Les films de tueur en série se cataloguent en de nombreux sous-genres. Nous avons d'un côté les slashers, sans traque ni psychologie mais avec des meurtres rigolos et des victimes adeptes de bains de minuit et de l'autre des oeuvres plus sérieuses. Généralement les films appartenant à cette seconde catégorie sont centrés sur l'enquête. Là encore on peut faire une taxonomie : les clones du Silence des agneaux, centrés sur un tueur anormalement intelligent et brillant, les films qui se veulent réalistes, donc qui sont crasseux et glauques (L'Étrangleur de New York), ceux qui sont vraiment réalistes (Zodiac de David Fincher) et les giallo italiens (Ténèbres, Six femmes pour l'assassin, L'oiseau au plumage de cristal). Là encore il est possible de sous-catégoriser tout ça. Au final on a des dizaines de genres, tous plus codifiés les uns que les autres, et il est impossible d'innover véritablement.
Les Cavaliers de l'Apocalypse tente d'apporter un peu d'air frais à un genre saturé.
Un assassin, ou plutôt une bande organisée de tueurs en série, suspendent leurs victimes avec des hameçons, dans un position que les fans d'Ichi the Killer connaissent tous bien, avant de les vider de leur sang. Notre héros, flic veuf, refermé sur lui-même, sombre et dépressif (comme 99,99% des inspecteurs travaillant sur les homicides au cinéma), traine sa savate de scène de crime en scène de crime découvrant progressivement comment les meurtres sont liés aux quatre cavaliers de l'apocalypse. Dennis Quaid est impeccable, même s'il incarne un cliché ambulant.
Les Cavaliers de l'Apocalypse se rapproche d'Anamorph pour la mise en scène très élaborée de ses crimes, de Seven pour la dimension religieuse et de n'importe quel thriller pour son héros, un flic qui sacrifie sa vie de famille sur l'autel de son travail qu'il semble par ailleurs détester. Certains plans surréalistes rappellent même The Cell. La scène d'ouverture nous offre ainsi une collection de dents présentées sur un plateau argenté maintenu par une colonne étincelante, au milieu d'un lac gelé dans un désert enneigé. Hélas cette recherche esthétique occasionnelle ne suffit pas à faire des Les Cavaliers de l'Apocalypse un bon film.
Le scénario est bourré d'incohérences et d'invraisemblances. Par exemple les discussions avec l'informaticien nous apprends qu'a partir d'un processeur on peut trouver l'adresse physique de l'ordinateur dont il a été extrait, car les CPU connaissent leur IP, et que les disque durs sont constitués de RAM qui ne brule pas à l'intérieur, même quand l'extérieur s'enflamme à cause du magnésium, ce qui permet de récupérer les données.
Jeu de piste mal foutu, l'intrigue poussive ne sauve rien. Les révélations fracassantes se succèdent maladroitement sans qu'on y attache la moindre importance et l'ensemble prends tellement l'eau que même le Titanic semblerait faire un bon canot de sauvetage.
Quelques éléments de réflexion sur la jeunesse et le fossé des générations ne comblent pas le pitoyable édifice tant ils sont maladroits et gros comme des camions. Il n' suffit pas de mélanger psychologie, sociologie et horreur pour faire un chef-d'oeuvre comme le Cure de Kiyoshi Kurosawa ou le Suicide Club de Sono Sion.
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