vendredi 13 juin 2008

L'Orphelinat de Juan Antonio Bayona

L'Orphelinat est un film fantastique espagnol réalisé par Juan Antonio Bayona en 2007. Il est interprété par Belén Rueda, Fernando Cayo, Roger Príncep, Mabel Rivera et Montserrat Carulla.



Le cinéma fantastique méditerranéen n'a pas cessé de vivre et de nous surprendre au cours du dernier demi siècle. Après le déclin du genre en Italie (la chute de Dario Argento, la mort de Lucio Fulci et la régression télévisuelle de Lamberto Bava) l'émergence de l'Espagne a sauvé le genre.

La secte sans nom, Darkness et Fragile de Jaume Balagueró sont ainsi trois excellents représentants du genre : images esthétiques et ciselées dans le moindre détail, présence systématique d'enfants, narration dans le sous-entendu, références constantes à la foi et à l'au-delà, voir à la religion. D'abord confiné dans son pays d'origine ce cinéma s'exporte de mieux en mieux avec Nacho Cerdà (The Abandoned). Bien que d'origine mexicaine, Guillermo del Toro est sans doute le porte étendard de ce genre dont les codes sont encore en constante évolution. Pas étonnant donc de le voir produire cet Orphelinat, réalisé par un nouveau venu, Juan Antonio Bayona. Après tout, son Échine du diable se déroulait également dans un orphelinat en Espagne et utilisait aussi le fantastique comme masque dissimulant l'horreur de la réalité. Et tant mieux si le succès international de son Labyrinthe de Pan peut aider un jeune cinéaste à lancer sa carrière.

L'Orphelinat nous raconte l'histoire d'une femme emménageant avec son mari et son fils adoptif dans l'orphelinat où elle a grandit. Mais une présence mystérieuse semble hanter les murs de cette luxueuse demeure et l'enfant, atteint d'une maladie incurable, semble être le seul à en avoir conscience.

Les décors sont splendides et intelligemment mis en valeur par les images léchées d'Óscar Faura (déjà remarqué pour son travail sur Le Machiniste et Intacto). L'intrigue, reposant pour une fois sur un twist honnête, déclenche son lots de frissons et retient l'attention du spectateur. La réalisation de Juan Antonio Bayona est impeccable, avec notamment une grande maîtrise des plans et des cadres. L'ensemble est peut-être un peu trop parfait. Comme La maison du Diable de Robert Wise, chaque détail est tellement travaillé que la spontanéité manque. Mais c'est justement ce qui fait la qualité de ce genre de cinéma.

Les amateurs du genre trouveront leur compte dans cette luxueuse production, futur représentant académique d'un genre en pleine expansion. Pour les autres, c'est l'occasion rêvée de découvrir ce nouveau cinéma fantastique. Le succès phénoménal de L'Orphelinat en Espagne est justifié.

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