Junji Ito s'est imposé au Japon comme un mangaka majeur. Principal auteur à avoir réussi à écrire des bandes dessinés horrifiques qui fonctionnent réellement on lui doit le personnage de Tomie, connu des amateurs de cinéma. En effet les trois volumes du manga de base ont donné naissance à pas moins de sept films. Mais Junji Ito ne se résume pas à cette irrésistible femme démon. On lui doit aussi des oeuvres comme Gyo, Hallucinations et enfin Uzumaki.
Adapter Uzumaki au cinéma semblait impossible : sans trame principale le manga traite d'un village où une obsession pour les spirales (Uzumaki en japonais) pousse tout le monde dans la folie, le suicide et le meurtre. Au début chaque chapitre est indépendant, même si une certaine progression dans la folie la plus glauque se ressent, et puis, petit à petit, tout devient plus évident et la réalité s'effrite. Higuchinsky relève le défi et décide de jouer la carte de la fidélité absolue. Non seulement son film est une succession de scènes tirées du manga, mais en plus les graphismes et mêmes les angles de caméra sont inspirés du travail de Junji Ito. Il en résulte un long métrage déroutant et déstabilisant, commençant avec un homme fixant à l'infini la coquille d'un escargot et glissant progressivement dans un univers distordu où tout est spirale : l'herbe, les branches des arbres, les chevelures et finalement même les corps des victimes de la malédiction.
Radicalement novateur le film est un exercice de style osé et surprenant. Les couleurs sont plates, avec un vert dégueulasse qui baigne tout, et chaque plan est une véritable peinture horrifique composé de manière travaillée. Enfin la musique de Tetsuro Kashibuchi et Keiichi Suzuki est parfaitement adaptée. Pour un premier essai sur le grand écran Uzumaki est une réussite. Dommage que le second métrage de Higuchinsky, Tokyo 10+01, ne soit pas à la hauteur (enfin, il mérite quand même d'être vu).
1 commentaire:
J'ai vu ce film il y a plusieurs années, mais pourtant à chaque fois que je vois un motif en spirale quelque part je repense systématiquement à ce film et à ses hommes-escargots. Mon imaginaire a vraiment été marqué...
-Ghidorah
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