Avec la saga des Ju-On, Takashi Shimizu s'est tellement répété dans un genre déjà très codifié, le yurei eiga, qu'il a perdu une grande partie de sa réputation. Reste que, dans son contexte d'origine, Ju-On: The Grudge était un petit monument. De plus Takashi Shimizu ne se résume pas à ce film est ses remakes. Marebito, une métrage inclassable, plus glauque et sombre que bien des histoires de fantômes asiatiques, était la preuve que son talent existait toujours.
Une jeune actrice est embauchée pour jouer dans un film d'horreur reprenant un sordide fait divers. Trois décennies plus tôt un homme a massacré onze personnes dans un hôtel, y compris sa fille et son fils, sa femme étant l'unique survivante. A peine le script en main, notre héroïne commence à voir apparaître une curieuse fillette tenant une hideuse poupée. Et le choses vont en empirant quand elle apprend que c'est le rôle de cet enfant qu'elle jouera.
Au début, Réincarnation semble être une nouvelle variation sur le thème de la fillette fantôme surgissant fugacement des coins les plus sombres de l'écran. Mais rapidement le film diverge de la traditionnelle investigation sur l'horreur passée ayant engendré le fantôme pour se concentre sur une foule d'âmes réincarnées et sur leur comportement obsessionnel lié à l'hôtel où s'est déroulé la tragédie de leur décès passé. Les pièces du puzzle se mettent en place pour aboutir à un final original remettant en cause le rôle de tous les protagonistes.
Ce n'est pas encore du Hideo Nakata mais il y a une intrigue. Les scènes de peur sont soignés sans êtres originales mais sont toutes fonctionnelles (après une dizaine de films de fantômes le réalisateur connaît son affaire). Il y a cependant un mélange de naïveté et d'innocence dans la manière dont Shimizu raconte son histoire et essaye d'effrayer son spectateur, faisant de Réincarnation une œuvre fantastique pure digne des premiers Ju-on. Ici il n'y a pas de tentative de dénoncer des problèmes de société comme le font Sion Sono et Kiyoshi Kurosawa, seulement une volonté d'effrayer l'auditoire de façon ludique. Parfois ça fait du bien d'avoir peur sans se poser de questions profondes.
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