vendredi 16 novembre 2007

Ténèbres de Dario Argento

Ténèbres est un film italien sorti en 1982. Il est écrit et réalisé par Dario Argento et met en scène Anthony Franciosa, John Saxon, Veronica Lario et Daria Nicolodi.



Avant de devenir un des grands noms du cinéma fantastique avec Suspiria , Argento s'était déjà taillé une réputation internationale avec le giallo. Film noir italien très codifiés, le giallo est un genre à part entière souvent attribué à Mario Bava, mais quand on parles de ce type de cinéma c'est à Dario Argento qu'on penses en premier avec sa fameuse trilogie animalière, a savoir le Chat à neuf queues, L'oiseau au plumage de cristal et Quatre mouches de velours gris.

Après Suspiria en 1977 et Inferno en 1980, Argento revient donc à son premier amour avec Ténèbres. Bien que tardif et débarquant pendant le déclin du genre, Ténèbres marque une apothéose.

Peter Neal, un écrivain américain réputé pour ses romans policier, se rend en Italie à l'occasion de la sortie de son dernier livre, Tenebrae. Dans ce qui doit être une simple tournée de promotion, il est non seulement accompagné par sa maitresse et assistante, mais aussi secrètement suivi par son ancienne épouse. Une fois arrivé à Rome une femme est tuée à coups de rasoir par un assassin ganté s'inspirant des écrits de Peter Neal. Ce n'est que la première victime d'une série de meurtre reliés par un point commun : le tueur laisse sur ses victimes des pages déchirées de Tenebrae.

Les cadrages et sont très travaillés avec des décors toujours complexes et artistiques, la plus part des scènes se déroulant dans appartements superbement décorés et meublés. La réalisation est fluide et efficace, avec un usage extraordinaire des champs larges, caméra immobile, pendant les scènes d'action là où sont souvent utilisés des plans serrés et un découpage haché. Pour l'histoire c'est classique mais fonctionnel. On a ce qu'il faut en guise de retournement de situations, de psychologie du tueur et de séquences traumatisantes. La narration est finement conduite et semble sans artifice, malgré sa complexité.

Ténèbres est le meilleur giallo de Dario Argento ce qui en fait un film inévitable pour tous les fans de cinéma italien ou d'histoires de tueur. Pour les amateurs de musique l'œuvre vaut également le détour : le groupe de rock italien Goblin, connu notamment pour sa musique dans Les Frissons de l'angoisse en 1975 et Zombie, s'était séparé depuis 1980, mais trois de ses membres - Claudio Simonetti, Fabio Pignatelli et Massimo Morante se sont réunis à la demande d'Argento pour travailler sur la bande originale de Ténèbres.

Une grande année de Ridley Scott

Sorti en 2006, Une grande année (A Good Year) est une comédie romantique américaine se déroulant en France et nous présentant Russell Crowe, un australien, dans le rôle d'un trader anglais. Réalisé par Ridley Scott sur un scénario de Marc Klein tiré d'un roman de Peter Mayle, Une grande année est interprété par Russell Crowe, bien entendu, mais également par Freddie Highmore, Albert Finney, Marion Cotillard et Abbie Cornish.



Max Skinner hérites d'une propriété dans le midi de la France et entourée de vignes. Il trouves quelques jours dans son emploie du temps surchargé pour partir la visiter et, une fois sur place, tombes immédiatement amoureux de l'endroit et des souvenirs heureux de son enfance s'y rattachant.

Curieusement cet oeuvre offre une vision de notre pays aussi réaliste, ou caricaturale, à vous de voir, que celle diffusée par certains de nos propres productions nationales, préchant la beauté de la France profonde et l'amour qui émane des riches vignes et des verts pâturages.

Comme toujours avec Ridley Scott la réalisation est impeccable et les cadrages savants savent se faire oublier tant ils semblent naturels. Au lieu de jouer avec les ombres comme c'était le cas dans Les Duellistes ou d'abuser de l'obscurité à la mode Alien, Ridley Scott illumine son film d'un soleil radieux, usant et abusant avec art des éclairages naturels. N'attendez cependant pas un film extraordinaire ou empli de dilemmes cornéliens et de décisions passionnées : les personnages sont gentils, les vins sont fins, tout le monde est beau et l'intrigue avance comme sur des roulettes, prévisible mais attendrisante.

Une grande année n'est absolument pas déviant mais reste vraiment sympathique si l'impression de déjà-vu ne vous dérange pas. Un peu de chaleur ça fait du bien de temps en temps. De toutes façon, rien que pour ses images il vaut largement le détour.

vendredi 2 novembre 2007

The Invisible de David S. Goyer

The Invisible est un thriller américain réalisé par David S. Goyer en 2007. Il est interprété par Justin Chatwin, Margarita Levieva, Marcia Gay Harden, Chris Marquette et Alex O'Loughlin. Il s'agit d'un remake du film suisse Den Osynlige de Joel Bergvall et Simon Sandquist.



David S. Goyer s'est illustré en massacrant la saga Blade. Il est vrai qu'après le dantesque Blade II de Guillermo del Toro, Blade: Trinity était voué à paraître fade, donc il est envisageable de lui pardonner son erreur. C'est l'esprit ouvert que j'ai regardé The Invisible, un néo-thriller psychologique avec du paranormal dedans, recette très à la mode depuis Sixième Sens.

Nick Powell est le cliché standard du gosse de riche au cinéma. Elevé par une mère très autoritaire et obsédée par les apparences il aspire au fond de lui à devenir écrivain. Trop parfait en apparence il finit par se disputer avec Annie Newton, la rebelle de service, issue d'une famille disloquée avec un père alcoolique. Elle pique des bijoux et des bagnoles pour arrondire ses fins de mois et se fait dénoncer à la police. Croyant Nick responsable de sa délation elle le tabasse à mort et se débarrasse de son corps dans un égout en pleine forêt. Mais Nick va revenir sous forme fantomatique...

The Invisible ne manque pas de qualités. Avec son absence d'effets spéciaux, un bon sens du suspens et un scénario simple et logique il était bien parti pour être un excellent film. Mais les personnages sont tellement caricaturaux qu'ils perdent toute crédibilité en dépit des efforts évidents des acteurs. Seul Nick acquiers une certaine profondeur, si on supporte le jeu de Justin Chatwin. La réalisation est correcte mais n'innove jamais, rendant presque ennuyeuses les scènes clef. C'est une production friquée, donc les images sont biens léchées et les éclairages sont soignées, mais ne vous attendez pas à une grande expérience visuelle.

La fin surprend le spectateur blasé par les happy-end et en rehaussant le niveau et le propos. Pas de twist stupide mais un dénouement tragique et surtout logique. Une telle initiative fait plaisir. Si vous avez pleuré devant Ghost et que vous ne jurez que par le cinéma de M. Night Shyamalan alors vous aimerez peut-être The Invisible.

The Torturer de Lamberto Bava

The Torturer est un film d'horreur italien réalisé par Lamberto Bava en 2005. Il est interprété par Maria Blanco-Fafian, Elena Bouryka, Carla Cassola et Simone Corrente.



Je suis un grand fan de Lamberto Bava à qui on doit quand même Démons. D'ailleurs l'humanité entière devrait lui être reconnaissante. A la fin des années quatre-vingt il a arrêté le cinéma et s'est reconvertie en réalisateur pour la TV, avec notamment la saga des Cave of the Golden Rose, quasiment introuvables chez nous mais plus que sympathique. En 2005 il marque son retour au cinéma avec The Torturer, un croisement entre un torture flick à la Hostel, genre très à la mode, allez savoir pourquoi, et un bon vieux giallo comme en faisait son papa (n'oublions pas que Mario Bava est un des inventeurs du genre).

Un metteur en scène de théâtre organise un casting pour recruter le premier rôle féminin dans sa nouvelle pièce. Son père adoptif, qui est aussi son producteur, n'aime pas sa manière d'auditionner les jeunes filles (le genre de procédé faisant fuir les actrices et provoquant obligatoirement un procès en harcèlement). Mais voilà que les donzelles disparaissent mystérieusement pendant que sont égrenées, avec un rythme quasi métronomique, des scènes de torture atroce. L'héroïne, immédiatement séduite par la beauté ténébreuse de l'artiste et par son coté psychopathe, va devoir enquêter sur lui car il semble être la piste qui mène à une de ses collègues disparues (suite à une audition, justement).

Malheureusement le scénario est très sommaire. L'enquête est quasiment inexistante, l'intrigue prévisible et les flash-back d'enfance sont plus ridicule et convenus encore que dans Le Sang des Innocents. Du coté de la réalisation il y a quelques effets clipesques à la mode pendant les scènes de supplice qui contrastent avec la réalisation académique de Lamberto Bava, apparemment bien assagi depuis l'époque Démons. La photographie oscille entre le réussi, avec du sang très rouge, ramenant à Argento et ses semblables, et l'insupportablement laid, avec des filtres bleus dignes d'une série Z. Les maquillages ne sont pas à la hauteur des films de Lucio Fulci ou mêmes des navets de Bruno Mattei.

Violence gratuite, nudité omniprésente et inutile, personnages inconsistants et réalisation peu maîtrisée : au final The Torturer est une petite production sans âme ni sincérité tenant vainement d'exploiter la vague Saw. Seuls les adeptes de la cruauté au chalumeaux et à la soudure à l'étain y trouveront leur compte.