ashley Mulheron et Amara Karan.



Tout commence par l'enlèvement d'un sympathique jeune homme qui venait de proposer son aide à une demoiselle qui l'avait bouclé dans la rue. Enchainé à d'autres victimes et encagoulé, il repend ses esprits face à un présentateur télé affublé d'un masque de clown. Ce dernier leur explique que, suite à un casting passé quelques mois plus tôt, ils ont tous été sélectionné pour participer à une émission de télé-réalité extrême. Afin d'obtenir 20 000 dollars et une célébrité bien méritée, ils devront passer la nuit dans une prison désaffectée, haut-lieu du paranormal.

Après le désistement d'un candidat qui s'éclipse en taxi nous avons le droit à la présentation de nos personnages. On fait dans le classique : une intello à lunette prétentieuse, un homosexuel caricatural, un noir baraqué, une bimbo, etc. Dès-lors, le jeu peut commencer.

Alors que de loin The Task ressembalit à un clone de Cube ou de House of 9, nous voilà avec un jeu de piste simple et linéaire. Faire passer une nuit dans une prison hantée à une bande de stéréotypes pour en tirer une émission de téléréalité, ce n'est pas très original. C'était à peu de choses près le script d'Épisode 50 (qui commençait dans un hôpital, mais se terminait bien dans une prison). Là, la nouveauté, c'est que nos candidats doivent passer des épreuves "terrifiantes", qui tiennent quand même plus de Fort Boyard que de Saw.

Alors, il y a un twist (c'est hanté pour de bon), puis un twist dans le twist (c'est du cinéma), puis un twist dans le twist dans le twist. Tout ça reste assez convenu sans jamais être bon ni mauvais. A voir a la rigueur, pour les amateurs de train fantôme et de fausse frousse à base de faux sang (je sais, au cinéma c'est toujours du faux sang, mais là c'est vraiment censé en être).

jeudi 3 mai 2012

Altitude de Kaare Andrews

Altitude est un film fantastique américano-canadien réalisé par Kaare Andrews en 2010. Il est interprété par Jessica Lowndes, Julianna Guill, Ryan Donowho, Landon Liboiron, Jake Weary et Mike Dopud.



Afin de se rendre sur les lieux d'un concert, une bande de potes embarquent à bord d'un avion loué pour l'occasion par Sara, détentrice depuis peu de son brevet de pilote. Mais après un décollage sans incidents, le petit bimoteur se retrouve bloqué en ascension suite à une pane du volet arrière. Et pour corser le tout, il plonge dans un inquiétant nuage noir.

La présentation des personnages est vite faite : ce sont tous des stéréotypes particulièrement énervants. Nous avons la brute musclée et égoïste (sans doute capitaine de son équipe de foot, si on respecte les clichés jusqu'au bout), sa copine décérébrée, un jeune amateur d'escalade plutôt sympa, un intello, collectionneur de comics et désespérément amoureux de Sara et enfin Sara proprement dite, l'héroïne du film, une jeune femme forte qui dissimule derrière son assurance un traumatisme d'enfance. Elle réussit d'ailleurs l'exploit d'être plus antipathique que la brute, ce qui était loin d'être gagné.

Altitude navigue entre le film de catastrophe, version intimiste, et le huis clos (Huis clos de Jean-Paul Sartre est d'ailleurs cité). Les personnages se disputent mais leurs options sont très limitées. À part larguer du leste et tenter de sortir pour débloquer ce qui coince, ils ne font rien de tout le film si ce n'est s'insulter, se battre et émettre des hypothèses loufoques. Heureusement, dans les nuages, se cache un monstre tentaculaire qui permet de donner un certain rythme, même si ses apparitions sont rares.

Le décors quasi-unique du film tient de l'exercice de style, mais ce choix artistique ne sauve pas Altitude d'une certaine médiocrité. Les personnages sont taillés à la truelle, l'histoire n'avance que lentement et la réalisation n'a rien de mémorable. Restent un dénouement presque orignal et vraiment imprévu et quelques beaux plans d'orage.

mardi 1 mai 2012

Terror Trap de Dan Garcia

Terror Trap est un film américain réalisé par Dan Garcia en 2010. Il est interprété par Michael Madsen, David James Elliott, Jeff Fahey, Heather Marie Marsden, Andrew Sensenig et Lacey Minchew.



Un couple plutôt mal en point voyage sur la route pour en s'engueulant. Leur objectif : des vacances dans un casino du sud. Mais une voiture les heurte intentionnellement à deux reprises. En panne au milieu de nul-part, ils rencontrent un policer local qui les conduit à un motel pour qu'ils y passent la nuit en attendant une dépanneuse. Ce qu'ils ne savent pas, mais que suppute le spectateur, c'est que là-bas, des tueurs sadiques les attendent.

Terror Trap est facile à résumer : c'est exactement Vacancy (avec des éléments de Vacancy 2). On y retrouve le même couple d'âge moyen qui semble se détester mais qui face à l'adversité se resserre, la même lutte pour la survie se résumant à se barricader pendant l'essentiel du métrage et les même poignées de portes qui sont secouées de façon inquiétante. Sachant que Vacancy avait déjà emprunté pas mal de choses à Psychose et aux slashers, il ne reste plus un soupçon d'originalité.

Du coup, on fait dans la surenchère. Il y a plus de tueurs, plus de spectateurs pervers et plus de scènes inutiles où de pauvres filles n'ayant rien à voir avec l'intrigue se font torturer. Cela ne fait bien entendu pas illusion, mais meuble.

Cependant, Vacancy était correctement réalisé par un Nimród Antal plutôt en forme. On ne peut pas en dire autant de Terror Trap qui accumule les erreurs : montages maladroit, timecodes des caméras incohérent, plans de torture gratuite insérés n'importe où n'importe quand. Et ce qui n'est pas monté de travers est tout simplement insipide tellement il est peu original.

Mais le vrai problème c'est le script : c'est simple, tous les ajouts faits par rapport au scénario de Vacancy sont stupides. Il est impossible de massacrer ses sbires aussi régulièrement sans rencontrer un problème de ressources humaines. Pourquoi se plaindre des prix de victimes captives (entre 250 et 1000 dollars pour des femmes splendides, suivant l'origine), au risque de perdre des précieux fournisseurs, quand il est explicité que l'affaire rapporte beaucoup ? Pourquoi fuir à pied quand on a un camion de pompiers, une voiture de police et certainement des dizaines d'autres véhicule à disposition ? Pourquoi cette épilogue avec des personnages qu'on ne connait même pas ?

Terror Trap est raté de A à Z. Il semble bricolé pour inclure des éléments d'Hostel, de la nudité et de la torture alors que son intrigue centrale en est dépourvu. Il est mal filmé, sans suspens et souffre d'une absence total d'originalité.

dimanche 15 avril 2012

Survival of the Dead de George A. Romero

Survival of the Dead est un film américain réalisé par George A. Romero en 2009. Il est interprété par Alan van Sprang, Kenneth Welsh, Kathleen Munroe, Devon Bostick, Richard Fitzpatrick, Athena Karkanis, Stefano Di Matteo, Joris Jarsky et Eric Woolfe.



Après un brillant Diary of The Dead, haï par beaucoup de spectateurs mais faisant preuve d'une grande originalité et s'impliquant vraiment dans une réflexion sur l'obsession des hommes pour la capture des images, George A. Romero décida non pas de tourner une suite directe à Diary, pourtant très rentable finanicèrement parlant, mais de continuer sa série de films de morts-vivants comme il l'avait toujours fait, c'est-à-dire en créant une nouvelle œuvre, seulement reliée par sa thématique et ses règles à l'ensemble précédemment construit.

Techniquement, nous avons un lien supplémentaire avec Diary of The Dead, puisque les ex-soldats que nous suivons croisent dans leur fuite les protagonistes du film précédent et les dépouillent. Ils décident ensuite de se rendre sur l'île de Plum, vantée par une vidéo trouvée sur internet. Mais une fois arrivé sur place, ils découvriront une guerre entre deux familles d'origine écossaise, les Muldoons et les O'Flynns.

La raison des conflits dans Survival of the Dead tourne autour de la gestion des zombis. Les Muldoons pensent qu'il faut honorer les morts, et donc conserver les morts-vivants près de soi, enchainés, tout en essayent de les traiter avec amour, un peu comme s'il s'agissait simplement de malades. Cela demande bien entendu un certain savoir-faire, mais est réalisable, vu la faible densité de population sur l'île de Plum. Les O'Flynns sont pour l'extermination pure et simple.

Perdus au milieu de ce conflit qui les dépasse, les déserteurs venus de l'extérieur n'interagissent que peu, faisant office de spectateurs. C'est sans surprise qu'ils concluent le film en prenant la fuite.

Certains analysent Survival of the Dead comme un débat sur l'avortement, avec d'un côté les pro-life et de l'autre les pro-choice. C'est assurément une simplification grossière correspondant à une volonté de tout politiser, mais il faut reconnaitre que la question éthique, pourtant complètement hypothétique et inapplicable au réel, abordée dans le film de George A. Romero est fascinante, tout comme le conflit qui en découle. Encore une fois, caché derrière une simple histoire de zombis, se trouve un film complexe et pourtant ludique. Par ailleurs, nous retrouvons l'action, le sang, la mort, la peur et le rythme faisant toute la saveur des films de Romero.

Avec Survival of the Dead, la Dead serie de George A. Romero, initiée par La nuit des morts-vivants, devient enfin une hexalogie. Même s'il y a des hauts et des bas dans cette exceptionnelle saga, chacun de ces films doit impérativement être vu par tous les amateurs de zombis, et ce sixième volet ne fait pas exception.

vendredi 13 avril 2012

Longinus de Ryuhei Kitamura

Longinus est un film japonais réalisé par Ryûhei Kitamura en 2004. Il est interprété par Taro Kanazawa, Takehiro Katayama, Yumi Kikuchi, Toshiyuki Kitami, Shion Machida et Minoru Matsumoto.



Ryuhei Kitamura est un génie, capable de réaliser un film d'action spectaculaire et chassieux sans moyens (Versus reste une référence visuelle et stylistique). Après Aragami, Azumi et Sky High, tous trois tournés en 2003, il réalise Longinus en 2004, juste avant son critiqué et pourtant démentiel Godzilla: Final Wars.

L'humanité est en guerre, plongée dans le chaos. Dans un hôpital militaire presque vide, des soldats amènent en urgence un homme blessé. Parmi ses affaires se trouve une boîte qui contient la fameuse lance de Longinus. Cette arme sacrée et maudite aurait servi à achever le Christ sur la croix.

Amateurs de manteaux de cuir à la Matrix et d'acteurs prenant des poses au milieu de scènes d'action spectaculaires, vous allez en avoir pour votre temps. Car Longinus ne dure que 40 minutes et ne laisse pas au spectateur le loisir de s'ennuyer. Ce moyen métrage, en dépit de son thème vampirique, est parfaitement représentatif du style Kitamura, version condensée. On papote moins que dans Aragami et on se bat moins que dans Versus, mais chaque minute vaut son pesant d'adrénaline.

Niveau casting, rien de nouveau : Uotani Kanae était là dans Sky High et Aragami, alors que Sasaki Hideo a tourné dans Versus, Azumi et Alive. Du coup Kitamura dirige parfaitement ses acteurs. On sent une excellente maitrise de l'ensemble, et même s'il est possible de ne pas adhérer au style électrique et nerveux du réalisateur, il faut admettre qu'il sait ce qu'il fait.

Les amateurs de Kitamura apprécions Longinus. Pour les autres, il vaut mieux commencer par Versus ou Azumi.

mercredi 11 avril 2012

Steel Trap de Luis Cámara

Steel Trap est un film d'horreur allemand réalisé par Luis Cámara en 2007. Il est interprété par Georgia Mackenzie, Mark Wilson, Pascal Langdale, Julia Ballard, Joanna Bobin, Annabelle Wallis et Adam Rayner.



Alors qu'une fête est organisée dans un immeuble désaffecté qui va être détruit sous peu, plusieurs invités reçoivent une invitation par texto pour une seconde boom dans le même building. Une fois arrivé sur place, ils ne tarderont pas à découvrir que le jeu de piste organisé par leur hôte mystérieux est mortel (au sens littéral du mot).

Vous connaissez certainement ces aventures qui se résument à une succession de pièges injustes et de monstres. Les amateurs de jeux vidéo pensent à Diablo pendant que les vieux joueurs adaptes des dés et du papier millimétré se souviennent de Tomb of Horrors, le légendaire module de Gary Gygax pour Donjons et dragons. Sur le papier, Steel Trap devait être ça, les monstres en moins : un labyrinthe de pièges et de fausses issues, avec un maître de donjon sadique caché derrière son écran dont la seule joie est de voir ses joueurs mourir.

Pour son premier long-métrage, Luis Cámara fait preuve d'une certaine maladresse. Les pièges sont secondaires, tout comme les personnages aux personnalités stéréotypées, et il ne reste rapidement plus que la petite enquête que mènent les victimes pour savoir qui est le tueur ainsi que les meurtres. Cela donne donc un honnête slasher dont la saveur est rehaussée par son esthétique morbide, très inspirée du giallo.

Au final, Steel Trap s'égare dans divers genres : le huis clos à la House of 9, le slasher, le film de couloir et, bien entendu, le clone de Cube avec une pincée de Saw. Il n'excelle dans aucune de ces pistes, mais reste regardable.

lundi 9 avril 2012

Encounters at the End of the World de Werner Herzog

Encounters at the End of the World est un documentaire américain réalisé par Werner Herzog en 2007. Il est met en scène David Ainley, Samuel S. Bowser, Regina Eisert, Kevin Emery, Ryan Andrew Evans, Ashrita Furman et Peter Gorham.



Tourné en Antarctique pour la National Science Foundation, Encounters at the End of the World est un documentaire surprenant. Au milieu d'une étendue de glace, Herzog s'intéresse non pas aux paysages, aux fonds marins ou aux animaux, mais avant tout aux hommes qui sont venus travailler là. Océanographes, ornithologues et biologistes se succèdent devant la caméra, mais Herzog interroge également les chauffeurs de bus, les plombiers et les mécaniciens.

Alors que les zoologistes référencent les espèces inconnues sous la glace, plongeant par un petit trou dans une eau obscure, et que les glaciologues suivent l'évolution de la banquise avec fascination et rigueur, Herzog collectionne les personnages atypiques et profondément mystiques. C'est cela qui l'amène à suivre ces scientifiques dans leurs expéditions, et s'il filme leurs volcans, leurs camions, leurs poissons et leurs oiseaux, c'est seulement pour mieux les comprendre.

Au milieu de tout ça, un manchot intrépide part vers une mort inéluctable en décidant de se lancer vers l'intérieur des terre, peut-être dans un élan suicidaire de curiosité. Herzog peut donc trouver son Fitzcarraldo ou son Aguirre même dans le monde des animaux.

Au final, nous obtenons un documentaire atypique et poétique, sublimé par une musique onirique de Henry Kaiser et David Lindley, doublée d'interminables silences. Encounters at the End of the World vous évoqua un peu Grizzly Man, la fin tragique en moins (sauf pour le manchot), mais également La Soufrière.

samedi 7 avril 2012

Mega Shark vs. Giant Octopus de Jack Perez

Mega Shark vs. Giant Octopus est un film de science-fiction américain réalisé par Jack Perez en 2009. Il est interprété par Lorenzo Lamas, Deborah Gibson, Sean Lawlorn, Vic Chao, Jonathan Nation, Mark Hengst et Michael Teh.



Suite à une opération militaire hasardeuse, deux monstres géants prisonniers de glaces sont involontairement libérés : un mégalodon et une pieuvre titanesque. Dès lors, ils vont semer le chaos dans tous les océans, se déplaçant à une vitesse hallucinante et ratissant à eux deux un territoire démesuré. Le destin de l'humanité repose désormais entre les mains de quelques scientifiques (reconnaissables à leur blouse blanche et à leur mépris des forces armées).

Connu des amateurs de nanars, notamment pour son titre improbable, Mega Shark vs. Giant Octopus représente parfaitement la série B destinée au marché vidéo et aux chaines câblées. Avec une intrigue prévisible, des personnages stéréotypés et son lot d'effets spéciaux, le film de Jack Perez remplit parfaitement son contrat, donnant exactement au spectateur ce qu'il attend d'une telle production.

Certes les CGI ressemblent au projet de fin d'année d'un étudiant infographiste en début de formation. Certes tout semble filmé dans deux ou trois décors alors que l'intrigue se déroule un peu partout dans le monde. Mais Mega Shark vs. Giant Octopus est généreux. Il nous offre des scènes improbables, comme cette avion de ligne dévoré en plein vol par un mégalodon affamé, ces manipulations de biochimie, bariolées et fluorescentes, et ces militaires qui torpillent à l'aveugle tout ce qui bouge.

Le film de Jack Perez nous propose aussi une romance mielleuse, des débats scientifiques pathétiques et des répliques idiotes. Par exemple, l'héroïne écoute du Johann Sebastian Bach quand elle fait de la plongée sous-marine (avec un appareil volé) et explique plus tard que c'est du Mozart, ce qui équivaudrait a peu près à confondre Metallica avec Édith Piaf.

Certes, ce n'est pas au niveau d'un vieux Gamera, mais pour un film américain de monstres géants, on s'amuse beaucoup et on ne s'ennuie pas un instant. Bref, nous avons ici du nanar de taille.

jeudi 5 avril 2012

Abnormal Activity 3 de Jason Gerbay

Abnormal Activity 3 est un film américain réalisé par Jason Gerbay en 2011. Il est interprété par Casey Alise, Taylor Autumn, Paul Bouyear, Dennis Cage, Colin Jobs,Andrew Gerhards et, bien évidemment, Jason Gerbay lui-même.



Je suis mathématicien de formation, ce qui veut dire que je suis à l'aise avec les objets algébriques les plus abstraits mais que j'ai du mal à compter au-delà de 3. Cependant, quand je vois certains films, je me dis que je suis loin d'être le plus handicapé. Jugez plutôt : Abnormal Activity 3 est la suite d'Abnormal Activity, mais il n'y a pas d'Abnormal Activity 2. A l'opposé, il existe un Paranoid Activity 2 qui est tout seul, sans suites ni préquelles. Et la saga Paranormal Activity compte deux Paranormal Activity 2. L'un des deux est une suite, renommée en Europe Paranormal Activity: Tokyo Night, et l'autre est une préquelle.

Cette fois, nous suivons Kristin, la sœur de l'héroïne du premier film. Baby-sitter débutante, elle enquête sur la disparition d'un enfant dont elle avait la charge, pendant que son petit-ami, Eric, doit vivre avec ses délires sur les démons et son irrationalité. L'histoire est ainsi une parodie de Paranormal Activity 2 (enfin, du premier Paranormal Activity 2, pas de Tokyo Night), ce qui rend encore plus inconsistant le choix du numéro 3 dans le titre.

La première partie d'Abnormal Activity 3 est consacrée à l'analyse du film précédent, qui semble être sorti en DVD après le meurtre concluant ce dernier. Kristin et Eric nous forcent donc à visionner une seconde fois cette horreur, tout en se lamentant de la stupidité et de l'ennui de ce qu'ils regardent. Paradoxalement, c'est beaucoup plus drôle comme ça. Ce n'est pas pour rien que Mystery Science Theater 3000, The Nostalgia Critic et The Cinema Snob sont si amusants.

Tout comme le premier opus, Abnormal Activity 3 est une pitoyable comédie produite sans budget, sans scénario, sans idées, sans matériel, sans décors et sans cadrages. Bien que moins drôle que son modèle, elle vous fera cependant rire jaune plusieurs fois, et pas qu'involontairement. L'humour tourne surtout atour des mauvais traitements que subit le bébé dont Kristin s'occupe, résultant de son incompétence et de sa parasse. Le reste du film est meublé avec quelques disputes récupérées dans les poubelles des scénaristes d'Un gars, une fille, ou avec des scènes de somnambulisme surréalistes.

Le montage est désordonné, car Kristin n'est pas capable de se servir correctement du caméscope d'Eric et n'arrête pas d'enregistrer pardessus des bandes déjà utilisées, ce qui donne lieu à des séquences incongrues s'insérant entres d'autres plans. A la décharge du film, Jason Gerbay y est toujours simultanément acteur, scénariste, producteur, monteur, réalisateur, compositeur et caméraman. Tommy Wiseau peut aller se rhabiller...

C'est moins mauvais que le film précédent, du coup ce n'est même plus le plus mauvais found footage jamais tourné. Ce qui le prive de son seul intérêt.

mardi 3 avril 2012

Shadow Puppets de Michael Winnick

Shadow Puppets est un film américain réalisé en 2007 par Michael Winnick. Il est interprété par James Marsters, Tony Todd, Marc Winnick, Natasha Alam, Diahnna Nicole Baxter, Jolene Blalock et Richard Whiten.



Un homme et une femme se réveillent dans des cellules capitonnées, perdus au milieu de ce qui semble être un hôpital psychiatrique désaffecté. Incapables de se souvenir comment ils sont arrivés là, ou même de se rappeler leur identité, ils vont rapidement croiser d'autres victimes des mêmes circonstances, mais également découvrir que dans ces couloirs mystérieusement vides, les ombres semblent dotées d'une vie propre.

Shadow Puppets est une œuvre hybride. Au départ on pense à Cube, à House of 9, à Nine Dead et à Breathing Room, bref, à tous ces films où de parfaits inconnus se réveillent ensembles, dans une prison ou un labyrinthe, sans savoir pourquoi ils sont là. Les décors sont cliniques, blancs et vides, comme dans Hypercube, et on stresse vraiment. Mais rapidement, il révèle sa vrai nature : celle de film fantastique

Hanté par un fantôme très puissant, très démonstratif et plutôt matériel, même s'il n'est constitué que d'obscurité, l'hôpital où errent nos sept amnésiques n'est pas assez effrayant pour fonctionner. Et ce ne sont pas les explications pseudo-scientifiques sur l'origine du mal, terriblement maladroites et stupides, qui rattrapent la sauce.

Plus l'intrigue avance, plus son manque de consistance et d'épaisseur devient évidente, si bien que pendant le dernier acte, quand un malheureux twist est révélé, le spectateur n'est plus intéressé. Bref, ne regardez ce film que pour ses 10 premières minutes, ou si vous voulez vraiment voir Natasha Alam incarner une mannequin qui se déshabille sans raisons rationnelles (avouez que se baigner nue dans une piscine mal éclairée quand on vient de se réveiller, la tête vide, dans un hôpital mort, c'est une décision plutôt insolite).