mardi 11 octobre 2011

Roger et moi de Michael Moore

Roger et moi (Roger & Me en VO) est un film américain réalisé par Michael Moore et sorti en 1989. Il met en scène Michael Moore lui-même ainsi que Rhonda Britton, Fred Ross, Ronald Reagan, Bob Eubanks et Roger Smith (à dose homéopathique).



Michael Moore est un génie. Non pour ses opinions qui sont loin de faire l'unanimité. Ni pour son influence politique, car il prêche essentiellement les convaincus. Mais parce qu'il a réussi à faire du documentaire quelque chose de ludique, de divertissant, d'accessible, de passionnant et de lucratif à la fois (même si ce qualités existaient déjà prises séparément). Faire payer quinze millions d'américains pour entendre critiquer dans Fahrenheit 9/11 le président qu'ils ont élu, c'est tout de même un véritable tour de force !

Roger et moi, ou A Humorous Look at How General Motors Destroyed Flint, Michigan est son premier documentaire. Sorti en 1989, il est considéré comme une des œuvres les plus importantes du genre et a projeté directement Michael Moore au devant de la scène cinématographique. Pourtant il n'y a que peu de contenu éducatif ou informatif dedans. Ce n'est pas une cours universitaire ou une enquête pointue : c'est une simple comédie noire, avec un bonne dose d'horreur sociale en toile de fond.

Jugez plutôt : Roger et moi raconte la déchéance d'une ville américaine, Flint dans le Michigan, suite à la fermeture des usines de General Motors. La suppression de trente mille emplois dans une ville d'environ cent-cinquante milles habitants est catastrophique, et pendant trois années, alors que la pauvreté explose et que le chaumage se généralise, Michael Moore filme cette chute. Mais ça c'est tragique et ça ne fait pas vraiment une histoire.

L'histoire, c'est Michael Moore qui va batailler pour rencontrer Roger Smith, le PDG de General Motors, afin de lui demander une explication. On le voit donc, à la façon d'un épisode de Bip Bip et Coyote, multiplier les tentatives et les échecs. Et ça c'est à la fois divertissant et indignant. On s'énerve qu'un PDG puisse avoir un tel degrés d'impunité qu'il n'ait même pas a accorder 10 minutes de son temps pour expliquer une décision qui a affecté une ville entière. Et lors du climax, quand Moore et Smith échangent enfin quelques mots dans des conditions que je ne peux vous révéler sans spolier le film, il y a une vraie tension, digne d'un Sergio Leone.

Après le générique, un message signale "This film cannot be shown within the city of Flint" suivi de "All the movie theatres have closed". Et cet avertissement à lui seul fait autant réfléchir que le reste du film.

Il y a une polémique. Certains prétendent que Moore a eut un interview avec Roger Smith et qu'il l'a supprimé du film pour pouvoir raconter son histoire. Bien entendu Moore nie énergiquement, mais à mes yeux c'est un faux débat. Manipuler la vérité n'est pas un problème. Le simple fait de filmer est une manipulation de la réalité. De plus, truqué ou pas, Roger et moi reste ce qu'il est : la réinvention d'un genre.

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