Pour ceux qui ne connaissent pas Teinosuke Kinugasa, il a eu le Grand Prix en 1954 au festival de Cannes. C'était pour le film La porte de l'enfer qui constitue un sommet esthétique incontournable. Avant d'obtenir une célébrité internationale avec son prix, Kinugasa s'était déjà démarqué avec Une page folle, un film noir et blanc et muet sorti en 1926.
A moitié surréaliste, et très inspiré du cinéma expressionniste allemand, le film raconte l'histoire d'un homme dont la femme, folle, est internée dans un asile psychiatrique. Lui rendant visite régulièrement, il trouve un travail sur place affin de rester au près d'elle. Finalement il tente de la faire évader, mais cette dernière n'est pas en état de comprendre ce qu'il lui veut.
Le film est terriblement tragique, notamment par l'alternance entre la vision du mari et la perception déformée et surréaliste du monde de la femme. Les efforts de l'homme pour essayer encore de communiquer avec son épouse sont poignants. Il n'y a pas un seul intertitre dans tout le film, ce qui rend l'histoire assez difficile à suivre mais renforce l'impression d'incommunication.
Il n'existe plus qu'une copie du film (qui fut longtemps considéré comme perdu). L'American Film Institute a bien voulu la prêter au ministère de la culture dans le cadre du premier Festival de l'histoire de l'art et c'est ainsi que j'ai pu le découvrir. Je ne sais pas comment vous ferez pour le visionner mais ça vaut le coup. En attendant, on trouve un extrait de quelques minutes sur Dailymotion (qui correspond d'ailleurs au tout début du film).
Deux ans avant Un chien andalou, le cinéma japonais prouvait qu'il pouvait produire des OVNIs cinématographiques surréalistes. Donc si vous aimez la culture nipponne, vous savez ce qu'il vous reste à faire.